. — L’homme de talent est propre, bien rasé, charmant, accessible à tous ; il prend chaque jour la mesure du public et lui fait des habits à sa taille, tandis que le poète forge de gigantesques armures que les Titans seuls peuvent revêtir. — Sous Delacroix, vous avez Delaroche ; sous Rossini, Donizetti ; sous Victor Hugo, M. […] Athènes lui donna le sens de la mesure : ce fut à tel point que Venise, au retour, y perdit, et, dans son délicieux pêle-mêle, lui parut moins divine qu’auparavant.
» parut un article de La Presse qui, comme le coup d’archet, donnait le ton et marquait la mesure au plus fort du tumulte. […] Ce qu’il proposait lui-même de spécifique et d’original, ce qu’il aurait voulu voir adopter, la mesure du désarmement, l’idée de faire passer l’État du rang de percepteur à celui d’assureur, la suppression des octrois, le rachat par l’État de tous les monopoles…, ces fragments d’un plan général qu’il avait conçu, je n’en dirai rien, parce que de tels projets radicaux se perdaient alors dans tous ceux que chacun proposait à l’envi et qui couvraient les murailles comme une éruption universelle.
A mesure que l’esprit juge mieux de l’étendue des choses, de la richesse du passé, de l’incomparable beauté des anciens et premiers modèles, il entre dans une sorte de sérénité un peu calme et refroidie, qui tempère la veine féconde. […] Les causes complexes, qui, après les grandes guerres d’Annibal, rendaient la situation de l’Italiote de plus en plus précaire et pénible, à mesure qu’au contraire celle du citoyen romain s’élevait et visait au roi, sont très-bien démêlées et viennent se traduire en un tableau général d’oppression et de dépopulation tout à fait effrayant.
Il est donc utile de caractériser les défauts qu’on peut reprocher à quelques prétentions, à quelques plaisanteries, à quelques exigences des sociétés de l’ancien régime, afin de montrer ensuite avec d’autant plus de force, quels ont été les détestables effets, littéraires et politiques, de l’audace sans mesure, de la gaieté sans grâce, et de la vulgarité avilissante qu’on a voulu introduire dans quelques époques de la révolution. […] Mais si la politesse est la juste mesure des relations des hommes entre eux, si elle indique ce qu’on croit être et ce qu’on est, si elle apprend aux autres ce qu’ils sont ou ce qu’on les suppose, un grand nombre de sentiments et de pensées se rallient à la politesse.
. — Dans la physique, la décomposition du rayon lumineux et les principes de l’optique trouvés par Newton, la vitesse du son, la forme de ses ondulations, et, depuis Sauveur jusqu’à Chladni, depuis Newton jusqu’à Bernoulli et Lagrange, les lois expérimentales et les théorèmes principaux de l’acoustique, les premières lois de la chaleur rayonnante par Newton, Kraft et Lambert, la théorie de la chaleur latente par Black, la mesure du calorique par Lavoisier et Laplace, les premières idées vraies sur l’essence du feu et de la chaleur, les expériences, les lois, les machines par lesquelles Dufay, Nollet, Franklin et surtout Coulomb expliquent, manient et utilisent pour la première fois l’électricité. — En chimie, tous les fondements de la science, l’oxygène, l’azote, l’hydrogène isolés, la composition de l’eau, la théorie de la combustion, la nomenclature chimique, l’analyse quantitative, l’indestructibilité de la matière et du poids, bref les découvertes de Scheele, de Priestley, de Cavendish et de Stahl, couronnées par la théorie et la langue définitives de Lavoisier. — En minéralogie, le goniomètre, la fixité des angles et les premières lois de dérivation par Romé de Lisle, puis la découverte des types et la déduction mathématique des formes secondaires par Haüy. — En géologie, les suites et la vérification de la théorie de Newton, la figure exacte de la terre, l’aplatissement des pôles, le renflement de l’équateur328, la cause et la loi des marées, la fluidité primitive de la planète, la persistance de la chaleur centrale ; puis, avec Buffon, Desmarets, Hutton, Werner, l’origine aqueuse ou ignée des roches, la stratification des terrains, la structure fossile des couches, le séjour prolongé et répété de la mer sur les continents, le lent dépôt des débris animaux et végétaux, la prodigieuse antiquité de la vie, les dénudations, les cassures, les transformations graduelles du relief terrestre329, et à la fin le tableau grandiose où Buffon trace en traits approximatifs l’histoire entière de notre globe, depuis le moment où il n’était qu’une masse de lave ardente jusqu’à l’époque où notre espèce, après tant d’autres espèces détruites ou survivantes, a pu l’habiter Sur cette science de la matière brute, on voit en même temps s’élever la science de la matière organisée. […] Il adresse à l’Académie des Sciences des mémoires « sur la mesure de la force motrice », « sur la nature et la propagation de la chaleur ».
A mesure que la Révolution approche, l’intérêt passionné qu’on prend aux affaires publiques, aux principes, aux réformes, fait éclore de toutes parts, dans toutes les sociétés, des facultés oratoires qui se dépensent dans les conversations et dans les correspondances. […] D’abord, à mesure que l’on avance, les polémiques personnelles et les rivalités de parti y tiennent plus de place ; les passions qui se donnent cours sont intenses, mais communes et sans finesse ; le spectacle n’en est pas très nécessaire à notre éducation psychologique.
C’est dans cette mesure qu’il est grand moraliste. […] Il voulait que le naturaliste entrât dans la science sans guide, et qu’il examinât les objets à mesure que les lui présenterait la nature ou l’occasion, dans leurs rapports avec l’homme, et par l’utilité qu’il en tire.
On doit toujours s’attendre à ce que des mesures plus précises nous obligent à ajouter de nouveaux termes à nos formules ; c’est ce qui est arrivé par exemple pour la loi de Mariotte. […] Et pour ceux-là alors, quelle est la mesure de leur objectivité ?
Ils ont remarqué avec raison que l’influence du milieu physique, très puissante aux débuts des sociétés humaines, va diminuant à mesure que la civilisation progresse. […] A mesure qu’un pays est découpé en champs bien cultivés, sillonné dans tous les sens par des routes, l’humeur des habitants devient plus douce, plus égale ; leur esprit, lui aussi, s’ouvre, s’aère, s’assainit.
Nous avons bien pour nos poids et mesures un étalon indépendant auquel on peut les comparer ; pour régler nos montres nous avons nos observations astronomiques, et c’est l’Observatoire de Greenwich qui est notre régulateur ; mais, en morale, il n’y a pas de critérium réel de cette espèce. […] Mais comment s’opère le développement et en quelle mesure ?
. — À mesure qu’il avance dans sa carrière d’écrivain, Sainte-Beuve tend à rapprocher davantage la critique de l’histoire : ses études, dont le recueil constitue un document si précieux pour l’histoire des lettres modernes, s’écartent de plus en plus du point de vue essentiellement esthétique de ses devanciers et de ses contemporains ; ses appréciations s’entourent de notes sur les ascendants de l’auteur, qu’il examine, sur sa famille, sa ville, sa province, sa race ; puis sur son enfance, sur l’éducation qu’il a reçue, sur les influences qu’il a subies ; puis il recherche quelles ont pu être ses opinions sur les matières les plus importantes : quelles étaient ses croyances religieuses ? […] III Avec l’ancienne méthode critique, la base d’un enseignement littéraire était trouvée d’avance : c’était la littérature classique qui servait de commune mesure à toutes les autres.
À mesure que s’avançait le règne, et que le monarque redoublait de rigorisme, cette veine refoulée ne fit que rentrer et se répandre en dedans. […] Il va en tout aux raisons solides et prend avec précision la mesure des hommes.
Droz nous le dira d’un mot : « La véritable aristocratie respecte et maintient les lois ; la noblesse se regardait comme au-dessus des lois. » L’esprit de la noblesse de robe est finement distingué de celui de la noblesse d’épée et de la noblesse de cour : « Les magistrats regardaient les militaires comme des machines obéissantes ; ils se jugeaient plus indépendants, plus instruits, plus désintéressés que les gens de cour ; et ils avaient en morgue ce que ceux-ci avaient en vanité. » Toutes les nuances d’inégalité qui composaient l’Ancien Régime, et qui causaient des froissements si sensibles à l’amour-propre, à mesure que l’ambition s’éveillait dans tous les rangs, sont fidèlement analysées par l’historien ; et il n’est pas moins attentif à indiquer les causes de rapprochement entre les classes, les signes précurseurs de l’avènement prochain du tiers état. […] Elle le mit aux prises avec la réalité tout entière ; il y garda ses qualités pures, claires, limpides ; il y développa l’expression d’une probité plus mâle, et, dans cet ouvrage final et si longtemps médité, il put donner enfin toute sa mesure.
Il parvint à se dérober aux mesures de rigueur qui furent décrétées en cette journée, et à sortir de France avec un passeport danois. […] La contrée est agréable ; à côté de la maison que nous habitons, nous avons un beau lac et une belle forêt ; l’art y procure tous les fruits que la nature refuse ; les mœurs du pays sont douces ; il y a beaucoup d’instruction dans les hautes classes de la société, et l’on trouve encore chez elles des principes religieux que l’on n’y soupçonnerait pas ; chaque seigneur rend, avec une sage mesure, la liberté à ses vassaux ; il les rend propriétaires, il leur fait du bien sans commotion, et il cherche à leur inspirer, non l’amour du changement, mais celui du travail et de l’industrie.
Si tous ceux qui conversèrent à Passy avec Franklin avaient bien entendu ses préceptes et ses mesures, ils y auraient regardé à deux fois avant d’entreprendre dans le vieux monde la refonte universelle. […] Sur la mort, il n’avait jamais varié depuis des années, et son espérance devint plus vive et plus sensible à mesure qu’il approchait du terme.
Ce La Fontaine qu’on donne à lire aux enfants ne se goûte jamais si bien qu’après la quarantaine ; c’est ce vin vieux dont parle Voltaire et auquel il a comparé la poésie d’Horace : il gagne à vieillir, et, de même que chacun en prenant de l’âge sent mieux La Fontaine, de même aussi la littérature française, à mesure qu’elle avance et qu’elle se prolonge, semble lui accorder une plus belle place et le reconnaître plus grand. […] En France, où les grandes conceptions poétiques fatiguent aisément, et où elles dépassent la mesure de notre attention, si vite déjouée ou moqueuse, on demande surtout aux poètes ce genre d’imagination et de fertilité qui n’occupe que peu d’instants ; et il y excelle.
À mesure qu’il étendra le cercle de ses recherches, il rencontrera des difficultés plus nombreuses, car il aura à considérer un plus grand nombre de formes étroitement alliées. […] On peut retourner la formule en lui donnant un autre sens, et dire que dans les genres les plus riches, où un nombre de variétés ou d’espèces naissantes, supérieur à la moyenne, sont en train de se former, beaucoup des espèces déjà formées ressemblent encore en une certaine mesure à des variétés : car elles se distinguent les unes des autres par une somme de différence au-dessous de la moyenne.
C’est surtout dans l’excès qu’il faut de la mesure. […] — En une certaine mesure au contraire, parce que c’était la façon dont, généralement, les auteurs classiques nous étaient montrés, qui nous les faisait prendre en horreur ; parce que Virgile et Horace ne pouvaient rester dans nos souvenirs qu’accompagnés de l’idée d’ennui ; et parce que, laissés de côté par les professeurs d’à présent, ils se présenteront aux écoliers dans toute leur beauté propre, avec leur charme inaltéré et, si j’ose ainsi parler, sans encrassement.
Ce rude travailleur en choses éphémères, ce bénédictin de robe… trop courte, avec ses vastes connaissances, son encyclopédisme littéraire, son amour des idées et de tout ce qui ressemblait à une idée, son besoin plus pressant que sûr de généraliser, son style fringant, piquant, brillant et trempé aux sources de tous les idiomes, Philarète Chasles, n’a pas laissé, en somme, un grand livre pense et voulu, construit avec art, ferme sur sa base, une œuvre centrale, enfin, qui eût donné exactement sa mesure et qui aurait empêché de la chercher confusément, ainsi qu’on le fait aujourd’hui, dans des travaux éparpillés, — disjecta membra poetæ . […] Protestant, philosophe, Anglais, ne croyant qu’au relatif et à l’expérience, Chasles fait ses réserves quand il juge le jugement de J. de Maistre ; mais ses réserves mêmes donnent la mesure d’une justice arrachée, malgré ses réserves, à l’esprit d’un critique qui, s’il manqua souvent de l’intuition du vrai, eut presque toujours celle du beau.
C’est une autobiographie, — prise à la source même de de toute autobiographie, — qui est la pensée exprimée, la sensation notée, le cri jeté, à mesure qu’on vit ! […] Son esprit ressemble à ce cavalier de marbre dont il a parlé, je crois, quelque part, qui, à mesure que son cheval s’agite, devient de plus en plus pesant et fixe sur la selle, le domptant, en le serrant de ses cuisses de marbre, de sa fixité et de son poids.
Quelques-uns des principes de Ruskin sont d’une incontestable fausseté ; par exemple, celui-ci : « Le meilleur tableau, écrit-il33, est celui qui renferme le plus d’idées et les idées les plus hautes » A quoi il ajoute comme commentaire, que « les plus hautes idées sont celles qui tiennent le moins à la forme qui les revêt, et que la dignité d’une peinture, comme l’honneur dont elle est digne, s’élèvent exactement dans la même mesure où les conceptions qu’elle traduit en images sont indépendantes de la langue des images. […] En nous ralliant à cette pensée, nous dirons que cet art de spiritualisation doit disparaître à mesure que la conception qui le soutient, s’ensevelit dans le passé.
Vous détachez cette faculté égoïste et politique, et vous en déduisez aussitôt tous les caractères de la société et du gouvernement romain, l’art de combattre, de négocier et d’administrer, l’invincible amour de la patrie, le courage orgueilleux et froid, l’esprit de discipline, le projet soutenu et accompli de conquérir, garder et exploiter le monde, le respect de la loi, le talent de la résistance et de l’attaque légale, la mesure et l’obstination dans les luttes civiles ; partout la réflexion qui calcule et la volonté qui se maîtrise. […] Un esprit sec et net, qui est probablement l’effet de la structure primitive du cerveau, une circonstance persévérante et puissante, qui fut la nécessité de songer à son intérêt et d’agir en corps, ont produit chez ce peuple et fortifié outre mesure la faculté égoïste et politique.
Avec le temps, elle a grandi dans l’art, elle a gagné au point de vue de la forme et surtout de la mesure ; a-t-elle gagné pareillement au point de vue de la passion ? […] Il vient un jour où tout homme doué comme l’est Dumas fils, quand le juste succès a sacré ses efforts, mesure avec recueillement l’importance de sa fonction. […] Si l’utilité d’une chaire se mesure à l’importance numérique de l’auditoire, quel professeur pourrait lutter avec celui-là ? […] À mesure que nous avançons dans notre tâche, elle se complique et devient de plus en plus impossible à remplir. […] La tradition française, la mesure française avec les franchises du drame romantique, c’est Ponsard et Charlotte Corday.
En rejetant le passé, les mobiles cervelles parisiennes avaient rejeté ce fonds d’expérience qui fait prendre rapidement la mesure des choses. […] S’y épanouir sans mesure, en être aimé, caressé. […] Ce fait se superpose étroitement au précédent et il est inévitable que les deux sujets débordent l’un sur l’autre en quelque mesure. […] Il spécule sur sa lamentable chute pour lui offrir pleine mesure de jouissances et d’ambitions satisfaites. […] Et l’avantage de Méphistophélès diminue, la confiance du Seigneur va se justifiant, à mesure que Faust a plus d’expérience.
Ce personnage existât-il dans la nation, il faudrait encore qu’il fût connu, employé, ou déjà tout porté au premier rang, ou en passe d’y atteindre et en mesure de s’y maintenir.
Les différents articles qui les composent, et dont l’analyse ne saurait embrasser la variété, n’ont entre eux de commun que le mérite littéraire, le seul que je puisse apprécier d’une vue générale : apprécier le mérite littéraire d’un livre, quel qu’il soit, c’est d’ordinaire donner l’exacte mesure de sa valeur réelle.
Il semblait, à mesure qu’il vieillissait dans l’exil, espérer de plus en plus fermement en l’avenir des peuples ; son âme, détrompée enfin des calculs d’autrefois et comme purifiée par les épreuves, s’attachait à la liberté avec la foi croissante de la jeunesse.
Du sein de son loisir, il ne prend d’autre soin que de saisir au passage et d’écrire en vers ses pensées riantes ou tendres, à mesure qu’elles traversent son âme ; et la plupart de ses pièces sont des impromptus de volupté, qui, au milieu de ses jeux, lui échappent sans plus d’effort que les roses effeuillées de sa guirlande.
On a pris à tâche d’exagérer toutes les parties que la nature a faites plus saillantes dans le corps féminin : la poitrine, les hanches, la croupe et même, dans une mesure plus discrète, le ventre.
dit un de ses personnages, nous sommes pareils à ces cristaux puissants où dort, en Orient, le pur esprit des roses mortes, et qui sont hermétiquement voilés d’une triple enveloppe de cire, d’or et de parchemin. » Une seule larme de leur essence conservée ainsi dans la grande amphore précieuse (fortune de toute une race et que l’on se transmet par héritage, comme un trésor sacré tout béni par les aïeux) suffit à pénétrer bien des mesures d’eau claire.
Âme vivante n’en avait connaissance ; on la voulut donner aussi mystérieusement qu’elle avait été fait briquée, Le tailleur de madame de Montespan lui apporta l’habit qu’elle lui avait ordonné ; il en avait fait le corps sur des mesures ridicules.
A mesure qu’on s’élève dans l’échelle des opérations mentales, les sentiments attachés aux idées deviennent de plus en plus complexes ; aussi, pour expliquer les sentiments supérieurs, par exemple les émotions esthétiques, morales, sociales, ce n’est plus au mouvement d’un seul nerf, c’est à tout un ensemble d’excitations et de motions qu’il faut avoir recours.
Mais ce qu’il ne faut point perdre de vue, c’est que les parties d’éducation publique qui paraîtront superflues dans ce moment pourront devenir nécessaires avec le temps ; à mesure que le grand ouvrage de la civilisation s’avancera, les intérêts divers, les relations entre les sujets se multiplieront, et c’est cet avenir que Sa Majesté Impériale doit prévénir par sa sagesse, si elle redoute d’abandonner la suite de ses projets à l’ignorance ou aux caprices de la folie.
Le peintre et le poëte ne nous affligent qu’autant que nous le voulons, ils ne nous font aimer leurs heros et leurs heroïnes qu’autant qu’il nous plaît, au lieu que nous ne serions pas les maîtres de la mesure de nos sentimens ; nous ne serions pas les maîtres de leur vivacité comme de leur durée, si nous avions été frappez par les objets mêmes que ces habiles artisans ont imitez.
Cette contrainte pénible dès l’enfance, lui devient insupportable à mesure que l’âge lui fait encore mieux sentir, et son talent et sa misere.
Si tu ne nous fais de suite griller « ces graines de sésame, nous allons te tuer « et nous jetterons ton corps dans la fosse « des cabinets. » Takisé, effrayée par cette menace, s’approche du feu pour faire griller les graines de sésame dans un canari, et, à mesure qu’elle en surveillait la torréfaction, son corps fondait comme beurre au soleil et se transformait en une graisse fluide qui donna naissance à un grand fleuve.
Ce n’était pas assez selon lui de plier son être sur l’idéal composé par nos aïeux ; il jugea qu’il était aussi de son devoir de restituer aux fils, en quelque mesure, les avantages qu’il avait reçus des pères.
» Le mal est ancien, héréditaire, il date de l’ancienne monarchie ; mais ce sont les législateurs modernes qui l’ont institué à demeure, par système, et qui, pour l’entretenir, l’étendre, l’empirer au-delà de toute mesure, ont employé la précision, la rigueur, l’universalité, la contrainte impérative et les plus savantes combinaisons de la loi4 » ∾ Vous venez d’entendre Taine par-delà le tombeau.
Après tout, quelque grand qu’il soit, quelques honneurs que la reconnaissance publique ait cru devoir lui décerner, il ne saurait échapper à la commune mesure. […] De même qu’il mesure les hommes à leur action directe, Garibaldi ne juge les théories qu’à leurs effets immédiats. […] Après s’être en partie rallié à lui, en voyant que l’expédition de Sicile ne provoquait pas les complications redoutées, on s’en écartait de nouveau, par crainte qu’il ne passât la mesure. […] Ces bizarreries l’étonnent un peu, mais point outre mesure : dans un pays qui a été fait par les hommes plus que par la nature, il faut s’attendre à tout. […] Au fond, son juste milieu n’est autre chose que l’art de gouverner avec mesure.
Au moins devrait-elle reconnaître son erreur, lorsque les années sont venues fortifier un talent qui produit avec entêtement et qui se grandit à mesure. […] Encore une façon pour Mithouard de goûter la cathédrale et de s’acheminer en mesure à mieux vivre une vie d’occidental. […] Parler un tel langage, c’est blasphémer notre moyen âge, ne rien comprendre à notre intelligence passionnée qui fixa sa mesure par la « croisée d’augive ». […] Il nous offre un magnifique exemple de prudence et de mesure. […] La fameuse pièce À la Victoire donne bien la mesure de la richesse de combinaisons dont une semblable métrique est capable.
Il passe alors au grand Alexandre, et découvre dans son histoire, non sans quelque plaisir secret, des crimes plus qu’ordinaires mêlés à une superstition sans mesure. […] Il n’a pas plus appris du Discours sur la méthode à « conduire ses pensées par ordre » que, de l’Hôtel de Rambouillet ou de l’Académie de Richelieu naissante, à les exprimer, comme on dit, avec nombre, poids et mesure. […] Dans la mesure où l’Esprit des lois peut se définir un traité de jurisprudence universelle, émancipé de la tutelle et soustrait à la sanction de la théologie, c’est Bayle qui a démontré le premier, je ne dis pas seulement la possibilité, mais l’urgence de l’écrire. […] Ils ne l’avaient point convertie ; et au contraire, ce qu’elle semble avoir eu de plus original, c’est qu’à mesure que l’âge réglait ses mœurs, elle vouait un culte plus fervent à la mémoire de Bayle. […] S’il lui a paru que l’idée de progrès était incompatible avec l’idée chrétienne, nous en avons indiqué quelques-unes des raisons, qui se développeront à mesure que nous avancerons dans la suite de ces Études, mais celle-ci n’est certes pas la moindre.
À mesure que la crise fait des progrès, l’attention redouble. […] L’éparpillement des volontés s’accroît, en effet, dans l’Assemblée à mesure qu’on approche des événements. […] Mais la sensibilité n’est pas son fort ; la mesure, la tenue et le tact lui font souvent défaut. […] Dès le début, le roman sort de la mesure de la vérité et il n’y rentre guère. […] Octave Feuillet ne paraît pas soupçonner ; elle aurait eu l’amour de Dieu, le seul qui puisse satisfaire notre âme, parce que Dieu est infini et qu’il nous aime sans mesure.
Arnault, victime de ce procédé odieux, de le qualifier avec une sévérité de juge ; mais, osons le dire, le goût, dont il a tant été question dans cette séance, ne lui commandait-il pas plus de mesure et de brièveté dans une cause qui est personnellement la sienne ?
Ici la perfection est atteinte ; la mesure est trouvée.
Le langage du cœur donne la mesure de l’esprit.
Cette qualité ne se mesure ni au nombre des mots ni à la longueur des phrases, pas plus qu’au nombre des lettres ou des syllabes : elle est toute dans le rapport des mots et des choses, lorsqu’il n’y a rien de trop dans l’expression, et qu’on n’y peut rien retrancher sans enlever aussi de l’idée.
Le long de ces provinces s’échelonnent, apportant une note plus originale, à mesure qu’elles sont plus excentriques, la Picardie ardente et subtile, l’ambitieuse et positive Normandie, hardie du bras et de la langue, le Poitou tenace, précis et délié, pays de gens qui voient et qui veulent, la molle et rieuse Touraine, enfin la terre des orateurs et des poètes des imaginations fortes ou séductrices, l’« aimable et vineuse Bourgogne », d’où sont parties, à diverses époques, « les voix les plus retentissantes » de la France.
Je fais seulement remarquer que l’endurance ni l’énergie déployée ne sont point l’unique mesure de la beauté des actes.
de première classe), vous aurez maintes occasions d’être secourables aux pauvres gens, de faire payer pour eux les riches, de réparer ainsi, dans une petite mesure, l’inégalité des conditions et d’appliquer pour votre compte l’impôt progressif sur le revenu Notaires (car il y en a ici qui seront notaires), vous pourrez être, un peu, les directeurs de conscience de vos clients et insinuer quelque souci du juste dans les contrats dont vous aurez le dépôt Avocats ou avoués, vous pourrez souvent par des interprétations d’une généreuse habileté, substituer les commandements de l’équité naturelle, ou même de la pitié, aux prescriptions littérales de la loi, qui est impersonnelle, et qui ne prévoit pas les exceptions Professeurs, vous formerez les cœurs autant que les esprits ; vous… enfin vous ferez comme vous avez vu faire dans cette maison Artistes ou écrivains, vous vous rappellerez le mot de La Bruyère, que « l’homme de lettres est trivial (vous savez dans quel sens il l’entend) comme la borne au coin des places » ; vous ne fermerez pas sur vous la porte de votre « tour d’ivoire », et vous songerez aussi que tout ce que vous exprimez, soit par des moyens plastiques, soit par le discours, a son retentissement, bon ou mauvais, chez d’autres hommes et que vous en êtes responsables Hommes de négoce ou de finance, vous serez exactement probes ; vous ne penserez pas qu’il y ait deux morales, ni qu’il vous soit permis de subordonner votre probité à des hasards, de jouer avec ce que vous n’avez pas, d’être honnête à pile ou face Industriels, vous pardonnerez beaucoup à l’aveuglement, aux illusions brutales des souffrants ; vous ne fuirez pas leur contact, vous les contraindrez de croire à votre bonne volonté, tant vos actes la feront éclater à leurs yeux ; vous vous résignerez à mettre trente ou quarante ans à faire fortune et à ne pas la faire si grosse : car c’est là qu’il en faudra venir Hommes politiques, j’allais dire que vous ferez à peu près le contraire de presque tous vos prédécesseurs, mais ce serait une épigramme trop aisée.
La conséquence, c’est que, pour exceller dans la première partie de ce programme, le chirurgien doit avoir, avec une connaissance toujours présente de tout le corps humain, un sang-froid inaltérable, un regard lucide et sûr, une main délicate et intelligente, et comme des yeux au bout des doigts, une initiative toujours prête, la puissance d’inventer ou de modifier, à mesure, les procédés de son art, une faculté divinatoire, bref un « don », aussi rare peut-être, aussi instinctif et incommunicable que celui du grand poète ou du grand capitaine.
Puis, le trouble d’équilibre qui résulte de sa maladie rénale contribue sans doute à l’inquiéter outre mesure de certaines fonctions, le pousse à grossir leur importance.
À mesure que le mémoire avance, il serre de plus près la théorie du réalisme. […] La distinction du réalisme et de l’idéalisme est donc plus saisissable à mesure que l’esprit d’analyse fait plus de progrès. […] La Réforme mit impérieusement l’art sous le joug, et la Renaissance, au moins dans une mesure que nous indiquerons, lui imposa sa tutelle. […] Le romantisme la lui a donnée, et quelquefois sans mesure. […] Il ne voit ni grands ni petits faits, mais des faits qui ne peuvent se comparer, parce qu’ils n’ont pas de commune mesure ; tous ont une conséquence, si mince qu’elle soit ; donc aucun n’est négligeable.
Ne faut-il pas que la mesure de cette action ait une certaine étendue qui en laisse discerner le commencement, le milieu, et la fin ? […] Du fait ou de la fable épique ; de la mesure de l’action. […] La mesure de l’action. […] Il faut qu’au bon choix de la fable ils ajoutent la mesure convenable à l’action. […] Une juste mesure relative aux objets inanimés, à tous les agents physiques, proportionnera les effets avec les causes, selon la nécessité et la vraisemblance.
Rien ne m’a plus donné la juste mesure des événements de la vie humaine et du peu que nous sommes. […] Hume et le docteur Blair ont seuls gardé quelque mesure. […] La brillante apparition s’éloigne à mesure que tu la poursuis. […] Elles semblent diminuer de largeur à mesure qu’elles s’éloignent. […] Son bon naturel se développait avec son intelligence, et on le trouvait plus aimable à mesure qu’il devenait plus savant.
À mesure que cette seconde religion alla se développant, la société dut grandir. […] À mesure que les hommes sentent qu’il y a pour eux des divinités communes, ils s’unissent en groupes plus étendus. […] Nous savons que dans ces archives les faits étaient religieusement déposés à mesure qu’ils se produisaient. […] Es-tu en mesure d’égorger les victimes495 ? […] Chacune avait ses poids et es mesures.
Il choisissait des sujets scabreux et les traitait sans mesure et avec prétention. […] Fenoux-Attale et Ravet-Flaminius montrèrent beaucoup d’autorité et de mesure. […] D’une élégance vive et musclée, les jambes sont extraordinaires de vérité, et les bras, les corps se meuvent avec le moelleux et la juste mesure de la vie. […] Eugène Montfort a la fougue, et il ne manque pas de mesure. […] Lorsqu’on le compare à ses contemporains, on s’étonne de la mesure et de l’ordre que possédait son esprit.
Ses doigts sautaient d’un bout du clavecin à l’autre, il marquait la mesure du pied, et, de temps en temps, regardait la petite dans le miroir en face, en se pinçant les lèvres comme il arrive lorsqu’on a peur de faire de fausses notes. […] Bockel soupirait la basse lointaine des torrents, et le grand Andrès marquait la mesure de traits rapides et joyeux comme de cris d’hirondelles fendant l’air ; car si l’inspiration vient du ciel et ne connaît que sa fantaisie, l’ordre et la mesure doivent régner sur la terre ! […] Schoûltz, à demi courbé, ses grandes jambes pliées, tenait sa petite rousse sous les bras, et tournait, tournait sans interruption avec une régularité merveilleuse, comme une bobine dans son dévidoir ; il arrivait si juste à la mesure, que tout le monde en était ravi. […] et qu’il retomba d’aplomb après ce tour de force ; et qu’au même instant Schoûltz, levant sa jambe droite, la fit passer, sans manquer la mesure, au-dessus de la tête de sa petite rousse, et que d’une voix rauque, en tournant comme un véritable possédé, il se mit à crier : « You !
Enfin, l’an 1676, me trouvant de loisir à Ispahan, je réduisis cette longue relation à une juste mesure, après l’avoir revue sur les lieux ; et la voici presque au même état où je la mis dès lors. […] Une maison qui n’a pas été construite pour l’usage de son maître ne peut pas plus lui convenir qu’un habit dont on n’aurait pas pris la mesure. […] Cet eunuque, qui rompit toutes les mesures qu’avaient prises ces seigneurs, fut Aga-Mubarek, fort considéré en cette cour-là, comme nous l’avons marqué, auquel l’éducation du second fils du monarque avait été commise. […] Cependant l’amour de la justice prévalut dans son âme, et ce fut avec horreur qu’il entendit la proposition qu’avait faite le premier ministre de préférer le cadet à l’aîné, qui s’augmenta à mesure que les autres du conseil y prêtaient leur consentement. […] Il y a, dans la description et la mesure des parterres et des étages, une incohérence que nous ne pouvons attribuer qu’à l’inexactitude de l’imprimeur ou à une distraction de l’auteur.
Pour les qualités de l’esprit, Louis XIV eut au plus haut degré toutes celles que demande la royauté, et, dans une mesure marquée par les devoirs du rang, la plupart de celles qu’on admire dans un homme privé. […] Les troubles civils, en faisant peser sur tout le monde la nécessité d’attaquer ou de se défendre, avaient jeté, pour ainsi dire, chacun hors de sa mesure et de sa vérité. […] Mais prenons garde qu’il vivait à une époque où les plus grands voyaient au-dessus de leurs têtes un plus grand qu’eux, et où l’idée qu’on avait de la royauté mettait hors de toute mesure la personne royale. […] Il l’aima par l’attrait que devaient avoir pour lui ses propres qualités réfléchies dans les œuvres de Boileau, la raison, la justesse, la mesure et, ce qu’on pourrait appeler chez un législateur du goût, l’esprit d’autorité. […] Des guerres calamiteuses, les mécomptes de tous les calculs, les bornes des passions les plus obéies, le vide de tous les plaisirs, les devoirs s’accumulant à mesure que les ressources diminuaient, tant de faiblesse au sein de tant de puissance, lui firent goûter de plus en plus les vérités de la chaire chrétienne, et cette hardiesse mêlée de respect qui lui montrait le néant de sa gloire et la misère de tout ce qu’il avait aimé.
La mesure et le ton de votre critique m’enchantent et m’inspirent le plus sincère désir d’examiner avec vous les conditions de l’art des vers, mais je vous avoue que pour aller à votre rencontre je sens le terrain me manquer. […] Or, ils sont susceptibles de varier dans la mesure exacte où le rythme de la vie est susceptible de varier. […] Mais la loi du Nombre est si véritablement la Loi, que ces âmes rudimentaires n’ont qu’à progresser pour que, par degrés et à mesure qu’elles s’élèvent, le Poème et son rythme essentiel s’imposent à elles, comme à toutes celles dont les énergies intérieures sont concordantes. […] Cette poétique, dans quelle mesure le poète doit-il la respecter ? […] Un grand poète, André Chénier, était mort tragiquement avant d’avoir pu donner sa mesure.
A mesure que la civilisation gagne, que la société s’organise et se raffine, la poésie, primitivement éparse, se concentre sur quelques têtes et s’individualise de plus en plus. […] Ce rapport, juste et délicat, se trouvera plus vrai encore pour Kitty Bell, pour Mlle de Coigny et Mme de Saint-Aignan, ces sœurs humaines d’Éloa, à mesure que nous avancerons dans les dédales d’ivoire que le père de Stello aime à construire et où il dispose ses blanches figures. […] voilà que je vous gronde, cher Sainte-Beuve, moi qui voulais seulement vous parler du bonheur de…, etc., etc. » L’intimité est constatée, ce me semble : j’étais, en 1835, parfaitement en mesure de risquer une théorie du talent de M. de Vigny autant que d’aucun autre talent contemporain ; s’il y avait embarras pour moi à son égard, c’était par excès de liaison bien plutôt que par insuffisance ; j’avais à ressaisir mon libre jugement, à le ravoir de dessous un monceau de fleurs : là était la difficulté, pas ailleurs ; c’est ce que je tenais avant tout à établir.
A son retour en France et à la reprise d’armes, on la retrouve gouvernée encore quelque temps par les avis de M. de La Rochefoucauld, qui cette fois les donne meilleurs à mesure qu’il va être plus désintéressé. […] Ce n’est pas là le contraire, c’est le correctif de ce qu’a dit Pascal, qu’à mesure qu’on a plus d’esprit, on trouve qu’il y a plus d’hommes originaux. […] elle devient plus difficile et on la sent qui se complique davantage à mesure qu’elle avance et qu’elle se dénue.
A mesure qu’on avance dans le dix-huitième siècle, les règles se rétrécissent, la langue se raffine, le joli remplace le beau ; l’étiquette définit plus minutieusement toutes les démarches et toutes les paroles ; il y a un code établi qui enseigne la bonne façon de s’asseoir et de s’habiller, de faire une tragédie et un discours, de se battre et d’aimer, de mourir et de vivre : si bien que la littérature devient une machine à phrases, et l’homme une poupée à révérences. […] Les chèvres le broutent à mesure qu’il verdit ; le vent le secoue ; il a peine à vivre et s’accroche par ses racines tordues au sol qui s’effondre : ses graines, qui tombent sur la pente pierreuse, meurent ou avortent. […] A mesure que l’on descend d’un degré, l’être devient plus libre.
En pareil cas, la mesure du pouvoir est la portée du bras. […] C’était le désordre, mais à ses yeux c’était la loi pourtant ; car cette violence lui paraissait la mesure qui pouvait seule sauver la patrie et la Révolution. […] À mesure que la Révolution se dépouille de ses obscurités et que chaque parti lègue en mourant ses confidences à l’histoire, la mémoire du duc d’Orléans se dépouille des trames, des complicités, des trahisons, des crimes et de l’importance qu’on lui a prêtés.
De plus, à mesure que se multipliaient les chansons, on sentait le besoin de mettre un ordre dans cette abondance : or quoi de plus simple que de grouper les récits selon les rapports de parenté qui en unissaient les acteurs ? […] A mesure que les dames tiennent plus de place dans les chansons, une galanterie plus polie, plus verbeuse surtout, enveloppe un amour de plus en plus cynique. […] Naturellement les scènes grotesques ou familières eurent plus de succès à mesure que le public devint plus populaire.
À mesure qu’il souffre davantage et que la mort approche, il se détache de la jolie « apparition », et en reconnaît mieux l’inutilité. […] J’ai remarqué que nul ne songeait plus, l’autre jour, à lui reprocher le soin légitime qu’il prend de son vêtement ou de ses cheveux, ni les « succès de salon » qu’il a pu rencontrer quand il était très jeune. — À mesure que sa pensée mûrissait, sa manière oratoire s’est simplifiée. […] J’ai peur que la forme et la mesure de l’intervention de l’État ne soient assez difficiles à fixer dans de telles conditions.
Le public qui ne sait pas se partager entre deux plaisirs, n’aide guère le poète à trouver cette mesure. […] , les bras étendus et prêts à courir au secours. » « Toutes ces peintures vivantes, ajoute-t-il, formées par des acteurs pleins de feu et d’âme, pourraient donner quelque idée de la terreur et de la pitié. » Ainsi la terreur et la pitié, au lieu de naître et de s’accroître à mesure que la pièce se noue, ne sont plus que des secousses subites et inattendues, provoquées par des effets de théâtre. […] A mesure que je m’éloigne des défauts, les beautés m’apparaissent, et, dans ce lointain où je les regarde une dernière fois, il me semble voir un monde ingénieux de personnages brillants, animés, éloquents, et au-dessus de toutes ces figures, dont plus d’une est indécise, une tête charmante et immortelle, Zaïre, et une tête sacrée, que les anciens appelaient l’épouse et la mère, Mérope.
Elle n’admettait l’irrationnel, le miracle, que dans la mesure strictement exigée par l’Écriture et l’autorité de l’Église. […] Certaines personnes rendent un peu Saint-Sulpice responsable de mon incrédulité et lui reprochent, d’une part, de m’avoir inspiré pleine confiance dans une scolastique impliquant un rationalisme exagéré ; de l’autre, de m’avoir présenté comme nécessaire à admettre le summum de l’orthodoxie ; si bien qu’en même temps ils grossissaient outre mesure le bol alimentaire et rétrécissaient singulièrement l’orifice de déglutition. […] Je sais bien la mesure des concessions que l’Église peut faire et de celles qu’il ne faut pas lui demander.
Vénérable comme un patriarche, sévère comme un juge, tutélaire comme un Génie, il prend la hauteur pontificale d’un prophète, pour révéler l’avenir et ramener les hommes à la mesure réglée par les dieux. […] Il mesure son roi tombé, et il le méprise ; une ironie furtive perce sous ses répliques ; ses condoléances s’enveniment, on entend des ricanements étouffés sous sa barbe blanche : — « Tu vois ce qui me reste de mon appareil », — lui dit Xerxès en agitant ses haillons. […] Ce n’est plus un roi qui partage la désolation de son peuple, c’est le chef d’orchestre d’un Myriologue théâtral, qui bat la mesure de ses gémissements. — « Hélas !
Elles sont distillées avec la parfaite mesure des préparations pharmaceutiques modernes, où de puissants alcaloïdes, infinitésimalement dosés, portent les effets médicinaux à la limite délétère. […] Et au-delà de ces contes où l’angoisse paraît exaltée hors de mesure, de névrose eu névrose, viennent des êtres plus mystérieusement désorganisés, puissants d’intelligence, atteints des maladies profondes de la volonté, monstrueux et fêlés par l’énorme développement de quelque groupe cérébral normalement infime. […] Le caractère commun de toutes ces qualités de mesure, d’ordre, de prévision, de juste calcul est celui d’adaptation à un but.
À mesure qu’on monte, le mugissement du Vellino devient plus imposant. […] Vapeurs des eaux, verdure des prairies, noirceurs des sapins, pâleur des peupliers, aspérités marbrées des rochers, rubans bleuâtres des langues de la cascade qui s’entrecoupent, groupes d’îles enfouies sous l’ombre portée des caroubiers, splendeur du ciel qui contraste en haut avec les ténèbres d’en bas, rayons de soleil qui semblent jaillir de la gueule du fleuve avec ses nappes, bruit croissant de l’air, vent des eaux et tremblement souterrain du sol à mesure qu’on s’élève, tels sont les préludes du spectacle auquel on vient assister d’en haut. […] Il n’y a pas de langue humaine à la mesure de ces sensations produites par ces jeux de la toute-puissance divine : la masse d’un fleuve à qui son lit manque tout à coup ; la profondeur incommensurable de l’abîme qui l’engloutit ; la pulvérisation en écume par la seule résistance de l’air qu’il écrase en tombant ; la nappe transformée à vue en vapeurs qui se dispersent au vent de leur propre volatilisation, et qui fuient aux quatre coins du ciel comme une volée d’oiseaux gigantesques, ou qui se cramponnent aux flancs perpendiculaires de la montagne, comme des Titans précipités cherchant à se retenir aux corniches du firmament ; les transparences vertes ou azurées des langues d’eau que la rapidité, l’impulsion et le poids du fleuve arqué en pont sur l’abîme, au moment où elles rencontrent tout à coup le vide, semblent cristalliser ; la lumière du soleil levant qui les transperce, et qui s’y fond en mille éclaboussures avec tous les éblouissements du prisme ; le choc en bas, le bruit en haut, l’orage éternel, la transe sublime qui serre le cœur, et qui ne trouve pas même un cri pour répondre à ce foudroiement de l’esprit.
J’aurai soin d’indiquer successivement le petit nombre d’idées analogues déjà formées et d’en faire apprécier l’importance, à mesure que le développement naturel de ce cours les présentera. […] Mais à mesure que la science fait des progrès, l’ordre historique d’exposition devient de plus en plus impraticable, par la trop longue suite d’intermédiaires qu’il obligerait l’esprit à parcourir ; tandis que l’ordre dogmatique devient de plus en plus possible, en même temps que nécessaire, parce que de nouvelles conceptions permettent de présenter les découvertes antérieures sous un point de vue plus direct. […] La connaissance des lois générales de la vie, qui doit être à nos yeux le véritable objet de la physiologie, exige la considération simultanée de toute la série organique sans distinction de végétaux et d’animaux, distinction qui, d’ailleurs, s’efface de jour en jour, à mesure que les phénomènes sont étudiés d’une manière plus approfondie.
On a la bonté d’admettre qu’il peut émouvoir et qu’il peut être ému, dans la mesure, il est vrai, de son organisation de Petit Chose. […] Stendhal dit quelque part que la beauté d’une œuvre d’art se mesure au bonheur qu’elle nous donne. […] Je ne prends point si strictement le bonheur que donne une œuvre d’art pour la mesure de sa beauté ; car le bonheur est relatif, et la valeur d’une œuvre d’art est absolue.
n’est pas celui d’Hoffmann ou d’Edgar Poe, mais qui s’appuie sur une réalité dont les proportions sont exagérées ou joyeusement grimaçantes ; et c’est à cette partie fantastique et impossible des Contes, où les faits, sous l’exhilarant caprice du conteur, cessent d’avoir les lignes, la mesure et le dessin des choses humaines, que la manière de Doré s’est le mieux ajustée. […] Ses œuvres, à mesure qu’on les considérera, doivent montrer plus profondément sa toute-puissante individualité, et d’ici longtemps, à mesure qu’on les rééditera, si ses éditeurs ont plus qu’une intelligence de marchands, elles devront apporter sur ce grand esprit des lumières nouvelles.
Le butin et l’honneur, le traitement et l’honneur lui semblent trop une seule et même chose ; l’un est à ses yeux la mesure exacte de l’autre. […] Il prétend que ce gouvernement de Gisors lui appartient, et, le roi le lui refusant, toujours par les mêmes raisons de ne porter ombrage aux seigneurs catholiques, Rosny s’irritera encore, criera au passe-droit, et fera au roi les mêmes reproches qu’au lendemain d’Ivry : À tous lesquels reproches, il (le roi) ne vous répondit jamais autre chose sinon : « Je vois bien que vous êtes en colère à cette heure ; nous en parlerons une autre fois » ; et s’en alla d’un autre côté ; puis, vous voyant avoir fait de même, il dit à ceux qui le suivaient : « Il le faut laisser dire, car il est d’humeur prompte, et soudaine, et a même quelque espèce de raison ; néanmoins, il ne fera jamais rien de méchant ni de honteux, car il est homme de bien et aime l’honneur. » Voilà la mesure des bouderies de Sully, et le mot de Henri sur son compte demeure le vrai.
Pour moi, je l’avoue, ces beaux raisonnements et pronostics de décadence, même en partie justifiés depuis, me touchent peu ; il me semble qu’il y avait quelque chose qui eût mieux valu : supporter quelques refus de plus de la part de Louvois, tenir bon sous les armes et sous le drapeau, et rester en mesure pour être de ceux qui honoreront la France dans ses mauvais jours avec Boufflers, ou qui la sauveront avec Villars. […] On s’aperçoit pourtant, à mesure qu’on avance dans cette lecture, et quand on est sorti du service avec La Fare, que sa narration languit et devient vague, inexacte.
Nous avons d’ailleurs les discours qui furent prononcés de part et d’autre, et nous sommes en mesure non point d’en rabattre, mais de nous faire une idée parfaitement nette de la comédie et d’en bien juger. […] La mesure avait été passée, la convenance violée, ce que ce roi ne pardonnait jamais.
Combien de fois, eux qui ont accès aux sources antiques, qui ont présents et familiers les différents termes de comparaison, et qui tiennent en main les mesures, doivent-ils se dire devant ces chefs-d’œuvre d’un jour : J’en ferais bien autant ! […] Je sais que les points de vue changent et se déplacent ; qu’en avançant dans la marche, et d’étape en étape, de nouvelles perspectives s’ouvrent vers le passé et y jettent des lumières parfois imprévues ; que si, dans les œuvres déjà anciennes, de certains aspects s’obscurcissent et disparaissent, d’autres se détachent mieux et s’éclairent ; que des rapports plus généraux s’établissent, et que, dans la série des monuments de l’art, il y a un juste lointain qui non seulement n’est pas défavorable, mais qui sert à mieux donner les proportions et la mesure.
Horace Vernet, à cette date, était en pleine jouissance et possession de sa première manière, si bien réalisée en toute mesure dans ses tableaux de Jemmapes, de Montmirail, de la Barrière de Clichy, et qui se diversifiait à l’infini dans cent autres tableaux de genre. […] Il se figurait donc le peintre comme devant être absorbé dans l’étude de son art, et il se dirigeait d’un pas respectueux vers l’atelier : « Cependant, à mesure que j’avançais, raconte-t-il, j’entendais un bruit confus ; il augmentait à chaque pas ; et en approchant du sanctuaire, c’était un tapage plus bizarre et plus incohérent que le célèbre concert de Jean-Jacques.
En même temps qu’il savait les affaires et qu’il était en mesure de parler et de répondre sur toutes avec un à-propos et une pertinence suprême, il apportait dans ce haut emploi de président un tact, un talent particulier à manier les esprits, à ménager les amours-propres, à prévenir et à conjurer les conflits de toute espèce, et il obtenait par la douceur et par la persuasion ce qui eût semblé impossible à un autre. […] Cette première chimère s’évanouissant, et comme pis aller, il crut devoir se mettre en mesure pour le cas très vraisemblable où il serait nommé chancelier, et il prit pour guide dans l’étude des lois civiles un homme des plus habiles en cette branche, Jean Legendre, qui n’a rien de commun avec le nôtre, avec l’abbé de ce nom.
Louvois, moins confiant en cette jeune âme d’ambitieux, faisait représenter à sa mère que si elle voulait garder le pouvoir, elle se mît au plus tôt en mesure et prit ses sûretés en se donnant toute à la France ; il essayait de lui forcer la main pour qu’elle livrât au roi places et citadelles de son pays, afin de retenir à ce prix cette ombre d’autorité qu’on lui aurait laissée. […] La révocation de l’Édit de Nantes était une mesure cruelle et impolitique en France ; mais que dire lorsqu’elle allait s’étendre jusqu’en Piémont, par-delà nos frontières ?
Bien que peu favorable au personnage, elle n’eût pas été fâchée que quelques-unes des mesures proposées réussissent ; elle s’étonnait de cette résistance à des vues adoptées et présentées au nom du roi. […] Lorsqu’il eut compromis la situation, excité et grandi l’opposition des Parlements, comblé la mesure de l’impopularité et qu’il fut aux abois, il pensa à se refaire un peu de crédit en s’adjoignant Necker que la voix publique désignait comme le restaurateur futur des finances, et qui était plus qu’indiqué, qui semblait l’homme nécessaire.
Avec le duc, depuis maréchal de Noailles, il y a sans doute matière aux éloges ; le tout est dans la mesure et dans le correctif qu’on y apporte. […] La vérité, la vraie mesure sur le maréchal de Noailles, je n’ai pas le mérite de la trouver : je la rencontre tout exprimée chez un historien consciencieux, qui a beaucoup lu, beaucoup résumé, et dont le style piquant, un peu recherché, mais incisif, grave son objet.
Chéruel et je n’y suis pas ; ou la querelle (si elle existe entre nous) est légère, elle n’est que dans la proportion et la mesure des appréciations, dans le plus ou le moins. […] J’ai moi-même ici, tout récemment84, discuté trop à fond ce chapitre pour y revenir ; je me suis efforcé de montrer en quel sens et dans quelle juste mesure il convient de réduire Saint-Simon.
Autrement on semble pris au dépourvu, et la place est enlevée avant qu’on ait paru en mesure de la défendre. […] Malgré le découragement où me jette parfois le peu de succès que j’ai en sacrifiant depuis deux ans toutes mes pensées et actions à Mme la dauphine, je vois bien de la ressource dans son esprit et son caractère. » Nous sommes ici dans la vraie mesure : ni engouement ni dénigrement.
Il ne fut pas en mesure de reprendre un commandement actif au printemps de 1745 ; il manqua la journée de Fontenov. […] Monseigneur, Ma vénération pour Votre Altesse Sérénissimes augmente à mesure qu’elle donne de nouvelles preuves de son zèle pour le service de Sa Majesté.
La forme en est enveloppée et comme empêchée, la pensée en reste souvent obscure ; le critique a bonne envie d’attaquer, et il ne veut pas avoir l’air d’être hostile ; il proteste de son respect, et il multiplie les restrictions à mesure qu’il aggrave les offenses ; on dirait que dans ce duel littéraire qu’il entreprend, il n’ose enfoncer sa pointe ni casser tout à fait le bouton de son fleuret. […] Eh bien, André Chénier n’en est, lui, à aucun degré ; car, en étudiant beaucoup et en ayant une connaissance plus que suffisante de l’antiquité, il n’a pas su dans ses imitations observer la mesure ni maintenir sa propre originalité.
Une jeune fille qui sort pour la première fois du couvent où elle a passé toute son enfance ; un beau lord élégant et sentimental, comme il s’en trouvait vers 1780 à Paris, qui la rencontre dans un léger embarras et lui apparaît d’abord comme un sauveur ; un très-vieux mari, bon, sensible, paternel, jamais ridicule, qui n’épouse la jeune tille que pour l’affranchir d’une mère égoïste et lui assurer fortune et avenir ; tous les événements les plus simples de chaque jour entre ces trois êtres qui, par un concours naturel de circonstances, ne vont plus se séparer jusqu’à la mort du vieillard ; des scènes de parc, de jardin, des promenades sur l’eau, des causeries autour d’un fauteuil ; des retours au couvent et des visites aux anciennes compagnes ; un babil innocent, varié, railleur ou tendre, traversé d’éclairs passionnés ; la bienfaisance se mêlant, comme pour le bénir, aux progrès de l’amour ; puis, de peur de trop d’uniformes douceurs, le monde au fond, saisi de profil, les ridicules ou les noirceurs indiqués, plus d’un original ou d’un sot marqué d’un trait divertissant au passage ; la vie réelle, en un mot, embrassée dans un cercle de choix ; une passion croissante qui se dérobe, comme ces eaux de Neuilly, sous des rideaux de verdure, et se replie en délicieuses lenteurs ; des orages passagers, sans ravages, semblables à des pluies d’avril ; la plus difficile des situations honnêtes menée à fin jusque dans ses moindres alternatives, avec une aisance qui ne penche jamais vers l’abandon, avec une noblesse de ton qui ne force jamais la nature, avec une mesure indulgente pour tout ce qui n’est pas indélicat : tels sont les mérites principaux d’un livre où pas un mot ne rompt l’harmonie. […] Marie-Joseph Chénier a écrit sur Mme de Souza, avec la précision élégante qui le caractérise, quelques lignes d’éloges applicables particulièrement à Eugène : « Ces jolis romans, dit-il, n’offrent pas, il est vrai, le développement des grandes passions ; on n’y doit pas chercher non plus l’étude approfondie des travers de l’espèce humaine ; on est sûr au moins d’y trouver partout des aperçus très-fins sur la société, des tableaux vrais et bien terminés, un style orné avec mesure, la correction d’un bon livre et l’aisance d’une conversation fleurie…, l’esprit qui ne dit rien de vulgaire, et le goût qui ne dit rien de trop. » Mais indépendamment de ces louanges générales, qui appartiennent à toute une classe de maîtres, il faut dire d’Eugène de Rothelin qu’il peint le côté d’un siècle, un côté brillant, chaste, poétique, qu’on n’était guère habitué à y reconnaître.
C’est qu’au fond tout était lutte, souffrance, obstacle et désir dans cette belle âme, ardente comme les climats des tropiques où avait mûri sa jeunesse, orageuse comme les mers sillonnées par Kersaint ; c’est qu’elle était une de celles qui ont des instincts infinis, des essors violents, impétueux, et qui demandent en toute chose à la terre ce qu’elle ne tient pas ; qui, ingénument immodérées qu’elles sont, se portent, comme a dit quelque part l’abbé Prévost, d’une ardeur étonnante de sentiments vers un objet qui leur est incertain pour elles-mêmes ; qui aspirent au bonheur d’aimer sans bornes et sans mesure ; en qui chaque douleur trouve une proie facile ; une de ces âmes gênées qui se heurtent sans cesse aux barreaux de la cage dans cette prison de chair. […] « A mesure qu’on avance, les illusions s’évanouissent, on se voit enlever successivement tous les objets de ses affections.
Il est même à remarquer que le sens dramatique, loir de se développer à mesure qu’on s’éloigne de Jodelle, va s’atrophiant et s’effaçant : Montchrétien, supérieur par le génie poétique, n’a plus guère de ces lueurs d’invention théâtrale qu’on pouvait encore surprendre chez Garnier, dans sa Bradamante, par exemple, ou ses Juives. […] Quant à la tragédie, dans la mesure où les exigences de la scène le permettent, elle a repris l’allure d’une déclamation littéraire, à la façon dont l’entendaient les poètes du xvie siècle.
Il y a là, de la mesure, du goût : cette énormité a quand même quelque chose de parisien, un je ne sais quoi, mais sensible. […] Je sais bien que l’optique de la chaire, dans une aussi vaste basilique, exige, comme l’optique du théâtre, une sorte de grossissement ; mais la mesure me paraît quelquefois dépassée.
Tout cela nous apparaîtra à mesure que nous parcourrons ses ingénieuses études et nous permettra sans doute de définir son talent. […] Il jauge le bagage et prend la mesure de ce don Juan de façon à rassurer l’amour-propre de ceux qui voient la fête du dehors.
Tout grand rôle, alors, entraîne la mort ; car de tels mouvements supposent une liberté et une absence de mesures préventives qui ne peuvent aller sans de terribles contre-poids. […] Cette mesure, qui étonne toujours les peuples peu habitués aux charges des grandes administrations centrales, était particulièrement odieuse aux Juifs.
Henri IV avait eu des traits d’esprit, des saillies heureuses que répétaient Crillon et les gentilshommes ; mais, ici, il fallait une éloquence à la hauteur nouvelle des grandes opérations, à la mesure de ces armées sorties du peuple, la harangue brève, grave, familière, monumentale. […] Géographie, configuration, climat, mœurs, religion, obstacles et ressources, il analyse tout, il mesure tout.
À mesure qu’il était contraint de resserrer le cadre, je ne dis pas des discussions, mais des plus simples réflexions politiques, il développa sa partie littéraire, qui devint désormais le principal ou plutôt l’unique instrument de son succès. […] À mesure qu’ils s’éloignèrent de leur point de départ de 1800, ils perdirent de leur utilité d’action et de leur netteté de vue ; ils avaient eu besoin d’une crise décisive qui les éclairât, et ils tâtonnèrent un peu quand survinrent des complications nouvelles.
Mais, nous autres moralistes, nous en parlons bien à notre aise, et les choses de la vie ne se règlent pas en si parfaite mesure. […] Si vous ne devez m’aimer que faiblement, si votre cœur n’est pas capable de se donner sans réserve, de s’occuper de moi uniquement, de m’aimer enfin sans bornes et sans mesure, que ferez-vous donc du mien ?
Tout étranger qu’il est, il sait choisir ses expressions en esprit juste qui mesure ou plie la langue à sa pensée. […] Tout à côté des mesures et des calculs dictés par une hardiesse prévoyante, il reconnaît ce qu’il doit à « l’occasion, cette mère des grands événements », et il est soigneux de faire en toute rencontre la part de la fortune : Ce qui contribua le plus à cette conquête, dit-il, c’était une armée qui s’était formée pendant vingt-deux ans par une admirable discipline ; et supérieure au reste du militaire de l’Europe (remarquez l’hommage à son père) ; des généraux vrais citoyens, des ministres sages et incorruptibles, et enfin un certain bonheur qui accompagne souvent la jeunesse et se refuse à l’âge avancé.
Voilà comme il se juge, et il avait raison à cette date ; cet homme de vingt-cinq ans sent qu’il n’est rien encore et qu’il n’a pas même commencé : « Quand des personnes d’un certain rang, fait-il remarquer, remplissent la moitié d’une carrière, on leur adjuge le prix que les autres ne reçoivent qu’après l’avoir achevée. » Et il s’indigne de cette différence de mesure, comme si l’on jugeait les princes d’une nature moindre que les autres hommes, et moins capables d’une action entière. […] L’estimable Thiébault, dans sa mesure modeste, sut bien y parvenir.
Là où d’Aguesseau me paraît supérieur et presque original par la combinaison et la mesure qu’il y apporte, c’est dans les considérations philosophiques dont il ne sépare jamais la morale et la religion. […] Sa majesté paisible tenait à un ensemble de mérites et de vertus, difficiles à définir quand on ne veut pas excéder cette mesure qu’il observait si bien.
Pour nous tirer de l’émotion présente, pour reprendre un peu de lucidité et de mesure dans nos jugements, relisons chaque soir une page de Montaigne. […] Le principe qui dirigea Montaigne dans toute son administration fut de n’aller qu’au fait, au résultat, et de ne rien accorder à l’éclat et à la montre : « À mesure qu’un bon effet est plus éclatant, pensait-il, je rabats de sa bonté. » Car il est toujours à craindre qu’il n’ait été produit, plutôt pour être éclatant que pour être bon : « Étalé, il est à demi vendu.
Les Institutes sont un livre excellent et le seul que je voudrais que l’on conservât du droit romain : car, hors ce livre qui est très bon pour fortifier le sens commun, hors les ordonnances et les coutumes qu’il serait utile de réduire à une seule pour toute la France, si cela se pouvait, de même que les poids et les mesures, je crois qu’il faudrait brûler tous les autres livres de jurisprudence, Digestes, Codes avec leurs commentaires, et particulièrement tous les livres d’arrêts, n’y ayant point de meilleur moyen au monde pour diminuer le nombre des procès. […] [NdA] Fléchier fut le premier qui en profita (1673) et qui donna l’exemple de ce genre de menuet solennel et applaudi. — Vingt ans après (1693), le discours de réception de La Bruyère, qui fit bruit et même tapage, et qui parut excéder la mesure, amena un nouveau statut de l’Académie qui décida que le discours du récipiendaire serait lu désormais devant une commission avant d’être prononcé en séance publique.
Il tâtonna, il s’essaya, il ne donna point sa mesure entière de talent tant qu’il ne fut point en chef et maître de tous ses mouvements : c’est sa première période jusqu’en août 1830. […] À partir de ce jour, il devint plus hardi, plus content, plus dégagé, à mesure que la responsabilité s’aggravait et qu’elle ne reposait que sur lui seul.
À mesure qu’on s’éloigne de l’époque de la Renaissance et de l’âge de cette grande invasion classique, il est bien clair que le monde tend à se dégager de plus en plus du poids de l’Antiquité, qui avait d’abord été accablant. […] Pourtant, quand il aura vu Rome, c’est-à-dire la grande et suprême beauté, il regrettera plus d’une de ses exclamations premières et superlatives, qui lui sont échappées : « À mesure qu’on se forme le goût, on devient plus difficile. » Il ne regarde pas seulement ce qui est de l’art, il fait attention aux hommes, beaucoup aux dames, à la société, aux conversations, à la nature.
Mais pour ceux qui voudraient tirer parti contre notre nation de ses paroles, ajoutons que, selon lui, cette légèreté française porte souvent son remède en elle-même ; car, si elle nous jette souvent dans des précipices effroyables, elle ne nous y laisse pas, « et nous en tire si promptement, que nos ennemis, ne pouvant prendre de justes mesures sur des variétés si fréquentes, n’ont pas le loisir de profiter de nos fautes ». […] Richelieu, dans toutes les réformes qu’il propose, se montre plein de modération ; il tient compte des faits accomplis, et, dans la correction des désordres même, il veut qu’on procède avec douceur et mesure.
Pourtant, vu dans son jour et à sa mesure, Jordan a son prix ; c’est un disciple de La Mothe Le Vayer, de Gabriel Naudé et de ces honnêtes gens qui mêlent des pensées assez libres et nullement pédantesques à des études innocentes. […] À l’histoire seule appartient le devoir de l’apprécier dans son ensemble, de marquer avec impartialité les mérites, les grandeurs et les défauts du souverain, et de prendre toute sa mesure : c’est assez pour la critique littéraire, si elle a pu rendre sur un point un hommage et une justice bien dus au plus littéraire des rois.
Parler ainsi, c’est se réfuter soi-même, car c’est à peine si nous pouvons trouver entre les deux douleurs une commune mesure. […] Ajoutons que la peine et le plaisir apparaissent sous des formes de plus en plus nettes chez les animaux, à mesure que leur organisation même se perfectionne.
Encore qu’il affranchisse plus tard sa pensée de la gêne du rythme et de la mesure, il ne cessera plus de parler la langue ferme, sobre, correcte et un peu brutale, qui lui fait une place à part parmi ses rivaux ou ses émules. […] [Victor Duruy] Le bon sens dans la poésie, la mesure dans l’idéal étaient les dons naturels qu’avait fortifiés, dans Émile Augier, une bonne instruction historique.
C’est que l’idéal n’est pas au service du réel ; il est là pour lui-même ; ce ne sont donc pas les intérêts de la réalité qui peuvent lui servir de mesure. […] Sans doute, ces mesures sont grossières ; mais est-il des forces physiques qui puissent être mesurées autrement que d’une manière grossièrement approximative ?
Mais les Fragments sur la Russie, qui ont suivi la Correspondance diplomatique datée de Turin, nous redonnèrent, eux, du de Maistre pur, dans la radicale beauté de sa pensée et dans la simplicité de ce style, unique de transparence, qui est comme la vue immédiate de l’idée elle-même… Enfin, voici une publication, — qui n’est peut-être pas encore la dernière, — et qui prouve autant que toutes les autres l’inépuisabilité de ce génie qu’on croyait posséder tout entier, et qui repart en jets inattendus de publicité quand on se disait qu’il n’y avait plus rien à attendre de la source cachée, semblable à un puits artésien qui se remettrait à jaillir à mesure qu’on ôterait les pierres qui le couvrent. […] IX En effet, dans ces quelques pages qui n’omettent rien en leur brièveté pleine, Joseph de Maistre commence, il est vrai, par s’opposer à l’émancipation en principe, mais il ne répugne pas à la préparer, historien que le métaphysicien n’infirme jamais : « Quand on lit l’Histoire, il faut savoir la lire », dit-il quelque part ; et l’Histoire, dont il parcourt les annales avec les trois pas homériques de Bossuet, « montre » (ajoute-t-il), « avec la dernière évidence, que le genre humain n’est susceptible de liberté qu’à, mesure qu’il est pénétré et conduit par le Christianisme.
Nous agitons le liquide à mesure, en allant lentement pour laisser la précipitation s’opérer, en regardant avec soin pour ne pas dépasser les limites de la décoloration du liquide cupro-potassique. […] Ceci fait, je recueille, par une première incision, le sang de la veine porte, et vous voyez aussitôt les intestins blanchir à mesure que ce sang s’écoule. […] Toutes ces observations concordent pour indiquer que la fonction glycogénique prend naissance pendant la vie intra-utérine et que la matière sucrée augmente à mesure que l’animal approche de la naissance. […] En même temps il se produit une influence sur la respiration ; celle-ci diminue de fréquence, à mesure que la température de l’animal décroît, et elle augmente, à mesure que la chaleur propre de l’animal se relève. […] À mesure que nous avancerons dans nos études, nous verrons de plus en plus que ces fermentations ont dans l’organisme un domaine très étendu.
En recueillant ses remarques sur le cœur, sur les femmes, et sur les sujets qui touchent aux passions, il s’est surtout inquiété d’être dans le vrai et de ne point dépasser dans son expression la mesure de ses propres jugements : « Je me suis rarement inquiété, dit-il, de savoir si d’autres m’avaient devancé, ni jusqu’où ils avaient pénétré : ma crainte était plutôt de m’égarer que de montrer comme nouvelle une voie déjà parcourue.
Eh bien, en lui appliquant sa propre mesure, un mauvais Génie, un Darvand (ce serait moi), dirait ce que j’ai dit plus ou moins.
Le recteur du collége de Nancy n’ayant pas permis à l’abbé Lacordaire d’y venir faire des prédications, l’aumônier a reçu ordre de son supérieur ecclésiastique de quitter cet établissement : pour n’être que provisoire, la mesure n’en est pas moins un défi, une menace, et non plus en paroles seulement.
C’est dans ce mélange habile, dans cette mesure discrète de merveilleux et de réel que consiste une grande partie du secret d’Hoffmann pour ébranler et émouvoir ; je l’aime bien mieux et le trouve bien plus original en ces sortes de compositions, dont la Cour d’Artus est le chef-d’œuvre, que dans les égarements capricieux d’un fantastique effréné, et les rêveries incohérentes d’une demi-ivresse.
. — On lit dans les Lettres à la Princesse (8 septembre 1865) : « Je suis bien peu en mesure, Princesse, auprès de M.
Si la vengeance n’est pas proscrite par l’esprit public dans une nation où chaque individu existe de toute sa force personnelle, où le despotisme ne comprimant point la masse, chaque homme a une valeur et une puissance particulière, les individus finiront par haïr tous les individus, et le lien de parti se rompant à mesure qu’un nouveau mouvement crée de nouvelles divisions, il n’y aura point d’homme qui n’ait, après un certain temps, des motifs pour détester successivement tout ce qu’il a connu dans sa vie.
En recherchant les termes les plus justes qui répondent aux mots étrangers et aux idées des écrivains, on pénètre plus avant dans le sens des mots français, on en mesure mieux l’énergie et la vertu, et l’on en fait provision en même temps pour le jour où l’on devra exprimer ses propres pensées.
Il se sent responsable (dans quelle mesure ?
On lui reprochait de faire déborder le vase de la Loi en y mettant trop de préceptes : « Dans un tonneau plein de noix, répondit-il, on peut encore verser plusieurs mesures d’huile de sésame. » Que c’est bien dit !
Mais il se fit un devoir de résister à la cabale, à cet essaim d’êtres malfaisans, ridiculement entêtés de mesure & de rimes.
Sa diction devint moins élégante & moins correcte, à mesure qu’il vieillissoit à Bruxelles.
Tout bien considéré, la vie étant l’objet le plus précieux, le sacrifice le plus difficile, je l’ai prise pour la mesure la plus forte de l’intérêt de l’homme ; et je me suis dit : Si le fantôme exagéré de l’ignominie, si la valeur outrée de la considération publique ne donnent pas le courage de l’organisation, ils le remplacent par le courage du devoir, de l’honneur, de la raison.
Les acteurs de la scene tragique dont je parle, étoient dispensez de noblesse dans leur geste, de mesure dans leur prononciation, de dignité dans leur maintien, et de décence dans leurs démarches.
Nous ignorons qui sont ceux qui peuvent avoir enseigné à Moliere et à Corneille, si voisins de nous, la césure et la mesure de nos vers.
" c’est en vertu des loix de la nature, dit dans un autre endroit l’auteur que nous venons de citer, que les tons et la mesure font tant d’effet sur nous.
Au reste, même à mesure que j’imprimais la première édition, je sentais déjà cette rapidité du mouvement qui entraîne les hommes et les choses.
Auguste Nicolas était déjà connu par ses Études philosophiques sur le Christianisme, qui firent tant d’impression quand elles parurent, son talent ayant cela de particulier et de supérieur dans sa mesure qu’il touche juste et vous prend où il a touché.
Et d’abord souvenons-nous qu’en quelque mesure nous sommes ses élèves et disons avec lui : « Ce que chacun sent lui est propre et particulier comme nature.
On éprouve la vérité de ces remarques de Pascal (je rappelle que Pascal emploie une langue qui n’est plus tout à fait la nôtre) : « A mesure que l’on a plus d’esprit, les passions sont plus grandes.. […] Le texte des Oraisons funèbres y est accompagné d’un commentaire perpétuel, grammatical et littéraire, qui est un modèle de clarté, de goût et de mesure. […] Ce serait de l’ingratitude, car nous jouissons aussi de la comédie selon notre petite mesure ; et vraiment le monde serait plus ennuyeux si M. […] Dans quelle mesure peut-on choisir et, par suite, élaguer ? […] Des mineurs, à la suite d’une mesure qui leur paraît inique, refusent de descendre dans les fosses.
Si l’on mesure le prix des louanges à la valeur des personnes qui les donnent, le poète Édouard Grenier n’est pas à plaindre. […] Cet honnête homme, dont Sainte-Beuve s’est moqué outre mesure, fut le plus consciencieux des maîtres. […] Mais il est évident que le niveau intellectuel de nos assemblées délibérantes baisse, à mesure que s’enhardit la cohue démocratique. […] Nos admirations donnent ordinairement la mesure de notre valeur morale et intellectuelle. […] Son cadran mesure longuement les heures à notre oisiveté.
J’en connais qui le sont dans une mesure très appréciable. […] Dès lors la séparation dut être tout le contraire d’une mesure de libéralisme, tout le contraire de l’esprit de Coppet, elle fut une mesure de défense républicaine, la défense républicaine contre les séculiers, comme les lois contre les congrégations avaient procédé de la défense républicaine contre les réguliers. […] À mesure que le socialisme devenait une doctrine de propriétaires, les propriétaires de la doctrine le tempéraient et l’assouplissaient. […] On est socialiste aujourd’hui dans la mesure où l’on met ce problème avant tous les autres, avec toutes ses conditions et toutes ses conséquences. […] Quel qu’il soit, tout parti politique risque de s’alourdir d’« affaires » dans la mesure où s’étendra sa puissance parlementaire.
Le temps fausse les mesures au détriment du présent, il rend vénérable tout ce qu’il recule. […] Mais à mesure que sa vision se fait plus exacte, elle devient plus limitée et plus triste ; aucun ressort moral ne le soutient. […] Dans quelle mesure a-t-il préparé les transformations ultérieures ? […] Rien n’est plus difficile à apprécier et à faire sentir que la mesure dans laquelle une œuvre d’art a vieilli ; quand il s’agit d’une littérature étrangère, la difficulté devient impossibilité. […] Au contraire, l’impression douloureuse dont parle Gogol demeurait prédominante pour l’étranger, surtout pour l’étranger ; il ne m’a pas semblé qu’elle attristât outre mesure ce même public.
On m’imprime à mesure… Et ça m’ennuie ; ça m’a toujours ennuyé, d’écrire ! […] L’homme est la mesure de toutes choses : quel homme ? […] une mesure, et une seule ! […] Aimez-vous la mesure ? […] L’imagination seule est en mesure de ranimer l’histoire.
Précisément pour cela il est dans la juste mesure française, et se rapproche infiniment, déjà, du classicisme véritable. […] Il s’est fait nommer maire de Milly, sans être majeur, par mesure exceptionnelle. […] Non, quand on compare cela à certains « journaux » d’hommes de lettres, on mesure la différence qu’il y a entre les hommes qui ont pris la mesure des choses en dehors d’eux-mêmes et ceux qui ne peuvent pas concevoir l’univers autrement que tournant autour de leur écritoire. […] La force brutale et le défaut de mesure ont sur les hommes à demi lettrés, ou qui ne sont pas lettrés du tout, un prestige incomparable. […] France, qui est le dernier des bouquinistes, n’a pas pris, ce qui m’étonne, la juste mesure de la poche des promeneurs.
On dirait qu’il a pris la mesure exacte de ses facultés, et la mesure non moins exacte du cadre matériel où il les développera. […] Elles s’y cristallisent à mesure qu’elles y apparaissent. […] Ils viennent lui jurer qu’un même néant était au fond des bonheurs d’alors, qu’une même détresse et une même angoisse faisaient le terme de tout effort, et que, barbare ou civilisé, l’homme n’a jamais su ni façonner le monde à la mesure de son cœur, ni façonner ce cœur à la mesure de ses désirs. […] Taine, à savoir que la valeur d’un ouvrage littéraire se mesure à ce qu’il porte en lui de documents, significatifs, — documents humains, disent les chefs du groupe. […] C’est cela qui me frappait avec le plus d’évidence à mesure que je lisais ce remarquable roman : la puissante empreinte laissée par M.
S’il est vrai que l’importance d’un genre se mesure à son utilité, celui qui sert à purger l’état tout entier de sa corruption est plus recommandable que celui qui corrige les défauts privés et les travers domestiques. […] Mais comment mesurer, si l’on n’a des mesures exactes ? […] Sur la Fable ou fait comique ; sur la mesure de l’action ; sur les trois unités ; sur le nécessaire et le vraisemblable. […] La mesure de l’action. La mesure de l’action ne demande pas notre examen entier : nous l’avons considérée en partie dans nos leçons sur le genre tragique.
Ils sont si imparfaits qu’on ne peut leur attribuer aucune valeur comme données pour prendre une mesure ou formuler une opinion. […] Chaque mois, à mesure qu’il arrive, reçoit des éloges nouveaux et fait naître une musique toute différente de la nôtre. […] Le vaste grésillement de la sauterelle peut fournir une mesure. […] Ce dernier prend de la force à mesure que le premier s’affaiblit. […] Mais à mesure qu’il avance dans la vie, l’architecture du style se fait plus riche et plus complexe, l’épithète devient plus précise et plus intellectuelle.
Par cette mesure, il honore Jupiter, protecteur de la cité ; mais il amasse sur sa tête la colère des Dieux infernaux, sombres vengeurs des liens du sang. […] Au contraire, à mesure que la séparation entre l’idéal et le réel se prononça davantage, à mesure que l’habitude de philosopher apprit aux auteurs et à leur public à se retirer en eux-mêmes pour y chercher le type absolu de tout ce que la comédie voue au néant par le ridicule, le théâtre ne commença qu’en apparence à être plus moral, et il devint en réalité moins poétique et moins comique. […] Il est vrai que la plus haute beauté est sans caractère ; mais elle l’est dans le même sens que nous disons de l’univers qu’il n’a aucune mesure déterminée, ni longueur, ni largeur, ni profondeur, parce qu’il renferme toutes les dimensions dans une égale infinité.
Le vent, endormi dans les bois et sur la mer, parcourt en s’éveillant peu à peu toutes les gammes de ses instruments ; il siffle entre les cordages des mâts et des vergues dépouillés de toiles, des barques de pêcheurs à l’ancre dans l’anse du rivage ; il pétille dans l’écume légère qui commence à franger la crête des flots ; il gronde avec les lourdes lames qui s’amoncellent sur la pleine mer ; il tonne avec les neuvièmes vagues qui couvrent par intervalle le cap ruisselant de leur écume ; il s’interrompt pendant les repos de la mer qui semble battre par le rythme de ses cadences la mesure du concert des éléments ; l’oreille entend plus près d’elle dans la vallée les gazouillements du ruisseau grossi par la fonte des neiges du Liban. […] Tout est musique dans les bruits du ciel, de la terre, de la mer, parce que c’est Dieu même qui, par ses lois occultes, a établi les rythmes, les accords, les consonances, les distances, les mesures, les harmonies de tous les sons rendus par ses éléments. […] Nanerl pleurait et sanglotait sans mesure, et j’eus bien de la peine à la consoler. […] Lorsque le danger devint imminent, je ne priai Dieu que de deux choses, savoir : d’accorder une mort bienheureuse à ma mère, et à moi force et courage ; et le bon Dieu m’a exaucé et m’a départi ces deux grâces dans la plus grande mesure.
» IV Nous causâmes sans mystère et sans colère des deux parts ; je lui dis que j’avais lu avec charme presque tout ce qu’il avait écrit, et qu’excepté le cynisme antipathique à ma nature et l’athéisme inacceptable par mon esprit, j’avais tout goûté de lui, même le scepticisme ; que je n’étais rien moins que sceptique cependant ; que je croyais fermement qu’il y avait une foi difficile à trouver, mais trouvable, un arcanum de la vie intérieure, dont la recherche était l’œuvre des grands esprits, et que, dans cette foi, il y avait non seulement la croyance, mais le repos ; que c’était l’affaire de la vie entière de la découvrir, que j’y travaillais, et que j’y travaillerais jusqu’à mon dernier jour, et que les hommes qui se disaient comme lui incrédules n’étaient que d’aimables paresseux qui revenaient sur leurs pas aux premières difficultés de la route ; que j’étais heureux de connaître en lui un de ces esprits impatients, découragés avant le temps, et que, s’il voulait venir à toute heure du soir finir avec moi les journées, nous causerions ou de Dieu, s’il voulait, ou de la littérature et des arts, lui me donnant du goût, moi de la foi, chacun dans notre mesure ! […] C’est la loi : tout poète à la gloire arrivé, À mesure qu’au jour son astre s’est levé, A pâli dans son cœur. […] Je crus que je me ravalais ; mais non, je faisais comme vous, je grandissais selon ma mesure, car j’appropriais mon expérience à l’usage plus utile que j’en voulais faire. […] Il ne manque, pour avoir la mesure précise, que de savoir où pouvait être ce tombeau de Bianor.
Goethe me l’accorda, en disant que les pressentiments ne s’étendaient pas au-delà des sujets qui sont analogues au talent du poète, et nous convînmes ensemble que l’étendue plus ou moins grande des pressentiments donnait la mesure du talent. […] Il est comme le soleil, qui ne disparaît que pour notre œil mortel ; en réalité il ne disparaît jamais ; dans sa marche il éclaire sans cesse. » VI Il revint quelques jours après sur la science et passa de là à Byron, pour lequel il avait un enthousiasme sans moralité et sans mesure. […] Cependant il y a une mesure pour tout, et comme, dans mon Gœtz, l’enfant, à force d’être savant, ne connaît plus son père, il y a dans la science des gens qui, perdus dans leur savoir et dans leurs hypothèses, ne savent plus ni voir ni entendre. […] La nature agit avec tant de sagesse et de mesure, que jamais un oiseau ne perd tout d’un coup assez de plumes pour ne plus pouvoir voler et chercher sa nourriture.
Nous n’avons recours-à la mesure des autres que dans les cas ou cette mesure n’étant pas tout-à-fait fixée, nous espérons qu’elle pourra nous être favorable. […] Elles sont moins nécessaires aux gens de lettres qui s’occupent des sciences exactes, et dont le mérite pour être fixé a moins besoin de la mesure des autres. […] Il semble qu’à mesure que l’homme d’esprit s’éclipse, l’homme de qualité se montre, et paraisse exiger la déférence dont l’homme d’esprit avait commencé par dispenser.
Elle n’était pas si inférieure à ce roi qu’on le croirait, ou plutôt elle ne lui était inférieure qu’en politesse, en mesure, en esprit de suite et de précision : mais, à certains égards, elle le jugeait avec bien de l’intelligence et avec un bon sens plus libre et plus étendu qu’il n’osait se le permettre pour son propre compte ; elle le trouvait ignorant sur une foule de points, et elle avait raison. […] Madame, naturelle, franche, laissant éclater volontiers ses sentiments, aimant à s’épancher, plus souvent au-delà qu’en deçà, et observant mal les mesures, ne devait pas aimer le procédé froid, prudent, discret, mystérieux, poli et inattaquable, d’une personne à qui elle supposait mille projets plus noirs et plus profonds que ceux de l’enfer.
On le trouve, en 1788, faisant l’office de secrétaire auprès du comte de Périgord, commandant de la province de Languedoc, au milieu de la crise difficile qui se termina par la suppression des parlements : le comte de Périgord lui reconnut une prudence et une mesure au-dessus de son âge. […] Le conseil habituel du père Lefebvre à son jeune ami, c’est de profiter de son heureuse flexibilité qui tend à se porter sur toutes sortes de genres et de sujets, mais de ne s’y point livrer trop rapidement, d’attendre avant de publier : « L’âge est le meilleur des Aristarques. » Ses scrupules de traducteur, dans le travail qu’il avait entrepris sur la Bible, fatiguaient et consumaient le père Lefebvre : « Ce métier de traducteur dont je me suis occupé toute ma vie, disait-il, me paraît toujours plus difficile à mesure que j’avance, soit que l’âge me glace le sang, soit que mon goût s’épure à force d’approfondir ; une page de traduction m’épuise pour huit jours. » Et ailleurs : Je suis revenu de la campagne à la ville, mais j’étais si essoufflé qu’il m’a fallu un grand mois pour reprendre haleine.