Les valeurs sont choses plus légères, plus éthérées, plus fragiles ; elles attachent moins, et on risque plus de les perdre. […] Si mes origines eussent été moins disgraciées selon le monde, je ne fusse point entré, je n’eusse point persévéré dans cette royale voie de la vie selon l’esprit, à laquelle un voeu de nazaréen m’attacha dès mon enfance.
La publication des Poésies d’André Chénier est le grand titre de M. de Latouche, le grand fait littéraire auquel restera attaché son nom. […] Je m’attacherais à la plus étroite vérité ou vraisemblance, sans aucun épisode romanesque… C’est là que M. de Latouche, sans le dire, a pris l’idée première de la Correspondance, qu’il a exécutée d’ailleurs dans un esprit un peu différent.
Trop maladif et trop irrité pour mériter jamais d’obtenir une place dans la série des véritables moralistes, son nom restera attaché à quantité de mots concis, aigus, vibrants et pittoresques, qui piquent l’attention et qui se fixent bon gré mal gré dans le souvenir. […] Il attachait beaucoup d’importance au nom.
Il serait injuste d’en conclure qu’elle est le privilège des esprits les plus élevés : la réflexion, telle que nous venons de la définir, est plus commune qu’on ne pense : le paysan, le sauvage réfléchissent, comme le philosophe ; peut-être seulement, avec les progrès de l’âge et de la civilisation, la réflexion devient-elle plus fréquente, en même temps qu’elle s’attache à des objets plus variés. […] L’extension du sens des mots, dans une science qui veut être méthodique, ne doit pas se faire au hasard ; le droit d’attacher son nom au genre tout entier n’appartient pas à la première espèce qui a reçu un nom scientifique, quand cette espèce n’est pas dans le genre ou la plus caractéristique ou la plus riche en individus, à plus forte raison quand elle est morbide et exceptionnelle ; or tel est le cas de l’hallucination.
Les ducs de Hautlieu, les comtes de Castelblanc s’appellent aujourd’hui : Morin, Benoît, Thomasset et Berger ; ils sont ingénieurs, avocats, explorateurs en congé, attachés d’ambassade, industriels, savants déjà connus, pas encore célèbres et qui ont pris seulement le voile de la science, mais nous ne les voyons guère dans leur profession. […] Plus près d’elle, dans le travail journalier, elle avait une amie, l’autre type extrême de la mode, l’aventurière, l’errante, la lamentable quêteuse de pain, âme capable de tendresse et nullement d’art, qui ne s’attache qu’aux êtres.
Alexandre, vainqueur de tant de nations, nous attache moins que Darius précipité du trône. […] Il s’attacha moins à décrire les sentiments connus, qu’à distinguer les nuances peu connues qui les modifient.
Entendons-nous bien : ce ne serait pas d’avoir eu dans sa longue vie quelques amis attachés et fidèles qu’on pourrait raisonnablement lui faire un crime : le triste et le fâcheux, ç’a été la succession et le renouvellement à l’infini, c’est la liste et la kyrielle.
Sainte-Beuve, qui y trouvait son heure de récréation hebdomadaire, et l’une des mille joies intellectuelles attachées à la profession.
Celui que nous appelions Bion est devenu plus sauvage, il désire presque d’être pâtre comme l’était en Écosse le Berger d’Ettrick Mais il a beau vouloir, l’art grec s’attache à lui, et se trahit en parfum sous cette âpreté (1833).
Mais on s’attachera principalement au xiie siècle : 1º parce que c’est l’ère véritable de la scolastique ; 2º parce que c’en est surtout le commencement en France ; 3º parce qu’il y a très peu d’écrits philosophiques de ce temps qui aient été publiés.
Souvent on se laisse tromper par une apparence de brièveté ; et l’on prend pour brièveté ce qui n’est que longueur : ainsi l’on tâche de dire brièvement beaucoup de faits, au lieu de s’attacher à en réduire le nombre et à n’exprimer que les nécessaires.
Il s’attacha surtout à faire ressortir les règles fondamentales de la méthode scientifique, à y accoutumer les esprits : ne rien croire que par raison, savoir douter, savoir ignorer. « Je ne vois qu’un grand je ne sais quoi, où je ne vois rien », écrit-il à propos des habitants des planètes.
Autre avantage des incognitos : les reconnaissances s’y attachent ; ce sont de bons coups de théâtre ; et rien n’est plus commode que d’y emboîter un dénouement.
La réflexion attache à la vie.
Par ce charme les soldats ne s’attachent pas seulement à lui, mais ils se détachent de tout le reste.
Il y a d’ailleurs des sensations qu’il est toujours en son pouvoir de se donner : ce sont les sensations musculaires ou motrices, les sensations attachées au mouvement ; dès que l’enfant meut une partie de son corps, il éprouve ces sensations et peut les renouveler en recommençant le même effort moteur.
L’on aura désigné ainsi par le dehors et le dedans, ta sorte d’Athénien, par exemple, qui s’attachait à Aristophane, et celle qui se sentait exprimée par Euripide ; le citadin de la renaissance italienne dont les goûts allaient aux peintures sévères de l’école florentine, et l’habitant de Venise qui, charmé d’abord par le colorisme des Titien et des Tintoret, versa dans les luxurieuses mythologies de leurs successeurs ; de l’habitué des concerts du dimanche à Paris qui, penché toute la semaine sur quelque besogne pratique, retrouve une fois par semaine une âme enthousiaste et grave, digne de s’émouvoir aux hautes passions d’un Beethoven, au religieux naturalisme de Wagner, au trouble de Berlioz.
Je l’ai dit déjà, mais il faut y revenir, les hommes, pour se venger sans doute de ce qu’elle pouvait être sublime et rester femme, l’appelèrent hommasse, croyant ainsi la rapprocher d’eux ; mais elle ne l’était pas, même physiquement, quoiqu’on l’ait dit et qu’elle tînt de son père, le Suisse emphatique, ces gros traits que Gérard n’a pas craint de peindre, sentant bien que la femme, la femme idéale qui transforme et divinise tout, se retrouverait toujours en ces yeux astres, dans lesquels on ne savait ce qui brillait le plus du feu ou des larmes, et dans cette bouche si éloquemment entr’ouverte, et dans cette poitrine de Niobé, et dans ces bras d’une rondeur toute-puissante, robustes seulement pour s’attacher.
C’était Rivarol qui disait, je crois, qu’il ne fallait pas attacher de plomb à une robe de gaze, mais le conseil de Rivarol n’a pas été suivi par M. de Falloux, et toute la pauvre gaze de Mme Swetchine a été plombée !
Et n’est-ce pas à ces causes humaines que l’historien philosophe devait s’attacher ?
L’auteur, en dehors de son livre, m’est inconnu, mais je ne serais pas surpris qu’il fût attaché comme « rédacteur » au ministère des affaires étrangères ; et, s’il n’y est pas, on peut l’y mettre, car il a la convenance, la correction, la haute prudence, le culte du carton, la cravate blanche, tirée à quatre épingles, qu’on a dans ces pays ministériels, quand on y écrit quelque chose.
Tous les deux, par ce côté, du moins, restent imposants devant l’Histoire, au-dessus ou à côté du ridicule et du mépris qui s’attachent aux prétentions ou aux faits contraires aux lois de la nature humaine ; mais elle plus imposante que lui, — et c’est justice !
Forcément attaché à l’ordre des temps, Lavallée nous dessine aujourd’hui le profil virginal et charmant.
La voici qui veut en attacher deux à Abailard, — le nimbe qui se joue autour des tempes pensives du, génie, et le rayon sortant des cœurs qui ont beaucoup aimé et noblement souffert.
Mais son orageuse amitié pour la duchesse de Choiseul, pour Mademoiselle de Lespinasse, avec laquelle elle rompit de toute la force de son attache, mais sa romanesque passion pour Walpole, qui la prit vieille et fut un incendie dans ses cheveux blancs, disent assez haut que la faculté de s’émouvoir jusqu’à la folie ne manqua point à cette ennuyée, à qui des sentiments pareils ne suffisaient pas !
La voici qui veut en attacher deux à Abailard, — le nimbe qui se joue autour des tempes pensives du génie, et le rayon, sortant des cœurs qui ont beaucoup aimé et noblement souffert.
La philosophie, la négation, l’incrédulité, après s’être beaucoup remuées dans les limites des facultés humaines, auxquelles elles tiennent comme le rayon de la roue tient à son moyeu, sont revenues à leur point de départ en faisant un circuit immense, s’imaginant avoir progressé, comme l’animal qui paît l’herbe croit s’être avancé pour avoir péniblement tendu la corde du grossier piquet qui l’attache au sol.
Le bruit qui s’attache aux livres est une telle ironie, qu’il est difficile de prévoir si la majorité des intelligences sera convaincue au même degré que nous de tous les mérites des Mémoires que nous annonçons.
… Il a été, je le reconnais, plus explicite sur la question des enterrements vivants, qu’il a exposée et qu’il a cherché à résoudre ; mais, franchement, était-ce un rapport, limpide comme l’eau, je le veux bien, mais froid comme elle, qui pouvait suffire pour traiter cette effrayante question qui convulse jusqu’à la pensée, et qu’à force de talent, d’émotion, d’éloquence, de griffe de feu dans l’éloquence, il faudrait, dans l’intérêt de sa solution absolue, attacher, comme une flamme, à nos esprits et à nos cœurs !!
On a été bien gentil pour Vacquerie, pour cet excellent porteur attaché à la litière du grand Hugo ; mais on n’a pas été enthousiaste.
le pauvre hère, c’est le poète, le poète attaché à cette rime exacte qui est son bourreau mystérieux !
Un pétard a été attaché à la queue de ce misérable livre, et ce pétard a fait trop de bruit pour que je puisse me taire et passer en disant que nous n’avons rien entendu.
À cela près, il attache et intéresse comme lui, sans paraître s’en occuper.
C’est alors qu’on attache une égale honte à être satirique ou flatteur.
Ces monuments superbes ne font qu’attirer sur leurs cendres l’envie attachée autrefois à leurs personnes, à moins que la vertu ne consacre leur mémoire, et n’éternise pour ainsi dire cette fausse immortalité qu’on cherche inutilement dans des colonnes et des statues. » Il nous rappelle ensuite les idées de Rome, de Sparte et d’Athènes, qui eussent honoré le maréchal de Boufflers, comme elles honorent leur Miltiade, leur Phocion, les Caton, les Décius et les Fabrice.
Par là doit s’expliquer, à côté de l’admiration pour le génie, la faveur encore attachée longtemps au nom de Pindare, dans le changement des lois et des mœurs de la Grèce, et dans l’acheminement des esprits vers la soumission à un conquérant qui rendrait le nom grec maître de l’Asie.
Brunetière attache tant de prix à la tradition qu’il voudrait qu’on n’arrivât au maniement des affaires qu’après une longue préparation… héréditaire. […] Bourget est bien un penseur épris de vérité, attaché d’une étreinte solide aux faits positifs. […] Il est permis d’attacher assez peu d’importance aux prophéties de ce genre. […] Elles sont du reste minutieusement calculées par un écrivain laborieux et réfléchi qui attache la plus grande importance au choix de l’épithète rare, à la mise en valeur de l’expression frappante. […] Bourget s’attache en conséquence à nuancer son style, et comme il se tient toujours dans les tons atténués, il arrive à cette élégance aristocratique et à ce charme discret qu’ont les vieilles tapisseries aux couleurs passées.
En même temps elle prenait la résolution de s’instruire et se mit avec ardeur à des lectures qui l’attachèrent passionnément. […] Laissez-leur l’idéal, et ne les attachez pas à la réalité par les chaînes de la loi. […] Quelle chose précieuse est donc le parfum, qui, sans rien faire perdre à la plante dont il émane, s’attache aux mains d’un ami, et le suit en voyage pour le charmer et lui rappeler longtemps la beauté de la fleur qu’il aime ? […] Le voilà, baigné du flot bleu, les pieds ensevelis dans le sable de la rive, sa tête reposant sur un tapis de lotus, son regard attaché au ciel. […] Je n’attache, pour ma part, qu’une médiocre importance à ces distinctions tranchantes de programmes et à ces prétentions absolues en sens divers.
J’avais l’honneur de causer hier avec un homme politique fort attaché au parti républicain modéré, qu’il honore par sa correction et sa mélancolie. […] Zola s’est volontairement enfermé l’attache à une époque qui n’est plus la nôtre. […] Berville et Barrière publiaient la volumineuse collection de Mémoires à laquelle leur nom est attaché. […] Aulard, qui recueille avec un zèle infatigable les documents pour servir à l’histoire de l’époque à laquelle il a attaché son nom et sa fortune. […] Elle écrivait le 25 août : « Le prince, mon mari, depuis deux jours, paraît véritablement s’attacher à moi ; c’est réellement un homme charmant, rempli d’amabilité, d’esprit, de bonté.
Le secret à quoi est attachée la prospérité d’Athènes consiste en ceci : Œdipe reposera en terre attique ; mais personne ne saura à quel endroit, sauf le roi d’Athènes. […] il n’a pas été jusque-là dans l’irrévérence à l’endroit d’Euripide et dans la forte attache aux sévères lois de l’unité d’action. […] Les patriarches et les prophètes me prêteront assistance, puisque je me suis attaché à renouveler leurs vertus et ils ne m’oublieront pas à l’heure de ma mort. […] C’est le sens qu’on attache à ce mot quand on parle de l’Avare, de Tartuffe, du Bourgeois gentilhomme, etc. […] « Molière, en prêtant à Alceste une ardente affection pour Célimène, la dernière femme que dût chérir un misanthrope, ne tenait guère à nous attacher au sort de ce sentiment.
Parmi ces illustres contemporains que je citais tout à l’heure, il en est un, un seul, celui qu’on serait le moins tenté de rapprocher de notre poëte, et qui pourtant, comme lui, plus que lui, mit en question les principaux fondements de la société d’alors, et qui envisagea sans préjugé aucun la naissance, la qualité, la propriété ; mais Pascal (car ce fut l’audacieux) ne se servit de ce peu de fondement, ou plutôt de cette ruine qu’il faisait de toutes les choses d’alentour, que pour s’attacher avec plus d’effroi à la colonne du temple, pour embrasser convulsivement la Croix. […] Le prince, enchanté, voulut se l’attacher comme secrétaire et le faire succéder au poëte Sarasin qui venait de mourir ; Molière refusa par attachement pour sa troupe, par amour de son métier et de la vie indépendante. […] Auger s’est attaché à relever comme fautes tous les manques de repos à l’hémistiche chez Molière ; c’est peine puérile, puisque notre poëte ne suit pas là-dessus la loi de Boileau et des autres réguliers. […] Le grand nombre superficiel salue au passage un trait de sa connaissance et s’écrie : « C’est le portrait de tel homme. » On attache pour plus de commodité une étiquette connue à un personnage nouveau.
Si l’on y regarde de plus près, et si l’on éclaire son commentaire souvent répété de la phrase de Rousseau par une page où il décrit la première éducation de l’enfant civilisé33, on voit qu’il considérait les deux langages comme d’ordinaire simultanés : quand l’esprit s’attache à des objets qui ne tombent pas sous les sens, alors seulement « l’imagination s’arrête » comme dit Rousseau, et le mot intérieur reste seul pour accompagner l’idée ; or le cas contraire est très rare, sauf dans la première enfance, car les idées générales, alors même que leurs objets font partie de la nature visible, impliquent l’activité de l’entendement et supposent la conception de rapports purement intellectuels34 ; la parole intérieure, accompagnée ou non d’images, doit donc être presque constante, du moins à partir de l’adolescence. […] Voilà pourquoi ses contemporains ne profitèrent pas de ce qu’il est permis d’appeler sa découverte, et pourquoi, au lieu de la féconder par une analyse plus pénétrante, ils s’attachèrent uniquement à réfuter la théorie de la révélation du langage. […] Aussi avons-nous, dans la suite de ce travail, négligé la distinction de Cardaillac pour nous attacher de préférence aux deux autres que nous venons d’indiquer : l’antériorité du mot sur l’idée ou de l’idée sur le mot [ch. […] IV, § 2 et 6 ; etc.], qu’elle restitue aux états psychiques la vivacité que la répétition leur enlève ; les états qui résistent, comme la parole intérieure, à la destruction lente que produit l’habitude, sont les états que l’attention préfère et cultive, les états auxquels elle s’attache à l’exclusion des autres, qu’elle dédaigne.
Ils le font frémir sous leurs reproches à la Brutus, l’enthousiasment pour leur conception stoïcienne du devoir ; ainsi jouit-il gratuitement de toutes les émotions attachées à la grandeur morale. […] La manifestation la plus frappante de l’intime ardeur théologique traditionnelle dans cette maison, c’est que le seul dessein auquel Benjamin lui-même se soit attaché avec suite, soit précisément un ouvrage sur le problème religieux. […] Et comme nous ne pouvons être attachés qu’à notre bien propre, il faut, pour vivre conformément à un ordre général, sentir en lui notre soutien personnel. […] C’est cette exaltation qui est emphatique par rapport à la petitesse ou l’indignité des objets auxquels elle s’attache et qu’elle revêt d’une importance ou d’une sublimité menteuses. […] Un certain aveuglement général de l’intelligence, joint à une surexcitation stérile de la sensibilité, fit que, sans jouer précisément la comédie, on attachât le pathétique le plus exagéré, les plus grandes images, les dires les plus exaltés, aux idées parfois les plus vides de substance, les plus dépourvues de sérieux.
Raspail, qui avait continué de vivre en Belgique, à la nouvelle de cette mort, ait écrit cinq jours après au fils de la chère défunte cette lettre pathétique et grave, qui mérite de rester attachée à sa mémoire comme la suprême oraison funèbre : « Monsieur, j’ai lu et relu, les yeux remplis de larmes, votre pieuse lettre ; c’est le dernier adieu que votre illustre mère vous a chargé de me transmettre, vous, le légataire universel de ses souvenirs, de ses affections et de ses grandes qualités.
A l’instant où il allait recevoir le coup fatal, on s’aperçut que le couteau n’avait pas été remonté ; il fallut disposer l’instrument : il employa ce temps à proférer encore quelques paroles ; il assurait que « nul ne mourait plus dévoué à son pays, plus attaché à son bonheur et à sa liberté. »Depuis le désastre de prairial, le jacobinisme perdit le rang de parti, et retomba à l’état de secte, jusqu’à l’affaire de Gracchus Babeuf, où il acheva de se dissoudre.
qui éloigne peut-être de vous des êtres que vous auriez aimés, qui se seraient attachés à vous, si de vains bruits n’avaient épouvanté les affections qui se nourrissent du calme et du silence.
Esprit exact plutôt que vaste, minutieux, formaliste, il s’attache passionnément à perfectionner la langue.
Mais quand leurs dégoûts portent sur des mots, il est bien rare qu’ils ne s’attachent pas à certains sens des mots, par conséquent aux idées : et ils ne repoussent les mots ignobles que comme signe d’idées ignobles.
Le jour même où j’allais donner le bon à tirer de cette feuille la mort de mon frère est venue rompre le dernier lien qui m’attachait aux souvenirs du toit paternel.
Une autre raison pour laquelle on manque de bons traducteurs, c’est l’injustice qu’on a de ne pas attacher de la gloire à leur occupation.
Le vrai goût s’attache à un ou deux caractères et abandonne le reste à l’imagination ; les détails sont petits, ingénieux et puérils.
Alexandre, César, ce roi philosophe dont je viens de vous parler, tous d’aussi bonne maison que ces messieurs, et à ce que je crois, un peu plus grands hommes, seraient d’un autre avis, plus juste et plus flatteur pour celui dont je parle ; et le public, plus fort que tous les gens à la mode, le dédommagera, par son suffrage, de ceux qu’il n’aurait pas le bonheur d’obtenir : ce public, un peu dur quelquefois, mais toujours respectable, prendrait la liberté de dire à ses frivoles censeurs : Rien n’est si ridicule que de vouloir attacher du ridicule aux talents, et de paraître dédaigner ce qu’on n’est pas en état de faire.
Écartez le Pape, la splendeur se retire de cette tête autour de laquelle Renée essaierait en vain d’attacher avec tout son talent une auréole, et la voilà qui n’est plus qu’une de ces individualités féodales comme il en passa tant, pour s’y perdre, dans cette histoire d’Italie où le savant Ferrari comptait avec désespoir sept mille révolutions.
Au milieu des raisonnements politiques, appuyés de faits, qui sont le fond de cet ouvrage, évidemment écrit pour des lettrés qui savent ou doivent savoir l’histoire, et où il n’y a jamais le terre-à-terre d’une narration, se dressent, peintes, deux à trois figures, auxquelles l’auteur attache l’éclair qu’il a mis à la figure de Henri IV, ce sensé, qui n’eut jamais, en faisant le huguenot, une seule des passions huguenotes, qui voyait clair en se cachant, et honora toujours l’Église, même quand il l’insultait !
Voilà pourquoi toute critique qui va plus loin que l’œuvre d’art et l’édifice de la composition, ne doit pas laisser circuler, sans avertir et sans y attacher une étiquette, ce sachet de graines vénéneuses, ce haschich préparé pour les têtes ardentes, ce petit poison de Java dans lequel les Tricoteuses des temps futurs peuvent tremper la pointe de leurs aiguilles, et qu’on nous débite, en ce moment, avec des airs vertueux et sensibles dignes de la femme de l’apothicaire de Roméo !
II Que grâces lui soient rendues, à cette Correspondance qui balaie, du coup, les anecdotes et les anecdotiers sur Balzac, les anecdotes et les anecdotiers qui s’attachent à toute célébrité et sont la vermine de toute gloire.
Quand il sera trop tard, vous vous reprocherez peut-être, quelque soin que vous preniez d’étouffer votre vie sous de bonnes actions de détail, de n’avoir pas fait ce qu’il était si facile de faire pour sauver un ami tel que le ciel en donne rarement… Pourquoi avez-vous craint de m’attacher au bien que vous faites ?
Il a décliné la discussion elle-même ; il s’est fait, avec une passion singulière, et dont nous dirons le mot tout à l’heure, le caudataire du soi-disant génie d’Hoffmann, et il l’a suivi ou précédé modestement dans de petites notes, attachées aux documents qu’il a recueillis.
Artiste délicat, il lui attache des ailes transparentes qui ne fondent point comme celles d’Icare et qui l’emportent bien loin de tous les malheureux culs-de-plombs qui peuplent les Académies !
ou l’histoire de ce Visionnaire prodigieux, né en pleine époque rationaliste et rationaliste lui-même, quoique visionnaire, cette histoire, difficile à écrire et plus difficile à comprendre, soulève-t-elle trop de questions pour que la Critique, ce feu follet du feuilleton, s’attache à ces questions et les éclaire de son phosphore de passage ?
Les notes qu’il a attachées au bas des pages de son livre nous le disent assez.
Au lieu d’écrire, eux qui l’avaient connu, sous l’empire des souvenirs personnels et émus qu’il leur avait laissés, ils ont mieux aimé s’adresser à un écrivain qui ne l’avait jamais vu, pour dire au monde ce qu’il était et lui attacher le second grelot de sa gloire, puisque le premier n’avait pas assez retenti !
Sort cruel que de s’attacher A ce qui de nous se détache !
Il avait, comme l’a dit Jean-Paul, les racines horizontales et verticales qui attachent un homme à la terre.
L’abaissement de son exécution fait resplendir qu’il a eu, en écrivant, les yeux attachés sur le public pour lequel il écrivait ; qu’il lui en a fourré selon ses goûts ; qu’il l’a pris par ses préoccupations les plus momentanées ; que l’homme s’est fait enfin le courtisan du public et non son dompteur de génie… cherchant, avant la gloire de l’art, le petit chatouillement de la popularité.
n’écris pas pour un homme, mais pour les hommes : attache ta réputation aux intérêts éternels du genre humain : alors la postérité reconnaissante démêlera tes écrits dans les bibliothèques ; alors ton buste sera honoré et peut-être baigné de larmes chez des peuples qui ne t’auront jamais vu, et ton génie, toujours utile, selon la belle expression d’un de nos poètes, sera contemporain de tous les âges, et citoyen de tous les lieux.
L’âme qui est fortement émue, s’attache tout entière à son objet, et ne va point s’écarter de sa route pour faire contraster ensemble des mots ou des idées.
Disons-le même : à cet emploi de sa force, à cette extension graduelle du christianisme et de la civilisation vers nos confins orientaux d’Asie et d’Afrique, est attaché le véritable équilibre du monde, la prédominance glorieuse et durable du génie de l’Europe devant cet immense continent américain qu’elle a découvert et peuplé.
L’artiste, au lieu de s’attacher à des réalités matérielles, cherche l’apparence et s’y complaît ; l’art suprême, c’est celui où le jeu atteint son maximum, où nous en venons à jouer, pour ainsi dire, avec le fond même de notre être : telle est la poésie, et surtout la poésie dramatique. […] C’est un exemple assez banal que celui de Joseph Vernet se faisant attacher à un mât pour contempler une tempête ; dira-t-on qu’il sentait moins la sublimité de l’Océan parce qu’il était acteur en même temps que spectateur ? […] Le développement de tel ou tel art semble le plus souvent attaché à certaines mœurs et à un certain état social. […] L’appréciation du public en aurait davantage ; mais, en général, tout lecteur qui n’est point un rimeur lui-même n’attachera pas une importance exagérée à la richesse de la rime : c’est là une affaire de métier plutôt que d’oreille. […] Ainsi en est-il dans le monde des artistes : trop souvent, au lieu de saisir dans l’œuvre des Musset et des Hugo l’idée qui la dominait, on s’est attaché aux petites choses du métier, à tel grain de poussière.
Félicitons cependant Molière d’avoir rendu Célie plus intéressante qu’Eleonora ; c’est de l’aveu de son père qu’elle s’est attachée à Lélie, et cet aveu l’autorise à refuser le nouvel époux qu’on veut lui donner : félicitons aussi Molière d’avoir préparé la jalousie de la femme de Sganarelle, en lui faisant surprendre son mari passant la main sur la gorge de Célie, pour voir si elle respire encore. […] Arnolphe est goguenard ; il aime à plaisanter les époux maltraités, et craint pour lui le mépris qu’il attache à leur disgrâce ; il est dévoré de jalousie, et il est forcé de paraître écouter avec satisfaction le rival qui, sans lui donner le temps de respirer, vient à chaque instant lui raconter ses succès. […] Tant de bons procédés auraient dû attacher pour toujours l’auteur des Frères ennemis à Molière ; et l’acteur, dont celui-ci va former les mœurs et les talents, n’aurait pu que rendre cette union plus durable, plus utile. […] Tous les rôles de cette pièce offrent, dans leur ensemble et leurs détails, tant de beautés à rendre, tant de nuances à saisir, qu’il est très difficile, sans doute, qu’un comédien les saisisse et les rende toutes avec la même force, avec la même délicatesse ; mais au moins devrait-il s’attacher à l’essentiel, au fond du caractère qu’il représente. […] Secondement, est-ce lorsqu’un exploit jette une famille dans la plus grande désolation, qu’une soubrette, attachée à ses maîtres, doit plaisanter avec l’huissier qui le signifie ?
j’ai peur d’avoir peur, d’avoir froid, je me cache Comme un oiseau tombé qui tremble qu’on l’attache. […] Certes, des ouvrages fort médiocres, plus brillantés que brillants, s’attirent facilement une pareille vogue ; mais, quand d’aventure elle s’attache à un vrai chef-d’œuvre, c’est une grande joie. […] Tout ceci est le résultat d’une situation fausse prolongée, attaché que je suis au centre de Paris, en butte à toutes les obsessions du monde ou autres et envahi à la longue sans plus de défense. […] Accablé de souffrances, il tâtait le dos de ses bêtes qui passaient, sans s’apercevoir que des hommes étaient attachés sous leurs ventres à l’épaisse toison. […] Puis selon Tolstoï, le comédien Shakespeare a dû être un méchant homme, fort corrompu, un flatteur qui ne s’attachait qu’aux grands et qui méprisait le peuple.
Giraud s’est-il trop attaché à mettre en lumière les avantages de cette large éducation du normalien, du jeune professeur ? […] Il s’est attaché, de préférence, aux sciences naturelles. […] Presque aussitôt, par besoin de s’attacher à l’opinion « la plus nouvelle et la plus poétique », se produit l’adhésion, très réfléchie, et non moins obstinée, à la métaphysique panthéiste. […] Mais, avant de s’attacher, pour si peu de temps que ce soit, à ce maître exceptionnel et d’exemple assez dangereux, André Beaunier en avait subi, ou volontairement suivi, de moins étranges. […] C’est aux images effacées d’un vieux roman, plein de tendresse, ou d’une chanson surannée, que l’admiration du captif se reporte ; c’est aux légendes illustrées par des imagiers malhabiles, mais si naïfs, que s’attache toute sa faveur.
C’est dans ce qui échappe aux sens, c’est dans le monde invisible que l’art trouve le modèle qu’il doit s’attacher à peindre. […] La gloire humaine ne peut s’attacher qu’à ce qui est d’origine et d’œuvre humaines. […] Nous n’avons pas besoin de dire que le mot de prose n’a jamais ici le sens qui s’est attaché au mot prosaïque, et qui emporte avec lui quelque chose de bas et de vulgaire. […] Pourquoi une idée de vulgarité s’est-elle naturellement attachée à l’idée de la prose ? […] Il y a des hommes dont la vue s’attache surtout à l’élément difforme et désordonné.
« Myrrha marchait toujours, les yeux attachés sur Néron. […] « — Prends garde, en recevant le bon Dieu, mon enfant, qu’il ne s’attache pas à ton palais. […] Il devenait l’errant à qui personne ne s’attache, et pour qui personne ne répond. […] Didot lui-même qui corrige les épreuves ; il attache du prix à cet ouvrage qui peut faire honneur à ses presses. […] Je m’attachai donc à ses pas pendant l’audience qui suivit.
Qu’on l’écrive donc à l’endroit ou à l’envers, à l’encre rouge ou à l’encre noire, qu’on l’attache avec du gros fil ou avec de la faveur, qu’on le fasse avant de le vendre, qu’on le vende avant de le faire, qu’importe, s’il n’est pas du genre ennuyeux ? […] La Esmeralda est encore un entant, pauvre créature abandonnée, sans famille, sans appui, vivant au milieu d’une race impure, et ayant pour spectateurs habituels des figures d’émeute ; est-il étonnant qu’elle ait donné son cœur à un bel homme d’armes, grand et fort, et qu’elle ait attaché sa frêle destinée à celle d’un amant qui peut lui servir de protecteur ? […] Je n’ai point l’honneur de connaître nos conteuses ; je les crois toutes belles, toutes attachées à leurs devoirs, toutes bonnes mères, bonnes femmes ou bonnes filles. […] Ce n’est pas la description que nous admirons dans les antiques épopées, cette description simple, sommaire, qui se compose de peu de traits, et qui s’attache bien plus à faire sentir la vie d’un objet qu’à en représenter l’aspect matériel ; cette description plus philosophique que physique, dont l’effet est bien plutôt de faire rêver l’âme que de déployer des panoramas devant l’imagination ; c’est la description des littératures en décadence, plus physique que philosophique, exacte et minutieuse comme un état de lieux, et rendant les choses non plus avec ces formes adoucies et fondues qu’elles ont dans la nature visible, mais avec ce luxe de couleurs, d’aspérités, d’angles, et ce grossissement des proportions que leur prête le microscope.
Les poètes s’appliqueront donc à choisir les époques où les mœurs reluisent de tout leur éclat : mais quelles que soient celles qu’ils représentent, ils sont certains d’attacher la curiosité en les traçant avec détail, et d’une manière conforme aux temps, aux lieux, et aux personnages. […] À ce même épisode s’attache la prédiction d’Hélénus : et de là découlent toutes les particularités qui concernent les mœurs de la vieille Italie, de ses colonies grecques et phrygiennes, et de ses oracles prononcés par les rois pontifes et par la sibylle. […] Nous avons défini la condition des épisodes, spécifié leurs qualités, démontré les liens qui les doivent attacher au sujet dont ils dépendent, comparé les uns aux autres, et indiqué la source de tous. […] Il se plonge d’abord dans les enfers, il y fonde un empire, il y bâtit un Pandémonium, il y crée des êtres fantastiques dont les mouvements attachent la curiosité, et se fraie des routes imaginaires au sein d’un orageux chaos. […] Lié dès mon adolescence avec l’un et l’autre, il faut que la loi de la saine critique me paraisse bien impérieuse pour que j’aie un moment imposé silence aux souvenirs qui m’attachent à notre ingénieux et illustre Delille.
La plupart restaient comme attachés à leur auteur, en relations étroites avec les circonstances personnelles qui les avaient produits. […] Son vol est moins élevé qu’il ne le paraît : des liens qu’on finit par connaître l’attachent à la terre. […] L’idée de Goethe a été beaucoup plus simple : il s’est épris de Gœtz pour des raisons analogues à celles qui l’avaient attaché à Shakespeare. […] Ainsi le matelot s’attache encore avec force au rocher contre lequel il devait échouer. […] Il possède le talent d’attirer les hommes, et de se les attacher par de grandes et de petites attentions ; mais il sait toujours garder lui-même toute sa liberté.
Nous devenons père, et la qualité de l’amour qui nous attache à la mère de nos enfants augmente ou diminue les chances de déviation ou de droite existence pour ceux à qui nous infligeons l’être. […] De nos jours, les écrivains naturalistes qui se sont plus particulièrement attachés à ce problème du Moderne le résolvent par la théorie de la nouveauté dans le fond et dans la forme. […] En d’autres termes, il faut que cet écrivain s’attache à posséder en première ligne le pouvoir de l’objectivité. […] Mais il est bon que l’observation interne, celle qui se préoccupe du détail singulier, des caractères originaux, de la psychologie et, par suite, des problèmes moraux reprenne sa place à côté de l’autre, de cette observation qui s’attache uniquement aux effets, à la couleur de la vie sans chercher les causes. […] Dans cet étrange état de dédoublement, la sensibilité vraie, celle qui nous attache à des créatures particulières, que nous voyons, que nous connaissons, à des objets concrets et précis, cette sensibilité naturelle et qui est celle du paysan comme du grand seigneur, ne se développe plus.
Elles font valoir avec force les liens de la parenté naturelle, les liens qui attachent un fils à sa mère. […] L’intérêt romanesque, qu’inspirent la passion et la personne des amoureux, a remplacé l’intérêt plus élevé et surtout plus solide qui s’attachait dans le théâtre antique aux droits des époux ou des parents199. […] Mais, maintenant, si le personnage s’absorbe tout entier dans ce but, en soi faux, et cela sérieusement, comme constituant le fond même de son existence, au point que si celui-ci se dérobe sous lui, il s’y attache d’autant plus et se trouve d’autant plus malheureux, une pareille représentation manque de ce qui est l’essence du comique.
Le duc de Savoie, Charles-Emmanuel, honora le poète qui portait avec lui l’illustration et l’immortalité ; il le conjura de s’attacher à lui et lui offrit un traitement et des distinctions analogues à la situation qu’il occupait à la cour d’Alphonse. « Sachez, illustrissime seigneur, écrit le Tasse au cardinal Albano, à Rome, que je suis à Turin, à la cour du marquis d’Este, auquel j’ai un désir infini de m’attacher à cause de ma dépendance de son illustre famille et de mon affection pour son beau-frère ; il désire aussi me prendre à son service ; mais telle est l’instabilité de mon caractère et de ma fortune, que rien, dans ces engagements, ne peut paraître stable, à moins qu’une autre main ne stipule pour moi plus que je ne peux garantir moi-même. […] Le Tasse s’était vivement attaché à ce jeune homme ; il lui communiquait les vers qu’il composait encore dans sa prison, et lui permettait d’en prendre des copies sous ses yeux.
« Mais son cœur lui échappe et s’attache à une fausse image de l’amour. […] Sa poésie a une ingénuité de sentiments et d’émotions qui s’attachent à des objets pour lesquels le grand nombre n’a guère de sympathie, et où il y a plutôt travers d’esprit ou habitudes bizarres de jeune homme pauvre et souffreteux, qu’attachement naturel et poétique. […] Il rejoint en chemin Mécène et Horace ; il a pour compagnons Plotius et Varius, et l’agréable narrateur les qualifie tous trois (mais nous aimons surtout à rapporter l’éloge à Virgile) les âmes les plus belles et les plus sincères que la terre ait portées, celles auxquelles il est attaché avec le plus de tendresse.
Il ne nie rien du corps auquel son âme est attachée dans cette vie. […] Considérons à quelles choses elle s’attache, quel commerce elle recherche, comme étant par sa nature de la même famille que ce qui est divin, immortel, impérissable. […] Quel immense intérêt s’attachait donc, pour Platon, à cette question qui achève et comprend toutes les autres ?
Il faut donc, sous peine de forcer ces grandes natures à se réfugier dans le tombeau avant l’heure marquée par le destin et à chercher la paix dans le suicide, il faut que la Providence, dans sa bonté infinie pour tous les êtres, donne à cet homme d’élite la goutte d’eau de l’éponge qu’on laisse tomber sur les lèvres pâles du Nazaréen dans son agonie sur la croix ; cette goutte d’eau, c’est le culte fidèle de quelques rares et tendres admirateurs au-dessus du monde par leur intelligence et leur dévouement, qui s’attachent aux pas, aux malheurs même des hommes supérieurs et persécutés, et qui les suivent de station en station jusqu’à leur supplice ou à leur mort. […] « Elle a toujours été pour le pays un bon ange, dit-il, et le deviendra davantage à mesure qu’elle lui sera plus attachée. […] Vous voyez que, à ce point de vue et avec ces idées, on ne peut attacher d’importance ni au noble Tobie, ni à la Sagesse de Salomon, ni aux Proverbes de Sirach.
Des attachés d’ambassade de toutes les parties du monde arrivent en foule. […] Et nous sommes devenus les esclaves de nos créatures : car les désirs sont nés qui nous ont attachés aux choses, les besoins fatals, motifs nous contraignant, désormais, à l’assidue création des mêmes Apparences. […] Alberich dont les yeux attirés puissants par le brillement, s’attachent fixes à l’Or.
A chaque clou qu’il fixe, à chaque pièce qu’il emboîte, il constate naïvement la perfection du travail ; — « Voilà qui est fait et en un instant… Ce bras-ci tient, aucun effort n’en briserait l’attache… Certes, excepté lui, nul ne me blâmera. » II. — Héphestos (le Vulcain latin). — Son origine volcanique. — Son génie d’artiste, ses chefs-d’œuvre. — Thétis dans La forge d’Éphestos. […] Telles, des chauves-souris, au fond d’un antre divin, voltigent avec un bruit strident, quand l’une d’elles tombe de la roche où leur essaim amassé s’attache ; de même les urnes volaient en bruissant. […] Hermès étant l’agent naturel de ces séductions innombrables, une idée de proxénétisme s’attacha à ses courses et à ses messages ; son rayon nocturne s’avilit au bas office du flambeau que portait l’esclave cubiculaire des lits impudiques.
III Cette condition sociale dans laquelle j’avais eu le hasard de naître, le pays pastoral et agricole que nous habitions, la maison, les vergers, les champs, les aspects, les relations fières, mais douces, des paysans avec le château et du château avec les chaumières ; les nombreux serviteurs, jeunes ou vieux, attachés héréditairement à la famille par honneur et par affection plus que par leurs pauvres salaires ; mon père, ma mère, mes sœurs, les occupations pastorales, rurales, domestiques, des champs ou du ménage, toutes ces habitudes, au milieu desquelles je grandissais, étaient tellement semblables aux mœurs des hommes de l’Odyssée que notre existence tout entière n’était véritablement qu’un vers ou un chant d’Homère. […] tout ce qu’une servante attachée dès l’enfance à la maison dit au fils de ses maîtres pour le détourner d’un départ qui l’alarme. […] Après avoir bien attaché par des câbles les agrès du navire, ils remplissent des coupes de vin et font des libations aux dieux. » XVII Minerve, sous les traits de Mentor, conduit d’abord le fils d’Ulysse chez Nestor, le plus sage et le plus vertueux des Grecs revenus de l’expédition de Thrace.
Tel est le cas de l’Ibla mâle ; et on l’observe chez le Protéolepas dans des circonstances encore plus frappantes : chez tous les autres Cirripèdes, la carapace présente un énorme développement des trois segments antérieurs de la tête qui sont les plus importants de tous, en ce qu’ils sont généralement pourvus de gros nerfs et de muscles puissants ; au contraire, chez le Protéolepas, protégé par ses habitudes parasites, toute la partie antérieure de l’armure de la tête est réduite à de simples rudiments attachés à la base des antennes préhensibles. […] Ce terme de caractères sexuels secondaires est employé par Hunter pour désigner des caractères attachés à l’un des deux sexes seulement, mais qui ne sont pas en connexion directe avec les fonctions génératrices. […] Il est utile aussi de noter que ces caractères variables, produits par l’action sélective de l’homme, deviennent quelquefois, et par des causes complétement inconnues, plus spécialement attachées à un sexe qu’à l’autre, et généralement au sexe mâle, comme on le voit à l’égard du barbillon des Messagers et du jabot des Grosses-Gorges.
Magnin, appliquant ce procédé d’extension possible, mais peu désirable, à la jolie pièce le Mariage de raison, s’attachait à montrer « qu’élevé aux proportions de la comédie le Mariage de raison eût vraisemblablement échoué, tandis que le Mariage d’argent, réduit aux dimensions d’une comédie-vaudeville, aurait peut-être eu la vogue. » Il ne voyait dans ce dernier « qu’un vaudeville dilaté, bulle brillante, soufflée avec effort et lancée sur le Théâtre-Français. » Certes M. […] Magnin se complaît et se délecte aux analyses, à celle de la farce du Cuvier et de bien d’autres ; il triomphe dans Patelin, et s’attache un peu trop, je crois, à le vieillir.
La déclaration, au moment de signer, fut lue à haute voix devant lui, et quand on lui demanda quelle date il désirait y attacher, il répondit : « La date de mon discours à l’Académie. » — Ces deux démarches préméditées, celle de ses adieux au public et celle de son raccommodement avec l’Église, étaient liées dans son esprit. […] Gréé prince de Bénévent, il négligea toujours de remplir les formalités attachées à ce titre : il croyait apparemment pouvoir s’en passer.
Le respect pourtant et une sorte d’admiration s’attachaient à elle et corrigeaient l’impression de ses alentours. […] Comme biographie, ce simple pastel, dans lequel on s’est attaché à l’esprit et à la physionomie plus encore qu’aux faits, laisse sans doute à désirer ; un de nos amis, M.
« Mais son cœur lui échappe et s’attache à une fausse image de l’amour. […] Sa poésie a une ingénuité de sentiments et d’émotions qui s’attachent à des objets pour lesquels le grand nombre n’a guère de sympathie, et où il y a plutôt travers d’esprit ou habitudes bizarres de jeune homme pauvre et souffreteux, qu’attachement naturel et poétique.
Une foi nouvelle s’est fait pressentir à eux : ils s’attachent à cette perspective ravissante avec enthousiasme, avec conviction, avec résolution… Supérieurs à tout ce qui les entoure, ils ne sauraient être dominés ni par le fanatisme renaissant, ni par l’égoïsme sans croyance qui couvre la société… Ils ont le sentiment de leur mission et l’intelligence de leur époque ; ils comprennent ce que leurs pères n’ont point compris, ce que leurs tyrans corrompus n’entendent pas ; ils savent ce que c’est qu’une révolution, et ils le savent parce qu’ils sont venus à propos. » Dans le morceau (Comment les Dogmes finissent) dont nous pourrions citer bien d’autres passages, dans ce manifeste le plus explicite et le plus général assurément qui ait formulé les espérances de la jeune élite persécutée, M. […] A partir de 1816, il devint maître de conférences à l’École, et fut en même temps attaché au collège Bourbon jusqu’en 1822, époque où M.
M. de Rohan tirait de ses abbayes, non pas 60 000 livres, mais 400 000, et M. de Brienne, le plus opulent de tous après M. de Rohan, le 24 août 1788, au moment de quitter le ministère108, envoyait prendre au « Trésor les 20 000 livres de son mois qui n’était pas encore échu, exactitude d’autant plus remarquable, que, sans compter les appointements de sa place et les 6 000 livres de pension attachées à son cordon bleu, il possédait en bénéfices 678 000 livres de rente, et que, tout récemment encore, une coupe de bois dans une de ses abbayes lui avait valu un million ». […] Il y a vingt ans, les fils des ducs, des ministres, des gens attachés à la cour, les parents et protégés des maîtresses, devenaient colonels à seize ans ; M. de Choiseul fit jeter les hauts cris en rejetant cette époque à vingt-trois ; mais, pour dédommager la faveur et l’arbitraire, il a remis à la pure grâce du roi, ou plutôt des ministres, la nomination des lieutenances-colonelles et des majorités qui jusqu’alors allaient de droit à l’ancienneté du service, les gouvernements et les commandements des provinces et des villes.
Cela doit être d’autant plus poétique que la poésie a négligé davantage jusqu’ici ces trésors de descriptions, de sensibilité, de naturel, de passions douces, enfouis à notre insu sous la pierre du foyer domestique, dans le jardin, dans le verger, dans la prairie, dans la vigne, dans la montagne qui borne le court horizon, dans le coin de ciel en vue de la fenêtre où se couche le soleil, où se lève l’étoile, dans l’enfant à la mamelle, dans la mère souriante, dans le père sérieux, dans l’aïeul prévoyant, dans le fils docile, dans la jeune fille rêveuse, dans la servante attachée à l’âtre, seconde mère des enfants, et jusque dans le chien nourri d’affection, qui cherche aussi souvent la tendresse dans les yeux que le pain sous la table. […] Je mis pied à terre, et j’attachai mon cheval à un noisetier, pour m’asseoir sur la mousse avec mes convives.
« Burrhus lui répond que les prétoriens sont trop attachés à toute la famille des Césars, et surtout à la mémoire de Germanicus, pour oser se porter à aucun attentat contre sa fille ; que c’était à Anicétus d’accomplir ce qu’il avait promis. […] Voyez ce collègue, rejetant le fardeau sur Sénèque, et éludant la réponse par un renseignement sur l’esprit des troupes trop attachées à la race de Germanicus.
XVI Les anciens fermiers de la famille, toujours attachés au nom, propriété morale que rien ne peut acheter et vendre, étaient avertis de ma visite, et m’attendaient pour me donner l’hospitalité des chalets. […] Son père, gentilhomme franc-comtois, attaché aux Bourbons par leurs droits traditionnels, et surtout par leurs malheurs, fut élu par le peuple à la chambre des députés en 1816, pour représenter le pays.
Tout plein de souvenirs s’attachent à Trilbette et me la font regretter. […] Il y a là quelque chose qui fait qu’on y attache fort les yeux, quand ce ne serait qu’un brin d’herbe. » Quel instinct de notre immortalité dans ces paroles !
Qu’on rabaisse son talent poétique tant qu’on voudra, il n’y attache pas lui-même plus de prix qu’il n’en mérite ; mais si on veut bien lui accorder au moins le bon sens le plus vulgaire et le plus usuel, comment supposera-t-on que si la haine qu’on lui impute était dans son cœur, que s’il avait prétendu exhaler ses propres sentiments en écrivant les imprécations d’Harold, il eût au même moment demandé à être renvoyé dans ce pays qu’il abhorrait, et qu’enfin il fût venu se jeter seul au milieu des ennemis de tout genre que la manifestation de ces sentiments aurait dû lui faire ? […] Mon mari taillait les chalumeaux, creusés et percés de dix trous, autant que de doigts dans les mains, avec une embouchure pour le souffle ; il choisissait, pour ces hautbois attachés à l’outre de peau de chevreau, des racines de buis bien saines et bien séchées pendant trois étés au soleil.
Sans doute, il ne fait pas de psychologie profonde ; il ne s’attache pas au travail intérieur qui fait ou défait une âme ; il n’essaie pas d’isoler et de peser tous les éléments qui se mêlent dans une volonté, dans un désir. […] Henri Beyle, né en 1783 à Grenoble, va en Italie en 1800 comme attaché à l’intendance, puis devient sous-officier et sous-lieutenant au 6e dragons.
Sous les grâces indécises de son style on sent une pauvre âme flottante, mais avide de fixité belle et qui, si elle rencontrait dans le maître une lueur de divinité, dans le dogme un rayon d’amour, s’attacherait indéfectiblement au dogme et au maître, serait fidèle jusqu’au martyre, je dis jusqu’à la joie du martyre. […] On reste attaché — on le croit du moins — à sa doctrine morale.
Quelque terme où nous pensions nous attacher et nous affermir, il branle et nous quitte ; et, si nous le suivons, il échappe à nos prises, nous glisse et fuit d’une fuite éternelle, … » plus heureux que Pascal, dont on a reconnu les fortes paroles, ils ont, eux, trouvé « le terme où s’attacher », le roc inébranlable dans l’océan de nos perplexités, et ce roc ou ce terme, c’est la « Science. » Ils savent que deux et deux font quatre, que la terre tourne autour du soleil, que les pierres vont au fond de l’eau, que le coke est le produit de la distillation de la houille, que la peste et le choléra sont d’origine microbienne, quoi encore ?
Voilà ce que j’appelle les vrais contes de La Fontaine, c’est-à-dire les récits où il a peint des hommes et des femmes avec leurs défauts, avec leurs ridicules qu’il a joliment et très spirituellement raillés, et aussi avec des qualités qu’il s’est attaché à peindre avec complaisance et avec un certain attendrissement. […] Voici comme il la raconte : « Au sortir de là [de l’église où il avait vu le tombeau de Louis XI], je pris une autre hôtellerie pour la nôtre ; il s’en fallut peu que je n’y commandasse à dîner, et, m’étant allé promener dans le jardin, je m’attachai tellement à la lecture Tite-Live qu’il se passa plus d’une bonne heure sans que je fisse réflexion sur mon appétit.
Ils lavent leurs enfants aux ruisseaux les plus froids ; La mère au tronc d’un arbre avecque son carquois Attache la nouvelle et tendre créature ; Va sans art apprêter un mets non acheté. […] Tantôt sur des tapis d’herbe tendre et sacrée, Adonis s’endormait auprès de Cythérée, Dont les yeux enivrés par les charmes puissants Attachaient au héros leurs regards languissants.
D’abord, elle empêche tout intérêt de s’attacher à un être aussi faible et aussi chétif, dont les violences même ont quelque chose de grêle, et qui, tout à l’heure, exaspéré par les jalousies de l’amour-propre et de l’autre amour, n’arrivera jamais à une véritable énergie. […] … Un jour, un homme éminent, d’un talent aussi connu… que le soleil, d’une réputation fixée, un pouvoir toujours, sinon toujours une influence, se prend pour un débutant quelconque de ce caprice de bienveillance qu’ont parfois les gens arrivés pour ceux qui partent, ou du caprice d’imagination de qui fut poète avant d’être critique, et, par le fait seul de ce caprice, voilà que le bruit se fait et s’étend autour du grelot que l’homme célèbre a attaché à son favori !
Attachons-nous à celui-ci d’abord. […] Mais moi, qui vois ce que seraient toutes les expériences, par vous simplement conçues, d’observateurs attachés à vos plans P′ et se déplaçant avec eux, je puis vous dire qu’ayant à chaque instant la vision d’une image faite de points empruntés à tous les moments réels de l’univers, il vivrait dans l’incohérence et l’absurdité.
Cicéron, tendre père d’une fille charmante, père désespéré quand il perdit Tullie, en est meilleur citoyen, plus attaché à ses amis, plus épris de la vérité, laquelle devient plus chère à l’homme chez qui la tendresse de cœur se communique à l’esprit, et qui aime la vérité à la fois comme une lumière et comme un sentiment. — J’ai peur que Voltaire n’ait aimé que son esprit… Il ne serait pas besoin d’avoir beaucoup vu M.
Connaissant la nature des richesses littéraires que j’avais rapportées de mes différents voyages, il attachait la plus grande importance à leur prompte publication.
« Ceci est le sens des lettres mystérieuses que les Juifs aveugles attachèrent à la croix du Christ. » Le sentiment populaire respire dans chacune de ces pages.
Celle-ci n’a pas la décision du temps pour se diriger dans ses choix ; c’est elle-même qui choisit, qui devine, qui improvise ; parmi les candidats en foule et le tumulte de la lice, elle doit nommer ses héros, ses poètes ; elle doit s’attacher à eux de préférence, les entourer de son amour et de ses conseils, leur jeter hardiment les mots de gloire et de génie dont les assistants se scandalisent, faire honte à la médiocrité qui les coudoie, crier place autour d’eux comme le héraut d’armes, marcher devant leur char comme l’écuyer : Nous tiendrons, pour lutter dans l’arène lyrique, Toi la lance, moi les coursiers.
Si ce volume, qui ne doit pas contenir moins de six mille vers, tombait aux mains de lecteurs qui aiment peu les vers, et ceux d’amour en particulier ; si, d’après la façon austère et assez farouche qui essaye de s’introduire, on se mettait aussitôt à morigéner l’auteur sur cet emploi de sa vie et de ses heures, à lui demander compte, au nom de l’humanité entière, des huit ou dix ans de passion et de souffrance personnelle que résument ces poëmes, et à lui reprocher tout ce qu’il n’a pas fait, durant ce temps, en philosophie sociale, en polémique quotidienne, en projets de révolution ou de révélation future, l’auteur aurait à répondre d’un mot : qu’attaché sincèrement à la cause nationale, à celle des peuples immolés, il l’a servie sans doute bien moins qu’il ne l’aurait voulu ; que des études diverses, des passions impérieuses, l’ont jeté et tenu en dehors de ce grand travail où la majorité des esprits actifs se pousse aujourd’hui ; qu’il s’est borné d’abord à des chants pour l’Italie, pour la Grèce ; mais qu’enfin, grâce à ces passions mêmes qu’on accuse d’égoïsme, et puisant de la force dans ses douleurs, en un moment où tant de voix parlaient et pleuraient pour la Pologne, lui, il y est allé ; qu’il s’y est battu et fait distinguer par son courage ; que, s’il n’y a pas trouvé la mort, la faute n’en est pas à lui ; qu’ainsi donc il a payé une portion de sa dette à la cause de tous, assez du moins pour ne pas être chicané sur l’utilité ou l’inutilité sociale de ses vers.
La conversation sur les unités, que soutint l’auteur avec une dame fort distinguée par son esprit et fort attachée aux opinions nouvelles, prouvera de plus qu’on peut combattre avec courtoisie et railler sans injure.
Par malheur elle se trouve souvent, relativement au corps, dans la position d’un voyageur dévalisé que des voleurs ont attaché sur son cheval au rebours, la tête du cavalier tournée vers la queue de la monture : si la monture n’est pas une haridelle ou n’a pas été matée par un long jeûne, le pauvre cavalier n’en peut venir à bout.
La déclaration de la duchesse de Berri, qui n’a guère rien appris de nouveau aux personnes bien informées, atteste l’obstination presque violente qu’on a dû mettre à l’obtenir, et l’importance qu’on attachait à l’enregistrement solennel d’un tel aveu.
Peu habiles à l’attaque régulière des places, ils s’attachent à réduire celle-ci par la famine.
Troplong s’attache avec une grande rigueur d’étude à présenter les faits dans un jour plus vrai pour l’homme d’État que conforme à la prévention littéraire : il montre d’une manière piquante la mode du pompéianisme survivant de beaucoup à Pompée et formant toute une école, dont Lucain est le poëte et dont les prosateurs sont un peu partout depuis Cicéron.
Il prévoit, il devine, il accommode, il relie, d’instinct, comme un insecte qui court en un instant aux quatre coins de sa toile, et n’attache un fil qu’en sentant trembler tout le réseau.
Locke fournit à Voltaire son dada métaphysique, la possibilité pour un Dieu tout-puissant d’attacher la pensée à la matière.
Car les vers sont une musique un peu vaine et qui combine les sons selon des lois trop inflexibles ; le théâtre impose des conventions trop étroites, nécessaires et pourtant frivoles ; le roman traite de cas trop particuliers, enregistre trop de détails éphémères et négligeables, et où ne sauraient s’attacher que des intelligences enfantines.
Ils ont l’un et l’autre attaché leur nom aux œuvres posthumes d’Isabelle dont voici les titres : Lettere della signora Andreini, Padovana, comica Gelosa e academica Intenta, nominata l’Accesa.
Détestable écrivain, penseur nul, savant de détails mais fermé à l’intuition exacte, vive, nue et crue d’une civilisation, il s’attachait à l’exactitude morte, et il n’avait jamais songé que des hommes avaient pensé d’autre sorte que lui dans les cuirasses et parmi les tapisseries qu’il exhumait.
Les moralistes ne peuvent nier ces conflits ; mais ils n’aiment pas à y attacher leur pensée.
L’importance politique qu’on attache aux langues vient de ce qu’on les regarde comme des signes de race.
Mais, en général, le monde ancien s’était figuré la liberté comme attachée à, certaines formes politiques ; les libéraux s’étaient appelés Harmodius et Aristogiton, Brutus et Cassius.
Les adversaires de Berkeley, dit-il, se sont attachés à démontrer ce que Berkeley n’a jamais nié, et à nier ce qu’il n’a jamais affirmé.
Bourdaloue fait ici des merveilles ; la duchesse et moi nous le voyons tous les jours. » Cette lettre est un exemple de ces entretiens où madame de Maintenon, sans malice, et peut-être en prenant le change sur elle-même, mue par un double instinct d’amour et d’honnêteté, se joue de l’esprit grossier de son directeur, lui présente comme des griefs contre la cour, l’intérêt qui l’y attache, et comme dépit contre le roi, l’amour qu’il ressent et celui qu’il inspire, et se fait ordonner comme un sacrifice méritoire, de rester à sa cour.
Mais l’héritage était attaché à un agneau d’or, don de discorde, présent funeste d’Hermès, poursuivant sur les Pélopides la mort de son fils.
Cousin s’est attaché de prédilection à une classe de témoins d’autant plus sûrs qu’ils le sont avec moins de préméditation et comme à leur insu.
Placez sur le dos une grenouille sans cerveau, après lui avoir attaché une de ses pattes, vous poserez à la machine vivante un petit problème de mécanique, car les mouvements nécessaires alors pour se remettre sur le ventre ne sont pas les mêmes que dans les circonstances ordinaires ; or, cette prétendue machine, dont vous croyez que toute idée et toute sensation est désormais absente, résoudra fort bien le problème et se remettra sur le ventre.
Il porte, attaché au chapelet d’os de son cou, un seau de fer rempli de graisse, et en glisse dans les jointures de ce troupeau de chevaux-squelettes, au milieu de mille cabrioles.
Pauvre Boileau, qui attachait une si capitale importance aux opinions de l’Académie, et aux siennes propres !
Il fit valoir cette raison auprès du monarque qui la rejettoit, & qui desiroit de le voir encore attaché à lui.
À droite du grand-prêtre et de l’autel, le peintre a jeté des assistants témoins de la cérémonie ; ils ont les regards attachés sur les époux.
L’exécution du groupe sacré, on s’en aperçoit facilement, n’a pourtant pas préoccupé l’artiste ; ce n’est pas ce groupe qui attachera votre attention.
En même temps que nos opinions étaient entraînées vers la démocratie, nos mœurs s’attachaient avec plus de force aux bienséances de l’aristocratie et à tous les goûts monarchiques : cette désharmonie, que bientôt nous aurons occasion d’examiner avec quelque détail, et qui subsiste toujours, nous fournira peut-être d’utiles aperçus.
Enfin on espère encore que multiplier la propriété est un excellent moyen de faire entrer la morale dans les peuples, de les attacher aux institutions, de leur faire craindre les révolutions.
Ce pouce-là n’est guère attaché à la main des femmes qui, pour la plupart sont, plus ou moins, de Petits Poucets, en littérature.
On ne la hait point ; elle n’ennuie pas, mais elle n’attache pas non plus, et je dirai pourquoi… Elle a la plume légère, mais c’est une plume enlevée à l’aile de cet oiseau que La Fontaine a surnommé « Caquet-bon-bec. » Elle l’a légère et infatigable ; infatigable à effrayer les esprits qui veulent que d’une plume, il tombe quelque chose qui ne soit pas une phrase connue… Les romans de Mme de Chandeneux, qu’on lit sur leurs titres, qui sont séduisants comme le visage d’une jolie femme qui serait sotte, ne sont ni meilleurs ni plus mauvais que tous ces romans de femmes qui se ressemblent, comme les gravures de mode se ressemblent.
D’autres livres, publiés sur l’Afrique, bénéficièrent alors, comme les siens, de l’inépuisable curiosité qui s’attachait à tous les détails qu’on nous transmettait sur ce pays, et ces livres, oubliés maintenant, ont péri à dix ans de la circonstance qui les avait fait naître.
Tout ce qui a en soi une force quelconque de pensée doit s’attacher à réprimer, dans la mesure de cette force, cet histrionisme envahisseur, qui va nous déborder demain et qui a fait toujours suivre, dans l’histoire du monde, les saltimbanques par les Barbares.
L’oubli s’obstinait comme un créancier, quand enfin Chateaubriand, l’éternel Chateaubriand, qui ne s’aimait plus et qui avait raison, se dégourdit de son égoïsme pour faire une édition des Obscurités de Joubert, et y attacha dans une préface l’approbation et le privilège d’un Roi comme lui.
Or, cette espèce d’histoire-là, ce ne sont pas les renseignés, les savants, les attachés et les attelés aux faits qui la composent, tous ces gens qui, voulant faire un livre exact et impartial, n’ont qu’à barrer leurs portes et rester assez indifférents pour ne jamais mentir ; mais bien ceux plutôt qui impriment leur pensée et leurs doctrines sur la face brute de l’Histoire.
Soit pour la femme, soit pour l’enfant, ces deux racines, horizontale et verticale, qui attachent nos cœurs à la terre, disait Jean-Paul avec une expression inspirée, soit pour l’homme même qui les opprime, pour la créature humaine enfin, la douleur et la misère ont leur source là où aucune philosophie et nulle économie politique ne sauraient pénétrer jamais.
Ces élégants ou fastueux traîneurs de robes et de toges, ces dandys à la ceinture lâche, qui comprenaient probablement l’histoire comme Blaze de Bury, étaient trop artistes, trop préoccupés de l’effet esthétique dans leurs œuvres, pour se perdre en ces chicanes minutieuses où s’usent des milliers d’yeux et d’esprits modernes… La Critique historique, telle que l’esprit moderne la conçoit et l’exige, était inconnue au temps de Tacite et de Suétone, qui se tirent de toute chose douteuse avec un mot ou deux : Rumor ou ut referunt, dits de très haut, et passent… Esprits superbes, qui n’insistent pas, qui ne s’attachent pas à un texte.
Ce long et terrible morceau d’histoire que les esprits assez élevés pour se trouver naturellement au-dessus de l’intérêt de curiosité individuelle qui s’attache à Voltaire regarderont comme le morceau capital du livre que nous annonçons, prépare merveilleusement la biographie de cet homme qui domina son temps aussi bien par le genre de ses vices que par le genre de son génie, et qui n’aurait pas exercé une si colossale influence sur ce temps-là et sur le nôtre, s’il n’avait pas surpassé le premier en lui ressemblant et marqué le second à son image.
Le portrait qu’il en trace n’est pas du xviiie siècle… On n’y a jamais peint dans cette manière juste, méprisante, inflexible : « Un singulier homme, ce jeune mari, — dit-il, — ce jeune souverain, que, hors la chasse et les chiens, rien n’intéressait, n’amusait, ne fixait, et que le cardinal — (le cardinal de Fleury) — promenait vainement d’un goût à un autre, de la culture des laitues à la collection d’antiques du maréchal d’Estrées, du travail du tour aux minuties de l’étiquette et du tour à la tapisserie, sans pouvoir attacher son âme à quelque chose, sans pouvoir donner à sa pensée et à son temps un emploi… Imaginez un roi de France, l’héritier de la régence, tout glacé et tout enveloppé des ombres et des soupçons d’un Escurial, un jeune homme, à la fleur de la vie et à l’aube de son règne, ennuyé, las, dégoûté, et, au milieu de toutes les vieillesses de son cœur, traversé des peurs de l’enfer qu’avouait, par échappées, sa parole alarmée et tremblante.
Si une notoriété exagérée et presque coupable ne s’attachait au nom de l’auteur, nous laisserions cette chose médiocre périr dans l’oubli sous le poids de sa médiocrité.
La fonction du biographe était d’attacher à ces livres un jugement (dans la portée de son esprit) concis et résumant.