Si j’avais le temps de lui donner une petite éducation, je lui apprendrais à chanter Rabadablabadabla-blabla, pour que sur ma terre d’Afrique il puisse apprendre à ses semblables ce délicieux refrain, et peut-être qu’un jour tous les échos nous le répéteraient. […] Tu vois que je suis traité en véritable personnage ; ce n’est pas que ça me touche, mais je te donne ces détails pour que tu sois sans inquiétude ; car tant de précautions sont même inutiles, la correspondance se faisant journellement avec huit hommes seulement.
je ne vois que des maisons de bois et des espèces de grosses tourtes entourées plus ou moins de chandelles qu’on appelle mosquées et minarets, mais rien de ce pittoresque, rien de cette originalité de cette belle Syrie, rien de cette brutalité de l’homme qui donne du charme et fait ressortir les œuvres de la civilisation ; tout est rond, tout est mou, c’est le sérail de la pensée ; enfin je me sens énervé, et il ne faudrait pas longtemps pour que mes idées prissent du ventre comme tous les vilains Turcs que je rencontre dans les rues. » Et dans un mouvement lyrique relevé de jurons militaires, il se met tout d’un coup à les apostropher, à les traiter comme à une descente de barrière on traiterait des Turcs de mardi gras ; c’est tout un feu d’artifice d’injures qui se couronne par un bouquet en faveur des Arabes : « Chers Arabes, votre pou, votre puce (quoique souvent incommode), valent mieux que les parfums de vos indignes ennemis ! […] Il faut de la gloire ou de l’argent pour que des hommes acceptent momentanément une semblable existence.
C’est ce que je te recommande, moi, Priape, le gardien des ports, pour que tu ailles partout où le commerce t’appelle. » Léonidas n’eut pas seulement affaire aux pauvres gens et à ceux du commun ; nul n’a exprimé mieux que lui la délicatesse de cœur et d’esprit du parfait galant homme ; lisez plutôt cette Épitaphe d’Aristocratès, de l’homme aimable par excellence : « Ô Tombeau, de quel mortel tu couvres ici les ossements dans ta nuit ! […] Un voyageur altéré, Aristoclès, a bu avec plaisir de l’eau d’une source où se voyaient des statues de Nymphes, œuvre rustique des bergers ; reconnaissant, il offre aux Nymphes elles-mêmes la coupe dans laquelle il a bu, pour qu’elle serve aux autres passants qui auront soif comme lui : « Onde fraîche qui jaillis d’un double rocher ; salut !
Il faut que ce soit des gens du métier et qui suivent bien une affaire. » Et dans le même temps : « Notre campagne n’est pas brillante, mais je te réponds qu’elle a été difficile, et qu’il a fallu bien prévoir des choses pour qu’elle ne fût pas dangereuse, ou au moins d’être obligé de sortir bien plus tôt du Piémont. […] Mais, ce qui était pis, Vauban, l’autorité même, Vauban semblait croire que Catinat aurait pu agir autrement et tenir le poste de La Pérouse ; il le disait à qui voulait l’entendre : « Je t’assure, écrivait Catinat à son frère, qu’il n’y a ombre de raison à ce dire, et qu’il aurait de la confusion de l’avoir avancé s’il était sur les lieux et qu’on lui dît de disposer ce poste pour être soutenu contre une armée qui a du canon… Je suis assurément rempli d’un grand fonds d’estime et d’affection pour M. de Vauban ; mais je voudrais bien voir jusqu’où iraient ses lumières et la tranquillité de son esprit, s’il était chargé en chef des affaires de ce pays-ci : je crois qu’il y serait pour le moins aussi fécond en inquiétudes qu’il l’était à Namur, où il était demeuré après la prise. » Catinat d’ailleurs n’en veut point à Vauban, et il trouve, pour l’excuser de ce léger tort à son égard, une belle explication amicale : « M. de Vauban est de mes amis ; sa franchise naturelle l’a surpris et l’a fait parler d’une chose qu’il a pensée et qu’il ne sait point, et avec peu de ménagement pour un homme qu’il aime ou qui est en droit de le croire. » Bien qu’endurci par l’expérience à tous les propos, Catinat était donc en ce moment fort fécond en soucis et des plus travaillés d’esprit ; toutes ses lettres adressées du camp de Fénestrelles à son frère nous ouvrent le fond de son âme : « Personne n’est à l’abri du discours, c’est un mal commun à tous ceux qui sont honorés du commandement : il faudrait que je fusse bien abîmé dans un esprit de présomption pour que je pusse imaginer que cela fût autrement à mon égard.
Ces églises ont tellement le caractère de l’Italie, que je donnerais tout au monde pour que vous les vissiez. […] « Ce directeur comme divin a été jusqu’à me dire : « La chose est impossible, madame, et pourtant je vois qu’il le faut, et puisqu’il y va de votre tranquillité, nous passerons par-dessus ce que je ne peux vous détailler ; et pour que vous soyez heureuse, nous en ferons un homme heureux !
Boileau a bien assez d’autres avantages pour qu’on laisse à Du Bellay celui-là. […] L’imitation n’y est point assez forte ni assez marquée pour que l’éditeur doive en tenir compte dans son commentaire : chacun les multiplie et les varie à son gré.
Voyons avec justesse les spectacles même indifférents à notre amour, pour que la préférence de notre amour ait tout son prix. […] Après plus d’une heure d’attente et de propos saccadés, frivoles, par où s’exhalait une irritation étouffée, après avoir essuyé quelques traits de Mme de Noyon, et avoir fait une espèce de paix suffisante pour le moment, M. de Murçay, allant droit à Mme de Pontivy, toujours entourée, lui dit assez haut pour que sa voisine du coin de la cheminée l’entendît, qu’il désirait l’entretenir quelques instants de ce qu’elle savait, et qu’il lui en demandait la faveur avant qu’elle se retirât. « Certainement, » répondit Mme de Pontivy ; et la voisine, qui voulut bien comprendre à demi, se leva après quelques minutes.
Il suffirait que sur quelques autres articles le biographe eût apporté la même complaisance et facilité de jugement, pour que nous eussions le droit de modifier certaines de ses conclusions. […] Ce peu d’heures avait tout à fait suffi pour que la prédication commençât auprès des hôtes.
Elle donna la moitié de son fichu à une jeune condamnée, et le noua de ses propres mains pour que la chasteté ne fût pas profanée même dans la mort. […] XIII « Une intention droite au commencement ; un dévouement volontaire au peuple représentant à ses yeux la portion opprimée de l’humanité ; un attrait passionné pour une révolution qui devait rendre la liberté aux opprimés, l’égalité aux humiliés, la fraternité à la famille humaine ; des travaux infatigables consacrés à se rendre digne d’être un des premiers ouvriers de cette régénération ; des humiliations cruelles patiemment subies dans son nom, dans son talent, dans ses idées, dans sa renommée, pour sortir de l’obscurité où le confinaient les noms, les talents, les supériorités des Mirabeau, des Barnave, des La Fayette ; sa popularité conquise pièce à pièce et toujours déchirée par la calomnie ; sa retraite volontaire dans les rangs les plus obscurs du peuple ; sa vie usée dans toutes les privations ; son indigence, qui ne lui laissait partager avec sa famille, plus indigente encore, que le morceau de pain que la nation donnait à ses représentants ; son désintéressement appelé hypocrisie par ceux qui étaient incapables de le comprendre ; son triomphe enfin : un trône écroulé ; le peuple affranchi ; son nom associé à la victoire et aux enthousiasmes de la multitude ; mais l’anarchie déchirant à l’instant le règne du peuple ; d’indignes rivaux, tels que les Hébert et les Marat, lui disputant la direction de la Révolution et la poussant à sa ruine ; une lutte criminelle de vengeances et de cruautés s’établissant entre ces rivaux et lui pour se disputer l’empire de l’opinion ; des sacrifices coupables, faits, pendant trois ans, à cette popularité qui avait voulu être nourrie de sang ; la tête du roi demandée et obtenue ; celle de la reine ; celle de la princesse Élisabeth ; celles de milliers de vaincus immolés après le combat ; les Girondins sacrifiés malgré l’estime qu’il portait à leurs principaux orateurs ; Danton lui-même, son plus fier émule, Camille Desmoulins, son jeune disciple, jetés au peuple sur un soupçon, pour qu’il n’y eût plus d’autre nom que le sien dans la bouche des patriotes ; la toute-puissance enfin obtenue dans l’opinion, mais à la condition de la maintenir sans cesse par de nouveaux crimes ; le peuple ne voulant plus dans son législateur suprême qu’un accusateur ; des aspirations à la clémence refoulées par la prétendue nécessité d’immoler encore ; une tête demandée ou livrée au besoin de chaque jour ; la victoire espérée pour le lendemain, mais rien d’arrêté dans l’esprit pour consolider et utiliser cette victoire ; des idées confuses, contradictoires ; l’horreur de la tyrannie, et la nécessité de la dictature ; des plans imaginaires pleins de l’âme de la Révolution, mais sans organisation pour les contenir, sans appui, sans force pour les faire durer ; des mots pour institutions ; la vertu sur les lèvres et l’arrêt de mort dans la main ; un peuple fiévreux ; une Convention servile ; des comités corrompus ; la république reposant sur une seule tête ; une vie odieuse ; une mort sans fruit ; une mémoire souillée, un nom néfaste ; le cri du sang qu’on n’apaise plus, s’élevant dans la postérité contre lui : toutes ces pensées assaillirent sans doute l’âme de Robespierre pendant cet examen de son ambition.
Je ne sais s’il y a une anecdote dans son livre : il faut qu’il s’agisse du marquis de Montferrat, pour qu’il nous détaille les circonstances de sa mort. […] Mais il dit aussi certains petits effets de grandes vertus, des excès et des défauts, marques d’humanité, qui rapprochent de nous le saint, et l’animent sans l’amoindrir : nous voyons le roi, vêtu de grossier camelin, « tremper son vin avec mesure », et manger ce que son cuisinier lui prépare, sans condescendre jamais à commander le menu de son repas ; nous le voyons, modeste en sa parole comme pur en ses actes, n’ayant onques nommé le diable en ses propos, toujours timide et petit enfant devant sa mère, froid à l’excès et comme indifférent à l’égard de sa femme et de ses enfants, l’humeur vive avec son angélique bonté, assez jaloux de son autorité, rabrouant prélats ou Templiers, quand ils semblent entreprendre dessus, et, pour tout dire, un peu colère : Joinville ne fait-il pas un pacte avec lui, pour que ni l’un ni l’autre à l’avenir ne se fâchent, le roi de ses demandes, et lui des refus du roi ?
un souvenir, pas même un souvenir de bonheur, le souvenir d’une velléité sans effet ; mais il suffit que ce soit un souvenir de la première montée de sève virile, pour que l’âme en soit à jamais ensoleillée et réjouie. […] Daudet avait trop de spontanéité pour que ses théories pussent gâter son talent : et il nous a donné quelques-uns des plus touchants, des plus séduisants romans que nous ayons.
Et même quand l’objet observé est pour toujours arrêté dans ses formes, il suffit que l’esprit où il se reflète soit muable et divers pour qu’il nous soit impossible de répondre d’autre chose que de notre impression du moment. […] Pour qu’aucune des études par où notre siècle s’est signalé ne lui échappât, il écrivit un jour sur les Contes de Perrault un dialogue exquis où il nous montrait comment sont sortis, des mythes solaires inventés par les anciens hommes, ces récits qui amusent nos petits enfants.
Faculté bienfaisante ou funeste, selon les cas, mais plutôt bienfaisante si elle est portée à un tel degré que nulle expérience ne la décourage — ou si elle est tempérée par assez de bon sens et par assez de nécessités matérielles pour qu’on ne lui lâche la bride qu’à bon escient et en manière de divertissement passager. […] Cependant elle a, sans le dire, offert sa vie à Dieu pour qu’il ramène Raoul au bercail.
L’architecture greque, au contraire, paroît uniforme ; mais comme elle a les divisions qu’il faut & autant qu’il en faut pour que l’ame voye précisément ce qu’elle peut voir sans se fatiguer, mais qu’elle en voye assez pour s’occuper ; elle a cette variété qui fait regarder avec plaisir. […] Si la partie de l’ame qui connoît aime la variété, celle qui sent ne la cherche pas moins ; car l’ame ne peut pas soûtenir long-tems les mêmes situations, parce qu’elle est liée à un corps qui ne peut les souffrir ; pour que notre ame soit excitée, il faut que les esprits coulent dans les nerfs.
Pour que l’avertissement du moraliste porte coup, pour que les portraits du peintre respirent, ni l’expression ne peut être trop forte, ni les couleurs trop vraies.
Et en effet, pour que nous puissions appliquer à un continu la règle que j’ai exposée plus haut et par laquelle on peut reconnaître le nombre de ses dimensions, nous devons nous appuyer sur ce fait que deux éléments de ce continu tantôt peuvent et tantôt ne peuvent pas être discernés. […] Mais nous n’avons fait là pour ainsi dire qu’une expérience de physiologie ; et même comme il suffirait d’adapter sur les yeux des verres de construction convenable pour faire cesser l’accord entre les sentiments de convergence et d’accommodation, allons-nous dire qu’il suffit de mettre des bésicles pour que l’espace ait quatre dimensions et que l’opticien qui les a construites a donné une dimension de plus à l’espace ?
Savoir tirer parti d’une prédisposition naturelle de l’esprit à considérer toutes choses avec un regard double, — le regard animé du spectateur et celui impassible du classificateur, — est un signe de maîtrise ; et le phénomène est assez rare, parmi les romanciers, pour qu’on ne s’en étonne pas au sujet de M. […] Et il aurait fallu, pour que nous reconnussions, en particulier, à M.
J’ai consulté bien des savants : Huet, cet évêque d’Avranche, Qui pour la Bible toujours penche, Prétend qu’un usage si beau Vient de Noé………………… Soyez donc la plume la plus savante de l’Europe, l’homme de la plus vaste lecture qui fut jamais, le dernier de cette forte race des savants du xve et du xvie siècle, joignez-y dans votre personne et dans votre procédé tout ce qui constituait l’homme poli, l’homme du monde et même de Cour, ce qu’on appelait l’honnête homme sous Louis XIV, et tout cela pour que, sitôt après vous, on ne sache plus que votre nom, et qu’on n’y rattache qu’une idée vague, un sourire né d’une plaisanterie ! […] Il leur légua son immense bibliothèque, ses plus chères délices, pour qu’elle ne fût pas dispersée après lui : illusion dernière qui montre que le savant, qui possédait si bien le passé, n’avait pas cette seconde vue qui devance les temps et qui lit dans l’avenir10.
Quinze ans, c’est assez pour que le modèle change, ou du moins se marque mieux ; c’est assez surtout pour que celui qui a la prétention de peindre se corrige, se forme, se modifie en un mot lui-même profondément.
En ces cent années il s’est fait une assez grande révolution dans l’ordre et le gouvernement de la société, dans l’ensemble des mœurs publiques, pour que l’existence et la vie que menait cette petite reine fantasque nous semble presque comme un conte des Mille et Une Nuits, et pour qu’on se dise sérieusement : « Était-ce donc possible ?
Pour que son vers clément pardonne au genre humain, Que faut-il au poète ? […] Que ta manne, en tombant, étouffe le blasphème ; Empêche de souffrir, puisque tu veux qu’on aime ; Pour qu’à tes fils élus, tes fils déshérités Ne lancent plus d’en bas des regards irrités.
Il n’est pas homme à donner dans les utopies ; il ne veut pas que le mouvement des trois jours soit autre chose que l’emploi courageux du moyen commandé par la Constitution elle-même pour son propre salut : « Il est arrivé dans notre pays ce qui devait y arriver une fois, pour que la Révolution, commencée en 89, fût vraiment terminée. » La révolution de 1830, pour lui c’est une fin ; elle clôt 89 et ne laisse point à craindre de 93. […] Carrel n’approuvait pas cette manifestation ; il en donne les raisons en homme mûr : « L’ordre n’a peut-être rien à en craindre, comme cela a paru aujourd’hui, dit-il ; mais, pour qu’une chose soit raisonnable, il ne suffit pas qu’elle ne soit point dangereuse. » Il parle de cette démonstration de jeunes gens (dont nous étions nous-même) avec cette autorité qu’a un homme qui a risqué sa tête et qui apprécie son passé : Bien souvent, dit-il, entre hommes de bonne foi et qui avions couru comme eux la chance de porter nos têtes en place de Grève, nous nous sommes entretenus d’eux depuis huit ans, et, si nos souvenirs ne nous trompent point, c’était bien plutôt pour déplorer leur inutile trépas, que pour en glorifier notre cause.
Il a fallu que le sabre des tyrans chassât l’homme de la terre habitable pour que le chameau perdît sa liberté. […] Ayant vu en Orient les effets désastreux du despotisme, il crut qu’il suffisait de la pure et simple liberté pour que tout fût bien.
J’étais monté prendre une pièce de cinq francs, pour que la bonne vieille femme fit un joyeux mardi-gras, puis j’ai réfléchi, que si je donnais à son fils ces cent sous, il les garderait pour quelque chose de sérieux, et j’ai fait acheter des choses à boire et à manger. […] Une pauvre rue se cotisant pour qu’un vieux de cette rue, un vieux que tout le monde aime, ait une consultation de Charcot et faisant cent francs, que le mieux habillé de la rue va porter à l’illustre médecin.
C’était là, chez le poète, une condition organique, comme une faiblesse et une délicatesse trop grande du cerveau pour qu’il persistât dans un état violent, comme une légèreté vibrante de l’équilibre intérieur qu’affolaient les secousses vives. […] Trop de temps s’était écoulé depuis le Pœan de Salamine, le sang de sa race était trop pénétré d’une religion de douleur, pour que Heine pût librement revenir aux Anthestéries et aux Penathénées.
Pour qu’un esprit donne toute sa clarté, il lui faut la mort. […] Il a fallu trois cents ans pour que l’Angleterre commençât à entendre ces deux mots que le monde entier lui crie à l’oreille : William Shakespeare.
Comme l’auteur (l’Abbé Feraud de Marseille) n’est pas né à Paris, il n’est pas étonnant que ses observations ne soient pas toujours justes ; mais il n’a rien oublié pour rendre son Dictionnaire complet en son genre, & pour qu’il fût imprimé correctement. […] Pour que ces remarques soient moins séches, M.
Il faut que j’avertisse Minoret, pour qu’il écrive à ce geai de ne plus se parer — de sa plume. […] Il faut qu’il prenne sa casquette de voyage pour que le Rhin commence à rouler dans le lit de phrases que lui creusent les journaliers de la chronique.
Le paradoxe de l’Histoire des Causes s’appuie sur des faits trop nombreux et trop solidement liés, pour qu’on puisse l’écarter par une fin de non-recevoir légère et dédaigneuse. […] Pour que l’anarchie fût complète dans cette organisation désordonnée et qu’elle eût toute la variété du chaos, il y avait une idée juste : Marat a toujours pensé, comme Barrère, que la république ne convenait pas à la France.
Aussi Philippe, qui ne pouvait subjuguer la Grèce, tant que Démosthène respirait, Philippe qui avait pu vaincre une armée à Chéronée, mais qui n’avait pas vaincu Athènes, tant que Démosthène était un de ses citoyens, pour que ce Démosthène si terrible lui fût livré, offrait une ville en échange. […] Le théâtre, dans une farce d’un grand homme66, nous en a conservé la peinture ; et si on excepte le degré d’exagération théâtrale qu’il faut toujours pour que la fiction produise l’effet de la vérité, et que le ridicule soit en saillie, les portraits étaient ressemblants.
Nous disons habituellement assez de mal de ceux-ci54 pour qu’on nous croie si par hasard nous leur sommes moins sévère.
Mais vous m’avez trop généreusement donné de votre temps pour que je veuille vous en dérober ; et j’aime mieux, monsieur, employer le reste de cette lettre à vous dire combien, sous d’autres rapports que ceux qui frapperont tout le monde, il m’est précieux d’avoir un moment arrêté votre attention.
Mignet rencontrait Bossuet, et que tout immense que soit ce pas qui restait à faire, le philosophe s’est assez rapproché du prêtre pour que nous ayons eu le droit de les réunir tous deux dans une même école.
Voilà en quoi consiste la question véritable, ou plutôt il n’y a pas là de question, En effet, pour qu’une résurrection si miraculeuse de l’auteur original fût possible, il faudrait entre son traducteur et lui non-seulement une égalité, mais une identité de talent ; et, quand on l’obtiendrait par une sorte de métempsycose, le peu d’analogie qu’il y a du traduire au produire, surtout le peu de ressemblance Ses idiomes, suffirait encore pour empêcher fréquemment le succès.
La manière poétique de M. de Lamartine est trop connue pour que nous ayons besoin d’y insister beaucoup en faussant ; c’est toujours cette même facilité dans l’élévation, cette même abondance dans le développement, ce même éclat de poésie continue .
Cette politique touche à la nôtre et à celle de la presse quotidienne par assez de points, et aussi elle en diffère assez sur quelques autres, pour que nous devions chercher à la faire connaître et à l’apprécier.
Il n’est à ma connaissance, par ce temps-ci, aucun point de vue assez central pour qu’on puisse embrasser, en s’y posant, l’infinie variété qui se déroule dans la plaine.
Le bonheur qui naît des passions est une distraction trop forte, le malheur qu’elles produisent cause un désespoir trop sombre pour qu’il reste à l’homme qu’elles agitent aucune faculté libre ; les peines des autres peuvent aisément émouvoir un cœur déjà ébranlé par sa situation personnelle, mais la passion n’a de suite que dans son idée ; les jouissances, que quelques actes de bienfaisance pourraient procurer, sont à peine senties par le cœur passionné qui les accomplit.
Elle commande les hommes afin qu’ils se penchent sur les eaux, et pour qu’ils modèlent des amphores de roche.
Vous réciterez avant de vous endormir un acte d’humilité, pour que Dieu vous pardonne.
La plupart des sentiments dont il a reçu l’héritage sont trop universels encore pour qu’il puisse les dire selon les saintes règles d’une prosodie que des siècles ont formée et dans laquelle, poème à poème, s’est révélée toute l’âme d’un peuple dans sa précision victorieuse.
Beltrame va se réfugier chez un de ses amis à Rome ; Lucrezia l’implore pour qu’il l’emmène avec lui, en promettant d’être plus sage à l’avenir, et dans la mauvaise comme dans la bonne fortune, il ne sait pas résister aux caresses de sa chère moitié.
Il fallait peu de chose pour que la foule lui préférât les mimes et les sauteurs avec qui il partageait la salle du Palais-Royal.
Nous sommes loin, il est vrai, d’apprécier le millième de seconde, mais après tout, disent quelques personnes, la vitesse absolue totale de la Terre est peut-être beaucoup plus grande que sa vitesse relative par rapport au Soleil ; si elle était par exemple de 300 kilomètres par seconde au lieu de 30, cela suffirait pour que le phénomène devînt observable.
Il fallut des esclaves pour qu’il y eût des « hommes libres », affranchis de toute œuvre servile.
Il n’a pas fallu moins de deux siècles pour que le goût national se dégageât de ce servage et avec Boucher, avec Greuze, avec Fragonard nous restituât une peinture française.
Il fallait donc que la révolution sociale se complétât pour que la révolution de l’art pût s’achever.
Ce père, se défiant de pouvoir à son âge suivre des maximes aussi détestables, amenoit son fils pour qu’il apprît de bonne heure à les mettre en pratique.
Il convenait pourtant de vous indiquer ces périls pour que vous ne relisiez pas trop.
Je ne sais si je me trompe, mais il me semblé qu’il était bien nécessaire qu’il restât un dernier asile à la parole, pour que sa force vivifiante renouvelât continuellement la génération des idées.
Trouvez-moi seulement en cet homme une pensée, un sentiment ou une image d’une intensité assez passionnée pour que nous puissions dire tous deux : ceci véritablement est d’un poète.
Il en est, au contraire, qui tombent d’un trait si rapide dans le silence et dans l’oubli — étoiles filantes, moins l’éclat, — qu’il faut noter vite leur passage pour qu’on n’ignore pas qu’ils ont passé.
Cet indissoluble bon ménage entre un homme et son amour-propre, comme disait autrefois madame de Staël, est trop agréable à contempler pour qu’on le haïsse.
Après le couronnement de la victoire, l’Empire eut le couronnement des catastrophes, pour que tout fût complet dans sa destinée ; car la grandeur humaine ne s’achève que par le malheur, et les larmes des choses (lacrymæ rerum) ne doivent pas plus manquer à l’Épopée que les larmes des hommes au Drame… deux espèces de larmes différentes, que l’Empire, tour à tour Épopée et Tragédie, a su faire également couler !
Il a fallu que les deux sexes fussent aussi profondément dissemblables, aussi étrangers, aussi opposés, pour que l’un se soit fait l’adorateur de l’autre. […] Il faut que les passions politiques soient très ardentes pour que nous consentions à l’élire parmi nous-mêmes. […] La vie de province est assez unie pour que de telles futilités fassent anecdote. […] Si elles admettent encore une sorte d’art, cela sera de l’art « social », — pour que l’art soit nié sous son propre nom. […] Pour que cette substance devienne une pensée, il faut qu’elle soit en relation avec le moi ; elle dépendra alors du sujet pensant.
Nous estimons le génie d’Alfred de Vigny assez élevé, assez bienfaisant, pour qu’on puisse, sans lui faire tort, discerner ses moments d’erreurs et ses faiblesses périlleuses. […] Sa gloire était assez belle et assez sûre pour qu’il n’eût pas à contester la gloire d’autrui. […] Mais cette combinaison rythmique, où de notre temps a excellé Théodore de Banville, est trop régulière pour que la chanson de nos pères ait pu s’y astreindre exclusivement. […] La période thermidorienne est trop connue sous un certain côté pour que nous insistions avec Michelet sur ces représailles passionnées. […] Il ne faut qu’une occasion digne de toi, pour que tu la retrouves tout entière.
Lui-même l’a indiqué avec trop de franchise pour qu’on hésite à le souligner. […] Les romanesques n’en veulent voir que les sublimités ; et c’est là un parti pris trop abandonné par la littérature d’aujourd’hui pour qu’il soit besoin d’en souligner le mensonge. […] Cette originalité était assez accentuée pour qu’il pût réagir contre la mode, ou même pour qu’il pût s’y prêter sans péril. […] Mais encore, pour que cette action soit efficace, faut-il qu’elle s’exerce dans un certain sens. […] Il ne suffit pas qu’une œuvre soit édifiante pour qu’elle soit bolle ; Grandisson n’est pas le dernier effort et le triomphe suprêmo de la littérature.
Il faut un Renan pour qu’il se ranime. […] Qu’il dise tant de choses fines et curieuses dans une langue coulante et dépouillée, c’en est assez pour qu’il passe premier homme de son temps. […] Je ne me propose point ici de discipliner mes idées pour que ces belles danseuses fassent un raisonnement. […] Paul Bourget a trop le sens du relatif pour que cette idée ait pu lui rester étrangère. […] Chef-d’œuvre de volonté et de patience, où l’effort est assez dissimulé pour qu’on le présume seulement.
Il n’eût fallu que quelques circonstances favorables pour que les Bretons de France fussent devenus protestants, comme leurs frères les Gallois d’Angleterre. […] On vient, une fois par an, dire la messe dans ces chapelles ; les saints auxquels elles sont dédiées sont trop maîtres du pays pour qu’on songe à les chasser ; mais on ne parle guère d’eux à la paroisse. […] Un signal devait les avertir du moment où la tête tomberait, pour que tous fussent en prière quand l’âme de la martyre serait présentée par les anges au trône de Dieu.
Il est clair que, pour éprouver un sentiment à propos d’une lecture, pour que celle-ci puisse le susciter, il faut qu’on soit disposé de façon à l’éprouver, qu’on le possède ; or, la faculté de percevoir un sentiment n’est point une chose isolée et fortuite ; il existe une loi des dépendances des parties morales, aussi précise que la loi de dépendance des parties anatomiquesdr ; l’esprit humain se tient en toute son étendue ; la force d’une de ses facultés détermine celle des autres, et toutes réagissent et influent l’une sur l’autre. […] Il a fallu des siècles pour que l’homme aperçut la nature ; la description des villes date du réalisme moderne. […] — Nous avons dit que le succès d’un livre et en général d’une œuvre d’art est le résultat d’une concordance entre les facultés de l’auteur, les facultés exprimées dans l’œuvre, et celles d’une partie du public qui doit être considérable pour que le succès le soit ; cette concordance est variable par suite des variations du public, et ainsi se trouvent expliquées les fluctuations et la fortune des genres, des styles, des arts, des auteurs, à travers le temps et l’espacedu.
Les œuvres de ces deux écrivains, aujourd’hui illustres, sont trop connues et trop commentées pour que je recherche devant vous ce que l’auteur de Lettres de femmes peut devoir à son éducation scientifique, et celui d’Amants et des Éclaireuses à sa connaissance du calcul intégral. […] Le théâtre est trop près d’elle, entouré d’une trop brillante légende pour que l’idée d’y pénétrer ne la hante pas, quand elle songe aux conditions de son existence et aux chances qu’elle a d’être heureuse. […] Je viens de perdre pendant quelques secondes, en vous regardant, la notion exacte de mon âge, pas assez pour que je me figure avoir le vôtre, mais suffisamment pour croire que je n’ai pas encore le mien.
Alors les sifflets de se faire entendre et les instances les plus bruyantes étaient adressées à Ducis pour qu’il répétât sa chanson : « Le fa ! […] La gravure, faite d’après l’esquisse dessinée, est trop répandue pour qu’il soit nécessaire de donner ici une description détaillée de la scène qui y est représentée. […] Il fallait même que sa préoccupation à cet égard fût bien forte pour qu’il s’étendît aussi complaisamment sur ce sujet, à un moment où déjà Robespierre et tout son parti étaient menacés d’une ruine prochaine. […] Il ne fallut rien moins que la grande célébrité dont jouissait David et la curiosité extrême que faisait naître son nouvel ouvrage, pour que l’on se conformât à un usage qui répugne à toutes les habitudes françaises. […] … Mais Pie VII aime les arts ; Sa Sainteté s’est mise à ma disposition pour que je fisse une étude d’après elle et le cardinal Caprara… J’avoue que j’ai longtemps envié aux grands peintres qui m’ont précédé des occasions que je ne croyais jamais rencontrer.
Mais contrairement à Augier, à Dumas, Becque et Ibsen réalisèrent trop pour que leur action fût profitable. […] Pour que le dessin satisfît, il fallait qu’il reproduisît des modèles d’exception, et ceux-là mêmes. […] L’idée du « risque » naît en lui ; il suffira d’un incident, — le meurtre, de Trydo, femme de Gygès, par Gygès, — pour que l’acte suive l’idée. […] Debussy pour qu’il regagnât son prestige et prît son véritable sens. […] L’action ne doit plus s’arrêter pour que la rattrape l’orchestre après de superflus détours, ni telle scène d’amour ou de meurtre se prolonger de façon arbitraire, pour qu’en grossisse l’impression.
En effet, le sérieux et la gaieté ont assez souvent la même apparence pour qu’il puisse nous arriver presque à chaque pas, si nous n’y sommes pas très attentifs, de prendre l’une pour l’autre deux choses si profondément contraires. […] Au milieu d’un peuple léger ils ont pris le poste d’honneur de la pédanterie ; pour qu’un ouvrage leur inspire de l’estime, il faut qu’il porte l’empreinte d’une difficulté péniblement vaincue ; ils confondent la légèreté aimable qui n’a rien de contraire à la profondeur de l’art, avec cette légèreté superficielle qui est un défaut du caractère et de l’esprit109. […] Pour que la gaieté des spectateurs se soutienne pendant tout le cours d’une comédie, il faut que l’auteur évite soigneusement ce qui pourrait donner de l’importance morale à ses personnages, ou inspirer un intérêt véritable pour leur situation ; car l’un ou l’autre ramènerait infailliblement le sérieux . — Septième leçon. […] Pour qu’un ouvrage soit poétique, il faut premièrement qu’il forme un tout complet, bien terminé, et qui ne laisse rien à désirer hors de ses propres limites.
Mais ces discours sont trop nombreux pour que nous les parcourions même rapidement dans ce coup d’œil sur cet écrivain monumental. […] Et le jour même des calendes de novembre, où tu te flattais de te rendre maître de Préneste, ne t’es-tu pas aperçu que j’avais pris mes mesures pour que cette colonie fût en état de défense ? […] « Je vous réponds, pères conscrits, qu’il y aura dans vos consuls assez de vigilance, dans cet ordre assez d’autorité, dans celui des chevaliers assez de courage, parmi tous les bons citoyens assez d’accord et d’union, pour qu’au départ de Catilina tout ce que vous pouvez craindre de lui et de ses complices soit à la fois découvert, étouffé et puni. […] Il vaut mieux renvoyer les esprits, qui parmi nous s’occupent de ces matières, aux écrivains grecs eux-mêmes. » « Vous avez raison, Varron », répond Cicéron en rappelant avec la complaisance de l’amitié les beaux ouvrages poétiques et historiques composés par cet ami. « Pour moi, ajoute-t-il (je vais vous confesser les choses telles qu’elles sont), pendant le temps où l’ambition, les honneurs, le barreau, la politique et plus encore ma participation au gouvernement de la république m’entravaient dans un réseau d’affaires et de devoirs, je renfermais en moi mes connaissances philosophiques, et, pour que le temps ne les altérât pas, je les renouvelais dans mes heures de loisir par la lecture.
Pour que le temps nous fasse grâce, faisons-nous justice : nous y gagnerons tous. […] L’orgueil y avait trop de part pour qu’ils fussent ratifiés par ce que les anciens nommaient la destinée, et par cette puissance incorruptible que nous nommons Providence. […] Cette froideur contrastait trop avec sa familiarité intime depuis notre réconciliation pour qu’elle ne fût pas remarquée par mon coup d’œil. […] La direction que ces hommes de tribune lui imprimaient était le contresens le plus flagrant à la nature de ce grand et noble parti ; il devait, selon moi, représenter avec une digne gravité ce qu’il était lui-même dans le pays, c’est-à-dire le passé rallié au présent par la force des choses et par la raison des esprits, l’aristocratie des souvenirs, la chevalerie des sentiments, le désintéressement du patriotisme, la libéralité des sacrifices, le patronage intelligent et moral du peuple, le génie des campagnes, l’alliance antique et intime du château et de la chaumière, la religion serviable à la misère par la charité de l’opulente noblesse rurale, les intérêts de l’agriculture, l’honneur de l’armée fière des noms militaires antiques confondus avec les noms militaires nouveaux, une abstention complète des emplois et des faveurs de cour, une brigue honnête et utile de tous les services gratuits que le citoyen peut offrir à sa patrie pour que le civisme de ces hautes classes devint insensiblement la base de leur nouvelle illustration, un esprit d’ordre surtout qui ne marchandât jamais ses services contre les factions turbulentes qui portaient le trouble dans la rue, qui prêchaient la guerre pour la guerre au dehors, qui faisaient de la tribune et de la presse deux foyers d’agitation ultra-révolutionnaires, donnant à toute journée parlementaire des accès de fièvre avec redoublement au pays ; voilà la position que ce grand parti devait prendre selon moi, celui de conservateur, indépendant du gouvernement, commençant par conquérir l’estime et finissant par exercer une influence méritée sur le peuple des campagnes, sur les élections, sur le journalisme, sur les chambres ; parti ne voulant rien de la dynastie illégitime pour lui-même, mais lui imposant tout et même l’abdication dans ses mains, par son ascendant sur la nation réconciliée avec ses aristocraties propriétaires du sol, par son alliance avec la bourgeoisie ascendante, suzeraine des capitaux qui nourrissent les prolétaires, et enfin par son utilité aux prolétaires, que l’ordre seul vivifie et que le désordre affame en un jour.
Elle s’échappe de ces compartiments où l’on veut l’enfermer, et jusque dans les sociétés où les classes sont le plus séparées, on bien elle rompt les barrières de force, confondant toutes les classes dans une égalité violente, ou bien elle y fait des brèches assez larges pour que ces classes puissent communiquer et se mêler incessamment. […] Il le rendit trop curieux de son intérieur pour n’y pas désirer incessamment la lumière d’autrui, et paresseux à l’action pour qu’il fût plus souple au conseil. […] Enfin, pour qu’il n’y eût pas une seule des causes de la ruine des langues qui ne pût s’autoriser de ce grand nom, il recommandait, à titre de nouveauté gracieuse, de joindre les termes qu’on n’a pas coutume de mettre ensemble. […] Que sont, en effet, ces exhortations de Mentor à Idoménée pour qu’il fasse fleurir l’agriculture, qu’il mette la paix avant la guerre, qu’il procure avant tout à son peuple l’abondance des aliments, qu’il se défende des détails, qu’il ne se mêle point des différends entre les prêtres des dieux, qu’il étouffe les disputes sur les choses sacrées dès leur naissance, qu’il ne montre ni partialité ni prévention en ces matières ; qu’est-ce que tout cela, sinon une critique des guerres de Louis XIV, de ses bâtiments, de sa passion pour les détails, de son intervention dans les disputes religieuses, de sa prévention dans celle du quiétisme ?
Eugénie de Guérin écrit, en feuilletant des papiers « pleins de son frère » : — « Ces choses mortes me font, je crois, plus d’impression que de leur vivant, et le ressentir est plus fort que le sentir. » Diderot a écrit quelque part : « Pour que l’artiste me fasse pleurer, il faut qu’il ne pleure pas ! […] Supposons que le mont Athos ait été sculpté, selon le plan d’Alexandre, en une colossale statue humaine. « Les paysans qui eussent ramassé les broussailles dans son oreille n’eussent pas plus songé que les boucs qui y broutaient à chercher là une forme aux traits humains ; et je mets en fait qu’il leur eût fallu aller à cinq milles de là pour que l’image géante éclatât à leurs regards en plein profil humain, nez et menton distincts, bouche murmurant des rythmes silencieux vers le ciel et nourrie au soir du sang des soleils ; grand torse, main qui eût épanché perpétuellement la largesse d’un fleuve sur les pâturages de la contrée. Il en est de même pour les temps où nous vivons ; ils sont trop grands pour qu’on puisse les voir de près. […] Aujourd’hui, j’ai vu la mer d’en haut : une grande étendue grise, puis, près du rivage, une ligne d’écume blanche qui s’avançait, croissait, s’épanouissait et mourait ; je ne mesurais pas l’élévation de la vague, car, de la colline où j’étais, tout était presque de niveau ; mais je sentais son mouvement, et c’était assez pour que mon œil s’attachât à elle, la suivît amicalement dans son essor : cette petite vague faisait vivre pour mon œil la mer tout entière.
Il faut, pour que cette métaphore soit poétique, que vous ayiez devant les yeux un démon ayant un cœur de marbre, et non que, par une série de raisonnements, vous aboutissiez à conclure : 1° que l’ingratitude ressemble à un démon, parce qu’elle est méchante ; 2° que son cœur ressemble à du marbre parce qu’il est froid et insensible. […] La phrase d’un discours est faite pour qu’on n’en pèse pas tous les mots dans la rapidité du débit, pour que les idées essentielles soient seules mises en relief par des mots saillants. […] Il n’est pas nécessaire que chaque souffle de vent agite le même nombre de feuilles pour que son bruissement soit harmonieux, ni que chaque flot de la mer roule au rivage un même nombre de galets et produise un bruit toujours égal.
Pour que la parole intérieure devienne exclusive de la sensation actuelle, il faut et il suffit qu’elle nous intéresse ; or le drame que nous imaginons peut nous intéresser faiblement : il n’est souvent qu’une rêverie qui nous repose et à laquelle nous ne nous attachons pas ; et, si notre passion nous intéresse toujours, le moindre problème de science ou de conduite peut tout aussi bien concentrer sur lui la totalité de la conscience ; une méditation purement intellectuelle peut rendre momentanément aveugle et sourd celui qui s’y livre. […] Elle la simule d’autant mieux que la conception du devoir est logiquement hétérogène au calcul d’intérêt qu’elle vient interrompre ; lors même que tous deux se rapportent au même problème de conduite, l’idée du devoir survient donc dans la succession psychique comme un état jusqu’à un certain point imprévu, circonstance favorable pour que son expression paraisse extérieure. […] Cela suffit pour que Socrate ait comparé les signes démoniques à des révélations ; ils équivalaient logiquement, selon sa doctrine, à des aperçus anticipés sur un avenir inaccessible à la prévision humaine213. […] Mais il n’est pas besoin qu’un interlocuteur soit prochain ou récent pour que notre parole intérieure prenne le ton du dialogue et s’accompagne de l’image vague d’un ami. « Au moment où j’écris, dit M.
Le riche est trop attaché à ses terres, à son or, à ses palais ; l’homme intelligent est trop attaché aux idées pour qu’il les possède au lieu de leur appartenir. […] Une voix répond aussitôt : « Pour qu’il en agisse de même envers vous. » Nous voici donc dans la pire des morales, celle de l’intérêt, qui n’est qu’un calcul. […] Par son grand succès littéraire comme par son insuccès pratique, trop brillante pour qu’on se refuse à l’admirer, trop pure pour qu’on la comprenne, trop logique pour qu’on y réponde, elle démontre avec une évidence aveuglante qu’il n’y a pas, dans l’état actuel de notre culture, de morale indépendante. […] Par malheur il y en a peu, très peu, trop peu pour que leurs théories ou leurs exemples donnent aux règles de la morale le caractère absolu qu’il faudrait. […] C’en est assez pour qu’on ne puisse traiter le sujet que j’ai abordé dans ces articles sans leur faire une place, sinon à tous, au moins à celui qui est le plus illustre et le plus puissant d’entre eux.
Il faut quelquefois que les poètes meurent pour qu’on parle d’eux.
Le christianisme, au contraire, doué d’une sainte ardeur d’expansion et de fraternité universelle, perdit certainement en cohésion, s’il gagna beaucoup en étendue ; dans son avidité de pêche miraculeuse, il dédoubla ses filets pour que, plus déliés et plus extensibles, ils prissent le côté immatériel de chaque vie et parvinssent à envelopper plus d’âmes.
On a fait trop souvent la comparaison du siècle de Louis XIV avec celui d’Auguste, pour qu’il soit possible de la recommencer ici ; mais je développerai seulement une observation importante pour le système de perfectibilité que je soutiens.
Il faudrait donc ou une absence totale de sentiments vifs qui, en détruisant la rivalité, amortirait aussi toute espèce d’intérêt, ou une vraie supériorité, pour effacer la trace des obstacles généraux qui séparent les femmes entre elles ; il faut trouver autant d’agréments qu’on peut s’en croire, et plus de qualités positives, pour qu’il y ait du repos dans elle, et du dévouement en soi ; alors le premier bien, sans doute, est l’amitié d’une femme.
Pour que cette double réaction soit bien comprise, il est nécessaire de bien entendre la fronde.
Cette contradiction et cette résistance dessinent en leurs points d’équilibre les contours du réel ; mais pour que le réel se forme et devienne perceptible une condition est nécessaire : c’est une certaine durée de l’état d’équilibre qui s’est établi entre les deux forces antagonistes.
Parmi les qualités que je me plais à vous reconnaître, je vous ai trouvé un défaut, un, ce n’est pas beaucoup avancer ; mais ce défaut est assez fâcheux pour que je prenne à cœur de vous le signaler avec force, dussé-je vous laisser de moi le souvenir d’un morose donneur de conseils, Caton malencontreux, Orbilius de la dernière heure !
J’observerai ici qu’il n’y a aucune contrée de l’Europe plus favorable à l’étude et aux progrès de l’anatomie que la Russie, où la rigueur du froid conservera un cadavre assez longtemps pour que l’anatomiste puisse, sans interruption de son travail, suivre ses dissections quinze à vingt jours sur un même sujet.
Mme Marie-Alexandre Dumas s’appelle, si je ne me trompe, Mme Peytel, mais elle a mieux aimé signer son livre de son nom de Dumas, et non pas de son nom de Dumas tout simplement, mais de son nom de Marie-Alexandre Dumas, pour qu’on n’en ignore, comme disent les huissiers.
nous avions rétrogradé jusqu’à Évreux. » Encore une fois, nous aimons qu’on rappelle ces détails et qu’ils soient signés par un homme de bien, témoin et dans l’action, pour qu’on les croie.
… Est-ce que ce n’est pas toujours ce vieux type, trop peu compliqué, trop odieusement simple, de la fille, pour qu’un inventeur dramatique de quelque profondeur en veuille encore ?
Pour qu’un billet passe dans la circulation, il faut deux signatures. » Montrez-nous la seconde, s’il vous plaît !
Mais il y a assez dans ces quelques volumes de vers pour que les hommes distraits qui ne vous sont pas venus d’abord finissent par vous venir.
Paul Meurice n’est pas dépourvu de talent, — et je dirai tout à l’heure le talent qu’il a, — mais entre son adoration génuflexoire pour Hugo et sa collaboration avec madame Sand, son talent est assez mal placé pour produire un grand effet et pour qu’on lui rende une justice entière.
Il fallait sans cesse forcer l’expression, pour que le langage ne fût point au-dessous des autres arts.
J’aime encore mieux pourtant ce trait d’un prince arabe, qui, ayant reçu un mauvais panégyrique en vers arabes adressés à sa hautesse, donna d’abord au poète vingt écus d’or pour avoir fait le panégyrique, et lui en donna ensuite quarante pour qu’il n’en fît plus : le panégyriste de Constantin méritait d’être aussi bien traité.
On doit croire plutôt que les propriétaires fonciers donnaient du terrain pour qu’on y bâtît ; toute location se réduisait donc à un cens territorial.
Cet écrit sur le consulat à vie est nécessaire pour juger tout Camille… » J’ajouterai que ce même écrit est nécessaire aussi dans une histoire politique du consulat pour qu’il n’y ait pas lacune ; il y manquerait, si l’on ne l’y faisait entrer comme une ombre au tableau. […] Mais ce n’est pas à cause de cela que j’insiste pour que vous commenciez par une chose de vous et une chose qui est décidément plus intéressante pour les Français que les odes de Klopstock et plus belle même, car la poésie fait tant aux odes qu’aucune traduction ne peut en rendre l’effet. — De plus, il y aura un parti contre ce qui vient de l’allemand au moment où mon ouvrage paraîtra, et la disposition est à vous admirer sur le sujet que vous avez traité. — Travaillez-y, venez me le lire dans deux mois et donnez-le à l’impression à Paris. […] C’est qu’en définitive il n’était pas surtout et avant tout un écrivain ; il avait de cette paresse des orateurs qui ne retrouvent pas dans la solitude du cabinet tout le degré de chaleur nécessaire à la production active, et il fallut plus tard les circonstances politiques pour que l’homme de tribune, Tardent improvisateur, retrouvât tout naturellement son heure et son à-propos. […] nous aurons fait la guerre pendant quinze ans pour qu’une femme aussi célèbre que madame vôtre mère écrive un livre sur l’Allemagne et ne parle pas de nous ! […] Sur un fragment de lettre de Mme de Staël, qui n’a ni commencement ni fin, mais qui doit se rapporter à ces derniers temps de Coppet, on lit : « … Je ne pouvais guère, moi, être plus malheureuse sur cette terre, et il fallait un million de chances pour que ce résultat eût lieu ; mais tel qu’il est jusqu’à ce jour, je n’ai point encore manqué de respect à l’Auteur de la destinée, et je dis comme Job : Pourquoi n’accepterais-je pas les maux de la main de Celui dont j’ai reçu les biens… ?
… Il y a comme cela de par le monde de la librairie des messieurs dont la fonction est de faire des notices sur les livres, et qui sautent ainsi sur les épaules des auteurs connus pour qu’on les voie. […] Et, s’il ne l’a pas fait, c’est probablement pour qu’elles fussent plus bourgeoises comme cela ! […] C’est ce « coup de hache » qu’il faut voir sur son front pour qu’on le respecte. […] Les relations de ce hanteur de cafés ne furent jamais nombreuses, et il fallait la société du xviiie siècle, cette vieille duchesse libertine qui dérogeait jusqu’aux laquais et qui finit par faire son idole de Jean-Jacques Rousseau, pour que le fils du coutelier de Langres et l’écrivailleur de la rue Taranne pût pénétrer dans quelques salons, qui s’ouvrirent devant lui comme tout s’ouvrait dans une société qui s’éventrait elle-même ; car Diderot n’avait pas en lui ce qui force les portes : le génie de la domination. […] Il fallut encore quelques années pour que la littérature et la philosophie s’abattissent sur Diderot, retrouvé sous ses vingt volumes, qu’on se mit à soulever, comme tout un Herculanum sous sa cendre.
Les formes sensorielles de l’attention témoignent assez clairement de ce principe pour que personne n’en doute : il en est de même de cette forme intérieure et cachée, dont nous parlerons plus tard, qu’on appelle la réflexion. […] Ainsi, nous ne parlons pas du sentiment de l’effort, parce qu’il est très rare dans l’attention spontanée, si même il se rencontre : mais le rôle des mouvements est d’une assez grande importance pour qu’on ’ y revienne à plusieurs fois. […] Pour que l’attention puisse naître, il faut au moins quelques sens développés, quelques per-coptions nettes et un appareil moteur suffisant. […] Tartini, Condorcet, Voltaire, Franklin, Burdach, Coleridge et bien d’autres ont rapporté des observations personnelles assez connues pour que je me borne à les rappeler. […] Nous sommes bien loin de Berkeley Slricker, qui est un pur moteur, qui ne peut pas penser un mot sans l’articuler ; qui est aussi peu auditif que possible, nous dit : « Il me faut rattacher quelque chose à chaque mot pour qu’il ne m’apparaisse pas comme un terme mort, comme un mot d’une langue qui m’est inconnue.
Brunetière, et la cause de l’âpreté d’une critique dont les exagérations sont trop évidentes pour qu’elle demeure définitive. […] Ceux-ci du reste ont quelque chose de trop sacré pour qu’il soit permis de les violenter à ce point. […] L’éclat des couleurs, l’harmonieux accord des surfaces et des lignes, toute la fantasmagorie des choses sensibles ne l’enchante point assez pour que, à l’exemple de l’auteur des Poèmes barbares, il en grise uniquement son imagination. […] Pour atteindre l’âme dans son essence immatérielle, il fallait d’abord, par un long travail de l’intelligence, l’avoir dégagée des formes sensibles et trompeuses ; il fallait avoir lu beaucoup et beaucoup observé ; il fallait que bien des illusions se fussent dissipées, bien des charmes évanouis, pour que le problème par excellence se dressât dans son effrayante nudité ; il fallait que le voile des apparences, jeté sur le monde par l’éternelle Maya, se fut irrémédiablement déchiré, pour que l’esprit, las de tout autre objet, revint sur lui-même avec une si redoutable persistance. […] Elles étaient trop graves pour qu’il en parlât volontiers ; sa réserve habituelle le rendait impropre aux confidences.
C’est là que nous attendions, debout, elle me tenant par la main, pour que je sois sage. […] Je me montrais sensible à cette privation, — qui ne me privait guère, — pour qu’on n’imaginât pas d’autres représailles. […] Sans doute quelque aveu maladroit m’avait été arraché, pour que je fusse, ce jour-là, amenée à une réflexion aussi décisive. […] qu’est-ce qu’on vous a fait, pour que vous pleuriez comme cela ? […] À la maison, on avait fait installer une barre dans l’antichambre, pour que nous puissions étudier, et nous y étions toujours pendues, à faire toutes sortes de singeries.
S’il s’établit une figure populaire de l’artiste, ce sera une raison pour que l’artiste ne veuille pas lui ressembler. […] Il a laissé à un ami de Paris quelques lettres banales, qu’on enverra à ses parents pour qu’ils ne puissent se douter de son absence. […] Elle se lance un jour à cheval dans une course folle pour que Dominique la poursuive, et semble ainsi prendre devant l’amour une conscience de bête traquée. […] Il a pris toutes ses précautions pour que rien de ses papiers ne fût détruit. […] Mais pour que l’individu puisse ainsi coïncider avec la vie, il faut qu’il perde les limites qui lui donnent son être conscient.
» Le séjour de Maxime dans les régions de la pauvreté est beaucoup trop rapide pour qu’il ait eu le temps de se familiariser avec ces puissances redoutables. […] Feuillet les a fait respirer à ses héros juste le nombre de minutes voulues pour que la sensation désirée ne dégénérât pas en torpeur. […] Partagée entre son amour et sa conscience, en proie à une passion qu’elle ne peut vaincre, et à laquelle elle ne veut pas céder, elle meurt doublement victime, et opère par sa mort cette inversion qui eût été nécessaire pour qu’elle vécût et fût heureuse. […] À vrai dire, nous ne conseillerions à personne une tentative du même genre, car il a fallu, pour qu’elle réussît, la ressource très singulière que M. […] Non, pour que de tels sujets donnent toute leur moralité, il faut qu’ils restent ce qu’ils sont, sans qu’aucune hypocrisie d’art en atténue l’odieux, sans qu’aucun masque en dissimule la laideur, sans qu’aucun euphémisme de langage en corrige la trivialité.
Et comme les défauts de Fléchier ne l’empêchent pas d’être un fin et judicieux observateur des mœurs, il suffit que le tableau soit vrai pour qu’on ne soit pas près de cesser de le consulter. […] Les exemples en sont trop célèbres pour qu’on ne nous dispense pas de les multiplier. […] Et vraiment, pour que l’on s’avise de trouver Marivaux poétique, il faut que le siècle soit bien profondément enfoncé dans la prose. […] Voilà des raisons bien fortes pour que vous continuiez à aimer les étrangers. » Ah ! […] Supposons maintenant que vous la teniez, cette définition du dessinateur et du coloriste, assez précise pour qu’il n’y ait pas deux manières de l’entendre, assez large en même temps pour ne laisser en dehors d’elle aucun grand maître ?
L’esprit des gouvernements modernes lui est trop contraire pour qu’elle se renouvelle jamais. […] Elle put souvent attaquer les courtisans du chef suprême, mais non aller jusqu’à lui : souvent aussi les courtisans cherchèrent à intéresser le maître dans la querelle, pour que sa désapprobation leur devînt une sauvegarde. […] On sait qu’elles naquirent dans la Grèce qui les couronna ; on sait qu’elles passèrent chez les Latins où les plus doctes lettrés les admirèrent ; on sait encore qu’elles nous furent transmises, et les voiles que les siècles jetèrent sur leur texte ne l’obscurcirent pas assez pour que nos plus fameux écrivains n’en pénétrassent pas l’esprit et n’en goûtassent pas l’atticisme. […] Ce ridicule naît de la connaissance générale qu’a le public des mœurs constamment propres à chaque ordre de la société, dont les classes bien établies prirent dès longtemps une allure régulière et certaine ; car il faut que la durée des usages les ait rendues bien distinctes pour que l’esprit discerne ce qui les choque et les blesse. […] Cette félicité, quelque vulgaire qu’elle soit, est pourtant assez estimable pour qu’on ne s’en moque point dans le peuple.
Il faudrait qu’un roi de France eût régné aussi longtemps que M. de Chateaubriand lui-même, pour que ce roi-là osât dire : « M. de Chateaubriand est à moi. » Hélas ! […] Raoul Rochette, le conservateur des médailles, appelle ses leçons d’archéologie ; fais de l’hébreu, fais du grec, fais de la science ; travaille aux choses difficiles et inutiles, travaille, misérable, pour que personne ne t’en sache gré, pour que ta vie se consume dans d’arides travaux qui, peut-être, feront de toi un grand homme, mais qui, certes, ne t’apprendront rien ou peu de chose, pour que tu sentes toi-même, au plus fort de ton travail, que toutes ces sciences inutiles ne profitent à rien, ni à ton esprit ni à ton cœur ! N’importe, malheureux, travaille, pour que ton nom soit renfermé dans les sombres murs du Collège de France, ou brille d’un éclat nuageux dans les ténèbres de l’École normale ; travaille pour que la femme qui passe, la jeune fille qui te voit passer, l’ardent jeune homme qui sort du collège, n’aient pour toi ni sympathie, ni regard, ni sourire ; travaille pour vivre toute ta vie, non pas du pain que tu gagneras, mais du pain que te donnera l’Institut ou le ministre de l’intérieur ! […] c’est une chance de plus pour que je les obtienne. […] Pour qu’elle fût de qualité et de bon goût, il fallait la ramasser soi-même chaque matin !
Elle se figurait encore qu’elle-même en venait aux prises avec les taureaux, et triomphait de l’épreuve aisément ; mais que ses parents refusaient de tenir leur promesse, parce que ce n’était pas à la jeune fille, mais à lui-même, qu’ils avaient imposé la condition de les dompter ; que de là s’élevait un grand conflit entre son père et les étrangers ; que les deux partis s’en remettaient à elle comme arbitre, pour qu’il en fût selon que son cœur en déciderait ; et qu’elle tout d’un coup, sans plus se soucier de ses parents, faisait choix de l’étranger ; qu’alors ils étaient saisis d’une immense douleur, et qu’ils s’écriaient de colère. […] ou plutôt moi-même, puissent d’ici les rapides tempêtes m’enlever par-dessus les mers jusqu’en Iolcos, pour que je t’aille jeter à la face mon reproche et le souvenir que tu n’as échappé que par moi… Oh ! […] Un germe de cette idée se trouverait dans la ive pythique de Pindare (vers 388), lorsque Vénus y apprend au fils d’Éson l’art des enchantements, « pour qu’il fasse perdre à Médée le respect de ses parents et que l’aimable Grèce ravisse ce cœur brûlant dans un tourbillon de séduction. » 113.
Et d’abord, si sincère qu’il se montrât dans le transport d’expression de ses douleurs juvéniles, il était trop poëte pour que son imagination, à certains moments, ne les lui exagérât point beaucoup, et, à d’autres moments aussi, ne les vint pas distraire et presque guérir. […] Adèle n’est pas une vraie femme de chambre, ce qu’il faudrait pour que la donnée eût toute sa hardiesse originale ; elle n’est qu’une demoiselle déclassée et méconnue. […] La clarté facile et la grâce mélodieuse distinguent ce petit nombre de vers de Nodier ; et il s’étend même assez souvent avec complaisance sur ce chapitre des qualités naturelles, pour qu’on y puisse voir sans malice une leçon insinuante à ses jeunes amis.
En outre, dans le son, les vibrations se succèdent assez lentement pour qu’en certains cas nous puissions distinguer la sensation élémentaire qui correspond à chacune d’elles ; il n’y en a que seize et demie par seconde dans l’ut du tuyau d’orgue de trente-deux pieds ; nous remarquons alors que notre sensation totale est composée de petites sensations successives ayant toutes un maximum et un minimum ; nous démêlons presque nettement ces sensations composantes. […] Ainsi, la sensation de douleur est sujette à une condition particulière ; pour qu’elle se produise, il faut que la circulation du sang, et partant les désassimilations et les assimilations moléculaires du nerf, se fassent avec un certain degré de vitesse. […] Pour que vous l’ayez, il faut que le froid agisse indirectement, c’est-à-dire à travers certains alentours du nerf, certains organes disposés pour cela ; ce sont eux qui agissent directement sur le nerf ; le froid les modifie, et leur modification imprime au nerf un type spécial d’action qui éveille en nous la sensation spéciale de froid. — Au contraire, détruisez isolément dans ces alentours, et sans paralyser le nerf, la propriété qu’ils ont d’imprimer au nerf ce rhythme d’action ; nous n’aurons plus la sensation spéciale de froid ; quand alors le froid viendra agir sur le nerf, il n’éveillera plus en nous la sensation spéciale de froid, mais seulement, comme tout à l’heure lorsqu’il agissait sur le nerf cubital, la sensation de douleur.
Il fallait quatorze siècles pour que le génie latin, après avoir changé de lieu, de religion et de langue, se retrouvât à Rome, à Florence et à Ferrare, sous les Médicis, dans le Dante, dans Pétrarque, dans le Tasse, dans l’Arioste, ces quatre grands ressusciteurs de l’Italie. […] Il me conduisit à Rome pour que j’y reçusse l’éducation réservée aux fils des chevaliers et des sénateurs. […] Il ne craignit pas qu’on lui reprochât un jour de n’avoir fait tant de dépenses que pour que je fusse un crieur public, ou, ce qu’il avait été lui-même, un collecteur d’impôts à faibles appointements.
— Cela est vrai, dit-elle à Ballanche, M. de Chateaubriand est mon ami, mais de Lamartine est mon….. » La convenance plus que la modestie m’empêche d’écrire le mot qui sortit de ses lèvres ; le mot était trop adulateur pour qu’il puisse sortir de ma plume. […] Ma mère céda sans peine aux instances de madame Récamier pour qu’elle assistât, avec ses filles et avec moi, à l’ovation de M. de Chateaubriand, le jour de la lecture du Moïse. […] La hauteur et le dédain étaient le caractère des physionomies ; l’amertume y plissait les lèvres ; il y avait trop de fiel dans les cœurs pour que ce salon fût agréable à fréquenter ; l’ironie était la figure habituelle de ses discoureurs ; la littérature n’y était qu’une arme de faction surannée ; sa forme était l’épigramme du haut en bas, le discours de tribune ou le pamphlet de dénigrement.
Grandet s’était arrangé avec les maraîchers, ses locataires, pour qu’ils le fournissent de légumes. […] De là cette autre phrase : “Qu’est-ce que les Grandet font donc à leur grande Nanon pour qu’elle leur soit si attachée ? […] Vous m’avez assez souvent dit que je suis majeure, pour que je le sache.
On croyait alors à leur marine fantastique, à leur alliance tout anglaise, à leur reconnaissance toute punique ; on les leur accorda par pitié, et moi-même je votai pour qu’on les leur jetât par dédain. […] Pour que le travail forcé du nègre devienne travail volontaire, il faut d’abord déposséder le blanc de sa propriété ! […] Je m’approchai tout près de la rive sans faire de bruit, mis à mon hameçon un ver de terre dont la plus grande partie était laissée libre pour qu’il pût se tortiller tout à son aise, et jetai ma ligne dans l’eau, de façon qu’en passant par-dessus le bord, l’appât vînt se placer au fond.
On ne se doute pas du temps qu’il faut, pour que ça vous satisfasse complètement, et les changements et les déplacements, que ça demande. […] Lundi 8 septembre Morel, le cocher de la princesse, bataillant avec elle, pour qu’on ne vende pas un vieux cheval, s’écrie : « Comment la princesse peut-elle avoir l’idée de se défaire du dernier cheval, que nous ayons… auquel on a présenté les armes ! […] Et Mme Alphonse Rothschild sautant très bien, on prépare d’avance des obstacles, et l’on arrose l’herbe, pour que, dans le cas où tomberait la chasseresse, elle ne se fasse pas de mal.
Pour qu’une nation écoute et retienne ces récits chantés, il faut que ce qu’on lui chante soit déjà accepté comme un fonds de vérité dans ses traditions. […] Mais Nala reste encore méconnaissable à tous les yeux sous la grossière apparence d’un conducteur de chars ; sa beauté tout intérieure est voilée, pour que la honte de sa condition présente n’éclate pas à la cour du roi son beau-père. […] Faisons des vœux, ajoute-t-il, pour que cette poésie nouvelle, à force d’être antique, et qui présente des traits de ressemblance et souvent de supériorité avec la poésie des Grecs, soit associée un jour à ces œuvres de la Grèce dans l’enseignement de la jeunesse. » Nous disons comme lui.
… L’assemblage, en effet, est curieux, et, pour que saint François de Sales pût se trouver si près de Rabelais, il a fallu que le bon Camus, évêque de Belley, fût entre deux. […] J’avais dit en commençant que j’indiquerais de quelle manière je conçois une édition de ses lettres : il est bien tard pour que je m’étende là-dessus.
Distinguant entre le sentiment national qui était d’instinct, et l’opinion publique plus raisonnée et plus éclairée, il aurait voulu élever l’un jusqu’à l’autre, organiser celle-ci pour que le bon sens redescendît ensuite de là comme d’une sorte de fontaine publique dans tous les rangs et les étages de la société. […] Je répondis par les mots suivants que je me suis souvent dits à moi-même : « Je le loue publiquement de ce qu’il a fait de bien, d’abord afin qu’on l’aime et qu’on le connaisse ; ensuite pour qu’il sache quels sont les motifs de l’attachement qu’on a pour lui ; en troisième lieu pour avoir le droit de lui parler franchement et avec fermeté dans son Conseil ou en particulier. » — Il arriva sous son gouvernement une chose assez extraordinaire entre les hommes qui travaillaient avec lui : la médiocrité se sentit du talent, le talent se crut tombé dans la médiocrité ; tant il éclairait l’une, tant il étonnait l’autre !
Ayant beaucoup écrit depuis plus de trente ans, c’est-à-dire m’étant beaucoup dispersé, j’ai à me recueillir avant d’aborder un enseignement proprement dit, et à poser quelques règles ou principes, qui marqueront du moins la direction générale de ma pensée ; j’en ai besoin, pour qu’il n’y ait entre nous aucun malentendu, et que ma parole puisse aller ensuite devant vous avec d’autant plus de liberté et de confiance. […] Et n’est-ce pas chez lui qu’on doit aller chercher le mot le plus expressif pour rendre la douceur même (the milk of human kindness), cette qualité que je demande toujours aux talents énergiques de mêler à leur force pour qu’ils ne tombent point dans la dureté et dans la brutale offense, de même qu’aux beaux talents qui inclinent à être trop doux, je demanderai, pour se sauver de la fadeur, qu’il s’y ajoute un peu de ce que Pline et Lucien appellent amertume, ce sel de la force ; car c’est ainsi que les talents se complètent ; et Shakespeare, à sa manière (et sauf les défauts de son temps), a été complet.
C’était en effet avec quelques anneaux ainsi choisis à distance, et en omettant bien des intermédiaires, que l’on pouvait parvenir, moyennant un peu de bonne volonté, à établir une espèce de chaîne continue dans la doctrine déjà si disparate et à travers la carrière déjà si accidentée de M. de La Mennais ; mais depuis lors la chaîne s’est rompue à trop d’endroits pour qu’on essaye, par aucun artifice, d’en ressouder les fragments et d’en rejoindre les bouts. […] On peut se fier à La Mennais pour que la sérénité et la joie en lui ou autour de lui ne soient pas de longue durée.
Il a fallu quelques années pour que, dans les flux et reflux de cette étendue confuse, on retrouvât un niveau et de certaines limites. […] Ce Wolf est un original qui, s’étant laissé aller un soir d’ivresse à faire une confidence indiscrète à un ami qu’il n’avait jamais vu jusque-là, va le forcer le lendemain matin à se couper la gorge avec lui pour que le secret ne soit plus partagé.
Cet article a soulevé des récriminations diverses et animées : peut-être, en effet, pour qu’on pût en écrire alors, la mémoire de Carrel était trop incandescente ; le biographe a eu beau y employer beaucoup de phrases et mêler beaucoup d’eau dans son encre, il n’a pas réussi. […] Nisard admire cette manière auguste de reculer le trône intérieur de la majesté divine assez loin des regards de l’homme pour que celui-ci ne s’en exagère pas le voisinage.
Tant qu’il n’a pas rejoint Genièvre, il va pensif, égaré, assoté, Ne sait s’il est ou s’il n’est mie, Ne sait où va, ne sait d’où vient, si sourd, si aveugle, qu’il faut qu’on l’assomme presque pour qu’il revienne à lui et comprenne qu’il y a bataille. […] Peut-être amusèrent-ils le public plus qu’ils ne l’édifièrent, et y regarda-t-on les aventures plutôt que la morale : cette proscription de l’amour n’avait aucune chance de succès, et il faut peut-être venir à notre siècle incrédule et curieux pour que cette conception mystique soit pleinement comprise en son étrange et déraisonnable beauté.
Il veut mettre dans le monde tout juste assez de doute pour que le monde vive en paix, pour que Montaigne ne soit tracassé, tourmenté ni par ses passions, ni par les passions de ses voisins : prêcher la tolérance, c’est fort bien ; insinuer le Que sais-je ?
Un chapitre du livre contredit à peu près constamment ce que j’ai dit ; ou du moins, pour que l’idée que j’ai donnée de La Bruyère s’y retrouve, il faut renverser les proportions des éléments qui composent son esprit. […] La plupart des écrits de Fénelon sont trop spécialement théologiques pour qu’il soit possible de les étudier ici.
Pour que cette exception, dont me suit le charme, fonctionne, ordinaire, élégante, hautaine, se doit un sol traditionnel introublé : le même, où halètent des provinces de fer et de poussier populeuses, supporte la jumelle floraison, en marbres, de cités, construites pour penser. […] Je réclame la restitution, au silence impartial, pour que l’esprit essaie à se rapatrier, de tout — chocs, glissements, les trajectoires illimitées et sûres, tel état opulent aussitôt évasif, une inaptitude délicieuse à finir, ce raccourci, ce trait — l’appareil ; moins le tumulte des sonorités, transfusibles, encore, en du songe.
3º Je préfère de beaucoup le critique « impressionniste », qui est presque toujours, par ailleurs, un créateur, qui en général aime les livres et la vie plus que sa propre critique, et est rarement ennuyeux ; si ses créations ont de la valeur, il y a des chances pour que ses « impressions » soient intéressantes, et s’il a ce goût naturel qui est la première et la plus nécessaire qualité du critique, on le lira toujours avec plaisir. […] Elle présume que « si ses créations ont de la valeur, il y a des chances pour que ses “impressions” soient intéressantes… ».
On aime mieux passer pour leste et dégagé que pour un honnête nigaud, et, du moment que l’on associe à la morale quelque idée de pesanteur d’esprit, c’est assez pour qu’on la tienne en suspicion. […] Changarnier eussent été aussi critiques que moi, ils ne nous eussent pas rendu le service de nous sauver en juin ; car j’avoue que, depuis Février, la question ne s’est jamais posée assez nettement à mes yeux pour que j’eusse voulu me hasarder d’un côté ou de l’autre.
Pourquoi l’inviter à la valse autour du Veau d’or, si c’est pour qu’il y fasse un cavalier seul ? […] Il faut cinq cent mille francs à l’aigrefin pour qu’il se prête au changement de mains.
Tous les arts de ce temps portent son cachet ; le grand peintre Watteau, venu trop tôt pour elle, créant un monde pastoral enchanté, semble ne l’avoir décoré et embelli que pour qu’elle en prenne possession un jour et qu’elle puisse s’y épanouir et y régner. […] Mme de Tencin, qui aurait voulu pousser son frère le cardinal à la tête du ministère, ne savait par quel moyen avoir prise sur cette volonté apathique du monarque : elle en écrivait au duc de Richelieu, qui était pour lors à la guerre ; elle engageait ce courtisan à écrire à Mme de La Tournelle (duchesse de Châteauroux), pour qu’elle essayât de tirer le roi de l’engourdissement où il était sur les affaires publiques : Ce que mon frère a pu lui dire là-dessus, ajoutait-elle, a été inutile : c’est, comme il vous l’a mandé, parler aux rochers.
J’appelle spécialement toute leur sollicitude pour qu’aucune partie de ma correspondance avec S. […] J’autorise mes exécuteurs à publier ceux de ces documents qui leur paraîtront devoir intéresser le public, et même à les vendre, mais à la condition expresse de ne le faire qu’avec la discrétion la plus complète, et sans que les lois de la loyauté et de l’équité soient lésées, et aussi en donnant à cette discrétion assez de latitude pour que l’on puisse consulter ces documents, à titre purement gratuit, toutes les fois qu’ils le jugeront convenable et utile… C’est en vue de l’accomplissement de ces instructions que je désire que mes exécuteurs réunissent ces lettres et ces documents après ma mort, qu’ils les examinent en toute discrétion et sans contrôle.
… Et quand la société dure depuis assez longtemps pour que tout cela soit dans tous une habitude innée et soit devenu une sorte de religion, je dirais presque de superstition, certes alors un pays a le meilleur esprit public qu’il puisse avoir. […] C’est l’armée dont il faut voiler les yeux pour qu’elle ne voie point quel prix obtiennent l’indiscipline et la révolte.
Ledit Dumersan persécutait Odry, pour qu’il jetât un coup d’œil sur la malle, au moment de cette réponse. […] Il ajoute qu’il a vraiment souffert d’accepter cet argent, et que du reste, il a déjà pris des dispositions, pour qu’il soit un jour remboursé à l’État.
Pour qu’il soit tel, il faut au moins avoir un but, & l’Arioste semble n’avoir que celui d’entasser fable sur fable. […] Tantôt ce sont des figures outrées qui font un galimatias des termes pompeux de ciel, de soleil & d’aurore ; tantôt ce sont des saillies du Capitan Matamore, des mouvemens rodomonts qui ne laissent pas véritablement d’avoir de la grandeur & de la force, mais qui sont trop opposés aux usages, pour qu’ils puissent être goûtés des François.
Lorsqu’un poète, et n’importe qui, du reste, prend le ton lyrique, soyez sûrs qu’il y a des chances pour qu’il soit un peu plus convaincu qu’à l’ordinaire. […] Soyez sûr que l’enfant ne songera qu’à se moquer du bouc qui est assez imbécile pour se prêter au renard comme une échelle pour que le renard sorte du puits Est-il bête, dira-t-il, ce bouc ?
Ceci terminé, elle écrivait jusqu’à cinq heures, si son père ne l’appelait pas auprès de lui. » (C’est probablement à cette heure que la fée de l’esprit, succédant à la fée des mains, elle traça cette foule de lettres et de pensées qui touchent à trop d’âmes et à trop de vies pour qu’on puisse les publier, et parmi lesquelles furent choisies scrupuleusement celles qui ne souffrent pas du demi-jour et qui n’en font souffrir personne.) […] Dans cette coupe de délices où ils burent tous les deux, dans ce verre à champagne du festin des noces, à travers lequel elle revoyait son frère, elle, discerna bien vite la goutte d’absinthe dont Dieu frotte les lèvres de ses Élus, pour qu’ils soient ici-bas plus robustes à la vertu et à la peine.
Mais tandis que l’observation me montre que les images perçues se bouleversent de fond en comble pour des variations très légères de celle que j’appelle mon corps (puisqu’il me suffit de fermer les yeux pour que mon univers visuel s’évanouisse), la science m’assure que tous les phénomènes doivent se succéder et se conditionner selon un ordre déterminé, où les effets sont rigoureusement proportionnés aux causes. […] Localiser un souvenir ne consiste pas davantage à l’insérer mécaniquement entre d’autres souvenirs, mais à décrire, par une expansion croissante de la mémoire dans son intégralité, un cercle assez large pour que ce détail du passé y figure.
Et en effet il ne suffit pas pour qu’un ouvrage prétende à un renom et à une récompense de moralité dans le talent, qu’après avoir présenté des scènes plus ou moins vives et hasardées, empruntées à un monde équivoque, l’auteur se ravisant ajoute après coup je ne sais quelle intention et quel correctif, comme on met une affabulation au bout d’une fable, ou plutôt comme on mettrait un quatrain moral à la fin d’un conte.
Le principal défaut des artistes d’aujourd’hui, peintres ou poëtes, c’est de prendre l’intention pour le fait, de croire qu’il leur suffit d’avoir pensé une belle chose pour que cette chose paraisse belle ; au lieu de se donner la peine de réaliser l’idéal de leur conception, ils nous en jettent le fantôme.
« Versailles, 22 juin 1743… Il faudrait, je crois, dit-elle, écrire à Mme de La Tournelle (Mme de Châteauroux) pour qu’elle essayât de tirer le roi de l’engourdissement où il est sur les affaires publiques.
Or, qu’il y ait eu dans les rangs des plus furieux jacobins quelques agents obscurs, poussant à des excès ceux qui s’y précipitaient déjà, et surtout prenant grand soin de cacher leur qualité de ci-devant sous la carmagnole populaire, aplatissant leurs cheveux, laissant pousser leurs moustaches, et grossissant leur voix dans les clubs, c’est ce qui est assez vraisemblable, et assez insignifiant pour qu’on ne puisse ni le nier ni s’en prévaloir.
C’est même là une condition presque nécessaire du triomphe humain en toute pratique : il faut vouloir trop pour accomplir assez ; il faut forcer tant soit peu chaque vérité pour qu’elle pénètre.
Mably a été immolé sans pitié aux pieds de Rousseau ; l’auteur l’a chargé, comme un bouc émissaire, de tout ce qu’il y avait eu de mauvaises idées spartiates et crétoises à la Convention, en réservant à Jean-Jacques toute l’influence salutaire et rien que la salutaire : « Mably a été plus qu’inutile ; il a été dangereux. » D’Holbach surtout se trouve outrageusement anéanti, pour que Diderot apparaisse plus pur, plus serein et plus dominant.
Il se peut que dans les matières d’ordre politique ou social, le journal soit l’expression de l’opinion publique : en littérature, comme en art, comme en fait de finances et dans toute matière trop spéciale pour qu’une opinion générale se forme spontanément, les journaux sont les guides de l’opinion, les porte-parole des écoles, les agents de la réclame esthétique ou commerciale.
Le fait est assez rare pour qu’on le note.
Descaves, avec ses camarades des Cinq plus haut nommés (il en faudrait assez éliminer Lavedan dont le talent distingué s’applique à des fantaisies judicieuses et sans verve), marque une forme suffisamment nouvelle pour qu’on l’appelle néo-réalisme.
Leurs aînés s’étaient montrés assez durs pour qu’ils pussent les traiter à leur tour, en ennemis, sans avoir à s’embarrasser d’aucun scrupule.
C’est devant des objections souvent répétées qu’on aura ajouté, en tête de l’évangile de Matthieu, des réserves dont la contradiction avec le reste du texte n’était pas assez flagrante pour qu’on se soit cru obligé de corriger les endroits qui avaient d’abord été écrits à un tout autre point de vue.
Le mot de Jésus a été un éclair dans une nuit obscure ; il a fallu dix-huit cents ans pour que les yeux de l’humanité (que dis-je !
La nuance est trop sensible, pour qu’on ne s’en apperçoive pas.
Ils opinoient fortement pour qu’on prononçât quisquis quanquam.
Est-ce pour qu’il se regarde comme un être à part, comme un dieu, et le tout parce qu’il aime son père, sa mère et sa gouvernante ?
Trouver en sa langue les mots propres, et les expressions équivalentes à celles dont se sert l’auteur ancien ou moderne qu’on traduit : sçavoir leur donner le tour necessaire, pour qu’elles fassent sentir l’énergie de la pensée, et qu’elles presentent la même image que l’original, ce n’est point la besogne d’un écolier.
Chateaubriand disait un jour : « Pour que la France soit gouvernée, il suffit de quatre hommes et d’un caporal dans chaque localité. » Ce sont ces quatre hommes et ce caporal que nous voulons donner à la littérature.
C’est de plus un écrivain d’un style très clair, très cristallin, qui mettrait les turpitudes et les sottises sous le plus brillant cristal, pour qu’on les vît mieux.