Aucun poète plus que Camoëns ne fut inspiré par les grands spectacles des tropiques : c’est à l’Inde qu’il emprunte ses plus riches descriptions ; son imagination, frappée des trombes, des tempêtes et des divers aspects de l’Océan, les a exprimés avec une vérité et une vigueur qui répandent sur ses écrits un charme éternel.
Mais, ô ma Colombe voilée, Vous avez l’éternel espoir, Et les brises de la vallée, Et les enchantements du soir ; Et quand l’ombre apporte sa trêve A vos labeurs interrompus, Vous trouvez dans le moindre rêve La paix du Ciel que je n’ai plus !
Il faudrait accueillir la première lueur du repentir comme un engagement éternel, et lier par leurs premiers pas ceux qui, peut-être, les commençaient au hasard ; mais à peine un individu a-t-il assez de force sur lui-même pour suivre une telle conduite, sans se démentir.
Ni l’or, ni la grandeur ne nous rendent heureux ; Ces deux Divinités n’accordent à nos vœux Que des biens peu certains, qu’un plaisir peu tranquille ; Des soucis dévorans c’est l’éternel asile ; Véritable Vautour, que le fils de Japhet Représente enchaîné sur son triste sommet.
Là un homme a voulu inscrire d’éternelles lois.
L’un n’a pu s’empêcher de s’écrier au sujet de l’autre(**) : Deux cœurs faits pour s’unir d’un lien éternel, Dieux !
Adam et Ève se retirent au berceau nuptial, après avoir offert leur prière à l’Éternel.
De plus, comme dans l’Écriture tout a un rapport final avec la nouvelle alliance, on pourrait croire que les élégies de Job se préparaient aussi pour les jours de deuil de l’Église de Jésus-Christ : Dieu faisait composer par ses prophètes des cantiques funèbres dignes des morts chrétiens, deux mille ans avant que ces morts sacrés eussent conquis la vie éternelle.
S’il est si rare aujourd’hui de voir un tableau composé d’un certain nombre de figures sans y retrouver par-ci par-là quelques-unes de ces figures, positions, actions, attitudes académiques qui déplaisent à la mort à un homme de goût, et qui ne peuvent en imposer qu’à ceux à qui la vérité est étrangère, accusez-en l’éternelle étude du modèle de l’école.
Mais ici je reconnais l’éternel bas-bleu et sa pose… et je pense au vers de la comédie : Ce n’est en se vantant de l’une, … qu’on a l’autre !
cela est certain, malgré la préoccupation éternelle que Napoléon a imposée à toutes les têtes de notre époque, on avait pourtant presque oublié le fond de la pensée du grand organisateur, interrompu à moitié de son œuvre.
Ne rêvez-vous pas des déchirements, des blasphèmes, des revanches contre la prière abandonnée, et à travers tout cela l’idée, qui offusque tout dans une âme perdue, de la damnation éternelle ?
Bohèmes d’état-major, si l’on veut ou plutôt s’il pouvait y avoir des états-majors dans la bohème, ils sont, eux, trop contents de leur sort pour trouver bon qu’on les réveille des somnolences de leur digestion éternelle, et voilà pourquoi le lever de table que nous leur sonnons, à ces endormis, leur paraît un affreux tocsin !
Ce ne sont que tautologies éternelles, des explications qui expliquent l’expliqué ou qui n’expliquent pas l’inexplicable !
Dans ces temps de crise, où les gouvernements changent, et où les peuples agités passent de la liberté républicaine à une autre constitution, l’homme d’état a besoin de l’homme d’esprit ; Horace, par le genre du sien, était un instrument utile à Octave ; ses chansons voluptueuses adoucissaient des esprits rendus féroces par les guerres de liberté ; ses satires détournaient sur les ridicules, des regards qui auparavant se portaient sur le gouvernement et sur l’État ; sa philosophie, tenant à un esprit moins ardent que sage, prenant le milieu de tout, évitant l’excès de tout, calmait l’impétuosité des caractères et plaçait la sagesse à côté du repos ; enfin ses éloges éternels d’Octave accoutumaient au respect et faisaient illusion sur les crimes ; la génération, qui ne les avait pas vus, était trompée ; celle qui s’en souvenait, doutait presque si elle les avait vus.
Il arrive dans les ouvrages ce qu’on voit en société : le désir éternel de plaire rapetisse l’âme et lui ôte le sentiment et l’énergie des grandes choses.
On le loue de sa piété céleste, et de ce qu’il a bien voulu se rendre aux instances de la patrie ; « Empereur éternel, tu n’as pu résister aux larmes de cette mère auguste. » Après cela on le compare au soleil, qui, en remontant sur son char, et de ses propres mains le guidant dans les cieux, a réparé les désordres du monde, embrasé par l’ignorance de Phaëton.
On compare l’empire qu’il a sur la terre avec l’empire éternel que Dieu a sur le monde ; on le peint comme ayant un commerce immédiat avec la divinité, et on l’invite à faire part aux fidèles (quand il en aura le temps) de cette foule infinie d’apparitions, de visions, de songes célestes où Jésus-Christ s’est manifesté à ses regards, et de beaucoup d’autres mystères inconnus à tout le monde, excepté à lui, et qui restent déposés dans sa mémoire impériale comme dans un trésor ; enfin, on le loue, on le trompe, on l’instruit ; et le zèle adroit, mêlant le style de la chaire et celui de la cour, lui prodigue à la fois les flatteries et les leçons.
Il en est resté cette loi éternelle, que les républiques seront plus heureuses que celle qu’imagina Platon, toutes les fois que les pères de famille n’enseigneront à leurs enfants que la religion, et qu’ils seront admirés des fils comme leurs sages, révérés comme leurs prêtres, et redoutés comme leurs rois.
le soleil a-t-il trouvé une couche éternelle dans la vague de l’occident ! […] Jupiter était sans doute un dieu abominable, et pourtant des atomes mouvants, une matière éternelle, valaient-ils mieux que ce Jupiter armé de la foudre, et vengeur du crime ? […] Le corps exige, dans les objets de ses penchants, quelques traces de ce beau ou de ce bon, sujet de l’éternel amour de l’âme. […] Les passions s’usent, il faut bien qu’elles se reposent ; l’erreur est éternelle et ne se fatigue jamais. […] Dans un endroit, il s’écrie tout à coup : « Vive l’Éternel !
Il commence par citer quelques-unes des déclamations proférées et publiées à l’occasion de l’Assemblée générale des Allobroges, « la raison éternelle et la souveraineté du peuple ayant exercé dans cette Assemblée nationale des Allobroges l’empire suprême que les armes françaises leur avaient reconquis. » Il ne manque pas les invectives burlesques contre ces institutions qui sacrifiaient le sang et les sueurs du peuple à l’entretien des palais et des châteaux (les palais de Savoie !). […] Il appelle de tous ses vœux, en finissant, la restauration de Victor-Amé et s’élève avec passion, avec ironie déjà, contre les ambitieux voisins qui tant de fois, et au commencement du xviie siècle et depuis lors, ont troublé cet heureux pays : « Rejetez loin de vous ces théories absurdes qu’on vous envoie de France comme des vérités éternelles et qui ne sont que les rêves funestes d’une vanité immorale. […] Souffrons plutôt, souffrons avec une résignation réfléchie : si nous savons unir notre raison à la Raison éternelle, au lieu de n’être que des patients, nous serons au moins des victimes. […] N’est-ce pas lui qui a dit, par la bouche de l’un de ses envoyés : Je vous aime d’un amour éternel ? […] Chez lui, l’imagination et la couleur au sein d’une haute pensée rendent à jamais présents les éternels problèmes.
Mais cette Autre, la Parque immémoriale, la réalité d’avant l’individu, et qui ne faisait qu’un avec le monde, elle demeure poétiquement évoquée sur le plein lumineux, où les regards de l’œil éternel ne découvrent que des abstractions — et vision idéale que limite, fragmente, abolit la vision réelle. […] Poreuse à l’éternel qui me semblait m’enclore, Je m’offrais dans le fruit de velours qu’il dévore ; Rien ne me murmurait qu’un désir de mourir Dans cette blonde pulpe au soleil pût mûrir. […] Pour que la vie embrasse un autel de délices, Où, mêlant l’âme étrange aux éternels retours, La semence, le lait, le sang coulent toujours ? […] Ces fils subtils, c’est l’instant, le mouvement, l’ivresse de ce qui n’est pas éternel, de ce que jamais on ne verra deux fois. […] N’éveille pas pour l’amour, dit-il à Anne, ce corps dont le repos contient, pour un regard, toutes les idées pures de l’amour, ni cette âme qui, occupée aux enfers, y communique avec l’être du monde et vit avec les Mères ; demeure endormie comme la Nuit de Michel-Ange ; que tes fruits roulent, diamants, pour le monde minéral, éternel, où règne l’Hérodiade mallarméenne !
et l’éternel ouragan des hautes régions vous enlève en passant jusqu’au dernier lambeau de votre vêtement ; la terre est perdue pour toujours et le but sans doute ne s’atteindra pas. […] Critique et artiste, il est ici placé à un carrefour, ou, si l’on veut, à un belvédère de l’esthétique éternelle. […] C’est l’éternel époux qu’elles demandent. […] Son éternel souci du gain l’empêchait d’avoir cette prudence que donnent des ambitions plus hautes. […] Emma et Salammbô, ce sont, sous des figures différentes, l’Ève éternelle, mais Mme Arnoux porte dans l’art toute la pureté sacrée de son nom : Marie.
Ce sont des personnages-entités, chargés de symboliser la lutte du féminin et du masculin, et l’éternel conflit du mal et du bien. […] Au surplus, le mal est éternel, et ce serait folie d’espérer qu’on en pût guérir l’humanité. […] Elle se traduit de diverses manières, mais elle est aussi éternelle que l’orgueil dont elle est un produit. […] Dès que sa fortune le lui a permis, il a réalisé cet éternel désir du bourgeois : il est devenu propriétaire. […] » Devant la faiblesse d’un amoureux en cheveux gris : « Éternel enfantin de l’amour !
elle s’abandonnait corps et âme à cet enivrement ; elle croyait que cette fête serait éternelle. […] Elle mourut enfin ; on l’enterra sous les amandiers du jardin, et la petite Annette, au fond de l’âme, se promit à elle-même qu’elle ne porterait pas le voile éternel. […] Ajoutez une autre fête de cette humble maison, la fête éternelle, éternellement passagère, l’amour ! […] Que nous importe, en effet, le fond éternel et monotone de ces disputes sans fin ? […] Ces croix de bois, toutes fragiles que vous les voyez, ont encore duré plus longtemps que la douleur éternelle qui les éleva à cette place.
Les premiers gravent en traits de foudre les dogmes éternels ou imaginaires dans la conscience ; les seconds écrivent en caractères de pierre ou de bronze les tables des lois ou les constitutions des sociétés politiques. […] III Ces philosophes de l’utopie, ces élucubrateurs de principes sociaux en contravention avec les traditions éternelles de la politique, de la nature ; ces hommes qui se glorifient d’être seuls et de penser à l’écart des siècles et des traditions sociales ; ces constructeurs de nuages, comme les appelle le poète véritablement divin (Homère), ont été communs dans tous les temps et dans tous les peuples, surtout dans les temps de décadence et dans les peuples en révolutions. […] Voilà un jeune homme qui se fait entretenir dans l’oisiveté par une femme, aventurière elle-même, dont il partage le cœur et le pain sans honte, et qu’il expose pour toute reconnaissance au pilori éternel de la postérité, véritable parricide, non de la main, mais du cœur, contre celle qui réchauffa dans son sein sa misère !
Mais, tel qu’il fut et tel que nous allons le voir dans ses œuvres, Platon était le plus merveilleux écho vivant que la providence de la Grèce eût pu préparer à un sage tel que Socrate, pour donner un éternel retentissement à la philosophie spiritualiste. […] Sa foi, comme il l’avoue lui-même, n’est que probabilité, conjectures, vraisemblance, révélation de la pensée à la pensée, cet éternel révélateur avec lequel tout homme s’entretient dans ses espérances et dans ses doutes. […] La récompense, après la mort, de ces vertus ; le châtiment, soit temporaire, soit éternel, des vices ou des crimes contraires, voilà ses destinées.
« — Ainsi soit-il, dit Nanon. » Enfin ils se jurèrent mariage et éternel amour au moment où Charles lui remit sa cassette en secret. […] « “Mon père, cria Eugénie en se jetant à genoux et marchant ainsi pour arriver plus près du bonhomme et lever les mains vers lui, mon père, au nom de tous les saints et de la Vierge, au nom du Christ, qui est mort sur la croix, au nom de votre salut éternel, mon père, au nom de ma vie, ne touchez pas à ceci ! […] En quittant avec joie l’existence, cette mère plaignit sa fille d’avoir à vivre, et lui laissa dans l’âme de légers remords et d’éternels regrets.
Seul vit le Moi, et seule est sa tâche éternelle : créer. […] Et nous pouvons expliquer ce progrès par une notion claire à tous : Beethoven a arraché la musique à l’influence de la mode et du goût changeants, pour l’élever à un type d’éternelle valeur, purement humainbo. […] Il s’agit d’accéder à une émotion essentielle, éternelle et non liée à une période historique particulière.
Ces hommes sont l’éternelle jeunesse de la littérature. […] Le sujet de Don Juan a été et sera mille fois encore l’éternelle tentation des imaginations poétiques. […] Enfin il faut reconnaître qu’il y a dans ces éternels enjouements, dans cette folle ironie des choses graves : amour, beauté, religion, chasteté des mœurs, dévouement à ses opinions, quelque chose qui fait une impression pénible même à l’imagination.
D’un autre côté, si le devoir est supérieur au bonheur, il faut donc sacrifier dans certains cas extrêmes le bonheur au devoir, et pourtant il y a entre eux une harmonie éternelle, qui peut être momentanément troublée, mais que la raison établit et qu’elle impose, pour ainsi dire, à l’existence et à son auteur ; il faut donc qu’il y ait un Dieu, supérieur à toutes les causes secondaires, pour faire régner quelque part l’harmonie de la vertu et du bonheur. […] Mais en même temps Kant n’hésite pas à proclamer qu’elle est possible ; il en appelle au besoin éternel de la nature humaine ; il compare la métaphysique à une plante dont on peut bien couper tous les rejetons qui ont poussé jusqu’ici, mais dont on ne peut extirper les racines. […] Plus heureuse, la révolution française, née en même temps que la révolution philosophique de l’Allemagne, partie à peu près du même point, de la déclaration des droits primitifs et éternels de l’homme indépendamment de toute société, de toute histoire, comme l’autre des lois pures de la raison humaine indépendamment de toute expérience, proclamant également et le mépris du passé et les espérances les plus orgueilleuses, a parcouru, en quelques années, ses vicissitudes nécessaires, et nous la voyons aujourd’hui arrivée à son terme, tempérée et organisée dans la charte qui nous gouverne.
C’est cette même marquise de Lassay pour laquelle Chaulieu, qui en était épris, et qui la rencontrait sans cesse dans la petite cour de Mme la Duchesse à Saint-Maur, a fait une foule de jolis vers, et ceux-ci entre autres où il parle de son cœur d’un ton presque aussi ému que l’eût pu faire La Fontaine : Il brûle d’une ardeur désormais éternelle ; Et, livré tout entier à qui l’a su charmer, Il sert encore un Dieu qu’il n’ose plus nommer51. […] Être des Êtres, ayez pitié de ces chères femmes, écoutez leurs prières, et faites-moi la grâce de les revoir quand j’aurai accompli les jours que vous voulez que je passe sur la terre ; mais, mon Dieu, donnez-moi, non pas ce que je souhaite, mais ce que vous savez qui m’est nécessaire, et que vos ordres éternels s’accomplissent !
» s’écriait Marais ; « je vous assure, madame (il parle à Mme de Mérigniac), qu’il n’y manquerait rien. » Et mêlant un cri de l’âme ces choses de l’esprit, il disait encore : « Que l’on est heureux, madame, d’avoir des amis officieux et qui trouvent dans leurs cœurs des ressources contre la tyrannie de la mort et ses oublis éternels ! […] Marais le dit encore en un autre endroit assez agréablement ; c’est dans une lettre au président Bouhier (10 novembre 1725) : « Je vous renverrai incessamment la longue et éternelle lettre de l’abbé Le Clerc ; non est in tanto corpore mica salis (pas un grain de sel dans un si grand corps).
La pensée de cette séparation éternelle pèse comme un poids insupportable sur mon âme. […] Et puis, mon cher ami, jamais je n’ai été sûr du bonheur éternel de personne comme du sien.
Un petit album où elle notait ses impressions ne nous représente pourtant que des notes brisées ; mais c’est là qu’elle conçut et chanta sa belle invocation au Soleil : Ami de la pâle indigence, Sourire éternel au malheur, D’une intarissable indulgence Aimante et visible chaleur ; Ta flamme, d’orage trempée, Ne s’éteint jamais sans espoir : Toi, tu ne m’as jamais trompée Lorsque tu m’as dit : Au revoir ! […] Si une punition triste et éternelle suivait une vie si orageuse et si amère, mon âme éclaterait de douleur. » Son âme aimante, encore plus que son bon sens, se refusait à cette idée d’une éternité de peines. — Quelques mois après la publication de ces articles, M.
Cette lutte du Calvaire et de la Grèce, que l’heureux Fénelon ne soupçonnait pas, qui, d’abord confuse, égara René jusque dans les savanes, qu’il nous a bientôt rendue si distincte et si vivante sous les traits d’Eudore et de Cymodocée, elle n’a pas cessé avec les ans, il la porte en lui éternelle ; toujours, si austère que soit le sentier, si droite que semble la voie vers Jérusalem, il a des retours soudains vers Argos ; toujours, jusque dans le pèlerin du désert, on retrouve, aux accents les plus émus, l’ami de jeunesse d’Augustin et de Jérôme. […] malheur à qui, avec les instincts infinis et le besoin de croire aux consolations éternelles, a senti trop amoureusement cet idéal d’humaine beauté, ce paganisme immortel qu’on appelle la Grèce !
C’est dans ce chaste paradis Que règne, en un trône de lis, La Virginité sainte ; C’est là que mille anges mortels D’une éternelle plainte Gémissent au pied des autels. […] Nourri des livres sacrés, partageant les croyances du peuple de Dieu, il se tient strictement au récit de l’Écriture, ne se croit pas obligé de mêler l’autorité d’Aristote à l’action, ni surtout de placer au cœur de son drame une intrigue amoureuse (et l’amour est de toutes les choses humaines celle qui, s’appuyant sur une base éternelle, varie le plus dans ses formes selon les temps, et par conséquent induit le plus en erreur le poëte).
Or, à part un très-petit nombre de noms grandioses et fortunés qui, par l’à-propos de leur venue, l’étoile constante de leurs destins, et aussi l’immensité des choses humaines et divines qu’ils ont les premiers reproduites glorieusement, conservent ce privilège éternel de ne pas vieillir, ce sort un peu sombre, mais fatal, est commun à tout ce qui porte dans l’ordre des lettres le titre de talent et même celui de génie. […] Prémunis par là contre bien des agitations insensées, sachons nous tenir à un calme grave, à une habitude réfléchie et naturelle, qui nous fasse tout goûter selon la mesure, nous permette une justice clairvoyante, dégagée des préoccupations superbes, et, en sauvant nos productions sincères des changeantes saillies du jour et des jargons bigarrés qui passent, nous établisse dans la situation intime la meilleure pour y épancher le plus de ces vérités réelles, de ces beautés simples, de ces sentiments humains bien ménagés, dont, sous des formes plus ou moins neuves et durables, les âges futurs verront se confirmer à chaque épreuve l’éternelle jeunesse.
De là le thème éternel de la farce, et son éternel trio, le mari, la femme, l’amoureux.
C’est le caractère le plus mobile et le plus extraordinaire qu’il y ait : sensible, brusque, plein d’humeur, boudant toute une soirée pour un verre de vin du Rhin que Mme du Châtelet l’a empêché de boire parce que ce vin lui fait mal, se querellant sans cesse avec elle, déjà malade éternel, se droguant à sa fantaisie, se gorgeant de café, mourant et, l’instant d’après, vif et gaillard si un rien l’a mis en train : avec cela, travailleur acharné, infatigable. […] Voltaire, l’éternel moribond, est, par sa débile organisation, condamné à n’être qu’un assez piètre débauché.
Les révolutions sont les ébranlements de cet éternel Encelade se retournant sur lui-même quand l’Etna pèse trop fort. […] Il est dans la loi des choses que les formes de l’humanité acquièrent une certaine solidité, que toute pensée aspire à se stéréotyper et à se poser comme éternelle 175.
L’éternel seul a du prix ; or ces frivoles ne s’attachent qu’aux floraisons successives, sachant bien qu’ils passeront comme elles. […] C’est l’éternelle duperie de l’amour qui ne voit au monde que son objet.
Puisque les Philosophes les plus habiles sont convenus de l’imperfection de notre raison, ne vaut-il pas mieux en faire l’aveu aux pieds du Sanctuaire de la lumiere éternelle, que de goûter une liberté coupable en s’égarant avec les esprits vains & orgueilleux, qui n’enseignent que des erreurs ? […] Le mal du Chrétien n’est, aux yeux de sa foi, qu’un mal passager, & toujours propre à lui mériter des récompenses éternelles.
Une absence peut-être éternelle m’affligerait cruellement et me rendrait fort malheureuse. […] L’ambition vous appelle et vous séduira… Objections éternelles, et que la raison d’une femme (pour peu qu’elle en ait) fait aisément à son cœur, mais que celui-ci toujours réfute ou étouffe non moins aisément !
Se séparant, pour le mieux flétrir, du faux bon ton qui n’avait jamais été le sien, et revendiquant le vrai bon ton éternel et naturel, celui qui est tel pour toute âme bien née, et qu’aucune révolution n’est en droit d’abolir : Tout homme qui a une âme bonne et franche, s’écriait-il, n’a-t-il pas en soi une justesse de sentiment et de pensées, une dignité d’expressions, une gaieté facile et décente, un respect pour les vraies bienséances, qui est en effet le bon ton, puisque l’honnêteté n’en aura jamais d’autre ? […] Ce serait pour toi un chagrin éternel si tu m’égorgeais, moi, le chantre qui ai des chants pour les dieux et pour les hommes. » INTERROGATOIRE D’ANDRÉ CHÉNIER.
À cet âge fatal, la plupart des femmes se courbent sous les ruines qu’elles portent et n’ont plus, pour toute beauté, que le front triste des cariatides écrasées ; mais Mlle Eugénie de Guérin, si Dieu ne l’avait pas rappelée à lui, eût porté sur le sien les ruines de la vie aussi légèrement que les canéphores portaient autrefois leurs corbeilles ; car elle avait tout ce qui allège le poids des années, — la pureté du cœur, l’ingénuité de la pensée, la fleur d’imagination éternelle, et cette confiance en Dieu qui en sait encore plus long que le Génie, et qui, en regardant la terre, voit le ciel. […] Les âmes basses ne comprendront rien à la beauté cachée de ce récit, dont celle qui le fait et qui a les yeux attachés sur la source de la Beauté éternelle, ne se doute, certes, pas non plus !
Je laisse de côté la question de savoir si, délicatisant l’humanité en proportion des jouissances nouvelles qu’il lui apporte, le progrès indéfini ne serait pas sa plus ingénieuse et sa plus cruelle torture ; si, procédant par une opiniâtre négation de lui-même, il ne serait pas un mode de suicide incessamment renouvelé, et si, enfermé dans le cercle de feu de la logique divine, il ne ressemblerait pas au scorpion qui se perce lui-même avec sa terrible queue, cet éternel desideratum qui fait son éternel désespoir ?
Les feuilletonistes ont, presque tous, un sens exact du mouvement dramatique ; une science de l’horrible et du terrifiant ; une adresse à démêler les écheveaux ; une habileté à laisser pour morts, sur le champ de bataille de l’action, des héros qui ressuscitent pour de longues destinées ; un doigté dans l’usage du point de suspension ; une fidélité au type honorable des bonnes mères, des petites ouvrières laborieuses et des amours éternelles, qui ne sont pas des qualités si méprisables qu’on le croit. […] Ne craignez pas d’être tendres, d’être naïfs, de redire de l’éternel.
Enorgueillissez-vous, Portes éternelles ! […] Élevez vos fronts, Portes éternelles !
Ces éternelles accusations ne manquent pas.
Quand nous intervenons, nous d’une génération déjà autre, au milieu des jeunes gens avec nos souvenirs, nous faisons plus ou moins l’effet de Nestor revenant avec ses éternels combats des Épéens et des Pyliens, au moment le plus intéressant de l’action entre les Troyens et les Grecs, et coupant l’intérêt qui ne demande qu’Achille et qu’Hector.
Mais vous avez tort de tirer de ce sentiment si juste des propositions universelles et des règles absolues sur le caractère nécessaire du génie comique, et sur l’essence éternelle de la comédie.
Le beau jardin, l’éternel Éden les entoure, son amante et lui, et il dit doucement la beauté, la bonté de l’aimée ; il la remercie d’être venue à lui ; il énumère les joies de cœur et de chair qu’elle lui donne ; il célèbre le bonheur qu’ils goûtent tous deux à « être fous de confiance ».
Il faut pourtant qu’on s’en dépouille ; ou bien on ne sera qu’un éternel myope, incapable de voir la vérité.
Il devient « l’humble qu’une logique éternelle asservit ».
Il dit pour la première fois le mot sur lequel reposera l’édifice de la religion éternelle.
Cet antre protégeoit leur paisible sommeil ; Souvent le cri de l’aigle avança leur réveil ; Ils chantoient l’Éternel sur le roc solitaire, Au bruit sourd du torrent dont l’eau les désaltère, Quand tout à coup un ange, en dévoilant ses traits, Leur porte, au nom du ciel, un message de paix.
C’est celle qui verse aux dieux l’ambroisie, ce breuvage qui alume dans les âmes divines une joie éternelle, et elle est ennuyée et triste.
Rien n’est admirable comme l’intrépide conviction de ce manque éternel de conviction.
Les badauds contemporains qui virent passer cette gloire l’avaient-ils crue éternelle ?
Il croyait, dans son aveuglement, avoir forgé quelque chose de brillant, de formidable et d’éternel, et voici qui va furieusement ébrécher l’armure solide de sa Minerve !
Saint Thomas d’Aquin ne serait donc qu’un tome second d’Aristote, si le théologien, l’homme de la science surnaturelle, ne le frappait pas tout à coup d’une différence sublime, — empreinte éternelle qui empêchera désormais les siècles de confondre cette tête rase de moine avec la tête aux cheveux courts de la médaille du Stagyrite.
Les tuniques bleues de 1830 semblaient suspendues au clou, éternel et immobile !
Et ce n’est pas le front radieux devenu pensif, la lèvre rieuse devenue souriante, qui pensent et chantent tant de vers comme ceux-ci : Le cœur, lys éternel, fleurit dans tous les temps ; Le bonheur est un dieu qui vaut bien le printemps !
En vertu de ses consanguinités d’imagination, le poète d’Émaux et Camées chante l’Amour, ce sujet de poésie éternelle, sur lequel il n’y a pas de cant à faire, et jusqu’ici non plus il ne l’avait jamais chanté d’un accent si vrai et, disons-le, si pur.
V M. le Conte de L’Isle ne montera pas, étouffé deux fois par le vide d’idées et par le trop-plein de cette description éternelle qui n’est plus chez lui une manière, mais une manie.
Seulement, il l’est pour moi seul… Pour moi seul, qui voudrais ici un livre éternel, et qui n’y trouve qu’un livre de passion et de circonstance.
On recommence de nous montrer cette éternelle lanterne magique, dont nous connaissons tous les verres plus ou moins coloriés.
Ce n’est presque partout que des sons brisés et heurtés les uns contre les autres, un choc éternel de petites phrases qui se repoussent, des déclamations, des figures incorrectes, de l’exagération, enfin nulle noblesse dans les sentiments.
Mieux vaut entendre de la bouche du lyrique chrétien sa belle invocation au Créateur, foyer des âmes humaines, et sa confiance dans la vie éternelle qui leur est promise : « La mort220, ô Dieu !
Elle est de toutes ces époques à la fois ; elle est éternelle, entendez contemporaine de notre race à toutes les périodes de son développement. […] Ces cris, ces folies, ces bérets en l’air, ce punch éternel et cet éternel gaudeamus igitur… on ne saurait dire de quel choc déplaisant cela vous heurte, quand on arrive de la rue, ni gai ni triste, pacifique, plutôt ennuyé. […] On a l’impression que cet être si borné, si infime, possède la vérité éternelle, connaît seul le sens et le but de l’univers. […] Ils enseignent qu’on va à la félicité éternelle par la vertu, et à la vertu par l’épreuve. […] Et ce dieu a souffert, a répandu son sang avant d’être assis dans l’éternelle paix.
ces artistes n’ont peint qu’une attitude, qu’un moment ; n’ont touché qu’une fibre du cœur humain ; sont morts en appercevant bien au-delà de ce qu’ils ont fait ; & l’on osera dire en leur nom : voici les formes constantes & éternelles qui constituent la beauté par excellence ! […] La sensation se differencie donc sur des perceptions physiques ; ainsi le même raisonnement ne frappe pas également deux hommes ; mais la variété infinie des caractères servira mieux les arts que la monotonie éternelle que l’œil myope voudroit établir. […] C’est qu’en outre le chœur, cheville éternelle de leurs pièces, en multipliant les personnages, sembloit aggrandir le sujet, & que, remplissant le vuide d’un théâtre immense, il déguisoit presque toujours le défaut d’action. […] En rencontrant cette espèce d’hommes, que l’indifférence & la stupidité condamnent à une éternelle enfance, le Philosophe occupé d’idées universelles & utiles est tenté de dire, est-ce là mon prochain ? […] Tout autre état porte un principe de division & de discorde éternelle.
Une œuvre vraie sera éternelle, tandis qu’une œuvre émue pourra ne chatouiller que le sentiment d’une époque. […] C’est l’éternelle histoire ; on se fâche et on plaisante d’abord, puis on finit par imiter. […] C’est l’éternelle histoire. […] De là ce qu’on appelle nos éternelles descriptions. […] Il reste éternel.
L’histoire des peuples démontre au philosophe la grandeur de tout pays construit d’après cette constitution éternelle, la décadence de tout Etat qui a voulu s’en détacher. […] Caro, ne s’exprime pas autrement : « J’écris à la lueur de deux vérités éternelles : la Religion, la Monarchie. […] Il y parle de Dieu, comme d’un « être infini, éternel, parfait, qui produit sans cesse le monde et l’élève sans cesse vers un état meilleur… qui agit sur nous par le mouvement intérieur qui nous porte au bien ». […] Aucun de ces changements n’est de nature à modifier la loi éternelle des sociétés, cet Humanum paucis vivit genus, qu’il faut comprendre : l’humanité vit pour et par ses élites. […] Dans le jeune courtisan aimé de Mme de Stein, ils entrevoient la poésies sacrée pour eux, d’une intrigue de cour, comme ils goûtent, dans les aventures du voyageur d’Italie, cette autre poésie, l’ensorcellement de l’homme du Nord par la volupté du Midi ; la nostalgie de l’éternel Faust pour l’éternelle Hélène.
Aux clairières, aux étroits passages où pénètrent ses rayons, c’est une scintillation, un bourdonnement éternel, des scarabées, papillons, oiseaux-mouches et colibris, pierreries animées et mobiles, qui s’agitent sans repos. […] Ces acides semblent leur donner et leur âpre cri, et l’éternelle agitation de leurs mouvements colériques. […] Derrière les phénomènes « qui roulent entre le néant et l’être », il entrevoit les formes fixes et les lois éternelles. […] Lorsque, après avoir suivi le char de triomphe, il s’en revenait à sa ferme du Sabinum, le consul lui mettait la main sur l’épaule : « J’ai besoin de toi ; la légion part demain pour la Cisalpine. » Là durait la guerre acharnée, meurtrière, éternelle. […] On aperçoit dès l’abord ce manque d’attention passionnée et profonde dans la clarté des longues épopées prosaïques, dans l’abondance des poèmes didactiques et des froides allégories, dans la popularité des fabliaux malins, dans la modération éternelle du style, dans la perfection subite de la prose.
Cela lui donnait aussi un peu de la douce majesté de Platon ou de la candide et éternelle enfance de Bernardin de Saint-Pierre ; cheveux fins, luisants, ruisselants d’inspiration, autour desquels avaient flotté sous les bananiers les immortelles images de Paul et Virginie. […] Qu’un grand poète vient de naître ; Que ce poète ne ressemble à personne ; Que les sentiments exprimés dans son poème sont aussi neufs que grandioses ; Que la mélancolie du génie qui fait subir sa solitude à un grand homme n’a jamais trouvé ni un pareil type ni une expression si neuve et si excentrique ; Que les vers sont dignes du stérile Nébo, et que l’éternel Jéhova les a inspirés comme il les a entendus retentir dans les échos sonores du désert. […] Une biche attentive, au lieu de se cacher, Se suspend immobile au sommet du rocher, Et la cascade unit, dans une chute immense, Son éternelle plainte aux chants de la romance. […] — Dernière heure de ma vie, aurore du jour éternel, salut !
Si Arvers a beaucoup péché, il lui sera beaucoup pardonné pour ce sonnet-là : Mon âme a son secret, ma vie a son mystère, Un amour éternel en un moment conçu : Le mal est sans espoir, aussi j’ai dû le taire, Et celle qui l’a fait n’en a jamais rien su Hélas !
XXIX (Après une séance de la Chambre des Pairs :) Qui n’a pas vu une armée de braves en complète déroute, ou une assemblée politique qui se croyait sage, mise hors de soi par quelque discours passionné, ne sait pas à quel point il reste vrai que l’homme au fond n’est qu’un animal et un enfant : — (Ô éternelle enfance du cœur humain !)
Nous en indiquerons les causes, et l’étonnement fera place à une éternelle admiration.
C’est précisément la recherche de la solution de cet éternel problème.
Heureuse cette littérature à la fois plus démocratique et plus aristocratique, plus raffinée et plus audacieuse, moins moyenne en un mot, si elle n’est pas jetée hors de toute beauté et de tout calme d’exécution, hors d’un certain bon sens indispensable au génie et de certaines conditions éternelles de l’art, par la pruderie, l’honnêteté exemplaire et les prétentions établies de l’autre littérature !
Il y a telle pièce ou il ne fait que retourner d’un bout à l’autre l’éternelle plaisanterie, vieille comme le monde.
L’idée de Cosima est très simple et très autorisée : c’est la lutte de la passion et du devoir au sein d’un cœur pur qui va cesser de l’être ; c’est l’antique et éternel sujet du drame depuis Phèdre jusqu’à nous.
Au reste c’est l’éternelle antinomie : l’exercice de la vertu suppose l’homme libre, et les doctrines qui marquent le plus haut degré de l’effort moral dans la vie de l’humanité, stoïcisme, calvinisme, jansénisme, sont celles qui théoriquement suppriment la liberté.
Mais son propre rythme le guide ; et, d’avoir un instant placé son terme dans la Vie, il devine enfin l’ampleur de la Vie, il voit la Vie et la voit éternelle en ses principes d’activité et d’amour. « Crée donc en la vie, tu créeras en l’éternité, et aime, aime la vie qui continuera ton œuvre ».
Au-dessus de la file des dos courbés, c’est, en tête, l’éternel cahot du corbillard et la danse obstinée d’une énorme couronne dont le vent pille les fleurs, au point qu’elle commence à montrer des coins de carcasse nue.
Il y a un grand foyer central où la poésie, la science et la morale sont identiques, où savoir, admirer, aimer sont une même chose, où tombent toutes les oppositions, où la nature humaine retrouve dans l’identité de l’objet la haute harmonie de toutes ses facultés et ce grand acte d’adoration, qui résume la tendance de tout son être vers l’éternel infini.
La nouvelle génération philosophique comprendra la nécessité de se transporter dans le centre vivant des choses, de ne plus faire de la philosophie un recueil de spéculations sans unité, de lui rendre enfin son antique et large acception, son éternelle mission de donner à l’homme les vérités vitales.
La marche sombre et imposante des événements par lesquels le pouvoir d’en haut se manifeste aux pouvoirs d’ici-bas, l’unité éternelle de leur cause, l’accord solennel de leurs résultats, ont quelque chose qui frappe profondément la pensée.
« Après avoir pris, disoit sa sainteté, conseil de nos frères les évêques & les cardinaux, nous avons condamné les articles que vous nous avez envoyés, & tous les dogmes pervers de Pierre Abailard, avec leur auteur ; & lui avons imposé un éternel silence, comme étant hérétique.
J’ai en commençant ce chapitre exprimé des doutes sur les chances d’avenir qu’avait cette réimpression des œuvres complètes d’une femme qui a fait, par la force de sa coterie et le bavardage toujours prêt de sa plume, l’illusion du talent aux gens de son temps, aux éternels badauds qui sont le fond de tous les publics.
Éternelle élégie, toujours recommencée et toujours aussi touchante !
Nous savons bien (et c’est là une histoire éternelle) qu’il a les défauts de ses qualités, et nous, comme d’autres, nous pourrions les lui reprocher.
Qu’est-ce que la moquerie, la moquerie éternelle ?
Talbot et avec l’esprit de ce pays-ci, il y en avait peut-être là pour la vie éternelle !
Or, on dira ce qu’on voudra du fanatisme religieux, il marque au moins que les âmes ont leur trempe, que les mœurs se tiennent droites encore, que les probités se surveillent sous le regard, toujours présent, de la Justice éternelle.
Des courtisanes comme Laïs la Corinthienne, une âme grecque plus légère que la huile de savon appendue au chalumeau d’un enfant, ou comme Ninon, la grande égoïste française dont le cœur fut une plaisanterie éternelle, n’ont point de ces replis où dort l’ensorcellement des âmes, et de ces ineffables manèges qui prennent les cœurs et ne les rendent plus.
Dans ce livre important sur la Babylone écarlate, le protestant Ranke avait montré pour quelques grandes figures, la gloire éternelle du catholicisme et du monde, une admiration si indépendante et si simple, qu’elle fit croire à ces esprits qu’un mot enlève et qui font de leur désir une espérance, que Ranke pourrait bien finir comme le poète Zacharias Werner ou le fameux Frédéric Hürter, l’illustre chroniqueur d’Innocent III, et qu’il embrasserait le Catholicisme.
Fruit vert, gracieusement noué, qui ne devait jamais mûrir, il resta, sans l’amour et sans l’enthousiasme des premières années, l’éternel gamin rageur, moqueur et pleureur, qui constitue cette espèce charmante d’animaux adorés à Paris.
pendant dix-sept ans d’enseignement… Je dédie à cette éternelle cause mon humble livre… » Toujours l’humilité.
C’est ce qui la distingue des autres civilisations… Chez aucun autre peuple on ne trouve aussi complètement formulées les éternelles lois du beau, du vrai et du juste, inscrites dans la conscience de l’homme.
Aucune de ces orgueilleuses philosophies n’a su prévoir que la postulation éternelle de l’impossible devait aboutir au déchaînement de tous les tocsins et que l’Envie, cette hôtesse de nos cœurs, aurait toujours le prétexte de la satisfaction des esprits sages pour justifier ses horribles animosités.
L’auteur de l’Assistance montre bien que les circonstances dans lesquelles vivaient les fidèles des premiers temps étaient des circonstances d’exception, et que la communauté, au sens chrétien, s’est perpétuée dans l’Église de Jésus-Christ là seulement où elle était réalisable, c’est-à-dire dans ces communautés religieuses, éternelles comme la religion elle-même, dont elles ne sont la plus grande force que parce qu’elles en sont la plus grande vertu.
ou cela tient-il à l’essence éternelle des choses, qui ferait de l’Arabie une terre condamnée et donnerait ce déshonorant soufflet au Christianisme de n’avoir pas la force de sa vérité et de se vanter, comme l’erreur se vante, quand il affirme que, de toutes les religions de la terre, il est, en raison de sa vérité même, incomparablement la plus puissante sur les esprits et sur les cœurs ?
Le sujet de Melænis est l’histoire vulgaire, quoique tourmentée, d’une courtisane (l’éternelle courtisane !)
Pendant que nous nous civilisons de plus en plus et que le Réalisme, cet excrément littéraire, devient l’expression de nos adorables progrès, un poète de nature, de solitude et de réalité idéalisée, nous donne un poème fait avec des choses primitives et des sentiments éternels.
Il y en a une, poétique, éternelle, en dehors de l’observation et des cruautés de l’ironie, il y en a une qui a des ailes comme les Oiseaux d’Aristophane et qui monte vers le ciel, semblable à l’alouette, dans une spirale harmonieuse, mais c’est précisément celle-là, diaphane, intelligible et ravissante, que le funambulesque actuel voulait avoir et qu’il a manquée.
Mürger, — le bas âge éternel !
Les faits groupés autour de cette donnée ne la rajeunissent pas, ils appartiennent à l’inventaire éternel de tous les romans et de toutes les pièces.
Elles associent dans une image de passion et de gloire l’éternel Adonis et le Dieu des temps nouveaux. […] J’avais dit à la petite Vénus du musée, si gracile et si fine, un adieu que je croyais long pour ne pas dire éternel. […] Cléopâtre morte, il y eut de grandes réjouissances dans la Ville éternelle. […] Pourquoi la prosodie de Victor Hugo et des romantiques serait-elle éternelle ? […] Ulysse, échappé aux charmes de Circé et parvenu au bord de l’Océan sur un rivage couvert de ténèbres éternelles, évoque les ombres des morts selon des rites d’une simplicité barbare.
Or, cette larme donnée par l’amitié, cette larme divine du Fils, recueillie dans l’urne de diamant des séraphins et portée aussitôt aux pieds de l’Éternel, s’anime sous le rayon de l’Esprit-Saint et devient tout d’un coup une forme blanche et grandissante, un ange, qui répond au nom d’Éloa. […] Le Christ demande à son père le prix de sa venue : il pose les éternels problèmes du bien et du mal, de la vérité et du doute, de la vie et de la mort, de la Providence et du Hasard, tous les pourquoi possibles, en philosophie naturelle, en philosophie morale, en politique : Et si les nations sont des femmes guidées Par les étoiles d’or des divines idées, Ou de folles enfants sans lampe dans la nuit, Se heurtant et pleurant, et que rien ne conduit ? […] Jésus, à toutes les questions qu’il adresse au Père dans son angoisse, ne reçoit aucune réponse ; et pour trancher l’agonie, au milieu de cette nature muette, c’est Judas seul qu’on entend rôdant déjà avec sa torche : d’où le poète conclut que, puisque le Ciel a laissé sans réponse le Fils de l’homme, dorénavant Le juste opposera le dédain à l’absence Et ne répondra plus que par un froid silence Au silence éternel de la Divinité.
On a droit de s’étonner encore que ce divin poète de la tendresse et des sentiments fins, qui a su fouiller et démêler les plus secrets ressorts des passions et lire au cœur d’Hermione et de Phèdre comme à celui de Bérénice et de Monime, n’ait pas eu autour de lui plus d’échos dans des âmes féminines distinguées, qu’il n’ait pas attiré et recueilli plus de tendresses avouées et déclarées, de ces éternelles reconnaissances de femmes pour le poète supérieur qui les a une fois devinées et enchantées pour toujours. […] Je ne sais rien de mieux fait, en vérité, pour définir comme je l’entends l’espèce de sentiment auquel je m’applique ici, un sentiment étranger à la mode, épuré de toute sensualité, n’impliquant qu’une tendre, fidèle et éternelle reconnaissance pour le contemporain qui fut, à une heure décisive, le bienfaiteur de notre esprit ou de notre âme, pour un révélateur chéri : « J’ai reçu aujourd’hui, écrivait lord Byron à Thomas Mooro (5 juillet), une singulière lettre d’Angleterre, d’une fille que je n’ai jamais vue ; elle me dit qu’elle se meurt de consomption, mais qu’elle ne veut pas quitter ce monde sans me remercier des jouissances qu’elle a dues à ma poésie pendant plusieurs années, etc. […] Après l’avoir étudiée de si près et dans ses propres confidences, je crois quelquefois, en vérité, qu’elle est là devant moi, intelligente et parlante ; je me la représente en personne, avec cette physionomie pétrie de tendresse, de finesse, de douce malice et de bonté : l’amour a passé par là, on le sent, non point précisément celui qui enflamme et qui ravage, mais celui qui brûle à petit feu et qui, toutes peines éteintes, laisse après lui une réflexion légèrement mélancolique et attendrie ; arrivée à cet âge où l’on n’espère plus et où l’on a renoncé à plaire, sans pour cela se négliger, dans sa mise de bon goût et simple, tout en elle est d’accord, tout se nuance, et s’assortit ; elle ne craint pas de laisser voir à son front et à ses tempes la racine argentée de ses cheveux où il a neigé un peu avant l’heure ; elle ne cherche pas à prolonger une jeunesse inutile et qui ne lui a donné que des regrets ; elle est aussi loin de l’illusion sentimentale et de l’éternelle bergerie d’une d’Houdetot, que de la sécheresse mordante et polie d’une Luxembourg ; elle a gardé la seule jeunesse du regard, l’étincelle aimante ; elle continue de sourire à cette vie qu’elle n’a guère connue que triste et amère ; elle rêve fidèlement à ce passé qui lui a valu si peu de douceurs, elle a le culte d’un souvenir, et si elle tient encore dans ses mains un livre à couverture bleue usée (comme dans ce portrait de femme attribué à Chardin), je suis bien sûr que c’est un volume de la Nouvelle Héloïse.
II Adolphe Dumas, non pas le Dumas encyclopédique dont chaque pas fait retentir la terre de bruit sous son pied ; non pas le jeune Dumas son fils, silencieux et méditatif, qui se recueille autant que son père se répand, et qui ne sort, après trois cent soixante-cinq jours, de son repos, qu’avec un chef-d’œuvre de nouveauté, d’invention et de goût dans la main ; mais le Dumas poétique, le Dumas prophétique, le Dumas de la Durance, celui qui jette de temps en temps des cris d’aigle sur les rochers de Provence, comme Isaïe en jetait aux flots du Jourdain, sur les rochers du Carmel, Adolphe Dumas enfin, que je respecte à cause de son éternelle inspiration, et que j’aime à cause de sa rigoureuse sincérité, vint un soir du printemps dernier frapper à la porte de ma retraite, dans un coin de Paris. […] tu es le rajeunissement éternel des imaginations, la Jouvence du cœur. […] « Et, pendant qu’aux lieux où Mireille vivait ils se frapperont leurs fronts sur la terre de regrets et de remords, elle et moi, enveloppés d’un serein azur sous les eaux tremblotantes ; oui, moi et toi, ma toute belle, dans une étreinte enivrée, à jamais et sans fin nous confondrons, dans un éternel embrassement, nos deux pauvres âmes !
C’est donc cette puissance éternelle, à qui notre empire a dû tant de fois des succès et des prospérités incroyables, c’est elle qui a détruit et anéanti ce monstre, et lui a suggéré la pensée d’irriter par sa violence et d’attaquer à main armée le plus courageux des hommes, afin qu’il fût vaincu par un citoyen dont la défaite lui aurait pour jamais assuré la licence et l’impunité. […] Puis les deux proscrits, comme s’ils avaient eu le pressentiment de leur éternelle séparation, se récrièrent sur l’extrémité de leur malheur, qui ne leur permettait pas même de le supporter ensemble, pleurèrent de tendresse sur le chemin à la vue de leurs esclaves, et, se serrant dans les bras l’un de l’autre, se séparèrent et se rapprochèrent plusieurs fois, comme dans un dernier adieu. […] Mais Fulvie, femme d’Antoine, ne se contenta pas de cette vengeance ; elle se fit apporter la tête de l’orateur, la reçut dans ses mains, la plaça sur ses genoux, la souffleta, lui arracha la langue des lèvres, la perça d’une longue épingle d’or qui retenait les cheveux des dames romaines, et prolongea, comme les Furies, dont elle était l’image, le supplice au-delà de la mort : honte éternelle de son sexe et du peuple romain !
L’attention que je prêtais à sa parole me donnait le temps d’observer sa personne dans son éternelle ondulation. […] Je me trouve le plus malheureux des malheureux qui vivotent sous cette belle calotte céleste que l’Éternel a brillantée de ses mains puissantes ! […] XXIV On sentait dans ces paroles hardies et convaincues un grand fonds de foi dans l’éternelle sagesse, qui s’ajourne quelquefois, mais qui ne se dément jamais. « On ne voudrait pas m’entendre aujourd’hui, nous disait-il encore, mais le moment n’est pas loin où l’on m’entendra ; car les nations se sauvent toujours et se perdent toujours, et quand elles veulent décidément se sauver elles remontent aux lois de Dieu !
Il ne créait plus, — je n’appelle pas création cette seconde et éternelle partie de Faust, — mais il revenait sur lui-même, il revoyait ses écrits, préparait ses Œuvres complètes, et, dans son retour réfléchi sur son passé qui ne l’empêchait pas d’être attentif à tout ce qui se faisait de remarquable autour de lui et dans les contrées voisines, il épanchait en confidences journalières les trésors de son expérience et de sa sagesse. […] Méphistophélès, portrait de Goethe au fond, fut l’indifférence railleuse entre le bien et le mal, l’éternel blasphème de l’humanité, représentée par la jeune et infortunée Marguerite. […] Les temps sont dans un progrès éternel ; les choses humaines changent d’aspect tous les cinquante ans, et une disposition qui en 1800 sera parfaite est déjà peut-être vicieuse en 1850. — Mais il n’y a de bon pour chaque peuple que ce qui est produit par sa propre essence, que ce qui répond à ses propres besoins, sans singerie des autres nations.
Ce n’est pas la prévention d’un contemporain ni l’humeur d’un individu, c’est l’éternelle logique qui condamne la société. […] J’ai dévoilé mon intérieur tel que tu l’as vu, ô Éternel… Que chacun de mes semblables se découvre à son tour au pied de ton trône avec la même sincérité, et puis qu’un seul te dise, s’il ose : Je fus meilleur que cet homme-là ! […] Rousseau veut bien prendre l’Éternel pour arbitre entre lui et les autres hommes.
Homère, la Bible et les Védas seront éternels. […] L’œuvre belle est celle qui représente, sous des traits finis et individuels, l’éternelle et infinie beauté de la nature humaine. […] Décidés à fermer les yeux aux considérations délicates, à ne tenir compte d’aucune nuance, ils vous portent à la figure leur mot éternel : prouvez que c’est impossible.
C’est dans la Légende, ressuscitée ou créée par son esprit touchant à l’essence des choses et du verbe, qu’il a su enclore l’émotivité d’éternelles vérités, sentiments et idées. […] Or, si loin que nous exaltions notre aventure aux nostalgies éternelles de la Métaphysique, sans souci des divisions scolastiques et de leurs délimitations entravantes et sans valeur, nous en voulons retrouver le sens en la réalité de la Substance, de ce : « que le spiritualisme, c’est-à-dire pour moi, le plus de conscience prise du Tout, émane perpétuellement de la matière en évolution »25. […] Mouvement nécessaire au progrès, et qui cependant, après avoir maintenu l’équilibre instable propre aux mutations, amène en toutes choses le ralentissement et l’immobilité relative, la déchéance et la mort inertie que de nouveaux états réveilleront encore en leurs expansions natives… Tout devient selon un Rythme elliptique La Matière étant éternelle et illimitée est représentée virtuellement par le Cercle, qui, si grand qu’il s’élargisse, demeure illimité, de la nature même de la matière.
* * * — J’ai remarqué que les intrigants ont une manière de masque : une plaisanterie éternelle, sous laquelle ils se dérobent, ne se laissent jamais trouver et ne donnent jamais du sérieux ni du fond de leur pensée : des Machiavel de la blague, quoi ! […] Le propriétaire a réfléchi cinq éternelles minutes, puis il a laissé tomber mélancoliquement : « C’est fait. » Nous sommes sortis, nous étions comme ivres. […] — Enfin, reprend sèchement Saint-Victor, tu as écrit la solidité des choses éternelles.
Et jusqu’au débarbouillage chez le pharmacien, angoisse, émotion, pendant des secondes qui paraissent éternelles. […] Nous ne nous savions pas si voisins de lui dans la séparation éternelle ! […] * * * — Des jours vides et tout noirs, remplis par la douche et par des promenades douloureuses, le long de cette éternelle allée qui va d’Auteuil à Boulogne.
Je le voulais hier ; c’est un éternel adieu résolu dans mon esprit. […] Avec une dernière larme Reçois un éternel adieu. […] ô éternel repos ! […] Ce n’est point, dit Valentin à Cécile, l’éternelle pensée qui fait graviter les sphères, mais l’éternel amour. […] Et pourtant elle est éternelle, Et ceux qui se sont passés d’elle Ici-bas ont tout ignoré.
Le parfait seul est éternel. […] Pour lui, il y a là un progrès évident, déterminé par des ressorts éternels. […] Moyennant quoi, nous augmentons ce qu’il y a en nous d’éternel, suivant Spinoza. […] L’éternelle frivolité condamnera toujours Taine. […] Ce qui compte, c’est le durable et l’éternel.
Les soleils peuvent mourir et renaître ; mais nous, une fois que notre courte lueur est éteinte, il nous faut dormir une nuit éternelle. […] Leconte de Liste abrège ce vif et caractéristique langage, et, lui enlevant avec soin son cachet original, il le scande de sa déclamation lente et de son éternelle solennité. […] C’est l’éternel honneur du gouvernement de M. […] C’est l’éternelle différence des véritables orateurs, des véritables écrivains avec les virtuoses de la parole et du style. […] Il faut le prendre à son origine, suivre l’histoire de ses significations et de son orthographe, et le montrer dans son état contemporain, non comme quelque chose d’éternel, mais comme un simple accident de l’heure présente.
— Ce sera ce même élément dont on aura ri au temps des prospérités matérielles, ce sera l’idéal, l’idéal impérissable, éternel, qui s’emparera de nouveau des intelligences et leur rendra le courage et la dignité des grandes époques. […] Ton œil comme Satan, a mesuré l’abîme, Et ton âme, y plongeant loin du jour et de Dieu, À dit à l’espérance un éternel adieu ! […] Tout ce passé me criait à l’oreille Ses éternels serments d’un jour. […] Jetez au vent notre amour consumée ; Éternel Dieu ! […] Faust y aperçoit dans un miroir l’image de la beauté féminine, du féminin éternel, comme il l’appelle.
Sa tête était brûlante ; ses forces s’en allaient avec son sang, et il ne voyait devant lui que ce ciel lointain et éternel. […] Robert de la Pave et Maurice du Pas-Devant de Frémeuse, voisins de campagne, se sont juré, à dix ans, une éternelle amitié. […] Elle avait vu : son éternelle amie l’Espérance la prend par la main et l’entraîne en avant pour revoir. […] On eût dit qu’au milieu de ce gouffre grondant On entendait les cris de l’horreur éternelle. […] Quelle que soit la divergence de ces discours, la résignation est au bout avec la croyance en une vie éternelle chez les uns, et la croyance en un éternel repos chez les autres.
À vrai dire, l’équilibre de son budget est devenu son idée fixe, et joindre les deux bouts son éternel problème. […] Elles sont franches, viriles, et respirent cette éternelle jeunesse qui est le privilège des âmes honnêtes. […] Et l’éternel baiser ! […] N’y a-t-il pas là quelque chose qui choque les principes éternels de la vérité et de la justice ? […] Ajoutons qu’il n’est jamais sage, si fort qu’on soit, de se faire des ennemis éternels, or la jeunesse ne meurt pas.
L’amiral sent que la passion de Georges est partagée, que sa présence entre les deux amoureux fera leur éternel malheur ; il s’empoisonne pour que sa chère Smilis soit heureuse. […] C’est alors qu’apparaît l’éternelle tentatrice sous les traits d’une vierge, Sara, qui lui inspire un ardent amour. […] Donc, la tête est tranquille, endormie dans son éternelle immobilité. […] Et, durant six pages, la fureur olympienne du poète s’épanche en larges nappes, raillant, invectivant l’avarice de César, apostrophant le martyr dans sa tombe, et invoquant l’éternelle conscience et l’éternelle justice… Et nous trouvons que ces sublimes discours sont tout de même un peu longs, et que la verve de Victor Hugo était vraiment immodérée en ses colossaux épanchements. […] Éternel laboureur ; moissonneur éternel !
Cette dévotion éloquente, cette invocation au christianisme du sein d’une carrière d’honneurs, de combats politiques ou de plaisirs, cette rêverie sauvage, cette mélancolie éternelle de René se reproduisant au sortir des guirlandes et des pompes, ces cris fréquents de liberté, de jeunesse et d’avenir, dans la même bouche que la magnificence chevaleresque et le rituel antique des rois, c’en était plus qu’il ne fallait pour déconcerter d’honnêtes intelligences qui chercheraient difficilement en elles la solution d’un de ces problèmes, et qui prouveraient volontiers, d’après leur propre exemple, que l’esprit est matière, puisqu’il n’y tient jamais qu’une seule chose à la fois. […] Le jour baisse, les petites bougies sont allumées tout contre les Heures où chacun suit l’office ; on chante le Tantum ergo : « Je voyais, dit-il, les cieux ouverts, les anges offrant notre encens et nos vœux à l’Éternel ; je courbais mon front : il n’était point encore chargé de ces ennuis qui pèsent si horriblement qu’on est tenté de ne plus relever la tête, lorsqu’on l’a inclinée au pied des autels. » Nous avons entendu dire quelquefois à certaines gens, de bonne volonté d’ailleurs, à propos de cette tristesse de plusieurs grands poètes, et de M. de Chateaubriand en particulier : « Qu’a-t-il ?
C’est ton chant qui emporte Borée, Ton chant où mon cri se mêla, Éternelle désespérée, Philoméla ! […] Henry Fouquier Médée est l’œuvre noble d’un poète qui croit que l’étude des passions éternelles transportées dans le monde de la légende, s’exprimant en une belle langue, dramatique et lyrique à la fois, interprétée, et j’ajoute : mise en scène par une tragédienne et une artiste incomparables, peut encore plaire à un public très désorienté et le rallier à une pure œuvre d’art.
Il s’emportait contre ces hommes « qui d’abord pleins de goût pour la vérité frappés ensuite d’aveuglement avaient profané de leur rire audacieux et sacrilège le gage sacré de la vie éternelle. » Rabelais s’en souvint en écrivant son quatrième livre. […] Ce rire éternel de Démocrite est insensé.
Il se borne trop à en changer le vernis et la couleur, et se flatte trop aisément d’être arrivé à la béquille idéale, à la béquille éternelle en méprisant les béquilles à la vieille mode qui ont jadis soutenu ses ancêtres. […] Il n’est pas mauvais que nous nous en apercevions quelquefois et que nous n’ayons point trop la prétention d’ériger en dogme éternel et immortel, nos opinions et nos goûts qui sont toujours affaire de temps, de lieu, de circonstances et qui relèvent même de notre fantaisie.
La nature, dans son insensible solitude, est ténèbres éternelles, et éternel silence208.
Il est Rousseau, il est Lavater, il est Frœbel, le bon Frœbel, comme il dit avec allemanderie, le bon Frœbel, dont il emprunte le système d’éducation pour sa fille, qu’il élève, comme Rousseau élevait son Émile, au sein d’une éternelle prosopopée ! […] Mais, pour ne pas parler des formes politiques que nous avons traversées et pour aller d’un trait et par le plus court à la question terrible, que le doux Michelet, l’ancien professeur de rhétorique, appelle le divorce social et qui est la question éternelle, effroyable, béante et menaçante comme une gueule, de ceux qui n’ont pas contre ceux qui ont, les étudiants de 1847 travaillés par Michelet ont-ils essayé de la résoudre ?
Haïssables autant que jamais, dangereuses comme au premier jour, car la passion, éternelle comme l’homme, s’empare de l’erreur et s’en fait une arme dans la brutalité de ses desseins, elles ne sont plus cependant, ainsi qu’elles l’étaient autrefois, nécessaires de cette nécessité providentielle dont parle l’Évangile quand il dit ces graves paroles citées par saint Augustin : « Il faut qu’il y ait des hérésies (oportet hæreses esse), parce que ce sont les hérésies qui forcent la vérité à des démonstrations nouvelles. » Au contraire, ces filles de l’orgueil semblent avoir terminé le travail de contradiction que Dieu impose quelquefois à l’homme révolté dans l’intérêt de la vérité méconnue. […] L’éternelle division s’en est suivie.
levez les yeux vers la sphère éternelle ; vous dédaignerez les aspects de cette vie menteuse, et tout ce qu’elle craint, et tout ce qu’elle espère. […] Il les imite d’abord ; mais sa foi naïve lui donne sur ce monde des cieux d’autres accents d’une douceur incomparable, et le charme de l’amour divin élève encore l’inspiration même du talent par cette idée des béatitudes célestes qui lui est présente et familière : « Douce et lumineuse contrée, dit-il, prés fleuris que ne brûlent ni la gelée ni le soleil, sol fertile qui produis la consolation éternelle !
Sève éternelle de l’humanité.
Il vous dira qu' il doit gouverner comme la Nature, par des principes invariables & simples, bien organiser l'ensemble, pour que les détails roulent d'eux-mêmes ; qu'il doit, pour bien juger d'un seul ressort, regarder la machine entiere, calculer l'influence de toutes les parties les unes sur les autres & de chacune sur le tout, saisir la multitude des rapports entre les intérêts qui paroissent éloignés ; qu'il doit faire concourir les divisions même à l'harmonie du tout, veiller sans cesse à retrancher la somme des maux qu'entraînent l'embarras de chaque jour, le tourment des affaires, le choc & le contraste éternel de ce qui seroit possible dans la Nature & de ce qui cesse de l'être par les passions *.
Pour combiner la négation non avec l’idée moi (non-moi), ou pour combiner l’adjectif autre avec le substantif moi (autre que moi, différent de moi), il n’est nullement nécessaire de « dépasser son moi », de monter pour ainsi dire au-dessus de soi-même par le moyen d’une « conscience intellectuelle112 », impersonnelle, éternelle, ou d’un « acte de raison pure ».
Pas plus souvent dans les salons qu’ailleurs vous ne trouvez la supériorité réelle, et y régnant en vertu de son droit éternel.
La princesse Oghérof, en dehors de ces détails russes dont Mme Henry Gréville aime à poudrer le fond de ses romans, est une histoire d’amour qui serait vulgaire sans le renoncement des deux amoureux, l’un à l’autre, et par là, l’échappement à l’adultère, — l’éternel adultère de tous les romans contemporains !
La vaincue dans ce duel, qui n’était pas plus du temps d’alors que tout le reste, eût été sacrilège et eût risqué sa vie éternelle.
Ils n’auront pas à le ramasser… Nous lui devrons, pour dédommagement des malheurs et des hontes dont il n’a pas su nous préserver, sinon de nous faire rentrer, par le clair spectacle de son impuissance, dans notre tradition historique, — car l’Histoire a de ces interruptions qui, comme les arcades rompues du Colysée, doivent rester béantes pour l’éternité, — au moins de nous replacer dans notre tempérament, dans notre vérité de peuple sentant et pensant… Le gouvernement du bavardage éternel, du sophisme, de la subtilité, de la chicane, de l’intrigaillerie de couloir, nous aura réappris le gouvernement de l’action, rapide et droite, qui fut notre génie !
L’artiste de l’esprit et de la main s’était vingt fois, cent fois, attesté dans cette revue, dont le caractère est l’universalité des notions dans la perfection du détail ; mais pour l’architecture, pour celui qui jette la pierre ou le marbre dans les airs et l’y fait rester, à l’étonnement et à l’admiration éternelle des hommes l’artiste pratique, l’artiste réalisateur, n’avait pas encore répondu à ceux-là qui, sans idées générales dans la tête, reprochaient presque à Daly les fortes spéculations de sa pensée.
s’ils étaient de meilleure humeur et si on ne trouvait pas, traînant le long de ces Variétés singulières, le sentiment du regret le plus inattendu, qui les fait ressembler à une jérémiade éternelle !
Seulement, il fallait trouver une autre personnalité pour opposer à l’idéalisme dépassé, et ça été le posivitisme, qui n’est que la forme, maintenant à la mode, du matérialisme éternel.