Vous me paraissez sûr de l’approbation de M. de Richelieu ; j’y joins aussi la mienne avec bien du plaisir. […] Quel plaisir parfait on éprouve à écouter cette langue impérissable et jeune ! […] Elle a de l’enjouement, de l’esprit ; elle est sensible au plaisir de le faire valoir ; tout cela m’ombrage malgré moi. […] Lyciscas dans Les Plaisirs de l’Île enchantée. […] Car tel est nostre plaisir.
Quoi de plus naturel à l’homme que de vouloir s’élever au-dessus de ses semblables, si ce n’est de vouloir jouir des plaisirs de la vie ? […] Ils prétendaient à quelque chose d’autre et de plus qu’à se procurer la liberté de vivre de plaisirs. […] Le moyen de chasser ce qui fait du plaisir ? […] et, comme les religions, toutes les disciplines qui ne mettent pas dans la vie même et dans le plaisir de vivre l’objet et le but de la vie ? […] L’étonnement devint de l’admiration en devenant du plaisir.
Henri Heine et Théophile Gautier auraient souri de plaisir, croyons-nous, en écoutant la jolie musique de cette volière d’oiseaux-mouches.
Antony Valabrègue a sa place dans ce groupe d’écrivains qui se sont attachés tout spécialement à décrire Paris et ses aspects pittoresques, sa vie, ses amours, ses plaisirs en même temps que la campagne environnante et les bois à la fois mystérieux et bruyants de la banlieue.
La Société des Hommes de Lettres avec lesquels il vivoit, & qui se faisoient un plaisir de le consulter, suppose en lui du zele pour la Littérature ; & les hommages littéraires qu’il a reçus, prouvent au moins qu’il avoit des connoissances.
Mme Roland, qui trouvait ce roman joli, et qui précisément y cherchait avec un secret plaisir les mœurs d’une classe qu’elle détestait, serait devenue pourpre, si elle avait lu le feuilleton de Mlle de Meulan, et aurait du coup été guérie. […] C’est à cette occasion que Mme de Staël, toujours empressée et en frais de bon cœur pour le mérite naissant, écrivait à cet académicien : « J’ai lu avec un plaisir infini plusieurs morceaux de vos Mélanges, et je n’ai pas besoin de vous dire à quelle distance je trouvais ceux signés P. de tous les autres. […] S’ils connaissaient comme moi les graves intérêts qu’il faut ménager, les importantes considérations dont il faut s’occuper, et les risibles griefs auxquels il faut répondre, et les hommages bien plus risibles qu’il faut recevoir, et tout ce tracas de petites passions dont la solitude d’une femme n’empêche pas que le bruit ne parvienne jusqu’à elle ; s’ils voyaient au milieu de tout cela un travail sans attrait pour l’esprit et sans dédommagement pour l’amour-propre, alors je leur permettrais de dire ce qu’ils en pensent et de penser, si cela leur convenait, que je l’ai entrepris pour mon plaisir. — Qu’ils ne songent pourtant pas à m’en plaindre, cela serait aussi déraisonnable que de m’en blâmer : « Ce que j’ai fait, Abner, j’ai cru le devoir faire ; je le crois encore et ne vois pas de raison pour m’affliger maintenant des inconvénients que j’ai prévus d’abord sans m’en effrayer. […] devant la bergerie, Agneaux déjà marqués du feu, La troupe, de plaisir, s’écrie Sans regarder la fin du jeu. […] On sent que beaucoup de ces nuages d’épouvante, que l’imagination de loin assemble à plaisir, s’évanouissent dans le détail et à mesure qu’on aborde chaque sentier.
lui dis-je, et laissez-moi le plaisir de mettre, à mon tour, un nom sur une famille qui se confond par les souvenirs avec la mienne. […] — C’est que nous ne sommes pas riches, et que pour nous procurer le plaisir de vous voir ou du moins de visiter Saint-Point et Milly, les villages pleins de vous, nous n’avions que la petite somme d’économies que notre excellent père a mise de côté depuis trois ans pour donner à toute la famille et à lui-même la récréation de cœur qu’il nous promettait aussitôt que notre sœur Marie serait en âge de nous accompagner ; les chemins de fer, les voitures, quelque économiques qu’elles soient, nous auraient pris la moitié au moins de notre petit viatique. […] M. le curé nous dit dans sa réponse qu’étant depuis peu de jours à Bussières et M. de Lamartine ayant vendu Milly pour payer ses créanciers d’autant, il n’avait pas le plaisir de le connaître ; mais qu’il avait appris par les paysans de Milly qu’il devait être à Saint-Point ou à Monceau où nous le trouverions certainement. […] Cela me fera même plaisir, bien que M. […] Ce sera temps demain, et comme nous voulons que la peine et les frais de votre voyage en l’honneur de nos anciens maîtres soient partagés entre tous ceux qui les connaissent et qui se souviennent d’eux avec amitié, nous nous sommes partagé le plaisir de vous recevoir dans nos pauvres chaumières pour la nuit ; chacun de nous en prendra une à coucher.
Il mêle à ses expansions lyriques des didactismes agréables, des leçons de morale antique : Tire un plaisir secret de l’amour et des larmes, De ses molles beautés Découvre sous chacun quelques-uns de ces charmes Qui font la volupté… ……………………………………………………… Sache-le, tu bâtis, sainte et spirituelle, Ta maison dans le vent, Toute blanche, elle est faite avec un bloc puissant Non de plâtre et de chaux, mais de chair et de sang Et de vie éternelle ! […] Il a dit avec un charme nuancé les caresses : Nous ne mêlerons pas nos deux enchantements, Et nous ne serons pas ensemble des amants Trop enivrés tous deux pour songer l’un à l’autre ; Mais le plaisir de l’un tour à tour sera nôtre ; Nos corps épuiseront le bonheur de savoir Tour à tour seulement donner ou recevoir. […] Sur mon ventre splendide offert pour le plaisir Comme un panier rempli de raisins et de pommes, Vieillards blancs ! […] — Je vivrai désormais près de vous, contre vous, Laissant l’herbe couvrir mes mains et mes genoux, Et me vêtir ainsi qu’une fontaine en marbre ; Mon âme s’emplira de guêpes comme un arbre, D’échos comme une grotte et d’azur comme l’eau ; Je sentirai sur moi l’ombre de vos bouleaux ; Et quand le jour viendra d’aller dans votre terre, Se mêler au fécond et végétal mystère, Faites que mon cœur soit une baie d’alisier, Un grain de genièvre, une rose au rosier, Une grappe à la vigne, une épine à la ronce, Une corolle ouverte où l’abeille s’enfonce… » Elle vaincra l’inquiétude du néant : Ô Mort de t’avoir crainte un jour, je me repens… Lance-moi ton lacet, des flèches et ton sable Et que je jette en toi la douleur et l’ardeur De ma raison malade et de mon mauvais cœur… car, malgré tout son désir, la joie demeure insaisissable et le plaisir amer. […] comme tout s’attriste à plaisir dans mon rêve !
Je lirai avec plaisir même les subtiles argumentations du dialogue de Corneille : vous m’avez initié, par une piquante analyse, aux conversations délicates qu’entendit la chambre bleue de l’incomparable Arthénice. […] Vengeons-nous sur la grammaire ; brouillons à plaisir les analogies naturelles du langage : guindons l’antithèse sur ses hautes échasses ; démuselons la métaphore farouche. […] Contraint de creuser plus bas dans la société pour trouver le minerai de fer qui par son abondance, vaut mieux pour lui que la mine d’or, il s’est rencontré tout à coup en face d’une classe nouvelle, inculte encore et déjà corrompue, avide d’émotions et peu délicate dans le choix, acceptant l’art dans ce qu’il a d’enivrant et de grossier, se souciant peu de la critique qui prétend introduire de la distinction dans ses plaisirs. […] Ils ressemblent à l’homme instruit dont la mémoire chancelle, et qui reçoit avec plaisir de la bouche d’un interlocuteur le mot qu’il cherchait sans pouvoir le trouver. […] On lit avec plaisir et intérêt ses Variétés littéraires, 4 vol. in-12, 1804, et ses Mélanges de littérature, vol in-8, 1803-1805.
Le Public doit toujours un tribut de reconnoissance à ceux qui lui ont procuré quelque nouveau plaisir.
La première édition de ce volume, qui parut d’abord en décembre 1851, avait en tête cet avertissement : « Ce volume, que j’intitule Derniers Portraits, non parce que j’ai décidé de n’en plus faire, mais parce qu’il se compose des dernières études de ce genre auxquelles j’ai pris plaisir avant Février 1848, sert de complément aux six volumes de Portraits déjà publiés chez M.
Jean Prouvaire Nous avions eu le plaisir d’entendre lire cette pièce (Le Grand Frère), et elle nous avait paru tout à fait agréable.
Et je détache, avec plaisir, des Poèmes de légende et d’amour, ces quelques vers : Et notre barque, aux flots menteurs de l’Avenir, Sous le ciel fastueux connue un dais de parade, Flottera, s’attardant et lente, vers la rade Où s’égrènent les chansons grêles des cigales, Où l’ombre des palmiers frêles, sur l’eau tranquille, Tisse au soir glorieux un manteau de silence Comme un rêve d’amour épandu sur les lies, Plein d’un chant nostalgique et doux de fiancées Dont les ailes du soir ont pris la douceur blanche.
On lit encore avec plaisir plusieurs petites Pieces de Poésie de sa façon, insérées dans le Recueil du P.
Marcel Fouquier J’aurais été heureux de dire tout le plaisir que m’ont causé les Folles Ballades de M.
On a de lui plusieurs Ouvrages, dont la plupart sont des Traductions qu’on lit encore avec plaisir, en faisant grace aux infidélités, en faveur de la pureté du style.
Stendhal a vu les hommes, autour de lui, comme des conflits de motifs, poursuivant le plaisir. […] C’est donc l’insoucieuse marche de l’âme désormais guérie ; à plaisir, elle peut être prolongée. […] Le plaisir, la douleur abstraits n’existent point : il y a seulement des idées joyeuses ou pénibles. […] Chacun a des plaisirs qui lui sont propres, et des besoins qu’il a seul. […] Taine : et j’avoue que j’en ai eu beaucoup moins de plaisir.
Mais bientôt la vie de Paris et du xviiie siècle, la vie de monde et de plaisir le prit et insensiblement le dissipa. […] Si c’était la saison des plaisirs, c’était aussi celle des rudes épreuves : Redis-moi du malheur les leçons trop amères, a-t-il écrit plus tard parlant à sa muse secrète et en songeant à ce temps. […] J’ai trop vu disparaître Dans quelques vains plaisirs aussitôt échappés Des jours que le travail aurait mieux occupés. […] Ceux de M. de Fontanes n’étaient pas d’ailleurs exclusifs ; sa bienveillance, par instants quasi naïve, les étendait à plaisir, et lui-même proposa deux fois à la signature de l’Empereur la nomination de M. […] Quels faux plaisirs t’ont flatté !
Catulle Mendès, de hautes facultés littéraires qui permettent de tout espérer de lui…… C’est un plaisir pour moi de constater le succès éclatant d’une œuvre incomplète mais de haute valeur, intéressante, élevée, pathétique, servie par un style magistral auquel on ne saurait reprocher que son excessive vérité de facture et l’abus de détails trop amoureusement caressés. […] Je connaissais la plupart de ces beaux vers, quelques-uns depuis presque mon enfance, car je vous suis depuis la Revue fantaisiste, mais quel plaisir sans pair que de faire connaissance à nouveau avec eux 1 Quant à ceux très rares, que je ne savais pas encore et qui datent des époques où j’étais absent de France et de toute littérature, je les ai dévorés et redévorés à belles et bonnes dents : aussi, ce régal ! […] Mais si Zola détruisit de loin sans offrir à ses milices la consolation du pillage, Mendès apprit aux jeunes hommes à savourer le plaisir sur les ruines de l’hypocrisie et derrière la déroute du mensonge. […] Il ne faut pas seulement reconnaître que Fiammette est le meilleur conte qu’un artiste ait porté à la scène, il faut dire que c’est le seul qu’on écoute avec un plaisir vrai et sans une minute d’effort.
Mais à nous l’inversion est antipathique, parce que nous sommes également loin de l’extrême impatience et de l’extrême paresse ; ni jamais assez pressés pour vouloir dévorer le chemin, ni jamais assez languissants pour l’allonger à plaisir. […] J’entends dire que ce qu’on y appelle la pénombre, c’est-à-dire la demi-nuit, y est plus goûtée que la clarté ; car, avec la clarté, le plaisir passe vite la pénombre le fait durer plus longtemps, en le rendant plus difficile. […] Plus de ces termes vagues où le lecteur s’aventure comme dans des pays de découvertes ; plus de tours incertains et équivoques qui sont goûtés comme l’allure propre à l’écrivain ; plus de nuances infinies : ne serait-ce pas fait de ce plaisir de deviner et de rêver que prise si fort le public allemand ? […] Enfin, à quoi bon s’imposer le travail de la liaison pour un lecteur qui s’accommode de suivre un écrivain marchant au hasard, et qui estime cette incertitude même comme un des plaisirs littéraires les plus piquants ?
Ailleurs, parlant du plaisir pieux que trouvait saint Louis à lire les Écritures, et comparant son respect pour les livres sacrés au respect d’Alexandre pour les poèmes d’Homère, il dit : Il les tenoit enclos comme un riche trésor Dans un coffre odorant de cèdre et de fin or : Il les vouloit nommer la fleur de ses délices L’aiguillon des vertus et la bride des vices. Que si le soin public lui laissoit du loisir, Il ne l’employoit point en un plus doux plaisir Qu’en celui que le fruit d’une étude si sainte Fait savourer aux cœurs où Dieu grave sa crainte. […] Il fut vrai avec lui-même, vrai avec ses lecteurs ; et c’est plaisir de l’entendre parler ainsi aux Muses, dont il venait de restaurer le culte : Quand le sang bouillant en mes veines Me donnoit de jeunes désirs, Tantôt vous soupiriez mes peines, Tantôt vous chantiez mes plaisirs.
Au seizième on n’était pas assez mûr, ni l’écrivain pour la force de méditation qu’exige un plan, ni le public pour le plaisir qu’on éprouve à être persuadé. […] On ne cessa pas d’être juste pour quelques morceaux que feront toujours lire avec plaisir et profit les belles qualités de Balzac. […] Il aima mieux le plaisir que les affaires, et la vogue d’un bel esprit que la considération d’un moraliste ; et il passa de mode comme ces galands de ruban d’Angleterre, qu’il offrait à Mlle de Rambouillet, avec ces billets d’envoi si musqués et si peu dignes d’un homme. […] Celles-là n’étaient ni commandées, ni attendues à la porte de l’auteur par le courrier de quelque grand personnage ; elles étaient écrites à propos, pour un besoin d’esprit ou de cœur, pour causer de loin, pour le simple plaisir de les écrire.
Dans l’une des rares rencontres où j’ai eu le plaisir de voir M. de Latouche, je lui ai entendu raconter une petite anecdote que je retrouve consignée par lui-même dans un de ses nombreux écrits ; car s’il contait bien, il n’aimait point à perdre ses récits ni ses jolis mots. […] Il n’avait pas de plus grand plaisir, quand il écrivait dans un journal, que d’y faire passer de ces malices cachées, ce qu’on appelle des couleuvres, et dont on ne s’aperçoit qu’après la publication. […] Je ne prétends ni atténuer ni exagérer les torts que put avoir M. de Latouche en s’accordant tous ces petits plaisirs. […] Pourquoi fuir si vite ces choses simples que vous sentiez pourtant par éclairs, et vous aller embarrasser à plaisir dans les tortuosités de vos propres voies ?
« Le régent pouvait aimer le plaisir et les distractions, nous dit M. […] aimait le plaisir (pour celle-là, il en est plus sûr !) […] Capefigue de la voix qu’on a quand on chante dans la nuit, trappistes de théâtre, puritains de spéculation et de Bourse, avons-nous bien le droit, au milieu de nos Thébaïdes de plaisir, de nous montrer si impitoyables pour le siècle de nos aïeux ? […] Capefigue avait cru repétrir la statuette, j’imagine, pour le seul plaisir d’y toucher.
Mais ils transfiguraient à plaisir les aventures de leur nation. […] Elle aime les plaisirs simples. […] Que le chant des plaisirs succède aux cris de guerre ! […] Il goûtait, à ces narrations, plus de plaisir que son auditoire coutumier. […] Les ébéniers lissaient leurs feuilles pour lui faire plaisir.
Ce n’est pas la poursuite du plaisir : où poursuivre une telle chimère ? […] Non pas que le goût lui fût enfin venu des plaisirs habituels de son âge. […] Et son seul plaisir d’art était la musique : il se privait de dîner pour aller à l’Opéra. […] La mention de son nom dans un journal le faisait pleurer de plaisir. […] Et ce doit être, j’imagine, pour ces jeunes gens un plaisir et un encouragement précieux, de sentir autour de soi une curiosité si active.
Elle exagère à plaisir la faiblesse de son caractère, le défaut d’initiative de son esprit pendant sa prime jeunesse. […] L’auteur a pris sans doute plaisir à peindre l’intérieur du petit journal, qui lui rappelle peut-être des souvenirs de jeunesse. […] Quel plaisir voulez-vous qu’il prenne à respirer cette odeur de fumier qui lui vient d’en bas ? […] La paresse, le goût de la parure, la soif effrénée du plaisir, sont les auxiliaires les plus habituels de la corruption des mœurs. […] La jeunesse est faite pour le plaisir, la gaieté, la parure, comme la plante pour le soleil.
Enfin, et c’est là le sens de la légère étude que je voudrais faire, il est à mes yeux l’un des plus frappants exemples du courage et de l’effort qu’il a fallu à un homme entraîné dans sa jeunesse par la fureur de la dissipation et la fièvre du plaisir, pour se ravoir à temps et ressaisir possession de lui, pour devenir un esprit sérieux, conséquent, philosophique, un citoyen convaincu, ferme et inflexible, ayant réfléchi à toutes les grandes questions sociales et s’étant formé sur toutes une opinion radicale sans doute et absolue, mais qui, j’en suis certain, se rapproche fort de ce qui prévaudra dans l’avenir. […] Voulant écrire fidèlement ses Mémoires, il s’est décidé à en faire deux parts : l’une entièrement consacrée à l’époque du plaisir, et ici il a pris un léger masque, il s’est dédoublé et s’est appelé le vicomte d’Aulnis170.
Voyez passer ce jeune homme paré avec tant de recherche : il marche sur la pointe du pied, sur sa figure épanouie se lisent également et la certitude des succès, et le contentement de soi-même ; il va au bal, le voilà déjà sous la porte cochère, encombrée de lampions et de laquais ; il volait au plaisir, il tombe et se relève couvert de boue de la tête aux pieds ; ses gilets, jadis blancs et d’une coupe si savante, sa cravate nouée si élégamment, tout cela est rempli d’une boue noire et fétide. […] Quand dans la société nous nous donnons des ridicules exprès, c’est encore par excès de vanité, nous volons ce plaisir à la malignité des gens dont nous avons excité l’envie.
Les libertins J’ai montré Saint-Evremond, cet esprit curieux et indépendant qui ne subit de servitude que celle des bienséances mondaines ; ce douteur paradoxal en qui il y a du Montaigne, et du Voltaire aussi, parfois du Montesquieu, quand il juge le peuple romain et ses historiens ; ce franc matérialiste, qui, dans sa vieillesse, forcé de renoncer à tous les plaisirs, éloigna toute espérance indémontrable, et se consola par deux réalités : l’activité de son esprit, et la solidité de son estomac. […] « Divertissements, parties de plaisir, jeux, collations, voyages à la campagne, visites, et telles autres récréations nécessaires à quantité de gens d’études, à ce qu’ils disent, ne sont pas mon fait : je n’y perds point de temps.
Ladite chronique, outre le plaisir qu’elle procure à ceux qui en sont l’objet et l’intérêt qu’elle gardera pour la science archéologique venir, peut encore avoir son prix, précisément comme chronique. […] Donc fiez-vous à Mirbeau, à Alexandre, à Geffroy, à moins que vous ne préfériez aller vous-même aux Expositions, ce qui est certes d’un plaisir plus fatigant.
Mais prenons un François d’Assise, la question est déjà toute changée ; le cycle miraculeux de la naissance de l’ordre de saint François, loin de nous choquer, nous cause un véritable plaisir. […] Le plaisir de la voir guérit.
» — « Tous ces gens sont morts, — dit-elle hagardement, en regardant sa société, — et moi-même je le suis… » Et ailleurs : « L’ennui me fait trouver du plaisir à voir mes jours s’écouler… » — « La société présente — dit-elle encore — est un commerce d’ennui. […] Elle lui avait demandé ses amitiés, sa supériorité, ses goûts, ses plaisirs, ses conversations, ses intérêts de toute sorte.
Il donnerait un plaisir bien plus vif encore que celui qu’il donne, si Joubert n’avait pas existé. […] Mais elles doivent l’être comme l’expression d’un homme qui a une âme charmante, capable de faire oublier, en lisant ses lettres, les erreurs et les débilités de son esprit, — et c’est ici que la Critique va prendre son cœur à deux mains pour dire toute la vérité sur un livre qui lui a donné tant de plaisir… Doudan est, en effet, sur bien des points, un débile et un erroné.
Lorsqu’il n’y avait plus de peuple héroïque, il se forma encore par la réflexion et la science des âmes invincibles à la douleur et au plaisir. […] Mais, loin de là, ils courent, sans souci du beau, à des termes divers, les uns poursuivant la gloire avec une hâtive ardeur, les autres tournés à l’avidité du gain, sans nulle pudeur, les autres à la mollesse et aux plaisirs du corps, recherchant ainsi le contraire même de ce que poursuivent les premiers.
Nous objections timidement que les plus grands génies ne s’étaient interdit ni l’amour, ni la passion, ni même le plaisir, et nous citions des noms illustres. […] Sa doctrine était là-dessus à peu de chose près celle de Stendhal : « L’idée qu’un ouvrage a été fait à cloche-pied peut-elle ajouter au plaisir qu’il produit ? […] Où le plaisir fut silencieux, la douleur pousse un soupir. […] On s’y amusait fort, cependant, mais le siècle est devenu plus raffiné, et de tels plaisirs ne lui suffiraient pas. […] C’est si bête de raconter, surtout quand on parle de quelque chose que l’on a vu avec plaisir !
Leurs plaisirs sans saveur aboutissent à un irrémédiable ennui qui m’a donné l’idée des tortures infernales. […] Au sentiment tout intellectuel de l’admiration l’aspect des campagnes ajoute le plaisir sensuel. […] Je laisse à penser le plaisir que me causa une si aimable surprise… Dès cet instant nous travaillâmes ensemble. […] On en arrangeait un autre, où George Sand comptait travailler avec plaisir. […] À la fin du moyen âge, il veut dire successivement chanson de geste mise en prose (roman de chevalerie), histoire en prose de quelques grandes aventures imaginaires, puis histoire en prose de quelques aventures inventées à plaisir, et finalement récit inventé à plaisir.
Nadaud, lui, se tient à l’écart de la mêlée ; sa poésie, aux goûts calmes, pêche à la ligne, prend les goujons et regarde sans trouble passer le fleuve des révolutions… La joie n’est pas le chant complet du monde, le plaisir n’est pas l’amour, l’esprit n’est pas la liberté.
On a remis au Théatre François en 1770, une Comédie du même Auteur, intitulée l’Ecole des Bourgeois, qu’on voit reparoître de temps en temps, avec d’autant plus de plaisir, qu’elle est pleine de ce bon comique qui caractérise Moliere.
Tous ces divers objets y sont traités avec clarté, avec précision ; & l’on ne peut y voir, qu’avec beaucoup de plaisir, réunies dans un seul Volume, une infinité de choses intéressantes, noyées dans les Histoires générales.
Le Lecteur qui aime à s’instruire, y jouit, avec plaisir, du fruit d’une infinité de recherches aussi intéressantes que bien présentées.
Nous ne pouvons nous refuser au plaisir de citer les Vers qu'elle fit pour répondre aux sollicitations d'un homme aimable & plein d'esprit, qui l'aimoit, & qui la pressoit de le payer d'un tendre retour.
L’éloge détaillé que nous faisons de son tableau, prouvera au moins que nous avons bien plus de plaisir à louer qu’à reprendre.
Les Boissonade, les Hase, s’en gaudissaient hier encore, s’y délectaient à plaisir, et le premier en tirait mainte citation impunément ; mais c’était en grec. […] Écoutons-le87 : « Je m’ennuierais beaucoup à la Cour, écrit-il à son joyeux compère l’abbé Legendre, sans une encoignure de fenêtre dans la galerie, où je me poste quelques heures, la lorgnette à la main, et Dieu sait le plaisir que j’ai de voir les allants et venants. […] Louis XV, dit-on, à qui l’évêque Boyer porta la fameuse Ode qui était le péché de jeunesse de Piron, fit l’ignorant et se donna le plaisir d’en faire réciter au prélat les premiers vers. […] Cet abbé Legendre, nous dit Collé, était « le premier homme de table qu’il y ait eu, et le dernier des Français qui en ait encore soutenu les plaisirs » ; c’est sur lui que Piron a fait la joyeuse chanson, célèbre en son temps : Vive notre vénérable abbé, Qui siège à table mieux qu’au jubé ! […] Il lui légua par testament, sous ce nom de femme Capron qu’elle croyait ignoré de lui, le peu qu’il avait, se donnant ainsi le plaisir de la surprendre, et faisant faux bond, du même coup, à son neveu qui comptait sur l’héritage et qui se vengea à la Piron, en rimant l’épitaphe satirique de son oncle.
Mais si c’est pour faire une énumération vide de sens, de laquelle ne doit se dégager aucune impression véritable, si c’est le fastidieux plaisir de voir pour voir, non pour comprendre et sentir, mieux vaut laisser dans l’ombre ce qui ne mérite pas d’en être tiré ou peut-être ce qu’on n’a pas su en faire sortir. […] Zola est un peu bas et bourbeux, semé de ruelles où on ne se promène pas avec plaisir. […] Ces plaisirs, avec les douleurs qui les compensent, semblent remplir tout le passé, tandis qu’en réalité la trame de notre vie a été bien plutôt indifférente et neutre, ni très agréable ni très douloureuse, sans grande valeur esthétique. […] Animer la nature, c’est être dans le vrai, car la vie est en tout, — la vie et aussi l’effort ; le vouloir vivre, tantôt favorisé, tantôt contrarié, apporte partout avec lui le germe du plaisir et de la souffrance, et nous pouvons avoir pitié même d’une fleur. […] Le plaisir attaché à ce qui est historique a été poétiquement et exprimé par Th.
On écoutait, mais sans aucun plaisir.
Paul Leclercq un court poème, Ibis, à quoi j’eusse reproché pour ma part quelque affectation d’ironique psychologie ; les pages nouvelles qu’il rassembla récemment ne sont pas écrites en lignes inégales, et cependant elles me valent le plaisir de les louer, pour l’harmonie rythmique de la langue et la grâce ingénieuse des images qui les assimilent à de véritables petits poèmes.
Ses Fables seront toujours lues avec plaisir, & estimées de ceux qui aiment une versification douce, naturelle & facile.
Des doux plaisirs c’est la saison ; De tes quinze ans fais bon usage ; A quinze ans l’Amour fait moisson.
On lit cependant encore avec une sorte de plaisir ses Harangues Latines, dans lesquelles on remarque un style épigrammatique, qu’on lui pardonne en faveur de la finesse des pensées & de la pureté de sa diction.
Sa vie fut à peu près semblable à celle de l'Abbé des Ivetaux ; l'un & l'autre sacrifierent tout au plaisir, sans excepter l'honneur.
Avec lui, on participe aux plaisirs d’une vie normale et simple, aux désirs de la paix, à la certitude de la beauté, à l’invincible jeunesse de la Nature. […] Herold s’est créé pour son plaisir et pour le nôtre une poésie de grâce et de pureté, de tendresse et de douceur. […] L’enfant éprouve déjà le ravissement et les enivrances de l’Enfer. » Il les éprouva : il aimait, en baudelairien, le blasphème, pour ses occultes effets, le risque immense d’un plaisir qui se prend aux dépens de Dieu même. […] Or, Benoist qui s’émèche et tourne au calotin, Montre quelque plaisir d’avoir vu, ce matin, L’hymen du Fils unique et de sa demoiselle. […] On lira avec plaisir sur Jules Laforgue l’étude éloquente et de si profonde sympathie écrite récemment par M.
C’est un joli volume de prose et de vers alternés… Avec quel plaisir nous avons lu les belles pages que l’auteur consacre à la Picardie.
On verra toujours avec plaisir dans le Poëme des quatre parties du Jour, quatre Tableaux des plus agréables, où le Peintre a su réunir sans effort tout ce qui peut plaire aux Connoisseurs.
Celle qu’on a le plus accueillie au Théatre François, est le Consentement forcé, Piece qu’on voit reparoître souvent & avec plaisir.
Il y a quelque part une Fée aux Miettes, une fille folle et charmante de la sagesse de Nodier… Grille n’est pas une bien grande fée des siennes, et cependant on les lit avec plaisir, et les rats de bibliothèque, les savants, les curieux les grignoteront peut-être en 2050 comme des friandises historiques, tombées de la table du xixe siècle.
Il aimait à faire plaisir. […] Charles Yriarte a pris beaucoup de plaisir à l’écrire. […] Et il y trouva un plaisir plus délicat. […] Je l’ai lu, pour ma part, avec le plus grand plaisir. […] Et le plaisir de la chasse te fera-t-il oublier le soin de ton salut ?
Il a fait de Fabrice un Italien de pur sang, tel qu’il le conçoit, destiné sans vocation à devenir archevêque, bientôt coadjuteur, médiocrement et mollement spirituel, libertin, faible (lâche, on peut dire), courant chaque matin à la chasse du bonheur ou du plaisir, amoureux d’une Marietta, comédienne de campagne, s’affichant avec elle sans honte, sans égards pour lui-même et pour son état, sans délicatesse pour sa famille et pour cette tante qui l’aime trop. […] Beyle, dans ses écrits antérieurs, a donné une définition de l’amour passionné qu’il attribue presque en propre à l’Italien et aux natures du Midi : Fabrice est un personnage à l’appui de sa théorie ; il le fait sortir chaque matin à la recherche de cet amour, et ce n’est que tout à la fin qu’il le lui fait éprouver ; celui-ci alors y sacrifie tout, comme du reste il faisait précédemment au plaisir. […] Il faut écrire pour se faire plaisir à soi-même, écrire comme je vous écris cette lettre ; l’idée m’en est venue, et j’ai pris un morceau de papier.
Il était loin de regretter ces temps de trouble et d’agitation féodale où les ambitions avaient toute carrière et où les facultés énergiques luttaient à nu : « Le repos, les plaisirs, dit-il en parlant de ces époques de ligue ou de fronde, avaient fait place au tumulte, à la méfiance, à la terreur, à tout ce que la fureur des conjurations, des cabales, peut inspirer de plus atroce. » Il se félicitait donc de vivre sous un régime qui avait mis fin à ce qui-vive perpétuel, et depuis que tout était réglé par l’autorité d’un maître : Cet état de choses (il écrivait cela aux derniers beaux jours de Louis XVI, en 1784) n’est pas favorable aux grandes pensées, mais il procure un calme sans lequel il n’y a point de bonheur. […] Lorsqu’au milieu de ces détestables trames qu’il a entrecroisées et embrouillées à plaisir, le comte de Frise, qui cumule le rôle de Lovelace et celui de Cléon du Méchant, vient tout de bon à mourir, et de mort presque subite, Besenval, toujours sur le même ton, ajoute : Je fus véritablement affligé de la mort du comte de Frise. […] Vieux, il y revenait en souvenir et avec regret comme aux meilleurs instants de sa vie, « instants heureux, s’écrie-t-il, où, loin de s’occuper d’événements sinistres tels que ceux qui ont empoisonné la fin de notre carrière, on ne s’occupait que d’amours et de plaisirs !
Tous ces menus détails de la vie intime, dont l’enchaînement constitue la journée, sont pour moi autant de nuances d’un charme continu qui va se développant d’un bout de journée à l’autre : — le salut du matin qui renouvelle en quelque sorte le plaisir de la première arrivée, car la formule avec laquelle on s’aborde est à peu près la même, et d’ailleurs la séparation de la nuit imite assez bien les séparations plus longues, comme elles étant pleine de dangers et d’incertitude ; — le déjeuner, repas dans lequel on fête immédiatement le bonheur de s’être retrouvés ; — la promenade qui suit, sorte de salut et d’adoration que nous allons rendre à la nature, car à mon avis, après avoir adoré Dieu directement dans la prière du matin, il est bon d’aller plier un genou devant cette puissance mystérieuse qu’il a livrée aux adorations secrètes de quelques hommes ; — notre rentrée et notre clôture dans une chambre toute lambrissée à l’antique, donnant sur la mer, inaccessible au bruit du ménage ; en un mot, vrai sanctuaire de travail ; — le dîner qui s’annonce non par le son de la cloche qui sent trop le collège ou la grande maison, mais par une voix douce qui nous appelle d’en bas ; la gaieté, les vives plaisanteries, les conversations brisées en mille pièces qui flottent sans cesse sur la table durant ce repas : le feu pétillant de branches sèches autour duquel nous pressons nos chaises après ce signe de croix qui porte au ciel nos actions de grâces ; les douces choses qui se disent à la chaleur, du feu qui bruit tandis que nous causons ; — et, s’il fait soleil, la promenade au bord de la mer qui voit venir à elle une mère portant son enfant dans ses bras, le père de cet enfant et un étranger, ces deux-ci un bâton à la main ; les petites lèvres de la petite fille qui parle en même temps que les flots, quelquefois les larmes qu’elle verse, et les cris de la douleur enfantine sur le rivage de la mer ; nos pensées à nous, en voyant la mère et l’enfant qui se sourient ou l’enfant qui pleure et la mère qui lâche de l’apaiser avec la douceur de ses caresses et de sa voix, et l’océan qui va toujours roulant son train de vagues et de bruits ; les branches mortes que nous coupons dans le taillis pour nous allumer au retour un feu vif et prompt ; ce petit travail de bûcheron qui nous rapproche de la nature par un contact immédiat et me rappelle l’ardeur de M. […] Il y avait une véritable contradiction en lui : par tout un côté de lui-même il sentait la nature extérieure passionnément, éperdument, il était capable de s’y plonger avec hardiesse, avec une frénésie superbe, d’y réaliser par l’imagination l’existence fabuleuse des antiques demi-dieux : par tout un autre côté, il se repliait sur lui, il s’analysait, il se rapetissait et se diminuait à plaisir ; il se dérobait avec une humilité désespérante ; il était de ces âmes, pour ainsi dire, nées chrétiennes, qui ont besoin de s’accuser, de se repentir, de trouver hors d’elles un amour de pitié, de compassion ; qui se sont confessées de bonne heure, et qui auront besoin de se confesser toujours. […] Il supposa le dernier des centaures interrogé au haut d’un mont, au bord de son antre, et racontant dans sa mélancolique vieillesse les plaisirs de ses jeunes ans à un mortel curieux, à ce diminutif de centaure qu’on appelle homme ; car l’homme, à le prendre dans cette perspective fabuleuse, grandiose, ne serait qu’un centaure dégradé et mis à pied.
Suit pour vous marquer combien je suis véritablement sensible aux invitations que vous m’avez faites d’aller à Londres, et combien je suis fâché de n’avoir pas encore fait ce voyage, dont le plaisir de vous admirer sera le principal motif. […] » Mais combien il a plaisir à apprendre que son ami a des jours de calme et qui ressemblent presque à du bonheur ! […] Cette soif insatiable de gloire au bord du tombeau, cette inquiétude fiévreuse, cette complexion voltairienne, je ne comprends rien de tout cela. » En revanche il apprend avec plaisir que son ami s’est livré, comme un bon paysan, aux travaux de la fenaison, et qu’en fatiguant le corps il a forcé au repos son âme trop active.
C’est un bon moment dont vous profiterez, et je crois vous faire plaisir en vous le disant. » M. […] Chez Gavarni, cet amateur de fleurs a son grand arbre, son cèdre empoté et à l’état de bouture : il le tient à la main et se sourit de plaisir à lui-même en le contemplant. […] Et il y vivait depuis des années, l’embellissant, l’ornant à plaisir, y plantant des arbres rares, ifs d’Irlande, genévriers, cyprès, cèdres du Liban, et le Thuya filiformis, et le Wellingtonia gigantea, et que sais-je encore ?
J’ai le plaisir de les connaître particulièrement, et j’ai tant entendu déraisonner sur eux à propos de ce dernier drame spirituel et passionné, vif et hardi, incomplet et brusque, qui méritait la critique et l’attention, — j’ai tant entendu débiter, à ce sujet, de lieux communs et de fadaises (Melpomène, la dignité des genres, la Maison de Molière, etc.), que l’envie me prend d’esquisser le portrait littéraire de ces deux frères unis, ou plutôt de l’extraire du présent volume qu’ils viennent de publier, Idées et Sensations, — un recueil de pensées, de fantaisies et de petits tableaux, qu’ils ont dédié à Gustave Flaubert. […] N’isolent-ils point comme à plaisir ce qui est extrême et pénible dans l’impression causée, ce qui est exclusivement vrai d’une vérité triste, nue, affreuse ? […] Ils sont bien des hommes de la fin du xviiie siècle en cela ; mais ils sont tout à fait des artistes du xixe par les touches successives du tableau et les nuances à l’infini : « Se trouver, en hiver, dans un endroit ami, entre des murs familiers, au milieu de choses habituées au toucher distrait de vos doigts, sur un fauteuil fait à votre corps, dans la lumière voilée de la lampe, près de la chaleur apaisée d’une cheminée qui a brûlé tout le jour, et causer là à l’heure où l’esprit échappe au travail et se sauve de la journée ; causer avec des personnes sympathiques, avec des hommes, des femmes souriant à ce que vous dites ; se livrer et se détendre ; écouter et répondre ; donner son attention aux autres ou la leur prendre ; les confesser ou se raconter ; toucher à tout ce qu’atteint la parole ; s’amuser du jour, juger le journal, remuer le passé comme si l’on tisonnait l’histoire ; faire jaillir, au frottement de la contradiction adoucie d’un : Mon cher, l’étincelle, la flamme, ou le rire des mots ; laisser gaminer un paradoxe, jouer sa raison, courir sa cervelle ; regarder se mêler ou se séparer, sous la discussion, le courant des natures et des tempéraments ; voir ses paroles passer sur l’expression des visages, et surprendre le nez en l’air d’une faiseuse de tapisserie ; sentir son pouls s’élever comme sous une petite fièvre et l’animation légère d’un bien-être capiteux ; s’échapper de soi, s’abandonner, se répandre dans ce qu’on a de spirituel, de convaincu, de tendre, de caressant ou d’indigné ; jouir de cette communication électrique qui fait passer votre idée dans les idées qui vous écoutent ; jouir des sympathies qui paraissent s’enlacer à vos paroles et pressent vos pensées comme avec la chaleur d’une poignée de main : s’épanouir dans cette expansion de tous et devant cette ouverture du fond de chacun ; goûter ce plaisir enivrant de la fusion et de la mêlée des âmes, dans la communion des esprits : la conversation, — c’est un des meilleurs bonheurs de la vie, le seul peut-être qui la fasse tout à fait oublier, qui suspende le temps et les heures de la nuit avec son charme pur et passionnant.
Et souvenez-vous de moi dorénavant lorsqu’ici viendra, après bien des traverses, quelqu’un des hôtes mortels, et qu’il vous demandera : « O jeunes filles, quel est pour vous le plus doux des chantres qui fréquentent ce lieu, et auquel de tous prenez-vous le plus de plaisir ? […] On a le charmant morceau qui servait de préface, et dans lequel il énumère à plaisir les divers poëtes de son choix en les désignant chacun par une fleur appropriée. […] J’ai plutôt plaisir à remarquer qu’il est pour quelque chose dans les meilleurs essais de ces dernières saisons, et que son influence s’y marque sans nuire aux parties originales.
C’était, comme dit Mme de Sévigné, des conversations infinies : « Après le dîner, écrit-elle quelque part à sa fille, nous allâmes causer dans les plus agréables bois du monde ; nous y fûmes jusqu’à six heures dans plusieurs sortes de conversations si bonnes, si tendres, si aimables, si obligeantes et pour vous et pour moi, que j’en suis pénétrée7. » Au milieu de ce mouvement de société si facile et si simple, si capricieux et si gracieusement animé, une visite, une lettre reçue, insignifiante au fond, était un événement auquel on prenait plaisir, et dont on se faisait part avec empressement. […] Depuis que ces pages sont écrites, j’ai eu souvent l’occasion de remarquer tout bas avec bien du plaisir qu’on exagérait un peu cette ruine de l’esprit de conversation en France : sans doute l’ensemble de la société n’est plus là, mais il y a de beaux restes, des coins d’arrière-saison. […] Mademoiselle de Montpensier, du même âge que Mme de Sévigné, mais qui s’était un peu moins assouplie qu’elle, écrivant en 1660 à Mme de Motteville sur un idéal de vie retirée qu’elle se compose, y désire des héros et des héroïnes de diverses manières : « Aussi nous faut-il, dit-elle, de toutes sortes de personnes pour pouvoir parler de toutes sortes de choses dans la conversation, qui, à votre goût et au mien, est le plus grand plaisir de la vie et presque le seul à mon gré. » 8.
Je n’ai qu’à regarder si tout le monde a du plaisir, pour contrôler mon sentiment, et savoir si j’ai bien jugé. […] La réduction de la beauté et de l’idéal littéraire à la vérité et à la nature, et du plaisir à la raison, c’est-à-dire au général, le sentiment de l’inaltérable identité de l’esprit humain correspondant à la confiance du savant en sa raison, la condition d’universalité objective et formelle imposée à la poésie, correspondant au principe de la permanence des lois de la nature, l’indépendance de la raison universelle maintenue sous l’autorité du consentement universel, la notion enfin de la vraisemblance, équivalent littéraire de l’évidence mathématique : tout cela est bien conforme à l’esprit de Descartes, et l’Art poétique fait l’effet de n’être qu’une transposition des idées cartésiennes. […] Chez Aristote, Boileau trouvait formulé ce grand principe de l’imitation de la nature, base commune de tous les arts, qui ne diffèrent que par le choix des objets, des moyens, et par le caractère de leur imitation : il est vrai que, ce principe posé, Aristote exposait surtout comment l’art transforme la nature, en vue de nous procurer le plaisir qui lui est propre.
Le plaisir qu’il vous fait est presque trop vif ; il s’y mêle un peu du malaise qu’on éprouve les jours d’orage ; on dirait, en feuilletant cette prose de névropathe, qu’il vous part des étincelles sous les doigts. […] Ce qu’il en fait, c’est pour nous ennuyer, C’est malice pure, plaisir d’insulter au plus innocent de nos préjugés et à la plus durable de nos institutions nationales. […] J’ouvre encore et je lis : « … Et penchés, soufflant très fort, académiciens et diplomates, la nuque avancée, leurs cordons, leurs grands-croix ballant comme des sonnailles, montrent des rictus de plaisir qui ouvrent jusqu’au, fond des lèvres humides, des bouches démeublées laissant entendre de petits rires semblables à des hennissements.
J’ai cent fois projeté d’écrire à Paris pour faire chercher le reste des paroles, si tant est que quelqu’un les connaisse, encore : mais je suis presque sûr que le plaisir que je prends à me rappeler cet air s’évanouirait en partie, si j’avais la preuve que d’autres que ma pauvre tante Suzon l’ont chanté. […] Quand il en est, lui, sur les torts de son père, qui, honnête homme, mais homme de plaisir, léger et remarié, l’abandonne et le livre à son sort, avec quelle délicatesse il indique ce point douloureux ! […] Lent à penser, prompt à sentir, avec des convoitises ardentes et rentrées, avec une souffrance et une contrainte de chaque jour, Rousseau arrive à l’âge de seize ans, et il se peint à nous en ces termes : J’atteignis ainsi ma seizième année, inquiet, mécontent de tout et de moi, sans goût de mon état, sans plaisirs de mon âge, dévoré de désirs dont j’ignorais l’objet, pleurant sans sujet de larmes, soupirant sans savoir de quoi ; enfin caressant tendrement mes chimères, faute de rien voir autour de moi qui les valût.
Peut-être ne faisons-nous le bien que parce que notre plaisir se trouve dans ce sacrifice. […] En ses plus sombres moments, il reconnaît « qu’il y a peut-être autant de vérités parmi les hommes que d’erreurs, autant de bonnes qualités que de mauvaises, autant de plaisirs que de peines : mais nous n’accusons que nos maux ». Son impartialité de vue l’élève au-dessus des souffrances partielles, même personnelles, et des accidents : « Si l’ordre domine après tout dans le genre humain, c’est une preuve, se dit-il, que la raison et la vertu y sont les plus fortes. » La vraie biographie de Vauvenargues, l’histoire de son âme est toute dans ses écrits ; c’est un plaisir de l’en dégager et de se dire avec certitude, en soulignant au crayon tel ou tel passage : Ici c’est bien lui qui parle, c’est de lui-même qu’il a voulu parler.
Il ne le place qu’après l’étude de l’histoire, après celle de la jurisprudence et de la religion ; il lui a fallu quelque courage, on le sent, pour ajourner le moment de parler de cette étude pour lui la plus attrayante et la plus chère : Il me semble, dit-il, qu’en passant à cette matière je me sens touché du même sentiment qu’un voyageur qui après s’être rassasié pendant longtemps de la vue de divers pays, où souvent même il a trouvé de plus belles choses, et plus dignes de sa curiosité, que dans le lieu de sa naissance, goûte néanmoins un secret plaisir en arrivant dans sa patrie, et s’estime heureux de pouvoir respirer enfin son air natal. […] Il est également pour la liberté morale, pour la liberté d’examen, et il aime à l’exercer pour son compte et à s’en donner le plaisir dans un cercle à l’avance tracé. […] Ainsi pour les sciences : « Un homme d’esprit, dit-il, veut tout lire et tout savoir ; il y goûte pendant longtemps un plaisir infini : mais après avoir bien lu, plus il a de lumières, plus il fait aussi de réflexions qui corrompent, pour ainsi dire, et qui empoisonnent pour lui toute la douceur de la science. » Et cet homme passe à un excès contraire, et il se met, de dépit, à condamner toutes les sciences en général, comme le misanthrope condamne tous les hommes.
ces bosquets, ces prés fleuris, Dont j’aimais tant la fraîcheur, le silence, Ces chants d’amour, de jeux suivis, Tous ces plaisirs n’étaient que sa présence ! […] Ne connaissant l’amour que par récit, le premier qui leur en parle émeut toujours leur cœur en leur inspirant de la reconnaissance ; et, dupes de cette émotion, elles prennent le plaisir de plaire pour le bonheur d’aimer. […] Les volumes suivants, dans lesquels le maître du valet de chambre narrateur est devenu aide de camp du général en chef de l’armée d’Italie, nous rendent, à travers un romanesque surabondant, quelques échos sentis de cette époque d’enthousiasme et d’ivresse, « où l’on ne voulait pour prix de ses dangers que du plaisir et de la gloire ».
Aujourd’hui, le cercle des expériences accompli et les discussions épuisées, nous revenons à lui avec plaisir. […] Un jour le Grand Condé, passant dans la ville de Sens qui était de son gouvernement de Bourgogne, fut complimenté par les corps et les compagnies de la ville, et, caustique comme il était, il se moqua de tous ceux qui lui firent des compliments : Son plus grand plaisir, dit un contemporain, était de faire quelque malice aux complimenteurs en ces rencontres. […] Le mérite original de Nicolas Boileau, étant de cette famille gaie, moqueuse et satirique, fut de joindre à la malice héréditaire le coin du bon sens, de manière à faire dire à ceux qui sortaient d’auprès de lui ce que disait l’avocat Mathieu Marais : « Il y a plaisir à entendre cet homme-là, c’est la raison incarnée. » Le dirai-je ?
Enfin sa moisson augmente, son lot s’accroît ; il sent que son voyage n’aura pas été tout à fait en pure perte : c’était sa crainte en commençant ; cent fois il s’était repenti d’avoir occasionné une dépense inutile : Cette idée, ajoute-t-il naïvement, empoisonnait des moments que j’aurais pu passer avec plus de plaisir. […] Les détails où il faut entrer sans cesse, et qui recommencent chaque jour, ne le lassent point ; loin d’être jamais un ennui, ils lui paraissent une source de plaisirs : Consacrons à l’amitié, dit-il, les moments dont les autres devoirs nous permettent de disposer ; moments délicieux qui arrivent si lentement et qui s’écoulent si vite, où tout ce qu’on dit est sincère, et tout ce qu’on promet est durable ; moments où les cœurs à découvert et libres de contrainte savent donner tant d’importance aux plus petites choses, et se confient sans peine des secrets qui resserrent leurs liens ; moments enfin où le silence même prouve que les âmes peuvent être heureuses par la seule présence l’une de l’autre ; car ce silence n’opère ni le dégoût ni l’ennui. […] On vit avec un plaisir mêlé de surprise combien notre abbé le rendait intéressant aux femmes et aux gens du monde qui l’écoutaient, par les grâces de son style, par la finesse de sa critique, et par ses principes justes et lumineux. — Les femmes mêmes, lit-on dans les Mémoires de Bachaumont, ont été enchantées de cette lecture.
Elle fit, à cette époque, comme toute la cour de France, qui, à certain jour, et en n’obéissant qu’à la mode, au progrès des lettres et au plaisir de comprendre la Sainte Écriture ou de chanter les Psaumes en français, faillit se trouver luthérienne ou calviniste sans le savoir. […] Car il est bien entendu qu’on ne dira que des histoires vraies et non inventées à plaisir : on se contentera, quand il le faudra, de déguiser les noms des pays et des gens. […] les âges, pour nous, deviennent sévères ; le raisonner de plus en plus s’accrédite ; tout loisir a fui ; il y a, jusque dans nos plaisirs, un acharnement qui les fait ressembler à des affaires ; la paix elle-même est sans trêve, tant elle est occupée à l’utile ; jusque dans les journées sereines, les arrière-pensées et les soins sont en bien des âmes : c’est l’heure ou jamais du réveil, c’est l’heure encore une fois de surprendre le monde et de le réjouir ; vous en avez su de tout temps la manière, toujours nouvelle : n’abandonnez jamais la terre de France, Esprits charmants et légers54 !
Libri est cet ami ; il se donne le plaisir de citer une jolie phrase sur Cousin.
Nous ne jugeons tous les Auteurs, en général, que sur leurs Productions ; & ce n’est pas un petit sujet d’éloge pour un Homme du monde & de plaisir, d’avoir non seulement respecté la Religion dans ses Ecrits, mais encore de s’être élevé avec zele contre ceux qui l’attaquent.
Charleval, [Jean-Louis Faucon de Ris, sieur de] né à Paris en 1613, mort dans la même ville en 1693 ; Bel-Esprit de son temps, qui cultiva les Lettres, & fit des vers pour son plaisir, dont il ne nous est parvenu que quelques Pieces, qui font connoître qu’il avoit du talent pour la Poésie légere.
On la verroit sans doute avec le même plaisir dans la Capitale, si des raisons, dont il seroit aisé de deviner la cause, n’empêchoient les Comédiens de la jouer.
Mabillon, le Cardinal Collorédo écrivit aux Bénédictins de Paris, par ordre de Clément XI, qu’ils feroient plaisir à sa Sainteté d’inhumer cet Homme illustre dans le lieu le plus distingué de leur Couvent, parce que tous les Savans de l’Europe ne manqueroient pas de leur demander : Ubi posuistis eum ?
Dans un siecle où l’apparence même de l’esprit étoit toujours sûre d’être bien accueillie, on dut entendre avec plaisir ces quatre vers de la Sophonisbe de Mairet.
il s’y trouvera peut-être des Gens d’esprit qui les liront avec plaisir.
C’est de la prose qu’on ne trouve pas d’ordinaire au bas d’un journal, et qui vous fait plaisir à lire, au réveil. […] Elle veut bien me dire le plaisir qu’elle éprouve à me lire, et son étonnement de la résistance à l’admiration pour mes livres, dans sa société. […] Jeudi 14 mai Daudet nous entretient du plaisir que lui procurait la perspective du danger, et de l’émotion bienheureuse qu’il avait eue, un jour, en tournant la clef d’un hangar de son beau-père, où s’était introduit un voleur de jardin. […] Là-dessus, à la suite de son père, le jeune Daudet déclare sans respect pour les théories de Zola, que la symphonie est la seule forme haute de la musique, et professe très éloquemment, que la musique ne doit avoir qu’une action auditive, et donner un plaisir des sens, s’étend sur Beethoven, et en parle un long temps en passionné, un long temps, pendant lequel Zola garde le silence… au bout de quoi, après un profond soupir, et avec la voix presque plaintive d’un enfant, il laisse tomber : « Pourquoi voulez-vous contrarier mon projet d’opéra ? […] En effet, Maupassant parlait d’une visite faite par lui à l’amiral Duperré, sur l’escadre de la Méditerranée, et d’un nombre de coups de canon à la mélinite, tirés en son nom et pour son plaisir, coups de canon allant à des centaines de mille francs, si bien que Popelin ne pouvait s’empêcher de lui faire remarquer l’énormité de la somme.
À l’amour du vrai, il a tout sacrifié : carrière, plaisirs du monde, relations et santé. […] Elle n’a point le mauvais goût de vouloir servir à ses plaisirs plus longtemps qu’il ne lui plaira. […] La vengeance est le plaisir des dieux, qui sont éternels. […] Bien d’autres que nous ont déjà parlé de lui, mais il est de ceux que l’on recommence toujours avec plaisir, sinon avec beaucoup de profit. […] Ici les actions perdent leur valeur accoutumée ; la règle qui les mesure, ce n’est point la moralité, c’est le plaisir.
Dans le recueil que nous donne aujourd’hui le nouveau poète que j’ai le plaisir de vous présenter, vous trouverez l’émotion, la belle candeur, tour à tour forte et charmante de la jeunesse — la jeunesse !
Dans l’Avocat de sa cause, vous persifliez agréablement l’arbre du bel esprit chez les femmes, et nous y prenions un plaisir extrême, tant les vers bien frappés, tant les traits bien aiguisés se succédaient rapidement dans cette amusante satire.
Une raison prématurée lui ayant fait connoître de bonne heure, que rien ne contribuoit plus que les Belles-Lettres & les Sciences à rendre la vie douce & agréable, il a consacré à l’étude un temps que les personnes de son âge & de son rang donnent ordinairement aux plaisirs & à la dissipation.
Si ses Pieces ne sont pas toujours la peinture fidelle de nos mœurs ; si elles manquent quelquefois de cette force comique, de cette chaleur dans l’action, de cette vivacité dans le dialogue, qui caractérisent Moliere : ses plans sont du moins toujours agréables, toujours variés ; son style est aisé, correct, & souvent gracieux, comme on peut en juger par le François à Londres, le Babillard, l’Homme du Jour, & deux ou trois autres de ses Pieces qui seront toujours revues avec plaisir.
Non seulement ce Poëte, aussi élégant que lumineux, détruit, par des raisonnemens simples & convaincans, le systême du Partisan d’Epicure, en se servant de tout ce que la Physique, la Morale & la Métaphysique ont de plus positif & de moins contesté ; mais encore sa touche, également vive, pénétrante, ingénieuse, & fleurie, ajoute à ses raisons un charme secret, qui porte dans les ames raisonnables le plaisir avec la conviction.
Cependant le Public revoit avec plaisir celle-ci, parce que le sujet en est beau ; parce ce qu'il y a de l'action, une conduite assez réguliere ; parce que les sentimens en sont bien approfondis, & qu'il y regne en général un ton d'intérêt & de chaleur qui annonce de vrais talens La Scene d'Oreste & de Pylade est de la plus grande noblesse & du pathétique le plus attendrissant.
Je m’estimerais bien heureux de joindre le plaisir de vous connaître à celui de vous admirer et de vous remercier. […] Nous sommes tous ainsi faits : les débutants croient en apprendre aux maîtres ; un touriste en sait plus que l’habitant du lieu ; passez-moi cette commune manie : elle fait tant de plaisir !
Théophile Gautier, ce n’est donc ni la légitimité ni la possibilité de l’innovation que je lui conteste ; j’aperçois même, dans la voie particulière où il s’est jeté, un sentier étroit qu’il aurait pu tenir, qu’il a tenu par endroits, mais qu’il a comme détruit à plaisir aussitôt en l’outre-passant. […] Il y a tel défaut de goût, tel point de sentiment gâté, qui comme une petite odeur pernicieuse gagne l’œuvre entière, et en corrompt tout le plaisir.
Tant de gens, qui passent plutôt pour éclectiques que pour absolus, se font tous les jours si grosse, sous nos yeux, la part du lion, quia nominor leo, que c’est plaisir de trouver M. de Maistre à ce point libéral et modeste. […] Il faut ôter aux jansénistes le plaisir de leur donner Bossuet : Quanquam o… !
Si vous échappez à la conquête, tous les vices néanmoins s’introduiront chez vous, parce qu’il n’existera plus parmi les hommes que le seul intérêt du plaisir, et par conséquent de la fortune. […] Il faut néanmoins user la trame de cette vie telle qu’elle est formée, puisque l’imprudence de la jeunesse en a tissu les premiers fils, et chercher dans les liens chéris qui nous restent et dans les plaisirs de la pensée, quelques secours contre les blessures du cœur.
Mais je vous eusse de la sorte privé de la moitié de votre plaisir : la surprise, et j’eusse défloré pour ma commodité personnelle le charme d’inédit du spectacle qu’on va donner. […] C’est une publicité de la pensée plus restreinte mais plus sûre que l’imprimé ; c’est aussi le plaisir de l’applaudissement direct, dans la figure, surtout quand on a comblé une petite salle de ses amis, bref c’est un ensemble de petites illusions, illusion de pensée, illusion d’éloquence, illusion de succès qui chatouillent ridiculement, mais si au bon endroit notre vanité, qu’on ne saurait citer aucun sage qui, ayant fait une conférence, n’en ait pas voulu tenter d’autre.
Personne ne s’en offense chez les humanistes de la restauration carlovingienne, ni chez ceux de la Renaissance : il faut que l’esprit humain s’amuse d’abord quelque temps de ses découvertes et des résultats nouveaux qu’il introduit dans la science, qu’il s’en fasse un plaisir, quelquefois même un jouet, avant d’en faire un objet de méditation philosophique. […] C’est plaisir de le voir faire le brave et le dégagé, l’homme du monde qui n’entend rien aux sciences et sait tout sans avoir jamais rien appris. « Ce ne sont ici, dit-il, que resveries d’homme qui n’a gousté des sciences que la crouste première en son enfance et n’en a retenu qu’un général et informe visage : un peu de chaque chose, et rien du tout, à la françoise.
Il prétend que « les traductions en prose sont moins faites pour le plaisir des lecteurs que pour l’intelligence du texte ». […] Enfin toutes les manières possibles de traduire doivent aboutir à un seul objet, qui est de se faire lire de suite, avec plaisir, sans égard au texte, de ressembler à un excellent original.
Ne lisons-nous pas encore avec plaisir Amiot ? […] Il entend parler du pere Rapin et de Monsieur Dacier, dont il vient de rapporter les jugemens sur les tragédies françoises, jugemens qu’il adopte avec d’autant plus de plaisir qu’il a composé son ouvrage, principalement pour montrer la supériorité de la tragédie ancienne sur la tragédie moderne.
On m’a bien parlé de quelques épigrammes de votre façon, dont j’ai ri toute la première de plaisir quand je les ai trouvées bonnes, de pitié quand elles m’ont paru mauvaises. […] Je ne suis ennemie jusqu’à ce point, ni du plaisir des autres, ni du mien propre.
Les bruits qui ont circulé, de son vivant, sur ce jeune génie qui s’est déchiré à tous les plaisirs d’une jeunesse folle, comme les dentelles que les femmes accrochent et déchirent, en valsant, ces bruits ont charrié jusqu’à moi plus de choses que ce pâle récit qui n’ajoute rien à sa renommée. […] Comme les Élégants d’alors, il salit beaucoup de gants, blancs et jaunes ; mais, moins superficiel que les autres, il livra le meilleur de sa jeunesse en proie aux plaisirs enivrants et aux cruautés de l’amour… L’extraordinaire poésie qui était en lui s’était éveillée dès l’enfance.
À peine en ai-je goûté les charmes, non pas de cette amitié vaine qui naît dans les vains plaisirs, qui s’envole avec eux, et dont on a toujours à se plaindre, mais de cette amitié solide et courageuse, la plus rare des vertus. » L’orateur nous apprend ensuite que c’est le dessein d’élever un monument à la cendre de son ami, qui lui a fait entreprendre cet ouvrage ; il finit par une réflexion triste mais vraie. […] Toute la fin respire le charme de l’amitié, et porte l’impression de cette mélancolie douce et tendre, qui quelquefois accompagne le génie, et qu’on retrouve en soi-même avec plaisir, soit dans ces moments, qui ne sont que trop communs, où l’on a à se plaindre de l’injustice des hommes ; soit lorsque blessée dans l’intérêt le plus cher, celui de l’amitié ou de l’amour, l’âme fuit dans la solitude pour aller vivre et converser avec elle-même ; soit quand la maladie et la langueur attaquant des organes faibles et délicats, mettent une espèce de voile entre nous et la nature ; ou lorsqu’après avoir perdu des personnes que l’on aimait, plein de la tendre émotion de sa douleur, on jette un regard languissant sur le monde, qui nous paraît alors désert, parce que, pour l’âme sensible, il n’y a d’êtres vivants que ceux qui lui répondent.
Le plaisir est un sentiment agréable & passager, le bonheur considéré comme sentiment, est une suite de plaisirs, la prospérité une suite d’heureux évenemens, la félicité une joüissance intime de sa prospérité. […] Le Parisien est impétueux dans ses plaisirs, comme il le fut autrefois dans ses fureurs. […] Ce n’est qu’avec de l’habitude & des réflexions qu’il parvient à sentir tout-d’un-coup avec plaisir ce qu’il ne déméloit pas auparavant. […] Ce qu’on appelle bonheur, est une idée abstraite, composée de quelques idées de plaisir ; car qui n’a qu’un moment de plaisir n’est point un homme heureux ; de même qu’un moment de douleur ne fait point un homme malheureux. Le plaisir est plus rapide que le bonheur, & le bonheur plus passager que la félicité.
Tardo non furon mai grazie divine ; « Les grâces du ciel ne se font jamais attendre. » « Je parle ainsi parce qu’il me semblait avoir non pas perdu, mais égaré vos bonnes grâces, car vous avez tant tardé à m’écrire que je ne pouvais interpréter la cause de ce silence… J’ai craint qu’on ne vous eût prévenu contre moi en vous disant que j’étais un mauvais économe… J’ai été tout réconforté par votre dernière lettre du 23 du mois passé ; j’y ai vu avec bien du plaisir que vous ne vous occupiez plus qu’à votre aise des affaires d’État. […] « Puisqu’il en est ainsi, je vais essayer de vous rendre un plaisir équivalent à celui que m’a fait votre lettre, et vous dire à mon tour la façon dont je gouverne ma vie… « J’habite dans ma métairie, et, depuis mes disgrâces, je ne crois pas avoir été vingt jours en tout à Florence. […] Aussi, s’il y a plus de plaisir à lire Montesquieu, s’il y a plus d’éblouissement à lire Bossuet, il y a plus de profit politique à lire Machiavel. […] Elle dominait son mari, le roi Ferdinand ; ce prince, très spirituel (quoi qu’on en ait dit), mais indolent d’esprit, ne demandait au trône que du plaisir ; les grands le méprisaient pour sa paresse, le peuple l’adorait pour sa familiarité avec la populace. […] L’esprit de Joseph II et de Léopold, ses frères, les deux souverains les plus hardis contre les routines de gouvernement, respirait dans ses propres actes ; elle avait autant de philosophie et de hardiesse : plus puissante, elle aurait été la Catherine II du midi de l’Europe ; mais, fille de Marie-Thérèse, elle était reine avant tout, et, femme autant que reine, elle mêlait le goût du plaisir à celui de la domination.
Le cœur gonflé de désirs inassouvis, il habitait un monde vide pour lui ; pauvre et privé de plaisirs, il les épuisait par l’imagination ; il se désabusait de tout avant d’avoir usé de rien. […] Enfin il a de l’argent, enfin il va goûter aux plaisirs et épuiser toutes les jouissances. […] Nous autres Romains de cet âge de vertu, tous tant que nous sommes, nous tenons en réserve nos costumes politiques pour le moment de la pièce et moyennant un demi-écu donné à la porte, chacun peut se procurer le plaisir de nous faire jouer avec la Toge ou la Livrée tour à tour, un Cassius ou un valet. » (Essai, page 333.) […] Les Renés à la fin du siècle dernier pullulaient, pauvres et fiers, assoiffés de plaisirs, torturés par l’ambition et rêvant de fortunes subites, inactifs et toujours inquiets, toujours en quête d’un « bien inconnu ». […] Mais Atala a avait été élevée en Angleterre ; ses parents ne l’avaient envoyée de l’autre côté de la Manche que pour l’empêcher de lire les romans publiés à Paris, qui tous à l’envie enseignaient aux femmes « qu’on ne peut résister à son cœur, qu’il faut aimer sans cesse, que l’amour est la source des vertus, des plaisirs et le bonheur suprême ».
Cependant, malgré la dureté de l’apprentissage, je commençais à trouver de temps en temps un plaisir sévère à ces récits pathétiques, à ces belles pensées qu’on nous faisait exhumer mot à mot de ces langues mortes ; un souffle harmonieux et frais en sortait de temps en temps, comme celui qui sort d’un caveau souterrain muré depuis longtemps et dont on enfonce la porte. […] VIII De ce jour la littérature, jusque-là maudite, me parut un plaisir un peu chèrement acheté, mais qui valait mille fois la peine qu’on nous imposait pour l’acquérir. […] Les premiers essais de composition littéraire, qu’on nous faisait écrire en grec, en latin, en français, ajoutèrent bientôt à ce plaisir passif le plaisir actif de produire nous-même, à l’applaudissement de nos maîtres et de nos émules, des pensées, des sentiments, des images, réminiscences plus ou moins heureuses des compositions antiques qu’on nous avait appris à admirer. […] Un seul mot l’explique, et c’est par là que je voulais terminer : c’est que je suis redevenu franchement et exclusivement homme de lettres ; c’est que je vis, grâce à cette passion pour la littérature, en société avec tous les hommes qui ont légué leur âme écrite à la mienne, comme nous léguerons tous une parcelle de notre âme écrite à ceux qui viendront après nous ; c’est que mon âme se distrait, s’édifie, se fortifie dans cette société des grands morts ; et c’est aussi parce que, indépendamment de ces bienfaisantes influences du travail littéraire en lui-même, je jouis de penser que ce travail, plaisir pour les uns, peine pour les autres, devoir pour moi, ne sera peut-être pas entièrement perdu pour ceux à qui je dois le fruit de mes veilles1 !
Qui donc a dit que la jeunesse française d’aujourd’hui était indifférente à tout, endormie dans l’égoïsme, molle au travail, veule jusque dans le plaisir ? […] le plaisir d’avoir peur ! […] C’était son plaisir de faire ainsi du socialisme en action. […] Lot, et j’en aurais parlé avec plaisir : mais l’éditeur a aimablement refusé de m’envoyer le volume. […] Il a plaisir à parler l’argot des faubourgs.
cela fait grand plaisir. […] On n’échappe pas au « plaisir ». […] Je veux dire : qu’importe pour mon plaisir ? […] Elle ne tarde pas à confesser ses sentiments au beau troubadour. « Je rêve, murmure-t-elle, un plaisir délicat. […] Et j’ai une autre excuse : il est du moins quelqu’un à qui je ferai plaisir : c’est M.
C’est, en tout cas, ce que j’ai plaisir à dire expressément ici. […] Zola semble prendre plaisir à prodiguer dans ses romans ? […] Au contraire, c’est plaisir pour l’imagination que de mettre en déroute les plus beaux raisonnements du monde. […] Daudet semble avoir pris plaisir à rabaisser cette reine, qui devait être, qui est en effet, la figure héroïque du roman. […] Balzac en a su rencontrer quelques-uns, de ces originaux, que l’on prend plaisir à connaître.
Les Grecs pouvaient trouver quelque plaisir à voir le sang couler des yeux d’un aveugle : les Anglais aiment beaucoup les gibets, les roues, les exécutions ; le bourreau est un de leurs acteurs les plus intéressants. […] Voici un conte fait à plaisir pour amener un bon mot de Piron. […] La douleur d’une mère ne ressemble point à la rage : une mère peut réclamer, ordonner le supplice du meurtrier de son fils ; mais elle n’est point avide du plaisir de l’assassiner, de le poignarder elle-même. […] Mérope imite ces dévotes qui semblent ne faire le bien que pour avoir le plaisir de déchirer les femmes qui font le mal. […] C’est cependant à la faveur du bal et du masque que s’opère la réconciliation de Durval et de Constance ; dénouement peu naturel, mais qui fait plaisir parce qu’on aime toujours à voir triompher l’innocence.
Il n’eût pas, à la vérité, acquis autant de gloire que son pere, dont les talens étoient supérieurs aux siens ; mais il se fût garanti du blâme d’avoir préféré le coupable plaisir d’amuser le libertinage & la frivolité, au mérite solide de donner des Productions décentes & utiles.
Ces deux petites Pieces reparoissent souvent, & les Amateurs de la bonne Comédie les revoient toujours avec le même plaisir.
Après ce début, l’amour, le vin & les plaisirs furent les objets de ses Chants, sur lesquels une imagination gaie, une touche fine & délicate, un génie agréable & facile, répandent un coloris que les regles austeres du Parnasse n’avoueront pas toujours, mais qui n’en paroît que plus original.
On pourroit lui reprocher d’avoir entrepris la continuation de l’Histoire de l’Académie Françoise, après un Prédécesseur tel que Pelisson, & d’avoir un peu trop loué, dans cet Ouvrage, des Hommes médiocres ; mais on peut dire, à sa justification, qu’il n’écrivoit que pour ses Confreres, & que son caractere, ennemi de toute prétention, lui fit moins envisager sa propre gloire, que le plaisir de concourir autant qu’il le pouvoit à celle des autres.
On ne doit pas lui envier ce plaisir, en attendant que nous ayons des Auteurs plus capables de l'amuser, sans lui faire illusion.
Ces deux pastels représentent l’Innocence sous la figure d’une jeune fille qui caresse un agneau, et le Plaisir sous la figure d’un jeune garçon enlacé de soie, couronné de fleurs et la tête entourée de l’arc-en-ciel.
J’ai lu autrefois avec plaisir les propres Nouvelles de cet auteur. […] Je l’écoutai parler avec plaisir une fois par semaine, pendant plusieurs années. […] Quel plaisir désordonné ! […] Ils les lisent sans doute avec plaisir, au café, en sirotant leur verre, puis ils passent. […] Il fermait les yeux et goûtait ainsi un plaisir délicat.
Béranger, Chateaubriand et Lamennais se voient volontiers et avec plaisir chez Béranger à Passy : le malin chansonnier fait son métier de diable, comme il dit, en les conviant chez lui, sur son terrain.
S’il s’agenouille devant la femme, c’est par une attitude naturelle et pour le plaisir attendu.
Elle vient d’affronter pour la première fois, je ne dirai pas les feux de la rampe, mais les lustres tout aussi redoutables d’une grande salle de concert ; mais, depuis longtemps déjà, elle est connue, appréciée, classée… C’est plaisir de voir les fermes convictions, les consciences artistiques estimées à leur valeur.
La seconde est foible de versification ; mais l’intérêt en est si touchant, qu’on l’a toujours revue avec plaisir.
Pour joindre la fine Littérature à la saine Morale, il apprend au Public que les Auteurs anciens sont obscurs & la nuit même ; qu'Horace n'est qu'un homme de table & de plaisirs, qui ne cherche qu'à rire & à boire.
Le mérite de ses Lettres, qu'on lit toujours avec un nouveau plaisir, ne consiste pas dans un étalage d'esprit ou dans une emphase de sentiment, comme celui d'une infinité d'Auteurs qui nous ont donné des volumes d'Epîtres, sans approcher en aucune façon du naturel, de l'aisance, de la délicatesse, du sel, & de l'agrément, qui présidoient à tout ce que Madame de Sévigné écrivoit.
Cette émulation a produit le Siége de Calais, le Comte de Comminges, & les malheurs de l'Amour, trois Romans, dont le premier est, sans contredit, celui qu'on lit avec le plus de plaisir.
Théodore Burette avait écrit à Eugène Sue une lettre, reproduire en tête de la seconde édition des Mystères de Paris, dans laquelle il disait : « Toutes ces atrocités, toutes ces misères, dont vous vous êtes fait l’historien-poëte, ont frappé nos législateurs ; et si Jean-Jacques Rousseau a mis en baisse le lait des nourrices, vous mettrez en hausse les lois les plus simples de la justice et de l’humanité… Si l’on crée des charges d’avocat du pauvre, à bon droit vous devez être bâtonnier. » — La Démocratie pacifique ajoutait à cette lettre en la reproduisant : « Nous voyons avec plaisir un professeur de l’Université prendre honorablement la défense du livre de M.
Marmier lui-même, qui se souvient encore avec plaisir de ce coup de chapeau donné par la critique au livre de poésie qui marqua son début littéraire au retour d’un voyage (en 1830). une longue amitié, cimentée par les relations du monde, s’en est suivie ; dans les dernières années, quand M.
Remy de Gourmont Il y a un certain plaisir à ne pas s’être trompé au premier jugement porté sur le premier livre d’un inconnu, maintenant que M.
Il n’est point aisé de déterminer le genre de plaisir que l’on éprouve au commerce de ces poèmes très simples et très compliqués, et, sans doute, quelques strophes détachées en feront, mieux que toute paraphrase, goûter la grâce amère : Ici, près de la porte où je t’avais suivie, J’ai possédé longtemps ton visage anxieux.
Les grands poètes sont pour tout le monde, les petits poètes jouissent d’un sort bien enviable encore : ils sont destinés au plaisir des délicats.
La plupart des poèmes qu’on va lire et que leur auteur maintenant considère comme des plaisirs depuis longtemps décolorés, furent composés de 1889 à 1895 et parurent dans les diverses Revues dont on trouvera plus bas la nomenclature.
Il est vrai que nous sommes en apparence recherchés des grands seigneurs ; mais ils nous assujettissent à leurs plaisirs, et c’est la plus triste de toutes les situations que d’être l’esclave de leur fantaisie. […] Comme j’avais l’argent des menus plaisirs du prince, il me donna ce soin. […] Le besoin des amusements, l’impuissance de s’en procurer d’agréables et d’honnêtes dans les temps d’ignorance et de mauvais goût, avait fait imaginer ce triste plaisir, qui dégrade l’esprit humain. […] Étrangère aux plaisirs de son mari, insensible aux contrariétés et aux peines sans nombre que ses travaux et ses ennemis lui suscitaient, mademoiselle Molière ne se souciait des applaudissements qu’il recevait que comme d’un motif de vanité personnelle. […] À la fin de cette même année, Louis, toujours avide de plaisirs, voulut donner à sa cour une longue série de fêtes plus galantes encore que les précédentes.
J’y ai goûté un plaisir extrême. […] Savez-vous quel est son plaisir, quand son rhumatisme lui laisse un moment de liberté ? […] Il l’eût dramatisé et compliqué à plaisir. […] Il a arrangé toutes choses en vue de l’effet et pour le plus grand plaisir du public. […] On ne fatiguait pas des hommes de la sorte, pour le plaisir de les promener.
Et son trait chante son plaisir : il monte, il se déroule d’un seul jet, il empêche en se jouant tout autre d’être possible, il s’élance comme un doux cri parfait. […] Il est vrai que c’est encore de grands élans de plaisir que s’anime cette musique ; tout le délice espagnol coule entre les bords du poème. […] C’est pourquoi je pense que certains goûteront, à lire cette étude, le plaisir, d’autant plus délicat que moins avoué, d’une vengeance. […] Que jamais ne demeure mon corps de plaisir inoccupé. […] … Si l’abstention l’enchante si profondément, c’est qu’elle lui révèle les longs plaisirs de l’âme.
Et d’abord, tout au moins dans la tragédie, il réduit autant que possible la part faite au plaisir des yeux. […] La civilisation mécanique a augmenté considérablement la part du loisir dans la vie de l’homme, en conséquence la part du plaisir. […] Le plaisir du spectacle, en devenant moins rare, perd son prix… et sa qualité. […] Plus subjective encore que la poésie romantique, elle est conçue pour le plaisir secret, égoïste de son auteur. […] Sa foi et son plaisir l’amèneront à son insu à une conception de l’art moins triviale et moins sommaire.
Nous aurions volé de plaisirs en plaisirs. […] Analysez la passion de l’amour, surtout à ses débuts : est-ce le plaisir qu’elle vise ? […] Il ressemblerait au plaisir plutôt qu’à la joie. […] Il suffit que dans la joie de l’enthousiasme il y ait plus que dans le plaisir du bien-être, ce plaisir n’impliquant pas cette joie, cette joie enveloppant et même résorbant en elle ce plaisir. […] Plaisir et bien-être sont quelque chose, la joie est davantage.
Comme l’heure de mon repas était passée, j’en eus beaucoup plus d’appétit, et ce fut, depuis quatre mois, le jour où je pus manger avec plaisir. […] Ils parlèrent beaucoup de la France et de la générosité de son grand monarque ; et le cardinal lui dit, à ce sujet, des choses qui lui firent tant de plaisir qu’il fut de la meilleure humeur du monde, parce que c’était son jour de débauche qu’il faisait une fois la semaine. […] J’espérais que, si je venais à bout de mon Persée, toutes mes peines se changeraient en gloire et en plaisirs. […] Altoviti m’a fait voir son portrait en bronze, et m’a dit qu’il était de vous : il m’a fait le plus grand plaisir ; mais il l’a placé dans un faux jour, ce qui l’empêche de produire le merveilleux effet dont il est susceptible.” […] Que l’on juge du plaisir que j’eus à la recevoir !
« L’auteur prend encore tous ses plaisirs dans la vie solitaire, mais il y est ramené par l’ennui de ce qui l’entoure, et aussi effrayé par l’immensité où il se plonge en sortant de lui-même. […] Enfant, Dieu vous nourrit de sa sainte parole : Mais bientôt le laissant pour un monde frivole, Et cherchant la sagesse et la paix hors de lui, Vous avez poursuivi les plaisirs par ennui ; Vous avez, loin de vous, couru mille chimères, Goûté les douces eaux et les sources amères, Et sous des cieux brillants, sur des lacs embaumés, Demandé le bonheur à des objets aimés. […] qu’un peu de ces chants, un peu de ces couronnes, « Avant les pâles jours, avant les lents automnes, « M’eût été dû plutôt à l’âge efflorescent « Où, jeune, inconnu, seul avec mon vœu puissant, « Dans ce même Paris cherchant en vain ma place, « Je n’y trouvais qu’écueils, fronts légers ou de glace, « Et qu’en diversion à mes vastes désirs, « Empruntant du hasard l’or qu’on jette aux plaisirs, « Je m’agitais au port, navigateur sans monde, « Mais aimant, espérant, âme ouverte et féconde ! […] Je trouve dans l’ouvrage d’un exact et ingénieux auteur anglais une description du domaine de Virgile, que je prends plaisir à traduire, parce qu’elle me paraît composée avec beaucoup de soin et de vérité : « “La ferme, le domaine de Virgile, nous dit Dunlop (Histoire de la littérature romaine), était sur les bords du Mincio. […] Combattant sans beaucoup de difficulté l’opinion exagérée qu’on pourrait se faire de la chasteté de Virgile, il ajoute : “Plus délicat de tempérament qu’Horace, Virgile s’abandonna avec moins d’emportement que son ami, mais avec aussi peu de scrupule, aux plaisirs de Vénus.
Placez un enfant au milieu de grandes montagnes, il reste insensible à ce spectacle, mais il voit un jouet avec plaisir. […] Enfin (et l’hérédité joue ici son rôle) s’éveillent aussi probablement « certaines combinaisons qui existaient à l’état organique, dans la race humaine, aux temps barbares, quand toute son activité pour le plaisir se déployait surtout au milieu des bois et des eaux. […] De plus, le sentiment de la possession a sa part dans l’activité générale ; il y a un plaisir de possession ; les deux amants s’appartiennent l’un à l’autre, — se réclament mutuellement, comme une espèce de propriété. […] Finalement il y a une exaltation de la sympathie : le plaisir purement personnel est doublé, en étant partagé avec un autre ; et les plaisirs d’un autre sont ajoutés à nos plaisirs purement personnels.
D’ailleurs, quand l’illusion des autres devrait durer, plus elle serait grossière, plus celle de l’amour-propre s’affaiblirait ; le plaisir que nous éprouvons à en imposer aux hommes, consiste en partie dans la satisfaction que nous ressentons de voir combien nous leur sommes supérieurs dans la connaissance de nous-mêmes et de nos talents. […] Je crois cependant devoir avertir que mon dessein n’est point ici d’établir des principes ou des faits absolument généraux ; je reconnais avec plaisir quelques exceptions, la naissance et la fortune n’excluent point les talents comme elles ne les donnent pas. […] Ils en sont toujours blâmés par ce public même, qui dans son oisiveté maligne, prend quelquefois plaisir aux traits qu’on lance contre eux. […] Leur familiarité n’a rien de suspect, parce qu’elle est le fruit de l’estime qu’ils ont pour les talents, et du plaisir réel qu’ils trouvent dans la société des gens de lettres. […] Dans les pays où la presse n’est pas libre, a licence d’insulter les gens de lettres par des satires n’est qu’une preuve du peu de considération réelle qu’on a pour eux, lu plaisir même qu’on prend à les voir insultés.
Cependant, Monsieur, je ferais tort à la vérité, si je ne disais pas que j’ai éprouvé, au milieu de ma confusion, un vif plaisir, et je me ferais tort à moi-même, si je dissimulais ma reconnaissance, qui a été plus vive encore, et qui a fait, la meilleure partie de mon plaisir. […] Je vois, j’écoute, et jusqu’à ce moment je n’envie pas les plaisirs du grand monde. […] Malgré tous les plaisirs que je me propose, je préférerais de passer quelques moments avec vous, ma chère grand’mère ; ce plaisir-là va au cœur, il me rend heureux, il m’est utile. […] À cela près, sans doute, c’est un plaisir. […] Il passe avec nous le reste de la journée, à notre grand plaisir.
Son plus grand plaisir était le plaisir de la fourrai qui grossit son tas grain à grain. […] J’y reviens avec plaisir, et j’insiste désormais sur cet ordre de services par lesquels il survivra aux souvenirs de sa génération et laissera un nom dans la science. […] pas davantage ; il n’y prétendait même pas, et tout retentissement lui était antipathique ; — mais tous ces soins, ces scrupules, cette conscience, rien que pour le plaisir de se satisfaire, de ne pas se sentir en faute, de paraître exact et sans reproche à un infiniment petit nombre de juges, de posséder toute une branche d’érudition ténue et délicate, et de la faire avancer, ne fût-ce que d’une ligne : voilà quelle était l’inspiration et l’âme de l’étude pour M.
Elle sert aussi à jouir ; par un don de la Providence, elle perpétue le plaisir comme elle éternise la douleur. […] V Permettez-moi d’imiter ici Boccace, et de décrire à plaisir le site où je rencontrai ce poète. […] Quel que soit le plaisir qu’on se promette d’un grand voyage, il y a toujours dans le paysage qu’on va quitter une voix prudente et un peu triste qui semble vous dire par chaque rayon de soleil, par chaque ombre d’arbre, par chaque rayon du soir qui se couche : « Pourquoi me quitter ? […] Dans ces plaisirs naïfs que j’excite moi-même, Je leur montre à s’aimer entre eux comme on les aime ; Et, sans trop me hâter, dans leur folle saison, Je sème, en quelques mots, le grain de la raison.
Cela ne veut pas dire que la littérature, en tâchant avant tout d’exciter ce plaisir particulier qu’on appelle le plaisir esthétique, néglige ou dédaigne les données fournies par la réalité et les résultats acquis par le savoir humain ; elle est obligée d’en tenir compte, et suivant les temps, les genres littéraires, les goûts des individus, elle fait une part plus ou moins large au vrai et au vraisemblable. […] Qui lit encore pour son plaisir ces bestiaires, volucraires, bréviaires du monde où la naïve crédulité de nos ancêtres a entassé les contes de nourrice et les platitudes rimées ? […] Sully Prudhomme, dans son noble poème de la Justice, a condensé en un dialogue tragique l’antagonisme de ces deux voix que l’homme moderne entend retentir au fond de sa conscience ; l’une est celle de la science, implacable et sereine, qui renverse sans pitié les vieilles idoles, les croyances chères à l’enfance des peuples, les préjugés enracinés par une longue accoutumance ; l’autre est celle du cœur qui proteste, qui tantôt a peur de ce bouleversement, s’attendrit sur les choses détruites, proclame l’inutilité du savoir humain et conseille au chercheur de s’endormir dans le plaisir et l’insouciance, tantôt se révolte, taxe la science d’impie, l’accable d’invectives passionnées, l’accuse de désenchanter la vie, d’anéantir le bonheur et la vertu.
Cette exposition du sujet ne doit point être si claire, qu’elle instruise parfaitement le spectateur de tout ce qui doit arriver dans la suite, mais le lui laisser entrevoir comme une perspective, pour le rapprocher par degrés et le développer successivement, afin de ménager toujours un nouveau plaisir partant du même principe, quoique varié par de nouveaux incidents qui piquent et réveillent la curiosité. Car si l’on suppose une fois l’esprit suffisamment instruit, on le prive du plaisir de la surprise, auquel il s’attendait. […] Si quelque chose peut prouver que nous nous accoutumons à tout, et que, tout jaloux que nous paraissons de l’imitation de la nature, le moindre plaisir nous fait passer sur bien des irrégularités, c’est qu’on ne soit pas blessé des monologues dans les tragédies, surtout quand ils sont un peu longs. […] On n’est point choqué de voir un homme ou une femme chanter seul et exprimer par le chant les mouvements de joie, de tendresse, de plaisir, de tristesse, dont son âme est atteinte.
Louis XIV prenoit plaisir à lui entendre lire ses Ouvrages, & l’honoroit d’une bienveillance particuliere : Madame de Montespan étoit seule admise à ces lectures.
M. de Voltaire a bien pu dire dans une Epître* : L’Abbé François écrit ; le Léthé, sur ses rives, Reçoit avec plaisir ses Feuilles fugitives.
Ses Bergeries ont un naturel, une délicatesse, une harmonie qui en fait retenir avec plaisir la plupart des Vers.