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1244. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre III. Les tempéraments et les idées — Chapitre I. Un retardataire : Saint-Simon »

Il n’est ni philosophe, ni moraliste ; il est peintre.

1245. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre II. Enfance et jeunesse de Jésus. Ses premières impressions. »

Là aussi, sur cette terre où dorment le charpentier Joseph et des milliers de Nazaréens oubliés, qui n’ont pas franchi l’horizon de leur vallée, le philosophe serait mieux placé qu’en aucun lieu du monde pour contempler le cours des choses humaines, se consoler de leur contingence, se rassurer sur le but divin que le monde poursuit à travers d’innombrables défaillances et nonobstant l’universelle vanité.

1246. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Première partie. Plan général de l’histoire d’une littérature — Chapitre IV. Moyens de déterminer les limites d’une période littéraire » pp. 19-25

C’est l’instant où va se produire un schisme parmi les philosophes, où Rousseau va disputer à Voltaire la royauté des intelligences, où la sensibilité va s’opposer à la raison, où le courant négatif en matière religieuse va entrer en lutte avec un courant positif qui ramène les esprits vers le christianisme et les doctrines spiritualistes.

1247. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Première Partie. Des Langues Françoise et Latine. — L’orthographe, et la prononciation. » pp. 110-124

Il met deux F à philosophe.

1248. (1856) Cours familier de littérature. I « IIe entretien » pp. 81-97

Voici ce que nous écrivions nous-même récemment sur cette question ou plutôt sur ce mystère : « Nous plaignons sincèrement les philosophes qui discutent depuis des siècles pour savoir si c’est l’homme qui a inventé la parole.

1249. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre onzième. »

La Fontaine, malgré la contrainte de la versification, développe la suite du raisonnement qu’a dû faire le hibou, avec autant d’exactitude et de précision que le ferait un philosophe écrivant en prose.

1250. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 5, explication de plusieurs endroits du sixiéme chapitre de la poëtique d’Aristote. Du chant des vers latins ou du carmen » pp. 84-102

" " outre ce que j’ai dit, le decorateur a ordinairement plus de part que le poëte, dans l’ordonnance de l’appareil de la scene. " ainsi l’auteur étoit chargé comme crateur, d’inventer la fable ou l’action de sa piece, de donner comme philosophe à ses personnages les moeurs et les caracteres convenables et de leur faire débiter de bonnes maximes.

1251. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 9, de la difference qui étoit entre la déclamation des tragedies et la déclamation des comedies. Des compositeurs de déclamation, reflexions concernant l’art de l’écrire en notes » pp. 136-153

Lucien qui nous a conservé une description curieuse des personnages des tragedies et des comedies dans la conversation qu’il fait avoir à Solon avec Anacharsis, y fait dire à ce philosophe tartare que les acteurs de comedie ne déclamoient pas avec autant d’emphase que les acteurs qui recitoient des tragedies.

1252. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Rome et la Judée »

Les plus grands philosophes n’ont qu’une idée qui tyrannise leur esprit.

1253. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « La Bruyère » pp. 111-122

Or, pour la transition, un seul rapport suffit ; mais pour l’agrégation, il en faut mille ; car il faut une convenance naturelle, profonde et complète. » Ainsi défendu, quoiqu’il n’eut pas besoin de défense, La Bruyère, accepté et magnifié à tous les titres de moraliste, de philosophe, d’observateur et d’écrivain, manquait de cette page de critique qui épure la gloire d’un homme en la passant au feu d’un ferme regard, car dans la gloire, dans ce lacryma-christi de la gloire, telle que les hommes la font et la versent, il y a encore des choses qu’il faut rejeter du verre, — pour que l’ivresse en soit divine !

1254. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Dante »

Dans les appréciations très multipliées de l’œuvre du Dante, le théologien, le philosophe, l’historien, l’homme politique, le savant, l’encyclopédie vivante du xiiie  siècle, ont passé bien avant le poète, selon la petite spécialité de chaque commentateur, qui avait la faiblesse — ah !

1255. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Th. Gautier. Émaux et Camées »

Jamais le Panthéisme, qui a eu des philosophes comme Schilling, n’a eu de poètes comme M. 

1256. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Le Conte de l’Isle. Poëmes antiques. »

…..Tu sièges auprès de tes ÉGAUX ANTIQUES, Sous tes longs cheveux roux, dans ton ciel chaste et bleu… Voilà ce qu’il est comme chrétien et il n’est pas plus comme philosophe.

1257. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Conclusion »

Tant qu’on n’a regardé la conquête du monde occidental par les idées égalitaires que comme la fortune surprenante d’une théorie de philosophes qui, tombée du ciel dans le cerveau de quelques penseurs, en serait descendue de proche en proche jusqu’à l’âme des foules, on a pu croire qu’il suffisait pour l’arrêter, d’une discussion philosophique : réfutons Rousseau et l’égalitarisme est vaincu.

1258. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre VIII. De Platon considéré comme panégyriste de Socrate. »

On peut dire que Socrate ne peut avoir un panégyriste plus célèbre, ni plus digne de lui ; on a souvent attaqué Platon comme philosophe, on l’a toujours admiré comme écrivain.

1259. (1894) Écrivains d’aujourd’hui

Son mérite est d’avoir, au même titre que les philosophes et par des procédés analogues aux leurs, ajouté un chapitre à la science de l’âme. […] Parmi les maîtres dont il se recommande, celui qui a exercé sur son esprit l’influence la plus profonde, c’est un philosophe, et le plus austère de ce temps : Hippolyte Taine. Aussi parmi les écrivains d’aujourd’hui, et sans en excepter même les philosophes de profession, n’en citerait-on pas un qui ait apporté dans l’expression des idées autant de précision et de sûreté. […] La question se pose au sujet du romancier aussi bien que du philosophe. […] Au contraire, il faut aller à lui. « Que parmi les catholiques se trouvent les historiens les plus érudits, les savants les plus expérimentés, les philosophes les plus habiles. » C’est sous une autre forme le langage de Tertullien.

1260. (1887) Études littéraires : dix-neuvième siècle

C’est qu’il n’est ni grand philosophe, ni grand moraliste, ni grand politique, ni fortement chrétien. […] C’est que son public est peu croyant, et que lui-même, son Enfer le prouve assez, est plus philosophe que païen. […] Ces beaux poèmes philosophiques tournent çà et là au romanesque, et l’élégiaque reparaît dans le philosophe. […] Dufond du désespoir le philosophe est arrivé au transport et au ravissement du pur amour. […] En histoire, en archéologie, il deviendra le philosophe de la couleur locale.

1261. (1881) Le roman expérimental

Il laisse aux philosophes l’autre idéal, celui du pourquoi, qu’il désespère de déterminer un jour. […] Quant aux philosophes, livrés eux-mêmes, ils chanteraient toujours et ne trouveraient jamais une vérité. […] C’est toujours le rôle de pionniers que Claude Bernard assigne aux philosophes. […] Le philosophe et le moraliste nous font sourire. […] Le philosophe a tué l’observateur, telle est ma conclusion ; et l’homme de théâtre a achevé le philosophe.

1262. (1880) Une maladie morale : le mal du siècle pp. 7-419

Mais ce qui montre le mieux, ce me semble, l’infirmité morale de ces temps, c’est la théorie du suicide professée par les plus grands philosophes. […] Elle se chargea d’accomplir par la violence le rêve des philosophes. […] Et Ozanam ajoute : « ils font peine ces philosophes du rationalisme ! […] Par quelle illusion de son imagination puissante le philosophe a-t-il cru pouvoir étayer la foi par le scepticisme ? […] Ce livre dispose l’imagination d’une certaine façon, pour la désoler ensuite, selon la fantaisie de l’auteur, grand artiste mais pauvre philosophe !

1263. (1826) Mélanges littéraires pp. 1-457

Longtemps après, Voltaire, qui avait besoin d’un parfait philosophe, le plaça parmi les Quakers, sur les bords de la Tamise. […] M. de Bonald revient souvent à cette idée d’où dépend, selon lui, toute la controverse des théistes et des athées, des chrétiens et des philosophes. […] Un symptôme, non moins équivoque du retour des esprits aux idées saines, c’est la réimpression des livres classiques que l’ignorance et le dédain ridicule des philosophes avaient rejetés. […] Aristote et Cicéron semblent avoir partagé l’opinion de Tacite, ou plutôt Tacite avait puisé cette opinion dans les écrits du philosophe et de l’orateur. […] Son tableau de l’Égypte nous a rappelé quelque chose des belles pages de Platon sur les Perses, et le ton calme, élevé, moral, du philosophe de l’Académie.

1264. (1864) Physiologie des écrivains et des artistes ou Essai de critique naturelle

Gardons-nous bien de décider ces questions avec l’assurance intrépide des philosophes de cahier. […]  » Aristote avait dit que les grands philosophes, les grands politiques, les grands poètes, les grands artistes, étaient mélancoliques. […] Mélancolie était un terme générique, sous lequel les médecins et philosophes de l’Antiquité désignaient toutes les formes du délire chronique ; il correspond à notre mot : aliénation mentale, folie. […] Nous reconnaissons volontiers que vous dansez sur la phrase à ravir ; que vous êtes des artistes, des virtuoses, des rhétoriciens admirables, tout ce qu’il vous plaira ; mais non des philosophes ! […] Dans une période de cent cinquante ans, la Grèce a produit plus de sculpteurs, de peintres, d’orateurs, de poètes, de philosophes célèbres, qu’aucune autre nation.

1265. (1908) Après le naturalisme

Si malgré tant de fausseté et les forfaits dont il est coupable le principe de l’art pour l’art triompha et ne fut point combattu même par les philosophes et les moralistes, c’est que les maux qu’il engendra n’apparaissent pas directement à nos yeux et ne s’évaluent pas non plus facilement chez les hommes ni dans la société. […] Si aujourd’hui les obscurs ouvriers des villes et des campagnes vivent sous le régime d’une constitution plus élevée en liberté et en justice, plus harmonieuse que les formes anciennes ; s’ils intéressent en tant que classe inférieure les élites de la pensée et du gouvernement, c’est ce que ces élites se sont pénétrées des conceptions jaillies du cerveau des philosophes et des écrivains. […] Jésus expliqué par les exégètes ne nous semble plus qu’un moraliste, un philosophe sans rien du savoir de son temps. […] Les fausses conclusions des philosophes du xviie  siècle n’infirment en rien la valeur de leur doute préliminaire, ni de leur méthode. […] Tandis que les philosophes passés se préoccupaient surtout d’une prétendue essence des choses qu’ils avaient tant de mal à déterminer et à laquelle ils ne croyaient parvenir que par une sorte d’abus de mots ; tandis qu’ils s’efforçaient à constituer sur un plan au-dessus des contingences une vie supérieure de laquelle nul revenant n’a témoigné, le penseur moderne s’en tient à la vie terrestre et par ses spéculations ne veut pas arriver à un autre résultat qu’une méthode de la vie selon les méthodes mêmes de la nature et de l’homme.

1266. (1857) Réalisme, numéros 3-6 pp. 33-88

Je sais bien que votre philosophe Jean Reynaud est humilié d’être sur une si petite boule que la terre ; il ne la trouve pas assez belle, il est honteux d’être obligé de porter un parapluie, d’être petit, et il rêve quelque chose de meilleur. […] * *   * La pièce de la Réclame a forcé tous les feuilletonistes du lundi à se transformer en philosophes et à déplorer l’esprit d’intrigue qui agite l’homme. […] « Le présent engendré du passé est gros de l’avenir », a dit un philosophe. […] Pourtant quel trésor pour le véritable philosophe ! […] Il lui a manqué un philosophe qui pût diriger sa marche et donner, dès le principe, de la solidité à ses conceptions.

1267. (1861) La Fontaine et ses fables « Deuxième partie — Chapitre I. Les personnages »

On l’a « présenté » ; il assiste « au coucher. » Il est devenu légiste, avocat, savant, philosophe, le tout au profit de sa fortune. […] Il est clair que ce philosophe de grenier est un disciple anticipé de Jean-Jacques, et médite un traité sur les droits du rat et l’égalité animale. […] Pour échapper à la roture, il ne se fait pas philosophe, mais noble. […] Au fond, l’artiste est un philosophe, et le génie, dans le poëte comme dans le savant, n’a qu’un objet et qu’un emploi.

1268. (1895) La science et la religion. Réponse à quelques objections

C’est le titre, aussi bien, qu’un philosophe allemand donnait naguère à l’un de ses livres et, assurément, ce serait un grand point de gagné si jamais nous en comprenions toute la signification : La question sociale est une question morale 31. […] Lorsque de simples philosophes, des « professionnels de lettres » comme Auguste Comte, et, plus près de nous, comme Littré, comme Taine, comme Renan même, et vingt autres qu’on pourrait citer, se sont réclamés de la science, est-ce que la science les a récusés ? […] Mais en disant que « c’est la destinée d’un être qui détermine sa vraie nature », je crois bien avoir dit ce que je voulais dire, et non pas le contraire, et je m’étonne un peu qu’un philosophe, qui sait ce que c’est qu’une cause finale, ne m’ait pas compris tout de suite. […] Si l’on en voulait croire de certains philosophes et de certains savants, — ainsi M. 

1269. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Pensées »

Il faut être philosophe comme Hamilton, et non pas comme Condorcet.

1270. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « L’Âge héroïque du Symbolisme » pp. 5-17

 » Il est vrai qu’il ajoutait : « Je n’ai jamais rien lu d’eux », ce qui pouvait passer pour une excuse aux yeux des profanes, ignorant que le philosophe contemplait toutes nos agitations du haut de Sirius.

1271. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préfaces des « Odes et Ballades » (1822-1853) — Préface de 1824 »

Aussi les philosophes parvinrent-ils, en moins d’un siècle, à chasser des cœurs une religion qui n’était pas dans les esprits.

1272. (1682) Préface à l’édition des œuvres de Molière de 1682

S’il fut fort bon Humaniste, il devint encore plus grand Philosophe.

1273. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XII. Mme la Princesse de Belgiojoso »

Rien d’inattendu, de pensé, de montré à nouveau, rien qui sente l’homme ou cet être monstrueux, la philosophe, ou cet autre être déjà moins laid, mais qui n’est pas encore très beau, la femme littéraire !

1274. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Laïs de Corinthe et Ninon de Lenclos » pp. 123-135

Elle était l’amie de Saint-Évremond, exilé qui remplissait tout de sa personne absente, philosophe qui prenait son égoïsme pour de la sagesse, et qui était bien digne de s’accointer à Ninon, plus égoïste que lui encore, espèce de Fontenelle en femme, qui cachait sa monstruosité morale sous cette beauté sans grandeur qui conseille aux hommes l’insolence.

1275. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Marie-Antoinette » pp. 171-184

V Nul ne s’en douta de son temps, ni parmi les courtisans, ni parmi les philosophes, ni parmi les profonds, ni parmi les superficiels.

1276. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XII. Marie-Antoinette, par MM. Jules et Edmond de Goncourt » pp. 283-295

V Nul ne s’en douta de son temps, ni parmi les courtisans, ni parmi les philosophes, ni parmi les profonds, ni parmi les superficiels.

1277. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XIV. Vaublanc. Mémoires et Souvenirs » pp. 311-322

Pour lui il n’est nullement douteux que la Révolution pouvait être évitée, si on avait eu des hommes de caractère au gouvernement et non pas des philosophes, des badauds ou des niais qui se croyaient généreux !

1278. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « W.-H. Prescott » pp. 135-148

I Les Américains sont en hausse… On pourrait dire que c’est d’eux, maintenant, que nous vient la lumière, comme le disaient des Russes, si patriotiquement, les philosophes du xviiie  siècle, laquais de Catherine II.

1279. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Le docteur Revelière » pp. 381-394

Nul, dans l’histoire de la pensée de ces cent cinquante dernières années, ne saurait être comparé à ces deux hommes, de Maistre et Bonald, pas même Burke, le bouillonnant et vaste Burke, qui eut un jour quelque chose de leur esprit prophétique quand il jugea, seul de toute l’Angleterre, un instant affolée de la Révolution française, les délirants débuts de cette Révolution… Philosophes chez qui, heureusement pour elle, l’Histoire dominait la Philosophie, le comte de Maistre et le vicomte de Bonald, ces observateurs qui avaient des griffes dans le regard et appréhendaient le fond des choses, quand ils en regardaient seulement la surface, de Maistre et Bonald, ces Dioscures du même ciel et du même religieux génie, sont d’une supériorité si haute et si éclatante qu’aucun esprit ne peut être placé à leur niveau, ni pour l’élévation, ni pour la lumière !

1280. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Sismondi, Bonstetten, Mme de Staël et Mme de Souza »

… L’esprit humain est un si drôle de mystère, que la tête d’un imbécile peut être encore quelque chose de très complexe et que toute l’habileté du philosophe le plus malin serait impuissante à expliquer.

1281. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « L’abbé Galiani »

Un peu gravé de cette horrible petite vérole philosophique, du moins il n’en mourut pas ; car il faut bien qu’on le sache, cet Arlequin d’abbé philosophe est mort en chrétien… Il a trompé son monde, comme Littré.

1282. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Auguste de Chatillon. À la Grand’Pinte ! »

Et philosophe par contrainte, Ne trouvant pas le monde laid, Je n’y veux rien changer, de crainte De le faire moins bien qu’il n’est !

1283. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Charles Didier » pp. 215-226

Charles Didier, longtemps philosophe, est passé de la philosophie aux idées chrétiennes.

1284. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre V. Des Grecs, et de leurs éloges funèbres en l’honneur des guerriers morts dans les combats. »

Platon, qui ne se mêla jamais des affaires publiques, ne parut point dans Athènes au rang des orateurs ; mais dans cet éloge funèbre, composé en l’honneur des guerriers, il voulut disputer le mérite de l’éloquence à Périclès, comme dans ses autres ouvrages il lutte avec Pythagore pour la philosophie, avec Lycurgue et Solon pour la politique, avec Homère pour l’imagination ; souvent sublime, et presque toujours poète, orateur, philosophe et législateur.

1285. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre V. »

Ailleurs il avait montré la sage hardiesse du philosophe réduisant les plus menaçantes fictions du polythéisme à des symboles moraux, et, par exemple, faisant du rocher suspendu sur Ixion la terreur imminente du remords.

1286. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1869 » pp. 253-317

Le Richelieu du laissez-aller l’écoute, puis lui répond simplement : « Depuis quelque temps, j’étudie beaucoup un philosophe chinois, dont je mets la sagesse en pratique : c’est le philosophe Ye-men-fou. » 5 janvier Dîner Magny. […] Curieux invalide, que ce bohème, cet ancien graveur sur bois, goutteux et presque aveugle, espèce de philosophe agreste et crapuleux, sorte de Thomas Vireloque, laissé en sentinelle là, par l’œuvre de Gavarni, faisant sa compagnie de deux terriers féroces dont il appelle l’un : le Comique, et encore d’un duc remisant, le jour, dans le trou noir de la Glacière, où frissonne, sous le plâtre tout écaillé, la Frileuse de Houdon.

1287. (1894) Textes critiques

Donc, syllogistiquement… mais intellectuels, amis non amants, juste assez de charnel inconsciemment désiré, d’envoûtement senti nécessaire (photographies) pour faire l’amitié vivace, sans potacheries, trop philosophes pour ignorer que l’Idée déchoit qui passe à l’Acte ; l’une gynandre en spontanéité, l’autre d’irrésolution (parfois) androgyne, semblables par l’interversion de leurs sexes ; union de noblesse socratique ; Nisus et Euryale cérébraux, non musculaires, avant les nuits sous la même tente.‌ […] L’œil clos du Château enferme l’image de la princesse Elade, que le commerce subtil des tendres lettres et des songes a dotée pour les visiteurs du désir, de la beauté des madones et des fées, sœur de cette Statue de Diane, si asexuée ou ambisexuée, conte l’un des philosophes du Banquet, que le jeune Grec qui la vint violer dans son temple l’approcha à la manière des philopaèdes, avant de se jeter dans la mer. […] Et dans les autres scènes il n’y a pas Don Juan : un philosophe tente vers le jurement un mendiant, un fils de famille berne un créancier, un seigneur et son valet s’inquiètent des éclairages d’une statue, tout cela est fort peu sexuel.

1288. (1857) Cours familier de littérature. III « XVIe entretien. Boileau » pp. 241-326

L’Allemand est un philosophe. […] que, si l’Indou est un théosophe, le Chinois un raisonneur, le Romain un politique, l’Espagnol un chevalier, l’Arabe un conteur, le Grec un artiste, le Portugais un aventurier héroïque, l’Allemand un philosophe, l’Anglais un patriote, l’Italien moderne un amant du beau, le Français, lui, est par excellence un homme d’esprit. […] XXVII La beauté dans la nature ou dans les arts, ces divines contre-épreuves de la nature, la beauté n’est pas arbitraire, comme le prétendent quelques philosophes à courte conception.

1289. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXe entretien. Dante. Deuxième partie » pp. 81-160

On pressent Pétrarque et Abailard dans le philosophe et dans le poète toscan. […] Les chants suivants sont une série de définitions de casuistes plus que de philosophes et de poètes. […] Elle a des Galilée pour philosophes, des Machiavel pour historiens, des Tasse pour poètes épiques, des Arioste pour poètes chevaleresques, des Pétrarque pour poètes mystiques, des Dante pour poètes créateurs de langue ; mais, quoi qu’elle en dise, et quoi que redisent après elle les fanatiques engoués de la scolastique, elle n’a dans la Divine Comédie qu’une apocalypse de génie rêvée dans Patmos et écrite dans Florence, par le saint Jean du moyen âge, avec la plume de l’aigle toscan.

1290. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XVIII. J.-M. Audin. Œuvres complètes : Vies de Luther, de Calvin, de Léon X, d’Henri VIII, etc. » pp. 369-425

Comme on dit dans ce jargon moderne qui a remplacé la langue de Bossuet, « on a sécularisé l’histoire. » Les laïques et les philosophes, voilà les maîtres des temps futurs ! […] Soldat de l’Église militante, il a trop de foi religieuse dans l’âme, et dans l’esprit trop de facultés positives, pour concevoir l’histoire à la manière des sceptiques et des philosophes. […] Les choses (comme disent les philosophes) importent assez peu à la marionnette humaine, laquelle a pris au sérieux le mot d’Épicure et ne fait estime que de ce qui est coulé dans le moule et les proportions de sa petitesse.

1291. (1896) Matière et mémoire. Essai sur la relation du corps à l’esprit « Chapitre IV. De la délimitation, et de la fixation des images. Perception et matière. Âme et corps. »

En ce sens, la tâche du philosophe, telle que nous l’entendons, ressemble beaucoup à celle du mathématicien qui détermine une fonction en partant de la différentielle. […] Mais le philosophe qui raisonne sur la nature intime du mouvement est tenu de lui restituer la mobilité qui en est l’essence, et c’est ce que ne fait pas Zénon. […] Au-dessous des principes de la spéculation, si soigneusement analysés par les philosophes, il y a ces tendances dont on a négligé l’étude et qui s’expliquent simplement par la nécessité où nous sommes de vivre, c’est-à-dire, en réalité, d’agir.

1292. (1882) Types littéraires et fantaisies esthétiques pp. 3-340

Comme le philosophe Jacques du Comme il vous plaira de Shakespeare, ils ont aspiré toute la gaieté et toute la mélancolie des chansons des musiciens modernes. […] Certains philosophes ont déclamé plus ou moins éloquemment contre l’influence corruptrice des arts. […] C’est ce mystère de la faveur divine que les philosophes expliquent par l’opposition entre les forces spontanées et les forces réfléchies de l’âme. […] En endurcissant son cœur, comme on l’a dit, en en exilant par un calcul égoïste toutes les préoccupations qui auraient pu le détourner de sa voie de poète et de philosophe ? […] Alors chaque philosophe était réellement le personnage de sa doctrine et, par sa conduite et ses mœurs, en révélait à tous les yeux les conséquences pratiques.

1293. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome I pp. 5-537

Cette dernière réflexion nous porte à nous féliciter des lumières nouvelles que le temps où nous vivons prête aux vrais philosophes pour étendre leurs connaissances. […] Je m’arrête, de peur de paraître sacrilège en parlant librement d’un philosophe qui jadis fut le patron du lieu, et qui se convertit en saint homme. […] Frédéric, adversaire de tous les rois ses voisins, eut intérêt aux nouveautés des maximes que débitait le philosophe de Ferney. […] À cet exemple, rapporté par le philosophe, je puis joindre un exemple semblable, dont je fus témoin au commencement de notre révolution politique. […] son cœur n’a rien de généreux, rien de vivant ; ce n’est point un homme, c’est un monstre, dût-il, en son impassible stoïcisme, se qualifier du nom de philosophe ou de héros.

1294. (1912) Chateaubriand pp. 1-344

Puis il passe aux philosophes. […] Il recommence à comparer les philosophes grecs et les philosophes modernes. […] Puis Fénelon, ce Fénelon tant aimé des philosophes, lui fait la plus suave apologie de la civilisation, à qui nous devons les arts, et aussi des vertus nouvelles. […] Senancour est un philosophe, Chateaubriand un poète. […] Il niait le progrès, ce dogme capital des philosophes.

1295. (1909) Nos femmes de lettres pp. -238

» Boutade expressive d’un philosophe parvenu au soir de la vie, et qui trop souvent à son aurore oublia, parmi les longues tresses dénouées, combien courtes pouvaient être les idées de celles à qui leur beauté servait alors de suffisante excuse ! […] Un philosophe, prévenu sans doute par excès de misanthropie, mais auquel un perpétuel repliement sur lui-même suscita d’étranges lueurs, n’a pas craint de formuler cette loi primordiale de psychologie amoureuse : « La Femme veut être prise, acceptée comme propriété. […] Doctrine qui pourra amener le sourire aux lèvres du philosophe, puisqu’elle s’insurge contre l’acceptation nécessaire, convient-elle pas merveilleusement au poète qui suit les impulsions de son tempérament, qui s’abandonne aux exigences de sa nature ? […] Du point de vue littéraire, le philosophe de Franckfort aurait tôt fait de déblayer le terrain, de renvoyer à leurs magazines celles qui brassent des besognes en contribuant pour leur bonne part à ce que Sainte-Beuve appelait déjà, voici cinquante années, l’industrie littéraire. […] Voici, je pense, comment pourrait s’édifier un raisonnement qui n’apparaît pas seulement celui que tiendrait le philosophe de Franckfort, mais aussi celui de tous les esprits fondant leurs déductions sur l’observation des lois de la nature.

1296. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « DES MÉMOIRES DE MIRABEAU ET DE L’ÉTUDE DE M. VICTOR HUGO a ce sujet. » pp. 273-306

Lerminier, après avoir dû au préalable méditer ses sujets en philosophe et en penseur, s’en est emparé tout d’un coup en artiste ; l’enthousiasme de Diderot semble avoir passé dans celui qui le célèbre et qui célèbre les trois autres ; ces quatre chapitres sont comme un poëme, en quatre hymnes, qui s’adressent tour à tour à chacun des membres de ce quaternaire sacré de la philosophie. […] Les extravagances de d’Holbach se rapprochent beaucoup des extravagances qui fourmillent dans la tête et les écrits de ces autres philosophes si indulgemment acceptés.

1297. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre quatrième. La propagation de la doctrine. — Chapitre III »

Enfermée d’abord dans le réservoir aristocratique, la doctrine a filtré par tous les interstices comme une eau glissante, et se répand insensiblement dans tout l’étage inférieur  Déjà en 1727, Barbier, qui est un bourgeois de l’ancienne roche et ne connaît guère que de nom la philosophie et les philosophes, écrit dans son journal : « On retranche à cent pauvres familles des rentes viagères qui les faisaient subsister, acquises avec des effets dont le roi était débiteur et dont le fonds est éteint ; on donne cinquante-six mille livres de pension à des gens qui ont été dans les grands postes où ils ont amassé des biens considérables, toujours aux dépens du peuple, et cela pour se reposer et ne rien faire578 »  Une à une, les idées de réforme pénètrent dans son cabinet d’avocat consultant ; il a suffi de la conversation pour les propager, et le gros sens commun n’a pas besoin de philosophie pour les admettre. « La taxe des impositions sur les biens, dit-il en 1750, doit être proportionnelle et répartie également sur tous les sujets du roi et membres de l’État, à proportion des biens que chacun possède réellement dans le royaume ; en Angleterre, les terres de la noblesse, du clergé et du Tiers-état payent également sans distinction ; rien n’est plus juste. » — Dans les dix années qui suivent, le flot grossit ; on parle en mal du gouvernement dans les cafés, aux promenades, et la police n’ose arrêter les frondeurs, « parce qu’il faudrait arrêter tout le monde ». […] Mme Vigée-Lebrun, I, 269, 231 (Intérieur de deux fermiers généraux, M. de Verdun à Colombes, M. de Saint-James à Neuilly). — Le type supérieur du bourgeois, du négociant, a déjà été mis au théâtre par Sedaine ( le Philosophe sans le savoir ).

1298. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre I. La littérature pendant la Révolution et l’Empire — Chapitre IV. Chateaubriand »

Il ne s’est pas appliqué davantage à la psychologie ; et là-dessus il a des ignorances, des conventions qui dépassent toutes celles des « philosophes ». […] Un préjugé créé par les philosophes faisait le christianisme barbare, absurde, ridicule ; il n’y avait que des petits esprits, des imbéciles pour y croire.

1299. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre deuxième »

C’étaient les catholiques philosophes, les Érasme, les Du Bellay. […] Rabelais n’a pas la dignité du génie ni cette délicatesse non du prédicateur, mais du philosophe qui ne va pas au-delà de la nudité toujours sévère de la vérité philosophique.

1300. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre IV. L’ironie comme attitude morale » pp. 135-174

Et quelle ironie latente dans les pensées du philosophe qui ayant, sinon découvert, du moins mis en lumière mieux que personne avant lui, la lutte pour la vie et son mécanisme, se réjouit doucement en son cœur, et féliciterait volontiers le Dieu bon et sage d’avoir si ingénieusement assuré le développement des êtres ! […] Si elle ne va pas jusqu’à nous suggérer qu’un âne Pour Dieu qui nous voit tous est autant qu’un ânier, cependant elle nous laissera entendre que l’âne, l’ânier, et même les princes et les rois, et les savants, et les artistes, et les philosophes, quelles que soient les différences qui les séparent les uns des autres, sont peu de chose dans le monde et qu’il conviendrait mieux à leur nature de ne pas s’accabler entre eux de leur haine et de leurs dédains.

1301. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 août 1885. »

… Par un double développement génial, unique en l’histoire des hommes, Richard Wagner, artiste et philosophe, rêva, et peu à peu vit, et comprit une novation artistique et une novation philosophique ; et il apporta, en une Œuvre d’art nouveau, un nouvellement moral. […] Pareillement, le philosophe, il conçut une Religion, par qui le Peuple était instruit ; et il la conçut divulguée dans le Peuple… Il conçut l’Œuvre artistique, porte-voix de la Religion, divulguée, comme un Évangile, dans une nouvelle Bible, universellement lue, un livre.

1302. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre V. Le Bovarysme des collectivités : sa forme idéologique »

Empruntée directement à l’idée chrétienne, élément commun à toute civilisation occidentale, l’idée humanitaire, d’origine anglaise, importée eu France par les philosophes du xviiie  siècle, ainsi que l’a bien vu Nietzsche, présente en ce pays ce danger évident : elle est une dilution du poison chrétien préparée en vue d’une physiologie qui n’est pas la nôtre, et qui a des réactions différentes. […] Or cette vue du philosophe paraît bien profonde si l’on considère que le juif, dont le lien national est purement ethnique et religieux et n’est fixé autour d’aucun lieu de l’espace, a tout à gagner et rien à perdre avec une doctrine qui fait de tous les hommes, des citoyens de l’univers égaux entre eux, et, des nationalités diverses, des faits d’une importance secondaire ou périmée.

1303. (1874) Premiers lundis. Tome I « Espoir et vœu du mouvement littéraire et poétique après la Révolution de 1830. »

Rousseau nous semble un admirable et savant écrivain, un vigoureux philosophe, plutôt qu’un grand poète ; Voltaire, comme artiste, ne triomphe plus que dans la moquerie, c’est-à-dire dans un genre de poésie qui est antipoétique par excellence.

1304. (1875) Premiers lundis. Tome III « Instructions sur les recherches littéraires concernant le Moyen Âge »

Des correspondances de philosophes célèbres, discutant entre eux des points intéressants, peuvent se retrouver encore, et ajouter à cet héritage de la philosophie en France.

1305. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre IV. Des femmes qui cultivent les lettres » pp. 463-479

Il arrivera, je le crois, une époque quelconque, où des législateurs philosophes donneront une attention sérieuse à l’éducation que les femmes doivent recevoir, aux lois civiles qui les protègent, aux devoirs qu’il faut leur imposer, au bonheur qui peut leur être garanti ; mais, dans l’état actuel, elles ne sont, pour la plupart, ni dans l’ordre de la nature, ni dans l’ordre de la société.

1306. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Troisième partie. Disposition — Chapitre IV. Unité et mouvement »

Mais l’écrivain, qui est poète et philosophe, y sent un rapport profond : le même soleil éclaire la froide Irlande, l’humide Bretagne, l’Inde ardente ; sur toutes les joies et toutes les douleurs de ces êtres, qui s’aiment, se regrettent, s’espèrent, il brille indifférent et verse également sa tranquille lumière.

1307. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XXI. Le littérateur chez les peintres » pp. 269-282

Le plus louable critique, en ce sens, demeurera Huysmans, qui, il y a douze et quinze ans, sonnait la gloire d’artistes qu’on croit trop, ici ou là, avoir découverts hier… Ces bons écrivains pratiquent la bonne méthode ; avec le minimum de préjugés, ou avec des préjugés qui me plaisent, ils disent le sentiment qui devant tel tableau les retint ; leur dire vaut par la délicatesse de leur tact, et la grâce de leurs racontars les plus philosophes intercalent quelques théories d’ensemble, intéressantes puisqu’ils sont intelligents.

1308. (1890) L’avenir de la science « Sommaire »

Le philosophe, c’est le spectateur dans le monde.

1309. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XVI. Miracles. »

Les philosophes alexandrins eux-mêmes, Plotin et les autres, sont censés en avoir fait 737.

1310. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre V, la Perse et la Grèce »

Les philosophes qui ont fondé la science, en soulevant le masque mythologique qui recouvrait la nature, Thalès et Anaximandre, Xénophane et Pythagore enseignaient tous dans la Grande Grèce et l’Asie Mineure.

1311. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre II. Mme Le Normand »

Inaliénable à son siècle et à sa mère qui firent d’elle, de cet être d’émotion et de vérité, un philosophe et un bas-bleu ; car, il faut bien l’avouer, et c’est mon désespoir, elle avait l’horrible teinte bleue littéraire qui est la gangrène, mortelle au sexe, chez les femmes.

1312. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « La Société française pendant la Révolution »

C’est une poignée de philosophes sans patrie qui ont achevé dans l’opinion l’œuvre commencée par Louis XIV contre cette société qui n’est ni de Paris, ni de Versailles, et qui existait bien avant que Versailles fût bâti et que Paris lui succédât dans l’ardente et injuste préoccupation publique !

1313. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Les Kœnigsmark »

Et n’est-ce pas à ces causes humaines que l’historien philosophe devait s’attacher ?

1314. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Prévost-Paradol » pp. 155-167

Alloury, le philosophe de son propre néant, continuait d’être ce qu’il avait toujours été : un simulacre.

1315. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « M. Jules Girard » pp. 327-340

Girard, si Thucydide n’est pas ce qu’on peut appeler rigoureusement un philosophe, c’est toujours cependant un esprit philosophique, une espèce de rationaliste plus ou moins athée, comme l’étaient tous les Grecs cultivés au temps de Périclès.

1316. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Madame Du Deffand »

Voilà donc son bilan : elle fut incrédule, mais elle se moqua des philosophes et resta grande dame, ayant l’esprit de son état, quand toutes les grandes dames de son époque le perdaient, pour ne le retrouver que dix ans plus tard, — sur l’échafaud !

1317. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Mademoiselle de Condé »

C’était, au fond, une espèce de philosophe dans un amoureux pédantesque, mettant souvent les deux gros pieds de son pédantisme sur une âme charmante… qui prenait cela comme une caresse !

1318. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « A. Dumas. La Question du Divorce » pp. 377-390

Eux, ils croient à ce flot qui monte, à la supériorité scientifique des Renan et des Darwin ; mais, pour nous, qui n’y croyons pas, Darwin et Renan ne sont pas plus que tous les philosophes du xviiie  siècle, pris en masse ou séparément, et une ou deux cabrioles différentes dans l’impiété ne la rendent pas plus redoutable.

1319. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Georges Caumont. Jugements d’un mourant sur la vie » pp. 417-429

Par lui-même, il n’est pas un philosophe, mais il est le fils et la victime de la philosophie du xixe  siècle, et voilà pourquoi je le mets ici… Ce jeune homme, à qualités brillantes, qui avait eu, nous dit-il, au collège, l’éclat de tous les prix d’honneur, pour lui des espérances !

1320. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « L’abbé Brispot »

Jésus, le Dieu qui a crucifié l’orgueil et la volupté humaine, qui est venu apporter au monde païen deux choses qui, pour la première fois, descendaient du ciel : l’humilité et la charité, n’est plus maintenant qu’un philosophe qui a dit aux peuples d’une voix plus douce, mais qui a dit comme les Gracques ou comme tous les souleveurs de plèbe : « Comptez vos maux et comptez-vous ! 

1321. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Gérard Du Boulan »

chercha toujours dans le xviie  siècle, en digne philosophe, ce qui n’y était pas, a écrit, en style oraculaire, cette phrase, qui, comme tous les oracles, ne signifie pas grand’chose : « Alceste est resté le secret du génie de Molière », et cette phrase, lancée par ce vaste et gesticulant étourdi de Cousin, et dont Gérard du Boulan a fait l’épigraphe de son livre, a probablement donné à cet écrivain, que je ne crois pas très connu encore, l’envie de deviner le secret — qui n’existe pas !

1322. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Jules Janin » pp. 159-171

Nous avons un Diderot, sans le pédantisme, sans le matérialisme du philosophe Diderot, un Diderot… rien qu’éloquence et poésie !

1323. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXI. Des oraisons funèbres de Bourdaloue, de La Rue et de Massillon. »

disait un philosophe à un ancien.

1324. (1890) Le massacre des amazones pp. 2-265

En une page d’un livre précédent, cette pauvre Laurenty résumait les doctrines des philosophes sur l’absolu. […] Et Cécile Cassot, ingénieuse philosophe, conclut de ses propres incohérences qu’« il y a une destinée » qui « à un moment donné », fait « entendre sa voix à celui qu’elle veut perdre ou protéger ». […] Elle parle d’une « reconduction continuelle de l’infiniment grand à l’infiniment petit » que le philosophe de l’Astrologue qui se laisse tomber dans un puits eût peut-être mal comprise. […] Georges Renard fut un philosophe universitaire, assez courageux pour repousser les solutions de l’école, pas assez pour remarquer la niaiserie des questions posées. […] Les femmes philosophes, de celles que Descartes admirait jusqu’à Mme Clémence Royer, sont des disciples.

1325. (1887) George Sand

Antoine, gentilhomme déchu ; Jean, le paysan philosophe ; Janille, la servante ; Émile, Cardonnet, le jeune sage ; M. de Boisguilbault, le vieux fou. […] Quel contraste avec les idées de Carlyle, le philosophe anglais, sur le même sujet ! […] D’ailleurs, il faut bien se le dire, depuis ces âges lointains des politiciens et des philosophes dont la pensée agitait les réformes futures, cette partie des romans de Mme Sand a étrangement vieilli. […] Il y eut des après-midi d’humeur ironique et facétieuse, où je me plus à faire Trenmor (le forçat philosophe) plus creux qu’une gourde. » Tous les types avaient représenté, à un certain moment, des états de son esprit en lutte. […] Je demandais à un philosophe distingué de ce temps quel était, d’ordinaire, le premier article qu’il lisait dans la Revue des Deux Mondes.

1326. (1905) Propos littéraires. Troisième série

Il faut connaître un peu l’antiquité, l’histoire, les vieilles légendes, les mythologies, les philosophes en leurs tendances et en leur esprit général, pour lire un Ronsard. […] Il eût été un philosophe positiviste. […] Cette vue est désolante ; mais je ferai remarquer à l’humanité que c’est à elle d’en dissuader les philosophes. […] Le plus souvent, l’artiste épique ou dramatique qui met son credo moral, politique ou sociologique dans son œuvre, est un très pauvre philosophe. […] Leterrier, des philosophes dignes de comprendre M. 

1327. (1906) Propos de théâtre. Troisième série

Armande, elle, ne se croit philosophe que par imitation de sa mère et jeune vanité. […] » Voilà qui montre bien la pensée de Philaminte : « Ce Trissotin est un misérable, un coureur de dot, mais un philosophe jamais ! […] Elle ne voit pas ce qui se passe chez Armande et suppose celle-ci plus philosophe qu’elle n’est. […] Voici son commentaire très précis : « Je crois qu’il faut donner à vous une valeur emphatique : vous, une philosophe ! […] Car, lui, il n’est pas philosophe, et vous, vous l’êtes.

1328. (1903) Propos de théâtre. Première série

Arréat avait déjà publié certain Journal d’un philosophe qui avait été remarqué. […] Ce sera, si vous voulez, le Journal d’un philosophe qui lit des pièces de théâtre. […] Mes compliments et mes remerciements aux philosophes. […] Aussi bien, Sophocle est le plus philosophe des poètes grecs. […] Mais enfin, ce n’est pas un grand philosophe.

1329. (1908) Esquisses et souvenirs pp. 7-341

Pierre Lasserre, est un jeune philosophe, pour qui les lourdes vapeurs, amassées à l’horizon intellectuel, semblent dissipées. […] lui qui porte sur ses lèvres tout le miel et peut-être le poison du philosophe. […] Louis Ménard, l’ennemi des philosophes, l’affirme. […] Maintenant je m’accommode à peine de ce Dieu caché dont parle le philosophe de Locres. […] J’apporterais dans ma malle mes poètes, mes philosophes et mes pipes.

1330. (1882) Autour de la table (nouv. éd.) pp. 1-376

ces deux grandes facultés d’artiste et de philosophe qui sont en vous se sont fait ici un peu la guerre. […] L’auteur de ces gracieux poèmes est-il un philosophe ou un mystique ? […] A-t-il été philosophe ? […] philosophe malgré vous ! […] Certes, Konrad n’est pas le disciple du patient philosophe essénien.

1331. (1895) Hommes et livres

Peut-être apprendra-t-on ainsi à rendre plus de justice à la psychologie de Corneille, lorsque l’on verra ses conceptions qui nous paraissent les plus aventureuses et fantaisistes, affirmées par le philosophe comme d’incontestables vérités. Tout le monde n’a pas entre les mains, et les philosophes seuls peuvent avoir dans la mémoire le Traité des passions : aussi laisserai-je souvent la parole à Descartes. […] Au fond, quand il parle de Dieu en philosophe chrétien, ou même du bon Dieu en curé de village, il n’a que le jargon de l’Église ou de la sacristie : affaire d’habitude et d’éducation. […] Brunetière l’a si justement définie, c’est la philosophe de la nature : la nature est toute bonne, toute-puissante ; on fait bien de la suivre, et on est impuissant à la vaincre ; elle se venge de qui la force, la fausse ou la brave. […] Sauf Diderot et quelques autres, les auteurs du xviiie  siècle se servent de la philosophie, ils ne sont pas philosophes.

1332. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XX. Du dix-huitième siècle, jusqu’en 1789 » pp. 389-405

Les philosophes anglais, connus en France, ont été l’une des premières causes de cet esprit d’analyse qui a conduit si loin les écrivains français ; mais, indépendamment de cette cause particulière, le siècle qui succède au siècle de la littérature est dans tous les pays, comme j’ai tâché de le prouver, celui de la pensée.

1333. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre II. — De la poésie comique. Pensées d’un humoriste ou Mosaïque extraite de la Poétique de Jean-Paul » pp. 97-110

La voix la plus faible entrait dans les fibres circulaires de l’ongle : de sorte que, grâce à son industrie, le philosophe de là-haut entendit parfaitement le bourdonnement de nos insectes de là-bas.

1334. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre I. La préparations des chefs-d’œuvre — Chapitre I. Malherbe »

C’est quelqu’un, c’est même un étrange original, que ce gentilhomme de Normandie, si fier de sa race, d’un si robuste orgueil, au verbe rude et incivil, autoritaire, brusque, indifférent en religion, mais respectueux de la croyance du prince et de la majorité des sujets, très soumis à l’usage et très épris de raison, disputeur, argumenteur, philosophe et fataliste, plus stoïcien que chrétien, très matériel et positif, au demeurant honnête homme, et de plus riche sensibilité qu’on ne croirait d’abord.

1335. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Richepin, Jean (1849-1926) »

C’est une ironie de philosophe qui inspire Pied, valet de Faust, enseignant au savant docteur les sciences de l’ignorance et de la nature.

1336. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XV. Les jeunes maîtres du roman : Paul Hervieu, Alfred Capus, Jules Renard » pp. 181-195

On nous conte ses petits malheurs, et une tristesse en sort d’autant plus vive que Poil de Carotte est plus philosophe, d’une résignation précoce qui désole : « Tout le monde ne peut pas être orphelin. » Le mal n’est pas d’avoir les oreilles tirées ; c’est, tout jeune, de n’apprendre pas l’art d’espérer qui est tout l’art de vivre.

1337. (1890) L’avenir de la science « VI »

Mais longtemps encore il faudra pardonner aux savants de n’être ni philosophes, ni hommes du monde, ni hommes d’État, même quand ils s’intitulent, comme en Allemagne, conseillers de cour.

1338. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XIII » pp. 109-125

Je connais des princes du sang38, des princes étrangers39, de grands seigneurs façon de prince, de grands capitaines40, des gentilshommes, des ministres d’état41, des magistrats et des philosophes qui fileraient pour vous, si vous les laissiez faire. » Quelles devaient être les lettres de madame de Sévigné au surintendant Fouquet, lorsqu’en 1654, il se mit en tête de la séduire !

1339. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XIV. L’auteur de Robert Emmet »

Lord Byron, à lui seul, vaut tous les poëtes et les philosophes allemands que Mme de Staël a jaugés d’une main trop protectrice et trop caressante dans ce livre de l’Allemagne, où il n’y a que ce qui n’est pas l’Allemagne qui soit beau !

1340. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Louis XVI et sa cour »

Sismondi, qui n’était pas peintre et qui était économiste et philosophe, n’eût pas conçu de cette façon le règne de Louis XVI, et, s’il avait eu le temps de l’écrire, ne l’aurait pas concentré sous ce titre, qui est une manière de voir très entière et très accusée : Louis XVI et sa Cour.

1341. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La Paix et la Trêve de Dieu »

Philosophe du moi moderne, savez-vous ce que c’est que le point d’honneur ?

1342. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Sixte-Quint et Henri IV »

L’auteur du Sixte-Quint nie absolument ces deux circonstances que nous aimons comme des légendes ; car les légendes sont l’idéal du vrai, et non pas le faux, comme le croient d’imbéciles philosophes.

1343. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Madame de Créqui »

Eh bien, ce que le philosophe furibond ne manqua pas certainement d’appeler une capucinade, n’a-t-il pas influé sur l’esprit de Sainte-Beuve, trop détaché des choses religieuses pour bien comprendre, dans ses sévérités comme dans ses indulgences, dans ses ombres comme dans ses lueurs, cette capucine de bonne volonté, qui abaissa de bonne heure sur ses yeux restés pénétrants la pointe de son bonnet de dévote et qui le garda, jusqu’à sa mort, comme le capuchon de sa vieillesse, sans que pour cela ses anciens yeux d’escarboucle brillassent moins fort et vissent moins clair ?

1344. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Hoffmann »

Il nous est impossible d’aller plus loin… À notre sens, Champfleury tire de son travail en l’honneur d’Hoffmann des conclusions entièrement contraires à la vérité de cet homme, qui a été exagéré comme tout ce qui nous est venu de l’Allemagne depuis de longues années, et qui passera, quoiqu’il soit un conteur et un fantastique, tout autant que s’il était un philosophe.

1345. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « MM. Delondre et Caro. Feuchtersleben et ses critiques. — L’Hygiène de l’âme » pp. 329-343

Une fois cependant, dans son traité de l’Hygiène de l’âme, cet excellent Feuchtersleben a oublié qu’il était philosophe et que l’épi rebelle de l’hégelianisme passe par-dessous sa perruque, et il a invoqué, le brave homme !

1346. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Ernest Hello »

— à moitié de ceinture par un Marmontel des Contes moraux, non plus philosophe, mais chrétien… À côté de pages magnifiques, écrites avec ce feu blanc des mystiques qui traverse les âmes en les illuminant, il y en a d’autres d’une inspiration innocente et presque enfantine (voir le Gâteau des Rois).

1347. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Le Marquis Eudes de M*** »

Et cependant il était temps, il était temps pour tout le monde, et pour les hommes religieux, et pour les philosophes, et pour le public, que les questions fussent nettement et carrément posées.

1348. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Gustave Rousselot  »

Il C’est, en effet, l’inspiration de cette doctrine dont Condorcet fut le philosophe.

1349. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Laurent Pichat »

Il l’a roulée dans ce haillon… Fanatique de démocratie, fanatique d’orgueil de lui-même, sous prétexte de respect et d’admiration pour la grandeur des facultés humaines que tous les philosophes prennent pour la grandeur de leur personne, Laurent Pichat n’a pas craint de mettre la poésie de son âme dans ce qui aurait dû la tuer, et il a osé dire à l’Imagination que le temps est venu de se taire devant la raison triomphante !

1350. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Alfred de Vigny »

Le caractère du portrait d’Alfred de Vigny, en ses Œuvres posthumes, est ce que les Anglais appellent : the pensiveness, et que nous, qui n’avons pas la richesse étoffée de leur langue, nous sommes obligés de traduire par un affreux barbarisme : la pensivité… N’étaient-ce pas les soldats du philosophe Catinat qui rappelaient, avec leur tact de soldats : le Père La Pensée ?

1351. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Madame Sand et Paul de Musset » pp. 63-77

Pour notre part, nous ne connaissons que les prêtres catholiques qui puissent ramasser, avec leurs saintes mains désintéressées, les femmes qui tombent ; mais des philosophes ne le peuvent pas.

1352. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Deux romans scandaleux » pp. 239-251

Pour notre part, nous ne connaissons que les prêtres catholiques qui puissent ramasser avec leurs saintes mains désintéressées les femmes qui tombent, mais des philosophes ne le peuvent pas !

1353. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Malot et M. Erckmann-Chatrian » pp. 253-266

Est-il même catholique, ou est-il philosophe ?

1354. (1896) Les Jeunes, études et portraits

Barrès n’est pas seulement un historien ou un philosophe : il est un homme politique. […] Gundry n’écoute que son instinct… Cette prairie où rien ne pousse qui soit de culture humaine, c’est la table rase des philosophes. […] Au regard du philosophe comme à celui du naturaliste, l’amour, cet amour qui entretient la vie à travers l’humanité, est la grande affaire pour les hommes. […] Mais à ce mot de rêve il faut restituer tout son sens et y faire entrer la théorie elle-même de la connaissance telle que l’entendent les philosophes. […] Le second sera réservé aux artistes, le troisième aux philosophes et aux sociologues.

1355. (1896) Les époques du théâtre français (1636-1850) (2e éd.)

Il avait raison, non seulement pour des motifs de l’espèce de ceux de Napoléon, quand celui-ci déclarait que, sous son règne, il n’aurait jamais laissé jouer Tartufe pour la première fois63 — Piron était peu philosophe ; il eût plutôt été dévot ; et, en fait de libertés, il n’avait guère besoin que de celle de l’épigramme… et de l’ordure ; — mais il avait raison encore pour des motifs plus généraux, plus littéraires aussi ; et, de les dégager, je vais tâcher de vous montrer que c’est indiquer du même coup ce qui fait la grande originalité de Tartufe. […] Mais il me semblerait plutôt que la comédie de caractères, telle que j’ai tâché de vous la définir, — et telle que vous la reconnaîtrez, je l’espère, dans Tartufe, — tendait naturellement et d’elle-même au drame, à un certain genre de drame, à la tragédie bourgeoise, telle que la comprendront Diderot, Sedaine, Mercier, Beaumarchais, telle qu’ils s’efforceront de la réaliser, dans le Père de famille ou dans le Philosophe sans le savoir. […] D’un autre côté, Destouches, revenant d’Angleterre, où le goût naturel qu’il avait pour le romanesque n’avait pu manquer de devenir plus vif ou plus prononcé, n’allait pas précisément en rapporter un théâtre nouveau, mais enfin, tout en continuant de composer des comédies de caractères, telles que le Médisant, le Philosophe marié, le Grondeur, il allait essayer, comme Dufresny, de mettre un peu plus d’imprévu dans sa fable ; et déjà, comme La Chaussée, comme Diderot plus tard, de mêler le sentimental, sinon le tragique, au comique. […] Ce philosophe a beau dire, il ne nous est plus possible aujourd’hui de l’en croire ! […] Car, pour avoir, comme autrefois la sculpture grecque, ou comme encore la grande peinture italienne, dégagé l’idéale beauté des voiles qui l’enveloppent ou plutôt qui la masquent dans la réalité, nous pouvons le dire, Messieurs, — sans illusion d’amour-propre, mais non pas sans quelque orgueil peut-être, — aucune autre forme d’art n’a paru, depuis trois ou quatre cents ans, qui nous fasse mieux comprendre ce que les philosophes ont si bien appelé le pouvoir consolateur et libérateur de l’art.

1356. (1890) La bataille littéraire. Deuxième série (1879-1882) (3e éd.) pp. 1-303

L’oncle Benjamin est un excellent homme, bienfaisant, philosophe, descendant de Rabelais, longuement assis à table, mais prêt toujours aussi à la quitter pour aller au chevet d’un pauvre malade. […] Et moi qui me pique d’être philosophe, je réglerais ma conscience sur l’opinion de tels casuistes ! […] Pour donner idée de ce philosophe, qui ne ressemble en rien à ce que la légende en a fait chez nous, nous coupons au hasard quelques-unes de ses pensées, dont la forme rappelle souvent celle d’Henri Heine. […] Quand donc nous donnera-t-on, à nous autres philosophes, un philosophe couronné, un roi libre penseur, un Frédéric II ? […] Terminons en signalant la biographie de Schopenhauer qui précède cet abrégé de son œuvre, et qui donne une idée très juste de ce philosophe fantaisiste encore très mal connu aujourd’hui.

1357. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Première série

Il ne paraît guère avoir lu les philosophes qu’il énumère dédaigneusement et caractérise au petit bonheur. […] Louis Ménard, l’auteur de la Morale avant les philosophes, se trouvaient ensemble à dîner. […] et les philosophes ? […] les philosophes ? […] Mais ce philosophe a gardé l’imagination d’un catholique.

1358. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre III. L’Âge moderne (1801-1875) » pp. 388-524

Si rien en lui n’avait déplu davantage aux philosophes, il n’était rien dont les adversaires des philosophes lui eussent su plus de gré ; et c’est ainsi que, par une dernière singularité, qui l’achève de peindre, le même homme, dont le Contrat social a été l’évangile de Robespierre et de Babeuf, se trouve être le père spirituel de Mme de Staël et de Chateaubriand. […] Maintenant, par la brèche largement ouverte, ce n’est plus seulement Shakespeare qui passe tout entier : ce sont les Italiens, Alfieri, Manzoni, et ce sont les Allemands, Schiller, Goethe, Burger, Novalis, Hoffmann ; ce seront bientôt les philosophes, Kant, Fichte, Schelling. […] Le Philosophe ; — et d’abord si cette appellation n’est pas bien ambitieuse pour lui ; — en tant du moins qu’avoir une « philosophie » c’est avoir un système lié ; — une vue générale des choses, ou seulement une « doctrine » [Cf. plus loin l’article Taine]. […] II ; — Dorison, Alfred de Vigny poète philosophe, Paris, 1892. […] Ajoutez Les Philosophes français, 1856 ; — et une brochure sur Le Suffrage universel, 1871.

1359. (1714) Discours sur Homère pp. 1-137

Les Chrysippes, les Socrates n’étoient auprès de lui que des philosophes stériles : ils ne sçavoient que débiter séchement les principes de la morale ; il sçavoit les insinuer. […] Les sages ont félicité Platon de l’avoir banni de sa république ; et une secte entiere de philosophes ne traitoit tous les poëtes de canaille, qu’à cause des sotises d’Homere. […] L’orateur philosophe a déclaré formellement qu’Homere auroit mieux fait d’élever l’homme jusqu’aux dieux, que d’abaisser les dieux jusqu’à l’homme. […] Dès que la morale s’est éclaircie, dès qu’il a paru des philosophes, on a vû des censures d’Homere ; et quoique sa réputation se soit soutenuë depuis ces censures, ce crédit ne vient pas de la vérité de ses jugemens ; et ce n’est qu’un préjugé d’éducation fondé sur des applaudissemens, qui, à remonter jusqu’aux premiers suffrages, ne sont la plûpart que des échos les uns des autres. […] Les philosophes, comme de raison, furent les premiers qui secouerent le joug de l’autorité ; les uns plus, les autres moins ; mais enfin ces rébelles ne faisoient pas le grand nombre.

1360. (1842) Discours sur l’esprit positif

Cette indispensable extension était jusqu’ici essentiellement impossible aux philosophes modernes, qui, n’ayant pu suffisamment sortir eux-mêmes de l’état métaphysique, ne se sont jamais installés au point de vue social, seul susceptible néanmoins d’une pleine réalité, soit scientifique, soit logique, puisque l’homme ne se développe point isolément, mais collectivement. […] Une telle transformation, qui déjà tend à prévaloir en France, devra naturellement se développer partout de plus en plus, vu la nécessité croissante où se trouvent maintenant placés nos gouvernements occidentaux, de maintenir à grands frais l’ordre matériel au milieu du désordre intellectuel et moral, nécessité qui doit peu à peu absorber essentiellement leurs efforts journaliers, en les conduisant à renoncer implicitement à toute sérieuse présidence de la réorganisation spirituelle, ainsi livrée désormais à la libre activité des philosophes qui se montreraient dignes de la diriger. […] Aussi peut-on remarquer, même plus de trois siècles après saint Paul, les sinistres prédictions de plusieurs philosophes ou magistrats païens, sur l’imminente immoralité qu’allait entraîner nécessairement la prochaine révolution théologique. […] Si cet obstacle ne consistait que dans les aveugles déclamations trop souvent émanées des diverses écoles actuelles, théologiques ou métaphysiques, contre le prétendu danger d’une telle opération, les philosophes positifs pourraient se borner à repousser d’odieuses insinuations par l’irrécusable exemple de leur propre vie journalière, personnelle, domestique et sociale. […] Sous cet aspect, ainsi qu’à tout autre titre, les philosophes positifs se sentiront toujours presque aussi intéressés que les pouvoirs actuels au double maintien continu de l’ordre intérieur et de la paix extérieure, parce qu’ils y voient la condition la plus favorable à une vraie rénovation mentale et morale : seulement, du point de vue qui leur est propre, ils doivent apercevoir de plus loin ce qui pourrait compromettre ou consolider ce grand résultat politique de l’ensemble de notre situation transitoire.

1361. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Le Chevalier de Méré ou De l’honnête homme au dix-septième siècle. »

Le chevalier ne commence à poindre dans les Lettres de Balzac qu’en l’année 1646 ; c’est bien à lui que ce grand complimenteur écrivait : « La solitude est véritablement une belle chose ; mais il y auroit plaisir d’avoir un ami fait comme vous, à qui l’on pût dire quelquefois que c’est une belle chose27. » Et encore : « Si je vous dis que votre laquais m’a trouvé malade, et que votre lettre ma guéri, je ne suis ni poëte qui invente, ni orateur qui exagère ; je suis moi-même mon historien qui vous rend fidèle compte de ce qui se passe dans ma chambre28. » Le chevalier, dans cette lettre, est traité comme un brave et comme un philosophe tout ensemble ; il avait servi avec honneur sur terre et sur mer29. […] Tous vos confrères se mêlent de l’un et de l’autre ; ce sont des vagabonds qui ne vont de çà, de là, que pour apporter du scandale et séduire quelque innocente, et quand on les pense tenir, ils ne manquent jamais de faire un trou à la nuit. — Je lui repartis que j’étois d’un esprit plus modéré, que j’avois passé deux ans et demi chez un gentilhomme de Normandie à élever ses enfants, et que je ne les avois point quittés qu’ils ne fussent bons latins et bons philosophes ; du reste, qu’il n’avoit pas besoin d’un autre que de moi pour apprendre à messieurs ses enfants à faire des armes ni à danser, que je savois tous les exercices, parce que j’avois été cinq ans à Rome auprès d’un jeune homme de qualité qui m’aimoit et me faisoit instruire par ses maîtres ; — et pour lui montrer mon adresse, je me mis en garde avec une canne que j’avois ; j’allongeois et parois, j’avançois et reculois en maître, et puis, ayant quitté ma canne, je fis quelques pas forts de ballet et plusieurs caprioles qui le réjouirent ; mais ce qui lui plut encore, je ne fus pas difficile pour mes appointements. […] Les écrits sortis de sa plume dans ses dernières années sont insipides ; il baisse à vue d’œil, il se rouille ; il parle de la Cour en bel-esprit redevenu provincial ; il a des ressouvenirs d’épicurien qu’il amalgame comme il peut avec des visées platoniques, et, dans son type d’honnête homme qui est sa marotte éternelle, après avoir épuisé la liste des anciens philosophes, il va jusqu’à essayer en quelques endroits d’y rattacher… qui ?

1362. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre III. — Du drame comique. Méditation d’un philosophe hégélien ou Voyage pittoresque à travers l’Esthétique de Hegel » pp. 111-177

Méditation d’un philosophe hégélien ou Voyage pittoresque à travers l’Esthétique de Hegel Tant va la cruche à l’eau, qu’enfin elle se brise. […] C’est comme une galerie de la plus riche architecture, qui conduit le philosophe du temple de Melpomène au temple de Thalie. […] Mais ici je m’arrête plein de trouble, parce que je ne sais pas jusqu’à quel point la contradiction, qui est la loi du monde, doit être aussi la loi des écrits du philosophe qui la constate.

1363. (1858) Cours familier de littérature. V « XXIXe entretien. La musique de Mozart » pp. 281-360

De tous les contes dont ce grand philosophe a été le sujet, il reste démontré qu’il fut le premier à soupçonner que le monde était soumis à des lois immuables dont il appartenait aux géomètres de trouver la formule. […] Ce fruit du génie longtemps élaboré de génération en génération ne mûrit et ne tombe qu’à la dernière ; après ce phénomène l’arbre devient stérile et le progrès humain dans la famille s’arrête ; car, s’il continuait indéfiniment, comme le prétendent certains philosophes, la famille ne produirait plus un homme, mais un Dieu. […] Si la raison des philosophes ne cherche son Dieu que dans l’infini, il faut pardonner à la famille pieuse et indigente de chercher le sien dans son cœur et dans son foyer domestique.

1364. (1893) Du sens religieux de la poésie pp. -104

Une seule différence : le signe de la vérité pour le philosophe est l’évidence, pour le poète la beauté. […] À travers ces tergiversations, toutefois, des révélations, persiste un principe dont l’unité subit des fluctuations harmonieuses au développement de l’esprit humain et qui a reçu des philosophes le nom de Religion Naturelle. […] L’art s’efforce de recréer un mysticisme sauveur en scrutant les secrets de la nature : d’instinct il appelle au secours vers ceux qui, de leur côté, cherchent le vrai, vers les philosophes et les savants.

1365. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 octobre 1885. »

Reste le désaccord incontestable des deux philosophes sur le rôle de l’Art. […] Ainsi le parallèle s’achève, montrant, complète et profonde, chez les deux philosophes, l’accordance des théories. […] Et le Philosophe, Wagner, a compris cette Raison et il l’a dite49.

1366. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 juin 1886. »

La Vertu et la Joie ont été séparées : on a même gagé des philosophes pour découvrir entre elles des différences. […] Le promoteur véritable de la littérature moderne, le seul père intellectuel de nos âges, est le philosophe René Descartes, jamais un homme n’a exercé sur son temps une influence aussi vive que l’a fait sur les pensées et les mœurs du XVIIe siècle cet écrivain peu bruyant. […] Voltaire, l’admirable Grimm, Helvétius, furent plutôt des philosophes que de véritables artistes.

1367. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIe Entretien. Le 16 juillet 1857, ou œuvres et caractère de Béranger » pp. 161-252

Quand une concierge, qui semblait sentir la dignité et la responsabilité de gardienne du repos d’un philosophe favori du peuple, vous avait indiqué sa demeure, vous tourniez, à droite en entrant dans la cour, sous une petite voûte conduisant à des écuries ; vous rencontriez sous la voûte le premier degré d’un escalier de bois ; cet escalier vous conduisait de palier en palier, par des marches douces, comme il convient à l’âge essoufflé, jusqu’au dernier palier, sous les toits, où vous n’aviez plus au-dessus de vous que les tuiles et le ciel. […] s’écriera-t-on. — Mystère, oui ; mais le métier de l’écrivain philosophe est précisément de sonder par sa sagacité ce qui paraît mystère à la foule, et de mettre à nu ce cœur du peuple, pour lui dire : Tiens ! […] Il faut, quand on est vraiment philosophe, vraiment citoyen, vraiment égalitaire, se résigner avec la même indifférence à sa noblesse ou à sa roture : l’une ne dégrade pas plus que l’autre n’avilit le vrai grand homme.

1368. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « LOUISE LABÉ. » pp. 1-38

Ainsi passoit son chemin Apulée, quelque philosophe qu’il fust. […] Quelles gens ont esté, pour un temps, en plus grande réputation que les philosophes ?

1369. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Quelques documents inédits sur André Chénier »

La doctrine du xviiie  siècle était, au fond, le matérialisme, ou le panthéisme, ou encore le naturalisme, comme on voudra l’appeler ; elle a eu ses philosophes, et même ses poëtes en prose, Boulanger, Buffon ; elle devait provoquer son Lucrèce. […] Un vase corrompu aigrit la plus douce liqueur. » « L’étude du cœur de l’homme est notre plus digne étude : Assis au centre obscur de cette forêt sombre Qui fuit et se partage en des routes sans nombre, Chacune autour de nous s’ouvre : et de toute part Nous y pouvons au loin plonger un long regard. » Belle image que celle du philosophe ainsi dans l’ombre, au carrefour du labyrinthe, comprenant tout, immobile !

1370. (1860) Cours familier de littérature. X « LVIIIe entretien » pp. 223-287

Heureux ce jeune homme s’il peut un jour rendre un Pétrarque aux philosophes, aux poètes, aux amants ! […] Ici le poète change de ton, et, saisi de ces frissons lyriques qui sortent des sources et des bois sur les hauts lieux, il fait chanter un hymne à son cœur de philosophe de l’espérance.

1371. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXIXe entretien. Tacite (2e partie) » pp. 105-184

Othon devient le plus résigné des philosophes et le plus désintéressé des citoyens. […] L’historien se venge en racontant ; c’est Némésis qui écrit sous le manteau d’un philosophe.

1372. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXXIe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (2e partie) » pp. 305-367

« Il faut, dis-je à mes amis, confidents de ma pensée, il faut écrire pour ce peuple, dans une histoire impartiale, morale et pathétique à la fois, le commentaire vivant de sa première révolution, un Machiavel français, non dans l’esprit du Machiavel italien, mais dans l’esprit d’un Tacite moderne ; il faut prouver, par tous les faits de cette révolution, qu’en histoire, comme en morale, chaque crime, même heureux un jour, est suivi le lendemain d’une véritable expiation ; que les peuples, comme les individus, sont tenus de faire honnêtement les choses honnêtes ; que le but ne justifie pas les moyens, comme le prétendent les scélérats de théorie ou les fanatiques de liberté illimitée et de démagogie populacière ; que les plus justes principes périssent par l’iniquité des actes ; que la conscience ne subit pas d’interrègnes ; que la Providence est toujours là pour la venger, et que, si la Révolution de 1793 a noyé les plus belles pensées philosophiques dans le sang, c’est qu’elle est tombée des lèvres des philosophes dans les mains des tribuns, et des mains des tribuns dans les mains des Sylla et des César, lavant le sang dans le sang, et restaurant facilement la tyrannie, que les sociétés préfèrent justement aux crimes. […] Non pas cependant qu’on m’ait attribué aucune complicité de doctrines avec cet homme chimérique d’institutions, philosophe d’échafaud, impassible de meurtre, sans cruauté comme sans pitié dans le cœur, s’il avait un cœur, immolateur par système de tout ce qui résistait au froid délire d’un impossible nivellement sous le niveau de fer de sa guillotine.

1373. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXXIIe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (3e partie) » pp. 369-430

S’il n’avait pas été l’orateur d’une démocratie, il en eût été le philosophe et le poète. […] « S’il y eût eu dans l’Assemblée constituante plus d’hommes d’État que de philosophes, elle aurait senti qu’un état intermédiaire était impossible sous la tutelle d’un roi à demi détrôné.

1374. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIIIe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou Le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (1re partie) » pp. 305-364

II C’est ainsi que le disciple de Socrate, après la mort de Socrate, l’homme pratique, son inspirateur ; c’est ainsi que Platon écrivit sa République idéale, pandémonium de toutes les chimères, capable de donner le vertige à toute la démagogie d’Athènes, si Périclès n’était pas né pour rendre le bon sens aux philosophes, et la discipline volontaire au peuple qui vit de bon sens. […] Les conversations littéraires entre lettrés sont ridicules ; mais le débat politique et social entre pairs, c’est-à-dire entre philosophes, est grave et fécond.

1375. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre V. Le roman romantique »

Lectrice des philosophes du xviiie  siècle, amie de Barbès, de Michel (de Bourges), de Pierre Leroux, de Jean Raynaud819, et surtout bonne, d’une bonté immense et profonde, elle adopte la religion de l’humanité. […] Ceux qui sont artistes ou philosophes, se réfugient dans le rêve.

1376. (1841) Matinées littéraires pp. 3-32

« Les jeunes gens et les jeunes personnes, nous dit-il, prennent plus de plaisir, obéissent plus volontiers, et se laissent plus facilement entraîner aux discours de la philosophie, qui tiennent moins du philosophe, et qui semblent plutôt être dits en jouant qu’à bon escient. Quand ils reçoivent l’instruction parmi des contes faits à plaisir, ils sont, par manière de dire, ravis d’aise et de joie. » Pénétré de cette vérité, nous avons mis tous nos soins à nous dépouiller de la gravité des écoles ; et, sans prétendre à vous ravir d’aise et de joie, comme le veut le philosophe de Chéronée, notre ambition sera satisfaite si nous parvenons à vous inspirer quelque intérêt pour nos études, et quelque bienveillance pour nous-même.

1377. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Conclusion »

Les phrases du philosophe de Genève, déclamatoires dans l’ouvrage d’où son contradicteur les a tirées, paraissent, en regard de la réfutation, simples et naturelles. […] Est-il vrai que plus d’un auditeur de la Sorbonne, sous le charme de tant de belles paroles sur Dieu, l’homme, le monde et leurs rapports, s’achemina vers Notre-Dame plus qu’à demi conquis aux vérités religieuses, qu’enseignaient, du haut de la chaire chrétienne, des prédicateurs plus loin des voies des grands sermonnaires que le philosophe ne l’était des voies de Descartes ?

1378. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 février 1885. »

Ce qui reste d’une fusée d’artifice après qu’on l’a tirée. » On ne peut mieux terminer qu’avec le jugement, modèle en l’espèce porté sur Tristan d’un philosophe esthéticien, M.  […] Le numéro de janvier 1885 contient les articles suivants : 1° Richard Wagner : motifs extraits de ses écrits. — Cet article composé de passages pris aux livres de Wagner, expose comme quoi il faut juger toute œuvre en tenant compte du milieu où elle a été produite ; 2°  Sur Jacob Grimm, en mémoire du 4 janvier 1785 — Jacob Grimm est le philosophe allemand qui s’est le premier attaché à l’étude de l’esprit germanique ; 3° Etudes sur l’éternité, par Philipp van Hertefeld ; 4° Sur l’architecture théâtrale, par Friedrich Hofmann. — Cette étude montre que Wagner a repris l’idée du théâtre grec ; elle compare le théâtre de Bayreuth aux théâtres anciens et modernes ; 5° Observations sur Parsifal : explication de passages douteux ; 6° Un dialogue de fin d’année, au sujet du nouveau calendrier wagnérien ; enfin les communications nouvelles, etc.

1379. (1904) En méthode à l’œuvre

En vain par le doute et ses désespoirs et de hautains appels à sonder le néant des Révélations, avait-on ainsi que rendu tressaillantes les sphères ouraniennes de l’Intellect : en vain, parce que le doute et la négation participent davantage de l’erreur ou du rêve d’où ils naissent, que de la vérité à laquelle ils aspirent sans pouvoir la produire… Et pourtant, au présent immédiat et là de nos poétiques Fastes, — alors que la science des Origines a environné nos têtes ainsi que de la tornade stellaire dont éternellement devient l’éternelle Fluence : voilà que, sans savoir que les apports de la sensation ne sont que les matériaux de l’Idée pour que de ses ondes intelligentes elle tente, en le plus d’unité-sciente, de reproduire en soi l’Univers et ses Rythmes, — la presque généralité des poètes n’est que la survie dégénérée des rapsodes du plaisir et de la douleur, et des philosophes qui ne peuvent se passer d’Eden ! […] Non point, en leur ignorant orgueil d’hommes de l’Occident, vers les très vieilles et tout poétiques Sagesses millénaires nées de l’entre-pénétration des esprits vierges et des torrides et humides Forces, — non point vers le ressouvenir qu’en eurent les philosophes Ioniens.

1380. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre VI. L’espace-temps à quatre dimensions »

Je me tournerais vers ceux qui viennent de parler, et je leur dirais : « Laissez-moi d’abord vous féliciter de n’avoir que deux dimensions, car vous allez ainsi obtenir pour votre thèse une vérification que je chercherais vainement, moi, si je faisais un raisonnement analogue au vôtre dans l’espace où le sort m’a jeté. » Il se trouve, en effet, que j’habite un espace à trois dimensions ; et lorsque j’accorde à tels ou tels philosophes qu’il pourrait bien y en avoir une quatrième, je dis quelque chose qui est peut-être absurde en soi, encore que concevable mathématiquement. […] Mais le philosophe, qui doit distinguer le réel du symbolique, parlera autrement.

1381. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 7172-17709

Mais il est encore deux autres especes de formation, qui méritent singulierement l’attention du grammairien philosophe ; parce qu’on peut les regarder comme les principales clés des langues : ce sont la dérivation & la composition. […] Il est vrai toutefois qu’un grammairien philosophe démêlera ce qui appartient à chaque langue, en suivant toûjours une même route ; il n’est question que de bien saisir les points de vûes généraux ; par exemple, à l’égard du futur, il ne faut que déterminer toutes les combinaisons possibles de cette idée avec les autres circonstances du tems, & apprendre de l’usage de chaque langue ce qu’il a autorisé ou non, pour exprimer ces combinaisons. […] D’autres fois on supplée par cet artifice à une énumération ennuyeuse & impossible de noms propres ; les philosophes de l’antiquité, au lieu du long étalage des noms de tous ceux qui dans les premiers siecles ont fait profession de philosophie. […] Ainsi nous prononçons, Joseph, philosophe, comme s’il y avoit Josef, filosofe. […] Ecoutons encore ce grammairien philosophe.]

1382. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Histoire de la littérature française, par M. D. Nisard. Tome iv. » pp. 207-218

Comme ces doctes et ingénieux philosophes païens du iiie  siècle, vous nous ramenez aux autels connus par des raisons ignorées, avec cette différence que vous n’êtes point païen et que vos dieux sont immortels ! 

1383. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Béranger — Béranger, 1833. Chansons nouvelles et dernières »

Les Quatre Âges abordent le même sujet sous forme directe, sur un ton de lyrisme grave et didactique : c’est l’hymne auguste du philosophe, ce sont les vers dorés de la science nouvelle.

1384. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Victor Hugo — Victor Hugo, romans (1832) »

Le bon philosophe éclectique et sceptique porte les vérités, les manies, le bon sens, les ridicules, la science et l’erreur, pêle-mêle dans sa besace, tantôt d’un air piètre, tantôt se rengorgeant, tout comme Panurge et Sancho.

1385. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Des soirées littéraires ou les poètes entre eux »

Ce genre léger était plutôt le rendez-vous commun de tous les gens d’esprit, du monde, de lettres, ou de cour, des mousquetaires, des philosophes, des géomètres et des abbés.

1386. (1874) Premiers lundis. Tome II « Jouffroy. Cours de philosophie moderne — III »

Les philosophes, moins humbles, ont insisté sur l’idée du château-fort ; ils ont affecté au moi, tel qu’ils croient le concevoir, une sorte de sérénité insouciante et la dédaigneuse immobilité d’une sentinelle qui se repose sur ses armes ; au haut de leur doctrine escarpée ils lui ont donné un air de confiance et de contemplation, mais en ne s’en tenant pas à l’apparence, en s’approchant de plus près, en mettant le doigt à travers le créneau, on reconnaît que ce mot imposant et vanté n’est rien qu’une froide pierre, une vaine statue.

1387. (1874) Premiers lundis. Tome II « Chronique littéraire »

« Et maintenant, messieurs, vous tous qui êtes qualifiés du nom de philosophes, moralistes, métaphysiciens, politiques et économistes, nous vous interpellons ici directement, et nous vous défions publiquement d’apporter, à l’aide de vos sciences vraies et mensongères, la moindre amélioration au sort de la société et notamment des classes populaires. » Et ailleurs : « Nous dirons à tous les détracteurs du régime sociétaire, que M. 

1388. (1875) Premiers lundis. Tome III « M. Troplong : De la chute de la République romaine »

Il saisit en philosophe le caractère des individus ; il ne sait pas s’inspirer de la philosophie d’une époque.

1389. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XV. De l’imagination des Anglais dans leurs poésies et leurs romans » pp. 307-323

Le Cimetière de Gray, l’Épître sur le collège d’Eaton, Le Village abandonné de Goldsmith, sont remplis de cette noble mélancolie qui est la majesté du philosophe sensible.

1390. (1823) Racine et Shakspeare « Chapitre premier. Pour faire des Tragédies qui puissent intéresser le public en 1823, faut-il suivre les errements de Racine ou ceux de Shakspeare ? » pp. 9-27

. — Vous êtes singuliers, vous autres philosophes modernes ; vous blâmez les poétiques, parce que, dites-vous, elles enchaînent le génie ; et actuellement vous voudriez que la règle de l’unité de temps, pour être plausible, fût appliquée par nous avec toute la rigueur et toute l’exactitude des mathématiques.

1391. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre III. Association des mots entre eux et des mots avec les idées »

Ils ne sont pas seulement à l’usage du philosophe ou du savant, qui, n’exprimant que de pures idées, ne cherchent à évoquer aussi que des séries d’idées pures.

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