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967. (1890) Le réalisme et le naturalisme dans la littérature et dans l’art pp. -399

La loi qu’ils cherchent le moins à éluder, c’est la loi du travail, du travail pour le gain ou public ou privé. […] L’homme toujours penché sur le même travail en garde un pli. […] Mais elle n’a fait que changer de travail. […] Nous l’avons soulevée nous-même en commençant ce travail. […] Sardou n’a écrit Théodora qu’après avoir lu les travaux de M. 

968. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article » pp. 472-473

Ce n’est pas que les vers de la Pucelle ne contiennent quelquefois des pensées justes, ne renferment des sentimens raisonnables ; mais tout y est mort, tout y annonce le pénible travail qui les a enfantés ; ils ont l’air d’avoir été arrachés par violence à la nature.

969. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — C — article » pp. 80-81

Avec de l’esprit, de l’imagination, une finesse de tact & la connoissance du monde, qui percent dans ses Romans les plus médiocres, M. de Crébillon auroit pu enrichir la République des Lettres par des travaux estimables.

970. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » pp. 523-524

Cet immense travail lui suscita des contradictions.

971. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 120-121

Quand on a consacré ses travaux à l'instruction de la Jeunesse, formé des Disciples à l'amour de l'étude, de la Religion & de la Patrie, on a des droits assurés à la reconnoissance des Gens de Lettres & des bons Citoyens.

972. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Bâtiment. » p. 534

Je serai satisfait de mon travail, si elle y reconnaît le témoignage de mon entier dévouement à ses ordres et de la durée de ma reconnaissance pour ses bienfaits.

973. (1818) Essai sur les institutions sociales « Avertissement de la première édition imprimée en 1818 » pp. 15-16

La pensée générale aurait couru le risque d’être brisée par un travail qui eût été fastidieux pour l’auteur, parce que rien ne fatigue plus que de revenir sur ses propres idées, et qui eût été en même temps sans aucune utilité, parce que le lecteur saura bien faire lui-même l’appréciation des circonstances et des conjonctures nouvelles.

974. (1910) Variations sur la vie et les livres pp. 5-314

Sainte-Beuve se désolait et songeait à se tracer un nouveau plan de vie et de travail. […] Lorsque l’aurore parut et sema ses roses, le Cyclope reprit ses travaux. […] Dans un récent travail, M.  […] Guillaume, et mille autres facéties qui valent bien, dit-on, ses grands travaux archéologiques. […] Et il ajoutait que la maladie grave et douloureuse, qui le retenait au lit en ce moment, lui interdisait tout travail.

975. (1848) Études critiques (1844-1848) pp. 8-146

Ce sont là des costumes grecs, mais sur des corps vivants ; quant à cette inerte enluminure de Fortunio, elle n’appartient guère aux plus nobles travaux de l’esprit que les prospectus de M.  […] Mais, au fond, qui peut mettre en doute la douceur et les mœurs bienveillantes d’hommes habitués de longtemps au travail pacifique de la pensée ? […] Il n’est besoin, pour en tomber d’accord, que de considérer ses travaux, en les comparant au mouvement de la nouvelle littérature. […] Ainsi, dans le travail important que poursuivait M.  […] Sainte-Beuve pourquoi, par exemple, il s’est attaché dans son travail sur Apollonius de Rhodes à abaisser à de mesquines comparaisons un des caractères les plus admirables de la tragédie antique.

976. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1889 » pp. 3-111

Daudet se plaint d’avoir, pour le moment, en littérature deux idées sur toutes choses, et c’est le duel de ces deux idées dans sa tête, qui lui fait le travail difficile, hésitant, perplexe. […] Il revient de là-bas avec une espèce de griserie cérébrale, une furie de travail, aiguillonnée par la vue des originaux de Lamalou, me disant qu’il a eu cette année, des bonnes fortunes en ce genre, comme cela ne lui est jamais arrivé. […] Dans la maladie, la cessation de la marche de la pensée en avant, l’arrêt dans les projets, en même temps que le désintéressement brusque, soudain, de ce qui était l’intérêt passionné de votre vie : votre travail, vos livres, vos bibelots. […] Un type particulier, ce paysan d’une race supérieure, d’une race aristocratique, chez laquelle le travail des champs, sous le beau ciel du Midi, prend une idéalité qu’il n’a jamais eue dans le Nord. […] Puis, à quelques années de là, Lenoir obtenait le second prix au concours de Rome, était découragé, dégoûté du travail de l’École, allait passer à ses frais huit mois en Italie, puis revenait à Paris, où il obtenait une seconde, et enfin une première médaille aux Salons.

977. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Guiraud, Alexandre (1788-1847) »

Jules Janin Le prêtre, le cloitre, la chapelle, la première communion, le refuge, la semaine sainte, émotions du moment mêlées d’une façon intime aux émotions toutes personnelles, vous les retrouvez à peu près les mêmes dans tous les recueils de cette époque, mais jamais elles n’ont été plus vraies que dans les vers d’Alexandre Guiraud… À tout prendre, la vie de ce poète, si calme dans son travail, si recueilli dans son succès, si modeste dans son triomphe, fut une vie heureuse, facile, abondante, entourée d’estime, de bienveillance, d’amitié.

978. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article » pp. 431-433

Si c’est leur proposer un nouveau travail, ils ne doivent pas ignorer que le Public est en droit d’en exiger de leur part ; que c’est leur fournir un moyen d’augmenter le nombre des Spectateurs, & de cultiver leur talent dans un genre plus propre à toucher le cœur, que les maximes philosophiques qu’ils se tuent de débiter avec emphase.

979. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — C — article » pp. 52-53

On ne sauroit trop avertir les Auteurs de se prémunir contre le dégoût du travail, qui fait languir sur la fin les productions littéraires entreprises d’abord avec le plus d’ardeur, & accueillies avec estime.

980. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — N. — article » pp. 419-420

Une chose non moins singuliere, c’est que M. l’Abbé Nonote n’a recueilli de ses travaux que les injures qu’ils lui ont attirées de la part des ennemis de la Religion ; nous apprenons qu’il n’a ni bénéfice, ni pension ecclésiastique.

981. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des romans — Préfaces de « Bug-Jargal » (1826-1832) — Préface de 1826 »

Quoi qu’il en soit, l’auteur ne songeait pas à tirer cet ouvrage de l’espèce de demi-jour où il était comme enseveli ; mais, averti qu’un libraire de la capitale se proposait de réimprimer son esquisse anonyme, il a cru devoir prévenir cette réimpression en mettant lui-même au jour son travail revu et en quelque sorte refait, précaution qui épargne un ennui à son amour-propre d’auteur, et au libraire susdit une mauvaise spéculation.

982. (1902) La formation du style par l’assimilation des auteurs

Remarquons que ce travail est déjà fait dans les tables analytiques qui complètent certaines éditions classiques, Pascal et Montaigne entre autres. […] Ses papiers témoignent de la multiplicité et en même temps de la diversité de ses travaux. […] Mais ce travail, les femmes en sont généralement incapables, pour la raison que j’ai dite. […] Le don d’écrire dépend plus qu’on ne croit de la volonté et du travail. […] Point de travail, point de parti pris.

983. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 222-224

Basnage a donné une nouvelle édition du Dictionnaire de Furetiere, augmenté par son travail.

984. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 407-409

Depuis qu’il a consacré ses travaux à l’Histoire Naturelle, le goût de la Physique s’est considérablement étendu parmi nous.

985. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — F. — article » pp. 259-261

Ses Antiquités Gauloises & ses Antiquités Françoises supposent une étude & un travail dont on doit lui savoir gré.

986. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » pp. 75-77

De plus, il a long-temps travaillé au Mercure de France ; mais ce n’est pas la partie la plus irréprochable de ses travaux.

987. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » pp. 113-114

En indiquant les sources où l’on peut puiser, on épargne des recherches pénibles & souvent rebutantes aux Esprits capables de travailler avec succès, mais trop indolens pour soutenir les travaux préliminaires.

988. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article » pp. 406-407

La science, l'érudition, & l'amour du travail, sont des titres à l'estime publique ; mais ces qualités ne sont pas capables de justifier l'orgueil qui le dominoit & qui transpire souvent dans ses Ouvrages.

989. (1885) Les étapes d’un naturaliste : impressions et critiques pp. -302

C’était le père, en quelque sorte, de tous les jeunes écrivains de notre époque : il s’intéressait à leurs travaux, les incitait à en causer avec lui. […] Pour elle il oublie son épouse. — Il rêve le travail, la tendresse jamais, — et n’a qu’une passion, la passion du travail. — Avant l’aube il rejette nos draps, et s’en va plein de feu, caresser sa maîtresse adorée, la terre. […] CINQUIÈME VALET Un bon trouble travail. […] Le soleil qui dévide ses rayons — du travail marque l’heure. […] car toujours il veille et il rôde par les travaux.

990. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Première série

Il est vrai que ce travail en vaut un autre. […] Honte à qui dort parmi le travail de tous, à qui jouit au milieu des hommes qui souffrent ! […] Mais ce travail, les femmes en sont généralement incapables, pour la raison que j’ai dite. […] Les caprices de ses sens ne marquent point les phases d’un développement ou d’un travail intérieur. […] On admire avec effroi combien il y en a et ce qu’il a fallu de travail pour en faire un si beau tas.

991. (1927) Approximations. Deuxième série

Cette carence d’un esprit critique qui aille jusqu’au bout de son travail rend compte à la fois de la prodigalité du génie et de la réaction inévitable contre ce génie même. […] Pendant le travail de la construction, il ne quittait guère le chantier. […] Être loin, vivre du travail de mes mains, rester en tête-à-tête avec moi-même, et peut-être aussi ne plus être aimé ! […] Devant le travail Blaise n’a jamais reculé : il aime son métier ; il a besoin d’ailleurs d’un métier quel qu’il soit qui lui assure et qui justifie à ses yeux la possession et la jouissance de l’autre chose. […] Constructeur à tout moment des caractères, le dialogue se substitue à l’analyse, mais pour faire son travail ; et en même temps il rend sans cesse une sonorité de réplique.

992. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Joseph de Maistre »

Dès l’âge de cinq ans, l’enfant eut un instituteur particulier, qui, deux fois par jour, après son travail, le conduisait dans le cabinet de son grand-père de Motz. […] Il avait une table ou un fauteuil tournant : on lui servait à dîner sans que souvent il lâchât le livre, puis, le dîner dépêché, il faisait demi-tour et continuait le travail à peine interrompu. […] Ce sont des déclamations sur les travaux construits : « Une digue immense arrête le Rhône prêt à engloutir les coteaux délicieux de Chautagne. […] Durant ce séjour à Cagliari, ses travaux littéraires durent nécessairement s’interrompre ; il trouva pourtant moyen, sinon d’écrire, du moins d’étudier encore. […] Il faut regretter que l’utile et savant travail de M. 

993. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « L’obligation morale »

L’instrument est d’ailleurs destiné à un travail, et ce travail est d’autant plus efficace qu’il est plus spécialisé, plus divisé par conséquent entre travailleurs diversement qualifiés qui se complètent réciproquement. […] Vu du dehors, le travail de la vie se prête, dans chacune de ses oeuvres, à une analyse qui se poursuivrait sans fin ; jamais on n’aura achevé de décrire la structure d’un oeil tel que le nôtre. […] Quand le philosophe, s’enfermant dans sa sagesse, se détache du commun des hommes, soit pour les enseigner, soit pour leur servir de modèle, soit simplement pour vaquer à son travail de perfectionnement intérieur, c’est Socrate vivant qui est là, Socrate agissant par l’incomparable prestige de sa personne. […] Ce serait le plus souvent refaire inutilement un travail que la société en général d’une part, l’élite de l’humanité de l’autre, ont fait pour nous. Ce travail a abouti à formuler des règles et à dessiner un idéal : ce sera vivre moralement que de suivre ces règles, que de se conformer à cet idéal.

994. (1864) Cours familier de littérature. XVII « CIIe entretien. Lettre à M. Sainte-Beuve (2e partie) » pp. 409-488

La pensée de l’art noblement conçu le soutient et donne à ses travaux une dignité que n’avaient pas ses premiers essais, simples épanchements de son âme et de sa vie habituelle. — Il comprend tout, aspire à tout, et n’est maître de rien ni de lui-même. […] Il s’agissait de les réconcilier avec le travail des champs, si cher aux aïeux, et de leur en présenter des images engageantes : “Quel vétéran, s’écrie Gibbon, ne se reconnaissait dans le vieillard des bords du Galèse ? Comme eux, accoutumé aux armes dès sa jeunesse, il trouvait enfin le bonheur dans une retraite sauvage, que ses travaux avaient transformée en un lieu de délices.” […] « Ayant renoncé, non pas de cœur, à son pays de Mantoue, Virgile, comblé des faveurs d’Auguste, passa les années suivantes et le reste de sa vie, tantôt à Rome, plus souvent à Naples et dans la Campanie Heureuse, occupé à la composition des Géorgiques, et, plus tard, de l’Énéide ; délicat de santé, ayant besoin de recueillement pour ses longs travaux ; peu homme du monde, mais homme de solitude, d’intimité, d’amitié, de tendresse ; cultivant le loisir obscur et enchanté, au sein duquel il se consumait sans cesse à perfectionner et à accomplir ses œuvres de gloire, à édifier son temple de marbre, comme il l’a dit allégoriquement. […] Mais, depuis ce beau travail sur l’Énéide, où je regrette que vous n’ayez pas assez développé cette pensée vraie, vous vous êtes lancé à pleine haleine dans la haute critique presque biographique, purement personnelle et littéraire.

995. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre quatrième. Éléments sensitifs et appétitifs des opérations intellectuelles — Chapitre deuxième. Les opérations intellectuelles. — Leur rapport à l’appétition et à la motion. »

A notre avis, si l’attention volontaire, avec effort, est un état de travail, conséquemment plus ou moins exceptionnel et instable, on n’en saurait dire autant de l’attention spontanée. […] Cet inconscient, selon nous, n’est autre que le travail cérébral procédant sous l’impulsion d’un désir. […] Par exemple, l’idée d’animal est le résumé d’un long travail intellectuel : comparaisons, abstractions, généralisations, jugements, raisonnements, dénominations, etc. […] Galton a reproduit artificiellement un travail analogue par des procédés purement mécaniques, en combinant plusieurs portraits de manière à former ce qu’il appelle un portrait générique ou typique. […] Binet croit qu’on saisit sur le fait « le travail logique de l’esprit qui tire toutes les déductions possibles du thème qu’on lui impose ».

996. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIe Entretien. Le 16 juillet 1857, ou œuvres et caractère de Béranger » pp. 161-252

La nouvelle de sa mort se répand de bouche en bouche depuis le palais jusqu’à l’échoppe, dans tous les quartiers de Paris : aussitôt la vie publique et la vie privée paraissent suspendues dans une vaste capitale ; le bruit tombe, le travail cesse dans les ateliers. […] C’est dans les régions supérieures, occupées sans distractions du travail de la pensée, qu’on trouve le génie d’un peuple ; c’est sur les hauteurs que resplendit le plus de jour. Ceux mêmes parmi les hommes de génie qui sont nés dans ces régions du travail manuel se hâtent de monter aux régions du loisir plus calme et de la pensée plus vaste, pour écrire. […] « Il y a tel de mes couplets », disait-il, « qui m’a coûté des semaines de réflexions. » Il ne s’en cachait pas, il ne se donnait pas pour un improvisateur comme nous, fils du hasard, tantôt bien tantôt mal servis par la loterie de leur inspiration, mais toujours incorrects, même dans leurs bonheurs de style ; il était, lui, le fils du travail, qui fait quelquefois attendre ses dons, mais qui ne trompe jamais l’homme de génie et de patience. […] Il associait au travail rural de ses champs les profits d’une hôtellerie de faubourg, que ma tante dirigeait, à l’aide de ses nombreux domestiques de ferme.

997. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « III — Bossuet et la France moderne »

Ils renoncèrent à la lutte et retournèrent à leurs foyers détruits, pour essayer de vivre en paix dans le silence et le travail. […] Ce qu’ils étaient ces « hérétiques » méprisés, ces « fauteurs de troubles » détestés, l’histoire véridique nous l’apprend : ils étaient l’élite de la France, l’élite du travail et du savoir. […] Plus de quinze cent mille protestants peuplaient le royaume, isolés dans le travail et dans l’étude, lorsque vinrent à s’exercer contre eux de nouvelles rigueurs. […] La tourbe paysanne et ouvrière, soulevée à la voix du clergé, assouvit sa basse haine contre ceux dont la prospérité récompensait les travaux. […] Les Réformés ne demandaient qu’à vivre en paix dans le travail et dans l’étude, au sein de leur patrie qu’ils enrichissaient.

998. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Appendices » pp. 235-309

Qu’on regarde le dernier manuscrit de Madame Bovary : Flaubert l’avait mis au net, après des années de travail ; s’il l’avait publié tel quel, nous n’aurions rien à y redire, et pourtant il l’a couvert de ratures, et sa forme dernière nous semble la seule possible. […] Trouver les sources d’un auteur, c’est un travail relativement facile ; il y faut beaucoup de lectures, de la mémoire, un certain flair et de la chance aussi ; ce travail est nécessaire, mais il n’est qu’une première étape ; reste à comparer l’œuvre d’art avec ses sources, comparaison qui porte sur toutes les nuances du fond et de la forme ; et reste enfin à juger la « combinaison » nouvelle dans son ensemble, et à en trouver la genèse intime dans le tempérament même du poète ; grosse difficulté, devant laquelle on recule le plus souvent. […] Rosmersholm (1886) ; quatre actes ; I, III et IV dans le salon de Rosmer ; II dans son cabinet de travail (unité presque stricte). […] Voilà donc, sans sortir de l’évolution normale, plusieurs facteurs qui pourraient ralentir considérablement le travail d’élaboration des époques futures. […] Ce chapitre est une de ces exagérations trop fréquentes chez Hugo ; mais enfin il est d’allure bien épique et a un but psychologique précis : faire sentir l’énorme difficulté du travail entrepris par Gilliatt.

999. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamartine — Lamartine, Jocelyn (1836) »

Une des moralités qui transpirent de ce noble ouvrage, n’est-ce pas une conciliation insinuante de l’idée chrétienne, c’est-à-dire de l’esprit de sacrifice, avec les idées de travail et de liberté ? […] ; et plus loin : Honorez ses travaux ! […] Au timbre de sa voix ferme dans sa langueur… À la fin des lettres de Jocelyn à sa sœur, après tous ces détails journaliers de prière, de travail, de charité, le curé de Valneige se représente, la nuit, veillant, agité encore, lisant tantôt l’Imitation, tantôt les poëtes : Dans mes veilles sans fin, je ressemble, ô ma sœur, À ce Faust enivré des philtres de l’école, etc., etc. […] Ces antiques et éternelles géorgiques (ascræum carmen), reprises par une voix chrétienne, ont une douceur nouvelle et plus pénétrante ; la sainte sueur humaine, mêlée à la sueur fumante de la terre, est bénie ; le respect, la religion du travail vous gagne, et, à l’heure de midi, quand la famille épuisée s’arrête et va boire un moment à la source, on s’écrie humainement avec le poëte :   Oh !

1000. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « George Farcy »

comme il avait besoin de travaux et d’années pour signifier aux yeux du public ce que l’amitié y lisait déjà avec confiance ! […] Ce travail, entrepris d’après les conseils de M. […] Je ne voyais qu’un présent dont il fallait jouir, et jouir seul, parce que je n’avais ni richesses, ni bonheur à faire partager à personne, parce que l’avenir ne m’offrait que des jouissances déjà usées avec des moyens plus restreints ; et ne pas croître dans la vie, c’est déchoir. — Et cependant, du moins, tout ce que je voyais alors agissait sur moi pour me ranimer ; tout me faisait fête dans la nature ; c’était vraiment un concert de la terre, des cieux, de la mer, des forêts et des hommes ; c’était une harmonie ineffable, qui me pénétrait, que je méditais et que je respirais à loisir ; et quand je croyais y avoir dignement mêlé ma voix à mon tour, par un travail et par un succès égal à mes forces et au ton du chœur qui m’environnait, j’étais heureux ; — oui, j’étais heureux, quoique seul ; heureux par la nature et avec Dieu. […] La pensée de l’art noblement conçu le soutient et donne à ses travaux une dignité que n’avaient pas ses premiers essais, simples épanchements de son âme et de sa vie habituelle. — Il comprend tout, aspire à tout, et n’est maître de rien ni de lui-même.

1001. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXIVe entretien. Chateaubriand, (suite.) »

Son travail l’empêcha ainsi de tomber dans la misère, mais le laissa jusqu’à sa mort dans les difficultés de l’existence. […] Plus tard, il tâche de refaire les Confessions de Rousseau dans ses Mémoires posthumes ; mais la naïveté vraie du philosophe génevois lui manque ; elle s’évanouit à force de travail sous sa plume, et les Mémoires d’outre-tombe ne sont que la caricature des Confessions de Jean-Jacques Rousseau. Malgré les vices des Confessions, qui sont l’immoralité et le cynisme, on aime mieux un fou sincère qu’un sage prétentieux ; Chateaubriand, dans le travail de sa vie, est vaincu par Jean-Jacques Rousseau dans le travail de dix-huit mois.

1002. (1892) Boileau « Chapitre I. L’homme » pp. 5-43

Il faut dire, sans en tirer de conséquences, que l’on condamna peu après un faussaire du nom d’Haudiquier, pour fabrication de titres, et que Despréaux se trouva lui avoir payé vingt-cinq louis pour un travail de la nature duquel on n’est pas éclairci. […] En ce temps-là, dès qu’on avait franchi la porte Montmartre, on se trouvait en pleine campagne, au milieu des courtilles et des jardins, devant le paysage que Regnard apercevait de ses fenêtres : … Les yeux satisfaits S’y promènent au loin sur de vastes marais ; C’est là qu’en mille endroits laissant errer ma vue, Je vois croître à plaisir l’oseille et la laitue ; C’est là que dans son temps des moissons d’artichauts Du jardinier actif secondent les travaux, Et que de champignons une couche voisine Ne fait, quand il me plaît, qu’un saut dans ma cuisine. […] Boileau fit encore deux voyages, en Alsace et en Flandre ; puis il se tint en repos, laissant à Racine la principale part de travail, comme aussi des libéralités royales, qui semblent s’être proportionnées à l’activité déployée par chacun des deux collaborateurs. […] Là, on s’émancipait à de plus vives gaietés, encore bien inoffensives : comme il arrive souvent aux gens voués par profession aux graves pensées et aux travaux sérieux, ces magistrats, ces savants et ces prêtres ont le rire serein et facile de l’enfance.

1003. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre I. Le broyeur de lin  (1876) »

Il me fallut six années de méditation et de travail forcené pour voir que mes maîtres n’étaient pas infaillibles. […] Ce fut le travail auquel le pauvre Kermelle crut pouvoir se livrer sans déroger. […] Tu rirais si je te disais avec quoi le broyeur de lin suppléait à l’insuffisante rémunération de son pauvre petit travail. […] Elle faisait bien ces petits travaux de femme.

1004. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 février 1886. »

Les matelots d’un navire qui vient de jeter l’ancre carguent les voiles, lancent des câbles, et rythment leur travail d’un chant bref. […] Dans leur préface, les auteurs déclarent avoir voulu faire « un travail d’ensemble, un résumé clair et complet, un guide, en un mot, pour ceux que la curiosité pousse à aborder ces œuvres complexes, mais nullement inintelligibles ». […] Ses travaux sur la métrique allemande. […] Ses travaux ont-ils été pour cela inutiles ?

1005. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 juillet 1886. »

Et la musique qu’ils ouvrèrent, les canons et les messes des maîtres flamands, c’était un vain travail nullement artistique ; comme les stériles besognes d’un scribe, enjolivant sans les comprendre des lettres étrangères. […] Mais maintenant il s’agit de commencer les travaux : on est prêt à conclure des traités avec les entrepreneurs ; il faut les ratifier, et voici le temps de sortir de l’idéalité pour tomber dans la réalité. […] « La construction du théâtre est décidée et les travaux peuvent commencer. […] On n’avait pas à craindre de ne pouvoir réunir en nombre suffisant des musiciens et des chanteurs ; les premiers artistes se sont mis à la disposition de Wagner, qui ade même trouvé des collaborateurs distingués pour les travaux techniques, M. 

1006. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 15 décembre 1886. »

en quoi consista son travail d’assimilation et de transformation ? […] Menacé par les Dieux, Loke trouve un expédient, empêche l’architecte de finir son travail, et le fait assommer par Thor (Donner). […] Jules Guilliaume abandonna son travail de traduction, mais il ne renonça pas toutefois à propager la doctrine du maître saxon, dans les nombreux articles qu’il donna au Guide musical. […] Dupont et Lapissida, souvent associés dans le travail d’organisation des représentations wagnériennes, tiennent en main les destinées du théâtre de la Monnaie, on se demande si Wagner occupera enfin la place qui lui revient dans le programme de nos récréations artistiques.

1007. (1881) La psychologie anglaise contemporaine «  M. Georges Lewes — Chapitre II : La Psychologie »

Chaque processus psychique est le produit d’un travail sensoriel, d’un travail cérébral et d’un travail musculaire. […] Le sommeil et la transmission héréditaire ont été en France l’objet de travaux si importants et si nombreux, qu’il n’y a pas lieu de nous y arrêter longtemps ; notre but étant surtout de faire connaître les résultats les plus nouveaux de la psychologie anglaise.

1008. (1904) En méthode à l’œuvre

Et il est aisé de reconnaître de quels de ses affirmations et de ses livres, dépendent certaines tendances qui semblent gagner la poésie : telles d’humanisme, d’altruisme, de sociologie, de préoccupation des travaux de la terre ou des forces mécaniques, etc… Cette édition apporte donc comme en son expression définitive, et avec de très importants développements : la Méthode dont M.  […] Est-ce qu’on nommera pensée et tentative d’idéalisations directrices de l’entendement humain, et plutôt, ne les dira-t-on pas travaux de passivité mais d’une tare de sénilité quand si souvent on les reprend, et dangereuses imaginations, — qui en l’emphase de redites traditionnelles, d’une Beauté stérile et d’un Destin mensonger entretenaient nos désirs et notre nostalgie sans pantèlements à remuer le soleil et le nuage, depuis que déclinèrent en perte de sens vers les régions du ponant les énormes morphismes primordiaux des cosmiques Forces. […] Tandis que, délaissant la théorie du « Devenir » de Darwin (mais, sans doute, adéquatement à la hideuse morale pratique, n’arriveraient-ils qu’à l’erronée interprétation de Spencer), ils paraissent surtout séduits par l’idéalisme de Hégel, son éternel-devenir de Dieu, — pour ce qu’il n’est qu’un mode du panthéisme dont toute notre poésie se trouve imprégnée, en vague-à-l’âme… Or, des poètes qui eurent ainsi de tardives velléités de se rénover, des poètes nouveaux qui eurent la sensation d’être à de plus essentiels travaux, occultement astreints, nous n’avons saisi même le rêve stérile d’une personnelle destination de l’homme aux lois du monde : mais, au hasard des philosophies spiritualistes dont ils parurent s’inspirer, ni une œuvre, ni des livres en suite logique de poèmes. […]   Tout instrument de musique, il est su depuis les travaux de Helmoltz, à ses harmoniques propres dont le groupement le distingue d’autre : d’où son timbre, qui est ainsi qu’une couleur particulière du son.

1009. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1883 » pp. 236-282

* * * — Ce soir, au dîner de quinzaine, chez Brébant, Berthelot parle de l’acuité de l’ouïe, que développent étonnamment chez lui, les excès de travail. […] Dans ces pays, il paraîtrait aussi, que pour les rôles de criminel, les directeurs de théâtre sont en quête d’un vrai criminel, et quand il s’agit de jouer Macbeth, on fait des propositions d’engagement à une empoisonneuse, au moment de sortir de prison : et l’on voit des affiches ainsi conçues : Le rôle sera rempli par Mme X***, et entre parenthèses (10 ans de travaux forcés). […] Jeudi 5 juillet Aujourd’hui, de retour d’une demi-semaine de travail à Champrosay, Daudet s’ouvre, se répand, et conte le roman qu’il fait actuellement. […] Lundi 31 décembre La patrie de mon esprit, toute cette fin d’année, a été la salle à manger et le petit cabinet de travail de Daudet.

1010. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « Victor Hugo » pp. 106-155

Ce passage de l’abstrait au tangible, et de l’obscur au saisissant est marqué avec la plus noble énergie, dans la pièce En plantant le Chêne des États-Unis d’Europe, où le poète, dans un des plus larges déploiements lyriques qui soient, adjure les éléments, les cieux et la mer, de corroborer le jeune plant mis en terre : Vents, vous travaillerez à ce travail sublime, Ô vents sourds qui jamais ne dites : c’est assez. […] La création de la femme lui apparaît comme le travail d’un potier, celle d’une sauterelle comme l’œuvre d’un forgeron. […] Elle chante en travaillant à des travaux de couture, dont elle réussit à se nourrir et ne court qu’un danger : celui d’être tentée d’ouvrir un Voltaire, situé dans un coin ; des oiseaux et des fleurs sont à la fenêtre. […] On peut poursuivre ce travail pour tous les mots anthithétiques, depuis lumière-ténèbres, desquels sont omis les dégradations crépusculaires, jusqu’à matière-esprit, que relient les manifestations de plus en plus subtiles de la force.

1011. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Chapitre II : Règles relatives à l’observation des faits sociaux »

Il part de l’idée de production ; en la décomposant, il trouve qu’elle implique logiquement celles de forces naturelles, de travail, d’instrument ou de capital et il traite ensuite de la même manière ces idées dérivées23. […] C’est seulement ensuite qu’il sera possible de pousser plus loin la recherche, et, par des travaux d’approche progressifs, d’enserrer peu à peu cette réalité fuyante dont l’esprit humain ne pourra jamais, peut-être, se saisir complètement. […] Division du travail social, II, 2, § 4.) […] V Division du travail social, l.

1012. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Appendice — III. Un dernier mot sur M. de Talleyrand »

Sainte-Beuve disait lui-même qu’on ne peut encore aujourd’hui, et tant que les Mémoires de M. de Talleyrand n’auront pas été publiés, écrire un travail complet sur celui qui résume le mieux en lui, dans les temps modernes, tous les sens du mot grec Ὑποκριτής.

1013. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 6-7

La gloire qui les suit, après tant de travaux, Se passe en moins de temp que la poudre qui vole Du pied de leurs chevaux.

1014. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 78-80

On doit lui savoir gré d'avoir consacré son travail à la défense de la Religion, pendant que tant d'autres Auteurs s'efforcent de faire valoir des talens plus médiocres encore, à la décrier.

1015. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — T. — article » pp. 366-368

Mais pour cela, outre la souplesse du génie, il faut de la patience : vertu qui manque plus que le génie aux François, & qui manque sur-tout aux Traducteurs ; car tout Ecrivain ne fait effort qu’à proportion de la gloire qu’il se promet de son Ouvrage ; & comme les Traducteurs savent que le préjugé du Public n’attache qu’une gloire médiocre à leur travail, aussi sont-ils sujets à ne faire que des efforts médiocres pour y réussir. » Après avoir condamné la maniere de traduire de Tourreil, on doit rendre justice aux deux Préfaces excellentes qu’il a mises à la tête de sa Traduction.

1016. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article » pp. 430-432

ne lui donneroient pas le droit de figurer parmi les Littérateurs qui écrivent avec le plus de sagesse & de naturel, nous nous serions fait un devoir de le placer dans notre Ouvrage, en faveur des vûes patriotiques qui ont animé ses travaux.

1017. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Joinville. — II. (Fin.) » pp. 513-532

C’était grand pitié d’ouïr crier dans l’armée les gens à qui l’on coupait ces chairs ; car ils criaient tout ainsi que femmes qui sont en travail d’enfant. Cette armée de rudes croisés, qui ressemblent en leurs douleurs à une troupe de femmes en travail qui crient, c’est un trait énergique à joindre au tableau des pestes et épidémies célèbres6. […] Et Isaïe emploie aussi cette expression : « Je crierai comme une femme en travail. » Ce sont de ces images primitives et que donne la pure nature.

1018. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « William Cowper, ou de la poésie domestique (I, II et III) — III » pp. 178-197

on a toute la variété et les contrastes du tableau : un ancien eût fini peut-être par ce dernier trait et par cet image, mais Cowper ne s’y est pas tenu ; il y a mêlé son idée de fils d’Adam sur le travail qui est une peine et un châtiment, mais qui est devenu un moyen ou un gage de rachat. […] … Ce chant, pour justifier son titre, traite des fleurs, des travaux du jardinage : « Qui aime un jardin aime aussi une serre. » Il y a des préceptes tout particuliers sur l’art d’élever les courges ; le poète y parle d’après sa propre expérience, et comme quelqu’un qui a mis la main à la bêche et à la terre. […] L’apaisement est proprement ton bienfait ; et soit que je consacre tes légères heures à la lecture, à la musique, ou au travail du poète, ou à faire des filets pour préserver le fruit qui attire l’oiseau, ou que j’enroule le fil de soie autour de la bobine d’ivoire, selon que parfois l’ordonnent celles à qui l’homme est né pour complaire, je ne te dédaigne jamais, et je te salue le bienvenu toujours !

1019. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Le président Hénault. Ses Mémoires écrits par lui-même, recueillis et mis en ordre par son arrière-neveu M. le baron de Vigan. » pp. 215-235

Le roi entra au Parlement : M. d’Argenson et moi, dit le président Hénault, nous nous étions mis à côté l’un de l’autre, fort curieux de savoir si le cardinal aurait fait usage de mon travail, si le garde des sceaux (d’ArmenonvilIe) aurait consenti à adopter un discours qu’il n’avait pas composé ; enfin si M. le premier président (de Mesme) en aurait fait autant. […] Le président Hénault, qui prêtait volontiers aux autres, n’a jamais été homme à s’approprier le travail d’autrui ; il s’est fait aider de l’abbé Boudot et l’en a bien récompensé sans doute : mais ce qui distingue son utile volume, c’est le cachet qu’il y a mis. […] Ce qui lui manquait, c’était le travail qui creuse, l’attention qui concentre, c’était la puissance de talent qui réalise : Tout rappelle à notre esprit, disait-il dans la préface de son François II, les objets où il se plaît davantage ; et comme je m’occupe assez volontiers de l’histoire, je n’ai presque vu que cela dans Shakespearei… En voyant la tragédie de Henri VI, j’eus de la curiosité de rapprendre dans cette pièce tout l’historique de la vie de ce prince, mêlée de révolutions si contraires l’une à l’autre et si subites qu’on les confond presque toujours, malgré qu’on en ait… Et tout à coup, oubliant que je lisais une tragédie, et Shakespeare lui-même aidant à mon erreur par l’extrême différence qu’il y a de sa pièce à une tragédie, je me suis cru avec un historien, et je me suis dit : Pourquoi notre histoire n’est-elle pas écrite ainsi ?

1020. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres inédites de F. de La Mennais »

« Ce travail aride et assidu, nous dit M.  […] Je me sentirais, dans ces moments, un si grand désir de partager les travaux d’un si touchant apostolat ! […] Ma vie se passe dans une sorte de milieu vague entre toutes ces choses, avec un penchant très fort à une indolence d’esprit et de corps, triste, amère, fatigante plus qu’aucuns travaux, et néanmoins presque insurmontable.

1021. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Jules de Glouvet »

En général, l’œil de M. de Glouvet décompose, mais ne résume pas : il nous laisse faire ce travail et se contente de nous le rendre facile. […] Enfin, le travail des champs garde toujours une noblesse : il est si naturel, si nécessaire pour que l’humanité vive, qu’il en devient auguste ; c’est le travail antique, connu des patriarches et des rois.

1022. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Victor Duruy » pp. 67-94

Habitué par ses travaux historiques aux lenteurs des transformations sociales, M.  […] Après tout, la conquête romaine, relativement douce aux vaincus, substitua aux lois étroites de la République les lois générales et moins dures de l’Empire ; elle aplanit sans le savoir, pour la propagande chrétienne, tout le champ méditerranéen, et, d’autre part, respecta presque toujours l’indépendance de la pensée philosophique et commença de fonder, à travers le monde, la république des libres esprits ; elle fut enfin, pour une portion considérable de la race humaine, un puissant agent d’unité, encore qu’imparfaite et bientôt défaite… Et puis, nous venons de Rome ; et Victor Duruy ne peut se défendre d’aimer en Rome, initiée de la Grèce et notre initiatrice dans le travail jamais achevé de la civilisation, l’aïeule même de la France. […] Il croyait que le travail, la domination sur soi, la sincérité, la justice, le dévouement à la famille, à la patrie, à l’humanité, sont des devoirs dont la base est assez éprouvée pour que nous y donnions notre vie sans crainte de nous tromper trop grossièrement et pour que nos scepticismes et nos ironies ne soient plus qu’exercices de luxe et d’agrément passager.

1023. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Ivan Tourguénef »

Par un art fantasque, par des réticences, des demi-indications, des dialogues notés dans leurs temps, leurs arrêts, leurs inflexions, il esquisse peu à peu, comme un peintre dont on suivrait le travail, quelque physionomie plus complexe, qui ressort par brusques lumières sur un fond vague et brouillé. […] Cependant cette belle organisation porte un germe morbide : Bazarof réfléchit trop constamment ; ce travail d’introspection psychologique le conduit à des idées dangereuses, telles, que si son âme s’en laissait pénétrer, l’action et la vie lui deviendraient impossibles. […] Connaissant en substance les travaux de la métaphysique hégélienne, il enthousiasme par l’ardeur généreuse avec laquelle il en prêche les côtés vulgaires.

1024. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Essai sur la littérature merveilleuse des noirs. — Chapitre I. »

Pendant ce temps il a mis à profit les loisirs que lui laissait son travail pour transcrire les contes populaires du pays que lui racontaient des indigènes de toutes classes et de toutes professions : griots1, gardes, interprètes, dioulas2, laptots3, simples cultivateurs.1 Ce travail ne lui a pas été corvée et il ne dissimule pas que le plaisir d’entendre narrer des histoires que beaucoup tiennent pour uniquement puériles a tout d’abord sensiblement stimulé sa vocation naissante de folkloriste. […] Afin que le lecteur puisse contrôler les sources étrangères auxquelles je me référerai au cours de ce travail, je les indique ci-dessous en une brève notice biographique.

1025. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « X. Ernest Renan »

En ces Études d’histoire religieuse, la négation dans le détail n’est ni plus imposante ni plus forte que l’affirmation dans les points de départ et les conclusions, de sorte que le livre, qui contient ces travaux construits avec tant de petites notions si laborieusement accumulées et qui se maintient avec tant de peine, entre toutes les opinions, dans un équilibre favorable à son influence, croule, pour peu qu’on le touche d’une main ferme, de tous les côtés à la fois ! […] Taine, dont nous parlerons plus loin, a donnée de la Science et qui permettrait à toutes les deux de faire leur travail de destruction dans la plus complète sécurité et sans s’inquiéter de savoir s’il y a une morale, une société, des gouvernements, un foyer domestique, tout un ensemble de choses organisées autour de soi, à respecter, cette définition, qu’il est si important de faire admettre à tout le monde, est la grande affaire et le coup d’État actuel des philosophes. […] Renan entra aisément, et pour cette raison même, au Journal des débats, et il y est encore, je crois, les jours de grande fête ; de là, il cingla vers l’Institut, et le voilà, non pas sans travaux, puisqu’il chiffonne dans l’érudition allemande, et c’est une terrible besogne, mais rapidement et sans luttes, le voilà regardé comme un critique, un érudit et un écrivain formidable, même par ses ennemis.

1026. (1868) Curiosités esthétiques « VI. De l’essence du rire » pp. 359-387

Le travail est encore à faire, car les essais publiés jusqu’à présent ne sont guère que matériaux ; mais j’ai pensé qu’il fallait diviser le travail. […] Ainsi l’homme qui a jusqu’à présent le mieux senti ces idées, et qui en a mis en œuvre une partie dans des travaux de pure esthétique et aussi de création, est Théodore Hoffmann.

1027. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Appendice sur La Fontaine »

Avant de parler du travail important de M.  […] Ronsard et ses disciples vinrent alors, qui abjurèrent le culte des antiquités nationales et les laissèrent en partage aux érudits, aux Pasquier, aux La Croix du Maine, aux Du Verdier, aux Fauchet, dont les travaux, tout estimables qu’ils sont pour le temps, fourmillent d’erreurs et attestent une extrême inexpérience.

1028. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « M. Victor Vousin. Cours de l’histoire de la philosophie moderne, 5 vol. ix-18. »

Elle dominait les sciences physiques et s’y appuyait ; elle siégeait aux plus hautes régions de l’astronomie avec Laplace ; elle régnait à l’Institut par les brillants travaux de Cabanis, surtout par les analyses rigoureuses et en apparence définitives de Tracy ; en morale, elle était arrivée à rédiger son Catéchisme avec Saint-Lambert et Volney. […] Aussi cet esprit de feu qui avait animé sa parole publique ne lui a pas fait défaut dans la solitude du cabinet, et l’ancien travail refondu en est ressorti très-vivant.

1029. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « (Chroniqueurs parisiens I) MM. Albert Wolff et Émile Blavet »

Les hommes occupés aux travaux de l’esprit n’ont même pas le temps et n’auraient point le goût de les parcourir. […] Et, plus souvent qu’on ne croirait, une fois mis en train, il leur arrive de se laisser prendre à ce travail forcé, de penser ce qu’ils écrivent et d’achever avec intérêt ce qu’ils avaient commencé avec ennui.

1030. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre deuxième »

Sa théorie du vrai embelli, figuré tantôt par un bâtiment qui déplaît s’il n’est que solide, tantôt par un diamant à qui la taille donne son prix, transporte tout le travail littéraire de la pensée au mot. […] Tel est l’ordre du travail.

1031. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1854 » pp. 59-74

Année 1854 Fin Février 1854 Tout cet hiver, travail enragé pour notre Histoire de la société pendant la Révolution. […] Afin de faire un peu d’exercice, de ne pas tomber malades, nous ne nous permettons qu’une promenade après dîner, une promenade dans les ténèbres des boulevards extérieurs, pour n’être point tirés, par la distraction des yeux, de notre travail, de notre enfoncement spirituel en notre œuvre.

1032. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface des « Burgraves » (1843) »

La portion du public qui veut bien suivre ses travaux avec quelque intérêt a lu peut-être le livre intitulé le Rhin, et sait par conséquent que ce voyage d’un passant obscur ne fut autre chose qu’une longue et fantasque promenade d’antiquaire et de rêveur. […] Il est fier de l’attention persistante et sérieuse dont le public veut bien entourer ses travaux, si insuffisants qu’ils soient, et, sans répéter ici ce qu’il a déjà dit ailleurs, il sent que cette attention est pour lui pleine de responsabilité.

1033. (1864) William Shakespeare « Conclusion — Livre II. Le dix-neuvième siècle »

Le Lucrèce qu’il faut à ce siècle en travail doit contenir Caton. […] Oui, tous tant que nous sommes, grands et petits, puissants et méconnus, illustres et obscurs, dans toutes nos œuvres, bonnes ou mauvaises, quelles qu’elles soient, poëmes, drames, romans, histoire, philosophie, à la tribune des assemblées comme devant les foules du théâtre, comme dans le recueillement des solitudes, oui, partout, oui, toujours, oui, pour combattre les violences et les impostures, oui, pour réhabiliter les lapidés et les accablés, oui, pour conclure logiquement et marcher droit, oui, pour consoler, pour secourir, pour relever, pour encourager, pour enseigner, oui, pour panser en attendant qu’on guérisse, oui, pour transformer la charité en fraternité, l’aumône en assistance, la fainéantise en travail, l’oisiveté en utilité, la centralisation en famille, l’iniquité en justice, le bourgeois en citoyen, la populace en peuple, la canaille en nation, les nations en humanité, la guerre en amour, le préjugé en examen, les frontières en soudures, les limites en ouvertures, les ornières en rails, les sacristies en temples, l’instinct du mal en volonté du bien, la vie en droit, les rois en hommes, oui, pour ôter des religions l’enfer et des sociétés le bagne, oui, pour être frères du misérable, du serf, du fellah, du prolétaire, du déshérité, de l’exploité, du trahi, du vaincu, du vendu, de l’enchaîné, du sacrifié, de la prostituée, du forçat, de l’ignorant, du sauvage, de l’esclave, du nègre, du condamné et du damné, oui, nous sommes tes fils, Révolution !

1034. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre IV : La philosophie — I. La métaphysique spiritualiste au xixe  siècle — Chapitre III : Le présent et l’avenir du spiritualisme »

Tous les spiritualistes sans exception croient à la fois à la nécessité de l’esprit d’examen ; mais il semble que les uns attachent plus d’importance à la doctrine qu’à la liberté, aux conclusions déjà trouvées qu’à la recherche de vérités nouvelles, à la défense qu’à la découverte, à l’intérêt moral et pratique qu’à la pure science et à la libre spéculation, au repos qu’au mouvement, à la tranquillité d’une conviction satisfaite qu’aux ardeurs toujours anxieuses et dangereuses d’une pensée en travail. […] Il est évident, pour tous ceux qui savent ce qui se passe, qu’un travail de rajeunissement et de rénovation s’opère dans le sein de la philosophie spiritualiste.

1035. (1860) Ceci n’est pas un livre « Mosaïque » pp. 147-175

Tantôt, c’était avec recueillement, avec amour, qu’il se penchait sur son travail. […] Le farniente au travail, — mauvaise habitude ; Un fauteuil moelleux à une chaise de paille, mauvaise habitude ; L’étudiant aime mieux suivre une jolie femme que les cours de l’École, — mauvaise habitude !

1036. (1811) Discours de réception à l’Académie française (7 novembre 1811)

Laujon avait donné l’édition complète de ses œuvres ; on y reconnaît un esprit fin, un travail facile, une aimable négligence. […] Et si, malgré tant d’efforts, tes travaux étaient méconnus ; si, malgré tant de génie, tes chefs-d’œuvre étaient proscrits, tu te réfugierais aux pieds du trône, et tu trouverais encore un grand monarque pour les protéger.

1037. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Les Césars »

Dans les premières années de ce siècle, deux hommes de génie, mais d’un génie qui finissait en rêverie, comme la flamme la plus pure finit en fumée, Ballanche et Niebuhr, frappèrent, avec des préoccupations diverses, au cœur même de la chose romaine ; mais l’exactitude de leurs travaux plus illuminés que lumineux, n’est-elle pas une question encore ? […] L’Empire avait des raisons d’être intimes et profondes… Il était le développement définitif, et auquel la République avait travaillé, d’une loi plus haute que les ambitions et plus impérieuse que les volontés humaines, à savoir : que toute victoire pour Rome s’était changée en nécessité de gouverner les peuples conquis, et que cette nécessité de gouverner le monde méditerranéen avait fini, en grandissant les vices de l’élection, par la rendre complètement impossible. — Le travail de Champagny nous semblait digne de cette imposante conclusion.

1038. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Jacques Cœur et Charles VII »

De tous les livres d’une époque d’orgueil et d’illusion qui ont des prétentions et des visées immenses, il ne restera peut-être à lire fructueusement dans un siècle que de modestes et courageux travaux d’histoire, dont on parle à peine au milieu du fracas des grandes théories et de l’usurpation des sciences fausses. […] Savant, renseigné, déjà rompu au style et à la manière de l’histoire, car il est l’auteur d’un travail estimé sur Colbert qui, sans être irréprochable pourtant, nous fait mieux connaître ce grand ministre que tout ce qu’on a publié jusqu’ici, il pouvait, tout comme un autre, et même mieux qu’un autre, faire une large battue dans le passé, nous donner quelque histoire de la civilisation à telle époque, et recommencer cette chasse aux fantômes et aux choses vagues qu’il faut refaire tous les vingt ans si l’on veut rester, soi et son œuvre, autrement qu’à l’état de date et de livre dépassé dans l’esprit des générations !

1039. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « IV. M. Henri Martin. Histoire de France » pp. 97-110

Dans le travail de Pénélope que font toutes les Sciences, à cette heure, en attendant un Ulysse qui ne viendra pas, la Science historique, comme les autres, entasse systèmes sur systèmes. […] Les travaux que j’ai cités de MM. d’Arbois de Jubainville et de Beaucourt, sur lesquels je ne puis m’étendre, sont excellents.

1040. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Michelet » pp. 259-274

Bien avant ce livre, du reste, et avant moi, en 1862, un écrivain catholique, que les hommes du monde appelleraient « un voyant » en matière humaine et littéraire, et les esprits religieux « un mystique » de surnaturelle pénétration, Ernest Hello, avait montré, dans un très beau et très touchant travail de critique, que Michelet était chrétien dans la racine même de son être, et comment le christianisme naturel qu’il avait tout fait pour s’arracher de l’âme aurait, s’il l’y avait laissé, donné à son talent toute la beauté de sa destinée. Le travail d’Ernest Hello est l’expression d’un inconsolable regret.

1041. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXXI. Sainte Térèse »

Malgré l’importance et la difficulté du travail de M. l’abbé Bouix, quelle est la plume, se croyant grave parmi toutes celles qui se croient amusantes, qui ait eu seulement le courage d’en toucher deux mots ? […] Que voulez-vous dire, en effet, quand on n’en peut pas rire, du travail d’un jésuite sur une Sainte, cette Sainte-là fût-elle sainte Térèse ?

1042. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Lacordaire. Conférences de Notre-Dame de Paris » pp. 313-328

D’ailleurs, ce travail, qui a un autre but que d’expliquer les procédés de l’art oratoire et d’en mettre les beautés en lumière, sera la preuve d’un fait qu’il faut incessamment rappeler aux peuples affolés de l’art de bien dire, comme le sont les peuples vieux et impuissants ; c’est que l’éloquence véritable, celle que les âges n’éteignent point en passant sur elle, exprime toujours, je ne dis pas seulement une conviction… qu’est-ce que la conviction d’un homme ? […] Aussi, par cela seul que l’enseignement des prêtres implique une connaissance plus intime de l’homme, j’ai toujours pensé qu’un travail d’ensemble sur la prédication catholique ferait jaillir d’admirables lueurs sur les diverses époques de l’Histoire, et en éclairerait jusqu’aux entrailles.

1043. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Dargaud »

Il s’est fait presque de lui-même, avec les premières impressions de la vie, ces premières impressions qui n’ont pas besoin d’appuyer pour laisser en nous d’ineffaçables empreintes, et il n’a demandé d’autre travail à son auteur que de se souvenir. […] Seulement, il n’a pas cru que ce fût une mauvaise interruption apportée à des travaux plus vastes et plus sévères, qu’un livre où il est question de l’âme de l’homme, quand même l’homme y dirait ce « Je » que haïssait Pascal.

1044. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Edgar Quinet »

Il avale le globe et le rend… expliqué, seulement pour se distraire un peu, pour se récréer dans sa Suisse et dans sa vieillesse, pour reprendre haleine aussi, comme Michelet, après ses pesants travaux historiques. […] Armé de cette puissance qui est la somme de vie de tous les êtres apparus sur le globe, je défie la mort, je brave le néant… Lorsque je vois cette lente progression, depuis le tribolite, premier témoin effaré du monde naissant, jusqu’à la race humaine, et tous les degrés vivants de l’universelle vie s’étayer l’un sur l’autre, et tous ces yeux ouverts, ces pupilles d’un pied de diamètre qui cherchent la lumière, toutes ces formes qui s’étagent l’une sur l’autre, tous ces êtres qui rampent, nagent, marchent, courent, bondissent, volent au-devant de l’esprit, comment puis-je croire que cette ascension soit arrêtée à moi, que ce travail infini ne s’étende pas au-delà de l’horizon que j’embrasse ?

1045. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Raymond Brucker » pp. 27-41

Pendant ce temps, et jusqu’en 1836, les travaux de M.  […] Incorrigiblement littéraire à travers ses travaux de parole, il publiait les Docteurs du jour, un livre qui eut un grand succès de jeunes gens et de séminaire et devant lequel la presse eut l’injustice ou la petite rouerie, si connue, du silence.

1046. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Paul Féval » pp. 145-158

Féval, cette réputation qui n’est pas seulement la popularité du feuilleton, est-elle en proportion avec ses efforts et ses travaux ? […] Les travaux de Balzac épouvantent.

1047. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XVI. Des sophistes grecs ; du genre de leur éloquence et de leurs éloges ; panégyriques depuis Trajan jusqu’à Dioclétien. »

Lorsque Domitien périt, Dion était en habit de mendiant dans un camp de l’armée romaine, inconnu à tout le monde, et s’y occupant des travaux les plus pénibles. […] Il s’excusa sur son travail, de ce qu’il n’avait point vu l’empereur la veille.

1048. (1853) Histoire de la littérature française sous la Restauration. Tome I

Mais il faut du temps pour que ce travail s’opère. […] Si la parole n’est pas nécessaire pour former les idées, ceux qui ont suivi la formation successive des idées chez les enfants conviendront du moins qu’elle est bien utile dans ce travail intérieur. […] La politique avait détruit la philosophie et, en général, tous les travaux purement intellectuels. […] La plupart de ces travaux étaient presque contemporains des grands travaux publiés par Joseph de Maistre, Bonald et Chateaubriand. […] Ce changement allait donner une importance inaccoutumée aux travaux de l’esprit.

1049. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Breton, Jules (1827-1906) »

Gustave Larroumet Il n’est venu qu’assez tard à la poésie : « J’ai longtemps ignoré, dit-il, le poète qu’absorbait en moi l’opiniâtre travail du peintre. » Il adorait la poésie, il lisait avec enthousiasme : « La Fontaine, Racine, H. 

1050. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — C — Chênedollé, Charles-Julien Lioult de (1769-1833) »

Actuellement encore, les trois règnes de la nature sont l’objet des travaux d’un poète, et l’on peut compter sur un bel ouvrage ; car le sujet est admirable, et le poète est M. 

1051. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Du Camp, Maxime (1822-1894) »

André Lemoyne Dans les Chants modernes, la désespérance de l’ancien romantisme jette çà et là sa note funèbre un peu incohérente, mais les hauts faits de la grande industrie contemporaine ont éveillé surtout le lyrisme de l’auteur, qui glorifie dignement les travaux herculéens des classes déshéritées.

1052. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — S — Sardou, Victorien (1831-1908) »

Il semble qu’il soit sorti meurtri de sa lutte avec cette pieuvre énorme et horrible appelée le Travail littéraire, et ses beaux cheveux sont de ceux qui consolent les gens chauves d’être chauves, car on voit que cette noire, lourde, charmante et fabuleuse chevelure le dévore !

1053. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 252-254

de Senez de prodiguer l’apostrophe & l’exclamation, parce que le retour fréquent de ses figures est chez lui un effet de cette heureuse liberté qui conserve aux traits de l’imagination toute leur rapidité, & fait disparoître cette empreinte du travail, si contraire au pathétique ; mais dangereuse méthode, qui, employée par des Orateurs médiocres ou timides, jetteroit leur style dans de vaines déclamations.

1054. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 266-268

Ce travail ne lui fait honneur, que parce qu’il fut entrepris par ordre du Roi & pour l’usage de M. le Dauphin.

1055. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 184-186

Ses Eloges & ses Critiques, ses travaux & ses plaisirs, tout étoit outré par le peu d’empire qu’il avoit sur lui-même.

1056. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 235-237

On jouit souvent des avantages d’un bon Livre, sans songer aux qualités qu’il suppose, & aux travaux qu’il a coutés.

1057. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » pp. 502-504

Ses travaux littéraires consistent dans des Traductions ; 1°. d’une Histoire de Maroc depuis le septieme Siecle jusqu’au quatorzieme ; 2°. d’une Histoire de toutes les Monarchies Mahométanes, composée par Hussein Effendi Hezarsen, Turc moderne ; 3°. d’un Etat général de l’Empire Ottoman, depuis sa fondation jusqu’au dix-huitieme Siecle, avec l’Abrégé des Vies des Empereurs, d’après un Manuscrit Turc ; enfin, dans celle des Mille & un Jours, Contes Arabes, & c.

1058. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article » pp. 260-261

Les petites Poésies de M. de Sauvigny n'ont pas les mêmes droits à l'indulgence ; elles manquent de naturel, & sentent trop le travail : à cela près, ses Lettres philosophiques & ses Odes anacréontiques offrent de l'esprit, de la finesse, & quelquefois de la sensibilité.

1059. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préfaces des « Orientales » (1829) — Préface de février 1829 »

Sans doute, on pourrait quelquefois se prendre à regretter ces époques plus recueillies ou plus indifférentes, qui ne soulevaient ni combats ni orages autour du paisible travail du poète, qui l’écoutaient sans l’interrompre et ne mêlaient point de clameurs à son chant.

1060. (1901) Figures et caractères

Il était malade de ce terrible travail d’absorption ; il fallut partir ; il partit. […] Son étude restera un des beaux travaux de ce noble esprit. […] Le travail remplaça tout. […] Depuis de longues années le sublime projet s’amassait sur sa table de travail en notes innombrables. […] C’est là son grand travail individuel et national.

1061. (1856) Cours familier de littérature. II « Xe entretien » pp. 217-327

Penser n’était plus un loisir, c’était un travail ; la société en ébullition jetait toutes ses flammes dans le même foyer. […] On voyait au costume et à la maigreur l’exténuement d’une population à qui le travail manque et à qui le pain est rare depuis plusieurs mois. […] du travail et du pain ! […] … Du travail ! […] … Du travail !

1062. (1823) Racine et Shakspeare « Préface » pp. 5-7

Occupé toute sa vie d’autres travaux, et sans titres d’aucune espèce pour parler de littérature, si malgré lui ses idées se revêtent quelquefois d’apparences tranchantes, c’est que, par respect pour le public, il a voulu les énoncer clairement et en peu de mots.

1063. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XXIII. Des sympathies anarchistes de quelques littérateurs » pp. 288-290

Le travail de démontage par où s’inaugurerait le succès des anarchistes les flatterait et les exciterait infiniment.

1064. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » pp. 377-379

Ces différens objets avoient répandu un nouveau degré d’intérêt sur les travaux de ses Prédécesseurs, qui s’étoient écartés, en ce point, du plan suivi par tous ceux qui ont écrit l’Histoire de France.

1065. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préface et poème liminaire des « Contemplations » (1856-1859) — Préface (1859) »

Traverser le tumulte, la rumeur, le rêve, la lutte, le plaisir, le travail, la douleur, le silence ; se reposer dans le sacrifice, et, là, contempler Dieu ; commencer à Foule et finir à Solitude, n’est-ce pas, les proportions individuelles réservées, l’histoire de tous ?

1066. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre premier. Vue générale des épopées chrétiennes. — Chapitre premier. Que la poétique du Christianisme se divise en trois branches : Poésie, Beaux-arts, Littérature ; que les six livres de cette seconde partie traitent spécialement de la Poésie. »

Autre chose est de produire un ouvrage de quelques mois de travail, autre chose est d’élever un monument qui demande les labeurs de toute une vie.

1067. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre quatrième. Du Merveilleux, ou de la Poésie dans ses rapports avec les êtres surnaturels. — Chapitre VIII. Des Anges. »

Rien n’empêche d’accorder à ces esprits bienfaisants des marques distinctives de leurs pouvoirs et de leurs offices : l’Ange de l’amitié, par exemple, pourrait porter une écharpe merveilleuse, où l’on verrait fondus, par un travail divin, les consolations de l’âme, les dévouements sublimes, les paroles secrètes du cœur, les joies innocentes, les chastes embrassements, la religion, le charme des tombeaux, et l’immortelle espérance.

1068. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Errata Du Tome second. » pp. -

Dotteville de l’Oratoire ont aussi formé le projet de traduire Tacite, & que leur travail est fort avancé.

1069. (1763) Salon de 1763 « [À mon ami Monsieur Grimm. » pp. 171-182

Peut-être y aurait-il quelque ordre sous lequel on pourrait les ranger ; mais je ne vois pas nettement ce travail compensé par ses avantages.

1070. (1861) La Fontaine et ses fables « Troisième partie — Chapitre I. De l’action »

Celles-ci, lassées de leur travail continu, résolurent d’étrangler le coq, car elles croyaient qu’il causait leurs maux en éveillant la nuit leur maîtresse. »162 A proprement parler, ce n’est pas là un tableau, mais le sujet d’un tableau. […] Au moins que les travaux,     Les dangers, les soins du voyage,     Changent un peu votre courage. […] S’il avait la verve facile d’un poëte, il avait le travail assidu d’un écrivain ; il corrigeait, épurait, ajoutait, choisissait, et ses compositions, sous une apparente négligence, étaient aussi bien liées que celles des plus fameux raisonneurs. […] Parcourant, sans cesser, ce long cercle de peines Qui, revenant sur soi, ramenait dans nos plaines Ce que Cérès nous donne et vend aux animaux ;          Que cette suite de travaux Pour récompense avait, de tous tant que nous sommes, Force coups, peu de gré ; puis, quand il était vieux, On croyait l’honorer chaque fois que les hommes Achetaient de son sang l’indulgence des dieux. […]     La terre et le travail de l’homme Font pour les assouvir des efforts superflus.

1071. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XVI. La littérature et l’éducation publique. Les académies, les cénacles. » pp. 407-442

Collèges, écoles, universités même ont toujours eu la fonction de transmettre d’une génération à l’autre une certaine provision de connaissances, des habitudes d’esprit, des procédés de travail, bref des résultats acquis par l’expérience des siècles. […] Anatole France, Loti, Bourget, Lemaître, pour ne citer que les plus connus, y ont eu large part ; que beaucoup de travaux solides et utiles, mais peu susceptibles d’être goûtés par le commun des lecteurs, ont dû les moyens de s’achever à ces libéralités intelligentes ; qu’enfin, pour beaucoup d’écrivains novices, ces distinctions, accompagnées d’une petite somme d’argent ont été la vie, l’indépendance, le loisir de travailler assurés pour plusieurs mois, l’accès ouvert aux revues, aux journaux, aux théâtres, bref une aide précieuse aux jours difficiles des premiers pas vers la lumière. […] C’est l’usage en littérature qu’on hérite de ceux qu’on assassine, et les derniers venus ont beau profiter des travaux et des efforts de leurs devanciers immédiats, ils commencent le plus souvent par les condamner comme surannés, par les tuer autant qu’ils peuvent dans l’estime publique. […] Pour un qui, « très en puissance de s’abnégatiser et capable de sortir victorieux de l’ascèse magique, a préféré œuvrer d’art », nous en citerions dix autres qui, tout au rebours, s’abstraient en des travaux mystérieux… » Si les prétentions ontrecuidantes des cénacles, si leur « intrépidité de bonne opinion » ont provoqué et souvent mérité des moqueries de ce genre, est-ce à dire qu’ils n’aient pas leur fonction utile dans l’évolution littéraire ? […] C’est à ce travail incessant que les cénacles consacrent leur énergie et c’est pour cela qu’ils ont tous leur moment de succès et d’éclat, de vogue tout au moins, et leur influence heureuse sur la marche de la littérature.

1072. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 mai 1885. »

Et c’est Haydn, précisément, qui, ainsi qu’on l’a bien observé, servit, entre tous, de modèle pour les premiers travaux de Beethoven. […] Et c’est en cela, exclusivement, que se fonde la liaison du grand Beethoven avec la nation allemande, liaison que nous voudrions éclairer au moyen des traits spéciaux, à nous connus, sur sa vie et ses travaux. […] Un pareil sentiment avait conduit, jadis, Spinoza, dans sa conscience de lui-même, à tailler des verres de lunettes, pour obtenir, par ce travail, le moyen d’entretenir sa vie. […] C’est que le musicien Beethoven, privé de ressources personnelles, devait chercher par son seul travail musical l’entretien de sa vie. […] Et dans la mesure, aussi, où il se sentait, plus fortement, le possesseur de ce trésor intime, il produisait avec une plus sûre conscience, ses exigences au dehors : il demandait, maintenant, à ses protecteurs, comme seule grâce, que, cessant le payer de ses travaux, ils voulussent veiller à ce que, toujours, il pût travailler pour soi, à l’abri de tout dérangement extérieur.

1073. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 juin 1885. »

La souscription n’avait pas été, entièrement, couverte : et, au cours des travaux, l’argent manqua. […] Mais notre travail sera possible, en une certaine mesure, si au lieu d’entendre cette œuvre musicale, nous la revoyons, seulement, dans le souvenir. […] Et c’est maintenant, comme si, (dans l’Allégro moderato qui suit), le Maître, conscient de son art, s’était mis, de suite, à son travail d’enchantement. […] Aussi nous avons cherché, en vain, cette année, entre les kilomètres de toile peinte, quelques travaux sérieux, nous pouvant être des exemples à l’explication de la théorie Wagnérienne. […] Fantin a tourné vers lui ces visages ; comprenant, encore, combien stupide est ce réalisme prétendu, qui oblige le peintre à représenter les hommes dans leurs poses accoutumées, et l’oblige à percevoir, ainsi, inexactement, leurs traits, que la nécessité de feindre un faux travail déforme, inévitablement.

1074. (1856) Cours familier de littérature. II « VIIIe entretien » pp. 87-159

Ce livre raconte en versets, dont chacun est un vers qui trouve son écho dans un autre vers, les pensées de Dieu, la création du monde en six grandes journées de l’ouvrier divin, qui sont peut-être des semaines de siècles ; la naissance du premier homme, son ennui solitaire dans l’isolement de son être, qui n’est qu’un morne ennui sans l’amour ; l’éclosion nocturne de la femme, qui sort, comme le plus beau des rêves, du cœur de l’homme ; les amours de ces deux créatures complétées l’une par l’autre dans ce premier couple dont le fils et les filles seront le genre humain ; leurs délices dans un jardin à demi céleste ; leur pastorale enchantée sous les bocages de l’Éden ; leur fraternité avec tous les animaux aimants qui parlaient alors ; leur liberté encore exempte de chute ; leur tentation allégorique de trop savoir le secret de la science divine, secret réservé seul au Créateur, inhérent à sa divinité ; leur faute, de curiosité légère chez la femme, de complaisance amoureuse chez l’époux ; leur tristesse après le péché, premier réveil de la conscience, cette révélation par sentiment du bien et du mal ; leur citation au tribunal divin ; les excuses de l’homme pour rejeter lâchement le crime sur sa complice, le silence de la femme, qui s’avoue coupable par les premières larmes versées dans le monde ; leur expulsion ; leur pèlerinage sur la terre devenue rebelle ; la naissance de leurs enfants dans la douleur ; le travail sous toutes les formes, premier supplice de l’humanité ; le premier meurtre faisant boire à la terre le sang de l’homme par la main d’un frère ; puis la multiplication de la race pervertie dans sa source ; puis le déluge couvrant les sommets des montagnes ; une arche sauvant un juste, sa famille, tous les animaux innocents ; puis la vie patriarcale, en familiarité avec des esprits intermédiaires appelés des anges, esprits tellement familiers qu’ils se confondent à chaque instant sur la terre avec les hommes, auxquels ils apportent les messages de Dieu ; puis un peuple choisi de la semence d’Abraham ; des épisodes naïfs et pathétiques, comme ceux de Joseph, de Tobie, de Ruth ; une captivité amère chez les Égyptiens ; un libérateur, un législateur, un révélateur, un prophète, un poète, un historien inspiré dans Moïse ; puis des annales pleines de guerres, de conquêtes, de politique, de liberté, de servitude, de larmes et de sang ; puis des prophètes moitié tribuns, moitié lyriques, gouvernant, agitant, subjuguant le peuple par l’autorité des inspirations, la majesté des images, la foudre de la langue, la divinité de la parole ; puis des grandeurs et des décadences qui montent et descendent de Salomon à Hérode ; puis l’assujettissement aux Romains ; puis un Calvaire, où un prophète plus surnaturel monte sur un autre arbre de science pour proclamer l’abolition de l’ancienne loi, et promulguer pour l’homme, sans acception de tribus, Juifs et païens, une loi plus douce scellée de son sang ; Puis une autre terre et un autre ciel pour l’univers romain devenu l’Europe. […] On assiste pour ainsi dire à ce travail des siècles et de la mer, qui jette des alluvions de sable et de coquillages sur des falaises, et qui solidifie ce sable devenu granit en le polissant. […] Lorsque le travail intestin du temps, du culte, des rois, des ministres, des événements eut fondu toutes ces diversités dans une unité de plus en plus parfaite et qui n’est pas achevée encore, il en sortit la France, c’est-à-dire la race multiple et une tout à la fois, le caractère, non plus français, non plus gaulois, non plus germain, non plus breton, non plus italien, non plus occitanien, non plus armoricain, non plus burgunde, mais le caractère européen par excellence, la nationalité cosmopolite, l’équilibre de toutes les facultés ; autrement dit, le bon sens moderne. […] Mais, d’un autre côté, on ne peut se dissimuler que l’imitation d’abord puérile, puis libre, de deux langues aussi bien construites, aussi rationnelles, aussi mûres que le grec et le latin (dérivant presque en entier elles-mêmes du sanscrit, la source indienne de toutes langues) ; on ne peut se dissimuler, disons-nous, que cette imitation n’ait été un travail très perdu pour nos écrivains et nos poètes, mais très utile pour notre langue française elle-même ; on ne peut méconnaître qu’en se calquant sur ce grec, sur ce latin, sur ce sanscrit, langues toutes faites et presque parfaites, la langue française n’y ait contracté une rigueur de construction, une solidité de membrures, une disposition de parties du discours, une propriété de verbe, une logique de sens, une clarté de tours et une maturité de mots qui en ont fait, à l’heure où nous sommes, un des plus parfaits instruments de pensée donnés à un peuple pour créer et pour répandre son esprit dans l’univers et pour le propager loin dans la postérité. […] « Pleurez donc ce grand capitaine, et dites en gémissant : Voilà celui qui nous menait dans les hasards ; sous lui se sont formés tant de renommés capitaines que ses exemples ont élevés aux premiers honneurs de la guerre : son ombre eût pu encore gagner des batailles ; et voilà que, dans son silence, son nom même nous anime, et ensemble il nous avertit que, pour trouver à la mort quelque reste de nos travaux et n’arriver pas sans ressources à notre éternelle demeure, avec le roi de la terre il faut encore servir le roi du ciel.

1075. (1857) Cours familier de littérature. III « XVIIIe entretien. Littérature légère. Alfred de Musset » pp. 409-488

Le plaisir est, en effet, aussi une des fonctions de l’homme ; par une divine indulgence de la Providence, la vie de tous les êtres a été partagée en travail et en repos, en veille et en sommeil, en effort et en détente du corps et de l’esprit. […] Dieu a traité ainsi paternellement l’homme en enfant à qui on accorde un délassement après le travail. […] IX Saint-Évremond, l’ami du comte de Grammont et d’Hamilton, était un de ces hommes qui ne se font pas avec de la volonté, du travail et du talent, mais qui naissent tout faits des mains capricieuses de la nature. […] L’amitié solide, l’amour respectueux, la liberté d’esprit, la grâce de l’entretien, l’oisiveté d’habitude, le travail par amusement, la plaisanterie sans malice, la poésie sans prétention, la recherche du plaisir décent comme but d’une vie où rien n’est certain que la mort, le doute nonchalant sur les vérités morales, la philosophie des sens en un mot assaisonnée seulement des délicatesses du bon goût, prolongèrent jusqu’à quatre-vingt-dix ans les années toujours saines et l’esprit toujours productif du philosophe français. […] Souverain fatigué avant le travail, tu as abdiqué avec insouciance, comme un roi de la race des Sardanapale, une dignité qui t’aurait coûté une heure de ton sommeil ou une coupe de tes festins !

1076. (1896) Le IIe livre des masques. Portraits symbolistes, gloses et documents sur les écrivains d’hier et d’aujourd’hui, les masques…

C’est déjà un travail considérable que d’en faire le dénombrement. […] D’un mot il définit tel génie : « Les contes que l’on connaît, petits travaux de fleurs et plumes. » ― En somme, juste assez d’écritures pour qu’on regrette ce qui est resté dans les limbes du possible ; mais si M.  […] Cette attitude est presque toujours belle ; plus belle que les gestes disparates de la période ascendante : le repos est plus beau que le travail. […] Lequel de ces travaux nous sera-t-il le plus profitable ? […] Il a la foi, puisqu’il vit et puisque la faillite de tous les vieux automnes ne l’incline pas à se coucher avant tout travail, parmi la terrible stérilité de l’herbe.

1077. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Troisième partie. — L’école historique » pp. 253-354

Mais c’est un travail aussi ingrat que bizarre de rechercher curieusement des cailloux dans de vieilles ruines, quand on a des palais modernes343. […] La méthode d’une science est le fruit lent et naturel du travail des siècles. […] Je me permettrai de citer enfin le Chevalier écrivant dans son Étude : Les caractères spéciaux de chaque grand poète et de chaque grand théâtre sont la seule chose intéressante dans les travaux de la critique. […] On lit dans la préface : « Ce livre est autant le résultat que la source de mes autres travaux ; il est leur parent en ligne ascendante non moins qu’en ligne descendante. » Hegel est au collège de Stuttgart. […] Je venais d’achever un long travail, la lecture suivie des cinq volumes de l’Esthétique de Hegel, et la magnifique pensée de ce grand philosophe, dégagée, autant qu’il m’était possible, des nécessités importunes du système où elle s’est enfermée, avait ouvert à la mienne de vastes horizons.

1078. (1875) Revue des deux mondes : articles pp. 326-349

Sans cela, nous ferions dans nos recherches ce travail inutile et sans fin que nous représente la fable Sisyphe, qui roule toujours son rocher qui retombe sans cesse au point de départ. […] Le système musculaire, qui ne produit qu’un travail mécanique, est dans le même cas que les glandes, qui agissent chimiquement. […] Il y a en vérité autant de foyers calorifiques qu’il y a d’organes et de tissus particuliers, et nous devons partout relier la production de chaleur avec le travail fonctionnel des organes. […] C’est précisément la proposition contraire qui exprime la vérité, et cette vérité a été surabondamment démontrée par les travaux de Lavoisier et de ses successeurs. […] Il importe de ne pas perdre de vue ces deux phases du travail physiologique.

1079. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XXV » pp. 97-99

« Créer un journal des masses, quotidien, à grand format, à un prix d’abonnement qui ne dépasse pas cinq journées de travail… Voilà, dit-il, cette pensée !

1080. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Appendice — Sur un exemplaire de Vauquelin de la Fresnaie »

Mais encore une fois son nom et sas travaux ont poussé à la hausse.

1081. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Deuxième partie. Invention — Chapitre IX. Du rapport des mots et des choses. — Ses conséquences pour l’invention »

Tout le travail que je viens de recommander deviendrait singulièrement facile, et l’invention recouvrerait une surprenante fécondité, si l’on prenait les mots pour ce qu’ils sont, pour des signes, et si l’on s’accoutumait à leur substituer toujours les choses signifiées.

1082. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Bertrand, Aloysius (1807-1841) »

Champfleury Le pauvre Bertrand mourut à l’hôpital, enlevé par la phtisie qui a dévoré tant de poètes ; mais son œuvre est restée pure, d’un travail qui fait penser aux admirables coupes de jade de la Chine.

1083. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Millevoye, Charles (1782-1816) »

Bernard Jullien Millevoye, poète digne à plusieurs égards de l’attention de la postérité, s’est exercé assez souvent dans la narration poétique, et malheureusement il l’a toujours fait sans le moindre succès ; tellement que si l’on voulait juger de son mérite par ses travaux dans ce genre, on le mettrait avec raison au rang de ceux dont le nom est devenu ridicule.

1084. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — S — Schuré, Édouard (1841-1929) »

Édouard Schuré a fait sur l’histoire un travail de sublimation analogue à celui que Richard Wagner avait fait sur la légende.

1085. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Villehervé, Robert de la = Le Minihy de La Villehervé, Robert (1849-1919) »

Vous êtes mille fois trop modeste en vous disant mon disciple ; mais nous sommes étroitement parents, vous et moi, par l’admiration des maîtres, par l’amour du travail achevé et par le soin de la perfection.

1086. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — Z — Zola, Émile (1840-1902) »

. — Travail (1901). — L’Ouragan, musique d’Alfred Bruneau (1901).

1087. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 111-114

Daniel auroit faits lui-même, s’il eût vécu assez de temps pour tirer parti des nouveaux secours historiques qui ont facilité & enrichi le travail de son Editeur.

1088. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » pp. 367-370

Ce genre de travail en exigeoit un grand nombre, & de très-pénibles à acquérir.

1089. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article » pp. 419-421

On sait qu'il n'a laissé que huit volumes, & que son travail ne s'étend guere au delà des deux premieres Races de nos Rois.

1090. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Préface »

Les deux principaux mérites de son travail, à mon avis, se résument en ceci : d’une part la multiplicité et la variété des contes publiés, d’autre part les considérations générales dont il fait précéder sa publication et qui l’éclairent d’un jour tout spécial.

1091. (1933) De mon temps…

Ce jour-là, on le trouvait non au « Grenier », mais dans son cabinet de travail, situé au premier étage de la maison. […] Tout était nettement et sobrement ordonné dans le cabinet de travail où il me reçut. […] Parfois, le travail s’interrompt et on cause. […] Nous l’écoutons, puis le travail reprend. […] Alfred Vallette à sa table de travail.

1092. (1864) Le roman contemporain

Depuis les derniers travaux de la critique, et surtout depuis la publication des ouvrages de M.  […] Pendant que ces événements du dehors retentissaient chez nous, l’Assemblée constituante marchait rapidement vers le terme légal de ses travaux, en votant la Constitution. […] L’historien de Sainte Élisabeth de Hongrie préparait son grand travail sur les Moines d’Occident. […] La société est obligée eu conscience de reconnaître à chacun le droit au travail, d’assurer à chacun l’exercice de ce droit, en même temps qu’un minimum de salaire. […] Il a fini son temps, il sort du bagne avec une somme de 109 francs 75 centimes, représentant un travail de dix-neuf ans.

1093. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « LE COMTE XAVIER DE MAISTRE. » pp. 33-63

En ce qui est du comte Xavier, le naturel décida tout ; le travail du style fut pour lui peu de chose ; il avait lu nos bons auteurs, mais il ne songea guère aux difficultés de la situation d’écrivain à l’étranger. […] Son ami, le comte de Marcellus, doit être mis en possession des manuscrits qui permettront de faire un travail définitif sur cet homme sensible et ce talent aimable. […] Cette maladie provient là, en effet, bien moins d’un vice que de la pauvreté et des misères de la vie, de la nourriture corrompue, de l’humidité prolongée, des travaux de pêche auxquels on est assujetti durant l’hiver : elle afflige souvent ceux qui le méritent le moins ; elle n’est pas contagieuse, elle n’est même pas décidément héréditaire.

1094. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. CHARLES MAGNIN (Causeries et Méditations historiques et littéraires.) » pp. 387-414

Ce travail de pilotis, humble en apparence, suffit souvent, comme en Hollande, pour contenir l’orgueil du flot. […] Que si nous osions mêler un conseil au travers d’un travail si médité, et auprès d’un esprit par lui-même si averti, ce serait de borner à un certain moment la recherche, de clore son siége, et de se jeter à l’œuvre avec toute la richesse amassée et en s’occupant surtout à la dominer par l’idée, à la classer d’une volonté un peu impérieuse. […] Mais que ces lents et difficiles travaux, que les arcanes de l’Académie des inscriptions elle-même et les exercices philologiques du Journal des Savants n’éloignent jamais M.

1095. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Anatole France »

Anatole France est une des « résultantes » les plus riches de tout le travail intellectuel de ce siècle, et que les plus récentes curiosités et les sentiments les plus rares d’un âge de science et d’inquiète sympathie sont entrés dans la composition de son talent littéraire. […] S’il parle à son chat, c’est que son chat lui est un compagnon naturel et nécessaire, qui fait partie de son cabinet de travail, et c’est pour lui adresser des discours pleins de suc et de philosophie. […] Allez, ma fille ; arrangez votre chambre de la façon qui vous semblera le plus convenable pour votre travail et votre repos.

1096. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre quatrième »

Rousseau, est le vide de ce travail, le froid de ces lieux communs, rendus plus surannés par la parure dont il essaye de les rajeunir, la langueur et l’infidélité de ces paraphrases de textes sublimes, le manque de justesse dans les choses de raison, de cœur dans les choses de sentiment, l’incertitude de la langue, tour à tour imprudente par calcul et timide par impuissance. […] En arrivant à des noms qu’on prononce encore avec estime, Racine le fils, Gresset, le Franc de Pompignan, Florian, Delille, Roucher, Lebrun et d’autres, je m’inquiète de ne savoir où les placer : car que d’esprit souvent bien employé, que de travail, et, pour rester en deçà de la gloire du poète, quel talent d’écrire en vers ! […] Les modèles qui l’assistent dans son travail sont aussi plus élevés : c’est Théocrite, d’un génie plus naïf et d’un art plus caché que les élégiaques latins ; c’est Virgile, que ne contentait pas son Enéide.

1097. (1890) L’avenir de la science « II »

Il n’en fut plus ainsi, aussitôt que l’humanité voulut se conduire elle-même et reprendre en sous-œuvre le travail instinctif des siècles. […] La combinaison est aussi impuissante à reconstruire les œuvres de l’instinct que l’art à imiter le travail aveugle de l’insecte qui tisse sa toile ou construit ses alvéoles. […] Mais comment excuseront ils le raisonnement que voici : la société a toujours présenté jusqu’ici trois types de situation sociale, des hommes vivant de leur revenu, des hommes exploitant leur revenu, des hommes vivant de leur travail ; donc cela est de la nature humaine, et il en sera toujours ainsi.

1098. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre IX. La littérature et le droit » pp. 231-249

Il est presque banal de rappeler les aspects multiples de ce triomphe : le roman s’efforçant d’être impersonnel, documenté et de calquer le langage parlé ; le théâtre s’ingéniant à réduire au minimum la part de la convention et à porter au maximum l’exactitude de la mise en scène ; l’histoire se confinant dans les travaux d’érudition et dans les recherches minutieuses ; la critique se faisant scientifique, analytique, aussi impartiale qu’elle peut l’être ; la poésie même s’inspirant de la science ou de la vie familière. […] Il a beau être, à son origine et dans son essence, un élan spontané de ceux qui souffrent vers le mieux-être, vers une répartition plus équitable des jouissances matérielles et spirituelles entre tous les membres de la société ; il a beau être, à ce titre, une aspiration vers une cité future qui n’existe qu’en idée dans le cerveau d’un petit nombre de penseurs ; sous l’inspiration de Marx et de ses disciples, il change de figure ; il se pique de renoncer aux chimères, de ne relever que de la science ; il raille les visées humanitaires ; il affiche la haine du sentiment ; il se moque de la fraternité et autres « fariboles » ; il met tout son espoir dans la force, cette accoucheuse des sociétés en travail ; il bannit l’idéalisme de l’histoire comme de la formation de l’avenir ; il déclare que l’intérêt est le point de départ réel de tous nos actes. […] Je ne veux pas la détailler ; il me suffira de dire qu’en fixant pour combien de temps une œuvre appartient à l’auteur et à ses héritiers, au bout de quelle durée elle tombe dans le domaine collectif, elles ont permis aux écrivains de prendre dans le monde la situation confortable et nouvelle pour eux de propriétaires ; qu’elles leur ont fourni l’occasion et les moyens de s’organiser en corporation, de former des associations nationales et internationales ; bref qu’elles ont contribué puissamment à régulariser le métier littéraire avec ce que ce mot implique de bon et de mauvais : d’une part, l’indépendance de l’homme qui vit de son travail et ne relève que du public ; d’autre part, la littérature industrielle fabriquant à la vapeur des romans ou des pièces comme on fabrique des robes de soie ou des bas de laine.

1099. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XVIII. Formule générale et tableau d’une époque » pp. 463-482

Il est entendu que nous supposons accompli le long travail préliminaire dont nous ne donnons que les conclusions. […] Dans cette période elle représente le moment où la France, qui a mis un siècle entier à digérer toute la nourriture intellectuelle qu’elle avait dévorée avec avidité depuis la Renaissance, achève ce travail d’assimilation, et, ayant éliminé l’excès de substance venu de l’étranger et du passé, garde incorporée à la mœlle de ses os et au sang de ses veines la quintessence de la pensée antique. […] L’exposé des principaux caractères qui distinguent l’époque peut trouver sa place après ce travail préliminaire : théories régnantes, usages ou règles acceptés, conceptions du monde couramment admises, transformations subies par la langue, qui est l’instrument commun à tous ceux qui parlent ou écrivent, peuvent terminer cette partie générale.

1100. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — CHAPITRE VII »

Cela tient du salmigondis et du logogriphe ; autant vaudrait suivre sous terre le travail des taupes. […] Et notez que le jésuite pousse des cris de montagne en travail pour accoucher de ce moucheron de la petite presse, et qu’il refait les tirades du Rodin d’Eugène Sue, lorsque, mordant de sa dent jaune dans son radis noir, il piétinait la carte du monde aplatie sous ses gros souliers. […] Métier de dupe, travail de Raton.

1101. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Huet, évêque d’Avranches, par M. Christian Bartholmèss. (1850.) » pp. 163-186

Christian Bartholmèss vient de le faire connaître par le côté philosophique dans un travail approfondi qui a été fort apprécié dans le monde de l’Université et dans celui de l’Académie des sciences morales. […] On avait peu de secours à attendre autour de soi ; il fallait de grands efforts et une rare vigueur d’esprit pour surmonter les obstacles, pour conquérir la science ; il fallait jusqu’à un certain point être inventeur, avoir le zèle et le génie de la découverte, pour devenir savant : Dans ces premiers temps d’obscurité et de ténèbres, ces grandes âmes (comme Huet appelle les savants de cette date primitive) n’étaient aidées que de la force de leur esprit et de l’assiduité de leur travail… Je trouve, disait-il spirituellement, la même différence entre un savant d’alors et un savant d’aujourd’hui, qu’entre Christophe Colomb découvrant le Nouveau Monde et le maître d’un paquebot qui passe journellement de Calais à Douvres. […] Huet et Ménage s’étaient tous deux attelés à deux grosses besognes, Ménage à des observations sur Diogène Laërce, Huet à une traduction d’Origène, dont il avait retrouvé un manuscrit : ce sont de ces travaux qui font honneur à ceux qui les mènent à fin, mais qu’on maudit tout en les exécutant.

1102. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur de Broglie. » pp. 376-398

Il eut un gouverneur et suivit les cours des Écoles centrales ; mais surtout il s’appliqua ensuite à refaire de lui-même ses études, et à les étendre, à les fortifier en tous sens par le travail et la réflexion. […] Doué d’une grande facilité de travail, d’une vaste mémoire, en possession des langues anciennes et de la plupart des langues modernes, il lit les auteurs et les livres d’un bout à l’autre ; il s’instruit en les contrôlant ; il est impartial pour ceux mêmes envers qui il se montre sévère. […] Quand on arrive au terme de ce travail si instructif, et, somme toute, si agréable, peu s’en faut que tout à la fin il ne recommence, tant l’auteur se pose de questions nouvelles en finissant.

1103. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Madame Necker. » pp. 240-263

On conçoit le travail et l’effort de renouvellement qui dut se faire dans l’esprit de Mme Necker en présence de ce monde tout nouveau, surtout quand le cercle de ses relations se fut de plus en plus agrandi, à mesure que M.  […] Je n’ai pas à la suivre dans le détail de sa vie et de ses divers voyages, dont la plupart furent entrepris pour réparer sa santé en proie à des angoisses nerveuses qui marquaient le travail de l’âme. […] Un moraliste physiologiste a dit : « De même que, lorsqu’on s’est trop appliqué le soir à un travail, on a mille idées pénibles, tiraillées, fatigantes, qui reviennent avant le sommeil ; mais, au matin, tout s’éclaircit, et l’on se réveille avec de nouvelles idées faciles et vives, qui sont dues pourtant à cet effort du soir précédent : de même, d’une génération à l’autre, les formes d’idées qui, chez Mme Necker, sont à l’état de préparation laborieuse et compliquée, et presque de cauchemar, se réveillent chez Mme de Staël, jeunes, brillantes et légères. »

1104. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mémoires de Marmontel. » pp. 515-538

C’était un talent laborieux, flexible, facile, actif, abondant, se contentant beaucoup trop d’à-peu-près dans l’ordre de la poésie et de l’art, et y portant du faux, mais plein de ressources, d’idées, et d’une expression élégante et précise dans tout ce qui n’était que travail littéraire ; de plus, excellent conteur, non pas tant dans ses Contes proprement dits que dans les récits d’anecdotes qui se présentent sous sa plume dans ses Mémoires ; excellent peintre pour les portraits de société, sachant et rendant à merveille le monde de son temps, avec une teinte d’optimisme qui n’exclut pas la finesse et qui n’altère pas la ressemblance. […] L’ordre, l’économie, le travail, un petit commerce, et surtout la frugalité, nous entretenaient dans l’aisance. […] Et ne se sentant pour la poésie, ajoute-t-il, qu’un « talent médiocre », il s’adresse à Mme de Pompadour, sa protectrice, pour obtenir quelque place qui le mette à même de ne pas dépendre du travail de sa plume ; il avait présent à la pensée un conseil que lui avait donné Mme de Tencin : « Malheur, me disait-elle, à qui attend tout de sa plume !

1105. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Le maréchal Marmont, duc de Raguse. — II. (Suite.) » pp. 23-46

De l’autre côté, il y avait des intérêts civils, patriotiques aussi, mais surtout positifs, des idées longtemps étouffées et qui voulaient renaître ; idées en travail, intérêts en souffrance, lassitude profonde et besoin de paix, chez quelques-uns d’anciens sentiments qui se réveillaient, c’était tout un ensemble d’opinion déjà puissante et mal définie ; mais surtout, à ces premiers jours de 1814, et en face d’une religion militaire qui épuisait ses derniers miracles, il y avait une raison. […] Il eut ordre de se livrer à un travail spécial pour éclairer la question. […] [NdA] Je regrette surtout de ne pouvoir mieux profiter d’un travail qui m’est communiqué par M. le général de La Rue, ancien aide de camp du maréchal, et où ce côté de la question est exposé en toute exactitude et précision.

1106. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Rollin. » pp. 261-282

L’Université, ce corps singulier composé de tant de fondations et de collèges distincts, et où le peuple latin se divisait par nations et par tribus, cette confédération aussi compliquée au sein de Paris que pouvait l’être la Confédération helvétique, avait alors un grand travail à faire sur elle-même pour se mettre en accord avec la société française et avec les lumières qui s’y répandaient de toutes parts. […] On les voit errer dans les places publiques et remplir les théâtres comme s’ils n’avaient qu’à se reposer des travaux d’une longue vie. […] Les générations d’aujourd’hui sont positives, sans rêverie, sans tristesse ; radicalement guéries du mal de René, elles ont en elles l’empressement d’arriver, de saisir le monde, de s’y faire une place, et d’y vivre de la vie qui leur semble due à chacun à son tour : générations scientifiques ou industrielles, peu idéales, avides d’application, estimables pourtant en ce que la plupart font entrer le travail dans leurs moyens et ne reculent point devant les études spéciales qui mènent au but.

1107. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Volney. Étude sur sa vie et sur ses œuvres, par M. Eugène Berger. 1852. — I. » pp. 389-410

J’avais plus d’une fois songé à faire entrer Volney dans ces études, où j’aime à passer en revue les hommes distingués qui appartiennent à la fois au siècle dernier et au commencement du nôtre : un travail d’un jeune et judicieux écrivain, Μ.  […] Ce travail est conçu dans un excellent esprit et dans une bonne mesure : M.  […] Il y avait chez Volney un côté pratique, économique et réel, qu’on ne s’attendrait pas à trouver chez un érudit si passionné pour l’étude et pour le travail du cabinet.

1108. (1694) Des ouvrages de l’esprit

Quelques lecteurs croient néanmoins le payer avec usure, s’ils disent magistralement qu’ils ont lu son livre, et qu’il y a de l’esprit ; mais il leur renvoie tous leurs éloges, qu’il n’a pas cherchés par son travail et par ses veilles. […] Elles trouvent sous leur plume des tours et des expressions qui souvent en nous ne sont l’effet que d’un long travail et d’une pénible recherche ; elles sont heureuses dans le choix des termes, qu’elles placent si juste, que tout connus qu’ils sont, ils ont le charme de la nouveauté, semblent être faits seulement pour l’usage où elles les mettent ; il n’appartient qu’à elles de faire lire dans un seul mot tout un sentiment, et de rendre délicatement une pensée qui est délicate ; elles ont un enchaînement de discours inimitable, qui se suit naturellement, et qui n’est lié que par le sens. […] La critique souvent n’est pas une science, c’est un métier, où il faut plus de santé que d’esprit, plus de travail que de capacité, plus d’habitude que de génie ; si elle vient d’un homme qui ait moins de discernement que de lecture, et qu’elle s’exerce sur de certains chapitres, elle corrompt et les lecteurs et l’écrivain.

1109. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre X. Des Livres nécessaires pour l’étude de la Langue Françoise. » pp. 270-314

On doit lui savoir gré d’un travail fort épineux en lui-même, mais dont il ne peut manquer de revenir beaucoup d’utilité à ceux qui voudront en profiter. […] Douchet) Avocat en Parlement, successeur de M. du Marsais dans la partie grammaticale du Dictionnaire encyclopédique, continua le travail de ce grammairien avec le succès d’un homme profondément versé dans la matiere. […] M. d’Olivet a rendu un service inestimable au public en consacrant ses talens & ses veilles à un travail utile, mais pénible & ingrat.

1110. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Vien » pp. 74-89

On voit parmi les ruines antiques, au-dessus des colonnes d’un temple, une suite des travaux d’Hercule représentés en bas-reliefs. […] Ce n’est qu’un long tems, une longue pratique, un travail opiniâtre, le concours d’un grand nombre d’hommes successivement appliqués qui amènent ces qualités qui ne sont pas du génie, qui l’enchaînent au contraire, et qui tendent plutôt à éteindre qu’à irriter, allumer la verve. […] Une figure n’acquiert de la vigueur qu’autant qu’on la reprend, cherchant continuement à l’aprocher de nature ; comme font Greuze et Chardin " … mais c’est un travail long, et un dessinateur s’y résout difficilement, parce que ce technique nuit à la sévérité du dessein ; raison pour laquelle le dessein, la couleur, et le clair-obscur vont rarement ensemble.

1111. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Nisard » pp. 81-110

Et on restait, malgré des travaux importants de littérature et d’histoire qui auraient dû changer ou du moins faire réfléchir l’opinion prévenue, on restait sous cette absurde idée de bégueulisme à propos du talent le moins bégueule qui ait jamais existé, à propos de l’esprit le plus correct, c’est la vérité, mais le plus aimable, le plus doué de cet agrément que les agréables ou les formidables de la littérature contemporaine ont osé lui refuser… pendant trente ans ! […] Dans le travail en question, M.  […] La pensée, chez madame de Staël, aurait été plus trouble et les mots auraient plus brillé… Il faut louer sans réserve le beau travail de M. 

1112. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre IV. Le rêve »

Sans doute on cite quelques exemples de travail artistique, littéraire ou scientifique, exécuté au cours d’un songe. […] C’est ce souvenir que l’observateur a vu, autant et plus que l’inscription elle-même, Bref, la lecture courante est un travail de divination, mais non pas de divination abstraite : c’est une extériorisation de souvenirs, de perceptions simplement remémorées et par conséquent irréelles, lesquelles profitent de la réalisation partielle qu’elles trouvent çà et là pour se réaliser intégralement. […] Ta vie, à l’état de veille, est donc une vie de travail, même quand tu crois ne rien faire, car à tout moment tu dois choisir, et à tout moment exclure.

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