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766. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Crétineau-Joly »

L’histoire en nommera deux surtout à qui elle demandera un compte sévère de leur influence si bassement mise au service de leurs cours. Le cardinal de Bernis, l’ami de Voltaire et la bouquetière de madame de Pompadour, ne pouvait pas se déshonorer, mais l’archevêque de Séville, le grave et profond cardinal de Solis, avait, lui, un honneur à perdre, un noble passé à sacrifier, et il perdit l’un et sacrifia l’autre en acceptant de son gouvernement la mission de faire nommer un pape s’engageant d’avance et par écrit à la destruction des Jésuites. […] Bernis avait été nommé ambassadeur à Rome ; Azpuru, plus réellement habile que ce faiseur de petits vers, proscrivait les cardinaux qui avaient trempé dans les affaires sous Clément XIII (Rezzonico).

767. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Alphonse Daudet »

Alphonse Daudet I12 J’ai souvent déjà parlé du poète des Amoureuses, qui rappelle Thomas Moore par le talent, la beauté du visage et l’exiguïté de la stature, ce Thomas Moore qui se nommait lui-même Little Moore (le petit Moore). […] Le duc de Mora, que tout le monde a nommé, et qui relève, du reste, inévitablement de l’Histoire, est bien moins pris ici par son côté historique que par le côté intime de sa personne et de ses mœurs. […] L’étude qu’il en a faite est superbe, même après celle du de Marsay de Balzac… Quant au Nabab, qu’on a aussi nommé, l’auteur le fait, malgré ses ridicules et ses vices, qui sont les vices et les ridicules de son temps, si bon, si humain, si filial, que, bien loin de se plaindre, le modèle serait peut-être flatté du portrait, et reconnaissant.

768. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Balzac » pp. 17-61

Y a-t-il donc beaucoup d’années que Bulwer, détourné de la voie de ses premiers romans, écrivait son livre au daguerréotype : De l’Angleterre et des Anglais, et n’y sentait-on pas l’influence de ce dandysme autochtone à la Grande-Bretagne qui vient de tout un ensemble de mœurs et d’institutions, et que les favoris du Prince du Dandysme, le prince de Galles, purent bien nommer, mais ne créèrent pas ? […] Mais ils le redoublèrent, ils l’exagérèrent, ils lui donnèrent une vie et une intensité nouvelles ; car nommer les choses, c’est les créer, a dit Mahomet, ce grand métaphysicien en turban ! […] il l’appelle involontairement les trois maîtres que j’ai nommés, et qui ont comme du sang luxuriant de Rabelais dans les veines de leur génie.

769. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Bourdaloue. — II. (Fin.) » pp. 281-300

En un mot, en ne faisant que traduire et paraphraser à peine les paroles de saint Luc sur les Pharisiens, Bourdaloue esquissait, dix-sept ans avant La Bruyère, un vivant portrait d’Arsène et de tous ceux, à la moderne, qui lui ressemblent ; de ceux qui veulent en tout la fine fleur, et qui ne quittent celle du monde que pour aller cueillir, par un surcroît de recherche et un épicuréisme tout spirituel, ce qui se peut nommer aussi la fine fleur de l’austérité. […] En traçant si curieusement ce qu’il nomme un détail de mœurs, si Bourdaloue n’avait pas en vue Pascal dans Les Provinciales, et s’il ne le traduit pas trait pour trait à sa manière devant ses auditeurs, dont plusieurs durent être à la fois choqués et transportés, et ne purent s’empêcher d’admirer tout en protestant, il n’y a pas un seul portrait chez Saint-Simon ni chez La Bruyère.

770. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Histoire du roman dans l’Antiquité »

Le roman, qui n’a été ainsi désigné qu’au Moyen-Âge et d’un nom qui sent la décadence ; que les Grecs avaient oublié de nommer, et qui ne faisait pas d’abord un genre bien à part, était partout chez eux. […] Elle aurait pu être nommée tout autrement et rester la même.

771. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Souvenirs de soixante années, par M. Étienne-Jean Delécluze, (suite et fin) »

Pasquier, le comte Pasquier, comme un homme qui n’aurait jamais ouvert le Moniteur : il écrit sans cesse de Lamartine, de Salvandy, là où il supprime le monsieur, comme un homme qui ne les aurait jamais entendu nommer : on dit M. de Lamartine, ou Lamartine tout court. […] Tandis qu’il décerne tranquillement la couronne à Mme Tastu25, il ne nomme pas M. 

772. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Les frères Le Nain, peintres sous Louis XIII, par M. Champfleury »

Les frères Le Nain, nés et élevés à Laon, eurent pour premier maître un étranger et probablement un Flamand, qu’on ne nomme pas ; ils étaient trois, Antoine, Louis et Mathieu, « vivant, est-il dit, dans une parfaite union » ; ils offraient, dans l’application de leur pinceau, des différences, qui paraissent avoir été de dimension plutôt que de manière. […] Il y en a de bien des sortes en tout pays, de gaies, de gaillardes, de grivoises, de crues et de grossières (le peuple n’est pas toujours délicat), de légères aussi, de mélancoliques et de tendres : celle-ci par exemple, qui se chante dans le Bourbonnais, mais qui, par sa douceur et le nom de la rivière qui y est nommée, sent aussi bien son Berry ou sa Touraine ; j’y laisse les liaisons contraires à l’orthographe que la prononciation villageoise y a semées : que n’y puis-je noter la tendresse du chant, qui y infuse une ravissante et mélancolique langueur !   

773. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Gavarni (suite et fin.) »

Nommerai-je quelques-uns des gais amis qui se réunissaient le plus habituellement autour de lui ? […] C’était donc Balzac, Léon Gozlan, Jules Sandeau, Théophile Gautier, Méry, Mélesville ; — Forgues, que la nature a fait distingué et que la politique a laissé esprit libre ; Edouard Ourliac, d’une verve, d’un entrain si naturel, si communicatif, et qui devait finir par une conversion grave ; un italien réfugié, patriote et virtuose dans tous les arts, le comte Valentini, qui payait sa bienvenue en débitant d’une voix sonore et d’un riche accent le début de la Divine Comédie : Per me si va… C’était le médecin phrénologue Aussandon, qui signait Minimus Lavater et qui avait la carrure d’un Hercule ; Laurent-Jan, esprit singulier, tout en saillies pétillantes et mousseuses ; le marquis de Chennevières, esprit poétique et délicat, qui admire avec passion, qui écoute avec finesse ; — nommerai-je, parmi les plus anciens, Lassailly l’excentrique, qui, même en son bon temps, frisait déjà l’extravagance, qui ne la séparait pas dans sa pensée de la poésie, et qui me remercia un jour très sincèrement pour l’avoir appelé Thymbræus Apollo ?

774. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Vaugelas. Discours de M. Maurel, Premier avocat général, à l’Audience solennelle de la Cour impériale de Chambéry. »

De ce que Vaugelas est nomme jusqu’à cinq fois dans cette comédie, Auger conclut qu’il était en grande recommandation et qu’il passait pour « le législateur du langage. » Lui-même pourtant, Vaugelas, eût récusé ce dernier titre trop magnifique. […] En les indiquant sans les nommer, Vaugelas les salue encore avec respect et les appelle nos maîtres ; car il est toujours poli jusque dans sa contradiction et dans la critique qu’il fait des personnes et des auteurs.

775. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Histoire de Louvois par M. Camille Rousset. Victor-Amédée, duc de Savoie. (suite et fin.) »

Madame Royale (ainsi nommait-on la duchesse mère qui prit en main la Régence) tint toute la première, à l’égard de son fils, une ligne de conduite très peu maternelle : elle aimait le pouvoir, elle ne haïssait pas le plaisir, elle ne songea point à élever son fils en vue d’un prochain partage et exercice de l’autorité ; elle le traita avec froideur, avec roideur, non en mère française, mais en mettant sans cesse l’étiquette entre elle et lui. […] Un jeune Piémontais, âgé de quinze ans, le comte de Frine, nommé à une place de page dans la Grande-Écurie de Louis XIV, et faisant des armes peu avant son départ avec un autre enfant de qualité du même âge, se prit de querelle avec lui par trop de vanterie ; les camarades s’étant mis du côté du plus faible, une rixe s’ensuivit avec bourrades et coups, et l’escrimeur battu provoqua ses agresseurs en duel.

776. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Exploration du Sahara. Les Touareg du Nord, par M. Henri Duveyrier. »

Ceux qui ont vécu dans les montagnes, au voisinage des glaciers, savent que chaque chose a son nom ; les habitants du pays ou, à leur défaut, les savants, ont tout observé, tout nommé. […] Leur nom Touareg signifie en arabe les délaissés ou abandonnés ; ils ne l’acceptent pas et se nomment de leur vrai nom les libres et indépendants.

777. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « HISTOIRE de SAINTE ÉLISABETH DE HONGRIE par m. de montalembert  » pp. 423-443

Et puis elle est essentiellement historique, soit comme Walter Scott dans l’art encore, soit comme tant d’historiens que chacun nomme, dans l’histoire pure et sévère. […] Dans l’histoire de cette sainte, morte à vingt-quatre ans, fille de rois, mariée enfant au jeune landgrave de Thuringe et de Hesse qu’elle appelle jusqu’au bout du nom de frère, et qui la nomme sœur, bientôt veuve par la mort de l’époux parti à la croisade, persécutée, chassée par ses beaux-frères, puis retirée à Marbourg au sein de l’oraison, de l’aumône, et mourant sous l’habit de saint François ; dans cette histoire si fidèlement rassemblée et réédifiée, ce qui brille, comme l’a remarqué l’auteur, c’est surtout la pureté matinale, la virginité de sentiment, la pudeur dans le mariage, toutes les puissances de la foi et de la charité dans la frêle jeunesse.

778. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « UN FACTUM contre ANDRÉ CHÉNIER. » pp. 301-324

Sans doute, en considérant avec détail les maîtres, on aurait pu trouver plus d’une fois que l’imitateur n’avait pas tout rendu, qu’il était resté au-dessous ou pour la concision ou pour une certaine simplicité qui ne se refait pas ; c’est l’inconvénient de tous ceux qui imitent, et Horace, mis en regard des Grecs, aurait à répondre sur ces points non moins que Chénier ; mais tout à côté on aurait retrouvé chez celui-ci les avantages, là où il ne traduit plus à proprement parler, et où seulement il s’inspire ; on aurait rendu surtout justice en pleine connaissance de cause à cet esprit vivant qui respirait en lui, à ce souffle qu’on a pu dire maternel, à cette fleur de gâteau sacré et de miel dont son style est comme pétri, et dont on suivrait presque à la trace, dont on nommerait par leur nom les diverses saveurs originelles ; car, à de certains endroits aussi, ne l’oublions pas, l’aimable butin nous a été livré avant la fusion complète et l’entier achèvement. […] remy veut bien nous désigner sans nous nommer), ont, il est vrai, reconnu dans André Chénier le parfum exquis de l’Hymette : eh bien, tous se sont trompés et ont jugé à la légère : M.

779. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXVIIIe entretien. Tacite (1re partie) » pp. 57-103

vingt-trois transfuges et déserteurs, à qui l’on ne permettrait pas de nommer un centurion ou un tribun des soldats, nommeraient impunément un empereur !

780. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Mémoires d’outre-tombe, par M. de Chateaubriand. Le Chateaubriand romanesque et amoureux. » pp. 143-162

En ce qui touche ses amours, par exemple, les amours qu’il a inspirés et les caprices ardents qu’il a ressentis (car il n’a guère jamais ressenti autre chose), il est très discret, par soi-disant bon goût, par chevalerie, par convenance demi-mondaine, demi-religieuse, parce qu’aussi, écrivant ses Mémoires sous l’influence et le regard de celle qu’il nommait Béatrix et qui devait y avoir la place d’honneur, de Mme Récamier, il était censé ne plus aimer qu’elle et n’avoir jamais eu auparavant que des attachements d’un ordre moindre et très inégal ou inférieur. […] J’ai sous les yeux des lettres, presque des lettres de cœur, adressées par Chateaubriand à une personne distinguée, qu’il se gardera bien de nommer dans ses Mémoires (fi donc !

781. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Florian. (Fables illustrées.) » pp. 229-248

La duchesse d’Orléans, fille du duc de Penthièvre, était un de ces types d’Estelle ; mais Florian avait pensé encore à une autre personne, à une jeune femme du monde, à laquelle il voulait dédier le roman sans la nommer. […] Il se plaît en réalité avec les animaux ; lui aussi, il vit avec eux à sa manière : Vous connaissez ce quai nommé de la Ferraille, Où l’on vend des oiseaux, des hommes et des fleurs : À mes fables souvent c’est là que je travaille… On nous le montre aussi logé à l’hôtel de Toulouse, ayant sa bibliothèque tout près d’une volière peuplée d’une multitude d’oiseaux, sujets vivants de ses Fables.

782. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Histoire du chancelier d’Aguesseau, par M. Boullée. (1848.) » pp. 407-427

Et, par exemple, je ne trouve nulle part Voltaire nommé dans ses Œuvres, et je ne vois pas non plus qu’il ait nommé une seule fois Molière.

783. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Charles Perrault. (Les Contes des fées, édition illustrée.) » pp. 255-274

Avant lui les élections académiques se faisaient comme à l’amiable, à haute voix, et sans qu’on allât au scrutin : Peu de temps après ma réception, je dis qu’il me semblait que Dieu avait bien assisté l’Académie dans le choix de ceux qu’elle avait reçus jusqu’alors, vu la manière dont elle les nommait, mais que ce serait le tenter que de vouloir continuer à en user de la sorte ; que ma pensée était qu’il faudrait dorénavant élire par scrutin et par billets, afin que chacun fût dans une pleine liberté de nommer qui il lui plairait.

784. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « De la poésie et des poètes en 1852. » pp. 380-400

Mais, avant de nommer quelques-uns de ceux qui méritent distinction et souvenir, un hommage avant tout aux poètes discrets qui ne publient pas ! […] L’auteur, que je crois pouvoir nommer sans indiscrétion, et qui est M. l’abbé B.

785. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Beaumarchais. — III. (Suite et fin.) » pp. 242-260

Mais il voulut rire de Mirabeau et de ses objections ; rappelant les critiques qu’avaient eu à essuyer de tout temps les entreprises nouvelles : « Quand elles étaient bien amères, disait-il, on les nommait des Philippiques ; peut-être un jour quelque mauvais plaisant coiffera-t-il celles-ci du joli nom de Mirabelles, venant du comte de Mirabeau, qui mirabilia fecit. » Le faiseur de calembours oubliait trop ici à qui il se jouait. […] Un fils qu’il avait eu de son second mariage n’avait pas vécu ; mais il avait une fille qu’il aimait tendrement, nommée du nom d’Eugénie, et que tout annonce avoir été charmante.

786. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1873 » pp. 74-101

Là, Hugo a un morceau de la plus haute éloquence, qu’il termine par ces mots : « Oui, je le sais, le défaut c’est l’élection par les membres en faisant partie… Il y a dans l’homme une tendance à choisir son inférieur… Pour que l’institution fût complète, il faudrait que l’élection fût faite sur une liste présentée par l’Institut, débattue par le journalisme, nommée par le suffrage universel. » Sur cette thèse, qui semble un de ses habituels morceaux de bravoure, il est, je le répète, très éloquent, plein d’aperçus, de hautes paroles, d’éclairs. […] Aujourd’hui, j’ai reçu un diplôme de Bethléem, qui me nomme membre de la Société, je sais par le timbre qui porte New-York, que c’est en Amérique, et voilà tout… N’y a-t-il pas des Sociétés en Australie, ayant déjà publié sur l’histoire naturelle, des travaux de la plus grande importance… Un jour il sera impossible de connaître seulement les localités scientifiques… Et la mémoire pourra-t-elle suffire… Pensez-vous qu’à l’heure présente, pour ma partie, il y a, par an, huit cents mémoires dans les trois langues, anglaise, allemande, française ! 

787. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 38, que les peintres du temps de Raphaël n’avoient point d’avantage sur ceux d’aujourd’hui. Des peintres de l’antiquité » pp. 351-386

Cet auteur raconte comme un point d’histoire important, que ce fut un thébain, nommé Aristide, qui fit voir le premier qu’on pouvoit peindre les mouvemens de l’ame, et qu’il étoit possible aux hommes d’exprimer avec des traits et des couleurs les sentimens d’une figure muette, en un mot, qu’on pouvoit parler aux yeux. […] On peut donner les mêmes loüanges à la figure nommée ordinairement le rotateur ou l’aiguiseur, déterrée à Rome et transportée depuis quarante ans à Florence, où l’on peut la voir dans le cabinet de son altesse roïale.

788. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Charles Baudelaire  »

A la première apparition, à la première odeur de ces Fleurs du mal, comme il les nomme, de ces fleurs (il faut bien le dire, puisqu’elles sont les Fleurs du mal !) […] Il avait plus de variété, plus de grandeur et plus de spectacles que celui qu’on nomme aujourd’hui paradis, probablement par antiphrase.

789. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « Brizeux. Œuvres Complètes »

Marie, sa Marie, sa douce dédaigneuse, il ne l’a peut-être autant aimée que parce qu’elle lui réfléchissait et lui symbolisait la Bretagne ; parce qu’il pouvait les appeler toutes deux dans celui de ses vers qui a le plus de cette inexprimable chose qu’on nomme le charme, faute d’y rien comprendre : Cette grappe du Scorff, cette fleur de blé noir ! […] Après avoir lu les vers de celui qu’elle a nommé un peu trop généreusement son poète, aucun d’eux, fût-il exilé, ne se brûlera la cervelle !

790. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « M. Jean Richepin »

Il a, comme eux, ce je ne sais quoi, impossible à déterminer et même à nommer, mais qu’on sent dans les profondeurs de l’âme maîtrisée… Les poètes qui diffèrent le plus de ce dernier venu par le sujet de leurs chants, lui ressemblent par cela seul qui les fait poètes. […] Lamartine, par exemple, que je viens de nommer, l’a autant quand il est impie que quand il est religieux.

791. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XV. »

Évidemment, son premier progrès de politesse avait anticipé, de longue date, sur l’époque nommée le siècle d’Auguste. […] Vous n’avez plus d’autre argument que de multiplier les ruines, en preuve de la destruction universelle qui nous attend, d’autre consolation que de nommer tour à tour les rois, les grands hommes, les poëtes, les sages, dont la mort a précédé celle que vous déclarez pour chacun de nous aussi absolue qu’elle est inévitable ; vous dites éloquemment : « Scipion, ce foudre de guerre, la terreur de Carthage, a laissé ses ossements à la terre comme le plus infime esclave.

792. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « Mme DESBORDES-VALMORE. (Pauvres Fleurs, poésies.) » pp. 115-123

Chaque plainte qui lui venait, chaque sourire passager, chaque tendresse de mère, chaque essai de mélodie heureuse et bientôt interrompue, chaque amer regard vers un passé que les flammes mal éteintes éclairent encore, tout cela jeté successivement, à la hâte, dans un pêle-mêle troublé, tout cela cueilli, amassé, noué à peine, compose ce qu’elle nomme Pauvres Fleurs : c’est là la corbeille de glaneuse, bien riche, bien froissée, bien remuée, plus que pleine de couleurs et de parfums, que l’humble poëte, comme par lassitude, vient encore moins d’offrir que de laisser tomber à nos pieds.

793. (1874) Premiers lundis. Tome I « Hoffmann : Contes nocturnes »

Pour moi, il me semble que ces hommes, doués d’une seconde vue, sont assez semblables à ces chauves-souris en qui le savant anatomiste Spallanzani a découvert un sixième sens plus accompli à lui seul que tous les autres… Ce sixième sens, si admirable, consiste à sentir dans chaque objet, dans chaque personne, dans chaque événement, le côté excentrique pour lequel nous ne trouvons point de comparaison dans la vie commune et que nous nous plaisons à nommer le merveilleux… Je sais quelqu’un en qui cet esprit de vision semble une chose toute naturelle.

794. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « André Theuriet »

Elle ne reparaît plus, son mari ayant été nommé secrétaire général dans quelque ministère ; mais, pour témoigner sa reconnaissance à son sauveur, elle lui fait donner une bonne perception  au milieu des bois.

795. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Pour encourager les riches. » pp. 168-175

L’Académie ne peut pas la nommer officier de la Légion d’honneur : elle lui octroie cinq cents francs, — auxquels elle joint, il est vrai, un mot spirituel et, quelquefois, un compliment ironique.

796. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Bilan des dernières divulgations littéraires. » pp. 191-199

Je n’ose plus nommer cette touchante Marceline.

797. (1863) Molière et la comédie italienne « Préface » pp. -

Or, parmi les villageois il y en avait un, nommé Puccio d’Aniello, à la face comique, au nez long, au teint hâlé, assez facétieux d’ailleurs, et d’esprit pointu.

798. (1911) La valeur de la science « Introduction »

Il faut ensuite examiner les cadres dans lesquels la nature nous paraît enfermée et que nous nommons le temps et l’espace.

799. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — L’Empereur Néron, et les trois plus grands poëtes de son siècle, Lucain, Perse & Juvénal. » pp. 69-78

On connoît la passion de Néron pour les spectacles ; il montoit lui-même sur le théâtre, y représentoit en habit d’actrice, n’avoir d’affection que pour les comédiens & sur-tout pour un nommé Paris.

800. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 29, si les poëtes tragiques sont obligez de se conformer à ce que la geographie, l’histoire et la chronologie nous apprennent positivement » pp. 243-254

Paterculus reproche même à ces poëtes, comme une erreur grossiere, d’avoir appellé Thessalie cette partie de la Grece qui fut ainsi nommée dans la suite, en des tems où elle ne portoit pas encore ce nom.

801. (1912) L’art de lire « Chapitre VII. Les mauvais auteurs »

La Bruyère les a bien connus : « Il n’y a nuls vices extérieurs et nuls défauts du corps [de l’esprit aussi, quoique moins] qui ne soient aperçus par les enfants ; ils les saisissent d’une première vue et ils savent les exprimer par des mots convenables : on ne nomme point plus heureusement.

802. (1818) Essai sur les institutions sociales « Préface » pp. 5-12

Il en est de même de ce que j’avance sur la nécessité d’introduire l’étude des langues de l’Orient dans l’enseignement public ; je me borne à remarquer que je voulais restreindre, et non supprimer l’étude des langues nommées classiques.

803. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Le voltairianisme contemporain »

… Eh bien, Voltaire a inventé aussi le pococurantisme philosophique, et il l’a nommé la sagesse !

804. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Auguste Nicolas »

., qui encombrent les catalogues de librairie, ne sont que de grossières spéculations faites sur l’ignorance qui veut se décrasser, et dont les autres… de quel nom les nommer, si ce n’est du leur, pour caractériser leur abjecte médiocrité ?

805. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « ??? » pp. 175-182

les idées pures gouvernant le monde par elles-mêmes, sans ministres à leur département, et l’humeur de n’avoir pas toutes ces belles choses, voilà le secret des tristesses et des lamentations du comte Zélislas pendant deux gros volumes, voilà ce qui le pousse, après avoir traîné ici et là la chaîne de ses déceptions, à aller se faire tuer à la polonaise sur le champ de bataille de Novare, où il est blessé, pour nommer le livre, et assez pour en mourir.

806. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXII. Des éloges des hommes illustres du dix-septième siècle, par Charles Perrault. »

Nous avons vu jusqu’à présent, que dès qu’un homme en place, roi ou prince, cardinal ou évêque, général d’armée ou ministre, enfin quiconque, ou avait fait ou avait dû faire de grandes choses, était mort, tout aussitôt un orateur sacré, nommé par la famille, s’emparait de ce grand homme, et après avoir choisi un texte, fait un exorde ou trivial ou touchant, sur la vanité des grandeurs de ce monde, divisé le mérite du mort en deux ou trois points, et chacun des trois points en quatre ; après avoir parlé longuement de la généalogie, en disant qu’il n’en parlerait pas, faisait ensuite le détail des grandes qualités que le mort avait eues ou qu’il devait avoir, mêlait à ces qualités des réflexions ou fines ou profondes, ou élevées ou communes, sur les vertus, sur les vices, sur la cour, sur la guerre, et finissait enfin par assurer que celui qu’on louait, avait été un très grand homme dans ce monde, et serait probablement un très grand saint dans l’autre.

807. (1906) L’anticléricalisme pp. 2-381

Cependant il n’est pas impossible que, magistrat à tendances jansénistes et semi-protestantes, il ne se fût rallié à la constitution civile du clergé en demandant seulement qu’évêques et curés ne fussent nommés que par les catholiques et surtout que les évêques fussent nommés par les curés ; car c’est seulement ainsi que se peut constituer un « corps » autonome. […] L’Église est d’État, elle est, comme nous-mêmes, nommée par le corps de la nation. […] On pourrait, sans doute, lui faire remarquer qu’il ne l’est pas, qu’il ne le serait que sans députés et sans juges nommés par le gouvernement ; qu’il ne le serait que par le gouvernement direct et la magistrature élue. […] Eh bien mais, ce n’est pas pour autre chose que les politiciens se font nommer députés. Ils ne se font pas nommer députés pour faire des lois — si ce n’est des lois de circonstance, qui sont précisément des actes de gouvernement et de gouvernement despotique — ils se font nommer pour gouverner, par l’intermédiaire de leurs ministres, d’une manière conforme à leurs intérêts ; et, d’autre part, pour peser, chacun chez eux, sur l’administration de leur département et pour y être de petits rois.

808. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome II

Il y avait à Rome un fameux joueur de cithare, nommé Terpnus, que Néron avait eu pour maître : dès qu’il fut empereur, il l’appela auprès de sa personne, et il travaillait avec lui plus souvent qu’avec ses ministres. […] Aller voir Esther était une faveur sans prix : le roi lui-même nommait les élus ; il était le contrôleur de la salle, et se tenait devant la porte, sa liste à la main. […] L’auteur se nomme Nerée, et c’est de lui qu’on pourrait dire, avec justice, qu’il ne faisait pas mal des vers pour son temps. […] Personne ne. lui conteste Ragotin, et l’on peut juger qu’un homme tel que La Fontaine aura su tirer parti du Roman de Scarron, qu’on nomme comique à si juste titre ; car il y a peu d’ouvrages aussi plaisants. […] On ne peut pas mettre au nombre des vérités hardies les remontrances d’Ésope à un athée nommé Iphicrate ; cependant on a supprimé la scène, et avec raison.

809. (1890) Dramaturges et romanciers

Un lecteur subtil pourrait deviner presque à coup sûr l’âge de l’auteur, et nommer la période de l’histoire contemporaine dont il a subi l’influence à son entrée dans la vie. […] Je veux pouvoir le mesurer de mon regard, le toucher de ma main, le nommer par son nom. […] Celui qui n’a pas à un degré quelconque le sentiment du divin dans le monde, celui qui ne sait pas rapporter à une force qu’il ne peut nommer son amour et sa reconnaissance, fera bien de ne jamais prendre un pinceau, un ciseau ni une plume. […] Ainsi, pour nommer tout de suite une de ces émotions, elle est à peu près la seule qui éveille ce sentiment sans lequel il n’est guère d’œuvre poétique vraiment puissante, le sentiment du mystère. […] Cherbuliez les a distingués et nommés avec une sagacité rare.

810. (1921) Esquisses critiques. Première série

Ce que l’on nommait alors art moderne (et qui fut si intimement lié au symbolisme) motivait une curiosité chaque jour grandissante. […] Dans ce concert, remarquable, l’auteur qui nous occupe se signalait par l’un de ses meilleurs livres — non indigne d’être nommé parmi les œuvres que nous venons d’énumérer : les Hortensias bleus. […] Abel Hermant atteint son point de perfection (ce point qui est comme celui de bonté ou de maturité dans la nature) et entre dans ce que nous avons nommé plus haut sa période classique. […] L’épisode plaisant survient à point nommé pour combler un léger vide, et le rideau tombe, comme il s’était levé, sur un effet parfois un peu gros, mais toujours certain. […] L’homme élégant, robuste et fort avait le droit D’être fier des beautés qui le nommaient leur roi.

811. (1873) Molière, sa vie et ses œuvres pp. 1-196

Enfin le beau-frère de Molière, Jean Aubry, décida un troisième prêtre, nommé Paysant, à venir. […] À en croire Bret, « un nommé Poquelin, Écossais, fut un de ceux qui composèrent la garde que Charles VII attacha à sa personne sous le commandement du général Patilloc. […] Ce fougueux personnage se nommait Pierre Roulès et il était curé de Saint-Barthélemy. […] On pouvait croire qu’il n’était plus rien qu’un type historique appartenant à ce qu’on nommerait volontiers l’archéologie morale, le fantôme d’un temps disparu ; point du tout, il vit encore et toujours. […] Bruzen de la Martinière qui compléta ou plutôt refit la Vie de Molière de Grimarest, et se servit des souvenirs d’un vieux comédien de la troupe de Molière, nommé Marcel.

812. (1908) Jean Racine pp. 1-325

Il en va de même de notre langue, car elle fuit extrêmement de s’abaisser aux particularités, parce que les oreilles sont délicates et ne peuvent souffrir qu’on nomme des choses basses dans un discours sérieux, comme une cognée, une scie et un vilebrequin. […] J’ai nommé Molière ; j’avais nommé La Fontaine et Boileau. […] Je viens de nommer Chapelle. […] C’est comme si les personnages, atteints d’une manie spéciale, éprouvaient, à certains moments, le besoin irrésistible de nommer et de se décrire les uns aux autres les objets de l’usage le plus familier, et des choses auxquelles personne ne fait plus attention dans la vie réelle : tels les petits enfants, lorsqu’ils commencent à parler, prennent plaisir à nommer par leurs noms, avec émerveillement, les ustensiles dont ils se servent. […] La femme aimée de Bajazet, ce n’est point la princesse Atalide, mais une jeune esclave nommée Floridon.

813. (1892) Un Hollandais à Paris en 1891 pp. -305

le vêtement indispensable que je n’oserais nommer, elles les lui prennent en ricanant de leur bouche plate et stupide. […] Mon compagnon frappa, se nomma, et ce fut Bruant lui-même qui nous introduisit dans la salle. […] Un des assistants, avec quelque hésitation, nomma Leconte de Lisle. […] Je dis les entrailles, car ce que nous nommons le cœur, chez les faunes est placé un peu plus bas. […] On m’a nommé officier et mes hommes m’adoraient.

814. (1924) Souvenirs de la vie littéraire. Nouvelle édition augmentée d’une préface-réponse

J’épouse… » (II nomma, la personne) […] Heredia, qui connaissait ma situation, me demanda un jour s’il ne me serait pas agréable d’être nommé inspecteur des Théâtres. […] On pense si notre grand ami fut entouré de sollicitations, quand il fut nommé directeur littéraire du Journal. […] Hanotaux finit par le tirer de cette situation, en le faisant nommer Conservateur de la Bibliothèque de l’Arsenal.‌ […] Hanotaux finit par le tirer de cette situation, en le faisant nommer Conservateur de la Bibliothèque de l’Arsenal.‌

815. (1889) Impressions de théâtre. Troisième série

Il leur annonce qu’il va épouser Fleur de Roseau, fille d’une noble dame nommée Cœur de Rubis. — Cœur de Rubis ? […] Là-dessus Félix est nommé gouverneur d’une province, préfet, si vous voulez. […] Toutes les fois qu’on nomme une de ses amies, pan ! […] Une autre fois, on lui annonça qu’il était nommé gouverneur des enfants du roi de Prusse, mais à condition d’abjurer. […] C’est donc là ce qu’on nomme Vertu bourgeoise !

816. (1888) La vie littéraire. Première série pp. 1-363

On n’avait qu’à nommer la Vigueur et la Probité pour faire apparaître M.  […] Il y avait, au dix-septième siècle, un chanoine de Saint-Cloud nommé Nicolas Feuillet. […] Sa femme, qui se nommait Obias, le détestait. […] Il vit un esprit, il le toucha, il le nomma Katie King et il l’aima. […] Il fut nommé sous-lieutenant l’année de la mort de Napoléon.

817. (1864) Physiologie des écrivains et des artistes ou Essai de critique naturelle

Tel écrivain était vieux dès l’enfance, tel autre est jeune jusque dans la vieillesse : aussitôt vous nommez Voltaire. […] Elle se nommait Santi L’homaka et était propre sœur de la grand’mère de M.  […] Quelle angoisse pénétrante dans cette mélodie qu’on nomme sa dernière pensée, son dernier soupir ! […] Je pourrais nommer aussi Mendelssohn, et tant d’autres ! […] Nous, modernes, trop vêtus et mal, nous vivons dans des boîtes que nous nommons maisons, et dans des tiroirs de commode que nous nommons appartements.

818. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. FAURIEL. —  première partie  » pp. 126-268

Une lettre du ministre de la guerre Beurnonville adressée au Citoyen Fauriel, à Saint-Etienne, à la date du 26 mars 1793, lui donnait avis qu’il était nommé à une sous-lieutenance vacante dans le 4e bataillon d’infanterie légère de la Légion des montagnes en garnison à Perpignan, et il s’y rendit aussitôt. […] soignez bien cette plante rare qu’on nomme le bonheur ! […] Cette traduction, précédée d’un Discours préliminaire très-remarquable, parut, après bien des retards et des ajournements, dans l’été de 1810 ; c’est le seul ouvrage proprement dit que Fauriel ait publié avant l’époque de la Restauration, et, fidèle à son rôle modeste, il le publia sans même se nommer. […] Ginguené, peu suspect de germanisme, déclare « qu’on ne balancera sans doute pas à la nommer admirable quand elle aura quelques siècles de plus66. » Fauriel la compare très-justement à celle du géant Adamastor chez Camoëns. […] Il se fait là, au milieu des luttes finissantes de l’anarchie mérovingienne, une sorte d’émancipation du midi, une véritable contre-conquête, comme la nomme M.

819. (1925) Portraits et souvenirs

Pourtant, il a ce qu’il appelle des principes, et qui lui font préférer ce qu’il nomme « les méthodes difficiles ». […] Ses contemporains, Hugo, Gautier, Dumas, Arsène Houssaye, pour n’en nommer que quelques-uns, eurent pour lui une tendresse particulière. […] Stéphane Mallarmé, nommé à Paris, au lycée Condorcet, est de plus près mêlé au mouvement littéraire de son temps, et il en résulte chez lui une indifférence de plus en plus marquée pour la besogne universitaire. […] L’employé des Fermes, le « gâpian », ainsi qu’on le nommait, était l’ennemi juré du « margandier ». […] Il a renoncé à ses premières ambitions, mais son séjour aux ateliers ne lui aura pas été inutile, car, en 1643, la reine Anne d’Autriche le nomme « dessinateur des plans et parterres de tous les jardins ».

820. (1890) Derniers essais de littérature et d’esthétique

Deux personnes l’intéressent, Lady Ellinor Farquharson et un beau jeune vagabond nommé Robert Blackwood. […] D’autre part, en tant que poète, il mérite tout au plus d’être nommé en passant. […] Si l’on avait à indiquer les principales qualités de l’œuvre de Mistress Browning, on nommerait, comme M.  […] Pourtant elle était belle et se nommait « La Liberté ». […] Thiodolf découvre ce secret et rapporte le haubert à Soleil des Bois, — ainsi se nomme-t-elle, — et préfère sa propre mort à la ruine de sa cause.

821. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. THIERS. » pp. 62-124

On le nomme un génie aimable, un philosophe consolant ; il n’y a qu’un mot à dire : il avait compris l’univers, et l’univers bien compris n’est point désespérant, mais offre au contraire de sublimes perspectives. » Je n’ai pas craint de citer, parce que tout l’instinct de l’homme se révèle déjà dans ces premiers écrits, et que, si l’on a sans doute un peu au delà de Vauvenargues dans ce besoin d’action si caractérisé, on a déjà beaucoup de M. […] Mais il avait, il a ce que j’aime à nommer le sentiment consulaire, c’est-à-dire un sentiment assez conforme à cette belle époque, généreux, enthousiaste, rapide, qui conçoit les grandes choses aussi par le cœur et qui fait entrer l’idée de postérité dans les entreprises ; ce qui le porte à s’enflammer tout d’abord pour certains mots immortels, à s’éprendre pour certaines conjonctures mémorables et à souhaiter, par quelque côté, de les ressaisir ; ce qui lui faisait dire, par exemple, à M. de Rémusat, vers ce temps des nobles luttes commençantes : « Nous sommes la jeune garde23. » Cette étincelle sacrée, qui l’anime comme historien, ne lui a fait défaut en aucune autre application de sa pensée, et, tout pratique qu’il est et qu’il se pique d’être, je ne répondrais pas qu’elle ne l’ait embarrassé plus d’une fois comme politique. […] Il s’est nommé le prieur de Saint-Savin ; les habitants lui en ont donné le titre, et il a obligé l’évêque même à le lui conserver Je me rendis de nouveau sur la terrasse pour jouir d’un spectacle tout différent, celui de la vallée délivrée des brouillards, fraîche de la rosée et brillante du soleil. […] faites-la. » — On nomma, en conséquence, une commission composée de MM.

822. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre deuxième. Les mœurs et les caractères. — Chapitre I. Principe des mœurs sous l’Ancien Régime. »

Des chevaux qu’on nomme « des enragés » et qu’on nourrit d’une façon particulière141 y vont et en reviennent en trois heures. […] Il y a trois divisions de la bouche158 : la première pour le roi et ses enfants en bas âge ; la seconde, nommée petit commun, pour la table du grand maître, pour celle du grand chambellan et pour celle des princes et princesses qui logent chez le roi ; la troisième, nommée grand commun pour la seconde table du grand maître, pour celle des maîtres d’hôtel, pour celle des aumôniers, pour celle des gentilshommes servants et pour celle des valets de chambre : en tout 383 officiers de bouche, 103 garçons et 2 177 771 livres de dépense ; outre cela 389 173 livres pour la bouche de Madame Élisabeth, et 1 093 547 livres pour celles de Mesdames, total 3 660 491 livres pour la table. […] D’ailleurs la règle est que, lorsqu’ils se retirent, le roi leur fait une pension de 20 000 livres et donne 200 000 francs de dot à leur fille  Ce n’est pas trop pour leur train. « Ils sont obligés de tenir un si grand état de maison, qu’ils ne peuvent guère s’enrichir dans leur place ; ils ont tous table ouverte à Paris au moins trois fois par semaine, et à Versailles, à Fontainebleau, table ouverte tous les jours205. » M. de Lamoignon étant nommé chancelier avec 100 000 livres d’appointements, on juge tout de suite qu’il se ruinera206 ; « car il a pris tous les officiers de cuisine de M. d’Aguesseau, dont la table seule allait à 80 000 livres.

823. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLVe entretien. Ossian fils de Fingal »

L’Angleterre, où ces poëmes galliques venaient d’être découverts, recueillis, écrits et vraisemblablement retouchés et complétés par un gentilhomme écossais nommé Macpherson, ne fut pas la seule contrée vivement émue par ces chants ; ils se répandirent dans toutes les autres contrées littéraires de l’univers, France, Allemagne, Espagne, Italie, par les traductions, en prose et en vers ; Letourneur, en prose française, Baour-Lormian, en fragments poétiques, Césarotti, en magnifiques vers italiens, à Vérone et à Milan, les consacrèrent dans les différents idiomes ; le trésor des monuments écrits s’enrichit ainsi d’un monument de plus. […] Lorsque Macpherson, dégoûté de cette controverse ingrate, renonça à la littérature et se retira dans la politique, il fut nommé agent du nabab d’Ariat, et fit une fortune immense au service de ce souverain oriental ; il mourut en 1796, sans avoir confessé son prétendu mensonge, et tout occupé encore, quoique mollement, de publications ossianiques. […] « Le héros sonna l’alarme sur son bouclier : les guerriers, nommés pour veiller pendant la nuit, se mirent en marche. […] Ossian prit avec lui huit de ses guerriers, l’impétueux Ullin, le généreux Mullo, le noble et gracieux Scelacha, Oglan et le fougueux Cerdal et le farouche Dumariccan : et pourquoi te nommerai-je le dernier, Ogar, si fameux sur les collines d’Arven !

824. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Figurines »

Il est vrai qu’il ne les nomme pas, par une pieuse pudeur. […] Ils ont plus de peine à se faire nommer députés qu’un cabaretier ou un coiffeur… Et ainsi, M. de Vogüé semble d’abord exilé dans son temps. […] (Je veux nommer aussi, tout au moins, Georges Auriol, ne pouvant les nommer tous.)

825. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 avril 1885. »

La bonne ignorance, naïve, de Boiëldieu et d’Adam, n’est plus guère possible, aujourd’hui, à nos compositeurs ; ils doivent être bruyants, paraître audacieux… Pour le public, heureux, toujours, des classifications, ces nouveautés, le bruit, l’audace, furent, jadis, la caractéristique innovation de Richard Wagner, musicien : émerveillé de les voir bruyants et audacieux, le public nomma nos compositeurs des wagnéristes. — Ils protestent : l’Institut n’admet point de wagnérisme ! […] … Et ils écrivent aux journaux, déclarent être français, nomment la Patrie : ils ne comprennent plus Wagner, passé Lohengrin… Cependant, ils persévèrent, faisant des œuvres bruyantes et qui paraissent audacieuses, ainsi qu’ils ont appris ; et le public s’acharne à les juger wagnériennes ; les critiques, aussi, la plupart pour les en louer, M.  […] On reconnaît là tout ensemble le zèle, le talent et l’autorité du chef d’orchestre, qui a présidé aux répétitions de l’œuvre : j’ai nommé M.  […] La divine, miraculeuse épée, vue ou nommée, produit en l’âme de Wofan ou de Siegfried une impression spéciale, grande ; à cette impression, toute psychique, répond le motif musical.

826. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre quatrième. L’idée du temps, sa genèse et son action »

Il n’est nul besoin, pour sentir une chose, d’avoir la penser ou le nom de cette chose : pour sentir la différence du plaisir à la douleur, il n’est pas besoin de penser ni de nommer cette différence ; de même, pour sentir cette différence particulière qui constitue un changement interne, il n’est nul besoin de faire appel à la pensée pure, à la raison qui compare, aux catégories, à la forme pure du temps. […] Si nous allons jusqu’au fond de ce qu’on nomme le sentiment d’attente, d’anticipation, nous voyons qu’il se ramène à une tendance qui est elle-même une appétition. […] Il en est de même pour cette sorte particulière d’attente qu’on nomme l’attention. […] Et cependant, le monde des choses réelles a la complaisance de venir se ranger dans ce cadre de notre sensibilité ; les éclipses prédites par les astronomes arrivent à point nommé, comme si le temps était un rapport objectif des choses.

827. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Shakespeare »

Ce voleur de l’auteur d’Othello, qui lui avait pris son magnifique Jaloux pour le mettre en Turc et en faire Orosmane, afin qu’on ne le reconnût pas, ne permettait guère qu’on vantât de son temps celui qu’il avait osé nommer Gilles ; et de la bande de philosophes qui obéissaient à son grelot et tenaient l’opinion de la France esclave, Diderot seul, le débraillé de naturel et de déclamation, avait eu le front d’écrire cette phrase superbe et cynique : « Moi, je ne comparerai Shakespeare ni à l’Apollon du Belvédère, ni au Gladiateur, ni à l’Antinoüs, ni à l’Hercule de Glycon, mais au saint Christophe de Notre-Dame, colosse informe, grossièrement sculpté, mais dans les jambes duquel nous passerions tous sans que notre front touchât à ses parties honteuses. » Mais, comme on le voit, cette phrase ambitieuse et fausse, quoiqu’elle voulût être plus juste que tout ce qu’on disait alors, prouvait que Diderot lui-même ne connaissait pas tout Shakespeare dont le colossal disparaît précisément quand on l’a tout entier sous le regard, dans la perfection de son harmonie. […] Mais s’il la nommait mal, cette langue nécessaire à une traduction de Shakespeare, François Hugo la comprenait et pouvait la parler. […] Au fond, toutes ces divisions ne sont que des noms… Cette nature spirituelle de l’homme, cette force vitale qui habite en lui, est essentiellement une et indivisible, et ce que nous nommons imagination, compréhension, fantaisie, ne sont que les différentes figures de la puissance de Vision intérieure (Power of insight), qui est tout l’homme et qui donne rigoureusement sa mesure (a correct measure ofman). » Et Carlyle ne s’arrête pas là. […] François Hugo n’a pour l’attester que la perte d’un fils de onze ans que Shakespeare avait nommé Hamlet comme l’immortel fils de son génie, mais il n’a nul autre détail sur ce fils de Shakespeare que son nom écrit sur une tombe dans le cimetière du petit bourg de Stratford-sur-Avon et sur la douleur de son père.

828. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « L’abbé de Bernis. » pp. 1-22

Il y fut nommé dès la fin de l’année 1744, c’est-à-dire à l’âge de vingt-neuf ans. […] Bernis, entré au Conseil à titre de ministre d’État en janvier 1757, nommé secrétaire d’État aux Affaires étrangères en juin de la même année, promu à la dignité de cardinal en octobre 1758, fut subitement remplacé par Choiseul en novembre, puis presque aussitôt envoyé en exil à son abbaye de Saint-Médard de Soissons.

829. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. de Stendhal. Ses Œuvres complètes. — I. » pp. 301-321

Je nomme M. de Tracy parce qu’il fut un des parrains intellectuels de Beyle, que celui-ci lui garda toujours de la reconnaissance et lui voua, jusqu’à la fin, de l’admiration ; parce que l’école philosophique de Cabanis et de Tracy fut la sienne, qu’il affichait au moment où l’on s’y attendait le moins. […] Sur la comédie surtout, il est en défaut ; il nomme trop peu Molière, si vivant toujours et si présent ; Molière, ce classique qui a si peu vieilli, et qui fait autant de plaisir en 1850 qu’en 1670.

830. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « William Cowper, ou de la poésie domestique (I, II et III) — I » pp. 139-158

— Mais non, ce qu’ici nous nommons la vie est chose si peu digne d’être aimée, et toi, ma mère, tu m’es si aimable que ce serait te payer bien mal que de contraindre ton esprit délivré à reprendre ses fers… La mort de sa mère livra le jeune enfant aux mains des étrangers ; son père, homme estimable, n’eut point pour ce fils délicat et timide les attentions qu’il aurait fallu. […] Il avait perdu son père depuis plusieurs années, et il dissipait doucement son patrimoine, lorsque venant à sentir la nécessité de ce qu’on appelle une position, il eut recours à un ami, à un parent en crédit qui le fit nommer secrétaire à la Chambre des lords.

831. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le duc de Rohan — II » pp. 316-336

Quelque chose de ce sentiment austère et contristé se réfléchit dans la page suivante, où M. de Rohan, après avoir raconté la reddition de La Rochelle le 28 octobre (1628), ajoute du ton de fermeté et de fierté qui lui est propre : La mère du duc de Rohan et sa sœur4 ne voulurent point être nommées particulièrement dans la capitulation, afin que l’on n’attribuât cette reddition à leur persuasion et pour leur respect, croyant néanmoins qu’elles en jouiraient comme tous les autres ; mais comme l’interprétation des capitulations se fait par le victorieux, aussi le conseil du roi jugea qu’elles n’y étaient point comprises, puisqu’elles n’y étaient point nommées : rigueur hors d’exemple, qu’une personne de cette qualité, en l’âge de soixante-dix ans (et plus), sortant d’un siège où elle et sa fille avaient vécu trois mois durant de chair de cheval et de quatre ou cinq onces de pain par jour, soient retenues captives sans exercice de leur religion, et si étroitement qu’elles n’avaient qu’un domestique pour les servir, ce qui, néanmoins, ne leur ôta ni le courage ni le zèle accoutumé au bien de leur parti ; et la mère manda au duc de Rohan, son fils, qu’il n’ajoutât aucune foi à ses lettres, pource que l’on pourrait les lui faire écrire par force, et que la considération de sa misérable condition ne le fît relâcher au préjudice de son parti, quelque mal qu’on lui fît souffrir.

832. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Journal et mémoires du marquis d’Argenson, publiés d’après les manuscrits de la Bibliothèque du Louvre pour la Société de l’histoire de France, par M. Rathery » pp. 238-259

Parlant du double jeu du duc de Savoie qui se ménage à toute fin et trahit les uns pour les autres : « Il fit, dit-il, ce qu’ont coutume de faire les écoliers malins dans les collèges, qu’on nomme pestards, il alla tout divulguer. » Et encore, au sujet de M.  […] Nommé par lui ambassadeur en Portugal, où il n’alla pas, d’Argenson s’était flatté ensuite de succéder à M. 

833. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La comtesse de Boufflers (suite.) »

« Ce que vous nommez défaut, Monsieur, je le regarde comme une qualité nécessaire et flatteuse à trouver dans les amis. […] Mme Riccobini, quoiqu’elle restât en dehors de tout parti, était une amie de Hume, et on la trouve nommée dans la Vie et Correspondance de ce dernier.

834. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « La comtesse d’Albany par M. Saint-René Taillandier (suite et fin.) »

Je sais que vous avez de l’amitié pour moi, et que vous aimiez cet ami incomparable : c’est ce qui fait que je me livre avec vous à ma douleur. » Enfin, le 4 août 1804, à un correspondant qu’on ne nomme pas : « Voilà cinq mois que j’ai perdu cet ami incomparable, et il me paraît que c’est hier ; je le pleure tous les jours, et rien ne pourra m’en consoler. […] Mme d’Albany, mourant en 1824, nomma Fabre son légataire universel, et Fabre, à son tour, étant revenu mourir dans sa ville natale, a légué à celle-ci, en 1837, tous ses trésors, tableaux, livres et manuscrits.

835. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat (suite.). Guerre des Barbets. — Horreurs. — Iniquités. — Impuissance. »

Nommé lieutenant général, il fut envoyé à l’armée que commandait le Dauphin pour le siège de Philisbourg (1688). […] Ce rapport est des plus simples, et le vainqueur y paraît surtout occupé de rendre justice à tous ; après qu’il a nommé tout le monde, il craint encore d’avoir oublié quelqu’un : « Je puis manquer dans cette Relation, disait-il, à rendre les bons offices que plusieurs particuliers, et même des troupes, méritent dans cette occasion où tout le monde s’est bien employé ; je dois à leur bonne volonté et à leur secours la gloire qui peut retomber sur moi de ce combat. » Il faut lire d’autres relations que la sienne pour apprendre que Catinat, voyant que la lutte s’opiniâtrait, se mit à la tête de troupes fraîches tirées de la brigade Du Plessis-Bellière, les mena à la charge, et décida la victoire.

836. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « QUELQUES VÉRITÉS SUR LA SITUATION EN LITTÉRATURE. » pp. 415-441

Ce que les anciens moralistes nommaient tout crûment la sottise humaine, est sans doute à peu près la même en tout temps, en tout pays ; mais en ce temps-ci et en France, comme nous sommes plus rapides, cette sottise en personne se produit avec des airs d’esprit, de légèreté, avec des vernis d’élégance qui déconcertent. […] L’anarchie entre les hommes de talent est complète ; chacun se fait centre, chacun se nomme roi, Mævius comme Virgile, Vadius comme Molière (si Molière et Virgile il y a) ; mais le Vadius et le Mævius, c’est-à-dire un peu de sottise, se glissent même sous la pourpre et la soie des plus grands et de ceux qui se croient le plus gentilshommes.

837. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Boileau »

Présenté à la cour en 1669, il est nommé historiographe en 1677 ; à cette époque, par la publication de presque toutes ses satires et ses épîtres, de son Art poétique et des quatre premiers chants du Lutrin, il avait atteint le plus haut degré de sa réputation. Boileau avait quarante-un ans, lorsqu’il fut nommé historiographe ; on peut dire que sa carrière littéraire se termine à cet âge.

838. (1861) La Fontaine et ses fables « Troisième partie — Chapitre II. De l’expression »

Nous dirons seulement qu’il était vrai, et que le lecteur ne voit la bête que lorsqu’elle est nommée par son nom. […] Il faut, quand on parle d’un marchand, nommer, comme La Fontaine, « les facteurs, les associés, les ballots, le fret », raconter la vente « du tabac, du sucre, de la porcelaine et de la cannelle. » Si vous voulez peindre un singe qui dissipe le trésor de son maître et fait des ricochets avec des louis, ne dites pas simplement qu’il jette l’argent par la fenêtre ; donnez le détail de cet argent ; appelez chaque pièce par son titre ; amoncelez les « pistoles, les doublons, les jacobus, les ducatons, les nobles à la rose » ; nous nous rappellerons l’effigie et l’exergue, et, au lieu de comprendre, nous verrons.

839. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXIIIe entretien. Chateaubriand, (suite) »

La nuit, quand les fenêtres de notre salon champêtre étaient ouvertes, madame de Beaumont remarquait diverses constellations, en me disant que je me rappellerais un jour qu’elle m’avait appris à les connaître : depuis que je l’ai perdue, non loin de son tombeau, à Rome, j’ai plusieurs fois, du milieu de la campagne, cherché au firmament les étoiles qu’elle m’avait nommées ; je les ai aperçues brillant au-dessus des montagnes de la Sabine ; le rayon prolongé de ces astres venait frapper la surface du Tibre. […] Bonaparte l’agréa et le nomma secrétaire d’ambassade à Rome, heureux d’adresser au pape le jeune écrivain restaurateur de la religion.

840. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers. Tome IXe. » pp. 138-158

Le guet-apens de Bayonne s’exécuta à point nommé comme il l’avait résolu : le vieux roi et son fils, amenés avec astuce dans le piège, y restèrent. […] C’est que ces sortes de gens qu’on nomme Molière ou Shakespeare ont de temps en temps de ces mots qui percent à fond tout l’homme et qui démasquent à l’improviste la comédie humaine.

841. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Saint-Évremond et Ninon. » pp. 170-191

Au comte de Choiseul, qui l’ennuyait un peu, et qui, un jour qu’il avait été d’une promotion, se mirait revêtu de tous ses ordres : « Prenez garde, monsieur le comte, lui dit-elle devant toute la compagnie ; si je vous y prends encore, je vais vous nommer vos camarades. » Il y avait eu, en effet, de déplorables choix. — Atteinte dans sa jeunesse d’une grave maladie et dont on désespérait, on se lamentait autour d’elle ; chacun, à son exemple, voulait mourir, et elle, raillant un peu tout ce jeune monde, même en le consolant : « Bah ! […] Saint-Évremond a beau écrire à Ninon : « La nature commencera par vous à faire voir qu’il est possible de ne vieillir pas » ; il a beau lui dire : « Vous êtes de tous les pays, aussi estimée à Londres qu’à Paris ; vous êtes de tous les temps, et quand je vous allègue pour faire honneur au mien, les jeunes gens vous nomment aussitôt pour donner l’avantage au leur : vous voilà maîtresse du présent et du passé… » ; malgré toutes ces belles paroles, Ninon vieillit, elle a ses tristesses, et sa manière même de les écarter peut sembler plus triste que tout : Vous disiez autrefois, écrit-elle à son ami, que je ne mourrais que de réflexions : je tâche à n’en plus faire et à oublier le lendemain le jour que je vis aujourd’hui.

842. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Le duc de Lauzun. » pp. 287-308

En effet, quelques-unes des femmes qui y étaient nommées pour leur conduite, légère et leurs aventures de jeunesse, vivaient encore et avaient passé depuis à la défense solennelle des bons principes, au culte de l’autel autant que du trône. […] Jérôme Pichon), antiquaire distingué et très vif dans son culte du passé : d’autre part, le petit-fils d’une des plus compromises parmi ces anciennes beautés, laquelle avait déjà été nommée en toutes lettres dans l’édition de 1822, n’a pas estimé qu’il y avait lieu à prescription et n’a pas cru devoir être de l’avis de Boileau : Mais qui m’assurera qu’en ce long cercle d’ans À leurs fameux époux vos aïeules fidèles Aux douceurs des galants furent toujours rebelles ?

843. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Monsieur de Bonald, (Article Bonald, dans Les Prophètes du passé, par M. Barbey d’Aurevilly, 1851.) » pp. 427-449

Il fut maire de Millau, sa ville natale, depuis le 6 juin 1783 jusqu’au 23 juillet 1790, date à laquelle il fut nommé à Rodez membre de l’assemblée de département. […] Les physiologistes de l’école de Lucrèce et de Lamarck qui pourront et oseront lui répondre (car la querelle à mort est entre eux et lui) sont encore à naître60· Ses relations avec de Maistre et avec Chateaubriand achèvent de le définir : un écrivain, selon moi, n’est bien défini que quand on a nommé et distingué à côté de lui et ses proches et ses contraires.

844. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Essai sur Amyot, par M. A. de Blignières. (1 vol. — 1851.) » pp. 450-470

François Ier fut informé des premiers travaux d’Amyot et de ses projets : il vit la traduction du roman de Théagène et Chariclée, qui fut imprimée l’année même de sa mort (1547) ; il eut connaissance de quelques Vies de Plutarque qu’Amyot lui présenta comme essai : il lui commanda de poursuivre une si généreuse entreprise, et, pour l’y encourager, il le nomma abbé de Bellozane : ce fut le dernier bénéfice que conféra ce roi ami des lettres, car il mourut peu après. […] Il saisit une occasion que lui offrait M. de Morvilliers, de Bourges, nommé ambassadeur à Venise, et il le suivit au-delà des monts63.

845. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le Brun-Pindare. » pp. 145-167

Le Brun, nommé secrétaire des commandements du prince de Conti et marié depuis un an, rencontra en 1760 une nièce de Corneille, réduite à la misère : on peut dire qu’il la découvrit, puisque ce fut lui qui la signala à Voltaire, et qui commença tout cet éclat dont on a vu les suites, et d’où sortit le Commentaire sur Corneille. […] Il avait fait autrefois un certain vers par lequel il qualifiait un roi L’insecte usurpateur qu’on nomme Majesté !

846. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) «  Mémoires de Gourville .  » pp. 359-379

Le cardinal Mazarin, devenu plus exigeant avec le succès, paraît regretter qu’on ait fait l’amnistie de Bordeaux trop large et qu’on n’en ait pas excepté un certain Duretête, bien nommé et grand séditieux. […] On lui avait même annoncé déjà qu’il l’était, et il s’occupait à balancer dans son esprit tous les avantages et surtout les inconvénients, quand il reçut la nouvelle qu’un autre était nommé.

847. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Franklin. — I. » pp. 127-148

En nommant ces deux-là, j’ai nommé deux grands inoculateurs dans l’ordre moral ou philosophique ; mais Bolingbroke en exil, et venu au début du siècle, n’a agi que sur quelques-uns, tandis que Franklin, venu tard, et à une époque de fermentation générale, opéra sur un grand nombre. […] Franklin est un des hommes les mieux nommés, et qui a le plus justifié son nom ; car ce mot de Franklin signifiait primitivement un homme libre, un franc-tenancier, jouissant dans un petit domaine à lui de la vie naturelle et rurale.

848. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre sixième. Genèse et action des idées de réalité en soi, d’absolu, d’infini et de perfection »

Or, le contraire du relatif, nous le nommons absolu. […] L’hypothèse philosophique qui explique le plus simplement cet accord de la pensée et de ses objets est la doctrine d’unité radicale qu’on nomme le monisme.

849. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre VI. Le beau serviteur du vrai »

On montre à Staffa la pierre du Poëte, Clachan an Bairdh, ainsi nommée, suivant beaucoup d’antiquaires, bien avant la visite de Walter Scott aux Hébrides. […] Le poëte arrive au milieu de ces allants et venants qu’on nomme les vivants, pour apprivoiser, comme l’Orphée antique, les mauvais instincts, les tigres qui sont dans l’homme, et, comme l’Amphion légendaire, pour remuer toutes les pierres, les préjugés et les superstitions, mettre en mouvement les blocs nouveaux, refaire les assises et les bases, et rebâtir la ville, c’est-à-dire la société.

850. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre VII. Mme de Gasparin »

Ardente à Dieu, presque mystique, la femme des Horizons prochains n’en est pas moins de cet esprit aérien, mouvementé, épanoui, que le monde adore et qu’il appelle l’esprit du diable, — qu’il a tort de nommer ainsi, mais qu’il a raison d’adorer. […] … Mme de Gasparin… nommons-la !

851. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « [Addenda] »

Il y a une règle assez générale qui ne trompe guère, c’est qu’il ne faut pas que ces prétendues découvertes qui se font dans le champ de l’inédit arrivent trop à point nommé et à souhait.

852. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XIV. De la plaisanterie anglaise » pp. 296-306

Les Anglais ont très rarement admis sur la scène le genre d’esprit qu’ils nomment humour ; son effet ne serait point théâtral.

853. (1823) Racine et Shakspeare « Chapitre III. Ce que c’est que le Romanticisme » pp. 44-54

Tel autre qui plaisante avec lui, nommera le jury qui le condamnera.

854. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre VI. De l’emploi des figures et de la condition qui les rend légitimes : la nécessité »

Les joueurs aiment à appeler une partie du nom de bataille, ils livrent combat au hasard ; un coup heureux est une victoire ; un coup malheureux est une défaite, et quand ils ont tenu longtemps, quand ils se sont obstinément, stupidement acharnés à se ruiner, ils se donnent le mérite d’une héroïque résistance et ne sont pas bien sûrs de n’avoir pas déployé la même espèce de courage que Wellington à Waterloo : s’ils nommaient les choses par les mots propres, peut-être auraient-ils moins de complaisance pour leur passion ; du moins elle ne se colorerait pas à leurs yeux d’une telle beauté ; ils céderaient peut-être autant, ils s’en feraient moins honneur.

855. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre III. Buffon »

Il trouve sa voie en 1739, après qu’il a été nommé Intendant du jardin du roi : il se tourne vers l’histoire naturelle ; il prépare ses matériaux.

856. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « George Sand. »

Je me souviens que, plus jeune, je me suis grisé autant que personne de ce vin lourd du naturalisme (si mal nommé).

857. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « L’exposition Bodinier »

Il sait que, si rien n’égale la joie de monter publiquement sur les planches et d’être de ceux que nomme la foule, c’est encore une volupté très appréciable que de contempler les traits de ces privilégiés, de participer à leur gloire par sympathie.

858. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XII. Ambassade de Jean prisonnier vers Jésus  Mort de Jean  Rapports de son école avec celle de Jésus. »

Josèphe se mit (l’an 53) à l’école d’un ascète nommé Banou 578, qui offre avec Jean-Baptiste la plus grande ressemblance, et qui était peut-être de son école.

859. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — T. — article » pp. 372-383

Lorsqu’on essaiera de se former l’idée la plus complette de ce qu’on nomme l’Esprit, cette idée rassemblera nécessairement la lumiere qui éclaire, la justesse qui dirige, & la raison qui compare, juge & choisit… « Je ne peux ni ne dois vous cacher, que les mœurs de nos jours ont assez dégénéré de l’ancienne candeur de cette Chevalerie, pour que la fausseté, la perfidie même, déguisées sous le nom de finesse, ne soient presque plus régardées que comme l’art de se conduire.

860. (1898) Inutilité de la calomnie (La Plume) pp. 625-627

Je nommerai encore Signoret.

861. (1899) Esthétique de la langue française « Esthétique de la langue française — Chapitre VIII »

Des journalistes français ont fondé il y a un an ou deux un cercle qu’ils baptisèrent Artistic cycle-club ; ont-ils honte de leur langue ou redoutent-ils de ne pas la connaître assez pour lui demander de nommer un fait nouveau ?

862. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Première Partie. Des Langues Françoise et Latine. — Les inscriptions des monumens publics de France doivent-elles être écrites en Latin ou en François. » pp. 98-109

Un avocat au conseil privé du roi, nommé Bélot, l’avoit réfuté.

863. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Seconde Partie. De l’Éloquence. — Éloquence du barreau. » pp. 193-204

Un nommé le Gras, avocat sans occupation & qui se croyoit un écrivain du premier ordre, pour avoir donné au public une mauvaise rhétorique Françoise, déclama contre la réforme projettée.

864. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre cinquième. La Bible et Homère. — Chapitre III. Parallèle de la Bible et d’Homère. — Termes de comparaison. »

La narration de la Bible est rapide, sans digression, sans discours : elle est semée de sentences, et les personnages y sont nommés sans flatterie.

865. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre second. Philosophie. — Chapitre VI. Suite des Moralistes. »

Il y avait un homme qui, à douze ans, avec des barres et des ronds, avait créé les mathématiques ; qui, à seize, avait fait le plus savant traité des coniques qu’on eût vu depuis l’antiquité ; qui, à dix-neuf, réduisit en machine une science qui existe tout entière dans l’entendement ; qui, à vingt-trois, démontra les phénomènes de la pesanteur de l’air, et détruisit une des grandes erreurs de l’ancienne physique ; qui, à cet âge où les autres hommes commencent à peine de naître, ayant achevé de parcourir le cercle des sciences humaines, s’aperçut de leur néant, et tourna ses pensées vers la religion ; qui, depuis ce moment jusqu’à sa mort, arrivée dans sa trente-neuvième année, toujours infirme et souffrant, fixa la langue que parlèrent Bossuet et Racine, donna le modèle de la plus parfaite plaisanterie, comme du raisonnement le plus fort ; enfin qui, dans les courts intervalles de ses maux, résolut, par abstraction, un des plus hauts problèmes de géométrie, et jeta sur le papier des pensées qui tiennent autant du Dieu que de l’homme : cet effrayant génie se nommait Blaise Pascal.

866. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre quatrième. Éloquence. — Chapitre II. Des Orateurs. — Les Pères de l’Église. »

Quand on nomme un saint aujourd’hui, on se figure quelque moine grossier et fanatique, livré, par imbécillité ou par caractère, à une superstition ridicule.

867. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 3, que l’impulsion du génie détermine à être peintre ou poëte, ceux qui l’ont apporté en naissant » pp. 25-34

Avant que de sçavoir qu’il y eut au monde une science nommée géometrie, il l’apprenoit.

868. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « XV »

Parmi ces derniers, il nomme Stendhal. « Il écrivait mal, dit-il, et il n’aurait rien gagné à essayer de s’amender.

869. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Alaux. La Religion progressive » pp. 391-400

L’auteur d’un livre si singulièrement nommé : La Religion progressive, doit être bien plus fort comme postillon que celui qui intitulerait le sien, par exemple : « Religion du Progrès », car la religion du Progrès pourrait être quelque chose de fixe et d’absolu, que la pensée de l’homme ne traverserait pas comme une cour d’auberge et pour se remettre incontinent, après y avoir relayé, le cul sur la selle ; tandis que la Religion progressive, c’est tout autre chose : c’est une religion qui va toujours, et qui postillonne, à son tour, comme les philosophes, sur le chemin sans bout de l’humanité !

870. (1875) Premiers lundis. Tome III « De la liberté de l’enseignement »

Il est aussi un grand diocèse, messieurs, celui-là sans circonscription fixe, qui s’étend par toute la France, par tout le monde, qui a ses ramifications et ses enclaves jusque dans les diocèses de messeigneurs les prélats ; qui gagne et s’augmente sans cesse, insensiblement et peu à peu, plutôt encore que par violence et avec éclat ; qui comprend dans sa largeur et sa latitude des esprits émancipés à divers degrés, mais tous d’accord sur ce point qu’il est besoin avant tout d’être affranchi d’une autorité absolue et d’une soumission aveugle ; un diocèse immense (ou, si vous aimez mieux, une province indéterminée, illimitée) ; qui compte par milliers des déistes, des spiritualistes et disciples de la religion dite naturelle, des panthéistes, des positivistes, des réalistes, … des sceptiques et chercheurs de toute sorte, des adeptes du sens commun et des sectateurs de la science pure : ce diocèse (ce lieu que vous nommerez comme vous le voulez), il est partout, il vient de se déclarer assez manifestement au cœur de l’Autriche elle-même par des actes d’émancipation et de justice, et je conseillerais à tous ceux qui aiment les comparaisons et qui ne fuient pas la lumière, de lire le discours prononcé par le savant médecin et professeur Rokitansky dans la Chambre des seigneurs de Vienne, le 30 mars dernier, sur le sujet même qui nous occupe, la séparation de la science et de l’Église. […] Et en le nommant ainsi je voudrais éviter, quoique cela soit bien difficile, de nommer et d’indiquer l’Église spirituelle ; je voudrais séparer tous ces esprits, toutes ces âmes respectables et intérieures, tous ces croyants qui ne vivent que du suc intime du christianisme et dont la vie est soumise à des préceptes de douceur et de charité ; — et ce n’est pas ici un hommage d’apparat que je leur rends : j’ai le bonheur d’en compter plusieurs pour amis, et à travers les dissidences de la pensée, je n’ai jamais cessé de sympathiser avec eux par le cœur ; — mais il faut bien le dire, des circonstances récentes, des déterminations politiques qui étaient peut-être nécessaires, ont donné aux hommes actifs et d’humeur ingérante, aux meneurs politiques qui dirigent le parti, des encouragements et des espérances qui, dans leur exaltation bruyante et leur redoublement fiévreux, sont faits pour inspirer des craintes, — non pas de l’effroi, — et pour inquiéter du moins ceux de mon âge, qui, se souvenant des misérables luttes du passé, voudraient en prévenir le retour. […] Tantôt ce sont des dénonciations et des émotions d’un autre genre qui ont pour résultat d’éliminer et de bannir de la chaire d’une de nos grandes Écoles (du Collège de France) un savant éloquent qui y avait été régulièrement porté et nommé.

871. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIIe entretien. Vie du Tasse (2e partie) » pp. 65-128

L’indulgente Léonora, pardonnant à la fois à l’amant et au poète, supplia le Tasse de venir passer une partie de l’été, seul avec elle, dans une délicieuse villa au bord du Pô, nommée Casandoli. […] XII Cette sœur du Tasse, Cornélia, objet, comme on l’a vu, de tant de sollicitude de son père et de son frère, avait été mariée malgré eux, par ses oncles avides, à un gentilhomme de Sorrente, nommé Mazio Sersale, qui l’aimait, à condition qu’il ne réclamerait jamais la fortune de sa femme dans la dot de leur sœur Porcia, femme de Bernardo Tasso. […] Je suis né, répliquai-je, d’une mère napolitaine, et à Naples, ville célèbre d’Italie ; mon père était de Bergame, en Lombardie ; je cache mon nom, et telle est son obscurité que, si je me nommais, cela ne vous apprendrait rien ; je fuis la persécution d’un prince et de la fortune, et je vais chercher un refuge en Savoie.

872. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre troisième »

C’est ce fils disant à Curiace, qui va devenir le mari de sa sœur : Albe vous a nommé, je ne vous connais plus. […] A ces paroles du jeune Horace, d’un sublime un peu sauvage : Albe vous a nommé, je ne vous connais plus, le poète, par la bouche de Curiace, fait cette réponse si touchante : Je vous connais encore, et c’est ce qui me tue… corrigeant ainsi par ce qu’il y a de plus naturel dans l’homme ce qu’il y a d’outré dans le héros. […] Le précepte d’Horace semble fait pour ces pièces : « Où les beautés l’emportent en nombre, je ne me blesse pas de certains défauts échappés à la négligence ou à la faiblesse humaine. » Mais ce précepte ne convient qu’aux quatre chefs-d’œuvre que je viens de nommer.

873. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Lettres de m. l’Abbé Sabatier de Castres ; relatives aux trois siecles de la littérature françoise.ABCD » pp. -641

J’ai cru d’abord qu’un peu de réflexion suffiroit pour détruire une idée aussi folle, démentie par l’uniformité de style, par celle des principes & par mille autres raisons ; mais rien n’est plus ordinaire, dans un certain monde, que de tout avancer & de tout faire croire, au mépris de l’évidence ; & c’est ce monde qu’on nous assure bonnement être le seul en état de penser & de raisonner, A présent qu’il ne m’est plus permis de douter que ce bruit ne soit une ruse philosophique, imaginée pour décréditer des censures & des jugemens avoués par la plus saine partie de la Nation, en les attribuant à des motifs étrangers, je déclare qu’aucun des Ecrivains, que je viens de nommer, n’a eu part à mon travail. […] Elle a pour titre, Problême Littéraire, & pour but, de prouver que les meilleurs Morceaux des Trois Siecles sont de la façon d’un Vicaire de Paroisse, nommé Martin, mort il y a environ deux ans, avec lequel j’ai été long-temps lié de l’amitié la plus étroite. […] « Il n’est pas inutile de remarquer qu’un autre Abbé, qui se pique aussi de Religion (je ne le nommerai point, pour ne pas lui nuire dans la place de confiance qu’il occupe), me poursuit depuis trois ou quatre ans, avec une haine & un acharnement d’autant plus inconcevables, que je ne lui ai donné aucun sujet de se plaindre de moi : il n’est question de lui dans aucun de mes Ouvrages ; je ne le connois même point, & je puis assurer que je n’ai entendu prononcer son nom, qu’à l’occasion de son monstrueux déchaînement.

874. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre quatrième. Éléments sensitifs et appétitifs des opérations intellectuelles — Chapitre premier. Sensation et pensée »

C’est l’appétit et la volonté qui a ainsi emmagasiné ce que Kant et les platoniciens nomment la « matière » de la connaissance. […] Ce qui est irréductible à la seule action des objets externes, au seul mécanisme, c’est précisément ce que Kant nomme, avec Platon et Aristote, la matière de la connaissance. […] Platon et ses disciples auront beau répondre que la sensation meurt en naissant, qu’elle n’a pas même le temps de se nommer, de se distinguer du reste : cela n’est vrai qu’à moitié ; en tout cas, jusque dans l’instantanéité il y a pourtant une réalité, et comme cette réalité se sent elle-même, il y a une vérité : un éclair est encore une lumière.

875. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Victor Hugo. Les Contemplations. — La Légende des siècles. »

Hugo : Je nommai le cochon par son nom — pourquoi pas ? […] Toute notre prétention, dans le jugement que nous avions porté sur les poésies d’un homme que l’on a trop nommé un grand poète, avait été de montrer cela et de le prouver. […] Je nommai le cochon par son nom, pourquoi pas ?

876. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Edmond et Jules de Goncourt »

Il faut bien le reconnaître, là est le roman vrai, là est la moralité sociale de ce roman de Renée Mauperin, et Renée Mauperin, qui le nomme, n’est plus qu’une arabesque de ce livre, qui ne dit pas ce qu’il veut dire mais ce qu’il ne veut pas dire, et qui le dit si bien. […] La Faustin, quoique d’un tout autre ton que La Fille Élisa, ce roman de La Faustin, qui aurait pu être beau et profond, porte çà et là les traces de ce mal du temps qui devient une contagion, et qu’ils ont appelé « le Naturalisme », pour ne pas lui donner son nom propre, qui serait une malpropreté… C’est la première fois, par parenthèse, que ces Grossiers, qui aiment et qui recherchent les mots abjects, ont reculé devant celui qui nommerait bien leur système. […] La critique cancanière de ce temps avili n’a-t-elle pas voulu nommer la Faustin de M. de Goncourt, sans pouvoir deviner qui elle est ?

877. (1836) Portraits littéraires. Tome I pp. 1-388

On n’aurait donc du romancier anglais qu’une idée très incomplète, si l’on s’en rapportait à l’imitation populaire que nous avons nommée. […] Un critique, qui niait la justesse de la comparaison, mais qui voulait en trouver une autre, a nommé l’auteur de Melmoth le Dante des romanciers. […] C’est à cette époque que François Ier prit une nouvelle maîtresse, Anne de Pisseleu, qu’il nomma duchesse d’Étampes. […] Les choses mal nommées sont rarement bien observées. […] L’amour, tant que la vie intérieure et sociale n’en est pas troublée, mérite à peine d’être nommé.

878. (1895) La comédie littéraire. Notes et impressions de littérature pp. 3-379

Ce moment idéal, nous l’avons subi : le voici donc irrévocable, de quelque nom que tu le nommes ! […] C’est un homme de lettres qu’il me sera permis de ne point nommer. […] J’eusse voulu qu’il le nommât : les Voix du Silence. […] Il se nomme Gousse, ou Gonsse, ou Gonzze. […] Ce roué qui se nomme le comte de Premery pénètre auprès de Gillette sous les habits d’un homme de loi.

879. (1853) Portraits littéraires. Tome II (3e éd.) pp. 59-300

Dans la peinture de la vie maritime, il n’avait pas fait parade de son érudition ; sans se refuser au plaisir de nommer les agrès d’un vaisseau, il avait traité son lecteur avec ménagement, avec, politesse. […] Il est impossible de concevoir comment Chactas, parlant à René, ne se résigne pas à nommer les choses et les hommes par leur nom. […] Dans la pieuse ferveur de son admiration, le directeur de l’Académie n’a pas même osé nommer Tacite ou Thucydide ; il n’a pas trouvé dans le passé un terme de comparaison pour louer dignement son héros. […] Cependant l’élément lyrique ne régit pas avec une égale puissance les trois pièces que j’ai nommées. […] C’est pour avoir annoncé sa venue qu’ils méritent d’être nommés dans les annales de l’intelligence humaine.

880. (1925) Promenades philosophiques. Troisième série

Il est une pierre, nommée pierre d’aigle, qui en renferme une autre que l’on entend sonner quand on l’agite. […] Il en nomme quelques-uns, et, chose curieuse, ce sont toujours les mêmes, bactéries ou baciles connus, classés, catalogués. […] Il n’est pas donné à tous de deviner le génie, et Loudon doit être nommé quand on parle des débuts de Ruskin. […] C’était un savant alors connu, nommé Ameilhon. […] Et la conduite naturelle que l’homme pourrait tenir, et qu’il tient quelquefois, on la nomme déraison, on la nomme immoralité.

881. (1929) Amiel ou la part du rêve

Il revint à Genève à vingt-sept ans, fut nommé professeur ordinaire d’esthétique, puis de philosophie, à l’Académie, future Université. […] Si vous en doutez, nommez-moi de grands rieurs qui aient jamais fait de grandes choses. […] Pour le Radical cela signifiait qu’il battait froid à la démocratie qui l’avait nommé, que le grimpion de la rue des Chanoines ne hantait point les parents du bas. […] En 1854, il tira de son Journal et de ses papiers un petit volume qu’il nomma Grains de mil, moitié en prose, moitié en vers. […] L’institutrice se nommait Céleste-Vitaline Benoît.

882. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre IV : Sélection naturelle »

Or, cette loi de conservation des variations favorables et d’élimination des déviations nuisibles, je la nomme Sélection naturelle. […] Il n’est pas un naturaliste qui révoque en doute les avantages de ce qu’on a nommé la division du travail physiologique. […] À mon point de vue ces variétés sont des espèces en voie de formation ou, comme je les ai nommées, des espèces naissantes. […] Cette loi de conservation, je l’ai nommée, pour être bref, Sélection naturelle. […] Qui serait peut-être mieux nommée sélection spécifique.

883. (1929) Les livres du Temps. Deuxième série pp. 2-509

Il est nommé, dans Là-bas, comme le maître de l’abbé Boullan, que le romancier appelle le docteur Johannès. […] Faguet répond que dans l’Art poétique Boileau n’a nommé aucun de ses contemporains. […] Claudel nomme Laeta, Fausta et Beata, « toutes trois parées… Les bras et le sein dévoilés… Assises… La face levée au ciel… Nulle de l’autre regardée… Assises et demi-renversées. […] Mais puisqu’il ne le nomme point, on peut croire que M.  […] Il en a même créé, comme celui de cette Hespéris, déesse du soir, qu’il a nommée et chantée le premier.

884. (1853) Histoire de la littérature française sous la Restauration. Tome I

En posant la seconde formule qui naît de la première, « Le pouvoir est de Dieu », M. de Bonald n’a pas voulu dire que l’homme qui l’exerce soit nommé visiblement par la Divinité. […] Après ou avec M. de Chateaubriand, il faut nommer Delille dont la voix, toujours prête à parler quand il s’agissait d’honorer les adversités des Bourbons, gardait envers les prospérités du nouveau pouvoir un silence inflexible. […] Guizot, quand il fut nommé par M. de Fontanes professeur d’histoire moderne, montra la même disposition d’esprit. […] Les victoires de Souwarov, en changeant un moment la face des affaires en Italie, déterminent un changement dans la situation de M. de Maistre ; il est nommé par le roi son maître régent de la chancellerie royale en Sardaigne. […] Enfin, invité de la manière la plus pressante à se nommer, dans lePubliciste, l’anonyme obéit, et M. 

885. (1854) Nouveaux portraits littéraires. Tome I pp. 1-402

Laveaux nomma Toussaint lieutenant-général, et partagea dès ce moment avec lui le gouvernement du pays. […] Pour s’en saisir, il fit nommer Laveaux représentant, et se trouva enfin maître de Saint-Domingue. […] Hugo sait pourtant que la lune n’est pas de la même famille que le soleil, car c’est lui qui a nommé Virgile la lune d’Homère. […] Il a nommé sincères toutes les paroles qui exprimaient pour lui une admiration sans bornes ; il a nommé méchantes toutes les paroles qui signifiaient le doute et la défiance. […] Hugo, ce que révélerait la philosophie de l’histoire aux esprits attentifs, si le drame qui se nomme Ruy Blas méritait d’être étudié avec un tel flambeau.

886. (1889) Ægri somnia : pensées et caractères

Je n’en dirai pas de même de ces autres illustres que j’ai nommés. […] Si je nomme un Descartes, un Pascal, un Bossuet, un Fénelon et tel autre de cette grande famille : « Voici, me dites-vous, des écrivains éloquents !  […] Pour le sauver, car il en mourait, il fallait le nommer. […] L’un d’eux, très bon juge, l’avait nommé de son vrai nom, vir bonus scribendi peritus. […] Rousse fut nommé.

887. (1928) Quelques témoignages : hommes et idées. Tome II

Théophile Gautier, dans sa préface aux Fleurs du Mal, a nommé la femme qui a servi de modèle au peintre. […] Faut-il continuer l’énumération des peintures et nommer Francesco di Gorgio, Neroccio Cazarelli, Bernardino Fungai ? […] Un dictateur est nommé d’abord, à la manière romaine, le syndic Buonaguida Lucari. […] Il organise à Madagascar les défenses de Diégo-Suarez, et Gallieni le fait nommer général. […] J’ai nommé notre glorieux confrère, M. le maréchal Joffre.

888. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Saint-Martin, le Philosophe inconnu. — I. » pp. 235-256

Ceux qui me nomment quelquefois leur ami et qui n’ont pas ces mêmes idées et ces mêmes désirs sont simplement des amis de surface. […] Mais, faute de ce secours, il est resté dans le royaume de ses vertus, qui est peut-être plus beau et plus admirable que celui de la science. » Ces guides qu’on ne nomme pas nous manquant comme à Lavater, nous sommes forcés de faire comme lui et, faute de plus de science, de rester, s’il se peut, dans le royaume des vertus.

889. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — III » pp. 81-102

Dans le journal de ses dernières années, écrit ou dicté par lui, il ne dit de mal de personne, et y nomme même Saint-Simon à la rencontre, indifféremment. […] Lui aussi, tout le prouve, il eût pu être à son heure un utile pacificateur dans nos Vendées : Il insistait auprès de Chamillart et du roi pour être employé d’une manière conforme à ses talents et à son ardeur : « Je vous avoue, écrivait-il au ministre, que l’amour-propre voudrait quelquefois qu’on ne trouvât pas tous les hommes égaux. » Faute de mieux, dans cet intervalle de campagne, il imagina un moyen de signaler son dévouement et sa reconnaissance, sous prétexte qu’il venait d’être nommé chevalier de l’Ordre : « En réfléchissant, dit-il, à ces bontés du roi et à l’état du royaume, calculant aussi mes revenus et comptant avec moi-même, je crus pouvoir faire une proposition dont l’acceptation m’aurait comblé de joie. » En conséquence, il envoie l’état de sa fortune à Chamillart, et le supplie d’obtenir du roi qu’il veuille accepter en don la somme totale de ses revenus personnels et pensions, le tout montant à soixante-et-onze mille livres par an, et cela jusqu’à la paix générale, se devant contenter, pour ses dépenses, de son traitement annuel comme commandant d’armée.

890. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Histoire du règne de Henri IV, par M. Poirson » pp. 210-230

» Henri IV a plus que le bon sens qui plante ses jalons sur la route ; il a l’éclair et l’illumination dans les périls, le rayon qui semble venir d’en haut : Les ignorants, conclut Du Fay, appelaient cela bonheur et félicité ; mais nous qui savons la vérité le devons nommer grâce et faveur de Dieu le grand monarque, le Dieu des batailles, et en tirer de là une conclusion nécessaire, que ce grand ouvrier ne fait rien à demi, et que, puisqu’il a si heureusement commencé son ouvrage en ce petit berger, il l’achèvera entièrement à sa gloire. […] [NdA] Les attaques de Mayenne se prolongèrent même après le 27 septembre et jusque dans les premiers jours d’octobre : mais il y eut le 21 septembre une bataille ou action principale bien réelle, qui est ce qu’on nomme proprement le combat d’Arques.

891. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Anthologie grecque traduite pour la première fois en français et de la question des Anciens et des Modernes »

J’en citerai une moins connue que les autres, et qui les résume ; elle est d’un poète nommé Thymoclès, dont on n’a que ces quatre vers. […] « On a renversé le panier : aux délicats maintenant de reconnaître dans la mêlée les cerises du dessus. » C’est encore ce que m’écrit, après avoir lu le présent article et en se ravisant, le spirituel correspondant dont on vient de voir les craintes, et que je prends sur moi de nommer, M. 

892. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid (suite.) »

Il le dit à Elvire, suivante de Chimène, au moment de se rendre au Conseil dans lequel le roi doit nommer un gouverneur à son fils : il ne doute pas que ce ne soit lui-même sur qui tombe le choix. […] Un jour, ce critique si distingué que j’aime à nommer et qui s’est trouvé trop perdu pour nous dans la Suisse française, M. 

893. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Jean-Bon Saint-André, sa vie et ses écrits. par M. Michel Nicolas. (suite et fin.) »

Jean-Bon, nommé par le Directoire commissaire ou consul de France à Alger (novembre 1795), y resta deux ans et demi, et de là il fut envoyé au même titre à Smyrne (1798). […] Présenté au premier Consul, il lui agréa aussitôt : sa captivité, les souvenirs de ses services militaires et maritimes parlaient pour lui et lui créaient des titres ; sa personne les justifia, et le 20 décembre 1801 il fut nommé commissaire général dans les quatre départements de la rive gauche du Rhin.

894. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [II] »

À peine revenu auprès de Ney, la demande se réitéra avec rappel de tous les services rendus33, et un décret daté de Schœnbrunn, 27 décembre 1805, nomma Jomini adjudant-commandant, et l’attacha à l’état-major du 6e corps. […] Les premiers maréchaux nommés en 1804 étaient des généraux de la République : la transition était brusque.

895. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres françaises de Joachim Du Bellay. [II] »

Il le souhaite en dépit des docteurs de toute robe, de ceux qu’il nomme les « vénérables druides », et à leur barbe ; il rompt en visière aux savants jaloux et routiniers qui veulent garder sous verre leurs reliques. […] Quand il en vient aux modernes, aux vivants, il les désigne, sans les nommer, par leurs qualités ou leurs défauts ; les lecteurs du moment mettaient aisément des noms sous ces désignations littéraires : de si loin nous pourrions nous y tromper.

896. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Victor Hugo — Victor Hugo en 1831 »

Eugène surtout (à qui nous devons bien, puisque nous l’avons nommé, ce triste et religieux souvenir), adolescent mélancolique, plus en proie à la lutte, plus obsédé et moins triomphant de la vision qui saisit toutes les âmes au seuil du génie et les penche, échevelées, à la limite du réel sur l’abîme de l’invisible, Eugène a exprimé dans le recueil cette pensée pénible, cet antagonisme désespéré, ce Duel du précipice ; la poésie soi-disant erse, qu’il a composée sous ce nom, est tout un symbole de sa lugubre destinée. […] Je n’exagère pas ; il y avait des formules de tendresse, des manières adolescentes et pastorales de se nommer ; aux femmes, par exemple, on ne disait madamequ’en vers ; c’étaient des noms galants comme dans Clélie .

897. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « LOYSON. — POLONIUS. — DE LOY. » pp. 276-306

Étienne Pasquier écrivait à Ronsard en 1555, six ans seulement après que Du Bellay, dans l’Illustration de la Langue, avait sonné la charge et prêché la croisade : « En bonne foi, on ne vit jamais en la France telle foison de poëtes… Je crains qu’à la longue le peuple ne s’en lasse ; mais c’est un vice qui nous est propre, que, soudain que voyons quelque chose succéder heureusement à quelqu’un, chacun veut être de sa partie sous une même promesse et imagination qu’il conçoit en soi de même succès. » Pasquier veut bien croire que tous ces nouveaux écrivasseurs donneront tant plus de lustre aux écrits de Ronsard, « lesquels, pour vous dire en ami, continue-t-il, je trouve très-beaux lorsque avez seulement voulu contenter votre esprit ; mais quand, par une servitude à demi courtisane, êtes sorti de vous-même pour étudier au contentement, tantôt des grands, tantôt de la populace, je ne les trouve de tel alloi. » En sachant gré au poëte de l’avoir nommé en ami dans ses écrits, il ajoutait : « Mais, en vous remerciant, je souhaiterais que ne fissiez si bon marché de votre plume à haut louer quelques-uns que nous savons notoirement n’en être dignes ; car ce fesant vous faites tort aux gens d’honneur. […] Malheur à l’être solitaire Qui n’a point d’amante à nommer !

898. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « HISTOIRE DE LA ROYAUTÉ considérée DANS SES ORIGINES JUSQU’AU XIe SIÈCLE PAR M. LE COMTE A. DE SAINT-PRIEST. 1842. » pp. 1-30

Pour lui, cette belle reine venue d’Espagne est un type qui représente, dans sa dernière expression, l’ascendant et l’idée de la royauté barbare sur cette troupe encore nommée les fidèles, mais qui sera bientôt la féodalité armée. […] Enfin, et pour ramasser ici les principales contradictions que notre auteur élève contre les autorités célèbres, il ne pense pas qu’on puisse rien conclure de positif des noms plus ou moins romains ou franks par rapport à la race directe des personnages, puisqu’on voit des Gaulois mariés à des Germaines avoir des enfants nommés d’un nom gallo-romain ou germain, à peu près au hasard et très-arbitrairement.

899. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « M. Joubert »

Quant à ce que l’on nomme force, vigueur, nerf, énergie, élan, je prétends ne plus m’en servir que pour monter dans mon étoile. […] Feuilletez ceux que je vous nomme, et vous me direz si vous ne découvrez pas visiblement, dans leurs mots et dans leurs pensées, des esprits verts, quoique ridés, des voix sonores et cassées, l’autorité des cheveux blancs, enfin des têtes de vieillards.

900. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Le comte de Ségur »

Nommé au mois d’avril 91 ambassadeur extraordinaire à Rome en remplacement du cardinal de Bernis, la querelle flagrante avec le Saint-Siège l’empêcha de se rendre à sa destination. […] Successivement nommé au Corps législatif, à l’Institut, au Conseil d’État et au Sénat, grand maître des cérémonies sous l’Empire, nous le perdons de vue à cette époque au milieu des grandeurs qui le ravissent aux lettres, mais non pas à leur amour ni à leur reconnaissance : une élégie de madame Dufrenoy a consacré le souvenir d’un bienfait, comme il dut en répandre beaucoup et avec une délicatesse de procédés qui n’était qu’à lui.

901. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Madame de Krüdner et ce qu’en aurait dit Saint-Évremond. Vie de madame de Krüdner, par M. Charles Eynard »

Grâce à lui, on sait maintenant à point nommé le dessous de cartes, car il y en avait un, et chacun va en juger. […] Voici, j’imagine, à peu près comme il raisonnerait, et j’emprunterai le plus que je pourrai les paroles mêmes des maîtres : « Les dames galantes qui se donnent à Dieu lui donnent ordinairement une âme inutile qui cherche de l’occupation, et leur dévotion se peut nommer une passion nouvelle, où un cœur tendre, qui croit être repentant, ne fait que changer d’objet à son amour194.

902. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXVIIIe entretien. Fénelon, (suite) »

Le poëte suppose que le jeune Télémaque, fils d’Ulysse et de Pénélope, conduit par la Sagesse sous la forme d’un vieillard nommé Mentor, navigue sur toutes les mers de l’Orient à la recherche d’Ulysse, son père, que la colère des dieux repousse pendant dix ans de la petite île d’Ithaque, son royaume. […] Le roi le nomma archevêque de Cambrai.

903. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre III. L’Histoire »

Par malheur ces poèmes se continuent par des récits de plus en plus romanesques, extravagants et grossiers ; et quand ce n’est pas la fantaisie des auteurs qui falsifie l’histoire, c’est leur cupidité : il leur arrive de prendre de l’argent, des barons qui veulent être nommés dans leurs prétendues chroniques59. […] Mais il dit aussi certains petits effets de grandes vertus, des excès et des défauts, marques d’humanité, qui rapprochent de nous le saint, et l’animent sans l’amoindrir : nous voyons le roi, vêtu de grossier camelin, « tremper son vin avec mesure », et manger ce que son cuisinier lui prépare, sans condescendre jamais à commander le menu de son repas ; nous le voyons, modeste en sa parole comme pur en ses actes, n’ayant onques nommé le diable en ses propos, toujours timide et petit enfant devant sa mère, froid à l’excès et comme indifférent à l’égard de sa femme et de ses enfants, l’humeur vive avec son angélique bonté, assez jaloux de son autorité, rabrouant prélats ou Templiers, quand ils semblent entreprendre dessus, et, pour tout dire, un peu colère : Joinville ne fait-il pas un pacte avec lui, pour que ni l’un ni l’autre à l’avenir ne se fâchent, le roi de ses demandes, et lui des refus du roi ?

904. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre premier »

Elle lisait Érasme dans l’original, elle savait assez de grec pour lire Sophocle, et elle prenait des leçons d’hébreu de Paul Paradis, surnommé le Canosse, qu’elle fit nommer professeur au Collège de France, fondé par François Ier. […] Cette mie, qu’il nomme Isabeau, serait selon des commentateurs, Diane de Poitiers.

905. (1887) Discours et conférences « Rapport sur les prix de vertu lu dans la séance publique annuelle de l’Académie française »

Trois semaines après, il ne se battait plus ; à tel point, qu’ayant un jour reçu un soufflet, il sauta sur un bureau, et, trépignant, furibond, les yeux étincelants, il dit à celui qui l’avait frappé : « Tu as du bonheur que j’aie promis à la dame de ne plus me battre ; sans cela je t’aurais étranglé. » Il y avait à La Mouche (quartier des verriers) un nid de petits vauriens nommé Bonhomme. […] Jeanne Pécusseau fut élevée par une nommée Albert, elle-même pupille des hospices, qui a consacré sa vie tout entière à l’éducation d’enfants abandonnés comme elle.

906. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre IX. La littérature et le droit » pp. 231-249

Pendant près d’un demi-siècle l’esprit dit pratique et positif a étouffé ce que nos pères appelaient le droit naturel et ce qu’il est beaucoup plus exact de nommer le droit idéal. […] Comme en pareil cas, les sujets politiques et religieux sont d’ordinaire ceux qu’on lui interdit (on l’a vu sous le premier Empire et sous le second), le livre reprend faveur, parce qu’il est seul admis à traiter certaines questions graves, et le journal pour remplir ses colonnes recourt à cette causerie sur les faits du jour qu’on nomme la chronique, au récit des crimes et des accidents, aux commérages de salon ou de coulisses, aux descriptions de cérémonies, aux feuilletons ; il se fait de la sorte plus littéraire, à condition de se maintenir dans ce que des mécontents ont baptisé dédaigneusement « la littérature facile » ; ou encore il invente, pour toucher aux matières brûlantes, une série d’allusions, de périphrases, de réticences, de malices sournoises qui passent, comme des pointes d’aiguille, à travers les mailles du réseau où la loi s’efforce de l’emprisonner.

907. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XVIII. Formule générale et tableau d’une époque » pp. 463-482

Bossuet ne le nomme pas, mais il le commente et reproduit celles de ses opinions qui ne sont pas opposées au dogme. […] Il n’y a guère que ce rêveur de La Fontaine, cet ancien maître des eaux et forêts, qui sache apprécier et ose nommer veau, vache, cochon, couvée, qui plaigne d’un cœur fraternel l’arbre dépouillé de ses rameaux par l’ingratitude de l’homme, qui aime jusqu’à la solitude et lui trouve une douceur secrète.

908. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « V »

Bientôt — grâce aux soins de quelques amis du maître, au premier rang desquels il faut nommer M.  […] L’Anti-Wagner, déjà nommé.

909. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Huet, évêque d’Avranches, par M. Christian Bartholmèss. (1850.) » pp. 163-186

On sait que lorsque Huet fut nommé à l’évêché d’Avranches, et pendant les huit ou neuf années qu’il remplit les fonctions épiscopales si peu d’accord avec son amour opiniâtre pour l’étude, il passait bien des heures dans son cabinet, et quand on venait le demander pour affaire, on répondait : Monseigneur étudie, ce qui faisait dire aux gens d’Avranches, pleins d’ailleurs de respect pour lui : « Nous prierons le roi de nous donner un évêque qui ait fini ses études. » C’est cette idée de savant toujours absorbé et rêveur, tel qu’on se le figure communément, qui se sera répandue dans le peuple et qui aura donné lieu à ce dicton : T’es tout évêque d’Avranches. […] Huet ne devint un personnage officiel, le sous-précepteur du Dauphin, qu’en 1670, c’est-à-dire à l’âge de quarante ans ; il ne prit pas les ordres sacrés avant quarante-six ans, et ne fut nommé évêque qu’à cinquante-cinq.

910. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Chansons de Béranger. (Édition nouvelle.) » pp. 286-308

Béranger serait nommé sans faire de visites. […] il resterait nommé.

911. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Biographie de Camille Desmoulins, par M. Éd. Fleury. (1850.) » pp. 98-122

Il avait dit : « L’Assemblée nationale a fait des fautes parce qu’elle est composée d’hommes… ; mais elle est la dernière ancre qui nous soutienne et nous empêche d’aller nous briser. » Il avait flétri, sans nommer personne, mais en traits énergiques et brûlants, ces faux amis du peuple qui, sous des titres fastueux et avec des démonstrations convulsives, captaient sa confiance pour le pousser ensuite à tout briser ; « gens pour qui toute loi est onéreuse, tout frein insupportable, tout gouvernement odieux ; gens pour qui l’honnêteté est de tous les jougs le plus pénible. […] Il dit : Voyez comme on nous traite, voyez ce qu’on dit de nous.  Cette naïveté de conscience m’a paru plus plaisante que rien de ce que j’avais vu de lui jusqu’à ce jour, et vous-même, si vous l’avez lu, vous n’aurez pu sans doute vous empêcher de rire comme moi, qu’un homme, trouvant dans un livre où personne n’est nommé une grande quantité d’auteurs qui, d’après leurs écrits, d’après des faits, d’après une longue suite de preuves, sont traités de perturbateurs séditieux, de brouillons faméliques, d’hommes de sang, aille se reconnaître à un tel portrait, et déclarer hautement qu’il voit bien que c’est de lui qu’on a voulu parler.

912. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Rivarol. » pp. 62-84

Rivarol, nommons-le tout d’abord par son vrai nom, est un styliste ; il veut enrichir et renouveler la langue française, même après Buffon, même après Jean-Jacques. […] Sans qu’il les nomme, on voit bien, à l’éclair de son regard, à la certitude de son geste, qu’il est en face de tels ou tels adversaires.

913. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La Harpe. Anecdotes. » pp. 123-144

Jamais, par exemple, à son propos on n’oubliera ces vers de l’Apologie de Gilbert, lorsque ce poète de verve et d’avenir, se justifiant de nommer les masques par leur nom, s’écriait : Si j’évoque jamais du fond de son journal Des sophistes du temps l’adulateur banal ; Lorsque son nom suffit pour exciter le rire, Dois-je, au lieu de La Harpe, obscurément écrire : C’est ce petit rimeur de tant de prix enflé, Qui sifflé pour ses vers, pour sa prose sifflé, Tout meurtri des faux pas de sa muse tragique, Tomba de chute en chute au trône académique ? […] On le vit se multiplier en ces années orageuses, retrouver au Lycée, aux Écoles normales où il avait été nommé professeur, quelques-unes de ces inspirations littéraires faciles et lucides, et à la fois se disperser et s’exalter de plus en plus dans la politique des journaux.

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