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719. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Chapitre III : Règles relatives à la distinction du normal et du pathologique »

De ce qu’il y a lieu de l’ajuster ensuite à chaque cas spécial, il ne suit pas qu’il n’y ait aucun intérêt à le connaître. […] Puisque la généralité, qui caractérise extérieurement les phénomènes normaux, est elle-même un phénomène explicable, il y a lieu, après qu’elle a été directement établie par l’observation, de chercher à l’expliquer. […] Le crime, de son côté, ne doit plus être conçu comme un mal qui ne saurait être contenu dans de trop étroites limites ; mais, bien loin qu’il y ait lieu de se féliciter quand il lui arrive de descendre trop sensiblement au-dessous du niveau ordinaire, on peut être certain que ce progrès apparent est à la fois contemporain et solidaire de quelque perturbation sociale.

720. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE STAEL » pp. 81-164

MADAME DE STAEL I On aime, après les révolutions qui ont changé les sociétés, et sitôt les dernières pentes descendues, à se retourner en arrière, et, aux divers sommets qui s’étagent à l’horizon, à voir s’isoler et se tenir, comme les divinités des lieux, certaines grandes figures. […] L’influence de Coppet (Tancrède à part et Aménaïde qu’on y adore) est toute contraire ; c’est celle de Jean-Jacques continuée, ennoblie, qui s’installe et règne tout près des mêmes lieux que sa rivale. […] Il convient, tout blasé qu’il est, qu’elle a fait de Coppet le lieu le plus agréable de la terre par la société qu’elle y reçoit et que ses talents y animent. […] Quoi qu’il en soit, malgré ce qu’il y a dans Corinne de conversations et de peintures du monde, ce n’est pas à propos de ce livre qu’il y a lieu de reprocher à Mme de Staël un manque de consistance et de fermeté dans le style, et quelque chose de trop couru dans la distribution des pensées. […] Delphine, seule entre toutes les femmes du salon, alla s’asseoir à côté de Mme de R… Au lieu des curiosités banales ou des malignes louanges, comme elle eût franchement serré sur son cœur ce génie plus artiste qu’elle, je le crois, mais moins philosophique jusqu’ici, moins sage, moins croyant, moins plein de vues sûres et politiques et rapidement sensées !

721. (1923) L’art du théâtre pp. 5-212

Le théâtre profane qui naissait dans le même temps en divers lieux sous la forme de jeux et de farces n’adoptait pas un autre ton. […] Enfin, à la manière aussi du théâtre médiéval, il conçoit le drame comme une succession de scènes nous transportant en divers lieux. […] Autres lieux, autres mœurs. […] C’est sur la rareté de l’art qui leur sera proposé en ce lieu qu’ils ont l’intention de s’entendre. […] À Chartres, à Tancrémont, à Liège, à Cordemoy, à Chaumont, à Paris, à Lourdes, à Reims, à Pontmain, à Québec, en dernier lieu à Saint-Laurent, notre chimère s’est réalisée.

722. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « [Chapitre 5] — Post-scriptum » pp. 154-156

Ainsi Scudéry, dans Cyrus, me fait connaître le ton des hôtels de Longueville et de Rambouillet, lieux que j’affectionne et où j’aurais voulu vivre.

723. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Académie française — Réception de M. Émile Augier » pp. 317-321

Augier, étaient séantes en pareille circonstance et en un tel lieu.

724. (1874) Premiers lundis. Tome II « La Comtesse Merlin. Souvenirs d’un créole. »

Nièce du général O’Farrill, ministre de la guerre sous Joseph, et parfaitement informée de tout le détail de ces temps mémorables, madame Merlin réfléchit dans ces pages les sentiments de son oncle et les siens propres, de manière à nous transporter aisément à l’époque et aux lieux dont il s’agit.

725. (1874) Premiers lundis. Tome II « Revue littéraire »

Aussi bientôt notre beau page Que suit, triste, son lévrier, Quitte ces lieux où l’on outrage Amour et foi de chevalier.

726. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre II. Du sens et de la valeur des mots »

Au lieu que les mots plus beaux des langues étrangères font obstacle à la pensée en lui imposant, quelle qu’elle soit, leur musique et leur teinte, le mot français, incolore, atone, ne garde qu’un sens net, où l’esprit aperçoit tous les effets, tous les usages dont il est capable ; il prend le relief, l’harmonie, la lumière, la chaleur, que l’idée réclame ; il s’amortit ou éclate, il prête ou emprunte sa flamme, infiniment souple et mobile, élastique et subtil comme le plus léger des gaz, malgré la précision rigoureuse de sa définition, qui, dans aucun emploi, ne s’altère ni ne s’obscurcit.

727. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 331-337

C’est ici le lieu de s’étonner que Louis XIV, qui protégeoit les talens & sentoit le prix de ceux de Moliere, [à qui il donna plus d’une fois des marques d’estime], n’ait pas eu la pensée de le mettre, par ses bienfaits, au dessus de son état, & de lui faire quitter une profession qui ne pouvoit que nuire à la perfection de son génie.

728. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 133-139

Ce seroit ici le lieu de venger la réputation de Rousseau, à qui des talens sublimes ont fait donner le surnom de Grand, & à qui des talens très-médiocres se sont efforcés de le ravir, des calomnies atroces qu'on a eu l'inhumanité de renouveler après sa mort.

729. (1899) Esthétique de la langue française « Esthétique de la langue française — Chapitre VII »

Et une quantité assez considérable de noms de lieux, fleuves et monts.

730. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre V. Histoire littéraire. » pp. 212-219

Nous aurions alors quelque chose de complet, au lieu que nous n’avons que des essais informes.

731. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 36, de la rime » pp. 340-346

Comme les langues dans lesquelles ces poëtes sans étude composoient, n’étoient point assez cultivées pour être maniées suivant les regles du métre, comme elles ne donnoient pas lieu à tenter de le faire, ils s’étoient avisez qu’il y auroit de la grace à terminer par le même son, deux parties du discours qui fussent consecutives et d’une étenduë égale.

732. (1848) Études critiques (1844-1848) pp. 8-146

Au lieu donc de compromettre en se montrant impuissante, l’influence dont elle dispose, ne vaut-il pas mieux que la critique s’efforce de régulariser l’invasion des barbares dans les domaines littéraires ! […] Si une Nuit de Cléopâtre n’a qu’une bien mince valeur littéraire, la lecture en est amusante ; ce n’est pourtant qu’une sorte d’état des lieux, fort détaillé, d’un palais antique. […] Heine est tout à fait de circonstance, car, en ce moment, on élève par souscription, sur le lieu présumé de la bataille libératrice, une statue colossale du vainqueur. […] Hambourg, le lieu de naissance du poète, devait occuper la meilleure place dans le Conte d’hiver. […] Par une belle soirée le poète se dirigea vers ce lieu de délices avec Campe, son éditeur ; tous deux avaient le projet d’oublier les peines de la vie dans un repas confortable.

733. (1858) Du vrai, du beau et du bien (7e éd.) pp. -492

ne s’étend-il pas à tous les êtres moraux sans distinction de temps et de lieu ? […] Ce nouveau corps est à son tour dans un lieu. Ce nouveau lieu est-il aussi un corps ? Alors il est contenu dans un autre lieu plus vaste, et ainsi de suite ; en sorte qu’il vous est impossible de concevoir un corps qui ne soit pas dans un lieu ; et vous arrivez à la conception d’un lien illimité et infini, qui contient tous les lieux limités et tous les corps possibles : ce lieu illimité et infini, c’est l’espace. […] Jamais y eut-il plus lieu à un monument national et chrétien ?

734. (1828) Introduction à l’histoire de la philosophie

Tout lieu pris en grand représente une idée, une des trois idées auxquelles toutes les idées ont été ramenées. — Question générale du rapport des lieux à l’homme. — Des climats. […] Un lieu représente ou l’infini, ou le fini, ou le rapport du fini à l’infini ; telle est la formule que la philosophie de l’histoire impose à tout lieu, et que je me charge de faire sortir de tout lieu donné : ou il faudrait que ce lieu fût insignifiant, c’est-à-dire qu’il manquât de raison d’être et de loi. […] Donc les lieux ont aussi leurs lois, et, quand un lieu a tel caractère, il amène tel développement humain, ou, pour parler plus exactement, il se rencontre avec tel développement humain. […] Les mensonges des partis et des coteries, les illusions de l’amitié n’y peuvent rien ; il n’y a pas même lieu à discussion. […] Il est de tous les lieux et de tous les temps.

735. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CLe entretien. Molière »

Elle crut que la campagne ne lui serait pas moins favorable ; mais à Rouen, au lieu de préparer le lieu de son spectacle, elle mangea ce qu’elle avait d’argent avec un gentilhomme de M. le prince de Monaco, nommé Olivier, qui l’aimait à la fureur, et qui la suivait partout ; de sorte qu’en très peu de temps sa troupe fut réduite dans un état pitoyable. […] Le premier jour fut plus heureux qu’elle ne se l’était promis ; mais ceux qui avaient entendu le petit Baron en parlèrent si avantageusement que, le second jour qu’il parut sur le théâtre, le lieu était si rempli que la Raisin fit plus de mille écus. […] En un lieu, l’autre jour, où je faisais visite, Je trouvai quelques gens d’un très-rare mérite, Qui, parlant des vrais soins d’une âme qui vit bien, Firent tomber sur vous, madame, l’entretien. […] Dans tous les lieux dévots elle étale un grand zèle ; Mais elle met du blanc, et veut paraître belle. […] Et moi, je ne sais pas, madame, aussi pourquoi On vous voit en tous lieux vous déchaîner sur moi.

736. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. BALLANCHE. » pp. 1-51

Ballanche la crut voir deux jours de suite, au matin, entrer dans sa chambre et lui demander comment il avait passé la nuit : tant était prédominante en son organisation la puissance intérieure, tant elle était indépendante du moment, du lieu, de la réalité actuelle ! […] Plus d’une fois, en ces années, il se dirigea vers Montpellier à travers les Cévennes ; il vit dans l’un de ces trajets M. de Bonald, le gentilhomme de l’Aveyron, à Milhau ; mais ce n’était pas le philosophe profond dont il partageait volontiers la doctrine sur la parole, qu’il allait surtout visiter ; lui-même, dans un neuvième et dernier fragment daté de 1830, il nous a laissé entrevoir son pieux et triste secret : « Le 14 août 1825, dit-il, une belle et noble créature qui m’était jadis apparue et qui habitait loin des lieux où j’habitais moi-même, une belle et noble créature, jeune fille alors, jeune fille à qui j’avais demandé toutes les promesses d’un si riche avenir ; en ce jour, cette femme est allée visiter, à mon insu, les régions de la vie réelle et immuable, après avoir refusé de parcourir avec moi celles de la vie des illusions et des changements. […] N’est-ce point parce qu’étant privées d’eau sur les lieux élevés et exposées à l’ardeur du soleil, cette divine Providence, qui donne sa parure aux lis des champs, a voulu que leur calice pût retenir la rosée du matin, et que la fleur épanouie rendît à sa tige le bienfait qu’elle en avait reçu avant d’éclore ?  […] Ce serait ici le lieu, si nous le voulions, d’offrir une exposition générale de la doctrine de M.

737. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « DE LA MÉDÉE D’APOLLONIUS. » pp. 359-406

Après le repas qu’Éétès a fait servir aux nouveaux venus avant toute chose, d’après les lois de l’hospitalité, il y a lieu pour Jason d’expliquer au roi le sujet de son voyage. […] Tous deux ils se tenaient l’un en face de l’autre, muets et sans voix, semblables à des chênes ou à de grands sapins qui ont pris racine au même lieu sur les montagnes, et qui demeurent tranquilles dans le silence des vents ; mais bientôt, sous le coup des vents qui renaissent, ils s’ébranlent et s’entre-répondent avec un murmure immense : c’est ainsi que tous deux allaient bientôt parler et rendre bien assez de sons charmants sous le souffle de l’Amour. […] Aussi ne me témoigne point cette réserve extrême, ô jeune fille, si tu as quelque chose à me demander ou à me dire ; mais, puisque nous sommes venus ici à bonne intention, dans un lieu sacré où tout manquement est interdit, traite-moi en toute confiance… » Et il lui rappelle la promesse qu’elle a faite à sa sœur ; il la conjure par Hécate et par Jupiter-Hospitalier ; il se pose à la-fois comme son hôte et son suppliant ; et il touche cette corde délicate de louange qui doit être si sensible chez la femme ; car, après tout, Médée est un peu une princesse de Scythie, une personne de la Mer-Noire qui doit être secrètement flattée de faire parler d’elle en Grèce112. « Je te payerai ensuite de ton bienfait, lui dit-il, de la seule manière qui soit permise à ceux qui habitent si loin l’un de l’autre, en te faisant un nom et une belle gloire. […] y a-t-il lieu à une pareille inégalité ?

738. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre troisième. Les sensations — Chapitre II. Les sensations totales de la vue, de l’odorat, du goût, du toucher et leurs éléments » pp. 189-236

. — En quatrième lieu, certaines saveurs sont mélangées d’une sensation de chaud ou de froid ; on connaît la sensation de chaleur qui entre comme élément dans la saveur des liqueurs fortes, et la sensation de fraîcheur qui entre comme élément dans la saveur de plusieurs bonbons. — Enfin les divers points de la bouche, soumis à l’action du même corps, éveillent des sensations différentes, non seulement différentes sensations adjointes, mais différentes sensations de saveur proprement dite90. […] En troisième lieu, la sensation du jaune, comme celle de l’indigo, est composée des trois sensations élémentaires et simultanées de couleur, le rouge, le violet et le vert, chacune avec un degré particulier d’intensité. En quatrième lieu, chacune de ces trois sensations élémentaires est composée de sensations successives et continues de la même couleur, sensations encore perceptibles à la conscience et si nombreuses qu’il y en a au moins un million en une seconde. En cinquième lieu, chacune de ces sensations successives si prodigieusement courtes est, selon toutes les analogies, composée, comme celles du son, de sensations plus courtes encore et successives, comme les sensations primitives du son imperceptibles à la conscience.

739. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre troisième. La connaissance de l’esprit — Chapitre premier. La connaissance de l’esprit » pp. 199-245

. — Ce que nous affirmons en troisième lieu, c’est que ce quelque chose est lié à tel corps organisé ; j’ai le mien, Pierre et Paul ont chacun le leur ; et nous voulons dire par là que, en règle générale, certains changements de mon corps provoquent directement en moi telles sensations, et que certains événements en moi, émotions, voûtions, provoquent directement dans mon corps tels changements ; même règle pour Pierre, Paul et leurs corps. […] Rien d’étonnant si ce long trouble, qui part d’une idée et dure à travers une série d’idées, nous semble interne comme les idées, si les désirs et les volitions qui en dérivent sont rapportés de la même façon au-dedans, si les suites et les caractères des idées s’opposent, comme les idées, au-dehors et ne peuvent être logés en aucun lieu. […] Si je n’appuie pas, si je ne chasse pas les impressions et les distractions survenantes, si je ne laisse pas à mes souvenirs le temps de se préciser et de se compléter, ils restent presque tous à l’état latent ; ce qui survit et ce qui émerge, c’est un fragment sur dix mille, la représentation vague de ma marche à tel moment dans la rue, ou de mon arrivée dans la maison, ou de l’attitude de l’ami que je suis allé voir. — Mais cela suffit ; ce lambeau conservé me tient lieu du reste ; je sais par expérience que, en concentrant sur lui mon attention, j’en ressusciterais plusieurs semblables de la même série ; il est dorénavant pour moi la représentation sommaire du tout. — Il en est de même pour le déjeuner que j’ai fait auparavant, pour la lecture qui a employé les premières heures de ma matinée ; de sorte qu’avec trois substituts abréviatifs je remonte en un clin d’œil jusqu’à mon lever, c’est-à-dire jusqu’à un incident séparé par dix heures du moment où je suis. […] Telle est la suggestion ou induction spontanée ; elle se confirme et se précise peu à peu par des vérifications nombreuses. — En premier lieu, nous remarquons que ce corps se meut, non pas toujours de la même façon, par le contrecoup d’un choc mécanique, mais diversement, sans impulsion extérieure, vers un terme qui semble un but, comme se meut et se dirige le nôtre, ce qui nous porte à conjecturer en lui des intentions, des préférences, des idées motrices, une volonté comme en nous78. — En second lieu, surtout si c’est un animal d’espèce supérieure, nous lui voyons faire quantité d’actions dont nous trouvons en nous les analogues, crier, marcher, courir, se coucher, boire, manger, ce qui nous conduit à lui imputer des perceptions, idées, souvenirs, émotions, désirs semblables à ceux dont ces actions sont les effets chez nous. — En dernier lieu, nous soumettons notre conjecture à des épreuves.

740. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIIe entretien. L’Imitation de Jésus-Christ » pp. 97-176

Le duc d’Autriche, s’apitoyant sur son sort, lui offre et lui assigne un lieu de refuge à l’entrée de la Bavière, dans une île du Danube. […] J’ai trouvé comme lui dans l’entier sacrifice Cette perle cachée au fond de mon calice, Cette voix qui bénit à tout prix, en tout lieu. […] Il faut passer par le feu et par l’eau avant d’entrer dans le lieu de rafraîchissement. […] Celui qui vit au-dedans de lui-même et qui s’inquiète peu des choses du dehors, tous les lieux lui sont bons et tous les temps, pour remplir ses pieux exercices.

741. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIIIe entretien. Fior d’Aliza » pp. 177-256

Fior d’Aliza Chapitre premier I …………………………………………………………………………………………………………………………………………… Après ces grandes fièvres de l’âme qui l’exaltent jusqu’au ciel et qui la précipitent tour à tour jusque dans l’abattement du désespoir, on reste quelque temps dans une sorte d’immobilité insensible, comme un homme tombé d’un haut lieu à terre, qui ne sent plus battre ses tempes, et qui ne donne plus aucun signe de vie. […] Jamais, d’aucun autel ne baisant la poussière, Sa bouche ne murmure une courte prière ; Jamais, touchant du pied le parvis d’un saint lieu, Sous aucun nom mortel il n’invoqua son Dieu ! […] » Ses compagnons épars, groupés sur le navire, Ne parlent point entre eux de foi ni de martyre, Ni des prodiges saints par la croix opérés, Ni des péchés remis dans les lieux consacrés, D’un plus fier évangile apôtres plus farouches, Des mots retentissants résonnent sur leurs bouches : Gloire, honneur, liberté, grandeur, droits des humains, Mort aux tyrans sacrés égorgés par leurs mains, Mépris des préjugés sous qui rampe la terre, Secours aux opprimés, vengeance, et surtout guerre ; Ils vont, suivant partout l’errante Liberté, Répondre en Orient au cri qu’elle a jeté ; Briser les fers usés que la Grèce assoupie Agite, en s’éveillant, sur une race impie ; Et voir dans ses sillons, inondés de leur sang, Sortir d’un peuple mort un peuple renaissant. […] « Souvent, le bras posé sur l’urne d’un grand homme, Soit aux bords dépeuplés des longs chemins de Rome, Soit sous la voûte auguste où, de ses noirs arceaux, L’ombre de Westminster consacre ses tombeaux, En contemplant ces arcs, ces bronzes, ces statues, Du long respect des temps par l’âge revêtues, En voyant l’étranger d’un pied silencieux, Ne toucher qu’en tremblant le pavé de ces lieux, Et des inscriptions sur la poudre tracées Chercher pieusement les lettres effacées J’ai senti qu’à l’abri d’un pareil monument Leur grande ombre devait dormir plus mollement ; Que le bruit de ces pas, ce culte, ces images, Ces regrets renaissants et ces larmes des âges, Flattaient sans doute encore, au fond de leur cercueil, De ces morts immortels l’impérissable orgueil ; Qu’un cercueil, dernier terme où tend la gloire humaine, De tant de vanités est encor la moins vaine ; Et que pour un mortel peut-être il était beau De conquérir du moins, ici-bas, un tombeau ?

742. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre neuvième »

Pour ne parler que de ces premières ébauches de comédies, on y trouve, au lieu de caractères, des situations ; au lieu des ridicules de la nature, les ridicules imaginaires ; au lieu de personnages, les types de certaines professions, un docteur, un capitan, un juge ; au lieu de la vraisemblance dans l’action, un auteur employant tout ce qu’il a d’esprit à la violer. […] C’est un expédient annoncé par Horace, qui nous parle d’un certain Henrique, Qui retourne en ces lieux avec beaucoup de biens Qu’il s’est en quatorze ans acquis dans l’Amérique52 . Les invraisemblances de lieu n’y manquent pas, et la rue entend bien des choses qui ne se disent qu’à la maison. […] Au lieu du salon d’une coquette, c’est le foyer domestique d’une femme honnête, envahi par un intrus.

743. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre deuxième. L’idée de l’espace. Son origine et son action »

Puisqu’on dit signe local, la sensation-signe doit être signe d’un rapport à l’étendue, d’un lieu ; ou plutôt elle doit avoir en elle-même, sans distinction de lieu précis, le caractère extensif qui, joint à sa qualité propre, permettra plus tard de construire l’étendue, et de localiser ici, non là. […] Une observation attentive pendant trois semaines entières sur un aveugle-né avait persuadé à Platner qu’un homme privé de la vue ne perçoit que l’existence de quelque chose d’actif, différent de ses propres sentiments de passivité, et qu’en général il ne perçoit que la différence numérique des impressions ou des choses. « En fait, pour les aveugles-nés, le temps tient lieu d’espace. […] Toutes les objections éléatiques n’empêcheront pas cette sensation de mouvement de se produire, de nous révéler l’action de quitter un lieu pour passer dans un autre.

744. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1886 » pp. 101-162

Et ma pensée allait au grenier, à ce lieu de réunion, ouvert seulement depuis l’année dernière, et dont déjà deux membres tout jeunes, Desprez et Robert Caze, sont morts tragiquement. […] Entre Albert Duruy, qui vient s’entendre avec Daudet sur le lieu du combat, et qui a la tenue d’un témoin de duel, à la fois sérieux et chic. […] Et le voilà à nous peindre le lieu du combat, une ancienne propriété du baron Hirsch, un paysage à grandes lignes, dans lequel des chevaux en liberté s’approchaient bêtement des combattants. […] Samedi 11 septembre Dans L’Éducation sentimentale, une merveilleuse scène que la visite de Mme Arnoux à Frédéric, — et la sublime scène que ce serait, si au lieu des phrases très joliment faites, mais des phrases de livres, comme celle-ci : « Mon cœur, comme de la poussière, se soulevait derrière vos pas ! 

745. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre neuvième. Les idées philosophiques et sociales dans la poésie (suite). Les successeurs d’Hugo »

»… Oui, nature, ici-bas mon appui, mon asile, C’est ta fixe raison qui met tout en son lieu ; J’y crois, et nul croyant plus ferme et plus docile Ne s’étendit jamais sous le char de son dieu… Ignorant tes motifs, nous jugeons par les notres : Qui nous épargne est juste, et nous nuit, criminel. […] Mais la terre suffit à soutenir la base D’un triangle où l’algèbre a dépassé l’extase… Voici maintenant la vraie inspiration poétique et philosophique tout ensemble : Car de sa vie à tous léguer l’œuvre et l’exemple, C’est la revivre en eux plus profonde et plus ample, C’est durer dans l’espèce en tout temps, en tout lieu C’est finir d’exister dans l’air où l’heure sonne, Sous le fantôme étroit qui borne la personne, Mais pour commencer d’être à la façon d’un dieu ! […] « Je ne veux rien savoir, dit Musset, « ni si les champs fleurissent », ni ce qu’il adviendra du « simulacre humain », Ni si ces vastes cieux éclaireront demain      Ce qu’ils ensevelissent. » Il se dit seulement « qu’à cette heure, en ce lieu, un jour », il fut aimé, et il « enfouit ce trésor dans son âme », et avec ce trésor, la véritable immortalité. […] Nous voyons là, comme dans un brusque rayon, ce qu’il y a de folie et de hideur à être privé de la sagesse ; et nous y voyons aussi que, comme le Christ nous le donne à entendre, le royaume de Dieu n’est autre que la sagesse, qu’il n’est ni un lieu ni une chose visible, mais l’attribut du sage : — Le royaume de Dieu est au dedans de vous » (page 576). — Il y a des livres, selon Joubert, dont l’effet naturel est « de paraître pire qu’ils ne sont, comme l’effet inévitable de quelques autres est de paraître meilleurs qu’eux-mêmes ;  » le livre des Blasphèmes réunit les deux effets : il ne mérite d’être placé ni si haut, ni si bas.

746. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « Gustave Flaubert. Étude analytique » pp. 2-68

Que l’on joigne à cette médiocrité des lieux et des gens, le mince intérêt des aventures, un adultère diminué de tout l’ennui de la province, la vie campagnarde de deux vieux employés, l’existence sociale de quelques familles moyennes à Paris, que traverse le désœuvrement d’un jeune homme nul, on reconnaîtra dans les romans de Flaubert, tous les traits essentiels de l’esthétique réaliste. […] Et que l’on joigne à ces grandes œuvres certaines pages de l’Hérodias, les imprécations de Jeochanann, la scène gracieuse où Salomé, nue et cachée par un rideau, étend dans la chambre du tétrarque son bras ramant l’air pour saisir une tunique ; enfin cette Légende de saint Julien qui contient les plus divines pages en prose de ce siècle, la vie pure et fière du château, les combats et les hasards de Julien fuyant son destin de parricide, les lieux luxurieux où il se marie, son crime, sa rigueur, sa transfiguration finale  certes pas même chez les grands poètes de ce temps et d’autres on ne trouve un pareil ensemble de scènes aussi purement belles et hautes flattant l’oreille, les sens, l’esprit et toute l’âme, au point que certaines pages entrent par les yeux comme une caresse, se délayant dans tout le corps, et le font frissonner d’aise comme une brise et comme une onde. […] Que l’on se rappelle encore les chasses fantastiques de Julien, et surtout cette expédition où, quittant le lit nuptial, il parcourt une forêt enchantée dont les bêtes indestructibles le frôlent, et d’autres, qu’il abat, s’émiettent pourries dans ses mains  puis l’immense horreur des lieux glacés, dont l’hostilité expie son crime involontaire ; Flaubert paraîtra posséder le sens des choses à peine perçues, des sentiments naissants et balbutiants, que le mot, clair exposant de l’idée précise, peut rendre seulement par la suggestion, de mystérieuses analogies ou d’indirects symboles. […] Comme M. de Maupassant le dit dans sa préface aux lettres de Flaubert à George Sand, même les romans, Madame Bovary, l’Éducation, bien que réalistes, pleins d’actes et de lieux précis, ont pour personnages principaux des êtres-si parfaitement choisis entre une foule de similaires, qu’ils représentent une classe, ou une espèce plutôt qu’un individu.

747. (1856) Cours familier de littérature. I « IIIe entretien. Philosophie et littérature de l’Inde primitive » pp. 161-239

Je suis la génération et la dissolution, le lieu où résident toutes choses, et l’inépuisable semence de toute la nature. […] « Regarde ce monde comme un lieu de passage triste et court, et sers-moi uniquement ; le reste est néant ! […] En quelque lieu que soit Krisna, le dieu de la foi ; en quelque lieu que soit Arjoùn, le puissant lanceur de flèches, là se trouvent certainement la vérité, la fortune, la victoire et la vertu ! 

748. (1840) Kant et sa philosophie. Revue des Deux Mondes

Cependant, si l’humanité est une, il n’en est pas moins vrai que, selon les circonstances, les temps et les lieux, la civilisation affecte des formes très différentes. […] Lorsque de toutes parts il n’était question en France, en Angleterre, en Italie, que de plaisir, d’intérêt et de bonheur, une voix s’éleva de Kœnigsberg pour rappeler l’âme humaine au sentiment de sa dignité, et enseigner aux individus et aux nations qu’au-dessus des attraits du plaisir et des calculs de l’intérêt, il y a quelque chose encore, une règle, une loi, une loi immuable, obligatoire en tout temps et en tout lieu et dans toutes les conditions sociales ou privées : la loi du devoir. […] L’expérience nous dit ce que sont les choses, mais non ce qu’elles ne peuvent pas ne pas être ; elle nous dit ce que les choses sont dans le moment de l’observation et dans le lieu où nous sommes, mais non ce qu’elles sont dans tous les temps et dans tous les lieux.

749. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « De la dernière séance de l’Académie des sciences morales et politiques, et du discours de M. Mignet. » pp. 291-307

Mais quand tout l’univers se matérialiserait, quand partout la philosophie et la liberté seraient en disgrâce, il est cependant un lieu qui devrait rester inaccessible à de semblables lassitudes, et où il faudrait conserver le feu sacré : « Ce lieu est l’enceinte de l’Institut, qui est comme le sanctuaire de l’esprit humain. » Et presque comme exemple aussitôt, comme preuve de cette force inviolable de la pensée, M. 

750. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Nouveaux voyages en zigzag, par Töpffer. (1853.) » pp. 413-430

Il aspire presque aussitôt à la communiquer et à la bien traduire, en la racontant gaiement à l’usage d’abord de ses seuls jeunes compagnons, et en croquant pour eux et pour lui, d’une plume rapide, les principaux accidents de la marche, la physionomie des lieux et des gens. […] Les Mayens, on appelle ainsi sur la montagne les lieux où vont dès le mois de mai les nobles Valaisans, les patriciens du pays, aujourd’hui dépossédés de leur influence.

751. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Œuvres de François Arago. Tome I, 1854. » pp. 1-18

On a dit avec vérité que l’aspect des lieux prend une couleur agréable ou sombre, selon les sentiments dont l’âme est agitée : nous l’éprouvions bien fortement alors. […] Arago a composées avec le plus de goût et de succès est celle du célèbre Écossais James Watt, ce héros de l’industrie, cet Hercule ingénieux du monde moderne ; il se complaît, après une enquête complète et consciencieuse qu’il est allé faire sur les lieux, à nous exposer ses procédés d’invention en tout genre, ses titres à la reconnaissance des hommes.

752. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sénac de Meilhan. — I. » pp. 91-108

Pendant des années, on n’aperçoit extérieurement en lui que l’administrateur ; il le fut avec succès, soit à La Rochelle dans le pays d’Aunis, soit dans l’intendance de Provence où les allées de Meilhan à Marseille ont conservé son nom, soit en dernier lieu dans l’intendance du Hainaut. […] Au lieu du loto devenu trop commun, mettez le whist, et vous avez encore l’homme du monde qui n’est que cela jusqu’à la fin, qui n’est plus même vieillard.

753. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Vicq d’Azyr. — I. » pp. 279-295

Turgot, contrôleur général, demanda, vers la fin de cette année, à l’Académie des sciences qu’elle voulût bien nommer deux commissaires pour se transporter sur les lieux ; il désirait qu’un physicien et un médecin fissent ce voyage. […] Il était de l’intérêt de la haute administration d’avoir une sorte de conseil médical consultatif, libre des préjugés et de la routine, dégagé des lenteurs d’écoles, prévenant sans entêtement les abus de l’empirisme, ou en accueillant, s’il y avait lieu, les bons résultats, et prêt à répondre, à donner un avis sur quantité de questions à l’ordre du jour.

754. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Eugénie de Guérin, Reliquiae, publié par Jules Barbey d’Aurevilly et G.-S. Trébutien, Caen, imprimerie de Hardel, 1855, 1 vol. in-18, imprimé à petit nombre ; ne se vend pas. » pp. 331-247

Elle le redira plus vivement un jour, et après avoir bu à la coupe de douleur : « Car, voyez-vous, je n’aime pas pour ce monde, ce n’est pas la peine ; c’est le ciel le lieu de l’amour. » Le moindre incident, le moindre mouvement, dans cette vie tranquille, produit des jeux d’une fantaisie ou d’une affection pleine de grâce. […] Déchirante apparition du passé : berceau et tombe… Maurice, mon ami, qu’est-ce que le ciel, ce lieu des amis ?

755. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Guillaume Favre de Genève ou l’étude pour l’étude » pp. 231-248

Malheureusement tout cela n’est pas condensé, n’est pas composé ; l’auteur, trop patient à la recherche, ne s’inquiète de rien au-delà. « J’ignore, dit-il en un endroit, quels furent les lieux habités par Marius Philelphe pendant la plus grande partie de l’année 1453 ; il revint peut-être dans la rivière de Gênes. » Mais qu’est-ce que cela nous fait que Marius ait fait un pas de plus ou de moins, qu’il ait perdu quelques mois de plus ici ou là ? […] Un des poètes qui ont visité ce beau lac du Léman et qui, sur les traces de Jean-Jacques, y ont promené de jeunes rêves, s’est écrié : « Que vient-on me dire de ces beaux lieux que j’ai visités autrefois, de ces villas délicieuses au bord des lacs, en vue des sommets sublimes ?

756. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Charles-Victor de Bonstetten. Étude biographique et littéraire, par M. Aimé Steinlen. — I » pp. 417-434

Bonstetten s’en ressouviendra et renouera le fil de ces études trente ans après, dans les mêmes lieux. […] Il avait vingt-quatre ans, d’aimables dehors, de la naissance ; il parlait l’anglais avec facilité et aimait même à l’écrire : « Car cette langue, disait-il, se prête à tout, au lieu qu’en français il faut toujours rejeter dix pensées avant d’en rencontrer une qu’on puisse bien habiller. » Il y contracta tout d’abord d’étroites amitiés, y vit le grand monde, fut présenté à la cour, et, ce qui nous intéresse davantage, fut admis, à Cambridge, dans l’intimité du charmant poète Gray. « Jamais, disait-il, je n’ai vu personne qui donnât autant que Gray l’idée d’un gentleman accompli. » Nous avons un récit de ces mois de séjour à Cambridge, par Bonstetten, qui s’est plu à mettre en contraste le caractère mélancolique de Gray avec la sérénité d’âme de son autre ami, le poète allemand Matthisson, qu’il posséda plus tard chez lui comme hôte en son château de Nyon, dans le temps qu’il y était bailli.

757. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Correspondance de Voltaire avec la duchesse de Saxe-Golha et autres lettres de lui inédites, publiées par MM. Évariste, Bavoux et Alphonse François. Œuvres et correspondance inédites de J-J. Rousseau, publiées par M. G. Streckeisen-Moultou. — II » pp. 231-245

À peine, dans sa vie errante, commençait-il à être installé quelque part, qu’il se croyait en butte à des poursuites, à des curiosités intéressées et malignes, à un espionnage continuel : la misérable compagne qu’il s’était donné avait l’art, selon qu’elle se déplaisait plus ou moins vite dans un lieu, d’entretenir et d’exciter ces inquiétudes qui avaient parfois des redoublements où toute la raison menaçait de périr. […] Aussi est-ce la France, est-ce Paris, le lieu du monde où il est le plus aisé de se passer de bonheur, qu’il avait choisi pour y achever de vieillir et de souffrir.

758. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Octave Feuillet »

Le curé du lieu est simple et des plus ordinaires. […] Elle a d’elle-même l’idée de dresser, à un endroit du parc d’où l’on voit l’Océan, une espèce d’autel ; ou, du moins, une table de pierre celtique au pied d’un chêne lui en tient lieu.

759. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Histoire des cabinets de l’Europe pendant le Consulat et l’Empire, par M. Armand Lefebvre. »

Premier secrétaire d’ambassade, en Italie d’abord, à Naples, à Florence, à Rome, puis en Allemagne, à Cassel près du roi Jérôme, et en dernier lieu à Berlin, il s’était trouvé mêlé à bien des épisodes dramatiques du Consulat et de l’Empire, et avait été un témoin clairvoyant, un agent fort apprécié dans son rôle modeste. […] Si j’osais me comparer à ce grand homme, je dirais que j’ai un sentiment commun avec lui, c’est l’amour de la gloire ; mais il a poursuivi son objet en grand et il l’a obtenu, au lieu que, moi, j’ai cherché la gloire dans les buissons, et je ne suis parvenue qu’à me piquer le bout des doigts.

760. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « De la poésie en 1865. (suite et fin.) »

le jour où je vins en ce lieu avec Iannik Caris, celui que je n’ai que trop aimé, ah ! […] Retiré en dernier lieu à Auteuil ( ?)

761. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres choisies de Charles Loyson, publiées par M. Émile Grimaud »

pour mon âme abattue    Tous lieux sont désormais pareils : Je porte dans mon sein le poison qui me tue ; Changerai-je de sort en changeant de soleils ? […] Hugo. » Il y aurait lieu certainement, en choisissant bien ses points, à exécuter pour l’année 1817 une variation analogue sur le canevas et le thème où il s’est joué, et d’y observer une parfaite justesse.

762. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. LE COMTE MOLÉ (Réception à l’Académie.) » pp. 190-210

C’est que dans ce temps de mœurs littéraires si mauvaises et si gâtées, en ce temps de grossièreté où la littérature, ce qu’on ose appeler ainsi, trop souvent imite la rue et n’en a pas la police, il importe que l’Académie reste un lieu où la politesse, l’esprit de société, les rapports convenables et faciles, une transaction aimable ou du moins suffisante, la civilisation enfin en littérature, continuent et ne cessent jamais de régner. […] et combien il faudrait peu de chose pour l’intercepter, pour l’éteindre, cette civilisation dont on est si sûr, aux lieux mêmes où elle paraît le plus brillante !

763. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Chapitre II »

Un de ceux-là voulut un jour me faire passer par la fenêtre : j’en eus assez et j’engageai les camarades à ne plus m’en adresser. » 25 Dorénavant il ne fréquenta ces dangereux sujets qu’à Charenton ou lieux similaires et jamais plus en pleine liberté. […] Il aima la médecine comme « étant de tous les temps et de tous les lieux. » 30 Parmi les contemporains, nous signalerons Ibsen pour ses débuts médicaux d’abord, puis pharmaceutiques31 et Jean Richepin, fils d’un médecin militaire, qui, sous la direction de son père, se prépara pendant quelque temps à l’École de Strasbourg : « La dissection et la chirurgie, a-t-il écrit32, furent surtout l’objet de son enseignement et de mes prédilections. » La liste s’allonge tous les jours, des romanciers diplômés, des « évadés de la médecine », comme les étiquette le Dr Cabanès qui les signale consciencieusement en sa curieuse « Chronique ».

764. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre I. La littérature pendant la Révolution et l’Empire — Chapitre III. Madame de Staël »

La vie poussa encore Mme de Staël en ce sens : chassée de Paris, elle vit à Coppet, où son salon donne pour ainsi dire par trois portes sur la France, sur l’Italie et sur l’Allemagne, De Coppet elle sent mieux que de Paris l’attrait de l’Italie et de l’Allemagne : Paris est le lieu du monde où l’esprit s’enferme le plus facilement. […] Elle accueille d’abord la Révolution avec joie et avec foi ; son salon est le lieu de réunion des amis de la constitution anglaise, Mounier, Malouet, Clermont-Tonnerre, Montmorency ; mais, en sept. 1792, elle est forcée de se réfugier à Coppet, au bord du lac de Genève.

765. (1899) Le préjugé de la vie de bohème (article de la Revue des Revues) pp. 459-469

Au lieu que vous n’imaginerez jamais Schaunard ou Rodolphe autrement qu’ils ne sont, sinon qu’en vieillissant, avec leurs scies et leurs perruques, ils sembleront grimaçants et pénibles. […] Il en fera uniquement l’homme qui passe, indifférent aux lieux, aux langages et aux foules, qui passe porteur d’une âme plus pure, d’un caractère plus beau, d’une éloquence et d’une charité plus altières, l’homme qui détient le secret des lois et des méthodes psychologiques, les raisons du cœur humain, les analogies et les idées générales de la société, l’homme qui, parmi les actifs du domaine transitoire, médite les vérités permanentes et les définit à travers les fluctuations de leurs formes.

766. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Oscar Wilde à Paris » pp. 125-145

Le servant du lieu était un jeune garçon d’une vingtaine d’années, blond, au vif regard bleu, qui portait, sans faiblir, à la satisfaction de Moréas, le glorieux prénom d’Amand et qui s’était installé dans la bonne grâce des poètes par l’empressement qu’il mettait à les servir au détriment des autres consommateurs. […] Il fit donc savoir à Wilde qu’il le recevrait à dîner au lieu habituel de ses agapes.

767. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre V. Premiers aphorismes de Jésus. — Ses idées d’un Dieu Père et d’une religion pure  Premiers disciples. »

Jésus paraît avoir fait quelque temps sa résidence en ce lieu. […] Dieu ton Père sait de quoi tu as besoin, avant que tu le lui demandes 253. » Il n’affectait nul signe extérieur d’ascétisme, se contentant de prier ou plutôt de méditer sur les montagnes et dans les lieux solitaires, où toujours l’homme a cherché Dieu 254.

768. (1785) De la vie et des poëmes de Dante pp. 19-42

Puisqu’on va parcourir des lieux peuplés d’ombres, de mânes et de fantômes, il est bon de dire un mot sur ce que les anciens entendaient par ces expressions. […] L’âme était une portion de l’esprit qui anime l’univers, une subtile quintessence, un rayon très-épuré : mais c’était toujours de la matière ; et quoiqu’elle ne tombât point sous les sens, on ne la croyait pas pur esprit : tout alors avait une forme et occupait un lieu quelconque.

769. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Le maréchal Marmont, duc de Raguse. — III. (Suite et fin.) » pp. 47-63

La puissance de Méhémet Ali en Égypte était alors l’objet de l’attention des politiques et de la curiosité du monde : c’est par cette étude faite de près et sur les lieux, que le duc de Raguse termina ce voyage, et qu’il put dire en se rendant toute justice : Il est dans mon caractère de prendre un vif intérêt à ce qui a de la grandeur et de l’avenir. […] Le maréchal a cette faculté de s’imprégner très vite de l’esprit et de la couleur des lieux, du génie des races.

770. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre III. Le Bovarysme des individus »

Mais comme la notion, le concept est le lieu de l’erreur et du coq à l’âne. […] L’absence du sentiment de l’effort, qui n’est point toujours synonyme d’une moindre dépense, l’aveugle sur l’intérêt et la grandeur des œuvres qu’il réalise, au lieu que cette sensation d’effort, intervenant dans les tâches où il voudrait en vain exceller, contraint son attention, excite en lui un désir de possession et de victoire.

771. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Th. Dostoïewski »

Le nu délabrement des galetas, les maisons sordides, où sur l’ombre puante des escaliers claquent des portes pendantes, les entrées subites d’inconnus par des seuils béants, les cafés lumineux où, sous le jet des gaz et la vapeur traînante des alcools, s’exacerbe la virulence des maniaques, les hôtels borgnes qui logent entre des draps froids les dormeurs d’une dernière nuit, la toux hoquetante des phtisiques, le souffle nocturne du vent dans des cimes pliantes, — sont les vues et les bruits dont le caractère vaguement redoutable emplit encore d’appréhension des lieux plus sûrs, les rues, les appartements, les bureaux. […] Le lent et sourd accroissement de l’angoisse morale de Raskolnikoff, le vertige et l’oppression de son projet, qu’il apercevait vague et cependant fatal dans le délabrement de ses forces, son sourd malaise une fois le sang versé, et l’étrange sensation de retranchement qui le prend, le lâche et le tient quand il revoit sa mère et sa sœur, la cruauté de se sentir interdit à leurs caresses et de ne pouvoir leur parler que les yeux détournés vers l’ombre ; puis la terreur croissante et une sorte d’ironique rudesse s’installant dans son âme, qui l’introduisent à revisiter le lieu du crime, et à machiner de singulières mystifications qui le terrifient tout à coup lui-même — ces choses lacèrent son âme et rompent sa volonté ; ainsi abattu et ulcéré, il est amené d’instinct à visiter Sonia, et à s’entretenir avec elle en phrases dures, qu’arrête tout à coup le sanglot de sa pitié pour elle, pour lui et pour tous, en une crise où il sent à la fois l’effondrement de son orgueil et la douceur de n’être plus hostile ; des retours de dureté, la sombre rage de ses premières années de bague, l’angoisse amère d’un cœur vide et murmurant, conduisent à la fin de ce sombre livre, jusqu’à ce qu’en une matinée de printemps, au bord des eaux passantes d’un fleuve, que continue au loin la fuite indécise de la steppe, il sente, avec la force d’eaux jaillissantes, l’amour sourdre en lui, et l’abattre aux pieds de celle qui l’avait soulagé du faix de sa haine.

772. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Préface de la seconde édition »

Toutefois, sur ce point, il y a lieu de faire une distinction qui jettera peut-être quelque lumière sur le débat. […] Pour être arrivé à penser qu’il y avait lieu de rechercher ce qu’ils sont, il fallait avoir compris qu’ils sont d’une façon définie, qu’ils ont une manière d’être constante, une nature qui ne dépend pas de l’arbitraire individuel et d’où dérivent des rapports nécessaires.

773. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre II. Marche progressive de l’esprit humain » pp. 41-66

Au milieu de tant de vicissitudes, l’esprit humain marche toujours ; car il faut qu’il marche même pour franchir des déserts, même pour sortir des lieux et des temps que l’ignorance ou la tyrannie changent en vastes solitudes. […] Celle qu’il n’a point aperçue, ou qu’il a négligée, donnerait ici lieu à d’importantes observations : je m’en abstiendrai aussi, parce que je ne veux point être accusé d’être guidé par un esprit de système ; mais qu’il me soit permis de puiser, dans le peu que nous connaissons de ce génie allégorique, une hypothèse qui pourra servir à faire mieux sentir, par la suite, plusieurs choses qu’il me serait assez difficile d’expliquer.

774. (1887) La banqueroute du naturalisme

Cela sentira seulement la caserne au lieu de la ferme, le fumier de cheval au lieu du fumier de vache, ou l’odeur de fumée, d’huile et de graisse à graisser au lieu de l’odeur des blés mûrs et du foin nouveau ; mais il s’y passera les mêmes choses, entre deux trains, sous le hangar aux marchandises ou dans un coin de la lampisterie, qu’ici entre deux coups de faulx, derrière une meule de foin. […] En quelque lieu du monde qu’il y ait encore un vrai naturaliste, je comprends sa douleur.

775. (1884) La légende du Parnasse contemporain

Le maréchal-des logis, le brigadier et les gendarmes Muracciole et Grivotte se sont immédiatement rendus sur les lieux. […] * Le bureau de la Revue fantaisiste, passage des Princes, alors passage Mirès, était un lieu passablement extraordinaire. […] Alors, beaucoup d’entre les esprits nouveaux s’adonnaient à la politique, commençaient l’œuvre des revendications sociales, et c’était l’autre côté de l’eau qui était le lieu de ces travaux ; c’était là que se plaçait le centre de ce mouvement. […] Après cinq ou six quinzaines échues, quand le propriétaire du lieu reconnaissait que l’un des Parnassiens paraissait absolument décidé à ne pas payer un sou de loyer, — hélas ! […] Notre joie se traduisait en joyeuses causeries dans la chère échoppe hospitalière, et je ne sais pas de lieu au monde où il ait été échangé de plus ardentes espérances et récité plus de vers.

776. (1874) Premiers lundis. Tome I « Œuvres de Rabaut-Saint-Étienne. précédées d’une notice sur sa vie, par M. Collin de Plancy. »

Quelques nuages se promènent encore sur le ciel de la France  ; mais la Constitution est faite, la masse de la France est assise … Illusion naïve du savoir et de la vertu, qui fait sourire en même temps qu’elle attriste, illusion de tous les temps, de tous les lieux, de tous les hommes, la nôtre aussi, toutes les fois qu’il nous arrive de juger le passé d’hier avec nos idées du réveil et de croire y lire l’éternel avenir !

777. (1874) Premiers lundis. Tome II « Li Romans de Berte aus Grans piés »

Mais à prendre les choses par un côté plus exclusivement français et gaulois, plus littéraire, en abordant nos vieux romans suivant l’aspect plus familier à nos érudits, en venant modestement à la suite de Lamonnoye, de Bouhier, de Sainte-Palaye, des savants auteurs de l’Histoire littéraire, sans arriver de l’Allemagne ni s’être nourri des Æebelungen ou des Eddas, mais s’adressant tout simplement à M. de Monmerqué, il y a lieu, sous le rapport du goût et d’une critique soigneuse et délicate, de faire des travaux précieux sur les vieux monuments de notre langue.

778. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre III. Des moyens de trouver la formule générale d’une époque » pp. 121-124

Elle doit nous faire connaître, d’autre part, le sens dans lequel ont marché durant cette époque les parties solidaires et distinctes dont le tout est composé, et, s’il y a lieu, le courant dominant qui a emporté cet ensemble à la fois un et multiple.

779. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 19, qu’il faut attribuer aux variations de l’air dans le même païs la difference qui s’y remarque entre le génie de ses habitans en des siecles differens » pp. 305-312

Lorsqu’on voit que nos guerriers trouvent le poids d’une cuirasse et d’un casque un fardeau insupportable, au lieu que leurs ancêtres ne trouvoient pas l’habillement entier du gendarme un poid trop lourd, quand on compare les fatigues des guerres des croisades avec la molesse de nos camps, n’est-on pas tenté de dire que la chose arrive ainsi ?

780. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Bathild Bouniol »

Et, morne, le penseur, quittant ce triste lieu : S’il n’avait pas sa mère, il avait toujours Dieu !

781. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre VI. Des éloges des athlètes, et de quelques autres genres d’éloges chez les Grecs. »

Il n’était pas préparé ; mais traversant en silence la foule du peuple, il se rendit au lieu où était la statue d’Homère ; là, posant les deux mains sur la base, il rêva quelque temps profondément, puis, comme inspiré par la statue du poète, il parla tout à coup avec la plus grande éloquence.

782. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre premier. Des principes — Chapitre III. Trois principes fondamentaux » pp. 75-80

Observons toutes les nations barbares ou policées, quelque éloignées qu’elles soient de temps ou de lieu ; elles sont fidèles à trois coutumes humaines : toutes ont une religion quelconque, toutes contractent des mariages solennels, toutes ensevelissent leurs morts.

783. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Addition au second livre. Explication historique de la Mythologie » pp. 389-392

Les premiers essais de l’agriculture furent exprimés symboliquement par trois nouveaux dieux, savoir : Vulcain, le feu qui avait fécondé la terre ; Saturne, ainsi nommé de sata, semences [ce qui explique pourquoi l’âge de Saturne du Latium, répond à l’âge d’or des Grecs] ; en troisième lieu Cybèle, ou la terre cultivée.

784. (1848) Études sur la littérature française au XIXe siècle. Tome III. Sainte-Beuve, Edgar Quinet, Michelet, etc.

Il y a peut-être lieu, pour en finir avec l’article du 15 septembre 1837, de dire ici quelques mots d’une lettre de Benjamin Constant, qu’on a crue pendant quelque temps authentique, puis qu’on a crue apocryphe, et à laquelle on a fini par restituer son authenticité. […] Vous vous trouvez tiède et froid pour la charité, courez aux lieux où sont les pauvres ! […] Il est bien pire, pour qui raconte, d’être emprisonné dans un parti que d’être fixé dans un lieu. […] Sainte-Beuve, Port-Royal n’est qu’un lieu ; un lieu intellectuel, sans doute, un lieu moral, le lieu de certaines idées, mais ni un système ni un parti. […] Au lieu des degrés de sa maison du Calvaire, il voudrait monter jusqu’au Christ les degrés de l’Univers, blanchir ses souliers de la poussière des étoiles, monter toujours, de mondes en mondes, de cieux en cieux, sans jamais redescendre.

785. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre IV. Addison. »

Ses chers poëtes latins le suivaient partout ; il les avait relus avant de partir ; il récitait leurs vers dans les lieux dont ils font mention. « Je dois avouer, dit-il, qu’un des principaux agréments que j’ai rencontrés dans mon voyage a été d’examiner les diverses descriptions en quelque sorte sur les lieux, de comparer la figure naturelle de la contrée avec les paysages que les poëtes nous en ont tracés896. » Ce sont les plaisirs d’un gourmet en littérature ; rien de plus littéraire et de moins pédant que le récit qu’il en écrivit au retour897. […] Addison choisit souvent pour lieu de promenade la sombre abbaye de Westminster, pleine de tombes. « Il se plaît à regarder les fosses qu’on creuse et les fragments d’os et de crânes que roule chaque pelletée de terre », et considérant la multitude d’hommes de toute espèce qui maintenant confondus sous les pieds ne font plus qu’une poussière, il pense au grand jour où tous les mortels, contemporains, apparaîtront ensemble919 » devant le juge, pour entrer dans l’éternité heureuse ou malheureuse qui les attend. […] Combien grande doit être la majesté d’un lieu où tout l’art de la création a été employé et que Dieu a choisi pour se manifester de la façon la plus magnifique ! […] Ils me firent penser à ces airs célestes qui accueillent les âmes envolées des justes à leur entrée dans le paradis pour effacer le souvenir de leur récente agonie et les préparer aux plaisirs de ce lieu bienheureux.

786. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVIe entretien. Épopée. Homère. — L’Iliade » pp. 65-160

Ainsi d’une roche caverneuse sort en tourbillon la foule innombrable des abeilles ; leurs essaims, toujours plus épais, se groupent sur les fleurs printanières ou voltigent épars dans les airs ; ainsi tous ces peuples sortent, les uns de leurs tentes, les autres de leurs navires, se répandent sur la vaste plage de la mer et se pressent par groupes au lieu assigné pour le conseil. » Agamemnon leur adresse un discours très éloquent et très pathétique pour relever leur courage par leur nombre et par leur patriotisme. […] Le choc est terrible : « Comme le vent, dans une aire où l’on bat le froment consacré, lorsque la blonde Cérès sépare au souffle des zéphyrs le grain de son écorce légère, comme on voit alors blanchir tous les lieux voisins, de même les combattants sont couverts d’une blanche poussière ! […] Ulysse, après de nombreux exploits, est cerné par les Troyens, « comme, sur le sommet d’une montagne, des loups carnassiers, altérés de sang, entourent un cerf blessé par la flèche d’un chasseur ; mais le cerf lui a échappé en courant d’un pas rapide, tant qu’un sang encore tiède coule de sa blessure et que ses genoux peuvent le porter ; enfin, lorsqu’il s’arrête énervé par la douleur aiguë, les loups féroces des montagnes vont le dévorer sous le bois ténébreux ; mais si le hasard conduit en ces lieux un lion redouté, soudain les loups s’enfuient et le lion se rue sur leur proie !  […] Admirez en quels termes le poète distrait du champ de carnage par le charme intime d’une image domestique : « Telle qu’une femme juste, qui vit de l’œuvre de ses doigts, prenant sa balance, place d’un côté le poids et de l’autre la laine filée, afin de rapporter à ses petits enfants son modique salaire, tel le sort du combat se balance, etc., etc. » Dans quel poète moderne trouverez-vous une comparaison pareille, tout à la fois si gracieuse, si intime, si tendre, et cependant si hardie et si neuve par le lieu où elle est aventurée par le poète antique ? […] Voici la vingtième année que j’abordai en ces lieux, que j’ai perdu ma patrie, et jamais je n’entendis de ta bouche une parole outrageante ou même dure ; au contraire, si une de mes sœurs ou ma belle-mère Hécube m’adressait quelques reproches dans nos palais (car Priam, lui, fut comme un père toujours doux envers moi), toi, Hector, en les réprimandant avec bonté, tu les adoucissais par tes douces et indulgentes paroles.

787. (1925) La fin de l’art

Les débuts Un grand journal parlait récemment des débuts des écrivains aujourd’hui plus ou moins connus et notait qu’ils ont généralement lieu dans ces petites revues si dédaignées du grand public ou plutôt si inconnues de lui. […] D’ailleurs, qu’était en dernier lieu l’Ile-de-France ? […] Le limousin Ce fut, au grand siècle, un pays ridicule et, de plus, un lieu d’exil. […] Le jardin n’est-il pas plutôt un lieu où l’on se promène, où l’on se repose, qu’un lieu que l’on vienne admirer et dont on veuille comprendre la belle ordonnance.

788. (1893) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Cinquième série

             Aux plus beaux lieux de cet empire ? […] J’en aurais long à dire sur ce point, si je voulais insister, et que c’en fût ici le lieu. […] J’en pourrais produire, si c’en était ici le lieu, de notables exemples. […] Certes, il est utile de prêcher la solidarité sociale, et — dans ce petit cachot de l’univers où nous sommes logés — il est beau d’avoir fait de la misère de l’homme le fondement et le lieu de la société. […] Je ne pense pas qu’il y ait lieu d’insister sur Colletet ; mais Pascal — nous l’avons dit ailleurs — ne devait pas persévérer dans ces idées, ou même, après les avoir énoncées, il devait plutôt les combattre.

789. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Académie française — Réception de M. Jules Sandeau » pp. 322-326

Puis, sortant en carrosse, il faisait son cercle de visites, payant son écot en tout lieu, argent comptant, en menue monnaie.

790. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « [Béranger] » pp. 333-338

Honoré de tous, ne trouvant en tous lieux que des admirateurs et des amis, ne voulant rien pour lui-même, il osait demander pour les autres ; il est peu de personnes qui se soient adressées à lui sans lui être redevables en quelque chose.

791. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « [Appendice] » pp. 417-422

Là défunts messieurs les abbés, Avecque leurs discrètes flammes, Alloient dans des lieux dérobés Cajoler quelques belles âmes.

792. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XLV » pp. 176-182

Il ne faut désespérer de rien en France ; il y a lieu à tout en fait de ricochets.

793. (1875) Premiers lundis. Tome III « Émile Augier : Un Homme de bien »

Il me semble qu’on n’en est guère là, et l’on aurait chance bien plutôt de peindre avec vérité un homme résolu à tout, déterminé à faire fortune, à se conquérir un nom, un état, une influence, une considération presque, ou du moins tout ce qui en tient lieu socialement et la représente, et cela en envoyant promener sa conscience et même le respect humain, mais en osant, en voulant fortement, en s’imposant.

794. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XII. Mort d’Edmond de Goncourt » pp. 157-163

S’il y a lieu, les petitesses récentes s’effacent ; au lieu d’un vieillard qu’on voit, c’est l’homme entier et l’œuvre ; et, tout penchant de polémique aboli, on pense sans effort avec le plus de justice.

795. (1887) Discours et conférences « Discours prononcé à Tréguier »

Presque tous ceux qui ont entouré mon enfance ont disparu : ma mère, à qui je dois le fond de ma nature, qui est la gaieté ; ma sœur, si pure, si dévouée, ne sont plus aux lieux où je les ai vues autrefois vivre et m’aimer.

796. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 348-356

Dans lui, les lumieres naturelles suppléoient aux connoissances qu’il n’avoit pu acquérir sur les lieux.

797. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Préface » pp. -

pour la divulgation d’idées générales du penseur, d’idées générales que tout le monde a entendu développer par lui à Magny et ailleurs, d’idées générales, toutes transparentes dans ses livres, quand elles n’y sont pas nettement formulées, d’idées générales dont il aurait, j’ai tout lieu de le croire, remercié le divulgateur, si le parti clérical ne s’en était pas emparé, pour lui faire la guerre.

798. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Hallé » pp. 71-73

Autour, le prévôt des marchands, ou une monstrueuse femme grosse déguisée, tout l’échevinage, tout le gouvernement de la ville, une multitude de longs rabats, de perruques effrayantes, de volumineuses robes rouges et noires, tous ces gens debout, parce qu’ils sont honnêtes ; et tous les yeux tournés vers l’angle supérieur droit de la scène, d’où Minerve descend accompagnée d’une petite paix, que l’immensité du lieu et des autres personnages achève de rapetisser.

799. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 4, du pouvoir que les imitations ont sur nous, et de la facilité avec laquelle le coeur humain est ému » pp. 34-42

Gregoire de Nazianze rapporte l’histoire d’une courtisane qui, dans un lieu où elle n’étoit pas venuë pour faire des reflexions serieuses, jetta les yeux par hazard sur le portrait d’un Polémon philosophe fameux pour son changement de vie, lequel tenoit du miracle, et qui rentra en elle-même à la vûë de ce portrait.

800. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 12, qu’un ouvrage nous interesse en deux manieres : comme étant un homme en general, et comme étant un certain homme en particulier » pp. 73-80

Les fêtes, les combats et les lieux dont il parle ne sont connus à plusieurs de ses lecteurs que par ce que lui-même en raconte.

801. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 11, les romains partageoient souvent la déclamation théatrale entre deux acteurs, dont l’un prononçoit tandis que l’autre faisoit des gestes » pp. 174-184

En troisiéme lieu, comme les masques des comédiens servoient alors pour augmenter la force de la voix, ainsi que nous l’exposerons plus bas, ces masques devoient en alterer le son assez pour rendre difficile de connoître si, par exemple, la voix que Micion avoit euë dans le cantique étoit la même voix que Micion avoit dans les dialogues.

802. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « Préface »

L’Auteur de ceci n’accepte pas l’immense platitude, devenue lieu commun, qui fait encore législation à cette heure, à savoir « qu’on doit aux vivants des égards et qu’on ne doit qu’aux morts la vérité. » Il pense, lui, qu’on doit la vérité — à tous, — surtout, — en tout lieu, et à tout moment, et qu’on doit couper la main à ceux qui, l’ayant dans cette main, la ferment.

803. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre premier. Sujet de ce livre » pp. 101-107

En troisième lieu, ces fables tant célébrées pour leur sagesse et entourées d’un respect religieux ouvraient mille routes aux recherches des philosophes, et appelaient leurs méditations sur les plus hautes questions de la philosophie.

804. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Charles Magnin ou un érudit écrivain. »

Quoique tout à fait Parisien de mœurs, de ton et d’éducation, Charles Magnin considéra toujours Salins comme le lieu de son origine ; il y possédait quelque bien, des vignes dont le vin lui plaisait et qu’il aimait à faire goûter à ses amis ; il y retournait chaque année passer une partie des vacances ; il accueillait à Paris tous les jeunes Salinois sur le pied de compatriotes, et il a testé finalement, en faveur de la ville de Salins, où il a voulu que ses restes fussent transportés pour y reposer dans le terroir paternel. […] C’était la première fois qu’un poète dramatique, parmi les nouveaux et les tout modernes, montait résolument à l’assaut et s’emparait du théâtre pour y planter son drapeau comme sur une brèche ; mais ce drapeau ainsi planté hardiment et avec témérité, en lieu si escarpé et si abrupt, tiendrait-il ? […] Ce sont là, au reste, des questions particulières à débattre entre érudits, et, de quelque côté que l’on penche, il y a lieu à toute estime.

805. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE KRÜDNER » pp. 382-410

Vous n’êtes point captive dans les liens de la mort, comme tout ce qui n’a eu que le domaine du mal pour régner ou pour servir. » Et elle finit en montrant la Croix laissée dans ces lieux comme un autel magnifique qui doit tout rallier, et qui dira : « Ici fut adoré Jésus-Christ par le héros et l’armée chère à son cœur : ici les peuples de l’Aquilon demandèrent le bonheur de la France. » Ces pages expriment clairement en quel sens Mme de Krüdner concevait et conseillait la sainte-alliance ; mais ce qui était son rêve, ce qui fut un moment celui d’Alexandre, se déconcerta bientôt, et s’évanouit en présence des intérêts contraires et des ambitions positives, qui eurent bon marché de ces nobles chimères. […] Quelques mots engagés à la rencontre, n’importe à quel sujet et en quel lieu, servaient de texte, et sur un escalier, sur un perron, au seuil d’un appartement, l’entretien tournait vite en prédication. […] Puis, Elle aussitôt sortie, Je pris l’enfant à partie, Et me mis à lui poser, aux traces qu’elle avoit faites, Mes humbles lèvres sujettes : Même lieu, même baiser.

806. (1860) Cours familier de littérature. X « LXe entretien. Suite de la littérature diplomatique » pp. 401-463

C’est une vérité qui s’applique d’une manière absolue partout et toujours, et sans se démentir jamais, à tous les temps, à tous les lieux, à toutes les circonstances. […] Or, ce que ces écrivains bien inspirés par leur cœur, mais illusionnés par leurs nobles inspirations même, appellent le principe des nationalités, s’applique-t-il en effet partout et toujours, en tous les temps et en tous les lieux, en toutes les circonstances à tous les actes internationaux du monde politique, de manière à constituer un droit des gens, un droit public, et à servir de guide à la diplomatie des nations ? […] Demandez-lui si elle reconnaît le principe de nationalité à Canton, à Shang-haï en Chine, où elle enclave des comptoirs anglais dans des garnisons britanniques ; où elle proclame, au lieu du droit public des nations, le droit d’empoisonner les peuples de la Chine, avec impunité et privilège, au moyen de cet opium qui leur donne l’ivresse, la stupidité, la mort, et qui enrichit les Anglais du salaire de cet empoisonnement national.

807. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIIIe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou Le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (1re partie) » pp. 305-364

Quand on a navigué ainsi ensemble un certain nombre d’années, on arrive à s’aimer par similitude de destinées, par sympathie de spectacles et de misères, par conformité de lieux, de temps, de cohabitation morale dans un même navire, voguant vers un rivage inconnu. […] J’allai au-devant d’eux dans une vaste enceinte, et, me plaçant devant une grande table qui rompait la colonne et qui m’empêchait d’en être submergé, j’attendis que la plénitude du lieu rendît la foule immobile, et, m’adressant aux premiers rangs, composés des chefs, au milieu desquels rayonnaient quelques belles figures d’artisans plus éclairées que les autres des rayons du bon sens qui transperce l’ignorance et la force brutale des masses : « — Que demandez-vous de nous ?  […] « Peuples, vous ignorez le Dieu qui vous fit naître ; « Et pourtant vos regards le peuvent reconnaître « Dans vos biens, dans vos maux, à toute heure, en tout lieu !

808. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « Victor Hugo » pp. 106-155

Les sourdes ténèbres du lieu, les vieilles et puériles lois latines psalmodiées par le greffier, les paroles surhumainement graves, adressées par le juge, une touffe de fleurs à la main, à la misérable guenille d’homme devant lui, écartelé nu entre quatre piliers et oppressé de masses de fer, la bouche râlante, la barbe suante, la peau terreuse, muet et les yeux clos, cela est énorme et admirable. […] Que l’on rapproche de ces grands nocturnes, la descente de Gilliatt dans la caverne sous-marine dont la mer a fait un écrin et un antre, cette voûte, aux lobes presque cérébraux, éclairée d’une lumière d’émeraude, tapissée d’herbes déliées, mouvantes et molles, où roulent des coquillages roses, que frôle le gonflement des vagues, venant polir un noir piédestal où s’évoque « quelque nudité céleste, éternellement pensive, un ruissellement de lumière chaste sur des épaules à peine entrevues, un front baigné d’aube, un ovale de visage olympien, des rondeurs de seins mystérieux, des bras pudiques, une chevelure dénouée dans de l’aurore, des hanches ineffables modelées en pâleur » ; la description des halliers sombres, ces « lieux scélérats » d’où les chouans fusillaient les bleus », et dans l’Homme qui rit, ce merveilleux tableau de la baie de Portland par un crépuscule d’hiver, où les côtes blafardes se profilent en contours linéaires, puis encore l’enterrement de Hardquannone, emporté silencieusement à la brune, le glas toquant à coups espacés et discords, et cette molle nuit grise où Gwynplaine, dans l’amertume de son cœur, suit les quais gluants de la Tamise, portant le sourd désir de se suicider ; M.  […] Les mots ombre, antre, nuit, pris verbalement et portés à leur plus haute énergie, désignent des lieux ou des temps dans lesquels les sens de l’homme sont forcément inactifs, c’est-à-dire ne nous donnent plus aucun renseignement.

809. (1913) La Fontaine « VI. Ses petits poèmes  son théâtre. »

Ainsi les vers que je vous citais l’autre jour : … Les lieux Honorés par les pas, éclairés par les yeux De l’aimable et jeune bergère…, etc. […] Déjà la nuit s’avance, Dans ces lieux règne le silence. […] Lorsque l’amour s’empare de deux cœurs, Pour rompre leur commerce et vaincre leurs ardeurs, Employez les secrets de l’art et la nature, Faites faire une tour d’une épaisse structure, Rendez les fondements voisins des sombres lieux, Elevez son sommet jusqu’aux voûtes des cieux, Enfermez l’un des deux dans le plus haut étage, Qu’à l’autre le plus bas devienne le partage, Dans l’espace entre deux, par différents détours, Disposez plus d’Argus qu’un siècle n’a de jours, Empruntez des ressorts les plus cachés obstacles ; Plus grands sont les revers, plus grands sont les miracles : L’un, pour descendre en bas osera tout tenter, L’autre aiguillonnera ses esprits pour monter.

810. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre sixième »

Nous n’aurions pas tant d’efforts à faire si nous n’écrivions que pour un temps ou pour un lieu. […] L’amitié de la Brévone remplit en tous lieux le cœur de ses habitants…, et un Triton, qui y a été nourri comme moi, soupire pour son aimable cœur. […] Il n’y faut voir qu’une bouffonnerie sans invention, sans style, où manque même le gros sel pour tenir lieu d’esprit, et que, faute de termes entre le mauvais et le pire, on ne peut pas juger par comparaison. […] Aucun poète de son temps n’en avait reçu le don plus pleinement ; nouvelle preuve qu’une loi préside à la diversité des talents, et les approprie, selon les temps et les lieux, aux besoins de l’esprit humain. […] Ce satirique, qui fustige les vices d’autrui, ne s’aperçoit pas qu’il oublie son fouet dans les mauvais lieux.

811. (1907) L’évolution créatrice « Chapitre II. Les directions divergentes de l’évolution de la vie. Torpeur, intelligence, instinct. »

Des expériences récentes nous les montrent variant dans n’importe quel sens quand arrive la période de « mutation » ; au lieu que l’animal a dû évoluer, croyons-nous, dans des sens beaucoup plus définis. […] Il est naturel que les premières n’aient pas de lieu d’élection privilégié, puisque toutes les pièces de la machine ont besoin d’être entretenues. […] Il nous laisse entrevoir que l’être vivant est surtout un lieu de passage, et que l’essentiel de la vie tient dans le mouvement qui la transmet. […] Souvent ce mouvement a dévié, bien souvent aussi il a été arrêté net ; ce qui ne devait être qu’un lieu de passage est devenu le terme. […] A l’insuffisance de leur enveloppe protectrice ils suppléèrent, les uns et les autres, par une agilité qui leur permettait d’échapper à leurs ennemis et aussi de prendre l’offensive, de choisir le lieu et le moment de la rencontre.

812. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIVe entretien. Littérature, philosophie, et politique de la Chine » pp. 221-315

VII Dépouillez-vous un moment de tout préjugé de patrie, de lieu, de race et de temps, et demandez-vous dans le silence de votre âme : 1º Quel est le plus instinctif et le plus naturel des gouvernements à la naissance des sociétés ? […] Ses historiens racontent que ces trois années de deuil et de réclusion absolus dans sa maison furent pour lui un noviciat sévère et actif, pendant lequel, à l’exemple de tous les grands législateurs qui se retirent avant leur mission sur les hauts lieux ou dans le désert, il s’entretint avec ses pensées, et fit faire silence à ses sens et au monde. […] Mais au lieu que Socrate discute, conteste, réfute, argumente, sophistique sans cesse sa pensée et fait un pugilat d’esprit de sa philosophie, Confucius se contente d’exposer et de répandre la sienne sans autre artifice et sans autre polémique que l’évidence instinctive et persuasive dont Dieu fait briller par elle-même toute vérité morale comme toute vérité mathématique. […] Toutes ces délégations de la volonté générale ou du gouvernement sont arbitraires, locales, contestables, systématiques, abstraites, affirmées ou niées selon les temps, les lieux, les circonstances.

813. (1859) Cours familier de littérature. VII « XLe entretien. Littérature villageoise. Apparition d’un poème épique en Provence » pp. 233-312

Puis il décrit ainsi le lieu de la scène, description fidèle comme si elle était reflétée dans les eaux du Rhône qui coule sous la berge du pauvre vannier parmi les osiers. […] » Ce demi-chant est rempli de stances semblables sur tous les phénomènes de la culture, de la lune, des saisons ; ce sont les Géorgiques de la France méridionale, mais les Géorgiques animées par la joie de l’amour et de la récolte, les Géorgiques passionnées au lieu des Géorgiques purement descriptives du Virgile de Mantoue. […] Nous ne sommes pas fanatique cependant de la soi-disant démocratie dans l’art ; nous ne croyons à la nature que quand elle est cultivée par l’éducation ; nous n’avons jamais goûté avec un faux enthousiasme ces médiocrités rimées sur lesquelles des artisans dépaysés dans les lettres tentent trop souvent, sans génie ou sans outils, de faire extasier leur siècle ; excepté Jasmin, un grand épique, mais qui a trop bu l’eau de la Garonne au lieu de l’eau du Mélès ; excepté Reboul, de Nîmes, qui est né classique et qui semble avoir été baptisé dans l’eau du Jourdain, le fleuve des prophètes, au lieu du Rhône, le fleuve des trouvères, nous n’avons vu, en général, que des avortements dans cette poésie des ateliers. […] « Et, pendant qu’aux lieux où Mireille vivait ils se frapperont leurs fronts sur la terre de regrets et de remords, elle et moi, enveloppés d’un serein azur sous les eaux tremblotantes ; oui, moi et toi, ma toute belle, dans une étreinte enivrée, à jamais et sans fin nous confondrons, dans un éternel embrassement, nos deux pauvres âmes !

814. (1859) Cours familier de littérature. VII « XLIe entretien. Littérature dramatique de l’Allemagne. Troisième partie de Goethe. — Schiller » pp. 313-392

Consumé, dévasté, le lieu qu’il occupait est le domaine des aquilons, la terreur habite dans les ouvertures désertes des fenêtres, et les nuages du ciel planent sur les décombres. […] Ce projet l’avait occupée pendant bien des jours, et moi, qui lui étais si près du cœur, moi qui suis maintenant seule ici dans ce lieu fatal, je parcours ce même rivage, ne pensant qu’à mon bonheur ! […] C’est un jeu d’esprit au lieu de la plus sainte aspiration de l’âme, un matérialisme de mots au lieu du divin spiritualisme des pensées. […] Une seule capitale souveraine au lieu des sept ou huit capitales secondaires qui se disputent le rang de centre italien.

815. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXe entretien. Mémoires du cardinal Consalvi, ministre du pape Pie VII, par M. Crétineau-Joly (2e partie) » pp. 81-159

Me sera-t-il permis de rapporter ici ce que je ne crains pas de voir démentir, car le lieu où je m’exprimai fut public, et plusieurs témoins auriculaires existent encore ? […] On convint donc de tenir le jour suivant, à midi juste, au même lieu, cette nouvelle séance, comme on avait tenu la précédente, qui fut si amère et si déplorable. […] Il est plus facile d’imaginer que de peindre cette expulsion de treize cardinaux en grande pourpre, expulsion opérée dans un lieu si public, à la face de tous et avec tant d’ignominie. […] Tous les autres cardinaux reçurent la même intimation pendant les heures qui se succédèrent ; le lieu seul de l’exil fut ce que le ministre changea.

816. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre septième »

Il est sur la terre ; il a vécu dans un lieu et dans un temps ; les hommes l’ont vu et entendu. […] Le raisonnement ne vient qu’en son lieu, et semble moins un procédé qu’un mouvement de l’âme. […] Il ne tire du sujet que des idées importantes ; aucune qui soit de trop, ou qui n’ait avec l’objet du sermon le rapport du chemin au lieu où l’on va. […] Il n’use d’aucune raison qui ne soit, en son lieu, la raison capitale, dans un raisonnement qui croulerait si elle était fausse.

817. (1890) L’avenir de la science « XV » pp. 296-320

Et que pouvaient savoir de l’homme vivant et sentant ces durs personnages en robe longue des parlements, de Port-Royal, de l’Oratoire, coupant l’homme en deux parties, le corps, l’âme, sans lieu ni passage entre les deux, se défendant par là d’étudier la vie dans sa parfaite naïveté 126 ? […] Elles valent mieux en un sens que l’histoire ; car, dans l’histoire, il y a une portion fatale et fortuite, qui n’est pas l’œuvre de l’humanité, au lieu que, dans les fables, tout lui appartient ; c’est son portrait peint par elle-même. […] Je ne connais pas de plus beau chapitre de psychologie que les dissertations de M. de Humboldt sur le duel, sur les adverbes de lieu, ou celles que l’on pourrait faire sur la comparaison des conjugaisons sémitique et indo-germanique, sur la théorie générale des pronoms, sur la formation des radicaux, sur la dégradation insensible et l’existence rudimentaire des procédés grammaticaux dans les diverses familles, etc. […] Je prendrais l’un après l’autre les fragments de Daniel écrits au temps des Macchabées, le Livre de la Sagesse, les paraphrases chaldéennes, le Testament des douze patriarches, les livres du Nouveau Testament, la Mischna, les apocryphes, etc., et je chercherais à déterminer, par la plus scrupuleuse critique, l’époque précise, le lieu, le milieu intellectuel où furent composés ces ouvrages.

818. (1926) L’esprit contre la raison

Cette plurigénéricité permet une sorte de martèlement polémique  mais aussi une élaboration du sens : un cas particulier, une intuition frappante, rencontrent en s’essayant en plusieurs contextes, le lieu et la formule. […] En vérité, tout cet attirail de messe noire ne pouvait produire des miracles et le secours qu’il demandait à tant de gestes, de lieux, d’êtres artificiels suffisait à prouver combien il était traître à soi-même celui qui osait parler d’un culte du moi, alors que son esprit, insuffisant à ses grands desseins, pour vivre, avait besoin d’un âne, d’une petite fille, d’un jardin. […] Son égoïsmear que nous ne saurions comparer, ni de près ni de loin, au subjectivisme idéal, égoïsme ennemi de l’esprit par roublardise paysanne, accroché à tout ce qu’il croit notion de réalité, assez grande coquette pour vouloir jouer avec ce qu’il redoute le plus, nous voyons très bien quel secours furent pour lui les accessoires, guerre, patrie, Bérénice et, en dernier lieu, ce Jardin sur l’Oronte, entre deux séances de la Chambre des députés, comme les joies de la rue des Martyrsas pour d’autres, avec cette différence, encore, que, rue des Martyrs, on peut redouter une congestion, la mort, tandis qu’au jardin sur l’Oronte, les arbres bien taillés, les mannequins de velours et de soie n’ont jamais fait de mal à personne et seraient bien en peine d’en pouvoir faire. […] Si les profondeurs de notre esprit recèlent d’étranges forces capables d’augmenter celles de la surface ou de lutter victorieusement contre elles, il y a tout intérêt à les accepter, à les capter d’abord pour les soumettre, ensuite, s’il y a lieu, au contrôle de la raison. 

819. (1767) Salon de 1767 « Peintures — La Grenée » pp. 90-121

(bonne leçon pour vous, époux de Paris, époux de tous les lieux du monde. […] Et le lieu de la scène, où est le merveilleux et le sauvage ? […] Il y a certainement des beautés dans ce morceau, mais de technique, et par conséquent peu faites pour être senties ; au lieu que les défauts sont frappants. […] Il n’y a sur le papier ni unité de tems, ni unité de lieu, ni unité d’action.

820. (1889) Essai sur les données immédiates de la conscience « Chapitre II. De la multiplicité des états de conscience. L’idée de durée »

De fait, ce n’est pas une nécessité d’ordre physique, c’est une nécessité logique qui s’attache à la proposition suivante : deux corps ne sauraient occuper en même temps le même lieu. […] On croit alors ajouter quelque chose à la représentation de deux ou plusieurs objets en disant qu’ils ne sauraient occuper le même lieu : comme si la représentation du nombre deux, même abstrait, n’était pas déjà, comme nous l’avons montré, celle de deux positions différentes dans l’espace ! […] Il y aurait donc lieu de se demander si le temps, conçu sous la forme d’un milieu homogène, ne serait pas un concept bâtard, dû à l’intrusion de l’idée d’espace dans le domaine de la conscience pure. […] Ainsi, quand nous entendons une série de coups de marteau, les sons forment une mélodie indivisible en tant que sensations pures, et donnent encore lieu à ce que nous avons appelé un progrès dynamique : mais sachant que la même cause objective agit, nous découpons ce progrès en phases que nous considérons alors comme identiques ; et cette multiplicité de termes identiques ne pouvant plus se concevoir que par déploiement dans l’espace, nous aboutissons encore nécessairement à l’idée d’un temps homogène, image symbolique de la durée réelle.

821. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le prince de Ligne. — II. (Fin.) » pp. 254-272

Mais, au lieu du gros bon sens de la première, l’autre avait une conversation pleine de traits, et avait l’épigramme et le couplet à la main. — Le genre de Mme Geoffrin était, par exemple, une espèce de police pour le goût, comme la maréchale de Luxembourg pour le ton et l’usage du monde. […] Guerre, amour, succès d’autrefois, lieux où nous les avons eus, vous empoisonnez notre présent !

822. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gabrielle d’Estrées. Portraits des personnages français les plus illustres du XVIe siècle, recueil publié avec notices par M. Niel. » pp. 394-412

Tant que Henri IV avait été hors de Paris, faisant la guerre pour reconquérir son royaume, ses amours avec Gabrielle n’avaient pas été affaire d’État : c’était tout si les fidèles serviteurs et compagnons du roi pouvaient se plaindre qu’il prolongeât trop volontiers les expéditions et sièges aux environs des lieux où était sa maîtresse. […] Il faut avoir l’esprit singulièrement fait pour voir dans cette parole de prudente et prévoyante observation de Sully l’indice qu’il pourrait bien avoir trempé dans l’empoisonnement supposé de Gabrielle, et il y aurait lieu, vraiment, de répéter ici avec Dreux du Radier : « C’est un soupçon punissable. » On sait le reste.

823. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Massillon. — I. » pp. 1-19

Jean-Baptiste Massillon, né à Hyères en Provence le 24 juin 1663, fils d’un notaire du lieu, montra de bonne heure ces grâces de l’esprit et de la personne, ces dons naturels de la parole et de la persuasion qui ont distingué tant d’hommes éminents sortis de ces mêmes contrées et qui semblent un héritage ininterrompu de l’ancienne Grèce. […] Et après qu’il avait ainsi fait frissonner, en la touchant au passage, la plaie cachée de chaque auditeur, après qu’il avait dû sembler en venir presque aux personnalités auprès de chacun, Massillon se relevait dans un résumé plein de richesse et de grandeur ; il se hâtait de recouvrir le tout d’un large flot d’éloquence, et d’y jeter comme un pan déployé du rideau du Temple : Non, mon cher auditeur, disait-il aussitôt en rendant magnifiquement à toutes ces chutes et toutes ces misères présentes des noms bibliques et consacrésa, non, les crimes ne sont jamais les coups d’essai du cœur : David fut indiscret et oiseux avant que d’être adultère : Salomon se laissa amollir par les délices de la royauté, avant que de paraître sur les hauts lieux au milieu des femmes étrangères : Judas aima l’argent avant que de mettre à prix son maître : Pierre présuma avant que de le renoncer : Madeleine, sans doute, voulut plaire avant que d’être la pécheresse de Jérusalem… Le vice a ses progrès comme la vertu ; comme le jour instruit le jour, ainsi, dit le Prophète, la nuit donne de funestes leçons à la nuit… Ici l’écho s’éveille et nous redit ces vers de l’Hippolyte de Racine : Quelques crimes toujours précèdent les grands crimes… Ainsi que la vertu, le crime a ses degrés… On a souvent remarqué que Massillon se souvient de Racine et qu’il se plaît à le paraphraser quelquefois.

824. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Massillon. — II. (Fin.) » pp. 20-37

Massillon établit sa paraphrase morale sur un texte qu’il déroule verset par verset et qu’il gradue ; il met sa gerbe avec ordre et l’assoit en quelque sorte sur les roues du char sacré : la marche en est égale, cadencée, nombreuse ; au lieu que la parole de Bossuet se confond le plus souvent avec le char lui-même, avec la roue enflammée qui emporte le Prophète. […] [NdA] On voudra bien ne pas oublier que ces articles parurent d’abord dans Le Moniteur, le lieu le moins propre assurément à une discussion de ce genre sur les mœurs d’un prédicateur éloquent.

825. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Léopold Robert. Sa Vie, ses Œuvres et sa Correspondance, par M. F. Feuillet de Conches. — I. » pp. 409-426

Un ciel pur et un soleil méridional leur donnent une gaieté et un attrait pour la vie, qui est peu concevable pour nous qui apportons toujours dans les plus beaux lieux un principe de mort. […] Ce n’est pas ici le lieu d’examiner si Raphaël, même en les ayant vues ainsi réunies, eût cherché à exprimer les figures juives avec ce caractère marqué et absolu que leur voit et que leur veut Léopold Robert.

826. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Montluc — II » pp. 71-89

Montluc, comme parlant à un roi soldat, se met donc tout d’abord à énumérer les forces de l’armée de Piémont et à nombrer les corps qui la composent ; il commence, comme de juste, par les Gascons : Sire, nous sommes de cinq à six mille Gascons… Car vous savez que jamais les compagnies ne sont du tout complètes, aussi tout ne se peut jamais trouver à la bataille ; mais j’estime que nous serons cinq mille cinq cents ou six cents Gascons comptés, et de ceux-là je vous en réponds sur mon honneur ; tous, capitaines et soldats, vous baillerons nos noms et les lieux d’où nous sommes, et vous obligerons nos têtes que tous combattrons le jour de la bataille, s’il vous plaît de l’accorder, et nous donner congé de combattre. […] Voyant leur refus, pour les convier par mon exemple, je pris ma compagnie, celle de mon frère M. de Lieux et celles des capitaines Lebron, mon beau-frère, et Labil, mon cousin germain ; car ceux-là ne m’eussent osé refuser.

827. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Sénecé ou un poète agréable. » pp. 280-297

En redevenant ainsi poète mâconnais, il ne se doutait pas qu’il travaillait peut-être plus sûrement pour sa mémoire que s’il fût resté poète à Versailles, comme perdu et noyé parmi tous ces demi-dieux et ces naïades ; car en étant d’un lieu et d’une cité particulière, et en y laissant sa tradition, il a trouvé, après plus d’un siècle, des investigateurs curieux et presque des fidèles pour en recueillir le souvenir, et il a eu cet honneur que M. de Lamartine, tout jeune, entendant réciter de ses vers marotiques a fait un dizain à sa louange et un peu à son imitation. […] Ainsi, dans le duel de chant et d’harmonie entre Pan et Apollon déguisé en berger, lorsque Pan tout d’un coup s’émancipe à des insolences ironiques contre le sexe et qui font rougir les nymphes, Apollon a peine à ne pas éclater : Quel courroux enflamma l’œil qui perce en tout lieu !

828. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Correspondance de Béranger, recueillie par M. Paul Boiteau. »

Pour Scribe, cette réaction, qui d’ailleurs ne venait pas de bien haut, n’a pas dépassé le jour funèbre et s’est arrêtée au bord de sa fosse ; il n’y avait plus lieu de lui en vouloir plus longtemps. […] Il y aura lieu pour la critique, dans quelques années, d’en faire un agréable chapitre d’histoire littéraire.

829. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Le Poëme des champs par M. Calemard de Lafayette. »

Perdu sur la montagne, entre deux parois hautes, Il est un lieu sauvage au rêve hospitalier, Qui, dès le premier jour, n’a connu que peu d’hôtes ; Le bruit n’y monte pas de la mer sur les côtes, Ni la rumeur de l’homme : on y peut oublier. […] Comme en tout ce qui est chrétien, le fond et le dedans est plus beau que le dehors : I Le soir rembrunissait ses teintes peu à peu, Et nous avions atteint la cime souveraine ; Mais il était trop tard, et nous pouvions à peine Jouir du riche aspect et des gloires du lieu.

830. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Madame de Staël. Coppet et Weimar, par l’auteur des Souvenirs de Mme Récamier »

C’est une étrange manière que de faire des accaparements de tout, même d’infortune. » Ceci se rapporte à ce malheur exagéré sans doute, mais si réel puisqu’il était moralement ressenti, à ce mal de Paris et de l’exil qui agitait et torturait Mme de Staël, même dans un beau lieu et sous de magnifiques ombrages. […] Mais, pour être juste envers lui et envers Coppet, ajoutons bien vite que c’est le même homme qui, lorsqu’en juillet 1817 on rapportait les dépouilles de celle qui avait tout animé dans cette noble demeure, et qui, selon le mot de Byron, « l’avait rendue aussi agréable que lieu sur terre puisse le devenir par la société et par le talent », c’est le même Sismondi qui s’écriait dans sa douleur : « C’en est donc fait de ce séjour où j’ai tant vécu, où je me croyais si bien chez moi !

831. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Journal de la santé du roi Louis XIV »

La description de Vallot est très bonne ; le traitement n’est bon qu’à demi (je ne parle que d’après de plus autorisés que moi) ; on saigne beaucoup trop le malade ; mais, somme toute, les purgations aidées des vésicatoires, un vomi-purgatif surtout donné à propos en dernier lieu, réussissent et suffisent pour le guérir, malgré les saignées et nonobstant l’omission des anti-périodiques. […] Dans ce lit à ciel pompeux, ce sont quelques punaises qui l’ont, cette nuit, éveillé plus tôt qu’à l’ordinaire, à moins que ce ne soit quelque accident de gravelle, — le grain de sable de Cromwell, — logé en lieu douloureux, qui ait causé l’insomnie.

832. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Connaissait-on mieux la nature humaine au XVIIe siècle après la Fronde qu’au XVIIIe avant et après 89 ? »

Je conçois que de temps en temps on attaque, s’il y a lieu, si l’occasion vous tente, s’il y a une justice à faire, une revanche à prendre : puis on passe outre, et l’on n’y revient plus que de loin en loin et le moins possible ; le public vous en sait gré. […] Weiss, et je n’y serais entré que pour y trouver déjà, en son lieu et à son poste, M. 

833. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Salammbô par M. Gustave Flaubert. Suite et fin. » pp. 73-95

Rabelais aussi s’amusait dans ces sortes d’énumérations, mais plus gaiement et plus en son lieu. […] Le paysage du livre est vrai, car l’auteur l’a vu de ses yeux et il est peintre ; les monuments et les édifices sont plus que douteux et incertains, car ils sont refaits en entier d’imagination, les vestiges insignifiants qu’on a cru récemment retrouver n’v pouvant aider en rien : mais ce qu’on peut affirmer plus à coup sûr encore et de toute la force de son bon sens, c’est que ce n’est pas ainsi qu’en aucun temps et en aucun lieu, les hommes se sont comportés et que les choses se sont passées.

834. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Jean-Bon Saint-André, sa vie et ses écrits. par M. Michel Nicolas. »

Mais ayant fait deux fois naufrage et ayant perdu en dernier lieu, à son retour de Saint-Domingue, tout le fruit de ses économies, il se dégoûta de la mer et conçut l’idée de se consacrer au ministère évangélique. […] Il nous faut des maîtres plus sensibles qu’instruits, plus raisonnables que savants, qui dans un lieu vaste et commode, hors des villes, hors de l’infection de l’air qu’on y respire et de la dépravation des mœurs qui s’introduit par tous les pores, soient les égaux, les amis, les compagnons de leurs élèves ; que toute la peine, que tout le travail de l’instruction soit pour le maître, et que les enfants ne se doutent même pas qu’ils sont à l’école ; que dans des conversations familières, en présence de la nature et sous cette voûte sacrée dont le brillant éclat excite l’étonnement et l’admiration, leur âme s’ouvre aux sentiments les plus purs ; qu’ils ne fassent pas un seul pas qui ne soit une leçon ; que le jour, la nuit, aux heures qui seront jugées les plus convenables, des courses plus ou moins longues dans les bois, sur les montagnes, sur les bords des rivières, des ruisseaux ou de la mer, leur fournissent l’occasion et les moyens de recevoir des instructions aussi variées que la nature elle-même, et qu’on s’attache moins à classer les idées dans leur tête qu’à les y faire arriver sans mélange d’erreur ou de confusion. » Vous voyez d’ici le tableau idéal et enchanteur de toutes ces écoles primaires et rurales de la République française, où chaque enfant serait traité comme Montaigne, Rabelais ou Jean-Jacques ont rêvé de former et de cultiver leur unique élève.

835. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires de Malouet »

Il eut affaire successivement à deux ministres, M. de Boynes, qui dirigea en dernier lieu la marine sous Louis xv, et à M. de Sortine, qu’il nous fait bien connaître. […] Nommé commissaire général de la marine et membre du Comité de législation pour les colonies, son avis était fort demandé sur toutes les questions de sa compétence ; et quand un homme à projets, un aventurier utopiste, le baron de Bessner (un digne contemporain de Mesmer), proposa un établissement chimérique à la Guyane et en présenta à l’avance les plans réalisés et dessinés aux yeux sur le papier, on voulut bien consulter tout particulièrement Malouet ; on se décida même à l’envoyer sur les lieux, sauf ensuite à faire tout le contraire de ce qu’il aurait dit et observé.

836. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite.) »

Ce seraient, si c’était le lieu, autant de morceaux excellents à détacher. […] Une femme célèbre, déterminée à lutter avec le vainqueur d’Italie, l’interpella au milieu d’un grand cercle, lui demandant quelle était, à ses yeux, la première femme du monde, morte ou vivante : « Celle qui a fait le plus d’enfants », lui répondit-il en souriant. » C’est là le lieu de ce fameux mot en réponse à Mme de Staël, et qui a tant couru : elle voyait également pour la première fois le général Bonaparte, elle essayait d’emblée sur lui la fascination de son éloquence.

837. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamartine — Lamartine, Recueillements poétiques (1839) »

Quel regret pourtant le poëte me laisse au lieu du charme ! […] N’aurait-il pas ce qui, dans les talents heureux, tient lieu d’ordinaire, en avançant, de la pudeur instinctive de la jeunesse ?

838. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. PROSPER MÉRIMÉE (Essai sur la Guerre sociale. — Colomba.) » pp. 470-492

Je me rappelle toute une discussion très-vive et en fort bon lieu là-dessus. […] … » Mais, encore une fois, Oreste ne résiste pas, il n’y a pas lutte ; le sérieux antique va jusqu’au bout ; au lieu des nuances, on a le sublime et le sacré.

839. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Réception de M. le Cte Alfred de Vigny à l’Académie française. M. Étienne. »

Les discours de réception se ressentirent de la publicité dès le premier jour : « Mais j’élève ma voix insensiblement, disait Fléchier, et je sens qu’animé par votre présence, par le sujet de mon discours (l’éloge de Louis XIV), par la majesté de ce lieu (le Louvre), j’entreprends de dire foiblement ce que vous avez dit, ce que vous direz avec tant de force… » Dès ce moment, le ton ne baissa plus ; la dimension du remercîment se contint pourtant dans d’assez justes limites, et la harangue, durant bien des années, ne passa guère la demi-heure. […] Étienne, une sorte de concession faite en dernier lieu aux idées littéraires nouvelles.

840. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre premier. Les signes — Chapitre II. Des idées générales et de la substitution simple » pp. 33-54

Au lieu du mot bara, mettez le mot tree ; pour un homme qui ne sait pas l’anglais, les deux se valent et aboutissent au même effet nul ; pour un Anglais, le mot tree a justement les propriétés que nous venons de trouver dans le mot arbre. — Un nom que l’on comprend est donc un nom lié à tous les individus que nous pouvons percevoir ou imaginer d’une certaine classe et seulement aux individus de cette classe. […] Le lecteur voit tout de suite qu’au lieu du nom de chat on pourrait mettre celui de chien, singe, crabe, et d’un animal quelconque, ou d’une plante quelconque, et aussi d’un groupe quelconque, animal ou végétal, aussi large ou aussi étroit qu’on voudra, et, en général, d’un groupe quelconque, moral ou physique ; l’opération serait pareille ; tous les noms généraux se remplissent de la même façon. — Ordonnés les uns par rapport aux autres, chacun avec son escorte de tendances, ils composent l’ameublement principal d’une tête pensante.

841. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre II. Les formes d’art — Chapitre IV. Le roman »

L’élément proprement romanesque, la particularité des noms, des lieux, des faits flattaient la frivolité du public, et les besoins d’imagination et de sensibilité qui commençaient à s’y éveiller. […] La comédie essaya bien de se mettre d’accord avec cette disposition des esprits ; mais la difficulté de représenter matériellement les formes de la vie, lieux, meubles, costumes, toutes ces choses où les mœurs générales et les tempéraments individuels mettent leur empreinte, paralysait l’effort des auteurs, dans l’état où était encore l’art de la mise en scène ; et tout le siècle s’écoule sans arriver à créer la pièce réaliste.

842. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre dixième »

Elle ne reconnaît pas, dans les animaux du Nord, des animaux du Midi qu’aurait séparés du lieu de leur population primitive le déchirement des continents. […] L’appropriation a des défauts ; le lieu reste grandiose.

843. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Le Palais Mazarin, par M. le comte de Laborde, de l’Institut. » pp. 247-265

Enfin, M. de Laborde vient en dernier lieu, il met comme la dernière main à cette œuvre de réhabilitation ; bien loin de se laisser arrêter un seul instant à ce charme contraire du cardinal de Retz, il n’en tient nul compte, et il semble avoir passé lui-même, avec entrain et verve, sous le charme de Mazarin. […] La reine, incrédule et colère, le cardinal, qui n’a point peur encore, et qui sourit malignement, les complaisants, les flatteurs du lieu, Bautru et Nogent, qui bouffonnent, et chacun des assistants dans son rôle : M. de Longueville qui témoigne de la tristesse, « et il était dans une joie sensible, parce que c’était l’homme du monde qui aimait le mieux le commencement de toutes affaires » ; M. le duc d’Orléans qui fait l’empressé et le passionné en parlant à la reine, « et je ne l’ai jamais vu siffler avec plus d’indolence qu’il siffla une demi-heure en entretenant Guerchy dans la petite chambre grise » ; le maréchal de Villeroi qui fait le gai pour faire sa cour au ministre, « et il m’avouait en particulier, les larmes aux yeux, que l’État était sur le bord du précipice ».

844. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Monsieur Étienne, ou une émeute littéraire sous l’Empire. » pp. 474-493

On en parle autant qu’on en peut parler, à toute heure et en tout lieu ; on en parle à satiété et trop, on use le sujet58, et puis tout d’un coup on n’en parle plus, et à peine si l’on s’en souvient. […] Pensez à cette querelle soudaine des Deux Gendres et de Conaxa, à cette grande sédition littéraire qui s’en prend sous une forme futile au protégé des ducs de Bassano et de Rovigo, et qui marque par une guerre digne du Lutrin la dernière saison paisible et brillante de l’immortelle époque : l’hiver qui suivit, au lieu des bulletins de Conaxa, on avait ceux de la Grande Armée et de la retraite de Moscou.

845. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Les Faux Démétrius. Épisode de l’histoire de Russie, par M. Mérimée » pp. 371-388

… Partout, chez les boyards, chez les marchands de Moscou, dans les domaines de la petite noblesse, jusque chez les Cosaques zaporogues, il y avait quelque chose de ce regret et de ce désir ; bien des cœurs et des imaginations étaient disposés à accueillir ce roi fils de Rurik s’il reparaissait, lorsque tout à coup, en 1603, et quand Boris régnait depuis cinq années déjà, on apprit que Démétrius n’était point mort et qu’il s’était montré en plus d’un lieu. […] Mais, nulle part peut-être, on ne surprend ce procédé d’imposture dans des conditions plus favorables que celles où se produisit en Russie le faux Démétrius : il y avait la distance des lieux, la difficulté des communications, la crédulité superstitieuse des peuples, le prestige du nom, cette alliance et cette connivence secrète établie à l’avance au cœur de tous les mécontents ; ce n’était réellement pas tromper leur religion que de dire : Me voilà !

846. (1912) L’art de lire « Chapitre III. Les livres de sentiment »

En lisant un roman qui nous passionne, nous ne sommes plus nous-mêmes et nous vivons dans les personnages qui nous sont présentés et dans les lieux qui nous sont peints par le magus, comme dit très bien Horace, c’est-à-dire par l’hypnotiseur. […] On l’estime dans les salons personnage indésirable à moins qu’il n’ait de l’esprit et de l’humour, en considération de quoi l’on pardonne en ces lieux-là absolument tout.

847. (1912) L’art de lire « Chapitre VIII. Les ennemis de la lecture »

Le lecteur doit s’abandonner d’abord à une sympathie instinctive ou voulue, pour l’auteur ; le poète doit s’abandonner d’abord à son inspiration, à sa verve, à sa foi en lui, à sa sympathie pour lui-même en tant qu’artiste ; — le lecteur doit ensuite se faire critique, raisonner, comparer, juger, discuter ; l’auteur doit ensuite se faire critique, réveiller le critique qui est en lui, examiner, comparer, raisonner, discuter, juger ; — le lecteur doit enfin admirer, s’il y a lieu, ce qui a comme passé successivement par sa sympathie et par sa critique ; l’auteur doit enfin approuver et même admirer, s’il y a lieu, ce qu’il a conçu dans la foi et dans l’amour, ce qu’il a contrôlé et redressé ensuite à l’aide de son sens critique.

848. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre V. Seconde partie. Des mœurs et des opinions » pp. 114-142

Plus d’une fois, sans doute et surtout en dernier lieu, on a voulu dénaturer cet esprit militaire, en le faisant servir à la conquête ; mais il sera toujours l’amour de la gloire acquise par le danger, car le Français ne se laisse pas conduire seulement par le sentiment du devoir, trop sec et trop métaphysique pour lui ; enfin cet esprit militaire est protecteur avant tout ; il doit donc toujours tendre à redevenir de la chevalerie. […] Ce que la révolution française a voulu, c’est que les individus pussent s’élever eux-mêmes dans la hiérarchie, au lieu que dans notre ancienne monarchie c’étaient les familles.

849. (1908) Esquisses et souvenirs pp. 7-341

Nous étions égarés, malgré la connaissance que mon ami avait des lieux. […] En un tel lieu, c’eût été un manque détestable de goût. […] L’horizon borné de ces lieux repliait l’âme sur elle-même. […] — comme l’a dit quelqu’un, — les temps, les lieux et les personnes. […] Si tu dois répondre quelque chose, fais-le lorsque tu seras hors de ces lieux où l’on ne marche point ; mais auparavant tais-toi ! 

850. (1863) Causeries parisiennes. Première série pp. -419

Il y a tout lieu de croire que la nomination de M.  […] Si j’étais un archéologue., je m’occuperais, je crois, de questions plus importantes que de fixer le lieu d’une bataille à jamais perdue, hélas ! […] Ce sont bien là ces lieux « muets de toute lumière », où l’espérance ne pénètre pas. […] Quelque étrange que cela paraisse, il y a lieu de croire que l’abus que signale M. le ministre se pratiquait assez largement. […] » Les réponses, on le comprend, différaient selon le lieu où elles se faisaient.

851. (1874) Premiers lundis. Tome I « Mémoires du marquis d’Argenson, ministre sous Louis XV »

Dès 1723, un certain abbé Alary avait fondé une société politique, composée de membres libres, et appelée le club de l’Entresol du nom du lieu où se tenaient les conférences.

852. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Deuxième partie. Invention — Chapitre premier. De l’invention dans les sujets particuliers »

Si relatif, si particulier qu’il soit, description, portrait ou fait historique, quelles que soient les circonstances de lieu, de temps et de personne qui le limitent, il y a toujours au fond quelque intérêt universel.

853. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre VIII. De la clarté et des termes techniques »

Au lieu que ces bons vieux mots qu’on connaît depuis l’enfance, et qui font encore leur service tous les jours, ces mots nous vont au cœur, trouvent de l’écho dans notre plus intime expérience.

854. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXIV » pp. 251-258

Il a changé ces vers en ceux-ci : Heureux si ses discours craints du chaste lecteur Ne se sentaient des lieux que fréquentait l’auteur.

855. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXIV » pp. 394-401

Le roi veut faire un lieu charmant de ce château.

856. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 211-219

Tels sont, comme je crois, ces Ecrivains qui pensent Que ce ne sont les lieux ou les astres qui dansent A l’entour de la terre ; ains que la terre fait Chaque jour sur son axe un tour vraiment parfait ; Que nous semblons ceux-là qui, pour courir fortune, Tentent le dos flottant de l’azuré Neptune, Et nouveaux, cuident voir, quand ils quittent le port, La nef demeurer ferme, & reculer le bord.

857. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 181-190

La Métaphysique & la Morale forment, à la vérité, les premiers traits du Tableau de ses passions ; mais elles n’indiquent que les causes, au lieu que l’Histoire nous en découvre les effets, & par-là les différens ressorts.

858. (1899) Esthétique de la langue française « Esthétique de la langue française — Chapitre IX »

Un géographe a conseillé de conserver aux noms de lieu leur orthographe nationale, d’écrire London, Kœln, Firenze, Tong-King, et aussi sans doute d’apprendre au moins la prononciation de toutes les langues du globe.

859. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Platon, et Aristote. » pp. 33-41

Xénocrate, le plus ardent de tous, va joindre Aristote, l’attaque à son tour, l’embarrasse dans la dispute, fait quitter la place à l’usurpateur, & rétablit Platon dans tous ses droits, dans cette école célèbre par la réputation du maître, par le nombre & les talens des disciples, la propreté singulière & les ornemens du lieu.

860. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre VI. Des dictionnaires Historiques » pp. 220-228

Ceux-ci ne font qu’étonner l’esprit, au lieu que les autres deviennent pour un esprit philosophique un sujet d’étude.

861. (1765) Essais sur la peinture pour faire suite au salon de 1765 « Examen du clair-obscur » pp. 34-38

Tous les possibles ne doivent point avoir aucun lieu en bonne peinture non plus qu’en bonne littérature ; car il y a tel concours d’événements dont on ne peut nier la possibilité, mais dont la combinaison est telle qu’on voit que peut-être ils n’ont jamais eu lieu et ne l’auront peut-être jamais.

862. (1761) Salon de 1761 « Peinture — M. Pierre » pp. 122-126

Qu’il soit jeune, vigoureux, et d’une beauté rustique ; qu’il soit assis sur un bout de rocher ; que de vieux arbres qui ont pris racine sur ce rocher et qui le couronnent, entrelacent leurs branches touffues au-dessus de sa tête ; que le soleil penche vers son couchant ; que ses rayons, dorant le sommet des montagnes et la sommité des arbres viennent éclairer pour un moment encore le lieu de la scène ; que les trois déesses soient en présence de Paris ; que Venus semble de préférence arrêter ses regards ; qu’elles soient toutes les trois si belles, que je ne sache moi-même à qui accorder la pomme ; que chacune ait sa beauté particulière ; qu’elles soient toutes nues ; que Venus ait seulement son ceste, Pallas son casque ; Junon son bandeau.

863. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 25, du jugement des gens du métier » pp. 366-374

D’ailleurs, les peintres et les poëtes s’occupent des imitations comme d’un travail, au lieu que les autres hommes ne les regardent que comme des objets interessans.

864. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre V. Première partie. Les idées anciennes devenues inintelligibles » pp. 106-113

On plaide toujours avec gêne devant des juges prévenus, surtout lorsque l’on diffère de langage avec eux ; on voudrait vaincre des répugnances, faire des concessions pour être écouté avec moins de défaveur, s’accommoder aux temps et aux lieux ; couvrir, s’il est permis de parler ainsi, par le néologisme du langage, l’archaïsme des idées et des sentiments.

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