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813. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Appendice aux articles sur Roederer. (Voir page 393.) » pp. 533-543

Ma femme avait dans sa voiture un instrument (Il figura par le geste une seringue) ; on l’arrangea, et elle fit donner par sa femme de chambre un secours important à ce pauvre homme… Elle, elle fit là la dame de charité tout à fait ; elle est actuellement poltronne. […] Ce matin, il a fallu attendre deux heures du pain pour faire déjeuner le pauvre Lasalle.

814. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Mémoires de l’impératrice Catherine II. Écrits par elle-même, (suite.) »

Un jour que Catherine était dans sa chambre à coucher, attenante à celle où se faisait ce vacarme, et qu’elle lisait peut-être du Bayle ou du Platon, elle entendit de tels cris qu’elle ouvrit la porte : « Je vis qu’il tenait un de ses chiens en l’air par le collier, et qu’un garçon, Kalmouck de naissance, qu’il avait, tenait le même chien par la queue (c’était un pauvre petit Charlot de la race anglaise), et avec le gros manche d’un fouet, le grand-duc battait ce chien de toute sa force. Je me mis à intercéder pour cette pauvre bête, mais cela fit redoubler les coups.

815. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « MADAME TASTU (Poésies nouvelles.) » pp. 158-176

pauvre mère ! […] pauvre femme !

816. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « M. Rodolphe Topffer »

Son séjour à ces tristes bains produisit un charmant cahier de paysages qui fut publié au bénéfice des pauvres baigneurs de l’endroit. […] Bernier, chargé des deux nouvelles ouailles qu’il s’est données, ses tribulations croissantes et toujours consolées, depuis le moment où il sort de l’hôtel au milieu des rires en les tenant chacune sous un bras, jusqu’au jour où il les recueille chez lui dans sa propre chambre et où la grossesse de la pauvre Rosa se déclare, ces incidents survenant coup sur coup et l’un à l’autre enchaînés sont touchés avec un art secret, et ménagés avec une conduite qui fait l’intérêt du fond.

817. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Joséphin Soulary »

Pour nos pères, Millevoye était le poète du Jeune Malade ; Soumet, de la Pauvre Fille ; Guiraud, du Petit Savoyard. […] Le fou qui la suivrait, dit le poète, serait pauvre, honni des bourgeois, et se damnerait. « Il perdrait la sainte chimère de l’hyménée éternel  mais il n’aurait pas de belle-mère ! 

818. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « (Chroniqueurs parisiens II) Henry Fouquier »

Il sent en lui quelque chose de supérieur à lui-même, de tout-puissant et de mystérieux ; et son cœur se gonfle d’orgueil à songer qu’il est, quoi qu’il fasse et sans qu’il sache lui-même pourquoi, le rêve réalisé de tant de pauvres et folles et charmantes créatures. […] Cette franc-maçonnerie établit qu’une jeune fille qui donne son cœur pour un bouquet de roses est perdue, tandis qu’une femme mariée qui le donne par caprice — ou pour un bracelet, comme les lionnes pauvres dont le monde honnête est plein  n’est pas compromise, pourvu qu’elle y mette un peu d’hypocrisie, etc.

819. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « « L’amour » selon Michelet » pp. 47-66

Dans le chapitre : La Mouche et l’Araignée, cherchant comment elle peut être amenée à la faute, il n’ose imaginer que deux cas : si elle tombe, — c’est qu’une perfide amie avait résolu de la faire tomber, la pauvre petite ; — ou c’est que, de très bonne foi, elle voulait, la chère enfant, servir les intérêts de son mari… Et pour elle Michelet imagine des fractions de responsabilité morale. […] Au fait, il n’est pas nécessaire d’avoir un vieux fond chrétien pour sentir ainsi : le pauvre Maupassant a été un jour soulevé de dégoût en songeant que les organes de l’« amour » sont aussi ceux des plus viles sécrétions.

820. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Deux tragédies chrétiennes : Blandine, drame en cinq actes, en vers, de M. Jules Barbier ; l’Incendie de Rome, drame en cinq actes et huit tableaux, de M. Armand Éphraïm et Jean La Rode. » pp. 317-337

Il n’a pas d’ailleurs été partout inégal à sa tâche ; et voici une scène, — la dernière, — où la maternité chaste et sanglante de Blandine, aidant le pauvre petit Ponticus à souffrir et à mourir, est peinte de traits assez forts et assez doux : PONTICUS Pardonne-moi, j’ai peur ! […] Quand les cieux auront passé… quand les éléments embrasés auront été dissous… vous, les pauvres… vous ressusciterez en vos corps glorieux, et vous jouirez d’une félicité infinie. » Alors Faustus (remarquez que ce qu’il vient d’entendre est tout ce qu’il connaît du christianisme,) : — « Voilà ce que ton Dieu promet ?

821. (1766) Le bonheur des gens de lettres : discours [graphies originales] « Le Bonheur des gens de lettres. — Premiere partie. » pp. 12-34

Avouons-le cependant ; l’indigence est affreuse, un ancien Poëte nous la représente sous l’image d’une femme échevelée, abandonnée sur un rocher désert, qui tantôt lutte contre le désespoir, tantôt mesure l’abîme effroyable ou elle va se précipiter ; mais l’indigence n’a jamais surpris l’homme de Lettres laborieux, il pourra être pauvre, & ce sera là le gage de ses vertus, & de la noble fierté de son ame. […] Quelle foule d’Ecrivains sublimes & pauvres depuis Socrate jusqu’à Descartes, & depuis Homére jusqu’à Milton !

822. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre III. La commedia dell’arte en France » pp. 31-58

La cour refusa de recevoir ces lettres et défendit aux Italiens de se prévaloir jamais de lettres pareilles sous peine de dix mille livres parisis d’amende, applicables à la boite des pauvres. […] Mais la pauvre jeune fille, voyant ma fureur et mon rire de Satan déchaîné, eut une telle peur, que le Scarabombardin sortit… LE PÉDANT.

823. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XXI. Dernier voyage de Jésus à Jérusalem. »

je vous le déclare, il n’en restera pas pierre sur pierre 948. » Il refusa de rien admirer, si ce n’est une pauvre veuve qui passait à ce moment-là, et jetait dans le tronc une petite obole : « Elle a donné plus que les autres, dit-il ; les autres ont donné de leur superflu ; elle, de son nécessaire 949. » Cette façon de regarder en critique tout ce qui se faisait à Jérusalem, de relever le pauvre qui donnait peu, de rabaisser le riche qui donnait beaucoup 950, de blâmer le clergé opulent qui ne faisait rien pour le bien du peuple, exaspéra naturellement la caste sacerdotale.

824. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Mémoires touchant la vie et les écrits de Mme de Sévigné, par M. le baron Walckenaer. (4 vol.) » pp. 49-62

Elle disait elle-même, en se souvenant d’un ancien ami : « J’ai vu ici M. de Larrey, fils de notre pauvre ami Lenet, avec qui nous avons tant ri ; car jamais il ne fut une jeunesse plus riante que la nôtre de toutes les façons. » Sa beauté un peu irrégulière, mais réelle, devenait rayonnante en ces moments où elle s’animait ; sa physionomie s’éclairait de son esprit, et l’on a pu dire, à la lettre, que cet esprit allait jusqu’à éblouir les yeux. […] Elle eut, après tout, de la justesse et de l’économie jusque dans la prodigalité de ses qualités et de ses dons ; elle ne se contenta pas d’avoir de l’esprit, elle l’aima chez les autres ; elle rechercha les lumières, chose alors nouvelle, et sut partout s’entourer d’un cercle d’hommes distingués ; elle vécut enfin et mourut comme une grande dame, tandis que la pauvre Sidonia, avec tout son esprit et ses grâces, a fini comme une aventurière.

825. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Journal de la campagne de Russie en 1812, par M. de Fezensac, lieutenant général. (1849.) » pp. 260-274

Ils voyaient l’armée diminuée d’un tiers depuis le passage du Niémen, et non par les combats, mais par l’impossibilité de subsister dans un pays pauvre et que l’ennemi ravageait en le quittant. […] On voit bien des braves et de ceux qui semblaient des héros devant les balles, aux prises désormais avec la faim et le froid, s’écrier comme le pauvre homme de la fable : « Pourvu qu’en somme je vive, je suis content ! 

826. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface du « Roi s’amuse » (1832) »

C’est un artiste dévoué à l’art, qui n’a jamais cherché le succès par de pauvres moyens, qui s’est habitué toute sa vie a regarder le public fixement et en face. […] Vraiment, le pouvoir qui s’attaque à nous n’aura pas gagné grand’chose à ce que nous, hommes d’art, nous quittions notre tâche consciencieuse, tranquille, sincère, profonde, notre tâche sainte, notre tâche du passé et de l’avenir, pour aller nous mêler, indignes, offensés et sévères, à cet auditoire irrévérent et railleur qui, depuis quinze ans, regarde passer, avec des huées et des sifflets, quelques pauvres diables de gâcheurs politiques, lesquels s’imaginent qu’ils bâtissent un édifice social parce qu’ils vont tous les jours à grand’peine, suant et soufflant, brouetter des tas de projets de loi des Tuileries au Palais-Bourbon et du Palais-Bourbon au Luxembourg !

827. (1765) Essais sur la peinture pour faire suite au salon de 1765 « Ce que tout le monde sait sur l’expression, et quelque chose que tout le monde ne sait pas » pp. 39-53

Un comédien qui ne se connaît pas en peinture est un pauvre comédien ; un peintre qui n’est pas physionomiste est un pauvre peintre.

828. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre premier : M. Laromiguière »

Mais adieu ; trois de mes amis m’attendent ; nous devons discuter aujourd’hui la manière dont l’intelligence passe du moi au non-moi, et du subjectif à l’objectif. » Le pauvre disciple de Laromiguière, un peu confus et inquiet, monta à la bibliothèque de la Sorbonne, et pour se rassurer ouvrit le premier volume de son professeur. « Serait-il bien possible, disait-il, que la doctrine de mon cher maître renfermât de si étranges conséquences ?  […] Cette probabilité, d’elle-même, deviendra certitude, et les pauvres gens, tout honteux de leur réputation nouvelle, baisseront le dos, laisseront passer l’orage et se tiendront cois, silencieux dans leur cachette, espérant que, dans cinquante ans peut-être, la doctrine des esprits les plus lucides, les plus méthodiques et les plus français qui aient honoré la France, cessera de passer pour une philosophie de niais ou d’hommes suspects. » Voilà le raisonnement que se fit mon vieux sensualiste.

829. (1936) Réflexions sur la littérature « 1. Une thèse sur le symbolisme » pp. 7-17

Quelle lumière cette lanterne sale du pauvre poète peut-elle jeter sur la bonne chanson et sur sagesse ? […] C’est voir Jammes par un très petit côté, qu’en faire un « excentrique », c’est abuser de certains excès voulus, et en somme le petit veau qui était pauvre, ou la vache qui a mangé les bas noirs de la fiancée du poète, sont-ils plus « excentriques » que bien des ballades de Laforgue ?

830. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XX. De Libanius, et de tous les autres orateurs qui ont fait l’éloge de Julien. Jugement sur ce prince. »

Avides de terres, de jardins, de chevaux, d’esclaves, ils volaient, pillaient, forçaient de vendre ; les uns ne daignaient pas mettre un prix à l’objet de leurs rapines, d’autres le mettaient au-dessous de la valeur ; ceux-ci différaient de payer de jour en jour ; ceux-là après avoir dépouillé l’orphelin, comptaient pour paiement tout le mal qu’ils ne lui faisaient pas… C’est par ces voies qu’ils rendaient pauvres les citoyens riches, et qu’eux-mêmes devenaient riches, de pauvres qu’ils étaient.

831. (1894) Dégénérescence. Fin de siècle, le mysticisme. L’égotisme, le réalisme, le vingtième siècle

Ceux-là donnent le ton à tous les fats, imbéciles et pauvres d’esprit ; ceux-ci impressionnent les faibles et les gens qui ne pensent pas par eux-mêmes, et intimident les peureux. […] L’œuvre d’art religieuse était une Bible des Pauvres. […] Mais cette idée ne vient pas même en rêve à ces pauvres d’esprit qui radotent de la « banqueroute de la science ». […] Les pauvres niais qui insultent la science lui reprochent aussi d’avoir détruit l’idéal et enlevé à la vie sa valeur. […] … Ferme les yeux, pauvre âme, et rentre sur-le-champ : Une tentation des pires.

832. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XXI » pp. 87-90

Champion, qui va par les halles et les places publiques, avec sa croix d’honneur sur son manteau bleu, y faisant des distributions, séance tenante, à tous les pauvres gens qui passent, non sans quelque bizarrerie et ostentation), — M.

833. (1874) Premiers lundis. Tome I « Mémoires de mademoiselle Bertin sur la reine Marie-Antoinette »

Ce livre est pauvre de faits : malgré son assiduité à la toilette, l’auteur n’y paraît que peu instruite des affaires de cour ; elle nous transmet çà et là des mots échappés à sa maîtresse ; elle la justifie d’avoir surnommé la duchesse de Noailles madame de l’étiquette, et d’avoir appelé des médailles les femmes qui avaient atteint leur cinquième lustre.

834. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Bouilhet, Louis (1821-1869) »

Pauvre Flaubert, qui eut, en guise d’ami, Louis Bouilhet, en guise d’amie, Louise Colet !

835. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Roumanille, Joseph (1818-1891) »

Poète, Roumanille laisse des merveilles : Li Margarideto et Li Sounjarello, qui ravissent les pauvres gens.

836. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — T. — article » pp. 387-391

Pour connoître toute l’injustice de l’Auteur du pauvre Diable & de celui* de la Dunciade, il ne faut que lire ses Ouvrages.

837. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Homère, et le grammairien Thestorides. » pp. 2-6

Le pauvre Homère se trouva la victime de cette rapacité honteuse des gens de lettres de son temps.

838. (1881) Le naturalisme au théatre

le pauvre auteur, me dis-je en ouvrant les journaux, ils vont l’avoir joliment accommodé ! […] Mais cela entraîne-t-il la condamnation du décor exact, riche ou pauvre ? […] On hésite devant une question de costumes trop pauvres, comme on hésite devant une audace de scène. […] Nos vêtements modernes, il est vrai, sont un pauvre spectacle. […] » Pauvres écrivains que nous sommes, quelle leçon !

839. (1910) Propos littéraires. Cinquième série

Je vous aurai toujours fait lire Les Pauvres Gens. […] Mais il avait la noble et vénérable manie de s’entourer de tous ses parents et alliés pauvres et, si honnêtes et laborieux que fussent la plupart de ceux-ci, avec Pierre Leroux, c’était trente pauvres qu’il fallait ou qu’il aurait fallu soutenir. […] Le pauvre garçon « en aurait été » certainement, s’il n’avait été traversé par la mort. […] l’Académie ne peut pas, je crois en être sûr, donner une seule bourse, soit d’études, soit de voyage, à un étudiant pauvre. […] Tel ce pauvre Larroumet, mort récemment.

840. (1904) Zangwill pp. 7-90

Est-ce qu’un général, un chef d’État tient compte des pauvres gens qu’il fait tuer ? […] Après les épouvantables entr’actes de férocité et d’égoïsme de l’être grandissant, se réalisera peut-être le rêve de la religion déiste, une conscience suprême, rendant justice au pauvre, vengeant l’homme vertueux. […] Ce pauvre trilobite dont la trace est écrite dans l’épaisseur de nos murs y vit encore un peu ; il fait encore un peu partie de notre maison. […] « Consolons-nous, pauvres victimes ; un Dieu se fait avec nos pleurs. […] Ces gens-là eussent dit à Colomb regardant l’horizon de la mer vers l’Occident : “Pauvre fou, tu vois bien qu’il n’y a rien au-delà.”

841. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « de la littérature de ce temps-ci, a propos du « népenthès » de m. loève-veimars (1833). » pp. 506-509

En un mot, à chaque fait un peu général que vous cherchez à établir touchant cette pauvre littérature, l’exception se lève aussitôt et le ruine ; quelque caractère particulier et déterminé que vous tâchiez d’indiquer, il se trouve toujours à côté autre chose d’assez imposant et d’aussi légitime que le reste, qui vous répond : « Non, la littérature de notre temps n’est pas cela. » C’est toute la définition que j’en veux donner aujourd’hui.

842. (1874) Premiers lundis. Tome I « Mémoires de madame de Genlis sur le dix-huitième siècle et la Révolution française, depuis 1756 jusqu’à nos jours — II »

Le pauvre prince n’y tenait plus ; il accorda tout pour tout obtenir.

843. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — A — Aubanel, Théodore (1829-1886) »

J’y trouvais, moi, pauvre homme du Centre, plus d’assent » que d’accent, c’est-à-dire plus de Midi que d’Humanité ; trop de « poivrons » et de « fromageons », trop de « mas », de « nouvelets » et de « Gabrielous »… Et je ne sais pas bien encore, à l’heure qu’il est, si la tragédie d’Aubanel est shakespearienne ou tartarinesque… La légende est belle ; et si, comme on me l’a affirmé, c’est Aubanel lui-même qui l’a inventée de toutes pièces, il l’en faut louer grandement, car elle offre tous les caractères des légendes populaires… Pour trouver de ces choses belles et obscures, pour inventer un symbole qui semble vieux de plusieurs centaines d’années et qui a l’air d’avoir subi les déformations et les additions de plusieurs siècles, certes il ne faut pas être un médiocre poète, et je n’ai pas dit que Théodore Aubanel en fût un.

844. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Deroulède, Paul (1846-1914) »

Il savait mal son métier ; ses rimes étaient pauvres et, parfois, se réduisaient à la simple assonance.

845. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Madeleine, Jacques (1859-1941) »

Pauvre Richesse de la Muse ; je vous ai vu naître, mignonne… et peut-être est là l’un des secrets motifs de la grosse tendresse que je vous porte.

846. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — P — Pottecher, Maurice (1867-1960) »

Il a pensé qu’il serait bon d’attirer vers des spectacles simples, sains, moralisateurs, la foule des travailleurs des champs, des paysans, des pauvres, qui n’ont trop souvent rien de beau à se mettre sous les yeux.

847. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — S — Sainte-Beuve, Charles-Augustin (1804-1869) »

Tacite, Saint-Simon ; école longtemps négligée et redoutée en France… De Mme Roland à la princesse des Ursins, de Ronsard au pauvre Conrard, de Catinat à M. de Broglie, de Chapelain à Shakespeare, notre homme, avec une facilité prodigieuse, fait glisser le courant de sa lumière électrique.

848. (1882) Qu’est-ce qu’une nation ? « III »

Pauvre humanité, que tu as souffert !

849. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préface des « Voix intérieures » (1837) »

Il donne à son père cette pauvre feuille de papier, tout ce qu’il a, en regrettant de n’avoir pas de granit.

850. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre second. Poésie dans ses rapports avec les hommes. Caractères. — Chapitre XII. Suite du Guerrier. »

Le chevalier était pauvre, et le plus désintéressé des hommes. — Voilà le disciple de l’Évangile.

851. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre quatrième. Du Merveilleux, ou de la Poésie dans ses rapports avec les êtres surnaturels. — Chapitre VII. Des Saints. »

Nés souvent dans la cabane du pauvre, vous n’avez étalé aux yeux du monde que d’humbles jours et d’obscurs malheurs !

852. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre troisième. Découverte du véritable Homère — Chapitre VI. Observations philologiques, qui serviront à la découverte de véritable Homère » pp. 274-277

— Enfin, selon la même tradition, Homère était pauvre, et allait dans les marchés de la Grèce en chantant ses poèmes.

853. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Vernet » pp. 130-167

C’est tout le contraire, lorsque je pense à la faiblesse de l’homme, à ses pauvres moyens, aux embarras et à la courte durée de sa vie, et à certaines choses qu’il a entreprises et exécutées. […] Quel intérêt ont-ils à ce qu’on remplisse la tête de ces pauvres petites créatures de sottises et de mensonges ? […] Dans la même année il embarrassera ses revenus de délégations, il perdra sa place de professeur au collège royal, il s’excluera de l’académie, et achèvera sa ruine par la construction d’une machine à cribler le sable et n’en séparera pas une paillette d’or ; il s’en reviendra pauvre, déshonoré, en s’en revenant il passera sur une planche étroite, il tombera et se cassera une jambe. […] Il en arrive cependant tout le contraire ; c’est qu’alors la langue du sentiment, la langue de nature, l’idiôme individuel était parlé en même temps que la langue pauvre et commune ; c’est que la variété de la première de ces langues détruisait toutes les identités de la seconde, des paroles, du ton, de la mesure et du chant. […] Il y a des incidens, mais pas plus que l’espace et le moment de la composition n’en exigent ; c’est, vous le répéterai-je, la richesse et la parcimonie de nature toujours économe, et jamais avare ni pauvre ; tout est vrai, on le sent, on n’accuse, on ne désire rien, on jouit également de tout.

854. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome IV pp. -328

Le pauvre Valentin, pendu l’année dernière à Francfort, en est une preuve touchante. […] Soulager les pauvres, voilà quelle fut l’occupation de sa vie. […] Les pauvres alloient en foule chez lui. […] Il y a de plus des personnes députées dans chaque paroisse pour la visite des pauvres. […] Les pauvres parréas sont exclus de toutes les charges & de tous les honneurs de la société.

855. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (3e partie) » pp. 5-96

« J’avais pensé, disait-il, que je partirais avant lui ; mais Dieu dispose tout comme il le trouve bien, et à nous autres pauvres mortels il ne reste rien qu’à tout supporter, et à rester debout comme il le veut et tant qu’il le veut. » La nouvelle funèbre trouva la grande-duchesse mère à son château d’été de Wilhelmsthal ; les jeunes princes étaient en Russie. — Goethe partit bientôt pour Dornbourg, afin de se soustraire aux impressions troublantes qui l’auraient entouré chaque jour à Weimar, et de se créer un genre d’activité nouveau et un entourage différent. — Il lui était venu de France des nouvelles qui le touchaient de près et qui avaient réveillé son attention ; elles l’avaient ramené une fois encore vers la théorie du développement des plantes. — Dans son séjour champêtre il se trouvait très bien placé pour ces études, puisqu’à chaque pas qu’il faisait dehors il rencontrait la végétation la plus luxuriante de vignes grimpantes et de plantes sarmenteuses. […] Il faut aimer le pauvre peuple, mais non flatter ses caprices. […] Tous ceux qui ont refusé à Euripide l’élévation étaient de pauvres hères incapables de s’élever avec lui, ou bien c’étaient d’impudents charlatans, qui voulaient se faire valoir, et qui, en effet, se grandissaient aux yeux d’un monde sans énergie. » * * * Lundi, 14 février 1831. […] En voici la preuve : « La lumière sans obscurité de la révélation divine est beaucoup trop pure et trop éclatante pour qu’elle convienne aux pauvres et faibles hommes, et, pour qu’ils puissent la supporter, l’Église vient comme médiatrice bienfaisante ; elle éteint, elle adoucit cette lumière pour qu’elle puisse aider et protéger beaucoup d’hommes. […] Cela aurait été une pauvre distraction pour lui de combiner quelques éléments pour fabriquer notre monde informe, et de le faire rouler tous les ans sous les rayons du soleil, s’il n’avait pas eu le plan de faire de cet amas de matière la pépinière d’un monde d’esprits.

856. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Figurines »

Quand il écrivait ce vers : Entre le pauvre et vous vous prendrez Dieu pour juge, il en concevait tout le sens. […] Nanette fut Ursuline ; Babet aussi, après la mort de son père ; Fanchon et Madelon moururent filles, assez jeunes encore et tout embaumées de piété et de bonnes œuvres… Racine sanglotait à la vêture de ses deux aînées, quoiqu’il sût bien que, par les leçons dont il les avait nourries, il était sans le vouloir le vrai prêtre de ce sacrifice… Ainsi, l’auteur de Bajazet et de Phèdre, le plus savant peintre des plus démentes amours terrestres  continuant toujours d’aimer, mais d’autre façon  paya sa dette à Dieu en lui donnant quatre vierges, et, faible et grand jusqu’au bout, mourut peut-être d’un chagrin de courtisan, mais d’un chagrin qu’il s’attira pour avoir eu trop indiscrètement pitié des pauvres. […] Il est sans doute l’homme qui, moitié par respect de ce qu’ont fait et pensé les pauvres hommes disparus, moitié par un souci d’utilité publique, a déployé le plus de vigueur pour défendre des principes et des institutions auxquels il ne croyait pas. […] Theuriet, n’a exprimé avec une sympathie aussi vraie la vie des pauvres foyers, des foyers de tout petits bourgeois, leurs habitudes, leurs soucis, leurs plaisirs, leurs ambitions ; nul ne nous a mieux fait sentir, sous la mesquinerie des détails matériels, qui devient touchante, l’immortelle poésie du coeur. […] C’est d’une de celles-là, mêlée, sous son crêpe de deuil, aux divertissements de quelque villégiature aristocratique, qu’une méchante langue dit un jour : « Oui, c’est bien ainsi que ce pauvre un tel aurait voulu être pleuré. » Il y a celles qui étaient au moins égales, par l’esprit et le talent, au mari qu’elles pleurent, et qui, tant qu’il vécut, se sont tues, se sont cachées, ont suivi ses succès, du fond de leur retraite volontaire, comme des mères indulgentes.

857. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 avril 1885. »

Pourquoi chanter devant lui, pauvre chevalier Walther, n’a-t-il pas contre toi les traditions, l’idéal, et le patriotisme ? […] Or, entre les religions, la meilleure est la religion chrétienne, dont le fondateur s’est adressé, spécialement, par des symboles, aux pauvres d’esprit. […] Il oublie que l’exemple des plus grands maîtres, en théorie, ne vaut pas contre la vérité ; il oublie encore que ces artistes ont usé de la description fort rarement ; qu’ils n’ont jamais fait la description pure, mais seulement comme une préface à des expressions ; que les Saisons resteraient un chef-d’œuvre sans les imitations, assez pauvres, qu’elles contiennent ; que Haydn, mourant, regrettait avoir suivi la mode en employant ces imitations ; que Beethoven, enfin, dans la Symphonie pastorale, — son œuvre la plus faible, — a voulu, clairement, peindre les émotions d’un amant devant la nature champêtre. […] Le Ménestrel, aussi, a parlé de Tristan et Isolde : textuellement, nous le citons (8 mars) : Ce deuxième acte nous a paru, dans sa première partie, de nuance grise et lourde, souvent pauvre d’inspiration, malgré sa redondance dans la forme. […] C’est en vain que la guerre de Trente-Ans accomplira son œuvre de destruction, détruisant la nation elle-même ; c’est en vain que l’élément étranger le plus frivole, s’insinuera dans les cours des princes, allant jusqu’à trouver des complices dans de nobles et vastes génies comme Haydn et Mozart : l’esprit national subsistera ; il fera surgir l’immortel Beethoven, le pauvre et grand solitaire, le légitime et glorieux héritier de Sébastien Bach !

858. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Paul Féval » pp. 107-174

Il n’eût pas écrit davantage Les Parents pauvres de Balzac (cette gloire !) […] Mais on ne sait pas, on a trop oublié avec quel pauvre vestiaire et quelles loques Le Sage et Beaumarchais, en ceci égaux tous les deux, habillèrent une Espagne de leur invention, laquelle, mystification inénarrable ! […] La voilà, toute cette pauvre histoire. […] Catholique d’hier, animé d’un enthousiasme d’homme renouvelé, et qui ne s’en ira pas comme s’en vont de nos cœurs, les uns après les autres, tous nos pauvres enthousiasmes de la terre, Paul Féval a voulu affirmer son catholicisme plus expressément encore que par un roman, et à l’œuvre que j’attendais il a préféré une œuvre plus militante, — une œuvre qui ressemblât davantage à un acte, ainsi qu’il convient à un chrétien pour qui l’art, si grand qu’il soit, n’est plus maintenant le but principal de la vie. […] Exemple, la scène incroyablement horrible et d’une bouffonnerie si déchirante, dans laquelle une pauvre femme, contrefaite et méprisée, s’attelle elle-même à une petite voiture de pâtissier pour charrier à un bal, où elle n’entrera pas, l’homme qu’elle aime sans espoir et qui n’a pas de quoi payer une voiture, par un abominable temps de pluie.

859. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIIe entretien. Littérature politique. Machiavel » pp. 241-320

Quand les Médicis, ces Périclès héréditaires de la Toscane, qui inventent un nouveau mode de gouvernement, le gouvernement commercial, l’achat de la souveraineté par la banque, et la paix par la corruption coïntéressée des citoyens, rentrent de leur exil, rappelés par la reconnaissance, cet homme est tombé du pouvoir ; il est emprisonné par l’ingratitude de ceux qu’il a sauvés ; il a subi la torture ; il a été absous enfin de son génie, puis exilé, pauvre et chargé de famille, non pas hors de la patrie, mais hors de Florence ; on lui a enfin permis de repasser quelquefois les portes de la ville, mais il lui est interdit d’entrer jamais dans ce palais du gouvernement où il a tenu si longtemps dans ses mains la plume souveraine des négociations, des décrets, des lois. […] Vient en causant ainsi l’heure du dîner, où je mange avec ma petite famille ces mets frugals que nous peuvent fournir ma pauvre métairie et mon étroit domaine paternel. […] Machiavel, toujours par l’intermédiaire de son ami Vettori, qui résidait auprès du pape, transmettait à Léon X des chefs-d’œuvre de vues en chefs-d’œuvre de style, émanés de cette pauvre métairie où languissait le génie du siècle. […] Mais il est impossible que je demeure plus longtemps dans cet état, car je vois toutes mes ressources diminuer, et, si Dieu ne vient à mon secours, je serai forcé d’abandonner ma métairie et de me faire secrétaire de quelque podestat (maire) de village ; ou bien, si je ne puis trouver un autre moyen de vivre et de faire vivre ma pauvre famille, je serai forcé de me réfugier dans quelque bourgade écartée et ruinée, pour y enseigner à lire aux enfants, et de laisser ici ma famille, qui me considère comme un homme mort.

860. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Edmond et Jules de Goncourt »

Le Jardin des plantes ; un atelier de trente élèves ; une ville d’Asie Mineure racontée par un coloriste ; une partie de canotage la nuit ; quelques aperçus sur la cuisine russe ; une vente après décès d’artiste pauvre et malchanceux ; un atelier au crépuscule ; l’ouverture du Salon ; ce qu’on voit en omnibus le soir ; le corps d’un modèle ; une pluie de printemps au Palais-Royal ; une synagogue ; un bal masqué chez un peintre ; les amours d’un bohème et d’un singe ; un petit cochon dans un atelier ; l’auberge de Barbizon ; la forêt de Fontainebleau ; la Bièvre et ses paysages ; la plage de Trouville ; je ne sais quelle rue derrière Saint-Gervais ; une pleine eau, la nuit, dans la Seine, sous les ponts… — le tout mêlé de tirades amusantes et truculentes sur l’École de Rome, sur Ingres et Delacroix, sur les primitifs, sur le bourgeoisisme des artistes..   […] La misère de coloris du pénible peintre, du pauvre prix de Rome, faisait trouver et imprimer qu’il avait des « couleurs gravement chastes », etc. Tout le portrait de ce pauvre Garnotelle, vingt fois repris et complété, est une merveille de finesse, d’ironie, de férocité. […] Ils accumulent les détails, mais toujours ils en résument la couleur générale et le sens. « De cette pauvre rivière opprimée, disent-ils en parlant de la Bièvre, de ce ruisseau infect, de cette nature maigre et malsaine, Crescent avait su dégager l’expression, le sentiment, presque la souffrance18. » Ce que Crescent fait pour la Bièvre, ils le font pour tout ce qu’ils décrivent.

861. (1856) Cours familier de littérature. I « Ier entretien » pp. 5-78

À moins d’emprunter toutes mes images à mes livres, ce qui me répugnait comme un larcin et comme un mensonge, il me fallait donc décrire d’après nature l’aride et pauvre printemps de mon pays. […] X Quoi qu’il en soit, cette première composition littéraire, échappée à une imagination de douze ans, parut aux maîtres et aux élèves supérieure au moins, par sa naïveté, aux redites classiques de mes condisciples ; on y reconnaissait l’accent, on y entendait le cri du coteau natal sous le soleil aimé du pauvre villageois à Midi. […] Moi-même, je dois l’avouer ici avec toute humilité aujourd’hui, je fus si étonné et si satisfait de la fidélité du tableau que j’avais fait de mon hameau natal, sur mes pauvres collines calcinées, que j’en conçus je ne sais quelle estime précoce et trop sérieuse pour moi-même. […] Ce jeune homme, né pour une autre profession, avait été dans son adolescence secrétaire de l’évêque de Mâcon, homme d’exquise littérature ; l’abbé Dumont avait été relégué par la Révolution dans le pauvre presbytère de son oncle ; il devait lui succéder.

862. (1856) Cours familier de littérature. I « VIe entretien. Suite du poème et du drame de Sacountala » pp. 401-474

II Le sixième acte s’ouvre par un dialogue entre un pauvre pêcheur enchaîné et les gardes de police qui le traînent en prison. […] Voyez en moi un pauvre homme, qui, avec son filet et ses hameçons, cherche, au moyen de la pêche, à soutenir sa nombreuse famille. […] Le destin, trop longtemps courroucé contre moi, a enfin pitié de la pauvre Sacountala. […] Pauvre enfant !

863. (1914) Boulevard et coulisses

En France, un jeune homme instruit et pauvre ne tarde pas à remarquer l’abîme qu’il y a entre sa situation sociale et son instruction. […]   Les petites déclassées Les mêmes causes exactement qui ont jeté, il y a trente ans environ, dans la publicité et le journalisme des milliers de jeunes bourgeois sans fortune, instruits et mécontents, poussent, aujourd’hui, vers le théâtre, d’innombrables jeunes filles pauvres, de toute éducation et de toute condition. […] Elle va poser des après-midi entières dans des antichambres, écrire son pauvre nom inconnu sur des carrés de papier et attendre patiemment qu’on la reçoive. […] Y en a-t-il une autre pour une jeune fille pauvre, instruite, ambitieuse, affinée ?

864. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Mémoires et journal de l’abbé Le Dieu sur la vie et les ouvrages de Bossuet, publiés pour la première fois par M. l’abbé Guettée. — II » pp. 263-279

Il écrit au chancelier pour solliciter la grâce d’un pauvre berger qui a été homicide par malheur dans le cas d’une juste défense. […] Bossuet voulut, à cet âge, faire aussi des vers, et cela va sans dire, des vers religieux ; il s’appliqua à traduire en vers français quelques-uns des psaumes ; il s’en remettait pour la révision à l’abbé Genest, un des abbés de la Cour naissante de Sceaux, auteur d’une tragédie sacrée, un assez pauvre poète et, je pense, un mince critique ; mais Bossuet, qui traduisait ces psaumes par esprit de pénitence, les lui soumettait avec une égale humilité.

865. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Appendice » pp. 453-463

Le poète au début se représente une maison ou plutôt un village abandonné : de pauvres Alsaciens sont partis, au bruit des merveilles de la Californie, pour aller tenter fortune. […] pauvre gentilhomme.

866. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Souvenirs et correspondance tirés des papiers de Mme Récamier » pp. 303-319

Le Chateaubriand politique, que nous avons autrefois essayé de peindre, achève de s’y dessiner tout entier, jamais content, toujours prêt à rompre, en ayant, dès le second jour, de cent pieds par-dessus la tête, voulant tout et ne se souciant de rien, n’ayant pas assez de pitié et de dédain pour ses pauvres amis, ses pauvres diables d’amis (comme il les appelle), croyant que de son côté sont tous les sacrifices, et se plaignant de l’ingratitude des autres, comme si seul il avait tout fait.

867. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Campagnes de la Révolution Française. Dans les Pyrénées-Orientales (1793-1795) »

On lui avait opposé, non sans dessein, et pour tâter sa fidélité (les pauvres gens ! […] Ses frères d’armes portèrent son corps à Mont-Louis, où il fut enterré « dans une tombe pareille à celle du pauvre », mais au pied de l’arbre de la liberté. — Ses restes furent ensuite transférés à côté de ceux de Dugommier, dans le cimetière de Perpignan où ils reposent.

868. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Mémoire de Foucault. Intendant sous Louis XIV »

Et c’est cet homme, enchevêtré, il est vrai, par son éducation, par sa naissance, par ses alentours (son Journal en fait foi) et tous ses liens originels de famille, de paroisse, de cléricature, dans l’idée ecclésiastique la plus étroite, c’est cet homme religieux, d’ailleurs, et qui se croit charitable, qui a des pratiques vraiment chrétiennes, qui chaque fois qu’il lui naît un enfant, par exemple, le fait tenir sur les fonts baptismaux « par deux pauvres », c’est lui qui va devenir un persécuteur acharné, subtil, ingénieux, industrieux, impitoyable, de chrétiens plus honnêtes que lui, un tourmenteur du corps et des âmes, et le bourreau du Béarn. […] Foucault prend pitié de ces pauvres petits, et il propose, en conséquence, qu’on nomme un ministre exprès pour faire ces baptêmes, et si les parents hésitent à s’adresser à ce ministre désigné par la Cour, eh bien !

869. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Entretiens sur l’histoire, par M. J. Zeller. Et, à ce propos, du discours sur l’histoire universelle. (suite.) »

Il fallait bien, en effet, tout cela, tout ce sacrifice, toutes ces vertus, toutes ces croyances, pour que des pauvres et des souffrants trouvassent en eux la force d’entreprendre une telle œuvre que celle de sauver, de tirer des duretés et des cruautés, d’affranchir de l’esclavage, de régénérer enfin le monde, et pour faire faire à la masse de l’humanité un si grand pas que celui qui l’éleva de la morale du paganisme à la morale chrétienne. […] Il définit très-bien la liberté dure et pauvre du Romain qui ne ressemblait pas à la liberté brillante et polie de la Grèce.

870. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Les cinq derniers mois de la vie de Racine »

. — Je sors de chez le pauvre M.  […] On a un fragment de lettre de l’abbé de Vaubrun, sans date, mais qui paraît bien se rapporter à ce moment : « Je suis persuadé que vous serez tout à fait fâché d’apprendre l’extrémité de la maladie du pauvre Racine : il a une grande fièvre continue avec des redoublements, causée vraisemblablement par un abcès dans le foie ; il est sans espérance et quasi sans connaissance.

871. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le cardinal de Retz. (Mémoires, édition Champollion.) » pp. 238-254

En un mot, il résulte de la suite des articles que le Parlement gouvernera durant la minorité ; que, lorsqu’il demandera la destitution de quelque ministre ou conseiller, il n’y sera apporté aucune contradiction ; qu’une réforme exemplaire sera introduite dans le maniement des finances, dans la distribution des bénéfices, dans la nomination aux charges, dans l’imposition et la levée des taxes ; bref, « que le pauvre peuple sera soulagé réellement et effectivement, que l’ordre en toutes choses sera remis, et le règne de la Justice pleinement rétabli dans toutes les provinces du royaume ». […] Parmi ceux dont le cardinal de Retz se souvint à son arrivée, il en est un que j’aime à distinguer, parce qu’il était bel esprit, poli, honnête homme et pauvre : c’est le célèbre avocat Patru, l’un des premiers académiciens français, si prisé de Boileau, un de ceux qui, les premiers, parlèrent le plus purement notre langue, un de ces Parisiens spirituels et malins que Retz n’avait pas eu de peine à rallier autour de lui pendant la Fronde, avec les Marigny, les Montreuil, les Bachaumont.

872. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XIX. Mme Louise Colet »

C’est un petit roman corrompu, ratatiné et idiot, dont le théâtre est dans les Pyrénées et qui ne devrait pas s’appeler les Derniers Marquis, car il n’y en a qu’un, et pas plus le Dernier Marquis que le Dernier Bourgeois, — la Dernière Actrice — le Dernier Écolier, — le Dernier Aubergiste, car il y a un bourgeois, — une actrice, — un écolier et un aubergiste dans ce pauvre roman, et tout aussi insignifiants et aussi plats que le marquis de carton, dont l’auteur tire les fils ! […] C’est la planche de salut de ceux qui, sans elle, s’enfonceraient dans leur pauvre vacuité.

873. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Lawrence Sterne »

Il s’est peint lui-même dans ses œuvres « avec sa pauvre figure pâle, ornée d’un nez en as de trèfle ». […] On roula sur un tas d’ossements, comme l’autre, cette nouvelle tête d’Yorick, de ce pauvre bouffon d’Yorick, dans laquelle avaient fleuri tant de pensées joyeuses et tendres, et ce ne furent pas les fossoyeurs de Shakespeare qui jouèrent à la boule avec cette tête de génie, ce furent, avec leurs mains sanglantes, des chirurgiens !

874. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « VII » pp. 25-29

On a poussé le pauvre auteur lui-même, M.

875. (1874) Premiers lundis. Tome I « Le vicomte d’Arlincourt : L’étrangère »

L’Étrangère, ou plutôt la reine Agnès, car Philippe-Auguste la rappelle sur le trône, ne survit pas à son cher Arthur, et la pauvre Izolette va n’éteindre dans un couvent.

876. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Objections d’un moraliste contre l’exposition de 1900. » pp. 162-167

Des milliers de pauvres gens, que l’Exposition aura attirés à Paris et momentanément occupés, y resteront quand il n’y aura plus de travail pour eux, et y grossiront l’armée des meurt-de-faim… D’autre part, une Exposition universelle, c’est le Chanaan des filles.

877. (1887) Discours et conférences « Discours prononcé aux funérailles de M. Stanislas Guyard, Professeur au Collège de France »

Pauvre cher ami, entré maintenant dans la sérénité absolue, donne le repos à ce cœur inquiet, à cette conscience timorée, à cette âme toujours craintive de ne pas assez bien faire.

878. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Furetière »

La Collantine du Roman bourgeois écrase complètement cette pauvre petite marionnette de plaideuse que, sous le nom de la comtesse de Pimbêche, Racine introduisit dans les quatre coulisses du théâtre où tout ce qui est creusé profondément et vastement étreint paraît forcé.

879. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre troisième. Découverte du véritable Homère — Chapitre VII » pp. 278-283

C’étaient de pauvres gens qui gagnaient leur vie à chanter par les villes les poèmes homériques, dont ils étaient auteurs, en ce sens qu’ils faisaient partie des peuples qui y avaient consigné leur histoire. — 3.

880. (1913) Les idées et les hommes. Première série pp. -368

C’était dans le petit jardin de la maison pauvre. […] Ce pauvre docteur Hodgson, qui se sauve dès qu’il est au bout de ses papotages, fait pitié. […]Pauvre belle dame, vous y perdrez votre discernement, votre attention. […] … » Pauvre dame ! […] et lui, le fils, plus pauvre encore !

881. (1895) Nouveaux essais sur la littérature contemporaine

Évidemment les grosses dots lui paraissent assignées, par un décret de la Providence, aux hommes de lettres pauvres ; et il n’admet pas que l’on soit insensible à l’honneur de son choix. […] L’influence de Sandeau se retrouve encore dans le Roman d’un jeune homme pauvre, et même beaucoup plus tard, jusqu’en 1865, dans la Belle au bois dormant. […] C’est le Roman d’un jeune homme pauvre ; ce n’est pas le Domino noir ou Piquillo Alliaga. […] À s’enfermer dans le roman, il eût écrit plus de Roman d’un jeune homme pauvre que de Petite Comtesse. […] Ils les auraient plutôt atténuées dans un Mariage dans le monde et dans les Amours de Philippe, deux de ses rares romans qui « finissent bien », comme le Roman d’un jeune homme pauvre.

882. (1898) La poésie lyrique en France au XIXe siècle

Ainsi, il faut faire l’aumône : c’est la pièce intitulée Pour les pauvres. […] Afin que l’indigent que glacent les tempêtes, Que le pauvre qui souffre à côté de vos fêtes, Au seuil de vos palais fixe un œil moins jaloux. […] Devant ma table vint s’asseoir Un pauvre enfant vêtu de noir, Qui me ressemblait comme un frère. […] Le véritable Paris, c’est le Paris qui se cache à ceux qui ne font que le traverser ; c’est, si vous le voulez, le Paris des quartiers déserts, c’est le Paris des quartiers lointains, c’est le Paris des quartiers pauvres. […] Elle a eu comme principaux représentants Stéphane Mallarmé, qui est comme le grand prêtre, le pontife de l’école, et un pauvre homme qu’on a essayé de donner comme un grand poète, auquel il s’agit d’élever une statue : c’est Paul Verlaine.

883. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Ducis épistolaire (suite et fin). »

Cet immense Homère a travaillé naïvement et admirablement pour les deux sexes, pour tous les genres d’éloquence et de poésie, pour toutes les conditions, pour les hommes forts et pour nous autres pauvres malades. […] Elles produisent sur moi l’effet de cet idiome grec, dont les sons charmaient le malheureux Philoctète dans son désert. » Son âme, son imagination étaient montées dans le tous-les-jours à un très haut ton ; ses lettres, sa conversation étaient d’un pittoresque inépuisable : il y versait son âme en images continuelles ; il poétisait tout à coup : « L’air de ce globe n’est pas bon ; ce soleil-ci n’est pas le véritable, je m’attends à mieux. » Quelquefois un peu de singularité, un geste grandiose qui faisait sourire, quand lui-même il était en robe de chambre et en bonnet de coton : « J’habite dans la lune, je crache sur la terre. » « Je rêve en ermite et en pauvre ermite, mes pieds appuyés sur mes vieux chenets du temps du roi Dagobert et du bon évêque saint Éloi. » Puis à côté de ces airs antiques, le plus souvent des nuances toutes fraîches et charmantes. […] Il y volait dans l’air d’heureux hémistiches, qu’il attrapait, disait-il, comme des mouches : « J’ai encore dans la tête des formes, des couleurs, des idées poétiques, originales, bizarres, flottantes, qui sont comme les rats de mon grenier, et les grains qui nous nourrissent. » « J’ai beaucoup d’idées assez singulières qui me roulent dans la tête et qui ne laissent pas que d’occuper encore mon cœur et mon imagination… Qu’on m’ôte la liberté et la joie de mon cœur, et l’on a coupé sur ma tête le cheveu fatal, et je suis un pauvre homme qui se meurt. » Ainsi parlait à toute heure ce beau vieillard reverdissant.

884. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « L’Académie française »

La première fondation est affectée aux prix de vertu : il s’agit, aux termes du testament, de récompenser annuellement le Français pauvre ayant fait dans l’année l’action la plus vertueuse. Cette somme annuelle monte à plus de 20,000 francs : elle se répartit entre plusieurs lauréats vertueux et pauvres dont les titres sont pesés avec une grande équité. […] Les trois fondations Trémont, Lambert et Leidersdorf, originairement, sont toutes trois de pure bienfaisance et destinées à soulager des infortunes littéraires, des veuves, des filles pauvres d’artistes, d’écrivains, etc.

885. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Diderot »

Juger la philosophie du xviiie  siècle d’après Condillac, c’est se décider d’avance à la voir tout entière dans une psychologie pauvre et étriquée. […] C’est le même ton de franchise, c’est la même sensibilité ; mon luxe est de fraîche date, et le poison n’a point encore Agi. » Et que n’eût-il pas ajouté, si l’éternelle redingote de peluche s’était trouvée précisément la même qu’il portait ce jour de mardi gras où, tombé au plus bas de la détresse, épuisé de marche, défaillant d’inanition, secouru par la pitié d’une femme d’auberge, il jura, tant qu’il aurait un sou vaillant, de ne jamais refuser un pauvre, et de tout donner plutôt que d’exposer son semblable à une journée de pareilles tortures ? […] La jeune fille qu’il aima était une demoiselle déchue, une ouvrière pauvre, vivant honnêtement avec sa mère du travail de ses mains.

886. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXVe entretien. Chateaubriand, (suite) »

Voici comment elle fut écrite quinze ans après la mort de la pauvre Graziella. […] Je me souviens d’un passage de lui, moitié plaisant, moitié sérieux, dans une de ses lettres à Condorcet, à propos du drame en prose qu’il avait en mépris, et dont Diderot le menaçait : « Quant aux barbares qui veulent des tragédies en prose, dit-il à Condorcet, ils en méritent : qu’on leur en donne, à ces pauvres Welches, comme on donne des chardons aux ânes ! […] Il débarque, il voit, avec le regard du génie qui embrasse tout d’un coup d’œil, l’ébauche des États-Unis ; il méprise tout et passe ; il prétend, mais rien n’est plus douteux, qu’il a vu Washington, leur seul grand homme, pauvre, accusé, abandonné par ces démocrates rois de l’ingratitude, et qu’une servante lui a ouvert son parloir.

887. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Monsieur de Latouche. » pp. 474-502

Le plus plaisant serait qu’Arlequin offrirait toujours de l’argent à Ganganelli, qui serait un pauvre moine, ensuite un pauvre cardinal, enfin pape pas trop à son aise. […] Là, en t’apercevant, je croirai retourner aux jours de ma jeunesse… Le pauvre Carlin n’a gardé de manquer au saint rendez-vous, et il ne sait comment exprimer dans sa lettre prochaine les divers sentiments qui se partageaient son âme à ce grand moment : « Quel a été mon trouble à la vue de cette majestueuse solennité !

888. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Chamfort. » pp. 539-566

Jeune, pauvre et fier, il ne présageait pourtant en rien le républicain et l’admirateur du 10 août, qu’il est devenu depuis. […] C’est un homme à qui on dit : Tu vivras pauvre, et trop heureux de voir ton nom cité quelquefois ; on t’accordera, non quelque considération réelle, mais quelques égards flatteurs pour ta vanité, sur laquelle je compte, et non pour l’amour-propre qui convient à un homme de sens. […] « Oui, dans la crainte d’avoir un fils qui, étant pauvre comme moi, ne sache ni mentir, ni flatter, ni ramper, et ait à subir les mêmes épreuves que moi. » Ce que j’en conclus seulement, c’est que sa morale est celle d’un célibataire usé et aigri, d’un homme qui a érigé son propre malheur en ironie et en système.

889. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1856 » pp. 121-159

Ces femmes à vingt sous n’ont rien des terribles créatures dessinées par Guys : ce sont de pauvres petites et malheureuses prostituées, qui s’efforcent laborieusement de singer la distinction des lorettes du quartier Saint-Georges. […] Pauvre misérable fou qui, dans les moments lucides de sa folie, fait, la nuit, d’interminables promenades, pour surprendre l’étrangeté pittoresque des ténèbres dans les grandes villes. […] Mais bientôt, ajoute Barrière, le petit appartement d’un pauvre homme de lettres ne put plus contenir le politique, en train de prendre son essor.

890. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Sainte-Beuve » pp. 43-79

Mais il n’était rien de plus, et quoique cela fût, cela n’était pas le critique, car le critique conclut d’après une idée supérieure à ce qu’il vient de décrire, d’analyser, de disséquer… Et puis, je l’ai dit déjà, le critique est le Stator suprême… S’il revient sur son jugement, ce n’est plus un juge : c’est un pauvre homme qui s’est trompé. […] Il est diminué, rapetissé jusqu’à n’être plus qu’un pauvre diseur de platitudes. […] De même, aussi, peut-on se méprendre sur le pauvre la que donnèrent les premières lettres de Sainte-Beuve, qui devait toujours chanter sur ce ton ; de Sainte-Beuve, cet homme de lettres qui ne l’était que dans ses livres, ou plutôt qui l’était hors de ses livres pédantesquement toujours, et, pour parler franc, qui en dehors de leur laborieuse confection n’était plus personne.

891. (1908) Jean Racine pp. 1-325

Il s’en allait visiter les pauvres des environs, monté sur un âne et un livre à la main. […] Hamon est humble, oui, il se rabaisse tant qu’il peut et conserve ses vêtements de pauvre qui le font moquer des gardes. […] Et l’on a toujours remarqué qu’il donnait aux pauvres avec plaisir, et qu’il ne leur faisait jamais des aumônes ordinaires. […] … Titus ne s’est pas encore expliqué. » Mais Bérénice ne veut rien entendre, et nous la plaignons, pauvre petite, d’être si confiante et si gaie. […] Même, la pauvre Eurydice, moins nerveuse et moins douloureuse, est en réalité plus faible qu’Atalide.

892. (1868) Curiosités esthétiques « II. Salon de 1846 » pp. 77-198

Et pourtant que d’artistes de ce temps-ci doivent à elle seule leur pauvre renommée ! […] La pauvre fille a sans doute été enlevée par les pirates. […] Polichinelle le suit, — tête un peu avinée, œil plein de fatuité, pauvres petites jambes dans de grands sabots. […] Qu’est-ce que chacun ferait désormais de son pauvre moi, — de sa ligne brisée ? […] Par exemple, vous trouvez dans le livret : Pauvre fileuse !

893. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XXXVI » pp. 147-152

Le clergé peut donner l’instruction à très-bas prix ; il a dans ses écoles et petits séminaires des professeurs qu’il paye peu, si encore il les paye ; il reçoit volontiers gratis les enfants pauvres pour les tirer à lui.

894. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre II. Du sens et de la valeur des mots »

Certaines langues portent leur homme, leur éclat dore les plus pauvres idées ; le français ne prête qu’aux riches.

895. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Laforgue, Jules (1860-1887) »

Il est probable que, dans une anthologie des poètes depuis 1885, des morceaux comme la Complainte des nostalgies préhistoriques, la Complainte de la Lune en province, celle du Pauvre Corps humain, celle de l’Oubli des morts, tels lieds de l’Imitation de Notre-Dame la Lune, ou la pièce ix des Derniers vers, apparaîtraient comme de passionnés et poignants chefs-d’œuvre pour porter avec un parfait honneur le nom de Jules Laforgue.

896. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XIII. Beau trio » pp. 164-169

mon cher, vous avez eu tort… ce pauvre Daudet… non, il ne faut pas…. » Mais, cette fois, j’ai regardé d’abord comment procédait l’ami Coppée dans le premier-Paris-réclame du Journal.

897. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Lettre a monseigneur le duc de**. » pp. -

Si je suis plus court dans une partie que dans une autre, c’est que nous sommes plus pauvres dans cette partie là.

898. (1860) Ceci n’est pas un livre « Une conspiration sous Abdul-Théo. Vaudeville turc en trois journées, mêlé d’orientales — Deuxième journée. Les conspirateurs » pp. 225-233

Ce pauvre Villemot, il baisse.

899. (1912) L’art de lire « Chapitre XI. Épilogue »

Il avait été attiré à Paris pour deux raisons : parce que, disait-il, c’est la seule ville où la vie intellectuelle et artistique soit à très bon marché ; et parce que c’est la seule ville où l’on vous permette de ne pas appartenir à un parti politique ; et parce que, en conséquence, Paris est la ville des pauvres et des gens tranquilles.

900. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « XIII »

Il y a loin des Vierges de Verdun à la Légende des Siècles, et des romans de jeunesse de Balzac aux Parents pauvres.

901. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « XVII »

Que la langue française est pauvre, que les verbes prendre, concevoir, dissiper, etc., se prêtent à différents sens et acceptent divers régimes.

902. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Chapitre II. Lord Byron. » pp. 334-423

« Pauvre Byron ! […] Wordsworth, Walter Scott, à côté de cette prodigalité de splendeurs accumulées, semblaient pauvres et ternes ; on n’avait point vu depuis Eschyle une pompe aussi tragique, et on suivait avec une sorte de saisissement le cortége des figures gigantesques qu’il amenait en files lugubres du fond du passé jusque sous nos yeux. […] Le premier meurt, et les survivants demandent qu’on l’enterre du moins à l’endroit où vient cette pauvre clarté. […] Ce qui lui reste de vie est pour ce pauvre page, seul être qui l’ait aimé, qui l’a suivi jusqu’au bout, qui maintenant essaye d’étancher le sang de sa blessure. « Lara peut à peine parler, mais fait signe que c’est en vain » ; — il lui prend la main, le remercie d’un sourire, et, lui parlant sa langue, une langue inconnue, lui montre du doigt le côté du ciel où en ce moment le soleil se lève, et la patrie perdue où il veut le renvoyer. […] Enfin la chose est faite, et la pauvre femme timide est surprise par son mari outragé, dans quelle situation !

903. (1848) Études critiques (1844-1848) pp. 8-146

Ce n’est pas un joli homme, ce n’est pas non plus un esprit bien élevé, mais c’est l’intégrité et la noblesse d’âme personnifiées ; M. de Balzac aime à reproduire ces physionomies de gentilshommes honnêtes et pauvres et il a raison, car il y excelle. […] Oui, sa maîtresse n’est pas un instant aimée ; elle joue le rôle d’un meuble où il pose son propre amour, mais en sortant de leur rêverie toute personnelle, de leur bonheur isolé, Hassan, Rolla ou Franck, n’auront jamais pour la pauvre enfant que du persiflage. […] pauvres fous qui cherchez dans la malle du poète, vous n’y trouverez rien ! […] Comme défunt Frédéric-Guillaume III de Prusse, le seigneur Gaspar, roi des Nègres, a peut-être payé son pauvre peuple d’une ingratitude plus noire que sa peau. […] Chacun de ses articles célébra en quelque sorte, la découverte d’un homme de génie perdu, et je ne veux pas railler, Dieu m’en préserve, mais il me semble que je ne dépasse pas les limites de l’exacte vérité en disant qu’il suffisait qu’un pauvre poète fût bien obscur, bien méconnu pour que M. 

904. (1895) Les confessions littéraires : le vers libre et les poètes. Figaro pp. 101-162

— Si on lui eût annoncé pareille chose, ce pauvre Banville en serait mort d’apoplexie ! […] Quant à son évolution, je la crois raisonnable, car, en somme, le provençal me semble très pauvre de rimes, toujours des voyelles ! […] si tout lasse et casse ; Qu’importe à la pauvre carcasse Les longs espoirs du lendemain ? […] de cette pauvre rime, comme on dit chez nous : vous m’en apprenez de belles sur son compte ! […] Pauvres que nous sommes !

905. (1868) Rapport sur le progrès des lettres pp. 1-184

Les pauvres modernes passeront mal leur temps sous cette verge impitoyable ! […] En attendant, riches et pauvres auront eu ce qu’ils demandaient. […] Que tout soit pardonné à la plus pauvre des pages si un seul homme ou un seul enfant y a trouvé le secret de la lecture. […] Le rideau tombe sur le châtiment du pauvre père, qui se sacrifie et quitte volontairement la France. […] Tout ce qui naît est encore pauvre et défectueux.

906. (1894) Écrivains d’aujourd’hui

Ces grands enfants, ces humbles, ces simples et ces pauvres, combien vraiment Loti les a aimés ! […] Ailleurs il se demande : « Que sont nos pauvres petits plaisirs intellectuels auprès des grandes joies animales de la vie physique ?  […] Il y a de pauvres êtres souffrants, qui souffrent sans se plaindre, et qui meurent de ne pas avoir fait entendre leur plainte. […] Pauvre église, construite en bois, et dont on dirait plutôt une grange. […] Ils se sont faits pauvres pour aller aux pauvres.

907. (1928) Quelques témoignages : hommes et idées. Tome I

Il regagne Paris où il achève, en six semaines, ces admirables Parents pauvres, auxquels il survivra deux ans à peine. […] pauvre enfant qui voulez être belle Et ne savez pas pardonner ! […] Pauvre France, chère patrie, que ne puis-je contribuer à te relever de tes désastres !  […] Quand Renan termine son portrait de Néron, « ce pauvre jeune homme », par cette phrase : « Applaudissons. […] Il voit deux enfants se disputant un animal : « Ce chien est à moi, disaient ces pauvres enfants ; c’est là ma place au soleil.

908. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Molière »

C’est lui qui a pu dire du pauvre qui lui rapportait le louis d’or, cet autre mot si souvent cité, mais si peu compris, ce me semble, dans son acception la plus grave, ce mot échappé à une habitude d’esprit invinciblement philosophique : « Où la vertu va-t-elle se nicher ? » Jamais homme de Port-Royal ou du voisinage (qu’on le remarque bien) n’aurait eu pareille pensée, et c’eût été plutôt le contraire qui eût paru naturel, le pauvre étant aux yeux du chrétien l’objet de grâces et de vertus singulières. […] Il est à remarquer aussi combien ces quatre ou cinq esprits étaient de pure bourgeoisie et du peuple : Chapelle, fils d’un riche magistrat, mais fils bâtard ; Bernier, enfant pauvre, associé par charité à l’éducation de Chapelle ; Hesnault, fils d’un boulanger de Paris ; Poquelin, fils d’un tapissier ; et Gassendi leur maître, non pas un gentilhomme, comme on l’a dit de Descartes, mais fils de simples villageois. […] Cela l’engagea à lui dire : Mon pauvre monsieur Molière, vous voilà dans un pitoyable état. […] leur dit-il ; il y a cinquante pauvres ouvriers qui n’ont que leur journée pour vivre ; que feront-ils si l’on ne joue pas ?

909. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Histoire littéraire de la France. Ouvrage commencé par les Bénédictins et continué par des membres de l’Institut. (Tome XII, 1853.) » pp. 273-290

Ici scène dramatique qui rappelle plus au sérieux le moment où l’intimé, dans Les Plaideurs de Racine, produit la famille du chien Citron : ……………………… Venez, famille désolée, Venez, pauvres enfants qu’on veut rendre orphelins ! […] De mécontentement il dresse la tête ; il n’y eut bête si hardie, Ours ni Sanglier qui ne tremblât à ce soupir et à ce mugissement de leur roi, et Couard, le Lièvre, en prit une telle peur, qu’il en eut deux jours la fièvre… Et encore : « De mécontentement, il (le roi) redresse sa queue et s’en frappe d’une telle colère, qu’en résonne toute la maison. » Quant à ce qui est de la fièvre que le Lièvre a prise, il est à remarquer qu’il ne s’en guérira qu’après avoir dormi sur le tombeau de la pauvre Poule qu’on enterre solennellement par ordre du roi, et qui, martyre du fait de Renart, devient un objet de vénération.

910. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Ramond, le peintre des Pyrénées — I. » pp. 446-462

Ce sol ingrat, c’est elle qui le féconde, en aidant de l’obole du pauvre de plus pauvres qui le cultivent !

911. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La marquise de Créqui — III » pp. 476-491

Et Garat, « qui s’est fait député du Tiers, et qui va être de l’Académie : c’est un pauvre mérite que ce Garat » ; — et le Chamfort, quelle force bel et bien de rétracter une de ses atrocités sur une pauvre morte qui n’est plus là pour se défendre ; — et le Raynal, dont elle se prive très volontiers à la lecture : « Je ne connais que sa conversation, très fatigante, et ses prétentions, très satisfaites : mon âme est naturellement chrétienne, et tout ce qui me ferait perdre ce sentiment, si cela était possible, il m’est facile de m’en abstenir » ; — et Cérutti, qui avait alors son instant de lueur et jetait sa première et dernière étincelle : L’administrateur Cérutti vient d’achever sa rhétorique : il promettait beaucoup, il y a vingt ans ; il n’a pas fait un pas depuis ce temps-là.

912. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Souvenirs de soixante années, par M. Etienne-Jean Delécluze »

Delécluze est, à mes yeux, le bourgeois de Paris par excellence ; c’est le bourgeois de Paris fils de bourgeois, resté bourgeois lui-même, ni pauvre ni enrichi, ayant eu de bonne heure pignon sur rue, modeste et très-content, aimant les lettres, les arts, et en parlant, en jugeant à son aise, de son coin, — un bon coin ; — ayant gardé quelques-uns des préjugés et peut-être quelques-unes des locutions de son quartier ; s’étant formé sur place, rondement et sans en demander la permission au voisin ; ayant voyagé sans changer, s’étant porté lui-même partout ; ne s’étant guère perfectionné, mais ne s’étant pas corrompu. […] a exercé et exerce encore cette sorte de magistrature au Journal des Débats ; qui y a défendu les traditions de l’École de David contre toutes les tentatives d’innovation et tous les assauts du romantisme ; qui est un ennemi déclaré du gothique qui est très-consciencieux, assez bienveillant pour les personnes, sans quartier sur les principes ; qui a beaucoup causé de toutes choses autres encore que beaux-arts ; qui a eu de bonne heure l’habitude d’écrire les conversations des gens d’esprit qui venaient chez lui ou qu’il rencontrait dans le monde ; qui a des masses de ces procès-verbaux et de ces minutes d’entretiens qui seront, un jour plus intéressants pour nos neveux que les plus élégants rapports académiques, et où les pauvres d’idées en quête d’érudition facile iront puiser comme dans les papiers de Conrart. — M. 

913. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Salammbô par M. Gustave Flaubert. (Suite.) » pp. 52-72

la pauvre Salammbô éprouve, à sa manière, le même sentiment de vague aspiration et d’accablant désir. […] Il y a même un mutilé aux jambes coupées, un tronçon d’homme, le pauvre général Giscon, qui, rampant inaperçu jusque sous la tente, assiste à la scène comme témoin.

914. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Millevoye »

La pauvre feuille avait bien voyagé, et le nom de Millevoye s’était perdu en chemin. […] Ce petit trait rappelle de loin la belle carpe que Racine, en réponse à une invitation de M. le Duc, montrait à l’écuyer du prince, et qu’il tenait absolument à manger en famille avec ses pauvres enfants, le grand Racine qu’il était.

915. (1914) Enquête : L’Académie française (Les Marges)

Que voulez-vous qu’elle soit, la pauvre ? […] Elle assure le succès, le maintient, l’affirme encore, quel que soit la pauvre qualité des produits débités en librairie.

916. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XVI. Les derniers temps de la comédie italienne en France » pp. 311-338

messieurs, on ne sait que trop que c’est le pauvre homme qui les a reçus. […] pas un pauvre moment de repos en toute une journée !

917. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Madame la duchesse d’Angoulême. » pp. 85-102

Si elle semble, par sa nature, avoir tenu plus de son père que de sa mère, il est une vertu, du moins, qu’elle tint de celle-ci, et qui manqua au pauvre Louis XVI pour le sauver : je veux dire la fermeté, le courage d’agir dans les moments décisifs. […] Mon pauvre frère dormait : ils l’arrachèrent de son lit avec dureté pour fouiller dedans ; ma mère le prit tout transi de froid.

918. (1765) Essais sur la peinture pour faire suite au salon de 1765 « Paragraphe sur la composition ou j’espère que j’en parlerai » pp. 54-69

La femme et l’animal s’en vont du côté du portefaix endormi, et je suis sûr qu’un enfant s’écrierait : maman, cette femme va faire manger ce pauvre homme-là qui dort, par sa bête. […] Pauvres copistes qu’ils compareraient volontiers à notre artisan des Gobelins qui va choisissant ses brins de laine les uns après les autres, pour en former la vraie nuance du tableau de l’homme sublime qu’il a derrière le dos.

919. (1890) Les princes de la jeune critique pp. -299

Elle réagit contre ces illusions du cœur, dont il est si doux d’être dupe et si facile d’être victime. pauvre vérité ! […] Il a horreur du banal, du commun, du bourgeois, des phrases et des situations qui ont traîné partout (pauvre M.  […] Moi qui vous parle, si j’avais été le dieu de la mer, je n’aurais pas exclu le pauvre animal de mon empire. […] Il traite les pauvres livres avec la colère d’un homme trompé par une maîtresse longtemps adorée. […] Mme de Beaumont, l’amie et l’inspiratrice de Chateaubriand, devient pour sa pitié un pauvre lis frémissant et si vite fané.

920. (1874) Premiers lundis. Tome I « M. de Ségur. Mémoires, souvenirs et anecdotes. Tome II. »

Saisi du désir de le soulager, il s’élance de voiture, en habit de bal, arrête le brancard, magnétise le patient, malgré des torrents de pluie, aux yeux des porteurs étonnés, et, quand, fatigué du peu de succès de sa ferveur, il les interroge sur la maladie du pauvre homme, il reçoit pour toute réponse : « Malade !

921. (1874) Premiers lundis. Tome I « M. de Ségur : Mémoires, souvenirs et anecdotes. Tome III. »

Oreste et Pylade, Diane, Hercule et Mitbridate étaient mêlés avec le sultan, le grand visir et les pachas ; et d’un même ton de légèreté ironique, on disait son mot sur le rétablissement des républiques grecques, pu sur le bon roi Thoas et la pauvre Iphigénie.

922. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Gilbert Augustin-Thierry »

Et souvenez-vous, par exemple, de ce pauvre petit prince impérial massacré par les sauvages et venant mourir de si loin, d’une mort sanglante, sous la même latitude où était mort l’Homme de sang, son aïeul.

923. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « En guise de préface »

Or, il ne se trompe point, sans doute : mais enfin qui le jurerait  Et ne dites pas non plus que la critique personnelle, la critique impressionniste, la critique voluptueuse, comme vous voudrez l’appeler, est bien pauvre vraiment et bien mesquine comparée à l’autre critique, à celle qui fait entrer le ressouvenir des siècles dans chacune de ses appréciations.

924. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Dupont, Pierre (1821-1870) »

Le recueil de ses chansons représente tout un petit monde où l’homme fait entendre plus de soupirs que de cris de gaîté et où la nature, dont notre poète sent admirablement l’immortelle fraîcheur, semble avoir mission de consoler, d’apaiser, de dorloter le pauvre et l’abandonné.

925. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XXVII. Sort des ennemis de Jésus. »

Comment prendre à l’égard des pauvres gens des airs d’infaillibilité, quand on a sur la conscience la grande méprise de Gethsémani 1231 ?

926. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » pp. 79-87

Larcher à son Compagnon, l’étude du Grec vient de renverser, dès le commencement, la cervelle à ce pauvre homme.

927. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « Panurge » pp. 222-228

Sous François Ier, il parodie la royauté, fait d’Arnache roi des Dipsodes pris à la guerre, « gentil crieur de saulce verte » et l’expérience réussit »à souhait : « et fut aussi gentil crieur, qui fût oncques vu en Utopie ; mais l’on m’a dit depuis que sa femme, le bat comme plâtre, et le pauvre sot ne s’ose défendre, tant il est niais. » Ni l’Église, ni les gens de loi, les papimanes, les papegauts, les evegauts, les saintes décrétales, les chats fourrez et chicanous, ne lui inspirent plus de retenue.

928. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Bathild Bouniol »

Il s’agit d’un jeune homme suicidé que la foule entoure : — Pauvre garçon, si tôt !

929. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Charles Barbara » pp. 183-188

Un homme est pauvre ; il envie la richesse.

930. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Champfleury ; Desnoireterres »

Il nous a montré, lui, comment elles résistaient et restaient vertueuses sans fracas, au prix d’une larme qu’elles essuyaient avec un bout de dentelle et qui ne revenait plus jamais rayer leur rouge sur leurs pauvres joues attristées.

931. (1900) Taine et Renan. Pages perdues recueillies et commentées par Victor Giraud « Taine — III »

Était-il pauvre ?

932. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Première série

— Et ne trouvera pas, pauvre enfant, un mari. […] Quelle désolation d’avoir, avec une pauvre âme vivante, la durée d’une montagne ! […] Ne crains rien ; viens vers moi, pauvre petite bête ! […] Mais, craignant de faire le malheur de la pauvre fille, il la quitte, il va à Venise. […] Le champ de nos souvenirs et de nos impressions serait infiniment plus pauvre.

933. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Eugène Gandar »

Les rois qui vivaient sur de plus beaux rivages, qui cultivaient des terres plus fécondes, qui dormaient dans de plus riches palais, ne comprenaient guère que le prudent Ulysse s’obstinât à chercher ainsi, malgré la destinée, son pauvre royaume. […] Je sens, en effet, mon cher Michel, que ma curiosité s’émousse ; c’est trop courir sans atteindre au but, trop voir sans savoir ; trop flétrir de fleurs, sans faire un pauvre rayon de miel ; et tenez, quoique je veuille absolument partir et que j’aie raison de le vouloir, il me semble que je pars sans joie et que jamais plus je ne m’en irai aussi loin. […] À l’heure des adieux, le pauvre Beulé pleurait. […] J’ai regretté particulièrement il y a quelques semaines de n’avoir pas sous la main les Artistes dominicains du père Marchese ; mais je dois me résigner et marcher toujours, toujours courir… Jugez si les désirs et les regrets se pressent dans ma pauvre tête. […] J’étais préparé à cette mission très délicate par mes récentes études sur les manuscrits de Pascal et de Bossuet, et j’y trouve encore cet intérêt particulier qu’elle me prépare au travail définitif que réclament, et bientôt, si je ne me trompe, les œuvres laissées par notre pauvre oncle Adolphe (Adolphe Rolland, frère du peintre, et qui avait été poète). » 169.

934. (1879) À propos de « l’Assommoir »

Et cette pauvre petite Lalie, qui meurt sans une plainte sous le fouet d’un père fou d’alcool, n’en est-ce pas un aussi, et du plus pur idéal ? Mais le rayon qui pénètre dans la mansarde ne ressemble pas au rayon qui fait briller le marbre d’un palais : il a de la peine à entrer, à travers des carreaux ternis ou brisés, dont les morceaux sont retenus par un papier sans transparence ; il n’arrive que tout pâle dans ce pauvre milieu, et les graines de poussière qu’il fait danser en grand nombre l’obscurcissent encore. […] Il est tellement secoué de cette lubricité littéraire, que les sentiments naturels deviennent avec lui hideux, comme dans Une page d’amour ; qu’il ne peut décrire une poupée, une pauvre petite poupée d’enfant gisant à terre les jambes écartées, sans éveiller, sans chercher a éveiller aussitôt des idées sensuelles….. […] Peu d’actrices auraient consenti à porter de pauvres robes malfaites, des manchettes de laine rouge et des haillons  non pas poétiques comme ceux de Mignon  mais criant la misère et demandant la charité. […] Goujet se marie ; Mes-Bottes vient se promener en gilet blanc dans la rue, pour prendre l’air sans doute ; Virginie, en toilette fort élégante, passe au bras de Lantier ; Poisson épie son épouse infidèle et se prépare à la punir d’un coup de poignard… Une pauvre femme, en cheveux blancs, se traîne contre les murs et implore la pitié de tous nos héros qui passent l’un après l’autre.

935. (1890) Les romanciers d’aujourd’hui pp. -357

on le lui arrangeait, son pauvre bouquin ! […] Fèvre eut pour début un volume en collaboration avec ce pauvre Louis Desprès, qu’une législation imbécile mena demi-mort à Saint-Lazare. […] La chanteuse Thérésa et le nouvelliste Becquet avaient déjà pris la défense du pauvre troubade. […] L’église est en forme de croix, des ormes et des frênes autour, et elle est si tassée de vieillesse que ses pauvres flancs gris disparaissent presque dans leur verdure. […] Feuillet son Roman d’un jeune homme pauvre, M. de Camors, Julia de Trécœur, L’Histoire de Sybille, etc.

936. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « [Béranger] » pp. 333-338

Son âge même était gravé dans toutes les mémoires, et la date, lorsque l’on s’interrogeait ces jours derniers, revenait voltiger en chanson : Dans ce Paris plein d’or et de misère, En l’an du Christ mil sept cent quatre-vingts, Chez un tailleur, mon pauvre et vieux grand-père, Moi nouveau-né, sachez ce qui m’advint… Sa vie fut simple ; par son bon sens, par sa probité, par la modération de ses mœurs et de ses goûts, il sut la rendre constante et digne.

937. (1874) Premiers lundis. Tome I « Bonaparte et les Grecs, par Madame Louise SW.-Belloc. »

Toi, près de moi, neveu ; plus près… que je te donne Mon pauvre sabre ; en toi, qu’ils puissent me revoir ; De mes armes couvert, sieds-toi leur capitaine.

938. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — J — Jammes, Francis (1868-1938) »

Qu’on en juge : Le pauvre pion doux si sale m’a dit : J’ai bien mal aux yeux et le bras droit paralysé.

939. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Lemercier, Népomucène Louis (1771-1840) »

Interdit du théâtre, il s’était jeté dans les sciences et avait composé l’Atlantide ; pauvre, il monta dans la chaire de l’Athénée ; il dota les lettres françaises de ce Cours de littérature qui est un des plus beaux monuments que la science de l’antiquité ait élevés parmi nous.

940. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des romans — Préface et note de « Notre-Dame de Paris » (1831-1832) — Note ajoutée à l’édition définitive (1832) »

On vient de démolir l’archevêché, édifice d’un pauvre goût, le mal n’est pas grand ; mais tout en bloc avec l’archevêché on a démoli l’évêché, rare débris du quatorzième siècle que l’architecture démolisseur n’a pas su distinguer du reste.

941. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Girac, et Costar. » pp. 208-216

J’avois ignoré jusqu’ici qu’il étoit fils d’un pauvre chapelier & d’une lavandière.

942. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 6, des artisans sans génie » pp. 58-66

Si cet artisan imitateur a du sens, quoique né pauvre, pour ainsi dire, il subsiste honorablement du butin qu’il fait dans le patrimoine d’autrui.

943. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 11, les romains partageoient souvent la déclamation théatrale entre deux acteurs, dont l’un prononçoit tandis que l’autre faisoit des gestes » pp. 174-184

Le peuple qui se donnoit la liberté qu’il prend encore en France et en Italie de faire repeter les endroits qui lui plaisent : le peuple, dis-je, à force de crier bis, le mot est latin, fit réciter si long-temps le pauvre Andronicus qu’il s’enroüât.

944. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre ii »

Chacun de ces hommes, au moins à certaines heures, se sent subordonné, misérable, minime, pauvre fétu jeté dans la fournaise, mais avec un tel frémissement !

945. (1874) Portraits contemporains : littérateurs, peintres, sculpteurs, artistes dramatiques

Quel air important et mystérieux nous avions, en coudoyant les autres hommes, pauvres bourgeois qui ne se doutaient nullement de notre puissance ! […] Tel mélodrame a valu à son auteur plus que Notre-Dame de Paris à Victor Hugo et les Parents pauvres à Balzac. […] Des enfants étaient venus égayer ce pauvre ménage, dont ils doublaient les charges. […] La France vit le phénomène bien rare chez elle d’un poëte qui n’était pas pauvre et dont la fantaisie pouvait se traduire splendidement au soleil. […] On dirait que ces pauvres logis ont la conscience de l’arrêt qui pèse sur eux, tant leur physionomie est morose.

946. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVIe entretien. La passion désintéressée du beau dans la littérature et dans l’art. Phidias, par Louis de Ronchaud (1re partie) » pp. 177-240

et plût aux Dieux que je n’eusse été qu’un pauvre émondeur de saules sur les rives du lac ou du Mincio, dans cette laiteuse Lombardie, Bresse de l’Italie !  […] C’est la lueur de cette lampe nocturne, aperçue des villageois et des bergers de la montagne, qui faisait dire à ces pauvres gens, dans leurs veillées, ce que disent les paysans d’Allemagne allant à l’église pendant la nuit de Noël, en passant sous la tour de Faust : « Que fait donc notre jeune maître à cette heure dans sa chambre haute, seul ainsi toute la nuit avec les esprits, pendant que la cloche sonne et que le peuple chante en chœur à l’église : le Christ est ressuscité ? » XLII Et en effet, le jeune maître faisait en silence deux choses mystérieuses et presque sataniques pour le pauvre ignorant de nos campagnes et de nos villes ; il ressuscitait la chevalerie par la poésie dans ses chants, et il ressuscitait le grand art dans ses veilles en écrivant son Phidias ; Phidias, l’art incarné, le créateur des marbres, le dieu de la sculpture et de l’architecture, le révélateur du beau dans la pierre, le créateur enfin du Parthénon, cette cathédrale d’une religion qui allait mourir dans un temple qui ne mourra pas !

947. (1914) Enquête : Les prix littéraires (Les Marges)

Ce n’est point parce que le pauvre Deubel s’est tué, épuisé de misère, que l’on peut accuser les prix de littérature de ne servir à rien ; il y a eu tout de même de jeunes hommes de lettres, intéressants, qu’ils ont sauvé de la faim et du désespoir J’en connais, vous en connaissez, nous en connaîtrons encore. […] Cependant, aujourd’hui, je pense qu’il faut être indulgent aux écrivains ; les écrivains ont souvent beaucoup de peine à arriver ; la concurrence des riches met les pauvres dans une infériorité affreuse. […] Camille Mauclair J’ai souhaité, une seule fois dans ma vie, d’obtenir un prix littéraire dont j’avais alors bien besoin, étant très malade et très pauvre.

948. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 février 1885. »

— Mon pauvre homme ! […] — En présence de Dieu et des saintes reliques, que je vois ici, s’écria Yseult, je jure que nul homme autre que le roi ne m’a tenu dans ses bras, si ce n’est le pauvre ladre qui vient de me porter pour passer le ruisseau !  […] Alors un vieillard lui dit : — Belle, dame, nous avons ici une douleur comme personne n’en eut jamais : Tristan, le preux, le franc, est mort ; c’est une désolation pour tous ceux du royaume : il était généreux envers les pauvre gens et secourable envers les affligés ; il vient de mourir dans son lit d’une blessure qu’il a reçue.

949. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre X »

M. de Jalin avertit un peu rudement la pauvre enfant, au second acte, du danger qu’elle court ; il prend par les ailes cet ange en péril, comme on prend par les cheveux une femme qui se noie. […] Sa femme n’est que la servante de sa fortune, servante sans gages ; car elle n’a jamais eu cent francs à elle, la pauvre madame Durieu. […] Il serait trop heureux qu’une jeune fille pauvre et de bonne maison daignât l’introduire, de sa blanche main, dans le monde des honnêtes gens et de la bonne compagnie.

950. (1913) La Fontaine « V. Le conteur — le touriste. »

» Moi, charitable et bon homme, J’ouvre au pauvre morfondu, Et m’enquiers comme il se nomme : « Je te le dirai tantôt, Repartit-il : car il faut Qu’auparavant je m’essuie. » J’allume aussitôt du feu. […] » Amour fit une gambade, Et le petit scélérat Me dit : « Pauvre camarade, Mon arc est en bon état, Mais ton cœur est bien malade. » Quelle incroyable virtuosité chez cet homme qui fait un conte si rapide, si concis, si aisé, sans qu’on puisse y sentir absolument le moindre effort, sans qu’on y sente la moindre méditation ni le moindre apprêt ! […] La pauvre fille, croyant bien faire, alla quérir aussitôt sa cale de cérémonie pour me la montrer.

951. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Villemain » pp. 1-41

Ici, l’Arthémise inquiète de l’Université mêle ses pleurs à ceux de l’Arthémise parlementaire désolée, au sein de cette pauvre Académie, devenue l’asile de toutes les afflictions contemporaines. […] Quant au livre attaché à cette préface, chiche de tout point, nul en religion, pauvre en philosophie, vide enfin, ce choix d’études, dont l’arrière-prétention est de se poser comme l’expression photographique de l’esprit moderne, n’est qu’un babillage littéraire, dénué profondément de charme. […] C’est de Serres, Royer-Collard, le président Dupin et Desmousseaux de Givré, mais à eux quatre, pauvre ciment !

952. (1829) Tableau de la littérature du moyen âge pp. 1-332

D’ailleurs nos pauvres troubadours, ils ne sont plus ; ils se sont tus avant la fin du quatorzième siècle. […] Le calife de Cordoue avait voulu agrandir ses jardins, et faire élever un pavillon sur un petit champ qui les bornait, et qui était le bien d’une pauvre veuve. […] La pauvre femme alla se plaindre au cadi de Cordoue. […] J’ai beaucoup d’amis ; mais pauvres sont leurs dons : c’est une honte à eux si, pour ma rançon, je suis deux hivers prisonnier. […] C’était le bel esprit de quelques grands seigneurs ; c’était le gagne-pain de quelques pauvres gens d’esprit.

953. (1905) Propos de théâtre. Deuxième série

Voilà bien des suffrages à l’actif de ce pauvre abbé. […] Par parenthèse, il est malheureux, ce pauvre roi. […] Mais chez lui, dans sa mansarde d’écolier, recueilli dans une famille aussi pauvre à peu près que la sienne ? […] La pauvre fille venait d’accoucher de son septième enfant. […] Ce pauvre Ressimeux n’est-il pas bien plaisant ?

954. (1899) La parade littéraire (articles de La Plume, 1898-1899) pp. 300-117

Mais sur un brancard, porté par ses parents, Son pauvre père tête nue et priant, Et ses frères qui disaient : « Ainsi soit-il !  […] Son pauvre pion, sa bonne négresse, son petit veau, sa vieille avec ses vêtements qui sentent le fromage, tout cela appartient au cycle du « tout petit épicier de Montrouge », « du mécanicien de la ligne du Nord » et du « pharmacien d’en face ». […] Sa muse vêtue d’un fruste lin, harmonieusement drapée, n’a pas redouté de s’égarer dans les humbles logis et dans les quartiers pauvres ; elle s’avance candidement vers les pâles créatures souffrantes ; elle leur sourit ; elle vient les guérir du « péché de pleurer ». […] Quelques-uns de ses grands morceaux lyriques comme la Pitié, le Pauvre, le Retour des Bergers, les Soldats, les Prêtres ou la Grande Plainte — qui semble inspirée de certaines prosopopées socialistes de Zola — toutes ces pièces sont destinées au plus grand retentissement. […] Et, pauvre corps sans âme, il va périr dans des contrées inconnues.

955. (1896) Le livre des masques

Les héros, ou les hommes (car chaque homme est un héros, dans sa sphère) ne sont qu’ébauchés par la vie ; c’est l’art qui les complète en leur donnant, en échange de leur pauvre âme malade, le trésor d’une immortelle idée, et le plus humble peut être appelé à cette participation, s’il est élu par un grand poète. […] Monter, monter toujours les dolentes marches du calvaire et se heurter le front à une porte de fer : ainsi monte sœur Ygraine, ainsi monte et se heurte à la cruauté de la porte de fer chacune des pauvres créatures dont M.  […] Pauvre crapaud ! […] Les Pauvres à l’église, les Premières Communions sont d’une qualité peu commune d’infamie et de blasphème. […] Passe un pensionnat, ô pauvres chairs !

956. (1859) Cours familier de littérature. VII « XLIIe entretien. Vie et œuvres du comte de Maistre » pp. 393-472

Ô pauvre imagination humaine ! […] « Dans les ouvrages de l’homme, tout est pauvre comme l’ouvrier ; les vues sont bornées, les moyens roides, les ressorts inflexibles, les résultats monotones. […] Les appointements (vingt mille francs), conformes à la pénurie de cette pauvre cour de Cagliari, étaient insuffisants sans doute, mais ils étaient cependant bien au-dessus du traitement d’un sénateur de Chambéry. […] Le peu de biens, dans la Savoie, dont il avait craint un moment d’être dépouillé en qualité d’émigré lui avait été rendu ; le modeste emploi de sénateur au tribunal de Chambéry, emploi aussi peu rétribué que peu imposant, n’étaient pas de grands sacrifices comparés au rang d’ambassadeur à une des premières cours de l’Europe, aux titres, aux dignités éminentes, aux décorations, au traitement dont il était honoré par le trésor si pauvre de Sardaigne, et enfin aux faveurs très utiles dont il jouissait, lui, son frère et son fils, par l’amitié de l’empereur de Russie.

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