Mais, ce qui est très-plaisant, c’est qu’il y a quelques personnes aussi qui n’en croient ni n’en disent rien, et qui se conduisent pourtant tout comme si elles le croyaient.
Diderot a dit quelque part : « Une seule qualité physique peut conduire l’esprit qui s’en occupe à une infinité de choses diverses.
Ce que les Anglais ont de gaieté, conduit presque toujours à un résultat philosophique ou moral ; la gaieté des Français n’a souvent pour but que le plaisir même.
Ce qui conduirait surtout à penser que la vie est un voyage, c’est que rien n’y semble ordonné comme un séjour.
Après quoi les bons nègres, qui ne savent pas conduire le vaisseau, s’entre-mangent, et les derniers meurent de faim.
Lerond, « vétérinaire de la petite ville d’Arcis-sur-Marne, suivait la « route poudreuse qui conduit au chef-lieu du département, « bercé dans son antique cabriolet, au trot paisible de sa vieille jument Cocote.
Et ainsi je suis conduit à vous recommander cette vertu discrète et admirable.
Je me hâte d’ajouter que Dubois-Desaulle était un honnête garçon qui ne s’était rendu coupable d’aucun délit de droit commun et que ses opinions libertaires seules (l’épidémie à la mode) avaient conduit aux compagnies de discipline.
Tout travail scientifique conduit suivant une saine méthode conserve une incontestable valeur, quelle que soit l’étendue des vues de l’auteur.
C’était de la chair vive avec du granit brut, Une immobilité faite d’inquiétude, Un édifice ayant un bruit de multitude, Des trous noirs étoilés par de farouches yeux, Des évolutions de groupes monstrueux, De vastes bas-reliefs, des fresques colossales ; Parfois le mur s’ouvrait et laissait voir des salles, Des antres où siégeaient des heureux, des puissants, Des vainqueurs abrutis de crime, ivres d’encens, Des intérieurs d’or, de jaspe et de porphyre ; Et ce mur frissonnait comme un arbre au zéphire ; Tous les siècles, le front ceint de tours ou d’épis, Étaient là, mornes sphinx sur l’énigme accroupis ; Chaque assise avait l’air vaguement animée ; Cela montait dans l’ombre ; on eût dit une armée Pétrifiée avec le chef qui la conduit Au moment qu’elle osait escalader la Nuit ; Ce bloc flottait ainsi qu’un nuage qui roule ; C’était une muraille et c’était une foule ; Le marbre avait le sceptre et le glaive au poignet, La poussière pleurait et l’argile saignait, Les pierres qui tombaient avaient la forme humaine.
Au sortir de table, feignant de vouloir l’accompagner, ils le mirent au milieu d’eux, & le conduisirent ainsi à coups de canne jusqu’à la porte de France.
Je crains bien qu’une tête couverte de réseaux de perles et de diamants, ne laisse aucune place à l’épée186. » Ces paroles, adressées à des femmes qu’on conduisait tous les jours à l’échafaud, étincellent de courage et de foi.
Ce que nous avons dit jusque ici a pu conduire le lecteur à cette réflexion, que l’incrédulité est la principale cause de la décadence du goût et du génie.
Je hâte ou je ralentis mes pas, selon la richesse ou la stérilité des sites : toujours conduit par ma rêverie, je n’ai d’autre soin que de prévenir le moment de la lassitude.
On va voir en foule un spectacle des plus affreux que les hommes puissent regarder, je veux dire le supplice d’un autre homme qui subit la rigueur des loix sur un échaffaut, et qu’on conduit à la mort par des tourmens effroïables : on devroit prévoir néanmoins, supposé qu’on ne le sçut pas déja par son experience, que les circonstances du supplice, que les gemissemens de son semblable feront sur lui, malgré lui-même, une impression durable qui le tourmentera long-tems avant que d’être pleinement effacée ; mais l’attrait de l’émotion est plus fort pour bien des gens que les reflexions et que les conseils de l’experience.
Les uns ont un génie sublime et étendu en une certaine sphere, d’autres ont dans la même sphere, le talent de l’application et le don de l’attention, si propre à conduire les détails.
Or, autant qu’il seroit injuste de juger du mérite de ceux dont il s’agit sur un seul succès, autant me paroît-il équitable d’en juger sur plusieurs succez, ainsi que par comparaison aux succez de ceux qui auront eu à conduire des entreprises ou des affaires pareilles à celles dont les personnes desquelles il s’agit ici, auront été chargées.
Alors cet homme, avec qui on se conduisait comme s’il était un petit jeune homme, quand il était un homme tout à fait, et qui, depuis dix ans, s’attendait et s’impatientait, accumulant et ramassant en lui des forces à faire le plus formidable des journalistes, fut étouffé par la force lâche du silence des journaux, et des journaux sur lesquels il aurait dû le plus compter !
Dans un voyage qu’il fît de Lyon à Paris en 1711, il fut conduit, le 4 juin, chez Mlle Des Houlières par un officier du duc d’Orléans, M. de Chatigny ; il interrogea ingénument la respectable demoiselle sur les relations qu’avait eues sa mère avec Boileau, sur les causes de leur inimitié, devenue publique et notoire, si bien que le satirique avait logé la Des Houlières, comme il l’appelait tout crûment, dans sa Satire des femmes. […] Le duc de Nivernais passa quelques mois à voir tous les jours Frédéric et à l’entretenir sur les objets les plus intéressants, à étudier son caractère : car,, pensait-il avec raison, dans les monarchies mixtes et non purement absolues, là où l’organisation de certains conseils est régulière et où l’État se conduit par les vrais principes, on peut saisir les motifs déterminants de la conduite, par la combinaison des circonstances avec l’intérêt de l’État : ainsi, les puissances voisines d’une telle monarchie ont des moyens de direction solides pour traiter avec elle ; mais, dans les pays où le souverain n’a d’autre conseil que lui-même, où ses perceptions non comparées à d’autres perceptions sont la seule occasion et la seule règle des mouvements de l’État, le caractère du prince est le gouvernail de l’État : la politique, l’intérêt fondamental ne sont que ce que l’intuition du prince veut qu’ils soient ; et les puissances voisines d’une telle monarchie ne peuvent traiter avec elle que d’après la connaissance des mouvements intérieurs du monarque, qui seuls impriment le mouvement à toute la machine. […] Parmi les écrits du duc de Nivernais qui se rapportent assez bien avec cette ambition d’être gouverneur d’un prince et qui peuvent indiquer qu’il en était assez digne, on distingue au troisième volume de ses Œuvres quelques essais moraux (Sur l’état de courtisan ; Sur la manière de se conduire avec ses ennemis), toutes instructions et conseils qu’il adressait à son beau-fils, le comte de Gisors, celui qui fut tué à vingt-cinq ans à la journée de Crefeld.
Il ne saurait être indifférent pour la société que son idée du bien la conduise à la ruine. […] Nous tâtonnons dans une forêt obscure, perdus dans le brouillard, essayant des chemins sans savoir où ils nous conduisent. […] À plus forte raison semble-t-elle incapable de conduire le monde à l’harmonie absolue, à ce terme de l’existence où l’existence, ayant atteint son but à son tour, se supprimerait aussi elle-même.
A titre de Militaire, il prétendait conduire la troupe. […] Il demanda à Descartes sa méthode pour conduire à la raison, méthode qui offre, en effet, le seul moyen de parvenir à raisonner. […] Que ceux qui en ont se laissent conduire par lui seul ; que ceux à qui il manque n’esperent jamais être bien conduits a-28. […] On a prétendu que cet épisode ne conduisait à rien. […] Ses tableaux sont toujours une exacte imitation de ce qu’il veut peindre, & il ne peint que ce qui doit le conduire à son but.
J’ai ouï dire d’Armand Carrel qu’il avait souhaité de mourir, tant lui était à charge le soin de conduire les républicains infatués et indisciplinables. […] Dans le même temps, il avance son œuvre suprême : il conduit à bien le Purgatoire et le Paradis. […] Et le cœur enhardi, il entre avec Virgile dans un chemin sauvage et profond qui va les conduire jusqu’aux portes de l’enfer. […] J’y suis conduit par celui qui attend là (montrant Virgile), et que votre Guido eut peut-être à dédain. […] Comme il était d’ailleurs fort instruit et que Wolfgang était fort studieux, il put le conduire assez loin.
Un deuil à conduire, la prose de M. […] Je ne demanderais pas mieux de respecter ce lieu commun à cause de son grand âge, mais mes confrères sont-ils bien certains que le théâtre ait pour but la distraction des petites filles, et qu’il n’y ait pas un danger tout aussi grand, par exemple, à conduire nos sœurs et nos femmes aux pièces de Molière ? […] Tant de persévérance devait conduire M. […] les soirs de première représentation, le foyer de nos théâtres a sa Petite Critique, et vous n’aurez la grande, l’érudite et la sincère, que le jour où, par une mesure violente, le feuilletoniste sera conduit dans sa loge en voiture cellulaire, et ramené chez lui pour écrire son compte rendu, séance tenante, comme cela se pratique pour les élèves de l’Institut entrés en loge. […] About, que Guillery, — en sa qualité d’amoureux de toutes les femmes, — est un « Alcide… Tousez. » Voyez jusqu’où la lecture d’un roman de l’Indépendance peut conduire un homme d’esprit !
I Il faut nous arrêter maintenant et changer de voie ; nous sommes au bout de l’analyse psychologique ; voyons où l’analyse physiologique nous conduira. […] Les premiers provoquent toujours, les seconds, et le degré de complication qu’on trouve dans les uns se traduit, toujours par un degré de complication égal dans les autres. — À un certain degré, les seconds peuvent être connus par une voie particulière et intime qu’on appelle conscience ; mais, même à ce degré, il arrive le plus souvent qu’ils ne sont pas connus par cette voie. — Au-dessous de ceux que la conscience atteint, il en est beaucoup d’autres qu’elle ne peut atteindre, et que nous sommes obligés de concevoir d’après ceux que, nous connaissons, mais sur un type réduit et fragmentaire, d’autant plus réduit et plus fragmentaire que l’action nerveuse qui les provoque est plus simple. — On voit ainsi, au-dessous des sensations ordinaires que nous connaissons par la conscience, descendre une échelle indéfinie d’événements moraux analogues, de plus en plus imparfaits, de plus en plus éloignés de la conscience, sans qu’on puisse mettre un terme à la série de leurs dégradations croissantes ; et cet abaissement successif, qui a sa contrepartie dans l’atténuation du système nerveux, nous conduit jusqu’au bas de l’échelle zoologique, en reliant ensemble, par une suite continue d’intermédiaires, les ébauches les plus rudimentaires et les combinaisons les plus hautes du système nerveux et du monde moral. […] Il faut attendre qu’elle soit faite et stable : la psychologie ne devra se loger sur ce terrain physiologique que lorsque la physiologie y aura bâti. — Néanmoins les jalons que nous avons posés suffisent pour marquer les lignes principales, et la correspondance établie ci-dessus entre l’action nerveuse et l’action mentale nous permet de conduire l’analyse au-delà des notions que le microscope nous fournit. […] Plus un fil nerveux a conduit, plus il est devenu bon conducteur. […] Quand la préparation a été assez forte et assez longue, la pente devient irrésistible ; arrivé à la première cellule, désormais le courant prend toujours le chemin qui conduit à la seconde.
Ou bien les composants sont simultanés ; tels sont les caractères qui s’assemblent pour conduire la terre sur sa courbe autour du soleil. […] Chaque intermédiaire, outre le caractère qu’on extrait de lui et qui conduira à la propriété énoncée, en contient plusieurs autres ; il ne faut pas se méprendre, omettre le bon, en extraire un autre. […] § III. — Si tout fait ou loi a sa raison explicative I À présent, que le lecteur rassemble et embrasse d’un coup d’œil toutes les conclusions auxquelles nous venons d’aboutir ; il les trouvera convergentes et sera conduit par leur convergence vers une loi universelle et d’ordre supérieur, qui régit toute loi. […] Bien mieux, nous indiquons d’avance l’emplacement et les traits principaux de l’intermédiaire qui nous échappe encore. — Nous admettons que, si deux masses s’attirent, c’est en vertu d’un caractère plus simple et plus général, inclus dans le groupe des caractères qui constituent ces masses, tel que serait une impulsion incessamment répétée, laquelle à chaque instant surajouterait un effet à l’effet précédent, ce qu’on exprime en disant que l’attraction est une force dont l’action n’est pas instantanée mais continue, ce qui permet de concevoir la vitesse de la masse tombante comme la somme de toutes les vitesses acquises depuis le premier instant de sa chute, ce qui a conduit quelques physiciens à expliquer l’attraction de deux masses par la poussée continue d’un éther environnant. — Nous admettons que, si l’oxygène présente tels ou tels caractères, c’est en vertu de caractères plus généraux et plus simples qui appartiennent à ses éléments, et qui sont les masses, les distances, les mouvements intestins de ses atomes composants. — Nous admettons que, si un liquide sans forme s’organise en une cellule, c’est grâce aux réactions mutuelles et à l’état antérieur des particules très compliquées dont il est l’ensemble, et que, si autrefois notre nébuleuse est née, c’est grâce aux forces de ses molécules et à l’influence d’un état antérieur que, même par conjecture, nous ne pouvons nous représenter. — À nos yeux, dans tous ces couples, non seulement l’intermédiaire explicatif et démonstratif existe, quoiqu’il se dérobe à nos prises ; mais encore il est un caractère plus général et plus simple que la première donnée du couple, il est inclus en elle, il appartient à ses éléments, et les propriétés de cette première donnée, aussi bien que sa naissance, ont pour dernière raison d’être les caractères et l’état antérieur de ses derniers éléments. […] À cause de cela, nous étudions le composé mental avant le composé réel, et la connaissance du premier nous conduit à la connaissance du second.
À cette époque, son grand-père s’aperçut de son penchant pour la comédie, et le conduisit chez les comédiens de l’hôtel de Bourgogne, troupe isolée et libre qui amusait Paris. « Avez-vous donc envie d’en faire un comédien ? […] Il avait beau représenter à sa femme la manière dont elle devait se conduire pour passer heureusement la vie ensemble, elle ne profitait point de ses leçons, qui lui paraissaient trop sévères pour une jeune personne, qui d’ailleurs n’avait rien à se reprocher. […] Il était surprenant qu’un enfant de dix ou onze ans, sans avoir été conduit dans les principes de la déclamation, fît valoir une passion avec autant d’esprit qu’il le faisait. […] En figurant dans la cérémonie burlesque de son Malade imaginaire, il se sentit pris d’une légère convulsion qu’il contint jusqu’à la fin ; le frisson alors le saisit ; son disciple Baron s’en aperçut, le conduisit dans sa loge et lui donna sa robe de chambre. […] Bien qu’on soit deux moitiés de la société, Ces deux moitiés pourtant n’ont point d’égalité : L’une est moitié suprême, et l’autre subalterne ; L’une en tout est soumise à l’autre qui gouverne ; Et ce que le soldat, dans son devoir instruit, Montre d’obéissance au chef qui le conduit, Le valet à son maître, un enfant à son père, À son supérieur le moindre petit frère, N’approche point encor de la docilité, Et de l’obéissance, et de l’humilité, Et du profond respect où la femme doit être Pour son mari, son chef, son seigneur et son maître24.
Persistance, chez cet homme, de la magie du vocable, qui devait le conduire à concevoir une poésie symphonique, s’opposant à l’ancien lyrisme. […] Henri de Régnier semble conduire à la parade. […] Et puis l’abus qu’ils firent de l’observation donna de misérables résultats, les conduisit tout droit aux minuties de l’analyse. […] À quel art nous conduirait l’étude psychologique, minutieuse et fouillée de ces âmes, frustes ? […] Il sait et a la pudeur d’ignorer ; il a cherché les lois, mais pour être innocent comme le monde, il les oublie, et son âme ainsi est suave et forte, et mieux que le vent son chant coule dans la lumière les invisibles semences et conduit sur nos fronts les bienfaits de l’aurore.
Or, ce perfectionnement continuel des individus organisés doit inévitablement conduire au progrès général de l’organisme, parmi la majorité des êtres vivants répandus à la surface de la terre. […] Mais les mammifères et les poissons entrent si rarement en concurrence, que le progrès de certains représentants de la première de ces deux classes, ou même de la classe tout entière jusqu’au plus haut degré possible d’organisation, ne la conduirait pas à prendre la place de la seconde et à l’exterminer. […] C’est pourquoi, bien qu’en somme le niveau supérieur de l’organisation se soit continuellement élevé et s’élève encore dans le monde, cependant l’échelle présentera toujours tous les degrés possibles de perfection ; car les progrès de certaines classes tout entières, ou de certains membres de chaque classe, ne conduisent pas nécessairement à l’extinction des groupes avec lesquels ils n’entrent pas en concurrence. […] Nous venons de voir aussi que la sélection naturelle conduit à la divergence des caractères et à l’extinction fréquente des formes intermédiaires et moins parfaites. […] Une modification faite par l’auteur à ce paragraphe nous a conduit à supprimer ici une note de notre première édition dont le texte, par suite d’une première modification de l’auteur à la troisième édition anglaise, était ainsi conçu : « C’est un fait d’autant plus remarquable qu’en automne elle visite souvent les champs de Trèfle rouge, attirée qu’elle est par une certaine sécrétion qu’elle trouve entre les fleurs, mais sans jamais tenter de sucer les fleurs elles-mêmes. » Dans le texte de la troisième édition anglaise, on lisait au contraire : « La différence de longueur de la corolle qui détermine, ou prévient les visites de l’Abeille domestique doit être bien petite, car on m’a informé que, lorsque le le Trèfle rouge a été fauché, les fleurs de la seconde coupe sont un peu plus petites ; et ces dernières sont fréquemment visitées par nos Abeilles. » Trad.
C’est une lettre aussi qui conduit au dénouement tragique de Bajazet ; mais elle n’est point équivoque, et Roxane la montre à son amant pour le convaincre de sa perfidie. […] Ceci pendant je n’ai consulté que mon cœur ; il me conduit seul, il a toujours inspiré mes actions et mes paroles : il se trompe quelquefois, vous le savez ; mais ce n’est pas après des épreuves si longues. […] C’est avec un sérieux risible que l’auteur de Mahomet dit au roi de Prusse : « Votre Majesté sait quel esprit m’animait en composant cet ouvrage ; l’amour du genre humain et l’horreur du fanatisme ont conduit ma plume. […] Un paysan tel que George Dandin a grand tort d’épouser une demoiselle : un monsieur n’est pas plus sensé quand il épouse une paysanne, il y a toujours de la folie et de l’humiliation à se laisser conduire, dans l’affaire la plus importante de la vie, par la plus aveugle des passions. […] Les amantes, chez Racine, savent toujours parfaitement bien pourquoi elles s’affligent ; leur délire amoureux est aussi raisonnable qu’il peut l’être ; c’est la logique de la passion qui les conduit.
On ne peut donc l’admettre qu’au point de départ, comme véhicule provisoire, destiné à conduire jusqu’à l’affection, et puis à s’absorber en elle. […] y apprendrons-nous à nous mieux conduire ? […] L’un d’eux est de « regler et conduire son esprit : l’homme de bien se doit regenter et respecter116 ». […] Moïse est chargé de retirer d’Égypte la famille d’Abraham, de la conduire à travers mille obstacles, mille vicissitudes, dans une terre de laquelle Dieu dispose en faveur de ce peuple. […] Si l’homme du monde, l’artiste, le grand seigneur, s’était soucié d’idées générales, voici peut-être à quelles considérations ces faits particuliers l’auraient conduit.
Comme les Saxons rebelles, conduits par leur duc Bertoald, le menaçaient, Dagobert, à la tête de son armée, passa le Rhin ; et, dans le premier combat, il reçut sur son casque un coup qui lui enleva un morceau du cuir chevelu. […] Car il est mort du choc d’un automobile conduit par M. […] Elles vivaient cloîtrées en façon de religieuses ; et c’était fort gracieux de voir conduire l’orchestre par une jeune beauté, en habit blanc, un bouquet de grenades sur l’oreille. […] C’était une brune ardente, d’une sensibilité physique extraordinaire, qui la conduisait aux confins de la passion. […] Mais le socialisme l’avait conduit à Raspail qui lui donnait courage.
L’âge oratoire qui finit, comme il finissait à Athènes et à Rome, a groupé toutes les idées dans un beau casier commode dont les compartiments conduisent à l’instant les yeux vers l’objet qu’ils veulent définir, en sorte que désormais l’intelligence peut entrer dans des conceptions plus hautes et saisir l’ensemble qu’elle n’avait point encore embrassé. […] Cowper prend le premier sujet venu, celui que lady Austen lui a donné au hasard, un sofa, et il en parle pendant deux pages ; puis il va où son courant d’esprit le conduit, décrivant une soirée d’hiver, quantité d’intérieurs et de paysages, mêlant çà et là toutes sortes de réflexions morales, des récits, des dissertations, des jugements, des confidences, à la façon d’un homme qui pense tout haut devant le plus intime et le plus aimé de ses amis. […] Ajoutons qu’il y a des dames et même de jeunes demoiselles, qu’il faut arranger la représentation de manière à ne point choquer leur morale sévère et leurs sentiments délicats, les faire pleurer décemment, ne point mettre en scène des passions trop fortes, qu’elles ne comprendraient pas ; tout au contraire choisir des héroïnes qui leur ressemblent, attendrissantes toujours, mais surtout correctes ; de jeunes gentlemen, comme Évandale, Morton, Ivanhoe, parfaitement élevés, tendres et graves, même un peu mélancoliques (c’est la dernière mode) et dignes de les conduire à l’autel. […] Y a-t-il un port qu’il puisse atteindre, et une main cachée qui le conduise vers ce port ? […] Vous nous lisez pour emporter des émotions, non des phrases ; vous venez chercher chez nous une culture morale, et non de jolies façons de parler. — Et là-dessus Wordsworth, classant ses poëmes suivant les diverses facultés de l’homme et les différents âges de la vie, entreprend de nous conduire, par tous les compartiments et tous les degrés de l’éducation intérieure, jusqu’aux convictions et aux sentiments qu’il a lui-même atteints.
Cependant le marquis de Couaën vient d’être arrêté en Bretagne et conduit à Paris. […] Mais nos jeunes auteurs ne croient pas qu’ils n’ont plus qu’à conduire le deuil d’une décadence littéraire. […] Il n’obéit pas à la langue, il l’asservit, il la domine ; il la conduit par des chemins qu’elle n’a jamais pris ; il lui apprend un métier qu’elle n’a jamais fait, pour lequel elle n’est pas née. […] « Conduit à l’audience par le résident avec une pompe des plus passables, un régiment d’infanterie, une forte escorte de cavalerie, une armée de domestiques, d’huissiers, le tout terminé par une troupe d’éléphants richement caparaçonnés, le grand-maître des cérémonies me proclama mistœur Jakmont saheb bahàdour, ce qui signifie M. […] Si la princesse Quintilia ressemblait aux autres femmes, elle n’aurait pas rebuté Saint-Julien, elle n’aurait pas repoussé avec colère sa déclaration d’amour, après l’avoir conduit pas à pas jusque dans le piège de l’inqualifiable séduction où il est tombé.
Cette sœur est venue à Paris pour recueillir un héritage et y a conduit Marianne, âgée de quinze ans ; elle y tombe malade et meurt bientôt en apprenant la mort ou l’apoplexie du curé son frère, et voilà Marianne seule, sans ressources, sur le pavé de Paris, avec un comptant des plus minces et son joli visage. […] En sortant de l’église, Marianne, qui entend venir derrière elle un carrosse, se hâte, tombe et se foule le pied ; un jeune homme de qualité qui l’a fort remarquée à l’église, celui même à qui appartient le carrosse, se trouve là tout à point pour la secourir, pour la faire conduire chez lui à deux pas.
Cela le conduit à imputer au faux et insuffisant pilote qui s’est rencontré, à M. […] » — « L’un et l’autre, répondit le Kalender, et la plupart ne sont ni l’un ni l’autre ; une des grandes sources d’erreurs, c’est de se conduire avec eux comme s’ils étaient constants et conséquents… Nous sommes mobiles, et nous jugeons des êtres mobiles… !
Tout le monde sait quelle a été la triste marche et l’humiliante entrée de Louis XVI ramené de Versailles à Paris dans la journée du 5 octobre : Son cortège, étonnant par sa composition, affreux par sa contenance féroce et ses cris, mit trois heures à passer dans la rue Royale où j’étais (dit un spectateur qui n’est autre que M. de Meilhan) ; des troupes à pied ou à cheval, des canons conduits par des femmes, des charrettes où, sur des sacs de farine, étaient couchées d’autres femmes ivres de vin et de fureur, criant, chantant et agitant des branches de verdure ; ensuite le roi et sa famille escortés de La Fayette et du comte d’Estaing, l’épée à la main à la portière, et environnés d’une foule d’hommes à cheval, voilà ce qui se présenta successivement à mes yeux pendant l’espace de trois heures. […] Nombre de remarques justes sur l’humeur de la nation, et sur son étrange facilité à se plier pour un temps à cet atroce régime de terreur, révèle le publiciste moraliste, l’homme qui a vécu avec Tacite et qui en a pénétré tout le sens : Parmi les habitants de Paris, faibles, légers, indolents pour la plus grande partie, les gens riches ou aisés désiraient intérieurement, l’année passée (1792), le retour de la monarchie, pour assurer leur fortune ; mais ils craignaient la transition, et, semblables à ces malades qui ne peuvent supporter l’idée d’une opération douloureuse qui doit les sauver, ils se familiarisaient avec leurs maux… Aujourd’hui, stupides de terreur, ils attendent comme de vils animaux qu’on les conduise à la mort.
Il est vrai que l’auteur ne conduit pas son action avec finesse ; il l’interrompt même par des amours épisodiques d’assez mauvais goût ; mais, à travers ces défauts, je vois le grand poète, je vois un homme illustre, digne d’être envié à sa nation. […] Il rabat de cette pompeuse définition de Mme Dacier, et se borne à définir la fable du poème, « le tissu ingénieux des événements et des motifs, qui conduisent à l’action que le poète s’est proposé de célébrer ».
J’étais conduit, grâce à lui, à une observation plus précise dans les deux voies ; et l’idée de l’unité, ce qu’a d’harmonieux et de complet chaque être individuel considéré en lui-même, le sens enfin des mille apparitions de la nature et de l’art, se découvraient à moi chaque jour de plus en plus. […] Conduit au premier étage par un domestique babillard, Eckermann est introduit dans une pièce qui a pour inscription, au-dessus de la porte, le mot Salve, présage d’un cordial accueil, et de là dans une autre pièce un peu plus grande.
Mais, même en tenant compte de la fantaisie qui évidemment y a eu très grande part et qui s’y donne toute carrière, le comte Vitzthum croit avoir trouvé le sens et le but de l’ouvrage : selon lui, lorsqu’il le composa, Maurice, qui avait l’œil sur le Nord et qui était dans le secret de certains projets menaçants, songeait surtout à une guerre éventuelle en Pologne et à la manière de l’y conduire : Mes Rêveries seraient donc moins un traité théorique qu’un mémoire ad hoc pour un but spécial déterminé, un ensemble de notes et d’instructions adressées au roi Auguste, son père, et qui reviendraient à cette conclusion : « Si vous voulez faire la conquête de la Pologne, voici comment il faut organiser votre armée : donnez-moi carte blanche et quarante-cinq mille hommes, en deux campagnes, sans livrer une seule bataille, je vous rendrai maître de la république ; cela ne vous coûtera pas un sou. » — Ce point de vue ingénieux et nouveau, qui donnerait une clef à une production un peu bizarre, me paraît exagéré et ne saurait guère s’appliquer qu’à deux ou trois chapitres du livre : l’exemple de la Pologne et les plans de guerre qui s’y rapportent ne viennent à l’auteur que chemin faisant. […] Il l’écrit au comte de Bruhl dès le premier jour (12 novembre 1740) : « Si le grand événement qui vient d’arriver nous conduit à la guerre et que le roi (de Pologne) me juge capable de le servir, je supplie Votre Excellence de l’assurer de mon zèle et de ma fidélité ; mais, si la chose se passe paisiblement, le roi n’a pas besoin de moi, et je pourrai lui être utile ici. » Sans prétendre, dit-il, se mêler de politique et même en ayant l’air de s’en défendre, Maurice, à partir de ce moment, ne fait autre chose que d’en traiter dans toutes ses lettres, et avec supériorité.
Mais ce n’est pas tout, et il était à désirer pour plus d’une raison que Jomini devînt bientôt le chef de cet état-major, si laissé à lui-même et si peu conduit. […] Heureusement j’avais vingt-cinq louis dans ma poche : je les donnai à un soldat qui conduisait un cheval qui me parut bon.
M. de Chateaubriand, au moment où parut l’Ode sur la Mort du duc de Berry, l’ayant qualifié d’Enfant sublime , Victor Hugo, conduit par M. […] Louis XVIII, après l’avoir lue, avait dit : « Je connais ce jeune homme ; il se conduit en ceci avec honneur : je lui donne la prochaine pension qui vaquera. » La lettre, recachetée par les suppôts de police, n’était pas moins arrivée à madame Delon, qui aurait pu donner dans le guet-apens.
Cette indifférence philosophique que Descartes réclamait comme première condition à la recherche de la vérité, il la réalise dans la pratique de la littérature ; et comme en même temps il a l’humeur vive et curieuse, la plume facile et prompte, une telle disposition neutre l’a conduit très-loin. […] Ses études sur Hrosvitha ont conduit M.
On la fit monter dans une voiture, qui la conduisit à la Conciergerie. […] Le lendemain, on la conduisit au tribunal, accompagnée de vingt-quatre accusés de tout âge et de tout sexe, choisis pour inspirer au peuple le souvenir et le ressentiment de la cour.
La petite comtesse, Julia de Trécœur, Cécile de Stèle sont de bonnes catholiques, et cela ne les empêche pas de se conduire comme on sait : M. […] Cette pédante homicide a été imaginée pour nous faire peur ; mais qui veut trop prouver… Il serait ingénu de penser que l’incroyance, même radicale, conduit nécessairement au crime une créature humaine, même affamée de jouissances.
Dans la préface de la première édition (1688)99, il apprécie ainsi les deux ouvrages de ses devanciers : « L’un (les Pensées), par l’engagement de son auteur, fait servir la métaphysique à la religion, fait connaître l’âme, ses passions, ses vices, traite les grands et les sérieux motifs pour conduire à la vertu et veut rendre l’homme chrétien. […] Quels savants détours pour nous conduire où il veut !
Il éprouve de ce fait un sentiment de vie diminuée, qui le conduit plus d’une fois à des sentiments de mécontentement social et de révolte individualiste. […] Car pour faire triompher ses prétentions ou ses revendications, l’individu est ici fatalement conduit à s’associer (lock-out pour les patrons ; syndicats pour les ouvriers) en vue d’obtenir la rentabilité maxima.
Tout à l’heure le rouge succédait au bleu, maintenant le vert succède au jaune ; et cependant je dis que les deux sphères ont éprouvé la même rotation, que l’une comme l’autre ont tourné autour de leur axe ; je ne puis pourtant pas dire que le vert soit au jaune comme le rouge est au bleu ; comment alors suis-je conduit à juger que les deux sphères ont subi le même déplacement ? […] Pourquoi alors suis-je conduit à juger que ces deux sensations, qualitativement différentes, représentent une même image qui s’est déplacée ?
Vigny la conduisit aux hautes solitudes et la voulut retenir dans sa Maison du Berger, mais elle s’échappa, courut les chemins, fit de mauvaises rencontres. […] Oui, je veux même reconnaître en eux, tout de suite, l’excès de cette tendance intéressante en elle-même, qui, plus d’une fois, par manque d’expérience, par maladresse, par bravade, les conduisit souvent à la bizarrerie, à l’obscurité, au jargon.
Chaque auteur fait effort pour suivre un plan savamment ordonné, pour construire un tout bien proportionné, pour conduire la pensée par une série de propositions qui s’enchaînent et s’opposent l’une à l’autre. […] La prose deviendra peu à peu tendue et subtile, et, dès le début de l’époque suivante, La Bruyère pourra écrire : « On a mis dans le discours tout l’ordre et toute la netteté dont il est capable ; cela conduit insensiblement à y mettre de l’esprit. » Cette même tendance de la littérature à devenir de plus en plus raisonnable et raisonneuse se montre sous une autre forme au théâtre.
Entre les sculptures gravées sur le bouclier d’Achille qu’Hésiode a décrit, on voit « les hommes marchant, conduits par Arès et par Athéné ; tous deux en or, vêtus d’or, beaux et grands comme il convient à des dieux, car les hommes étaient plus petits ». […] C’est lui qui conduit les hommes dans les voies de la sagesse.
A partir du troisième acte, qui nous conduit chez Léa, le drame entre dans la région des tempêtes. […] Quant à d’Estrigaud, il se fait jésuite, il entre dans la maison d’Uzès, et M. de Sainte-Agathe, qui va l’y conduire, lui montre en perspective le chapeau de général de l’Ordre planant sur sa tête.
Un homme tel que celui-là est toujours conduit par d’autres qui ne le valent pas… Tous ceux qui ont connu, ou même qui n’ont fait qu’entrevoir le cardinal de Rohan, savent à quel point ces quelques traits sont fidèles. […] Il mène et conduit les narrations les plus sérieuses avec le même dégagé qu’il ferait Peau d’âne : c’est un talent.
Le marquis de Prié use de son autorité pour faire ordonner à Bonneval les arrêts, puis pour le faire conduire sous escorte de cinquante dragons à la citadelle d’Anvers (3 septembre). […] Il me conduit bien droit à mon but, je me moque du reste : Audaces Fortuna juvat… » Le caractère, ce me semble, est assez nettement dessiné ; il y a là un défaut originel qui reparaît constamment et qui se réveille presque sous les mêmes formes.
Rien n’annonce d’abord la vigueur de l’attaque à laquelle il sera prochainement conduit : « Une carrière nouvelle s’est ouverte aux journaux qui voudront être vraiment indépendants. » Sous la Restauration, il n’y avait que la guerre à faire à un pouvoir qui était ennemi par essence : La véritable indépendance vis-à-vis d’un gouvernement dont le principe est bon, mais qui peut bien ou mal se déterminer, suivant qu’il juge bien ou se trompe, l’indépendance, dit Carrel, sera aussi loin de l’opposition par parti pris, que de ce qu’on appela, sous le dernier gouvernement, d’un mot odieux et flétri, le ministérialisme. […] Il critique sans doute la Chambre : elle se conduit trop comme si le ministère Polignac avait été vaincu tout bonnement par le refus de l’impôt, et comme si une révolution à main armée ne s’était pas accomplie ; mais il ne critique point le gouvernement ; bien plutôt il le défend ; il l’excuse de tâtonner.
Il fut décidé que Beaumarchais serait immédiatement arrêté et conduit, non à la Bastille (c’eût été trop noble pour lui), mais dans une maison de correction, à Saint-Lazare, où l’on mettait, non pas encore les filles, mais les mauvais prêtres scandaleux, les fils de famille libertins et consorts. Louis XVI, quand il prit cette décision, était au jeu : ce fut sur une carte, sur un sept de pique qu’il écrivit au crayon, avec le crayon dont on marquait les bêtes 30, cet ordre inconcevable d’enlever Beaumarchais et de le conduire à Saint-Lazare (7 mars 1785).
Ce n’est pas à nous qui avons la conscience si large, et sur bien des points si indifférente, de venir aujourd’hui porter notre mesure et notre balance commode dans ces scrupules que connurent ces vies irréprochables et ces âmes rigoureuses : Rollin était naturellement de cette morale chrétienne que préféraient et pratiquaient les Despréaux, les Racine, les Du Guet ; mais cela le conduisit à prendre parti pour le père Quesnel, et bien au-delà ; à se prononcer même pour le diacre Pâris et pour les prétendus miracles du cimetière de Saint-Médard. […] D’Aguesseau, résumant cette impression si juste, lui écrivait après l’avoir lu : « J’envie presque à ceux qui étudient à présent, un bonheur qui nous a manqué, je veux dire l’avantage d’être conduit dans les belles-lettres par un guide dont le goût est si sûr, si délié (délié est un peu fort), si propre à faire sentir le vrai et le beau dans tous les ouvrages anciens et modernes. » Voltaire lui-même, qui fut sévère et une fois surtout injuste pour Rollin, l’a proclamé « le premier de son corps qui ait écrit en français avec pureté et noblesse. » Il l’a loué dans Le Temple du goût en des termes qui sont le jugement même, et il est allé jusqu’à appeler le Traité des études « un livre à jamais utile », ce qui est même trop dire, puisque ces sortes de livres n’ont qu’un temps, et que les générations qui en profitent les usent.
Il y a eu une décadence successive qui s’est manifestée ainsi : on commença par séparer la musique de la poésie ; la poésie une fois isolée, on fut conduit naturellement à la prose ; enfin la versification vint tantôt comme un auxiliaire à la poésie, et tantôt intervint pour en voiler l’absence. […] « L’absence du merveilleux, dit Thucydide, sera cause peut-être que les événements que je décris plairont moins à la lecture. » Le même écrivain dit encore : « Les anciens historiens ont plus songé à plaire à la lecture, qu’ils n’ont songé à dire la vérité. » Ces deux phrases sont remarquables en ce qu’elles indiquent bien les deux genres d’altérations que les premiers historiens ont apportées dans leurs rédactions en prose, altérations dont on leur a su gré, et qui ont cependant conduit à l’arbitraire.
Qu’on suive en effet la direction idéaliste ou la direction naturaliste de la morale, — celle des doctrines de la dignité ou celle des doctrines de l’utilité, celle de Rousseau et de Kant ou celle de Bentham et de Stuart Mill, — on verra que ces routes opposées conduisent toutes deux à l’égalitarisme. […] À quel résultat nous conduit en effet l’histoire des partis et des formes politiques au xixe siècle dans les différents pays d’Europe ?
L’élargissement des mœnia mundi conduit les hommes au respect du for intérieur : les fins dernières deviennent les fins intimes. […] Ainsi, sous quelque aspect qu’on la considère, l’augmentation de la quantité sociale semble bien faite pour conduire les esprits, par des voies d’ailleurs nombreuses et différentes, à l’égalitarisme.
Nous agissons, nous parlons, nous nous conduisons par une espèce d’imagination rapide qui nous entraîne, et qui est peut-être l’effet de la foule des petites passions qui nous dominent et se succèdent. […] Ces impulsions rapides qu’on reçoit au théâtre et les jugements de plusieurs milliers d’hommes qui se communiquent à la fois, forment d’abord un instinct obscur et vague, et conduisent peu à peu à un goût réfléchi.
Mais une main puissante s’est étendue des cieux, et, secourable, elle l’a transféré dans une atmosphère plus douce, et l’a conduit, par les sentiers de l’espérance, aux campagnes éternelles, vers le prix qui comble nos désirs, là où la gloire passée n’est plus que nuit et silence. […] Conduit à Caracas, où son père devenait président de l’audience royale, respirant l’air de la première république proclamée à Venezuela, il ne rêva plus que le rôle de Tyrtée du nouveau monde.
Pourquoi, par exemple, avec le grand poëte dont il s’agit et en le relisant, suis-je presque toujours dans la situation d’un homme qui se promènerait dans un jardin oriental magnifique où le conduirait un enchanteur ou un Génie, mais où un méchant petit nain difforme lui donnerait à chaque pas de sa baguette à travers les jambes, le Génie ne faisant pas semblant de s’en apercevoir ?
Un des volumes les plus faits pour conduire à une conclusion satisfaisante est certainement celui que les amis de M.
Les femmes n’étant point, pour ainsi dire, responsables d’elles-mêmes, vont aussi loin dans leurs paroles que les sentiments de l’âme les conduisent.
La multitude de peines que savent causer les hommes les plus médiocres en tous genres, conduit à penser qu’un être généreux, quelle que fut sa position, se créerait, en se consacrant uniquement à la bonté, un intérêt, un but, un gouvernement, pour ainsi dire, malgré les bornes de sa destinée.
La multiplicité des connaissances acquises, des enquêtes à conduire rend les hommes universels de plus en plus rares.
J’ai connu quelques Anglais ; j’en ai vu en voyage, où ils se conduisent en « hommes libres » qui usent de tous leurs droits et où leurs façons manquent un peu de grâce et de moelleux.
Du reste, ces hautes matières ne se rattachaient pas encore très visiblement au sujet de cet ouvrage, et il eût été fort embarrassé de trouver une liaison qui l’y conduisît, quoique l’art des transitions soit singulièrement simplifié depuis que tant de grands hommes ont trouvé le secret de passer sans secousse d’une échoppe dans un palais, et d’échanger sans disparate le bonnet de police contre la couronne civique.
Au surplus, ce récit ne peut pas s’appeler une fable ; c’est une petite histoire allégorique qui conduit à une vérité morale.
D’où l’on doit conclure que ce système de mesures d’ordres vitruviennes et rigoureuses, semble n’avoir été inventé que pour conduire à la monotonie et étouffer le génie.
Si peu d’hommes savent tirer parti de leurs talents, soit pour conserver leur bien, soit pour l’accroître, la misère est une si puissante ennemie de la probité, le renversement des fortunes est si fréquent et a de si funestes effets sur l’éducation des enfants, que j’ajouterais ici les éléments de la science économique, ou de l’art de conduire sa maison ; art dont les Grecs et les Romains faisaient si grand cas.
Au moment où l’on put arriver à tout avec de l’or, on voulut avoir de l’or ; et le mérite, qui ne conduisait à rien, ne fut rien.
La bonne imitation conduit à l’assimilation et se confond avec elle.
— Salah, reprit mon ami, nous sommes perdus dans ces ruelles, conduis-nous. […] J’espère que mon destin ne me conduira jamais dans la ville de Vérone. […] À travers la neige amoncelée, une diligence me conduisit à l’unique hôtel du village, qui se trouve assez éloigné de la gare du chemin de fer. […] Je vais vous conduire au marché de Nice. […] Celui qui conduit sonne dans une sorte de buccin.
Néanmoins ces pages contribuent à faire de l’Intrus un livre d’une indiscutable valeur et nous conduisent au point culminant du roman. […] Il constate que rien n’est plus, fatal que la logique absolue qui conduit au scepticisme, lequel n’est au fond qu’un avant-goût de la mort. […] On ne craint pas de voyager avec une jeunesse aussi saine, et c’est plaisir de la suivre où sa gentillesse et son cœur nous conduisent. […] Il est possible que tout ce que l’on nous a enseigné n’existe pas : il n’en faut pas moins conduire sa vie comme si tout cela existait : dans la crainte d’un châtiment, dans l’attente d’une rémunération ? […] Frédéric Masson explique comment la logique découlant des faits l’a conduit à reconnaître la nécessité providentielle de Napoléon dans l’histoire de la France, et pourquoi il s’est rallié au système impérial.
Robert Guiscard n’est qu’un bras héroïque conduit par un génie aventurier. […] Où conduis-tu l’âne qui n’est pas chargé ? […] « Rome, aux hommes niais tu ronges la chair et les os, et tu conduis les aveugles avec toi dans la fosse. […] Toutefois l’ouvrage est conduit avec art et simplicité, plein de curieux détails, intéressant par la naïveté et quelquefois par le pathétique. […] non seulement ils jugeaient cette croisade, mais celles même qui les conduisaient à la terre sainte.
Il sait enchaîner les idées et conduire très longtemps sa pensée dans l’abstrait. […] Toutes les formes organiques m’avaient insensiblement conduit à celle-ci, qui en est la fleur. […] C’est la pensée qui conduit le monde. […] le vieux Silène lui-même ne conduisait pas tous les jours son âne à son gré. […] Et des milliers de scènes nous conduiraient en cent et une journées au bûcher de Rouen.
Il n’en est rien, et c’est d’eux seuls que dépendra leur histoire : chacun sera l’ouvrier de sa fortune ; le hasard n’a point de prise sur des événements si vastes, et ce sont les inclinations et les facultés nationales qui, renversant ou suscitant les obstacles, les conduiront fatalement chacun à son terme, les uns jusqu’au fond de la décadence, les autres jusqu’au faîte de la prospérité. […] Les grues tournent sans bruit, les tonneaux ont l’air de se mouvoir d’eux-mêmes, un petit traîneau les roule à l’instant et sans effort ; les ballots descendent par leur propre poids sur les plans inclinés qui les conduisent à leur place. […] En tout cas, ce ne sont pas les arts qui l’y conduisent.
« Tu conduis, sur un vaisseau de mauvais augure, à ton palais, celle que la Grèce en armes bientôt te viendra redemander, après avoir conjuré la rupture de tes noces adultères et l’anéantissement du royaume antique de Priam ! […] L’eau vive, qui dans nos villes s’efforce de briser dans sa rapidité ses conduits de plomb, est-elle plus limpide que celle qui tremble et murmure ici entre ses rives inclinées ? […] C’est la géographie badine d’un poète ; il est à croire que Mécène et ses amis avaient chargé Horace de rédiger en plaisanterie leur itinéraire pour perpétuer les accidents et les charmes du voyage ; de plus, ce voyage avait un charme tout particulier pour Horace, puisqu’il le conduisait aux lieux, toujours chers, où il avait passé son enfance, sous la tutelle d’un père chéri.
VI Ce fut cet instinct qui me conduisit, au commencement de ma vie, dans l’atelier de Canova, à Rome ; il me parut le plus idéal, le plus gracieux, le plus virgilien, le plus épris de la beauté des formes de tous les modernes. […] Tout sort d’un antécédent ; l’histoire de l’architecture et de la sculpture grecque avant Phidias conduit insensiblement le lecteur de l’ébauche au chef-d’œuvre. […] Gaspari nous conduisit au bas de la ville, à travers les mêmes ruines, jusqu’à une maison blanche et propre, élevée tout récemment, et où un Italien avait monté une auberge.
Je resterai volontiers, lui dit-il, si vous agréez la visite d’un homme que le hasard conduit ici, mais qu’un vif intérêt y retient. […] Maintenant il ne m’arrive plus de rencontrer sur mon chemin une fleur effeuillée, ou quelques branches d’arbrisseau qu’elle y laissait tomber en passant ; je suis seul : il n’y a plus ni mouvement ni vie autour de moi, et le sentier qui conduisait à son bosquet favori disparaît déjà sous l’herbe. […] Je la pris dans mes bras pour l’enlever. « Soutiens-moi seulement, me dit-elle ; j’aurai peut-être encore la force de marcher. » Je la conduisis lentement jusque dans les noisetiers ; je lui formai un coussin avec des feuilles sèches qu’elle y avait rassemblées elle-même, et, l’ayant couverte d’un voile, afin de la préserver de l’humidité de la nuit, je me plaçai auprès d’elle ; mais elle désira être seule dans sa dernière méditation : je m’éloignai sans la perdre de vue.
. — Cependant, je crains ta nature trop abondamment composée du lait des tendresses humaines pour te conduire par le chemin le plus court. […] Donnez-moi votre main, conduisez-moi vers notre hôte ; nous l’aimons grandement et continuerons de répandre sur lui nos bienfaits. — Avec la permission de notre hôtesse. […] Viens, conduis-moi vers eux.
Et puisque MM. de Goncourt voulaient nous peindre une folie d’artiste, d’homme de lettres, ils auraient pu observer que le plus souvent ce qui les conduit à Charenton, ce n’est pas une aventure de cœur ou quelque trahison, même atroce, mais plutôt la vanité exaspérée, une soif de gloire ou de jouissances impossibles, et que la folie prend plus volontiers chez eux (on en a vu des exemples dans ces dernières années) la forme de la monomanie des grandeurs. […] On aime que l’art soit pessimiste ; le sentiment qui conduit le romancier à voir et à peindre de préférence, dans la réalité, ce qu’elle a de tristesses et de cruautés absurdes, paraît un sentiment distingué ; on éprouve à le partager une sorte d’orgueil intellectuel, on y voit une protestation bien humaine contre le mal inexplicable. […] On ne saurait étudier leurs descriptions sans parler en même temps de leur style ; car c’est la volonté de peindre plus qu’on n’avait fait encore qui les a conduits souvent à se faire une langue, à inventer pour leur usage une « écriture artiste », comme dit M.
Il saura bien les conduire à l’endroit où il veut qu’on l’enterre. » Tous approuvèrent. […] Les bœufs, conduits par la main invisible de Ronan, marchèrent droit devant eux, au plus épais de la forêt. […] Le matin, avant le jour, on le conduisit à la chapelle du saint qui en guérissait.
Rassemblant en vertu de cette affirmation, la poésie, la musique, la mimique, et cette partie de l’art pictural qui s’exerce dans la beauté des décors et la noblesse des costumes, elle a conduit le maître à produire des œuvres grandioses et neuves que sont contraints d’admirer tous ceux que le haut art enthousiasme. […] Ici est la limite ; pour apprendre plus, il faut, de nouveau, descendre dans les profondeurs du Moi. « En vérité, dit Schopenhauer, cette puissance cachée, qui conduit même les événements extérieurs, ne peut avoir sa racine que dans notre propre âme, mystérieuse ; car l’alpha et l’oméga de tout ce qui est réside en nous-mêmes. » 3° Hans von Wolzocen : L’Idéalisation du théâtre. — XII. […] Pour Parsifal, l’orchestre sera connue précédemment conduit par M.
Plus tard, quand son Lohengrin avait commencé le tour du monde et qu’il vint en personne conduire aux Italiens des fragments de ses œuvres, nous l’avons bafoué. […] Paris se compose de vingt ou trente mille personnes désireuses d’entendre Lohengrin, d’un million neuf cent mille indifférents qui se moquent de Wagner et de ses œuvres, et de soixante-dix mille habitants de tout âge, imaginations ardentes, cœurs inflammables, cerveaux affolés, que dix bons meneurs soutenus par beaucoup de braillards conduisent où ils veulent. […] Une farce patriotique que jouent au détriment du public calme et impartial des gens assoiffés de réclame, affolés contre le génie, eux qui n’en ont pas pour un liard : poètes sans talent, mais amplement vêtus ; bas-bleus sur le retour, compositeurs conduits du théâtre et versés dans la gymnastique, etc.
Il est difficile de ne pas être conduit à cette conclusion, quand on considère par exemple le Microptère d’Eyton (Anas Brachyptera) dont les ailes sont incapables de vol et presque dans le même état que celle du Canard domestique ; lorsqu’on voit le Tuco-Tuco (Ctenomys Brasiliensis), souvent aveugle avec des habitudes souterraines, de même que certaines Taupes qui le sont toujours et qui ont même les yeux recouverts de peau ; ou enfin lorsqu’on songe aux animaux qui habitent les cavernes ténébreuses d’Europe ou d’Amérique et dont l’organe visuel est plus ou moins complétement atrophié. […] L’analogie me conduirait même un peu plus loin, c’est-à-dire à la croyance que tous les animaux et toutes les plantes descendent d’un seul prototype ; mais l’analogie peut être un guide trompeur. […] De là, sans dédaigner de prendre en considération l’existence actuelle de gradations intermédiaires entre deux formes quelconques, nous serons conduits à peser avec plus de soin et à évaluer plus haut la somme actuelle des différences qui existent entre elles.
Philinte l’a conduit dans de mauvais endroits pour y faire des expériences, et Alceste, n’ayant plus le droit de s’indigner, a donné dans l’ironie à outrance. […] Ils se conduisent avec elle comme Olivier de Jalin lui-même hésiterait à le faire avec une fille. […] La vengeance qu’il tire des deux hommes chargés de le conduire au roi d’Angleterre (partie supprimée dans la version Dumas-Meurice) est assurément légitime : mais peste ! […] Mais c’est un drame extrêmement intéressant, qui conduit à miracle, et qui va d’un train ! […] On dit (et c’est une des plus spécieuses parmi les objections des mécontents) : — À qui ferez-vous croire que Francine se conduit comme une honnête femme ?
Edmond de Goncourt suivre maintenant les naturalistes dans le chemin où il les a conduits et où ils ont fait de singulières observations. […] Il existait aussi peu pour leur pensée que le cocher qui, juché haut par derrière et invisible, conduisait le léger cab où ils se trouvaient en tête à tête, le long de la route de Folkestone à Sandgate et à Hythe. […] Ce récit peint sur le vif l’influence bienfaisante du romancier. « On nous conduisit dans une salle étroite, froide et sombre. […] Aux côtés de Claude Lantier, le hasard a conduit une jeune fille qui deviendra sa femme, et qui éclairera de son charme toute la première partie du livre. […] Après la pièce, elle quitta sa loge et, alors, un des beaux messieurs de Boisdoré lui offrit le bras pour la conduire à sa voiture, tandis que les autres entouraient son amie.
Pendant que Holman Hunt se trouvait conduit, par l’intelligence d’un détail technique de son art, à l’étude des préraphaélites, Rossetti y arrivait par un autre chemin. […] Quoi d’étonnant qu’il fût conduit des poètes de l’âme aux peintres de l’âme, des extases de la Vita Nuova à celle d’un Beato Angelico ? […] Les mots, qui en poussent d’autres au scepticisme par toutes les idées contingentes qu’ils soulèvent, l’ont conduit directement à la foi. […] Ou, plus exactement, on croit qu’un causeur habile vous a conduit dans un panorama et vous a montré de petits tableaux à travers un verre grossissant, en vous racontant ses petites impressions particulières, que sa sensibilité facile et sa faconde naturelle exagèrent et multiplient. […] Toujours donc la méfiance des principes, qui peuvent conduire à l’« absolutisme », et le goût des applications pratiques.
Cela l’engagera à se conduire, ainsi qu’il l’a fait pour toi, envers quelques jeunes gens studieux qui, peut-être, sans lui, auraient eu leur avenir compromis. […] Cette dialectique l’a conduit à des indulgences bien étranges. […] Apercevez-vous maintenant la logique qui, après avoir conduit un Barrès de vingt-quatre ans au « culte du moi », l’entraîne sur le chemin de l’individualisme anarchique ? […] Cette affirmation de ses goûts, de ses désirs, de ses élans individuels conduit un Barrès à mieux se connaître. […] Le dix-neuvième siècle a méconnu cette vérité, et sa conception d’une Science une l’a conduit à une disposition d’esprit non moins abusive que celle du romantisme.
Il me semblait que la lecture, sans ordre, d’un drame intellectuel de cette nature et de cette portée conduisait à des disputes sans issue. […] Quant à l’avenir, c’est-à-dire au progrès, je voudrais que l’on y conduisît ceux qui le cherchent ardemment et sincèrement, comme on conduit par la main l’enfant ou le vieillard dont la marche est incertaine, avec douceur et patience, disant à l’enfant : « Espoir ! […] Ceci nous conduira plus tard à examiner la théorie du réalisme, à laquelle M. […] Les cérémonies du culte conduiraient ce corps à son lit d’attente, comme elles le conduisent au lit définitif de la tombe. […] Il terrasse l’insolence du démon, et le force à le conduire auprès de Marguerite pour la sauver.
Mais au bout d’un instant l’artiste reprend la parole : il vous conduit au clocher, et dans le cliquetis des mots qu’il entasse, il donne à vos nerfs la sensation de la tourmente aérienne. […] Dans son tourment, sur son lit de pierres, il l’a contemplée, et le tendre et touchant regard de la divine étoile a calmé, par sa sérénité mystique, l’angoisse de son esprit et de son corps. « J’ai vu plus clair, dit-il, et ma prière de mourant a été que les hommes puissent seulement se rapprocher un peu plus les uns des autres, que lorsque moi, pauvre homme, j’étais avec eux. — Ils le soulevèrent, et il fut ravi de voir qu’ils allaient l’emporter du côté où l’étoile semblait les conduire. […] L’étoile lui avait montré le chemin qui mène au Dieu des pauvres, et son humilité, ses misères, son oubli des injures, l’avaient conduit au repos de son rédempteur1339. » Ce même écrivain est le plus railleur, le plus comique et le plus bouffon de tous les écrivains anglais. […] Et il s’intéresse à lui lorsque l’écrivain, sans louer ni blâmer, s’attache à expliquer le tempérament, l’éducation, la forme du crâne et les habitudes d’esprit qui ont creusé en lui cette inclinaison primitive, à faire toucher la nécessité de ses effets, à la conduire à travers toutes ses périodes, à montrer la puissance plus grande que l’âge et le contentement lui communiquent, à exposer la chute irrésistible qui précipite l’homme dans la folie ou dans la mort.
… Son sujet est conduit d’une belle manière ; Et chaque acte, en sa pièce, est une pièce entière2. […] Racine, la reçoit comme un aveu, de la conscience même de ces hommes chez qui le mal est mêlé de bien, au-dessous du nombre infiniment petit des héros, au-dessus de cette foule sans nom, qui se conduit par l’imitation, et à qui n’appartiennent ni ses vertus ni ses vices. […] En un jour, en quelques heures, dans une action qui ne souffre pas de délai, Racine a marqué tous les pas de Néron dans la carrière du crime ; il l’a conduit des dernières contraintes de son éducation jusqu’à l’exécrable cruauté qui le poussera au parricide. […] Dans le théâtre antique, le chœur représente la foule ; c’est quelque vieillard sans nom qui le conduit et qui parle pour tous.
Il y revient dans le Mémoire sur la manière de se conduire avec le roi, écrit à l’époque où de la royale famille, dépeuplée par la mort, il ne restait qu’un vieillard septuagénaire et un enfant. […] Quoique doué d’un grand sens, comme tous les hommes supérieurs, il en manqua pour se conduire sur ce point, et il s’agita toute sa vie entre l’ambition de gouverner l’Etat, sans en désespérer un seul jour, dit Saint-Simon, et les empêchements de sa robe et de sa vertu. […] Où vont nous conduire les théories sur l’insuffisance de notre langue, sinon au relâchement de cette langue ? […] Mémoire sur la question de savoir si Von doit rechercher le duc d’Orléans pour la mort du duc de Bourgogne. — Mémoire sur l’éducation du jeune prince. — Mémoire sur le conseil de régence. — Mémoire sur la manière de se conduire avec le roi.
Mais comme ils n’ont pas commencé par isoler la mémoire qui retient et aligne les répétitions successives sous forme d’images-souvenirs, comme ils la confondent avec l’habitude que l’exercice perfectionne, ils sont conduits à croire que l’effet de la répétition porte sur un seul et même phénomène indivisible, qui se renforcerait simplement en se répétant : et comme ce phénomène finit visiblement par n’être qu’une habitude motrice et par correspondre à un mécanisme, cérébral ou autre, ils sont amenés, bon gré mal gré, à supposer qu’un mécanisme de ce genre était dès le début au fond de l’image et que le cerveau est un organe de représentation. […] Par là, l’audition mentale peut être subordonnée à l’intégrité des divers centres et des voies qui y conduisent. […] Avec Wundt nous estimons que la perception distincte implique une action centrifuge, et par là nous sommes conduits à supposer avec lui (quoique dans un sens un peu différent) que les centres dits imaginatifs sont plutôt des centres de groupement des impressions sensorielles. […] Wundt est conduit à poser : 1º un organe général d’aperception, occupant le lobe frontal ; 2º des centres particuliers qui, incapables sans doute d’emmagasiner des Images, conservent cependant des tendances ou dispositions à les reproduire.
Vous me conduisiez, vous me reconduisiez de chez vous jusqu’à cette chaussée d’où l’on découvre l’étang de Saclay. […] Une poussait l’autre, une amenait l’autre, incontinent l’une conduisait à l’autre. […] Il était conduit, il montait de toutes parts vers Polyeucte. […] Et ce n’est point par hasard que nous sommes conduits à parler de maximum et par maximum. […] Et nous sommes conduits à nous demander s’il n’y a pas une tout autre sévérité, une tout autre organisation dans la rude pierre de Corneille.
Ces jugements, tout favorables à l’ouvrage, et dans lesquels on s’appuyait de l’aversion non douteuse que devaient produire sur les cœurs droits et les esprits bien faits ces odieux personnages et leurs manèges honteux si fidèlement représentés, venaient se résumer dans un seul mot : “C’est une pièce a où l’on ne mènera certes pas sa fille, mais on pourra y conduire son fils.”
Ce serait, au contraire, cette réflexion même qui devrait conduire à penser qu’il faut éloigner de toutes les affections de l’âme, jusqu’à l’égoïsme du sentiment.
J’habite encore les sommets neigeux où m’a conduit sa pensée et d’où le monde apparaît comme étouffé dans une brume sanglante.
Il conduit à bien toutes choses, tellement qu’un des gendres de Liseo, dans son enthousiasme, va jusqu’à s’écrier : « Que celui qui n’est ni roi ni fou se fasse hypocrite, et il sera plus que ne sont les rois ni les fous !
Les mouvemens que se donne le monde auteur, connoisseur, amateur, & conduit par la partialité pour ou contre, ressemblent aux vagues d’une mer en fureur, qui vont & reviennent continuellement jusqu’à ce que le temps & le calme remettent les choses dans leur situation naturelle.
Aussi Milton appelle-t-il la femme, fair defect of nature, « beau défaut de la nature. » La manière dont le poète anglais a conduit la chute de nos premiers pères mérite d’être examinée.
Suis-moi, je te conduirai où une ombre vaine ne trompera point tes embrassements, où tu trouveras celui dont tu es l’image ; à toi il sera pour toujours, tu lui donneras une multitude d’enfants semblables à toi-même, et tu seras appelée la Mère du genre humain. » Que pouvais-je faire après ces paroles ?
On est conduit à cette difformité par de petites altérations adjacentes qui l’amènent et la sauvent.
Sainte-Beuve, qui aimait à conduire ces eaux corrompues dans les détours sinueux des coteaux modérés de sa littérature, en avait filtré quelques gouttes dans son livre sur Chateaubriand, écrit — pour déshonorer l’auteur des Martyrs — après sa mort, bien entendu.
Pendant tout le temps que dura la Révolution, toutes les villes, Lyon excepté, qui eut du moins le mérite de l’horreur (et nous ne parlons pas de la Vendée, cette guerre de géants, comme disait l’Empereur), toutes les villes se conduisirent à peu près de la même manière.
À ce compte, la médiocrité d’un ouvrage serait un sauf conduit contre la critique.
Toutes ces constructions de sensations, toutes ces reviviscences d’images, toutes ces études d’hallucination, toutes ces dentelles d’analyses physiologiques faites au microscope, tous ces fils de la Vierge qu’on nous montre entre l’index et le pouce, toutes ces bluettes, en fin, qu’on veut nous donner et qu’on nous donne, c’est pour que nous ne puissions apercevoir du premier regard le but où l’on veut nous conduire, et ce but, c’est de réduire les plus grandes et les plus vivantes choses qu’il y ait dans le cœur et la tête de l’homme : Dieu, l’âme et le devoir, à n’être qu’une vile sensation, un ridicule bruit de sonnette dont on tire le cordon, en attendant qu’avec ce cordon on puisse les étrangler.
Pierre Dupont et qui le domine, il aurait conduit son talent jusqu’à devenir une bien charmante chose, originale de naturel et de simplicité.
Seulement, voyez où va le conduire ce concubinage, qui n’est d’abord pour lui qu’une dégradante vulgarité !
Dubufe se serait mieux conduit.
Pierre Janet a faite des névroses l’a conduit dans ces dernières années, par de tout autres chemins, par l’examen des formes « psychasthéniques » de la maladie, à user de ces considérations de « tension » psychologique et d’« attention à la réalité » qu’on qualifia d’abord de vues métaphysiques 3.
Il est étonné que son héros, avec si peu de forces, ait tenté une guerre si importante : « Assurément, lui dit-il, vous avez quelque intelligence secrète avec l’âme universelle et divine, qui daigne se manifester à vous seul, tandis que nous, ce sont des dieux subalternes et du second ordre qui sont chargés de nous conduire. » Ensuite il ne peut comprendre qu’il se soit trouvé dans l’univers des hommes qui aient eu l’audace de résister à Constantin : « Eux qui auraient dû, lui dit-il, céder, je ne dis pas à la présence de votre divinité, mais en entendant seulement prononcer votre nom. » Bientôt après, ce lâche orateur fait un crime à son héros d’avoir combattu lui-même, et de s’être mêlé au milieu des ennemis, d’avoir par là, dit-il, presque causé la ruine de l’univers.
Les premiers hommes qui fondèrent la civilisation avaient été conduits à la société par la religion et par l’instinct naturel de propager la race humaine, causes honorables qui produisirent le mariage, la première et la plus noble amitié du monde.
« C’est Vénus qui a conduit dans le Latium les descendants des Troyens, et a donné à son fils pour épouse une jeune fille de Laurente, et bientôt à Mars une vierge pudique enlevée du sanctuaire.
Or nous croyons que la vraie loi peut seule atteindre à ce but et nous espérons qu’elle vous y conduira. […] Les arts donc à la fois mènent à la morale et en distraient, et de la façon du reste dont se gouverne l’homme à son ordinaire, il faut bien prendre garde qu’ils en distraient beaucoup plus souvent qu’ils n’y conduisent. […] Il ne conduit qu’à un état d’âme poétique et, du reste, décevant et négatif. […] Il le sera, n’en doutez pas, entre les mains souples et adroites de Platon, admirables à transformer et métamorphoser toutes choses ; et l’amour, comme la pensée pure, nous conduira à la contemplation et à l’adoration du parfait. […] Or la beauté vraie importe à la morale qui préfère le bien au beau, mais qui croit, comme on l’a vu ailleurs, que l’admiration de la beauté conduit au culte du bien.
L’esprit de société qui l’a conduit dans ces fadaises l’a aussi conduit ailleurs ; car la conversation, en France du moins, est une chasse aux idées. […] Les écrivains religieux et monarchiques sont de la même famille que les écrivains impies et révolutionnaires ; Boileau conduit à Rousseau, et Racine à Robespierre. […] C’est pourquoi, si un homme juge à propos de sembler bon, qu’il le soit effectivement, et alors sa bonté apparaîtra de façon à ce que personne n’en doute, de sorte que, tout compte fait, la sincérité est la vraie sagesse828. » On est tenté de croire un homme qui parle ainsi ; on se dit : « Cela est vrai, il a raison, il faut agir comme il le dit. » L’impression qu’on reçoit est morale, non littéraire ; le discours est efficace, non oratoire ; il ne donne point un plaisir, il conduit vers une action. […] Pendant dix pages, l’idée déborde en une seule phrase continue du même tour, sans crainte de l’entassement et de la monotonie, en dépit de toutes les règles, tant le cœur et l’imagination sont comblés et contents d’apporter et d’amasser toute la nature comme une seule offrande « devant celui qui, par ses nobles fins et sa façon obligeante de donner, surpasse ses dons eux-mêmes et les augmente de beaucoup ; qui, sans être contraint par aucune nécessité, ni tenu par aucune loi ou par aucun contrat préalable, ni conduit par des raisons extérieures, ni engagé par nos mérites, ni fatigué par nos importunités, ni poussé par les passions importunes de la pitié, de la honte et de la crainte, comme nous avons coutume de l’être ; ni flatté par des promesses de récompense, ni séduit par l’attente de quelque avantage qui pourrait lui revenir ; mais étant maître absolu de ses propres actions, seul législateur et conseiller de lui-même, se suffisant, et incapable de recevoir un accroissement quelconque de son parfait bonheur, tout volontairement et librement, par pure bonté et générosité, se fait notre ami et notre bienfaiteur ; prévient non-seulement nos désirs, mais encore nos idées, surpasse non-seulement nos mérites, mais nos désirs et même nos imaginations, par un épanchement de bienfaits que nul prix ne peut égaler, que nulle reconnaissance ne peut payer ; n’ayant d’autre objet en nous les conférant que notre bien effectif et notre félicité, notre profit et notre avantage, notre plaisir et notre contentement833. » La force du zèle et le manque de goût : tels sont les traits communs à toute cette éloquence. […] Ils écartent ces spéculations dissolvantes ; ils les regardent comme des occupations d’oisifs ; ils ne cherchent dans le raisonnement que des motifs et des moyens de se bien conduire.
C’était lui qui s’occupait de tout le détail pratique, réglait les séjours, conduisait ce garçon indolent et capricieux, nerveux et malade. […] Que Dieu nous conduise donc où chacun demande ! […] Sa dernière vie, celle qui la conduira à la mort, sera une vie toute personnelle, toute réduite à l’injustice et au crime de l’individu. […] Son père l’avait conduit en pèlerinage au temple d’Ammon. […] Ils le conduisent dans la troisième partie, celle des hérésies, faite à coups de livres, et dans la quatrième partie, celle des dieux, très inégale.
Mais il est des raisons plus sérieuses pour nous faire pressentir, dans les conditions naturelles du roman de la famille, italien ou français, les pentes qui le conduisent vers l’esthétique de F. […] Bordeaux, qui s’est dépeint, dans sa préface, comme le père le plus complaisant, doit conduire fort souvent ses fillettes au cinéma. […] Paul Valéry fut conduit par l’atmosphère même de ces années à reprendre dans une mine obscure le filon d’or de la poésie mallarméenne. […] Le Rhône, qui conduit ce pays vers la France, qui l’ouvre à la France et qui lui ouvre la France, a pour double spirituel ce que j’appellerai une littérature de liaison. […] Le récit, vu d’un certain biais, est construit sur cette parole de l’Évangile que, si un aveugle conduit un autre aveugle, ils tomberont tous deux dans le précipice.
J’avais plaisir à le voir ainsi, en sa vieillesse glorieuse, en cette charmante maison remplie des objets chers à son goût, par cette après-midi ensoleillée, qui faisait voleter les oiseaux dans les arbres du petit jardin qu’on apercevait à travers les vitres et où il nous conduisit. […] Néanmoins, ce n’est aucun de ces deux soucis qui m’y a conduit, cette année, mais plutôt un sentiment de curiosité et de gratitude. […] Boylesve est originaire et dont elle a la grâce noble et l’harmonie heureuse, à cette Touraine où le héros de Mon Amour nous conduit un instant et dont il nous dit, en phrases délicieuses, le charme intime et familier. […] Elles nous conduisent dans les rues, dans les églises, dans les couvents de l’antique cité ou se superposent mystérieusement les civilisations successives qui l’imprègnent d’une si étrange atmosphère de volupté et de mysticisme. […] Mais il faut avouer néanmoins que Mandrin les conduisit avec une audace et une habileté remarquables et qu’il s’y conduisit avec autant de modération que le comportait l’exercice d’un métier un peu exceptionnel et qui a des nécessités.
Cet homme, qui longtemps conduisit des armées, qui fut le chef de treize États, vivait sans ambition dans le calme des champs, au milieu de vastes domaines, cultivés par ses mains, et de nombreux troupeaux, que ses soins avaient multipliés dans les solitudes d’un nouveau monde. […] Une main divine, dit-elle, conduit l’homme dans les recherches nécessaires à son existence, et l’abandonne à lui-même dans les études d’une utilité moins immédiate. […] Ossian m’attendrit sans doute, quand il me conduit au tombeau de ses pères ; mais il faut qu’une divinité veille autour des tombeaux pour leur donner plus d’intérêt et les rendre sacrés. […] Un hôte se présente-t-il chez un prince dans Homère : des femmes, et quelquefois la fille même du roi, conduisent l’étranger au bain ; on le parfume, on lui donne à laver dans des aiguières d’or et d’argent, on le revêt d’un manteau de pourpre, et ou le conduit dans la salle du festin ; on le fait asseoir dans une belle chaise d’ivoire, avec un beau marchepied ; des esclaves mêlent le vin et l’eau dans des coupes, et lui présentent les dons de Cérès dans une corbeille ; le maître du lieu lui sert le dos succulent de la victime, dont il lui fait une part cinq fois plus grande que celle des autres. […] Le fils d’Ulysse, séparé quelque temps de Minerve, qui le conduit sous la figure de Mentor, est seul dans l’île de Chypre, en proie à toutes les séductions de Vénus et de son âge ; il est prêt à succomber.
Aussi ce voyage dans les musées de Belgique et de Hollande conduit-il Fromentin, comme à un intérêt supérieur, à une préoccupation d’analyste et de psychologue, au portrait des peintres. […] La nature de Fromentin, telle que ses Lettres nous la font connaître, le conduisait à écrire une œuvre d’analyse, à exposer sa vie intérieure. […] On passe par la route aux étapes prévues, mais ici artistement disposées, qui conduit cet essai d’amitié à l’amour. […] L’amour sans la pitié conduit à l’amour sans pitié, à l’amour cruel. […] Dès lors, on sera conduit, semble-t-il, à voir, avec Matthew Arnold, dans la critique la véritable vocation d’Amiel, vocation d’où il eût été détourné par la malchance, la timidité, la réclusion dans un milieu étroit.
Chacun d’eux devinait en soi de si faibles ressources, et se sentait si peu de spontanéité individuelle, que, dès le début, ils furent tout naturellement conduits à se soutenir l’un l’autre. […] Fût-il excellent, inattaquable en soi, il pécherait encore par la façon dont il a été employé ; et nous remarquons là une preuve nouvelle des déplorables résultats auxquels ont été conduits les deux frères par leur mode de travail. […] On nous l’a montré plié sous l’influence des temps, des climats et des milieux, strictement conduit par les grandes lois naturelles qui le dominent, jouet de ses organes physiques, doué d’une conscience très vague et d’une liberté très douteuse. […] Doit-on croire qu’entre le Normand de notre monde et de notre époque et ses ancêtres, à demi barbares, conduits jadis en Grande-Bretagne par Guillaume le Conquérant, il existait des affinités de race assez profondes pour avoir persisté malgré le temps et l’éloignement ? […] Du reste, il ne subit pas sans quelque frémissement la contrainte qu’il s’était imposée, et dès qu’il eut conduit jusqu’au suicide final les adultères d’Emma Bovary, sa principale hâte fut de retourner aussitôt vers le monde antique et de commencer Salammbô.
Vous êtes là quelques usurpateurs qui expropriez la masse du peuple, et quand vous serez gorgés, nous n’aurons qu’à vous exproprier à notre tour… Tout accaparement, toute centralisation conduit au collectivisme. […] Gustave Toudouze nous y conduit souvent et sait nous la faire aimer. […] Gyp ne nous a pas donné cette satisfaction et nous le conduit de l’école de Madrid jusqu’au mariage. […] …………………………………………………………………………………………… Moi et d’Osmoy, nous avons conduit le deuil, il a eu un enterrement très nombreux. […] Il s’est bien conduit dans le bateau, et en considération de cette bonne conduite, je lui pardonne le reste pour cette fois.
Ce n’est pas tout pour lui qui d’enseigner ou de prêcher les hommes ; il se croit également investi du droit, ou chargé de l’obligation de les conduire. […] Mais, en réalité, son prétendu scepticisme, et sa critique, et son ironie même ne sont chez lui que des procédés, ou une méthode, pour nous conduire à des conclusions très certaines. […] Ne serait-ce pas se conduire comme les enfants, qui n’ont pas plus tôt bâti un château de cartes qu’ils le défont et qu’ils le renversent ? […] Il me reste à indiquer quelques-uns des résultats où cette méthode les a conduits. […] « Il me donnait la main pour me conduire jusque chez moi.
Son pèlerinage grec conduit M. […] Barrès plaçait artistement les tours à l’horizon du procès de Rennes, s’abstint avec goût de conduire dans ces pierres des auditeurs qui ne demandaient qu’à l’y suivre. […] Et ne risquons-nous pas d’encourir le même reproche que nous adressons au poète, de nous laisser conduire par des abstractions et des idées toutes faites comme lui-même se laisserait conduire par les mots ? En tout cas, ces mots le conduisent par certaines voies plutôt que par d’autres. […] On verrait alors, conduit par M.
Ainsi ardent et vermeil, pâle et glacé, tantôt triste, tantôt joyeux, je t’ai conduit jusqu’ici sain et sauf, bien que las. […] Il est jeune, et il se conduit comme un vieillard blasé ; rien en lui ne révèle l’ardeur de la gloire et le goût de la vraie galanterie. […] Quant à lui, il ne rentrera dans la chaumière où il a conduit la femme qu’il aime que pour la rendre à son père. […] Quand Vasari et Lanzi ne conduisent pas sa plume, c’est l’histoire seule qui la conduit. […] Tout ce second acte est très bien conduit, sauf quelques scènes, qui n’ont peut-être pas toute la rapidité qu’on pourrait souhaiter.
Cela le conduisit à insérer dans le Globe, en 1827, une série d’articles qui furent recueillis en 1828 sous ce titre : Tableau historique et critique de la Poésie française et du Théâtre français au xvie siècle (Paris, in-8°). […] Mme Sainte-Beuve conduisit son fils chez son beau-frère, qui était un brave homme, et la conversation roula sur le choix d’un professeur qu’il fallait donner au jeune homme pour le perfectionner dans ses études, en attendant le collège. […] Mais, par exemple, « il le mène à la baguette, il est très-sévère », — c’était un avis amical donné par l’oncle à son neveu. — On conduisit le jeune Sainte-Beuve chez ce professeur, qui avait en effet le ton rude et autoritaire (comme on dirait aujourd’hui) des anciens jours.
« Mes concitoyens m’excuseront donc, ou plutôt me sauront quelque gré si, lorsque la république a été à la merci d’un seul, je ne me suis ni caché, ni enfui, ni découragé, ni conduit en homme vainement irrité contre le pouvoir ou les circonstances ; si enfin je ne me suis montré ni flatteur ni adulateur de la fortune d’un autre, jusqu’au point d’avoir honte de la mienne. […] C’est du ciel que descendent ceux qui conduisent et qui conservent les nations, c’est au ciel qu’ils retournent…… « Ce discours de l’Africain avait jeté la terreur en mon âme. […] Une telle vie est la route qui te conduira au ciel et dans l’assemblée de ceux qui ont vécu, et qui, maintenant délivrés du corps, habitent le lieu que tu vois………………………………… « Mon père me montrait ce cercle qui brille par son éclatante blancheur au milieu de tous les feux célestes, et que vous appelez, d’une expression empruntée aux Grecs, la Voie lactée.
ce n’était pas un désir de gloire qui me conduisait dans cet exil. […] « Une traversée heureuse me conduisit en Angleterre. […] Ayant remarqué que leur couleur changeait suivant les différentes contrées et les rivières, lacs ou étangs qu’ils fréquentent, j’ai été conduit à penser que ce curieux résultat pourrait bien provenir de la différence de coloration des eaux.
Tous ceux qui se conduisaient mal envers moi se gardaient bien de dire qu’ils obéissaient à la crainte de déplaire au premier consul ; mais ils inventaient chaque jour un nouveau prétexte qui pût me nuire, exerçant toute l’énergie de leurs opinions politiques contre une femme persécutée et sans défense, et se prosternant aux pieds des plus vils Jacobins, dès que le premier consul les avait régénérés par le baptême de la faveur. […] Pendant que toute cette négociation très-dangereuse se conduisait, je voyais souvent le général Bernadotte et ses amis ; c’était plus qu’il n’en fallait pour me perdre, si leurs desseins étaient découverts. […] Dans la simplicité de son cœur elle s’appuie sur la main de l’ami qui doit la conduire dans le sentier de la vie ; c’est avec lui que, dans une intimité sainte, elle partagera le bonheur et l’infortune ; c’est elle qui, si Dieu le veut, doit essuyer la dernière sueur sur le front de son époux mortel.
Ce travers l’a conduit à se façonner une femme dès le berceau. […] Tendre sans être romanesque, son bon sens a conduit son cœur ; si Clitandre s’exalte en lui parlant d’amour, elle le ramène au vrai : L’amour dans son transport parle toujours ainsi : Des retours importuns évitons le souci58 . […] Tel indice indifférent le conduit à une veine de comique ; telle intention timide lui suggère une création hardie.
C’est précisément à ce titre que nous regrettons de le voir représenter aujourd’hui dans une salle si défectueuse, où il n’est possible de bien entendre de nulle part, l’acoustique laissant fort à désirer ; où beaucoup de places sont mauvaises ; où les premières sont spécialement affectées aux exhibitions de toilettes et aux conversations mondaines ; où l’orchestre, enfin, manque d’ensemble… et d’un chef pour le conduire. […] Beethoven par Richard Wagner (Suite) Si nous revoyons en arrière le progrès artistique que la musique a fait par Beethoven, nous pourrons faire surtout consister ce progrès en ce que Beethoven a donné à la musique une propriété que l’on croyait devoir, auparavant, lui refuser ; et cette propriété, acquise, a conduit la musique bien loin au-dessus du pur service de la beauté esthétique, jusque dans la sphère du Très-Haut ; et dans cette sphère, l’art des sons devait être, enfin, délivré de tout enchaînement sous les formes traditionnelles ou conventionnelles, délivré au moyen d’une pénétration et animation complète de ces formes par le génie le plus intime de la musique. […] Nous assistons à un véritable réveil, dans cette évolution de la musique instrumentale à la musique vocale, dans ce fait si mémorable, si précieux pour la théorie générale esthétique, et dont l’explication, au propos de la Neuvième symphonie de Beethoven, nous a conduit jusque cette recherche Ce que cette évolution nous signifie, maintenant, c’est une certaine surabondance, une tendance nécessaire et impérieuse pour s’épandre au dehors, comparable, entièrement, à l’effort pour s’éveiller d’un rêve angoissant et cruel : et la signification suprême pour le génie artistique de l’Humanité est que cet effort appelle, ici, une nouvelle forme d’activité artistique, donnant à ce génie une puissance nouvelle, l’aptitude à réaliser l’œuvre d’art dernière.
. — La Chronique de Bertrand du Guesclin, du trouvère Cuvelier ; — et la Geste des Bourguignons, « qui clôt la série des poèmes en laisses monorimes », — nous conduisent de là jusqu’au seuil du xve siècle. […] Le Roman de la Rose. — On en saisit mieux le rapport avec les genres qui les ont précédées, et entre elles. — En observant qu’elles sont toutes, ou à peu près, du même temps, on s’aperçoit que l’« allégorie » caractérise toute une « époque » de la littérature du Moyen Âge ; — et on est conduit à chercher les raisons de ce goût pour l’allégorie. — Il s’en trouve de sociales, comme le danger qu’on pouvait courir à « satiriser » ouvertement un plus puissant que soi ; — mais il y en a surtout de littéraires, qui se tirent — du peu d’étendue de l’observation « directe » de la réalité au Moyen Âge ; — du peu d’aptitude de la langue à exprimer les idées générales sans l’intermédiaire d’une personnification matérielle ; — et de la tendance des « beaux esprits » de tout temps à parler un langage qui ne soit pas entendu de tout le monde. […] 2º Le Poète ; — et qu’en saluant en lui le seul ou le « premier » de nos « vieux romanciers » ; Boileau ne s’est pas trompé. — L’écolier parisien du xve siècle ; — ses aventures ; — et comment elles ont failli le conduire au gibet ; — il était peut-être à la veille d’être pendu quand il a composé sa Ballade des pendus et ses deux Testaments ; — quoique d’ailleurs dans la littérature de son temps le Testament soit une forme consacrée. — S’il a fait partie d’une bande de voleurs, — et qu’en tout cas il était « ès prisons » de La Charité-sur-Loire lors de l’avènement de Louis XI. — Il en sortit à cette occasion, et, de ce moment, on perd sa trace. — Mais on en sait assez pour affirmer que la grande supériorité de son œuvre tient à ce qu’il a « vécu » sa poésie.
Un escalier usé conduit à une porte de chétive apparence. […] Cette porte, enfin, conduisait à l’appartement de Bonstetten.
Une dame conduit chacune d’elles, et on les amène devant lui. […] si je prends ou fais tuer le Cid, mes Cortès se révolteront ; et, si je ne fais point justice, mon âme le payera. » Et là-dessus Chimène prend la balle au bond et dit : « Tiens, toi, tes Cortès, ô roi ; que personne ne les soulève ; et celui qui tua mon père, donne-le-moi pour égal : car celui qui m’a fait tant de mal me fera, je sais, quelque bien. » Chimène se conduit encore ici comme dans la Chronique ; elle insiste seulement beaucoup plus sur ses griefs et sur les raisons qu’elle a de demander justice.
Sorbière avait parlé d’elle tout autrement en effet ; c’est Pellisson, à qui le livre était dédié, qui, s’apercevant qu’à l’article Scarron il y avait des choses qui n’auraient pas fait plaisir à la dame, alors régnante, se conduisit en vrai courtisan, fit réformer toute l’édition, qui était déjà tirée, et mettre un carton où se trouvent aujourd’hui les belles louanges qui passent sur le compte de Sorbière. […] Un abbé Le Clerc, de Lyon, un prêtre sulpicien, avait été scandalisé, non sans quelque raison et motif, des réflexions de Bayle en matière de religion et de son penchant aux libres propos (turpiloquium) ; ce premier scrupule l’avait conduit à faire des ouvrages de Bayle toute une critique étendue et minutieuse.
Les lettres qu’il recommence à écrire nous le peignent au naturel dans l’abattement profond auquel il cédait d’habitude, et d’où il ne sortait que par élans, par les prévisions ardemment lugubres de ses pensées : « Si je n’écoutais que mon goût, écrivait-il de Londres (5 août 4815), il me conduirait dans nos bois recto itinere. […] Jamais je ne serais sorti de moi-même de mes éternelles irrésolutions ; mais Dieu m’avait préparé en ce pays le secours dont j’avais besoin ; sa Providence, par un enchaînement de grâces admirable, m’a conduit au terme où elle m’attendait ; pleine d’amour pour un enfant rebelle, pour le plus indigne des pécheurs, elle m’arrache à ma patrie, à ma famille, à mes amis, à ce fantôme de repos que je m’épuisais à poursuivre, et m’amène aux pieds de son ministre pour y confesser mes égarements et m’y déclarer ses volontés.
Dans Euripide, ce mouvement est beaucoup plus prolongé : Phèdre voudrait d’abord se désaltérer à l’eau pure des fontaines et s’étendre à l’ombre des peupliers ; puis elle s’écrie qu’on la conduise sur la montagne, dans les forêts de pins, où les chiens chassent le cerf, et qu’elle veut lancer le dard thessalien ; enfin elle désire l’arène sacrée de Limna, où s’exercent les coursiers rapides : et la nourrice qui, à chaque souhait, l’a interrompue, lui dit enfin : « Quelle est donc cette nouvelle fantaisie ? […] Tout ceci nous conduirait, si nous l’osions, à conclure avec Corneille que Racine avait un bien plus grand talent pour la poésie en général que pour le théâtre en particulier, et à soupçonner que, s’il fut dramatique en son temps, c’est que son temps n’était qu’à cette mesure de dramatique ; mais que probablement, s’il avait vécu de nos jours, son génie se serait de préférence ouvert une autre voie.
À tout le moins, il a cet avantage incontesté, qu’en partant de quelques termes usuels il conduit aisément et promptement tout lecteur, par une série de combinaisons simples, jusqu’aux combinaisons les plus hautes365. […] Obligé de s’accommoder à ses auditeurs, c’est-à-dire à des gens du monde qui ne sont point spéciaux et qui sont difficiles, il a dû porter à la perfection l’art de se faire écouter et de se faire entendre, c’est-à-dire l’art de composer et d’écrire Avec une industrie délicate et des précautions multipliées, il conduit ses lecteurs par un escalier d’idées doux et rectiligne, de degré en degré, sans omettre une seule marche, en commençant par la plus basse et ainsi de suite jusqu’à la plus haute, de façon qu’ils puissent toujours aller d’un pas égal et suivi, avec la sécurité et l’agrément d’une promenade.
. — Une fois, ils le conduisirent à travers toute une scène de querelle qui finissait par un duel, et, quand les parties furent supposées au rendez-vous, un pistolet fut mis dans sa main ; il lâcha la détente, et le bruit le réveilla. — Une autre fois, le trouvant endormi sur un coffre dans la cabine, ils lui firent croire qu’il était tombé par-dessus le bord et l’exhortèrent à se sauver en nageant ; aussitôt il imita les mouvements de natation. […] J’interroge, quelque temps après, une vieille domestique, jadis au service de mon père et qui me conduisait souvent à Trilport.
En effet, mon cher Laurent, quoique vous ayez donné des preuves d’un mérite et d’une vertu qui semblent à peine appartenir à la nature humaine ; quoiqu’il n’y ait point d’entreprise, si importante qu’elle soit, dont on ne puisse espérer de voir triompher cette prudence et ce courage que vous avez développés dès vos plus jeunes années ; et quoique les mouvements de l’ambition, et l’abondance de ces dons de la fortune qui ont si souvent corrompu des hommes dont les talents, l’expérience et les vertus donnaient les plus hautes espérances, n’aient jamais pu vous faire sortir des bornes de la justice et de la modération, vous pouvez néanmoins, pour vous-même et pour cet État dont les rênes vont bientôt vous être confiées, ou plutôt dont la prospérité repose déjà en grande partie sur vos soins, tirer de grands avantages de vos méditations solitaires ou des entretiens de vos amis sur l’origine et la nature de l’esprit humain : car il n’y a point d’homme qui soit en état de conduire avec succès les affaires publiques, s’il n’a commencé par se faire des habitudes vertueuses, et par enrichir son esprit des connaissances propres à lui faire distinguer avec certitude pour quel but il a été appelé à la vie, ce qu’il doit aux autres et ce qu’il se doit à lui-même. » Alors commença entre Laurent et Alberti une conversation dans laquelle ce dernier s’attache à montrer que, comme la raison est le caractère distinctif de l’homme, l’unique moyen pour lui d’atteindre à la perfection de sa nature, c’est de cultiver son esprit, en faisant entièrement abstraction des intérêts et des affaires purement mondaines. […] La jeunesse florentine, un peu revenue de la première terreur de l’événement, se forma d’elle-même en escorte autour de Laurent et le conduisit à son palais par un détour, afin de lui éviter le spectacle du cadavre de l’infortuné Julien.
« Je ne doute point, lui dit Laurent, que vous ne jouissiez, après moi, d’autant de crédit et d’autorité dans l’État que j’en ai eu moi-même ; mais, comme la république, bien qu’elle ne forme qu’un seul corps, est composée d’un grand nombre de têtes, vous devez vous attendre qu’il ne vous sera pas possible de vous conduire, en toute occasion, de manière à obtenir l’approbation de chaque individu. […] Lorenzino, qui s’était évadé comme pour la recevoir et la conduire, plaça Scoroncocolo dans une antichambre d’où il pût venir à son aide au bruit de la lutte ; puis, étant rentré dans la chambre et croyant Alexandre endormi, il lui demanda à voix basse s’il dormait déjà, et, s’approchant du lit, il lui perça la poitrine de son épée.
Il dresse gauchement son intrigue ; il ne sait pas la conduire. […] Il n’est guère possible de conduire sûrement un dialogue sans avoir en quelque degré le sens psychologique : Musset l’a eu plus qu’aucun romantique.
Ou bien elle glissait, espaçant ses vers pour donner naissance à maintes strophes qui s’y enroulaient, ou bien quelques mots de vieille cantilène, au début de chaque pièce, bien que développés avec des richesses plus modernes et conduits loin de leur sens premier, ajoutaient au poème leur vert parfum agreste. […] C’est un long geste, sans surprise, élevant par guirlandes de riches, somnifères et troublantes corolles bientôt nouées à notre front ; ou bien un doigt haut levé en un signe conduit nos yeux jusqu’à les perdre parmi les fondantes magies de l’horizon qui se déroule.
Avec elle, on traverse les mauvais jours, sans en sentir le poids, on se fait à soi-même sa destinée, on use noblement sa vie 190 Voilà ce que j’ai fait, ajoutait le noble martyre de la science à qui j’emprunte cette page, et ce que je ferais encore ; si j’avais à recommencer ma route, je prendrais celle qui m’a conduit où je suis. […] Et celuy qui demanda à Cratès jusques à quand il faudrait philosopher en receut cette response : jusques à tant que ce ne soient plus des asniers qui conduisent nos armées. » (Montaigne, livre I, XXIV.)