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1085. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 15, observations concernant la maniere dont les pieces dramatiques étoient représentées sur le théatre des anciens. De la passion que les grecs et les romains avoient pour le théatre, et de l’étude que les acteurs faisoient de leur art et des récompenses qui leur étoient données » pp. 248-264

On sçait les dépenses immenses des romains pour élever des théatres, des amphithéatres et des cirques, même dans les villes des provinces.

1086. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Louis Wihl »

Errant en Europe, venu en France, il se mêla un peu au journalisme, qui nous prend tous et qui nous dévore ; mais il retira son pied de ce gouffre, et dans la solitude d’une ville de province, où il donne noblement des leçons pour vivre, il put, quelques années après Les Hirondelles (1860), ces oiseaux bleus, publier son Pays bleu (1865), — une œuvre de tout autre aspect de génie, et qui, après le Juif, nous donnait l’Allemand.

1087. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XIII. Éloges donnés aux empereurs, depuis Auguste jusqu’à Trajan. »

Cet Espagnol, qui vint de bonne heure à Rome pour y faire des vers, médire et flatter, et qui y eut tout le succès qu’un esprit fin et piquant peut avoir dans une grande ville, où il y a de l’oisiveté, des arts et des vices, nous a laissé près de quatre-vingts petites pièces ou épigrammes, faites en l’honneur de Domitien.

1088. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XIV. Panégyrique de Trajan, par Pline le jeune. »

« En détruisant les délateurs, votre sage sévérité a empêché qu’une ville fondée sur les lois, ne fût renversée par les lois32.

1089. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XVIII. Siècle de Constantin. Panégyrique de ce prince. »

Il ne faut donc pas s’étonner si en Italie, dans la Grèce, dans les Gaules, en Asie, dans les villes, dans les camps, partout les panégyriques le poursuivaient ; à chaque succès, à chaque pas, il était puni d’une victoire par un éloge.

1090. (1824) Épître aux muses sur les romantiques

Irai-je démentir et la cour et la ville, Traiter tout un public de dupe et d’imbécile ?

1091. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XVII. »

J’imagine donc que, pendant ces fêtes de Vénus où Pline le Naturaliste commençait à deux heures de nuit sa journée de travail, les temples, les bois sacrés des villes d’Italie, retentirent souvent de quelques strophes de l’hymne qui nous est parvenu, sans doute altéré par le temps, et moins peut-être par l’imagination de la foule que par le savoir prétentieux de quelque lettré : « Qu’il aime demain, celui qui n’a jamais aimé !

1092. (1841) Discours aux philosophes. De la situation actuelle de l’esprit humain pp. 6-57

Napoléon, à son tour, parcourant rapidement les phases de l’histoire, finit par prendre modèle sur le Moyen-Âge et sur Charlemagne ; et, accomplissant au dehors son œuvre de conquérant et de civilisateur, il garda la France militairement, comme on garde une ville en état de siège. […] Mais si vous leur dites que la société actuelle est détruite, ils ne vous comprendront pas, et se riront de vous, parce qu’ils voient de tous côtés des champs cultivés, des maisons et des villes remplies d’hommes. […] Ce n’est pas quand tombent les murailles, quand les maisons s’écroulent, quand la désolation est dans les villes, quand les habitants se livrent aux dernières convulsions de la ruine des empires, non, ce n’est pas alors que la mort vient pour les sociétés ; lorsque cela arrive, les sociétés sont déjà mortes. […] La ville des morts ressemble à la ville des vivants.

1093. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE STAEL » pp. 81-164

Mais ces villes de province offraient peu de ressources à un esprit si actif, si jaloux de l’accent et des paroles de la pure Athènes. […] En renvoyant les épreuves du livre, elle devait répéter souvent, comme Ovide : « Va, mon livre, heureux livre, qui iras à la ville sans moi !  […] Corinne est bien l’image de l’indépendance souveraine du génie, même au temps de l’oppression la plus entière, Corinne qui se fait couronner à Rome, dans ce Capitole de la Ville éternelle, où le conquérant qui l’exile ne mettra pas le pied. […] il en est d’elles comme de Rome, c’est tout ou rien : on vit avec, ou on ne comprend pas. » Corinne n’est qu’une variété imposante dans ce culte romain, dans cette façon de sentir à des époques et avec des âmes diverses la Ville éternelle. […] le monde vieillit, les nuits se font obscures…, Et nous venus si tard, et pour tout voir finir, Nous, rêveurs d’un moment, qui voulons des asiles Sans plus nous émouvoir des spectacles amers, Dans la Ville éternelle il nous siérait, tranquilles, Au bout de son déclin, d’attendre l’Univers.

1094. (1923) L’art du théâtre pp. 5-212

À cheval sur la cour et sur la ville, il garde par ses farces et même par ses comédies de caractère le contact avec le grand nombre : il prend sa servante à témoin. […] La forêt, la ville et la mer n’y seront jamais que de la toile peinte. […] À ce compte, il sera permis d’évoquer la plaine et la mer, la montagne et la ville, et même le ciel et l’enfer comme dans les mystères du Moyen-Âge, sans les représenter. […] De la Ville à l’Otage on peut suivre aisément le mouvement ascensionnel du dramaturge qui, surmontant peu à peu son lyrisme, sans cependant y renoncer, cessant de le subir pour s’en nourrir, met enfin le pied sur la scène, y réclame accès, s’y implante ? […] Les Copiaux — c’était leur nom — allaient de bourg en ville, de village en hameau, à travers la province et les provinces limitrophes : on les vit même à l’étranger, en Suisse et en Belgique.

1095. (1910) Muses d’aujourd’hui. Essai de physiologie poétique

Ce qui constitue la tristesse sentimentale, c’est l’obstination à ne vouloir pas oublier, c’est-à-dire à vouloir immobiliser sa vie : Le passé vit en moi ce soir, ce trop chaud soir Où je songe accoudée au-dessus de la ville, Mon cœur las n’ayant plus la force de vouloir, De désirer, d’aller vers les champs plus tranquilles. […] et le rêve du poète le cherche dans toutes les villes du monde, dans tous les rêves de son imagination, dans l’histoire et dans le passé. […] Tu ne la connais pas L’idée de départ se précise : Nous sommes excédés des villes infertiles : Partons vers un pays follement vierge et vert. […] Ce vaisseau, elle l’attend toujours ; parfois même sa maison lui paraît un vaisseau dans le port : Notre maison est un grand vaisseau dont la proue Se tourne vers la Ville éparse à l’horizon. […] « … Il est difficile de vivre dans les villes : ceux qui y sont en rut y sont trop nombreux.

1096. (1868) Curiosités esthétiques « II. Salon de 1846 » pp. 77-198

En effet, c’est bien là la peinture qui convient à cette ville de comptoirs, ville bigote et méticuleuse, où tout, jusqu’à la religion, doit avoir la netteté calligraphique d’un registre. […] Voici encore quelques exemples de tableaux de sentiment : l’Amour à la campagne, bonheur, calme, repos, et l’Amour à la ville, cris, désordre, chaises et livres renversés : c’est une métaphysique à la portée des simples. […] Saint-Jean, qui fait, dit-on, les délices et la gloire de la ville de Lyon, n’obtiendra jamais qu’un médiocre succès dans un pays de peintres. […] Des écoles et des ouvriers Avez-vous éprouvé, vous tous que la curiosité du flâneur a souvent fourrés dans une émeute, la même joie que moi à voir un gardien du sommeil public, — sergent de ville ou municipal, la véritable armée, — crosser un républicain ? […] Le spectacle de la vie élégante et des milliers d’existences flottantes qui circulent dans les souterrains d’une grande ville, — criminels et filles entretenues, — la Gazette des Tribunaux et le Moniteur nous prouvent que nous n’avons qu’à ouvrir les yeux pour connaître notre héroïsme.

1097. (1803) Littérature et critique pp. 133-288

On combat aujourd’hui avec la foudre pour la prise de quelques villes ; on combattait autrefois avec l’épée pour détruire et fonder des royaumes. […] Les discordes civiles et la peste avaient ravagé la ville d’Athènes : Épiménide la purifia par des sacrifices expiatoires, et ce ne fut qu’après la célébration des fêtes ordonnées, que le peuple respecta les lois de Solon. […] Il suit les solennités religieuses dans la ville et dans les champs, dans les cathédrales fameuses et dans l’église rustique, sur les tombes de marbre qui remplissent Westminster ou Saint-Denis, et sur le gazon qui couvre les sépultures du hameau. […] Alors, dans les cercles de la ville et parmi les intrigues de la cour, dans le sénat et dans l’armée, on agitait les mêmes questions que dans l’Église. […] L’envie le suivait de ville en ville, et de climat en climat.

1098. (1925) Promenades philosophiques. Troisième série

Dans les grandes villes, la vraie saison des amours est peut-être l’hiver ; mais les grandes villes ne sont presque plus dans la nature. […] De Singapour, la ville étrange dont un jeune écrivain, M.  […] Venu à la ville, il essaya de s’instruire un peu et n’y parvint que très difficilement. […] Les hommes des grandes villes, surexcités par le discord des bruits et des couleurs, ne retrouvent un peu de calme qu’au milieu des bois et des prairies et sur le bord de la mer, qui est verte, quand elle n’est point bleue. […] Ce paradis ressemble trop à une ville conquise, où les vainqueurs s’égaient avec les captives.

1099. (1782) Essai sur les règnes de Claude et de Néron et sur la vie et les écrits de Sénèque pour servir d’introduction à la lecture de ce philosophe (1778-1782) « Essai, sur les règnes, de Claude et de Néron. Livre second » pp. 200-409

C’est moi qui décide quelles nations seront anéanties ou transférées, affranchies ou réduites en servitude ; quels souverains seront faits esclaves, quels fronts seront ceints du bandeau royal ; quelles villes on détruira, quelles autres s’élèveront sur leurs ruines. […] Alexandre fait don d’une ville à un simple particulier, qui refuse un présent qui lui semble trop important pour lui : « Je n’examine pas ce qu’il te convient de recevoir, mais ce qu’il me convient de donner… » Sénèque ajoute : « Le mot est d’un fou… » Ce n’est point le mot d’un fou, c’est celui d’un souverain généreux et grand : qu’est-ce qu’une ville pour le maître du monde ? […] Je frémis lorsque j’entends un de ces citoyens, blasé sur les plaisirs, las des voluptés de la Campanie, du silence et des forêts du Brutium, des superbes édifices de Tarente, se dire à lui-même : « Je m’ennuie ; retournons à la ville : je me sens le besoin de voir couler du sang. » Et ce mot est celui d’un efféminé ! […] Il ignorait qu’Horace avait fait la Fable du Rat de ville et du Rat des champs, et plusieurs autres ! […] Je lis dans une annonce de Berlin : « On a célébré aujourd’hui, à neuf heures et demie du matin, en l’église catholique de cette ville, avec toute là pompe convenable, un service solennel pour l’âme de Voltaire.

1100. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « M. Ampère »

Après la prise de la ville, on lui fit un crime d’avoir conservé ses fonctions ; on le traduisit au tribunal révolutionnaire et on le guillotina. […] J’ai remonté la Ressouse dans les prés, et, en continuant toujours d’en côtoyer le bord, je suis arrivé à vingt pas d’un bois charmant, que je voyais dans le lointain à une demi-lieue de la ville et que j’avais bien envie de parcourir. […] Je sais, mon pauvre et cher ami, tout ce que vous pouvez me répondre ; je sais qu’un second mariage dans cette ville vous répugnerait ; mais, de bonne foi, cette répugnance n’est-elle pas un enfantillage ?

1101. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIe entretien. Socrate et Platon. Philosophie grecque (1re partie) » pp. 145-224

… » Examinant ensuite si l’amende ou l’exil serait une peine plus douce ou plus convenable pour lui : « Ce serait, dit-il, une belle existence pour moi, vieux comme je suis, de quitter mon pays, d’aller errant de ville en ville, et de vivre de la vie d’un proscrit !  […] XVIII Ce dialogue a lieu entre Échécratès et Phédon, deux amis de Socrate ; ils se rencontrent à Phliunte, ville de Sycionie, quelque temps après la mort de leur maître.

1102. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre neuvième »

Du couvent, il l’a placée dans une maison hors de la ville, où elle vit enfermée, sous la garde de deux domestiques aussi simples qu’elle. […] Génie inépuisable, il a fait la part de tout le monde avec une libéralité sans exemple, écrivant pour la cour et la ville, pour les gens capables de tirer profit des plaisirs du théâtre comme pour ceux qui ne veulent que s’y divertir : composant les bouffonneries pour la foule, les chefs-d’œuvre pour les lettrés sévères et pour les hommes de génie, ses égaux ; défrayant de ses pièces le présent et l’avenir, la France et le monde ; le plus grand nom de notre théâtre par la fécondité et par cette plénitude de génie propre à lui seul, qui fut sans commencement et sans déclin, et qui anima de la même vie les premiers croquis où il s’essayait dans son art, et les immortels tableaux où il en atteignit la perfection. […] Tonte une ville entière, avec pompe bâtie, Semble d’un vieux fossé par miracle sortie.

1103. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 mai 1885. »

La tradition d’un Wagner délirant et possédé, d’abord en tous lieux reçue, ne demeura plus, bientôt, que dans quelques petites villes et dans des cercles spéciaux, où elle vit. […] Des auditions plus variées, plus fréquentes, de fragments Wagnériens, quelques correspondances « transrhénanes » (des échos de Représentations Solennelles dans la ville de Bayreuth, de Cycles Wagnériens à Munich, à Vienne, à Berlin) découvrirent, ensuite, un génie musical, acceptable… Des insultes de Wagner à la France, on sut ce qu’il fallait penser : et, quant à cette fameuse haine contre la France, nul n’en trouva la marque, ni dans les livres, ni dans les lettres, ni dans les paroles de Richard Wagner ; Richard Wagner avait combattu, dans ses écrits, l’influence de l’esprit français ; mais c’était là tout une autre affaire ; et quiconque avait lu ses lettres et ses livres, quiconque l’avait entendu causer, rapportait aux Parisiens ébahis, que Wagner aimait la France, et Paris, et ses vieux souvenirs de 1842, et ceux, aussi, de 1860, ses amis Français, les compagnies qu’il avait traversées, les rues, les maisons même, où s’était traînée sa misère ; et l’on connut, dans le cœur du rude Ennemi, de délicieuses tendresses, pour le pays qui l’avait bafoué. […] Les distractions d’une grande ville voluptueuse devaient, à peine, attirer Beethoven comme elles eussent amusé un enfant : trop violentes étaient ses impulsions naturelles, sa volonté trop énergique, pour se pouvoir rassasier dans ces occupations superficielles et changeantes.

1104. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1884 » pp. 286-347

Et il rappelait dans sa vie, une certaine soirée où il aimait, une soirée, où Paris lui était apparu comme une ville transfigurée… une ville blanche, sans prostitution aux coins des rues… Et il avait senti le besoin d’aller raconter son impression à Coquelin l’aîné, en train de quitter dans sa loge le costume de Mascarille, et qui lui avait dit : « Tu es saoul !  […] Et pensez à ce voyage avec cette enfant mourante sur nos genoux, et mon père et ma mère n’osant s’arrêter dans un des villages ou une des petites villes, que nous traversions, dans la crainte de ne pas trouver un médecin qui sût la soigner.

1105. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1886 » pp. 101-162

Samedi 14 août À Saint-Gratien, ce soir, au billard, le commandant Riffaut parlait de la campagne de 1870, d’une sortie désespérée qu’ils avaient tentée, au nombre de 2 500, de Balan, et de leur refoulement dans la petite ville, — lui faisant le coup de feu comme un simple soldat, et de si près, qu’il entendait les injures des officiers bavarois, frappant leurs soldats de coups de plat de sabre, et cela aux côtés de son chef de bataillon, ramené les reins cassés dans une brouette, au milieu de la plus épouvantable grêle d’obus, dont l’un ouvrait le ventre du général Guyot de Lesparre. Et il nous fait un terrible tableau de cette petite ville, engorgée de troupes, où le bombardement tuait du monde à droite, à gauche, de tous côtés, et où les maisons s’emplissaient de mourants et de pillards. […] Une insurrection salissante de la haute domesticité, qu’il avait fallu réduire par un bataillon de sergents de ville.

1106. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « Gustave Flaubert. Étude analytique » pp. 2-68

Tout ce qui forme le contentement de la classe moyenne, les gros déjeuners de garçons, les séances au café, les parties fines pour des villageois dans la ville proche, la maîtresse chichement entretenue, les cadeaux que M.  […] Avant d’avoir écrit un paragraphe de ses œuvres épiques ou lyriques, il connaissait d’un Carthaginois, l’habillement, l’armure, la demeure, le luxe, la nourriture ; ses fêtes, ses rites, sa politique, les institutions de sa ville, les alliances, les peuplades ennemies, les hasards de son histoire et la légende de son origine. […] Sous les platanes, dans un jardin diapré de lis et de roses, les mercenaires célébrant leur festin ; la lente apparition de Salammbô descendue les apaiser, à la fois peureuse et divine, l’expédition nocturne de Mathô et Spendius dans le temple de Tanit, l’horreur de ces voûtes et le charme du passage du chef par la chambre alanguie où Salammbô dort entre la délicatesse des choses ; le retour d’Hamilcar, son recueillement dans la maison du Suffète-de-la-Mer ; Salammbô partant racheter de son corps le voile de la déesse, son accoutrement d’idole et ses râles mesurés, quand le chef des barbares rompt la chaînette de ses pieds ; puis le siège énorme de Carthage, la foule des peuplades accourues, l’écrasement des cadavres, l’horreur des blessures, et sur ce carnage rouge, l’implacable resplendissement de Moloch ; l’agonie de toute une ville, puis par un revers l’agonie de toute une armée, les dernières batailles, et, entre celles-ci, l’entrevue si curieusement mièvre et grave, où Salammbô voilée et parlant à peine reçoit le prince son fiancé en un jardin peu fleuri que passent des biches traînant à leurs sabots pointus, des plumes de paons éparses ; enfin le supplice de Mathô et les joies nuptiales, mêlant des chocs de verres et des odeurs de mets au déchirement d’un homme par un peuple, jusqu’à ce qu’aux yeux de Salammbô défaillante en l’agitation secrète de ses sens, Schahabarim arraché au supplicié son cœur et le tende tout rouge au rouge soleil, final tonnant dans lequel se mêlent le beau, l’horrible, le mystérieux et l’effréné en un suprême éclat.

1107. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Robert » pp. 222-249

Dans les villes où une partie des hommes sont sacrifiés à pourvoir aux besoins des autres, l’énergie qui reste à ceux-ci se jette sur différents objets ; je cours après une idée, parce qu’un misérable court après un lièvre pour moi. […] C’est qu’en Savoie, où toute imposition est assise sur les fonds, la population est telle que tout le pays ne semble qu’une grande ville. […] De ce lieu jusqu’aux habitations des villes, jusqu’aux demeures du tumulte, au séjour de l’intérêt, des passions, des vices, des crimes, des préjugés, des erreurs, il y a loin.

1108. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Froissart. — II. (Fin.) » pp. 98-121

L’émulation a gagné ses compatriotes, jusque dans son lieu natal : la ville de Valenciennes sa patrie a décidé, il y a quelques mois, qu’il lui serait élevé une statue, et elle a confié le soin de l’exécution à un habile artiste né dans les mêmes contrées, M.  […] J’ai vu le modèle qui n’attend plus que le marbre : Froissart encore jeune, et à cet âge où le poète en lui pouvait plaire, y est représenté assis, non plus en quête et questionnant, mais tel qu’il devait être, lorsque, rentré dans sa ville natale, il recueillait ses souvenirs et les couchait par écrit pendant des heures de méditation légère29.

1109. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Charles-Victor de Bonstetten. Étude biographique et littéraire, par M. Aimé Steinlen. — III » pp. 455-479

Cet asile propice, que la ville éternelle n’a cessé d’offrir depuis trois siècles aux fervents artistes, voués à leur œuvre dans un religieux silence, il en savait le prix et en jouissait à sa manière pour promener sa curiosité. […] Quand la Révolution de Juillet éclata, Bonstetten, âgé de quatre-vingt-deux ans, venait de rentrer en ville ; les nouvelles, d’abord confuses et contradictoires, qui arrivaient de, Paris par toute espèce de sources, ne trouvèrent personne qui fût plus avide de les accueillir plus empressé à les colporter, plus ému quand elles commencèrent à devenir décisives, plus triomphant quand la conclusion en fut proclamée, — personne qui fût tout cela plus que Bonstetten, à moins toutefois que ce ne fût Sismondi.

1110. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Journal et Mémoires, de Mathieu Marais, publiés, par M. De Lescure »

Une difficulté surtout l’arrête : il ne parvient point à savoir les choses assez à son gré ; il n’est pas homme à se contenter des bruits de ville, comme l’avocat Barbier, il voudrait mieux et pouvoir remonter à la source ; mais il n’est pas dans le secret des affaires ni aux premières loges. […] » Le pauvre battu se montre le plus qu’il peut à la Cour, à la ville, mais personne ne le plaint, et ceux qu’il croyait ses amis lui ont tourné le dos.

1111. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Appendice. Discours sur les prix de vertu »

ces misères amoncelées et croupissantes, ces horreurs, ces laideurs, ces six étages à monter dans les villes, ces pailles infectes et ces fumiers à remuer dans les campagnes… ; qu’il suffise de dire que la maîtresse (comme on l’appelle à Beaumont) exerce la charité dans tout ce qu’elle a de pénible, de repoussant, d’odieux pour les sens, de contagieux et de dangereux pour la santé : elle panse, elle lave les plaies, elle ensevelit ceux dont on s’éloignait par effroi. […] De la commune rurale nous passons à la grande ville.

1112. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

Devrez, architecte, élevé par la ville de Douai. […] L’irritation patriotique contre notre nation que l’on confondait avec son gouvernement était extrême : c’était un mauvais signe, en arrivant dans une ville, que d’être Français.

1113. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Béranger — Béranger en 1832 »

Dans son enthousiasme pour Jean-Jacques, ce représentant imagina un institut d’enfants d’après les maximes du citoyen-philosophe : plusieurs villes de France en créaient alors de semblables. […] Sa conversation est prompte, discursive, abondante, également nourrie sur tous les sujets, initiée aux mœurs des métiers différents, suppléant au manque de voyages par la pratique assidue de la grande ville ; on y reçoit mille traits qui pénètrent avant et se retiennent.

1114. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « PENSÉES FRAGMENTS ET LETTRES DE BLAISE PASCAL, Publiés pour la première fois conformément aux manuscrits, par M. Prosper Faugère. (1844). » pp. 193-224

Bellaigue de Rabanesse, autrefois juge au présidial de cette ville, et d’une famille anciennement alliée à celle de Pascal. […] Faugère apprivoisa tout d’abord le vénérable octogénaire qui put s’étonner sans doute que, dans ce monde si lointain et si renouvelé, on sût si bien les choses d’autrefois, et qui crut reconnaître le doigt de Dieu : « Il me semblait, disait-il, que j’attendais quelque chose. » Il vint exprès à la ville (grand voyage qu’il n’avait fait de longtemps !)

1115. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Racine — I »

Le voilà donc pendant tout l’hiver de 1661, le printemps et l’été de 1662, à Uzès ; tout en noir de la tête aux pieds ; lisant saint Thomas pour complaire au bon chanoine, et l’Arioste ou Euripide pour se consoler ; fort caressé de tous les maîtres d’école et de tous les curés des environs, à cause de son oncle, et consulté par tous les poëtes et les amoureux de province sur leurs vers, à cause de sa petite renommée parisienne et de son ode célèbre sur la Paix ; d’ailleurs sortant peu, s’ennuyant beaucoup dans une ville dont tous les habitants lui semblaient durs et intéressés comme des baillis ; se comparant à Ovide au bord du Pont-Euxin, et ne craignant rien tant que d’altérer et de corrompre dans le patois du Midi cet excellent et vrai français, cette pure fleur de froment dont on se nourrit devers la Ferté-Milon, Château-Thierry et Reims. […] Néanmoins je ne demeurai pas, et elle me répondit d’un air fort doux et fort obligeant ; et, pour vous dire la vérité, il faut que je l’aie prise dans quelque mauvais jour, car elle passe pour fort belle dans la ville, et je connois beaucoup de jeunes gens qui soupirent pour elle du fond de leur cœur.

1116. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Ferdinand Fabre  »

Ferdinand Fabre quelque chose de très particulier : ses personnages, qui sont des prêtres ou des paysans primitifs ; le théâtre de l’action, un âpre canton des Cévennes, une petite ville ecclésiastique à deux cents lieues d’ici ; sa manière enfin, qui rappelle celle de Balzac et dont s’est déshabitué le roman contemporain. […] Non seulement les lecteurs des feuilles radicales, mais même leurs rédacteurs, non seulement les neuf dixièmes des ouvriers des villes, mais beaucoup de bourgeois et de lettrés sont intimement convaincus que le plus grand nombre des prêtres manquent à leur vœu de chasteté et détournent les femmes au confessionnal, et que d’ailleurs ils ne croient guère à la religion dont ils sont les ministres.

1117. (1894) Propos de littérature « Chapitre V » pp. 111-140

Il a des images de la campagne plutôt que l’âme populaire, laquelle est d’ailleurs de la ville aussi bien que du village ; il fait songer à un promeneur qui regarde et s’étonne mais demeure étranger au paysage. […] Pour elle il eût donné d’imaginaires et magiques tournois ; chaque trouée du taillis aurait connu l’or des armures et dans les fabuleux territoires du Songe des villes eussent été conquises, des peuples de géants domptés ; maintes merveilles somptueuses, maintes prouesses d’héroïsme comme en une haute-lisse assemblées en leurs images, seraient devenues un tapis idéal pour les pieds de la Fiancée et cela, combats, trésors, gloires et joies, eût formé le poème de son âme tout entière, — pur, vaste et noble drame, mélancolique comme l’attente, mystérieux comme la forêt, riche autant que les splendeurs songées, mais triste surtout et résigné, parce qu’Elle n’était point là et ne devait jamais venir.

1118. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « André Chénier, homme politique. » pp. 144-169

Une autre de ses indignations et de ses colères, qui l’engagea dans sa polémique la plus grave, et qui causa finalement sa perte par l’offense mortelle qu’il fit à Collot d’Herbois, est celle que lui causa la fête triomphale décernée (ou tolérée) par la Ville de Paris, en l’honneur des Suisses de Châteauvieux. […] Merruau, secrétaire général de la préfecture de la Seine ; c’est le procès-verbal de l’arrestation d’André Chénier, c’est son interrogatoire qui se trouve aux Archives de la ville de Paris.

1119. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Études sur Saint-Just, par M. Édouard Fleury. (2 vol. — Didier, 1851.) » pp. 334-358

Il naquit à Decize, petite ville du Nivernais, le 25 août 1769, ce qui le fait mourir (28 juillet 1794) à moins de vingt-cinq ans accomplis. Peu après sa naissance, sa famille quitta le Nivernais, et vint habiter la Picardie et la petite ville de Blérancourt.

1120. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre x »

Le jeune Antoine Boisson, né d’une famille de soldats, à Lure, dans une de ces petites villes de l’Est pleines de vertus militaires, quitte le lycée pour s’engager au premier temps de la guerre. […] Léo Latil quitte sa ville natale d’Aix-en-Provence où, près des siens, il a préparé sa licence en philosophie, sous la direction de Maurice Blondel, l’auteur insigne de l’Action.‌

1121. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Deuxième partie — Chapitre III. La complication des sociétés »

À l’origine de l’époque moderne les grands courants commerciaux, qui passent par les villes de l’Italie et du Rhin, fraient la voie à l’émancipation des hommes181. Le « droit du marché » ne voulait connaître aucune différence de naissance, et c’est peut-être parce que le droit urbain est sorti de ce droit commercial qu’on a pu dire, de l’air des villes, qu’il rendait tous les hommes également libres : « Städtische Luft macht frei182. » D’ailleurs, il n’est pas nécessaire, pour que l’entrecroisement des sociétés aide au succès de l’idée de l’égalité, que l’une ou l’autre des sociétés entrecroisées soit hostile à toute espèce de hiérarchie ; il suffit que les hiérarchies qu’elles acceptent diffèrent, qu’on ne les voie pas toujours parallèles et de même sens, mais que l’une, parfois, renverse l’ordre de l’autre.

1122. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre VI. De la politique poétique » pp. 186-220

Sparte, la ville héroïque de la Grèce, eut son Manlius dans le roi Agis ; Rome, la ville héroïque du monde, eut son Agis dans la personne de Manlius : Agis entreprit de soulager le pauvre peuple de Lacédémone, et fut étranglé par les éphores ; Manlius, soupçonné à Rome du même dessein, fut précipité de la roche Tarpéienne.

1123. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre III. »

Ceux qui t’avaient vu se pencheront vers toi, te regarderont de haut : Est-ce là cet homme qui troublait la terre et secouait les empires, qui rendait le globe désert, qui détruisit les villes et n’ouvrit pas à ses captifs la porte de leur prison ?  […] Ils ne se relèveront pas ; ils n’auront pas la terre en héritage ; ils ne couvriront pas de villes la surface du monde.

1124. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Histoire de la querelle des anciens et des modernes par M. Hippolyte Rigault — I » pp. 143-149

Elle le lui fut dans une première circonstance assez singulière : élu chanoine de Chaumont à vingt-trois ans, en 1706, il eut un compétiteur, le sieur Denys, qui le voulut évincer, même après l’élection, soutenant que la ville avait fait choix en lui d’un sujet indigne et incapable.

1125. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Troisième partie. Disposition — Chapitre II. Utilité de l’ordre. — Rapport de l’ordre et de l’originalité »

Cette unité de dessein fait qu’on voit d’un seul coup d’œil l’ouvrage entier, comme on voit de la place publique d’une ville toutes les rues et toutes les portes, quand toutes les rues sont droites, égales et en symétrie.

1126. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Guy de Maupassant »

Maupassant vint me voir, accompagné de Harry Alis (l’auteur de Petite ville et de ces fines et originales études : Quelques fous).

1127. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre V. Des trois ordres de causes qui peuvent agir sur un auteur » pp. 69-75

Les impressions éprouvées ne sont plus les mêmes, si l’on a eu pour séjour la ville ou la campagne, la montagne ou la plaine, le voisinage d’un volcan ou d’un marais, un terroir fertile ou une lande aride, un vignoble ou des prairies.

1128. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre III. Soubrettes et bonnes à tout faire »

Voici Le Bon Plaisir, mesdames : Louis XIV traversant une ville au milieu de son escorte aperçoit à une fenêtre une jeune femme qui lui plaît.

1129. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Corneille, et le cardinal de Richelieu. » pp. 237-252

La cour & la ville ne se lassoient point de la voir représenter.

1130. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Première Partie. Des Langues Françoise et Latine. — L’orthographe, et la prononciation. » pp. 110-124

Un cas, disent-ils, où il seroit ridicule de changer la manière usitée d’écrire, c’est lorsque des mots, ayant un même son, ont pourtant une signification opposée, comme poids, poix & pois, ville, & vile, qui sont toutes choses différentes.

1131. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre V. Harmonies de la religion chrétienne avec les scènes de la nature et les passions du cœur humain. — Chapitre II. Harmonies physiques. — Suite des Monuments religieux ; Couvents maronites, coptes, etc. »

Toutefois quand le temps, qui détrompe sans cesse, Pour moi des passions détruira les erreurs, Et leurs plaisirs trop courts souvent mêlés de pleurs, Quand mon cœur nourrira quelque peine secrète, Dans ces moments plus doux, et si chers au poète, Où, fatigué du monde, il veut, libre du moins, Et jouir de lui-même, et rêver sans témoins, Alors je reviendrai, solitude tranquille, Oublier dans ton sein les ennuis de la ville, Et retrouver encor, sous ces lambris déserts Les mêmes sentiments retracés dans ces vers.

1132. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre XI. Troisième partie. Conséquences de l’émancipation de la pensée dans la sphère des idées politiques. » pp. 350-362

D’un autre côté, les grandes vertus et les grands talents appartiennent au monde : ainsi on ne doit plus que plaindre cette ostentation malheureuse de sept villes de la Grèce qui se disputèrent la naissance d’Homère, au lieu de s’être disputé le soin de nourrir le merveilleux vieillard.

1133. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Le marquis de Grignan »

ils devenaient mestres de camp, brigadiers, généraux, illustrés finalement d’un coup de canon qui les coupait en deux, s’ils ne mouraient pas comme lui, ce pauvre Grignan, obscurément et bêtement de la petite vérole dans quelque ville de garnison !

1134. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « La Bruyère » pp. 111-122

C’était un homme probe et cultivé, de naissance médiocre, mais de mœurs élevées, placé par la fortune de son génie en dehors de toutes les prétentions et de toutes les passions de son temps, ayant le pied, — un pied digne du talon rouge, — et l’œil, — un œil capable de tout embrasser, — dans les deux sociétés qu’on nommait alors la cour et la ville, et que sa vocation était d’observer et de reproduire.

1135. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Lessing »

Aussi fut-ce pour l’améliorer — si l’on peut dire améliorer pour dire : faire quelque chose de rien, — que quelques esprits littéraires entreprirent de fonder un théâtre à Hambourg, — à Hambourg, précisément la ville où, plus tard, on se mettait à trois pour comprendre un mot de Rivarol !

1136. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Roger de Beauvoir »

Tout le monde la sait dans cette ville de cristal sonore à travers lequel on voit et l’on entend et qui s’appelle Paris.

1137. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « J.-J. Ampère ; A. Regnault ; Édouard Salvador »

« Oui, — dit-il en régentant le Bas-bleu voyageur et irrespectueux, — on tue et on sale beaucoup de porcs à Cincinnati, et c’est pour cela qu’au bout d’un demi-siècle il y a au bord de l’Ohio, au lieu de sauvages qui scalpaient les navigateurs, une ville de cent mille âmes, des églises, des écoles, des théâtres, et même un observatoire ! 

1138. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XIX. »

» Consacré prêtre en Espagne, revenu en Italie pour se rapprocher de quelques amis, en commerce avec saint Jérôme et Augustin, Paulin passa seize années aux portes de la ville de Noie, dans une petite métairie, près du tombeau de l’ancien évêque saint Félix.

1139. (1888) Impressions de théâtre. Première série

Il a massacré les parents d’Andromaque et incendié sa ville. […] Depuis les chemins de fer, il va faire la noce en ville. […] Vous vous rappelez que le Gascon Montaigne aimait la grande ville jusque dans ses verrues. […] Or, à Montauban, il ne peut bouger sans que toute la ville braque les yeux sur lui. […] On lui dit que Nikita est allé à la ville pour toucher de l’argent.

1140. (1889) Ægri somnia : pensées et caractères

Quintius sort, il erre dans la ville comme en quête de lui-même. […] Quand j’entre dans un salon, il me semble entrer au milieu de masques, seul en habit de ville. […] Ainsi causant de leurs amours et de leurs études, ils arrivaient à la ville où l’on dînait, et où les attendait une abondante table d’hôte. […] La diligence s’arrêtait d’ordinaire au cœur des villes, sur la grand’place, à proximité de quelque édifice historique. […] On ne connaît des villes que les maisons d’ouvriers, les auberges et les cabarets récemment bâtis dans le voisinage des gares.

1141. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome I

Geoffroy supporta longtemps avec patience une position si peu digne de lui : il se plaisait même au milieu de ses petits élèves ; et quoique les mœurs des campagnards qui avoisinent Paris se ressentent un peu des désordres de la grande ville, et soient fort éloignées de la simplicité que l’on suppose aux gens de village, il se trouvait heureux de vivre au milieu de ces demi-rustiques, qui n’avaient au moins que la moitié des vices de leur époque, et d’être séparé de ces hommes de parti qui régnaient tour à tour dans la capitale, et se déchiraient entre eux. […] La cour et la ville se soulevèrent en faveur de cette tragédie, le premier des chefs-d’œuvre de Corneille et de notre scène tragique. […] Légions, flottes, provinces, tout était étroitement lié dans le même système : justice envers les citoyens, modération à l’égard des alliés ; la ville elle-même embellie et magnifiquement décorée ; très peu d’actes d’une sévérité arbitraire, et seulement pour assurer la tranquillité publique. » IX 12 nivôse an 13 (23 décembre 1804) La foule est toujours avide de ces histoires du grand Corneille ; elle les écoute avec transport, tandis qu’elle est de glace aux fables de certain auteur qui avait la prétention d’être plus théâtral que lui. […] La galanterie a été jusqu’ici l’âme de notre scène ; la galanterie était le ton dominant à la cour comme à la ville, lorsque l’art dramatique s’est formé ; c’est sous les auspices de la galanterie que nos deux grands tragiques sont entrés dans la carrière. […] La sotte admiration des provinciaux pour Paris est peinte au naturel, et le portrait de cette capitale, fait par le valet, est le texte de celui que Picard a tracé de la Grande Ville ; l’auteur moderne n’a fait que l’embellir par les réverbères, les falots, et les sinistres projets des joueurs sur les quais.

1142. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome III

Pourquoi ne les a-t-on pas fait sortir sur-le-champ de la ville espagnole, dont l’entrée est interdite à tout Américain ? […] lorsque toute la ville, quand son père lui-même l’accuse d’une intelligence criminelle avec Solamir, lorsqu’elle est condamnée à mort pour ce crime honteux qu’elle ne désavoue pas, Aménaïde juge qu’il est impossible que son amant la soupçonne ! […] Il est aussi question des juifs dans cette épître : la comtesse de Fontaine avait une pension considérable sur la synagogue des juifs de Metz, parce que le marquis de Givri, son père, avait favorisé leur établissement dans cette ville. […] Comment le jour auquel le petit roi de la petite ville de Messène avait été tué par trahison, pouvait-il être fatal au monde, qui assurément ne savait rien d’un pareil accident ? […] Ce fanatisme avait gagné les Romains les plus instruits ; ils ne sentaient pas même la différence qu’il y avait entre une ville pauvre de quelques lieues de territoire, telles qu’étaient la plupart des villes de la Grèce, et Rome maîtresse de l’univers : ils appliquaient à la reine des nations des maximes qui pouvaient à peine convenir à une bourgade.

1143. (1890) Le réalisme et le naturalisme dans la littérature et dans l’art pp. -399

Tout en embrassant d’une large vue la voûte du ciel, la hante mer, la terre qui porte les monts, les forêts, les champs et les villes, il est attentif aux caractères particuliers de chaque objet. […] Il ne prête d’attention particulière ni aux montagnes, ni à la mer, ni aux fleuves, ni « aux travaux des campagnes et des villes » ; il ne voit qu’une part du monde réel, les champs de bataille. […] Seulement, c’est pour les amener à la ville. […] L’organisation de la vie matérielle, aujourd’hui d’un mécanisme si compliqué, surtout dans les grandes villes, prend l’homme dans un engrenage aussi mordant. […] En conséquence, on a tenté de nous intéresser, non sans quelque succès, au sort des gens du peuple, soit dans les villes, soit dans les campagnes.

1144. (1922) Gustave Flaubert

Les vues étaient découvertes sur la campagne et la ville, et l’on vivait dans la familiarité du fleuve où Flaubert aimait accomplir de grands exploits de nageur. […] Mais une petite ville n’est pas seulement une horloge à automate, c’est de l’humanité, c’est le désir d’être ailleurs, c’est du bovarysme, et le perruquier figure cette valeur et l’élément artiste. […] Tostes, c’est la petite ville, Yonville c’est aussi la petite ville, mais c’est également Yonville, Tostes se fondait dans la petite ville, mais maintenant la petite ville s’absorbe dans la réalité d’Yonville et devient cette réalité : transsubstantiation ordinaire de l’art. […] on voudrait habiter la ville, danser la polka tous les soirs ! […] Il a donné sa fille à un homme de la ville, et par incurie laisse peu à peu tomber sa ferme.

1145. (1910) Propos de théâtre. Cinquième série

Il eut en cette ville une petite liaison avec celle qu’il appelle Beppi. […] Prospère, belle et noble ville qui m’as reçu si admirablement ( ?) […] Puisses-tu fleurir plus que toutes les autres villes du monde. » L’arrivée à Rome fut maussade. […] Les littérateurs, en France surtout, vivent à la ville, c’est-à-dire à Paris, centre d’activité intellectuelle et le seul endroit ou ils puissent tirer parti de leur talent. […] ……………………………………………………… Une voix me cria : Dites au peuple, à tous : Cette ville est au monde ; elle n’est plus à vous !

1146. (1894) Critique de combat

Je ne dirai pas non plus qu’on lui a fait à Lausanne, sa ville natale, des funérailles royales : car tout un peuple pleurait. […] Mais, à Paris, dans le fracas des grandes villes, dans le tumulte des affaires et de la bataille politique, qui donc a le loisir de prêter une oreille attentive au chant du poète ? […] On y trouve croqués les types du médecin, du sergent de ville, du gendarme, du rentier, etc. […] Au lieu de préciser dans la loi quelles seront les futures villes universitaires, pourquoi ne pas laisser à toute ville, qui le voudra et le pourra avec l’aide du département, de la région, de l’Etat ou de riches particuliers, le droit de fonder une Université ? […] Un tremblement de terre vient de détruire une ville et d’engloutir des milliers d’hommes.

1147. (1905) Promenades philosophiques. Première série

Résultats : bèle, vile (pour ville), cole, tule, guère, beure, boure, home, flame, cane, boue, chiène, anciène, nète, quite, etc. […] Vile (ville). […]     — la cité d’Paris ;             — la ville de Paris. […] L’explication est que les îles ont été assimilées tantôt à des pays, tantôt à des villes, étant, comme les villes, des territoires restreints et parfaitement délimités. […] On a dit de même : en Alger, du temps que ce nom signifiait à la fois la ville et le pays.

1148. (1884) L’art de la mise en scène. Essai d’esthétique théâtrale

Une troupe part de Paris, avec armes et bagages, et s’en va de ville en ville, montant partout l’unique pièce qui compose son répertoire et pour laquelle elle a pu faire les dépenses d’un appareil représentatif, très supérieur à celui qu’aurait eu à sa disposition un directeur de province. […] C’est que l’art de la toilette à la ville obéit à de tout autres lois que l’art de la toilette à la scène. […] Au théâtre, il n’y a pas de toilettes de ville, il n’y a que des costumes de théâtre. […] Trézène, comme toutes les villes grecques, avait son acropole bâtie sur une éminence qui dominait la ville. […] La troisième conséquence a porté tous ses fruits : troupes d’hiver, troupes d’été, troupes de villes d’eau ou de villes de jeu, toutes s’organisent à Paris au moyen des disponibilités existantes en personnel et en matériel.

1149. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Les poëtes français. Recueil des chefs-d’œuvre de la poésie française »

. — Dieu, nous dit-il encore, m’a fait mon petit nid au bord du Rhône, sur une balme plantée d’arbres maladifs, mais d’où je vois le Mont-Blanc et les Alpes, et où m’arrivent les bruits de Paris. » Ces bruits lui suffisent ; je crois qu’il n’a jamais mis les pieds dans la grande ville.

1150. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XVI. De l’éloquence et de la philosophie des Anglais » pp. 324-337

Tout porte l’esprit aux idées générales plutôt qu’aux observations particulières ; mais lorsque les sociétés brillantes de la cour et de la ville ont un grand crédit politique, le besoin de les observer pour y réussir développe un grand nombre de pensées fines ; et si, d’un côté, il y a moins de philosophie pratique dans un tel pays, de l’autre, les esprits sont nécessairement plus capables de pénétration et de sagacité.

1151. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre II. Distinction des principaux courants (1535-1550) — Chapitre II. Jean Calvin »

Calvin179 doit sans doute à sa ville natale, à sa propre famille les premiers germes de son indépendance religieuse ; il semble qu’Olivetan surtout l’ait détaché de cette église catholique, qui lui portait dès la première jeunesse ses dignités et ses revenus.

1152. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Réponse à M. Dubout. » pp. 305-316

Dubout, comme l’ont insinué quelques médisants, ait obéi à un autre sentiment qu’au zèle pur de la vérité ; pas un instant je n’ai cru qu’il cédait, dans sa poursuite grotesquement acharnée, à un dépit cuisant d’auteur tombé, à une rage de vanité déçue, à une démangeaison de réclame, à une humeur processive et hargneuse d’homme d’affaires et de chicanou provincial, ou encore au désir têtu de montrer aux habitants de sa petite ville, témoins de son retour humilié, que ces gens de Paris ne lui faisaient pas peur et qu’ils n’auraient pas avec lui le dernier mot. » Qu’auriez-vous à dire ?

1153. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Régnier, Henri de (1864-1936) »

Et bien qu’il soit le barde qui tressa le poème harmonieux d’Aréthuse et qui inscrivit, en exergue, au-dessus des treize portes de la Ville, les routes différentes des passions, il est aussi le faune naïf qui éveilla, sous ses doigts inspirés, les voix des Roseaux de la flûte et de la Corbeille des heures.

1154. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre VI. La commedia sostenuta » pp. 103-118

Par l’amour que je porte à ma pauvre âme, je vous dis en vérité que j’ai cherché dans toute la ville, et n’ai trouvé personne qui pût vous convenir.

1155. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 24-41

Racine, [Louis] de l’Académie des Inscriptions & Belles-Lettres, né à Paris en 1692, mort dans la même ville en 1764, fils du précédent, & héritier d’une grande partie des talens de son pere.

1156. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Japonisme » pp. 261-283

Et le serment prononcé, ces hommes, pour endormir les défiances de Kotsuké qui les faisait surveiller par ses espions à Kioto, se séparèrent et se rendirent dans d’autres villes, sous des déguisements de professions mécaniques.

1157. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Fontenelle, et le père Baltus. » pp. 2-16

Il en débitoit en ville de contraires, & dogmatisoit dans ses sociétés.

1158. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre huitième. »

Il serait très-malheureux que l’utilité de la science ne pût se prouver que dans une circonstance aussi fâcheuse que la ruine d’une ville.

1159. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XII. Mme la Princesse de Belgiojoso »

Excepté à Nazareth, la ville crypte et le berceau du Sauveur, et à Jérusalem, notre patrie à tous, nous autres chrétiens avec ou sans patrie, où la voyageuse retrouve une palpitation, mouvement d’aile d’un oiseau blessé, il n’y a pas le moindre enthousiasme dans tout le courant de ce livre.

1160. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Marie-Antoinette » pp. 171-184

Elle eut bientôt tout le monde contre elle, et les puritains de l’étiquette, comme le vieux Mirabeau, et toutes les Du Barry possibles de la Cour et de la ville, qui durent viser au cœur de Louis XVI, cette cible heureusement répulsive, que, Dieu merci !

1161. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XII. Marie-Antoinette, par MM. Jules et Edmond de Goncourt » pp. 283-295

Elle eut bientôt tout le monde contre elle, et les puritains de l’étiquette, comme le vieux Mirabeau, et toutes les Du Barry possibles de la Cour et de la ville, qui durent viser au cœur de Louis XVI, cette cible heureusement répulsive, que, Dieu merci, elles n’atteignirent pas.

1162. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Sismondi, Bonstetten, Mme de Staël et Mme de Souza »

Saint-René Taillandier, qui était, sauf erreur, professeur à la Faculté des Lettres de Montpellier, a trouvé dans la bibliothèque de cette ville une liasse de lettres de Sismondi, l’historien, que lui, Taillandier, s’empressa de publier avec une Notice préalable, insérée dans la Revue des Deux-Mondes.

1163. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « L’abbé Galiani »

Le Génie de la Comédie qui la visait déjà avant qu’elle fût née l’avait fait naître, en carnaval, dans une petite ville qui aimait le plaisir, et le baptême était si pressé que le curé, qui s’était déguisé en Arlequin et son vicaire en Gilles, baptisèrent l’enfant sans changer de costumes.

1164. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. de Banville. Les Odes funambulesques. »

Excepté donc le Premier soleil, La Ville enchantée et quelques fragments des Satires où le rythme et la langue se remettent à jaillir, en plusieurs reprises étincelantes et trop courtes, à travers d’horribles et d’insensés jargons d’atelier, d’estaminet et de coulisses, il n’y a rien pour la Critique que des sujets d’étonnement douloureux et de pitié dans ce volume, dont tout le mérite appartiendra à l’éditeur.

1165. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Auguste de Chatillon. À la Grand’Pinte ! »

méconnaît tout à coup le génie de l’Églogue, et ne fait plus que la bucolique utilitaire et bourgeoise des civilisations progressives qui mettent la ville à la campagne.

1166. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Pécontal. Volberg, poème. — Légendes et Ballades. »

Ce sont des villes si sereines, Que dans la nuit il y fait jour !

1167. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « II — L’arbitrage et l’élite »

L’Europe devait avoir pour les affaires internationales « un Sénat européen, chargé de prévenir toute rupture et de régler les différends entre les peuples. » Cette cour suprême, « conseil général des États de l’Europe, composé de soixante députés siégeant dans une des grandes villes du Rhin, eut été chargé de connaître toutes les querelles entre États62. » Le rêve du roi politique se précisa chez le jurisconsulte hollandais Grotius, l’un des fondateurs de la philosophie du droit.

1168. (1928) Quelques témoignages : hommes et idées. Tome I

Apercevez-vous aussitôt le motif pour lequel il a multiplié, avec une patience jamais lassée, les descriptions des villes où évoluent ses personnages ? […] Mais, sous-officier de la Grande-Armée, décoré par Napoléon à Bar-sur-Aube, il était, dans la petite ville d’Arbois où il tenait une tannerie, un personnage. […] … Vous quittez la ville pour monter par La Baraque vers le Puy de Dôme et le Pariou, ou par Beaumont, et Ceyrat, vers les Puys de la Vache et de Lassolas. […] Je me rappelle encore, après un si long temps, l’impatience irritée des jeunes maîtres qui nous arrivaient de cette même École, dans la ville d’Auvergne où j’achevais mes études. […] Petit-fils de magistrats savoyards, il a vu le jour à Thonon, dans la ville même d’où sa famille est originaire.

1169. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Littré. »

Elle sortit quand les troupes de la Convention investirent la ville et, retournant dans son pays, elle décida des paysans et des ouvriers à s’armer : dans son héroïsme filial, elle les conduisit elle-même au camp de Dubois-Crancé. La ville prise, elle et sa mère se hâtaient sur la route de Lyon, quand elles rencontrèrent quelqu’un de leur connaissance qui leur annonça que Johannot était mort dans les prisons : cette nouvelle leur perce le cœur ; la mère refuse de faire un pas de plus, la fille veut aller chercher le corps de son père ; elle chemine pleurant ; puis au loin, sur la route, elle aperçoit… son père lui-même vivant et délivré ; qu’on juge des émotions de ces tragédies ! […] Le poète latin, quand il dissipe l’obscurité qui enveloppe son héros, lui fait voir, au milieu du tumulte d’une ville qui s’abîme, les formes redoutables des divinités qui président à ce grand changement, numina magna deûm.

1170. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Théocrite »

— « C’était le temps, dit-il, que moi et Eucrite nous allions de la ville vers le fleuve Halès, et en tiers avec nous était Amyntas ; car Phrasidame et Antigènes célébraient les fêtes de Cérès, — deux enfants de Lycopée, de vieille et haute souche s’il en fut jamais. » Ici le poëte entre dans quelques détails généalogiques et mythologiques en l’honneur de ses amis. […] » Cependant la lune s’est levée et plane au haut du ciel ; Diane est dans les carrefours ; les chiens la saluent au loin par la ville en rugissant ; Simétha commande à Thestylis d’y répondre en sonnant au plus tôt de la cymbale. […] Suis-nous avec confiance dans la ville brillante de Nélée, où le temple de Vénus verdoie du milieu des roseaux ; car c’est de ce côté que je demande à Jupiter un bon vent qui me conduise, afin de me réjouir en voyant mon hôte Nicias et d’en être fêté en retour, —  Nicias, rejeton sacré des Grâces à la voix aimable ; et toi, ô Quenouille, toute d’un ivoire savamment façonné, nous te donnerons en présent aux mains de l’épouse de Nicias.

1171. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre VI. La poésie. Tennyson. »

Quel triste contraste que celui de la grande ville affairée, indifférente, et d’un homme seul poursuivi par une douleur vraie ! […] Cette grande ville est cosmopolite ; toutes les idées peuvent y naître ; nulle barrière n’y arrête les esprits ; le champ immense de la pensée s’ouvre devant eux sans route frayée ou prescrite. La pratique ne les gêne ni ne les guide ; un gouvernement et une Église officielle sont là pour les décharger du soin de mener la nation ; on subit les deux puissances comme on subit le bedeau et le sergent de ville, avec patience et railleries ; on ne les regarde qu’à la façon d’un spectacle.

1172. (1859) Cours familier de littérature. VII « XLe entretien. Littérature villageoise. Apparition d’un poème épique en Provence » pp. 233-312

Chantons-nous ainsi dans nos villes ? […] qu’il y a loin d’un peuple nourri par de telles épopées villageoises à ce pauvre peuple suburbain de nos villes, assis les coudes sur la table avinée des guinguettes, et répétant à voix fausse ou un refrain grivois de Béranger (digne d’un meilleur sort), ou un couplet équivoque de Musset (digne de meilleure œuvre), ou un gros rire cynique d’Heyne, ce Diogène de la lyre, ricaneur et corrupteur de ce qui mérite le plus de respect ici-bas, le travail et la misère ! […] Meissonnier, poète, écrivain et philosophe retiré sous sa treille et sous son figuier dans la petite maison de Massillon, un des prophètes de Louis XIV, me fit faire le tour de la ville.

1173. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVIIIe entretien. De la littérature de l’âme. Journal intime d’une jeune personne. Mlle de Guérin » pp. 225-319

Mademoiselle de Cahuzac, d’une maison assez riche pour le pays, avait apporté en dot à M. de Guérin quelques petites terres, et, après la mort de ses grands-parents, une assez grande maison meublée dans la petite ville de Cahuzac. […] « La soirée s’est passée hier à causer de Gaillac, des uns, des autres, de mille choses de la petite ville. […] Nous avons dit merci sans rien prendre. » XXIV Puis voyez ce qu’est pour la vieille maison séculaire la position d’un de ces pauvres ustensiles que nous ne connaissons pas même dans nos villes : une plaque de foyer au fond de la cheminée de cuisine !

1174. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre troisième »

Notre Ennius, comme dit Marot, ou notre Homère, comme disait Lenglet-Dufresnoy, au temps où La Motte-Houdart abrégeait Homère, est-ce Guillaume, de la ville de Lorris en Gâtinais, auteur de la première partie21, ou Jean de Meung-sur-Loire, auteur de la continuation ? […] Il y a longtemps que César a montré les Gaulois, nos pères, à la fois disputeurs difficiles aux puissances, badauds curieux et crédules, se pressant, sur la place de leur ville, autour de l’étranger qui apporte des nouvelles du pays voisin. […] Il s’ébahit « vu que c’est le meilleur poëte parisien qui se trouve, comment les imprimeurs de Paris et les enfants de la ville n’en ont eu plus grand soin. » II veut que les jeunes gens « cueillent ses sentences comme belles fleurs ; qu’ils contemplent l’esprit qu’il avait ; que de lui ils apprennent proprement à décrire. » Il l’estime « de tel artifice, tant plein de bonne doctrine, et tellement peinct de mille couleurs », que très-souvent il lui en fait des emprunts, et qu’il se paye, en le copiant, du soin de l’avoir édité.

1175. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1857 » pp. 163-222

Il nous fait des compliments sur notre Venise parue dans L’Artiste, nous disant que pour lui « c’est le plus fin bouquet de parfums de la ville des doges », et afin de nous prouver qu’il a tout senti, tout compris, nous décrit l’Osteria della Luna, sa situation, son architecture, sa couleur, enfin nous la fait revoir : « Mais, nous dit-il, ce ne sera pas compris, il faut tous y attendre. […] Vous échappez à ces idées dans la pierre des grandes villes. […] Je monte dans une chambre : c’est une très mauvaise chambre d’auberge dans une ville où les diligences ne passent plus.

1176. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1872 » pp. 3-70

» Mardi 30 janvier Ce soir, le général Schmitz nous disait que, lorsqu’on revient de l’Extrême-Orient, et de ses cités pullulantes de population, nos capitales de l’Occident donnent le sentiment de villes dépeuplées par la peste. […] Venise, du premier coup, il la sent : ça va être la ville de sa peinture. […] Pour cela, il irait s’établir, toute une année, dans la ville poétique, et Venise lui fournit le thème de paroles toujours peintes, de paroles toujours originales, mais un peu lentes à se formuler.

1177. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — III. Le Poëme épique, ou l’Épopée. » pp. 275-353

Il ne vit aucun sujet d’instruction dans l’embrasement de la ville de Troie, causé par l’amour funeste de Pâris pour Hélène ; dans Ithaque délivrée par le retour d’Ulysse, c’est-à-dire, par un héros au-dessus de la fortune & des plus cruels revers, par un héros bon roi, bon père, bon époux ; dans l’exemple d’un prince qui fait céder la passion la plus violente à la voix des dieux & à l’ordre qu’il reçoit de fonder en Ausonie une nouvelle patrie ; dans un patriote comme Pompée, qui ne respire que la liberté Romaine & l’amour des loix. […] On lisoit, avec la plus grande vénération, un livre qu’on assuroit avoir été trouvé dans les ruines de quelque ancienne ville, & qui ne l’avoit été que dans le cerveau d’un auteur famélique. […] Il représente ce goût, pour la galanterie, plus pestiféré que la peste même, dominant à la cour, à la ville, & dans toutes les provinces.

1178. (1857) Cours familier de littérature. III « XVIe entretien. Boileau » pp. 241-326

Ainsi Pélée, quand il pleurait son fils Achille enlevé à sa tendresse… Si, avant la subversion de sa ville de Troie, Priam fût descendu chez les ombres, Hector, son fils, aurait porté sur ses épaules et sur celles de ses autres frères le corps vénéré de son père, à travers les Troyennes gémissantes, dont les filles du vieillard, Cassandre et Polyxène, les vêtements déchirés, auraient commencé les sanglots funèbres ! […] XI Boileau n’avait rien d’une telle origine ; c’était un fils du pavé d’une grande ville ; il était né dans cette sombre cour du Palais, au bruit de la chicane, d’un père greffier ; l’école avait été sa seule nourrice. […] Afin qu’un héritier, bien nourri, bien vêtu, Profitant d’un trésor en tes mains inutile, De son train quelque jour embarrasse la ville !

1179. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXe entretien. Dante. Deuxième partie » pp. 81-160

» Des voyages souterrains sur le dos d’une bête amphibie, en croupe derrière Virgile ; des nuées d’allusions, d’images, de prophéties, d’énigmes aujourd’hui sans mots ; des promenades de bastion en bastion sur les remparts de l’horrible enceinte ; des damnés qui ont le cou tordu, dont le visage regarde les reins, et dont les larmes des yeux baignaient la croupe (encore ici n’employons-nous pas le mot cynique employé par le poète) ; des démons qui mordent la langue tirée contre eux par le chef de leur bande ; des damnés jouant au cheval fondu sur les épaules les uns des autres au-dessus d’un lac d’asphalte qui englue leurs ailes ; des dialogues sans intérêt et sans fin entre le poète florentin et les obscurs concitoyens de sa ville, qu’il cherche dans la foule et qu’il interpelle ; des serpents qui lancent le feu, au lieu de venin, dans la blessure, et qui font flamboyer le damné plus vite que la plume n’écrit un o ou un i : Ne o si tosto maï ne i si scrisse ; Des énigmes rebutantes d’obscurité, dégoûtantes de lasciveté, mais souvent merveilleuses de versification ; des flammes qui parlent ; des schismatiques le ventre troué par le glaive, et laissant, comme des tonneaux qui fuient par les douves, pendre leurs boyaux entre leurs jambes : Rotto dal mento insin dove si trulla ! […] IX « Nous avions déjà quitté l’ombre de ce traître qui ouvrit aux ennemis les portes de Faënza pendant le sommeil de la ville, quand je vis au bord d’une fosse creusée dans l’étang de glace deux ombres. […] Et ceux qu’enferment dans la même ville un même rempart et un même fossé se mangent entre eux.

1180. (1873) Molière, sa vie et ses œuvres pp. 1-196

A l’heure où Paris laissait échapper cette occasion d’une soirée superbe, la ville autrichienne la saisissait avec une ardeur qui l’honore. […] dira-t-il tout à l’heure en l’embrassant, lorsqu’il partira pour Limoges, voilà le seul honnête homme que j’aie trouvé en cette ville !  […] Molière, lui, allait et venait, courait la ville, écoutait, étudiait, et, avant de monter sur l’Illustre Théâtre, s’amusait aux lazzis de Scaramouche et s’instruisait aux leçons de Gassendi. […] Lacroix attribue à Le Brun une peinture, conservée jadis à l’Hôtel de ville et brûlée aujourd’hui, qui représente Le Triomphe de Molière. […] Sans doute, les dépouilles de Molière sont enfouies dans le vaste ossuaire des catacombes, parmi ces générations accumulées de Parisiens qui forment comme la poussière d’un passé sur lequel vit, s’agite, va, vient et palpite la grande ville toute pleine encore du génie, de la pensée et du rire de ce Mort.

1181. (1930) Les livres du Temps. Troisième série pp. 1-288

Henri de Régnier est né dans cette aimable petite ville. […] François Mauriac ne parlera même pas dans un livre sur sa ville natale ! […] Nous sommes dans la ville d’Alençon, au début du règne de Louis XVIII. […] Le premier de qui les yeux aient été dessillés devant la Ville Anadyomène, c’est Byron. […] On ne peut transformer ni éventrer Venise comme une ville de terre ferme.

1182. (1901) Des réputations littéraires. Essais de morale et d’histoire. Deuxième série

Au xvie  siècle, la ville de Lyon était un vrai centre littéraire. […] Au siècle de Louis XIV, l’attraction monarchique est trop puissante pour laisser subsister d’autres centres que Versailles et Paris, la cour et la ville. […] Il commandait, en 1665, une frégate de trente-six canons, équipée par la ville de Saint-Malo pour protéger contre les écumeurs de la mer ses navires de commerce. […] La province passait autrefois pour l’asile naturel de la mode d’antan exilée de Paris, et elle lui est sans doute restée hospitalière dans quelques petites villes reculées. […] L’auteur d’une thèse, écrite il y a quelques années, sur La vie littéraire dans une ville de province sous Louis XIV, M. 

1183. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Benjamin Constant et madame de Charrière »

On m’envoie les lettres à la poste de quelque grande ville par laquelle je passe. […] « J’ai failli rester ici ; le goût de l’étude m’a repris dans cette ville universitaire, et, si je n’avais couru la poste, j’eusse planté là mes projets de courtisan. — Il est encore une autre circonstance qui aurait pu déterminer mon changement de plan. […] Mon cheval, qui avait peur d’avancer, sautait et se cabrait, tout en glissant à chaque pas, et, pour comble de malheur, j’ai eu toute la ville à traverser. […] Et moi qui ne connais pas trop les rues et qui ai toujours la fureur de ne pas demander le chemin, j’ai erré ce matin au moins une heure et demie dans la ville sur ces rues glacées, et je ne me suis approché de chez moi qu’en tournoyant. […] Il y a aussi des remparts où il y a un pied de boue, des fossés où les égouts de la ville se déchargent des deux côtés, des sentinelles a chaque pas, et on peut s’y promener et y enfoncer à cheval jusqu’à mi-jambe.

1184. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre IV. Shakspeare. » pp. 164-280

Il a été trempé jusqu’au fond dans son siècle, j’entends qu’il a connu par expérience les mœurs de la campagne, de la cour et de la ville, et visite les hauts, les bas, le milieu de la condition humaine ; rien de plus ; du reste sa vie est ordinaire, et les irrégularités, les traverses, les passions, les succès qu’on y rencontre, sont à peu près ceux qu’on trouve partout ailleurs175. Son père, un gantier marchand de laine, fort aisé, ayant épousé une sorte d’héritière campagnarde, était devenu grand bailli, et premier alderman de sa petite ville ; mais quand Shakspeare atteignit l’âge de quatorze ans, il était en train de se ruiner, engageant le bien de sa femme, obligé de quitter sa charge municipale et de retirer son fils de l’école pour s’aider de lui dans son commerce. […] Shakspeare n’avait eu qu’une demi-éducation, savait « peu de latin, point de grec », à peu près le français et l’italien, rien d’autre ; il n’avait point voyagé, il n’avait lu que les livres de la littérature courante, il avait ramassé quelques mots de droit dans les greffes de sa petite ville ; comptez, si vous pouvez, tout ce qu’il savait de l’homme et de l’histoire. […] Il acquérait une part de propriété dans les théâtres de Blackfriars et du Globe, achetait des contrats de dîmes, de grandes pièces de terre, d’autres bâtiments encore, mariait sa fille Suzanne, et finissait par se retirer dans sa ville natale, sur son bien, dans sa maison, en bon propriétaire, en honnête citoyen qui gère convenablement sa fortune et prend part aux affaires municipales. […] Le critique est perdu dans Shakspeare comme dans une ville immense ; il décrit deux monuments et prie le lecteur de conjecturer la cité.

1185. (1837) Lettres sur les écrivains français pp. -167

Paris est une ville où l’on aime et où l’on comprend l’esprit, et M.  […] Gozlan a 32 ou 34 ans, il a été marin dans la Méditerranée et au Sénégal, ainsi que l’annoncent quelques-uns de ses articles ; né à Marseille, comme Méry et Barthélemy, il a quitté cette ville pour Paris, qu’il habite depuis huit ans environ. […] Mme Desbordes-Valmore habite maintenant la ville de Lyon ; son mari qui est artiste dramatique, y tient l’emploi des premiers rôles. […] Quand M. de Latouche vient en ville, et qu’il paraît au foyer de l’Opéra, il y fait sensation ; et on l’entoure et on s’anime comme autrefois les jeunes lutteurs du cirque à la venue d’un vieil athlète aveugle dans la ville des Sept-Collines. […] Gênes est une ville de marbre, comme vous savez, mon cher Monsieur.

1186. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Diderot »

On le mit de bonne heure aux Jésuites de la ville, et il y fit de rapides progrès. […] Ses goûts, ses mœurs, la tournure secrète de ses idées et de ses désirs ; ce qu’il était dans la maturité de l’âge et de la pensée ; sa sensibilité intarissable au sein des plus arides occupations et sous les paquets d’épreuves de l’Encyclopédie ; ses affectueux retours vers les temps d’autrefois, son amour de la ville natale, de la maison paternelle et des vordes sauvages où s’ébattait son enfance ; son vœu de retraite solitaire, de campagne avec peu d’amis, d’oisiveté entremêlée d’émotions et de lectures ; et puis, au milieu de cette société charmante, à laquelle il se laisse aller tout en la jugeant, les figures sans nombre, gracieuses ou grimaçantes, les épisodes tendres ou bouffons qui ressortent et se croisent dans ses récits ; madame d’Épinay, les boucles de cheveux pendantes, un cordon bleu au front, langoureuse en face de Grimm ; madame d’Aine en camisole, aux prises avec M. 

1187. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXVe entretien. Chateaubriand, (suite) »

Quoi qu’il en soit, il passa quelques jours enfermé dans le couvent des Pères de terre sainte à Jérusalem, et copia sur les monuments sacrés de cette ville de longs itinéraires qui grossirent le nombre de ses pages et l’autorité de ses volumes ; puis il revint à Carthage, d’où il rentra par l’Espagne en France. […] Du temps de Dante, bien que les crédulités populaires du poëte toscan fussent mêlées aux cynismes populaires de Florence et de Pise, le fond était ignoble, mais vrai pour les rues de ces villes.

1188. (1892) Boileau « Chapitre V. La critique de Boileau (Suite). Les théories de l’« Art poétique » (Fin) » pp. 121-155

Tout le Dialogue des héros de roman n’est aussi qu’une parodie, qui fait ressortir le contraste perpétuel des mœurs et de la Fable dans un certain nombre de romans et de tragédies du temps : Boileau n’admet pas qu’on représente la cour et la ville sous le costume romain ou persan. […] Ainsi encore, la comédie, en style « humble et doux » par une intrigue vivement conduite, nous présente les ridicules et les vices de la cour et de la ville, et nous divertit de leur exacte peinture.

1189. (1889) Les premières armes du symbolisme pp. 5-50

Moréas, il se croira prince en Tartarie : Que l’on m’emporte dans la ville   Où je serai le khan Infaillible comme un prophète Et dont la justice parfaite   Prodigue le carcan. […] Il pleure dans mon cœur Comme il pleut sur la ville.

1190. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre deuxième »

Nous le trouvons en 1624 sous le costume de prêtre séculier, attaché comme secrétaire à l’évêque de cette ville Geoffroy d’Estissac, autrefois son camarade d’études Prelat devot de bonne conscience, Et fort savant en diviné science, En canonicque et en humanité, dit Jean Bouçhet procureur à Poitiers un des plus célèbres poètes du temps. […] Les anecdotes de son séjour dans cette ville ; cette plaisanterie sur la mule du pape ; la demande qu’il fait à Clément VII d’être excommunié, parce que les fagots excommuniés ne brûlent pas ; puis, à son retour à Paris, ces prétendus poisons pour le roi et la reine qu’il laisse saisir sur lui afin de faire sans frais la route de Lyon à Paris, tout cela fait partie de ce que j’ai appelé la légende de Rabelais ; et il faut lui faire honneur de ce qu’il y a d’ingénieux dans les inventions dont il est le sujet.

1191. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Monsieur de Latouche. » pp. 474-502

Il paraît bien qu’il était né au Blanc, petite ville du Berry45, en février 1785 : ce qui le fait mourir à l’âge de soixante-six ans accomplis. […] Bert) ; les Dernières lettres de deux amants de Barcelone (1821), supposées écrites pendant la peste de cette ville.

1192. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « I — L’avenir du naturalisme »

« Littérature d’embaumement, — art réactionnaire d’aristocratie et de révélation… Je comprends, ajoute-t-il, que vous ne vouliez pas être confondus avec un homme qui aime les halles, les gares, les grandes villes modernes, les foules qui les peuplent, la vie qui s’y décuple, dans l’évolution des sociétés actuelles. […] Les Trois Villes toutefois, sa récente trilogie, marque un élargissement de la pensée qui conçut les Rougon-Macquart, élargissement qu’entrevoyait peut-être Zola, lorsqu’il prononçait ces paroles : « L’avenir appartiendra à celui où à ceux qui auront saisi l’âme de la société moderne, qui, se dégageant des théories trop rigoureuses, consentiront à une acceptation plus logique, plus attendrie de la vie.

1193. (1897) Un peintre écrivain : Fromentin pp. 1-37

Alors, au-delà de cette ombre et de ce reste de feuillage qui allait disparaître, bien haut, sortant des oliviers comme une pierre précieuse des griffes de sa monture, une ville blanche apparut. […] Souvenez-vous de cette promenade aux environs de la ville, sur les grandes routes, un soir d’avril que le ciel était ardent au-dessus des arbres couverts de bourgeons, l’atmosphère imprégnée de l’odeur des végétations naissantes, et qu’il y avait partout « des insectes nouveau-nés, que le vent balançait comme des atomes de lumière ».

1194. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Chapitre IV. Conclusions » pp. 183-231

Qu’on s’imagine un carrefour très animé et pourtant ordonné de grande ville ; disons : la place de l’Opéra. […] La méthode positiviste a cru trouver ces causes, et toute biographie « sérieuse » se plaît à énumérer les ancêtres du grand homme, à dépouiller leur linge et leur casier judiciaire, à décrire le paysage de la province d’origine et les rues de la ville natale, à silhouetter les premiers maîtres et à ressusciter la première maîtresse ; tout cela est fort bien, très joli en théorie ; mais on aurait beau résumer l’histoire du monde à propos d’un individu, que tous ces faits ne seraient jamais que des explications post rem, plausibles en général quoique souvent contradictoires.

1195. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Appendice — Mémoires du comte d’Alton-Shée »

Arrivé dans cette dernière ville, et dînant chez le consul de France, celui-ci lui demanda à qui s’adressaient ses lettres d’introduction.

1196. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « BRIZEUX et AUGUSTE BARBIER, Marie. — Iambes. » pp. 222-234

Ce qu’il dit de l’infection, de la lubricité des théâtres, de l’enfant vicieux et flétri des grandes villes, de la populace des ateliers et de celle des antichambres, n’a rien que d’exact, et, tant que les maux ne seront pas guéris, tant qu’ils seront méconnus et niés, une sorte de convenance supérieure commandera à qui les sent de les révéler au vif et de ne les enjoliver en rien.

1197. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Charles Nodier après les funérailles »

Charles Nodier était né à Besançon, en avril 1780 ; il fit ses études dans sa ville natale, et, sauf quelques échappées à Paris, il passa sa première jeunesse dans sa province bien-aimée.

1198. (1874) Premiers lundis. Tome I « Victor Hugo : Odes et ballades — II »

pour moi tu sais peupler Tous les déserts, même les villes.

1199. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Édouard Rod »

» Il est inquiet en songeant que ce bonheur ne sera pas éternel ; que, peut-être, quand il sera de retour à Paris, il regrettera sa vie de garçon et que la grande ville le disputera à sa femme.

1200. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXIII » pp. 237-250

Quand mademoiselle de Montpensier commença à sentir de l’inclination pour Lauzun, elle s’informa de ses habitudes au comte de Rochefort dont il était l’ami : et « elle apprit, dit-elle, que Lauzun allait quelquefois chez une petite dame de la ville, nommée madame de La Sablière.

1201. (1888) La critique scientifique « La critique scientifique — La synthèse »

Les contemporains, les auteurs de mémoires, les comiques et les moralistes du temps, les représentations graphiques, des tableaux aux caricatures, les mille faits épars de la vie de tous les jours, la reconstitution architecturale et géographique des lieux, des monuments et des villes, tous les départements de la vie publique, de la politique à la théologie, seront mis à contribution, fouillés en quête de détails typiques et significatifs ; ces notions sur le vêtement, la demeure, le séjour, sur les habitudes intimes et sociales, sur le type ethnique, sur les relations célestes et humaines, sur toute la vie en somme du groupe formé autour d’une œuvre ou autour d’une famille d’œuvres, groupe qui comprendra tantôt tout ce qui est notable d’une nation, tantôt toute une classe, tantôt enfin un nombre épars d’individus dont il faudra rechercher les points d’union, — seront dégagés, fondus ensemble, ordonnés, et plaqués enfin sur la sorte de squelette psychologique que l’on aura obtenu antérieurement par l’ordre de recherches que nous avons exposé au précèdent chapitré.

1202. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre VIII. Suite du chapitre précédent. De la parole traditionnelle. De la parole écrite. De la lettre. Magistrature de la pensée dans ces trois âges de l’esprit humain » pp. 179-193

Par exemple, les jurés doivent, après avoir écouté avec calme leur conscience, rester impassibles à tous les bruits des villes ; car c’est le cri de l’opinion publique qui obligea une cour souveraine à condamner les Calas.

1203. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « La Société française pendant la Révolution »

Louis XIV, qui n’aimait pas la province, on sait pourquoi, l’insultait par ses écrivains ; mais MM. de Goncourt, dont le nom semble révéler une vieille origine provinciale, n’ont-ils jamais su, ou les traditions de la famille ne leur ont-elles jamais appris, que la province — et surtout la province d’avant la Révolution — gardait dans ses châteaux et dans ses grandes villes un exemplaire plus pur que Paris lui-même de ce qu’on appelait la société française, de ce mélange heureux et si admirablement réussi de lumière, d’élégance, d’amabilité et presque de vertus, qui faisait de la France l’aimant du monde ?

1204. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Collé »

Je ne dirai pas qu’il a la dent superbe du Rat de ville chez le Rat des champs, ce serait trop, mais il l’a délicate.

1205. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XI. Gorini »

Ce dut être quelque publication d’alors qui lui montra, comme un éclair, latente au fond de son esprit, sa vocation de critique historique, car il le devint, malgré sa position isolée, éloignée des villes, de toute source intellectuelle, de tout renseignement ; impuissant en tout !

1206. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Le Docteur Favrot »

il nous parle seulement des avantages relatifs du cimetière de Méry, à cette heure en projet, et ne touche nullement à la question générale des grands cimetières, qui n’est, en somme, que la question retournée des grandes villes, de ces grands centres de population, les hypertrophies dont les peuples modernes, si on n’y prend garde, pourraient bien mourir !

1207. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Auguste Vacquerie  »

Que suis-je pour la ville à qui tout grand artiste, Célèbre ailleurs, s’en vient demander s’il existe ?

1208. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Ferdinand Fabre »

La scène de ce roman, — qui est presque plus un drame qu’un roman, car l’action y est extrêmement rapide et serrée dans des circonstances impérieuses et le dialogue y dévore souvent le récit, — la scène de ce drame-roman, qui n’a pour acteurs que des prêtres, est Lormière, ville épiscopale des Pyrénées.

1209. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre IX. Suite des éloges chez les Grecs. De Xénophon, de Plutarque et de Lucien. »

On sait qu’il était né dans cette ville où la plus étonnante des institutions avait créé une nature nouvelle ; où l’on était citoyen avant que d’être homme ; où le sexe le plus faible était grand ; où la loi n’avait laissé de besoins que ceux de la nature ; de passions que celle du bien public ; où les femmes n’étaient épouses et mères que pour l’État ; où il y avait des terres et point d’inégalité ; des monnaies et point de richesse ; où le peuple était souverain quoiqu’il y eût deux rois ; où les rois absolus dans les armées, étaient ailleurs soumis à une magistrature terrible ; où un sénat de vieillards servait de contrepoids au peuple et de conseil au prince ; où enfin tous les pouvoirs étaient balancés, et toutes vertus extrêmes.

1210. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXI. Des oraisons funèbres de Bourdaloue, de La Rue et de Massillon. »

Le même orateur a traité deux autres sujets moins pathétiques, sans doute, mais non moins intéressants, ce sont les éloges funèbres de deux grands hommes ; l’un était ce maréchal de Luxembourg, élève de Condé ; impétueux et ardent comme lui, mais vigilant et ferme comme Turenne, quand il le fallait ; persécuté par les ministres, et servant l’État ; fameux par les victoires de Fleurus, de Leuze, de Steinkerque et de Nerwinde, et qui, de dessus un champ de bataille, écrivit à Louis XIV cette lettre : « Sire, vos ennemis ont fait des merveilles ; vos troupes encore mieux : pour moi, je n’ai d’autre mérite que d’avoir exécuté vos ordres ; vous m’avez dit de prendre une ville et de gagner une bataille, je l’ai prise et je l’ai gagnée. » L’autre, qui avait un genre de mérite tout différent, était ce maréchal de Boufflers, fameux par la défense de Lille, appliqué et infatigable ; d’ailleurs excellent citoyen, et dans une monarchie, capable d’une vertu républicaine.

1211. (1864) Physiologie des écrivains et des artistes ou Essai de critique naturelle

Pour caractériser sa verve un peu gaillarde, qui éclate quelquefois en mots salés, un éminent critique va jusqu’à dire que Mme de Sévigné « est une Dorine de bonne compagnie. » Oui, et en même temps une autre La Fayette, et bien digne de la première, qui fut son amie de toute la vie, et qui tout à l’heure, en ces quatre lignes que j’ai détachées d’une très jolie page, savait la peindre si vivement dans tout son éclat : enfin, une vraie jolie marquise, mais une marquise bourguignonne et parisienne tout ensemble, et un peu bretonne par-dessus le marché ; et bonne aux champs, aux bois et aux Rochers, comme à la ville et à la Cour. […] D’autre part, il avait écrit, pour Catherine de Médicis, à l’usage de Charles IX, un projet sur les moyens d’organiser secrètement la police dans chaque grande ville du royaume7. […] Les Athéniens avaient élevé jusqu’à l’idéal le type de la patronne de leur ville Pallas Athènè. […] Il y avait à Sparte une statue de Mars avec des fers aux pieds, et dans l’acropole d’Athènes une Victoire sans ailes. « Les Spartiates, dit Pausanias, pensent que Mars ne les quittera jamais, puisqu’il est enchaîné ; les Athéniens, que la Victoire restera toujours parmi eux, puisqu’elle n’a plus d’ailes. » Il est curieux d’observer la même idée chez deux peuples rivaux, et chacun d’eux montrant, par la manière dont il l’exprime, son caractère naturel. « Les Spartiates, plus violents, choisissent l’impétueux Mars et l’enchaînent ; les Athéniens, plus politiques, préfèrent une jeune déesse et veulent la fixer dans leur ville par la ruse63. » D’un côté, la force ; de l’autre, la grâce.

1212. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre sixième »

Dans une ode à Marie de Médicis, à l’occasion de son mariage, c’est le réformateur qui a écrit cette vigoureuse et imposante strophe : Ce sera vous qui de nos villes Ferez la beauté refleurir, Vous qui de nos haines civiles Ferez la racine mourir ; Et par vous la paix assurée N’aura pas la courte durée Qu’espèrent infidèlement, Non lassés de notre souffrance, Ces Français qui n’ont de la France Que la langue et l’habillement. […] Quand Marini, quittant la France, pour aller jouir de sa gloire dans sa patrie, recevait sur son chemin des honneurs qu’on ne rend qu’aux princes, voyait les villes lui ériger des statues, et leurs plus nobles habitants se disputer à qui l’aurait pour hôte, la France lettrée s’associait d’esprit à un enthousiasme dont le retentissement arrivait jusqu’à ses oreilles. […] Les actes de la vie publique des souverains, leurs mariages, les naissances et les morts de leurs enfants, leurs fêtes, leurs plaisirs, et tout ce que la ville imitait des mœurs de la cour, telle en est la principale matière. […] Colletet, « homme de peu de sens, dit le même Tallemant, mais qui aime fort à chopiner », renchérissait sur Scarron, et menait sa femme dîner et coucher en ville. […] Ils avaient tout ce qui donne la force dans ce monde : ils étaient puissants par leurs patrons, par ces sots de qualité dont parle Boileau100, lesquels peuvent impunément juger de travers ; ils l’étaient par leur ligue même, par la vogue qui faisait prospérer leurs vers et suscitait, en dix-huit mois, six éditions du premier tome de la Pucelle ; par le roi, qui prenait Chapelain pour distributeur de ses munificences, et qui pensait à le donner pour précepteur au dauphin ; par la cour, où ils avaient la protection de tout ce qui y tenait un rang ; par la ville, où l’on ne s’avisait guère d’avoir d’autres admirations qu’à la cour.

1213. (1923) Les dates et les œuvres. Symbolisme et poésie scientifique

La seconde, s’ouvrant du poème « de l’œuvre sourde de la Vie qui s’organise », puis qui évoquera les énergies modernes, les Activités exaspérées, « le Travail représenté par ses Usines et les roulements de l’Or », le Train emportant vers les Villes dès maintenant « tentaculaires » l’Homme des champs : … et du sang de la Ville qui grouille Tape aux prés les rumeurs, son pouls rapide et dur. […] Chemin de fer, usine, cités, petites villes provinciales (les campagnes demain), luttes politiques et sociales, rêves de morale et de Bonheur, foules grouillantes dans le fer et la pierre des constructions géantes, en une vie surchauffée et comme à plusieurs atmosphères  cela accuse une beauté puissante et tragique, et l’on pense à un Whitman non morcelé, mais de successions de fresques reliées par la longue théorie des aperçus sociologiques, des espoirs de demain, des stupres du présent, et surtout par cette doctrine évolutive algrébrée par M.  […] Ainsi, plus de grandes villes, plus de maisons aux étages superposées, mais spacieusement groupées des maisonnettes, une pour chaque Famille, et la verdure luxuriante tout autour. […] Interrompus seulement de 89 à 91, alors que s’écrivirent sur place, en l’atmosphère même de mes premières années, en mon Poitou, les livres sur les toits, les granges et les terroirs, et l’âme des petites Villes, mes « Vendredis » m’étaient personnels, qui, depuis 1885 ont vu passer tour à tour quasi toutes les neuves sincérités à la recherche de soi-même et non du succès, les survenants représentants de l’attentive élite Etrangère, et en ont retenu de précieuses amitiés de tous âges, solides et claires. […] Le premier, par échappées, il a eu intuition d’associer à l’homme moderne son milieu le plus habituel, le plus humble : il a vu les rues des villes, les quais, les squares, les toits.

1214. (1885) Le romantisme des classiques (4e éd.)

Or l’Espagne ne la reprit aux Maures que deux cents ans après. — Il a donc supposé que les Maures venaient essayer de reprendre cette ville qui en réalité n’avait pas encore cessé de leur appartenir, et qu’ils faisaient cette tentative par un débarquement nocturne. […] Il demande à son valet, Cliton, Parisien de vieille roche et qui n’a jamais quitté la grand’ ville, de le mettre un peu au courant des habitudes, des usages, de la mode. […] D’ailleurs avez-vous l’épée assez longue et la poitrine assez dure pour pouvoir vous venger quand c’est toute une ville qui vous le dit ? […] Genès se présente habillé de vêtements blancs, monte sur un socle qui avait servi à porter une statue de Vénus, et fait le discours suivant : « Écoute, Empereur, et vous tous, écoutez, armée, sages et peuple de cette ville. […] Devenu cependant le premier magistrat de sa ville natale, quelque chose comme sous-préfet de ce temps-là, il montra un grand dévouement pour ses concitoyens, si grand même qu’il en mourut.

1215. (1925) Les écrivains. Première série (1884-1894)

La croix monte, chargée de son divin et sanglant fardeau, dans le ciel tout bleu de Naples, et là-bas, tout près sur la montagne, ce n’est pas Jérusalem qui dresse ses temples farouches, c’est une ville d’Italie tranquille et reposée, qui étale ses petites maisons familières. […] On ne les a jamais vus, courant par la ville pour mendier l’éloge, flattant celui-ci, caressant celui-là, descendant à de petites lâchetés permises qui, pourtant, sont si bien protégées par l’indulgence du monde. […] Roger Ballu l’eût promené par les rues, par les villes, en disant : « Regardez. […] Je connais, dans une ville de France, un bibliothécaire. […] L’autorité si prompte à lancer ses bandes de sergents de ville sur les inoffensifs promeneurs, se trouve désarmée contre ce brigandage.

1216. (1868) Rapport sur le progrès des lettres pp. 1-184

En quinze ans, la face de la France a été renouvelée : ses villes ont été agrandies et assainies ; Paris est devenu la première ville du monde ; des chemins de fer sillonnent notre territoire d’une extrémité à l’autre et ne laissent pour ainsi dire plus de distance entre ceux qui l’habitent. […] Par contraste, Brizeux, dans son idylle de Marie, exprima l’amour pur de l’adolescence, le souvenir nostalgique de la lande natale et ce retour à la vie champêtre qu’inspire aux âmes tendres la fatigue de l’existence des villes. […] N’allez pas croire que les poëtes de ville puissent en remontrer à ce poëte des champs ; il n’a oublié aucun des secrets du métier. […] Supposez qu’après être sorti de la ville pour rêver plus librement, on entre dans un petit bois dont les premiers arbres apparaissaient au bout de la plaine. […] Les voyageurs retournent à la ville.

1217. (1908) Promenades philosophiques. Deuxième série

Les villes sont à ce point de vue de mauvaises écoles philosophiques. […] Combien y en a-t-il, parmi ces promeneurs grisonnants, qui, mariés à la maison, ne sont pas également mariés en ville ? […] Le vingt-six janvier, à deux heures de l’après-midi, je me trouvais sur un pont suspendu, au milieu d’une ville inconnue. […] En Egypte, où le mouton était un totem, seuls le mangeaient les habitants de la Ville du Loup (Lycopolis). […] Avec ses vieilles villes aux monuments si hardiment sculptés, Sens, Auxerre, Avallon, Joigny, cette vallée est comme un vaste musée historique.

1218. (1911) Visages d’hier et d’aujourd’hui

Les merveilles qu’assembla l’Exposition de 1889, il les décrivit comme les splendeurs des villes orientales où dorment les siècles de l’oubli. […] Charles-Louis Philippe était né à Cérilly, petite ville de l’Ailier. […] * *    * Cependant, il n’était pas prêt à demeurer paisiblement dans une ville, comme ferait un calme et doux écrivain de l’ancien continent. […] D’abord, il est déçu ; il trouve une ville médiocre, dépourvue d’originalité ; il n’y remarque même pas le désir d’une bonne tenue et d’une apparence coquette, qui est la première gentillesse de bien des villes allemandes. […] Quand il fut à New-York, l’animation, l’agitation, l’étrangeté de cette ville lui déplurent.

1219. (1772) Discours sur le progrès des lettres en France pp. 2-190

Les Trouvers ou Troubadours (les premiers Poëtes que la Provence ait produits) après avoir composé leurs Poëmes, alloient de ville en ville, où ils étoient reçus chez les plus grands Seigneurs, les réciter ou les chanter, accompagnés de leurs Ménestrels ou Jongleurs. […] Mais à mesure que la nature s’est corrompue, que l’innocence a cessé d’habiter la terre, que le séjour des Villes est devenu nécessaire à une société plus nombreuse, que le fer n’a plus été travaillé pour ouvrir seulement le sein de la terre & le rendre fertile, qu’on en a forgé des armes cruelles, & que des ruisseaux de sang ont coulé dans les campagnes ; les besoins alors ont fait naître l’industrie, les Arts ont dû leur découverte au hasard, le luxe les a multipliés, l’expérience d’âge en âge a perfectionné les connoissances, les sciences se sont formées & ont été le produit des méditations constantes de l’esprit humain, les peuples de proche en proche se les sont communiquées, & ceux chez lesquels elles ont jeté les plus profondes racines, ont été les plus favorisés de la nature. […] « L’an 1437, lorsque Conrad Bayer, Evêque de Metz, fit exécuter le Mystère de la Passion en la Plaine de Veximiel près cette Ville, fut Dieu un Sire, appelé Seigneur Nicolle Don Neufchatel en Touraine, lequel étoit Curé de Saint Victour de Metz, lequel fut presque mort en la croix, s’il n’avoit été secouru, & convint que un autre Prêtre fût mis en la croix pour parfaire le personnage du crucifiement, & le lendemain ledit Curé de Saint Victour parfit la résurrection, & fit très-hautement son personnage….

1220. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1892 » pp. 3-94

Vendredi 29 avril Les observateurs doivent reconnaître au pas, des agents de police en bourgeois, oui, à ce pas tranquille, régulier, cadencé, qui est le pas des sergents de ville. […] Au Grenier, on cause aujourd’hui dynamite, on cause moyens de destruction et moyens de défense des êtres et des objets matériels, et j’apprends une chose assez ignorée, c’est que le Musée d’Anvers, ville, dont la destination est d’être bombardée, a des murs pouvant rentrer sous terre, avec les tableaux qui y sont accrochés. […] Comme on parle à Zola, du livre, qu’il a annoncé être en train de faire sur Lourdes, il dit à peu près ceci : « Je suis tombé à Lourdes, par une pluie, une pluie battante, et dans un hôtel où toutes les bonnes chambres étaient prises, alors il me venait le désir, en ma mauvaise humeur, d’en repartir le lendemain matin… Mais, je suis un moment sorti… et la vue de ces malades, de ces marmiteux, de ces enfants mourants apportés devant la statue, de ces gens aplatis à terre dans le prosternement de la prière… la vue de cette ville de foi, née de l’hallucination de cette petite fille de quatorze ans… la vue de cette cité mystique, en ce siècle de scepticisme… la vue de cette grotte, de ces défilés dans le paysage, de ces nuées de pèlerins de la Bretagne et de l’Anjou… » « Oui, fait Mme Zola, ça avait une couleur !  […] Un mendiant, à l’esprit caustique, spirituellement méchant, qui avait été au collège avec les bourgeois les plus huppés de la ville, et qui au fait de leur vie privée dans les détails les plus intimes, en pleine rue, les interpellait avec une certaine éloquence, les blaguait, et obtenait la charité par l’intimidation, la terreur d’une divulgation des choses secrètes de leur existence.

1221. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « quelque temps après avoir parlé de casanova, et en abordant le livre des « pèlerins polonais » de mickiewicz. » pp. 512-524

La condition de la critique, en ce qu’elle a de journalier, de toujours mobile et nouveau, la fait ressembler un peu, je l’éprouve parfois, à un homme qui voyagerait sans cesse à travers des pays, villes et bourgades où il ne ferait que passer à la hâte, sans jamais se poser ; à une sorte de Bohémien vagabond et presque de Juif errant, en proie à des diversités de spectacles et à des contrastes continuels.

1222. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Appendice à l’article sur Joseph de Maistre »

On sait la phrase finale du Pape, dans laquelle il est fait allusion au mot de Michel-Ange parlant du Panthéon : Je le mettrai en l’air. « Quinze siècles, écrit M. de Maistre, avaient passé sur la Ville sainte lorsque le génie chrétien, jusqu’à la fin vainqueur du paganisme, osa porter le Panthéon dans les airs, pour n’en faire que la couronne de son temple fameux, le centre de l’unité catholique, le chef-d’œuvre de l’art humain, etc., etc. » Cette phrase pompeuse et spécieuse, symbolique, comme nous les aimons tant, n’avait pas échappé au coup d’œil sérieux de M. 

1223. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre I. La préparations des chefs-d’œuvre — Chapitre I. Malherbe »

Il a l’imagination livresque de l’honnête homme qui a fait ses classes et vécu à la ville.

1224. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre II. Filles à soldats »

Car la guerre devient « le premier, le plus beau des devoirs, aussitôt qu’elle défend les champs, les villes, la race même, les trésors et le passé d’un peuple ».

1225. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Jean-Baptiste Rousseau, et Joseph Saurin. » pp. 28-46

La ville de Bruxelles, dans quelque singulière considération qu’il y fût, ne put le dédommager du séjour de Paris.

1226. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Ch.-L. Livet »

Il convient d’une préciosité de bourgeoisie et de province, qui méritait, dit-il, tout sur ce point : « les piquants tableaux de Molière et de Saumaise » ; mais celle-là dont l’hôtel de Rambouillet fut le berceau et le théâtre, c’est-à-dire celle des femmes de la ville et de la cour, ne mérite que l’intérêt et le respect de l’histoire.

1227. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Histoire de la Révolution »

… Gagnant de salle en salle, de galerie en galerie, cette émotion étrange déborde, arrive aux postes extérieurs et se répand bientôt comme une alarme sur la ville entière. » Certainement, voilà qui est enlevé, d’un très beau mouvement, très gradué, très puissant, qui vous saisit et vous fait merveilleusement comprendre l’ivresse de ce dernier banquet, la veille du martyre — Ôtez le riant chasseur, qui est trop riant et rappelle trop Capefigue, et la divinité mythologique, qui rappelle trop les dessus-de-porte d’Arsène Houssaye, et vous avez une vraie page d’une sensibilité contagieuse.

1228. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Madame de Créqui »

Le National du temps, qui n’aimait pas la police et prenait des airs avec elle, l’arrêta un jour en flagrant délit de vol, comme un simple sergent de ville littéraire.

1229. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXVIII. M. Flourens »

Flourens, qui ferait la classe avec beaucoup d’imposance à des hommes comme lui, la ferait tout aussi bien aux jeunes filles des Oiseaux ou de l’Abbaye-aux-Bois, comme Bossuet faisait le catéchisme aux petites bonnes gens de la ville de Meaux, et, comme on le sait, Bossuet n’en était pas plus petit.

/ 1907