Ce Poëme a joui d’une grande réputation, pendant tout le temps que l’Auteur s’est borné à le lire dans les Sociétés ; mais depuis qu’il a été exposé au grand jour, le Public l’a mis au rang de ces Ouvrages dont les beautés de détails ne sont pas capables de racheter les défauts.
L’Oraison funebre du Prince de Dombes a des beautés d’éloquence qui font juger qu’il s’est mépris en s’attachant à un autre genre.
Quand on considere l'étendue de son travail, les difficultés qu'il avoit à vaincre, la gêne impitoyable de la rime, l'insuffisance de notre Langue, comparée à celle du Poëte dont il est l'interprete, on conçoit aisément que les beautés de sa Traduction tournent bien plus à sa gloire, que les endroits foibles, qui sont en petit nombre, ne peuvent lui faire de tort.
Les artistes sont tellement aux beautés techniques, qu’ils négligent toutes ces impertinences-là dans le jugement qu’ils portent d’une production.
J’ai donc pensé que je dégageais un sentiment et une ressemblance de plus entre nous, en dédiant à l’auteur des Artistes vivants, ces Romanciers vivants, qui sont aussi des peintres ou des sculpteurs, à leur façon, comme vos artistes, puisque, comme eux, mais avec des procédés différents, ils s’efforcent d’exprimer la Vie et veulent atteindre à la Beauté.
et n’est-ce pas le cas d’appliquer ici le mot de Vauvenargues : « La plus fausse de toutes les philosophies est celle qui, sous prétexte d’affranchir les hommes des embarras des passions, leur conseille l’oisiveté, l’abandon et l’oubli d’eux-mêmes. » La Fare nous explique d’ailleurs qu’il ne s’agit point d’une paix sobre et recueillie comme l’entendraient certains philosophes ; la sienne était remplie de gaieté, de gros jeu, de festins, de beautés d’opéra, et ne ressemblait pas mal à une ode bachique continuelle. […] Et puisque j’en suis à rappeler ces souvenirs fortifiants et ces antidotes en regard d’un exemple de dégradation qui afflige, qu’il me soit permis de joindre ici la traduction de la fameuse Hymne d’Aristote à la Vertu, où circule encore et se resserre en un jet vigoureux toute la sève des temps antiques : Vertu qui coûtes tant de sueurs à la race mortelle, ô la plus belle proie de la vie, c’est pour toi, pour ta beauté, ô Vierge, qu’il est enviable en Grèce, même de mourir, et d’endurer des travaux violents d’un cœur indomptable ; tant et si bien tu sais jeter dans l’âme une semence immortelle, supérieure à l’or et aux joies de la famille, et au sommeil qui console la paupière ! […] [NdA] Homère, avant La Fare, a fait dire à Paris répondant à son frère Hector qui lui reprochait sa beauté : « Ne me reproche point les dons aimables de Vénus : les dons brillants des dieux ne sont jamais à rejeter, car ils ne les accordent que parce qu’ils le veulent bien, et nul ne se les donnerait à volonté. » (Iliade, III, 64.)
Dans Homère, même du temps de cette Grèce à demi sauvage, quelle beauté simple de lignes ! […] Les autres croyaient Monsieur de Scudéry Un homme de fort bonne mine, Vaillant, riche et toujours bien mis ; Sa sœur une beauté divine, Et Pellisson un Adonis. […] Ces imitateurs, au xviiie siècle, deviennent moins excusables parce qu’avec Rousseau on est revenu, péniblement il est vrai, mais on est revenu enfin à voir et à décrire la nature en elle-même, dans ses beautés et dans son caractère.
Voilà, somme toute, un homme distingué, mais un poète assez mal préparé, ce semble, pour chanter les beautés de la vie retirée et champêtre, et pour en goûter toutes les douceurs. […] Par des soupirs il encense, sa beauté suprême, et, dans son désespoir, verse une triste libation de larmes ; il adore une créature, et, dévot en vain, reçoit en échange de son amour une réponse dédaigneuse. […] Passez donc sans retard à des scènes plus actives, rassemblez les vérités éparses que glane l’étude ; mêlez-vous au monde, mais à ce qu’il a de plus sage ; ne donnez plus tout votre cœur à une idole, votre cœur ne lui appartient pas, il ne vous appartient pas à vous-même… Il décrit aussi, et pour l’avoir trop cruellement éprouvée, la manie maladive et la mélancolie funeste se cachant dans la solitude et y méritant toutes les tendres sympathies de la pitié ; puis les délices d’une convalescence où l’on jouit avec attendrissement de chaque beauté de la nature comme à un réveil du monde.
Cette petite Psyché, simple, crédule, naïve, curieuse, un peu menteuse, un peu désobéissante, et qui l’est jusqu’à la fin, intéressante pourtant et touchante par sa beauté, par ses pleurs, est bien femme. […] Vénus, furieuse et jalouse elle-même de la beauté de Psyché qui usurpait tous les hommages, plus furieuse encore d’apprendre que son libertin de fils lui a désobéi en épousant cette belle mortelle, et humiliée à l’idée qu’elle est à la veille de se voir grand’mère, Vénus, à qui Psyché s’est rendue à merci, va lui faire subir les plus dures épreuves, telles dans leur genre que celles qu’Eurysthée imposa à Hercule. […] Venez, pleines de zèle et d’empressement, secourir une jeune beauté, épouse de l’Amour. » À l’instant, comme des vagues, s’agitent en se précipitant les unes à la suite des autres ces peuplades à six pieds.
Dans Ingres, c’est l’idéal et le style, c’est la beauté absolue et en quelque sorte abstraite ; — chez Delacroix, c’est la couleur non moins absolue, le mouvement et la passion, qu’il s’attache à démontrer en chaque toile par une reproduction des plus fidèles. […] » Il le redit, non moins excellemment, dans un article sur Ary Scheffer, en faisant remarquer que cet esprit si distingué et si élevé n’a pas assez compris que la pensée pittoresque n’avait rien de commun avec la pensée poétique : « Un effet d’ombre ou de clair, une ligne d’un tour rare, une attitude nouvelle, un type frappant par sa beauté ou sa bizarrerie, un contraste heureux de couleur, voilà des pensées comme en trouvent dans le spectacle des choses les peintres de tempérament, les peintres nés. » Aussi, tout en rendant justice aux sentiments et aux intentions épurées de ce « poète de la peinture » comme il l’appelle, il ne l’a loué en toute sincérité et franchise que pour certains portraits où le sens moral n’a fait qu’aiguiser l’observation et donner plus de vie à la vérité. […] Une beauté incomparable, merveilleuse, ineffable, extraordinaire, incroyable, toutes ces qualifications indécises et commodes, si chères au grand siècle, à Mlle de Scudéry et à son admirateur, M.
remy, à retrouver, dans un sujet où le poëte a entrepris de faire chanter Homère, quelques-unes des beautés empruntées aux poèmes de son héros ? […] Ce ne sont pas des beautés assurément ; le reste aidant et sous le reflet des années, ce sont peut-être des charmes. […] Lui, comme tous les chantres de la jeunesse, de la beauté et de l’amour, il forme un vœu plus doux, il rêve une gloire plus charmante, quelque Françoise de Rimini au fond : Ut tuus in scamno jactetur sæpe libellus, Quem legat expectans sola puella virum96.
C’est Bourdaloue pourtant qui, par les justes proportions, par la beauté de l’ordonnance et l’exactitude des développements, représente la perfection moyenne et complète de ce genre grave à son plus beau moment. […] Il croissait sous la triple garde de ces fortes vertus ; il croissait comme un enfant de Sparte et de Rome, ou pour mieux dire encore, et pour dire plus vrai, il croissait comme un enfant chrétien, en qui la beauté du naturel et l’effusion de la Grâce divine forment une fête mystérieuse que le cœur qui l’a connue ne peut oublier jamais. […] Je n’ai réussi que bien imparfaitement à rendre cette physionomie singulière, originale, attrayante, si peu gallicane et si française, qui plaît jusque dans ses hasards, où le naturel se dégage en jets heureux de quelques bizarreries de goût, où l’audace ne compromet pas de réelles beautés ; cet orateur au vêtement blanc, à l’air jeune, à la parole vibrante, aux prunelles de feu, et dont les lèvres, faites pour s’ouvrir et laisser courir la parole, expriment à la fois l’ardeur et la bonté.
Les Entretiens que nous a transmis Ramsay, et dans lesquels Fénelon lui développa les raisons qui devraient amener victorieusement, selon lui, tout déiste à la foi catholique, sont d’une largeur, d’une beauté simple, d’une éloquence pleine et lumineuse qui ne laisse rien à désirer. […] Plus loin, après avoir cité des strophes d’Horace sur la paix, Fénelon arrive à rappeler une stance de Malherbe : « Voilà l’antique, dit-il, qui est simple, gracieux, exquis, voici le moderne qui a sa beauté. » Comme cela est bien dit ! […] Cette beauté ainsi détournée, adoucie et non altérée, coule chez Fénelon à plein canal, et déborde comme une fontaine abondante et facile, une fontaine toujours sacrée, qui s’accommode à sa nouvelle pente et à ses nouvelles rives.
Il y a toutes les fois qu’il nous parle de la beauté, laquelle, même lorsqu’elle est imaginaire comme sa Julie, prend avec lui un corps et des formes bien visibles, et n’est pas du tout une Iris en l’air et insaisissable. […] S’étant allé promener seul hors de la ville un jour de grande fête, pendant qu’on était à vêpres : Le son des cloches, dit-il, qui m’a toujours singulièrement affecté, le chant des oiseaux, la beauté du jour, la douceur du paysage, les maisons éparses et champêtres dans lesquelles je plaçais en idée notre commune demeure, tout cela me frappait tellement d’une impression vive, tendre, triste et touchante, que je me vis comme en extase transporté dans cet heureux temps et dans cet heureux séjour où mon cœur, possédant toute la félicité qui pouvait lui plaire, la goûtait dans des ravissements inexprimables, sans songer même à la volupté des sens. […] Quel dommage que l’orgueil misanthropique s’y mêle, et que des tons cyniques fassent tache au milieu de tant de beautés charmantes et solides !
» Il aime à parler, en toute rencontre, de l’homme bien né, de la beauté du naturel, qui nous porte au bien. […] Il a peu, ou plutôt il n’a pas le sentiment des beautés de la nature : dans la nature il ne considère volontiers que l’homme et la société ; Vauvenargues portait en lui le besoin d’être un grand homme historiquement. […] » Il a résumé toute sa théorie à cet égard dans ce mot si souvent cité, et qui, déjà dit par d’autres13, restera attaché à son nom, comme au nom de celui qui était le plus digne de le trouver et de le dire : « Les grandes pensées viennent du cœur. » Comme critique littéraire, et dans les jugements qu’il porte au début sur les écrivains qui ont été le sujet favori de ses lectures, Vauvenargues n’est pas sans inexpérience : sur Corneille, dont l’emphase lui répugne jusqu’à lui masquer même les hautes beautés, sur Molière dont il ne sent pas la puissance comique, Voltaire le redresse avec raison, avec une adresse de conseil délicate et encore flatteuse : Vauvenargues reprend ses avantages quand il parle de La Fontaine, de Pascal ou de Fénelon.
Il l’admire et le salue, comme Vauvenargues bientôt également le saluera, sans rien entrevoir encore des défauts de l’homme, et d’après les seules beautés de son esprit et les grâces de son langage. […] La beauté poétique des anciens lui échappait entièrement ; il ne la soupçonnait même pas. […] Les grands objets de comparaison étaient restés hors de sa portée et de sa vue : il parlait en cette matière tout à fait en homme qui n’avait vu ni conçu à aucun jour la beauté suprême et véritable.
» — Dans ma simplicité, remarque Léonie, je croyais alors qu’un homme bien amoureux ne pouvait parler avec chaleur d’aucune autre beauté que de celle de l’objet de son amour ; mais l’expérience m’a prouvé, depuis, que les femmes seules étaient susceptibles d’un sentiment exclusif ; l’amant le plus passionné pour sa maîtresse, n’en est pas moins sensible aux charmes de toutes les jolies femmes, tandis que celle qui aime ne voit que son amant. […] Celle qu’il a sauvée, jeune veuve, pleine de beauté et d’une rare délicatesse de sentiments, le fait chercher sans le découvrir d’abord, et pendant longtemps elle ne le connaît qu’à demi et dans un mystère qui l’empêche d’avoir la connaissance de son infirmité. […] Les variations du goût s’expriment dans ces types de beauté à la mode.
Il était temps que je finisse le mien ; ma vue se trouble le soir, je vois les objets doubles, surtout ceux qui sont élevés ou à l’horizon ; mais ma confiance est en Celui qui a fait la lumière et l’œil. » Il est dans le coup de feu de ses tableaux ; l’enthousiasme le prend lui-même en se relisant, et il jouit le premier des beautés qu’il va introduire : « Il y a eu des moments, s’écrie-t-il, où j’ai entrevu les cieux, éprouvant, à la vérité, dans ce monde, des maux inénarrables. » Il sent qu’il a le charme ; le vieux censeur théologien qu’on lui a donné est séduit lui-même, et n’a pu s’empêcher de dire que c’était divin, délicieux : « Je sais combien il faut rabattre de ces éloges, mais ils me font plaisir. […] Par tous ces défauts si chers au siècle, autant que par ses beautés si neuves et si bien ménagées, le livre de Bernardin eut, dès le premier instant, un succès d’enthousiasme. […] Vers la fin et dans la scène déchirante de la tempête, Bernardin de Saint-Pierre a montré que son pinceau avait, quand il le voulait, les teintes fortes et sobres, et qu’il savait peindre la nature dans la sublimité de ses horreurs comme dans ses beautés.
C’est ce qui donne à tout sentiment une valeur intellectuelle et proprement esthétique ; c’est ce qui fait de tout plaisir sensible le rudiment d’un plaisir esthétique : il y a un germe de beauté partout ou il y a unité dans la multiplicité, accord dans la discordance, harmonie dans des éléments antagoniques. […] Un germe de beauté n’existe pas seulement, comme on l’admet d’ordinaire, dans les plaisirs de la vue et de l’ouïe ; il se retrouve jusque dans le toucher et le contact, dans la saveur, dans l’odeur. Les plaisirs mêmes de la vie organique produisent un sentiment de vitalité profonde qui, contrairement au préjugé, est déjà esthétique : aussi les sensations organiques sont-elles, pour l’artiste, un élément essentiel de la vraie et vivante beauté ; tout ce qui ne retentit pas jusqu’à cette profondeur n’est encore qu’un art de surface46.
Sainte-Beuve, dont quelques groupes lui étaient montrés épars ou mutilés, mais d’une vie et d’une beauté si prodigieuse ! […] même bêtes, qui se sont fixées sur cette belle tête voilée historique, mais dont le voile de veuve, pieusement gardé, laissera toujours apercevoir la beauté, le caractère et le courage ! […] Rappelons-nous un mot magnifique de Chateaubriand : « Les grands génies doivent peser leurs paroles ; elles restent, et c’est une beauté irréparable. » 8.
Il ne suffit pas d’avoir un don charmant parfois d’exubérance balbutiante, une sensibilité délicate et puérile, faut-il encore avoir assez d’art pour que leur expression puisse prétendre à quelque beauté, à quelque harmonie.
Sa Tragédie de Mahomet II offre des beautés qui justifient le succès qu’elle a eu, & dont elle jouit encore.
Quelquefois l’Auteur en fait sentir les beautés & les défauts ; mais ce n’est pas toujours avec cette habile précision qu’on admiroit dans les jugemens de son prédécesseur.
C’est faire apprécier au lecteur l’ensemble de toutes les tentatives, dans lesquelles les auteurs se sont essayé à voir avec des yeux autres que ceux de tout le monde ; à mettre en relief les grâces et l’originalité des arts mis au ban par les Académies et les Instituts ; à découvrir le caractère (la beauté) d’un paysage de la banlieue de Paris ; — à apporter à une figure d’imagination la vie vraie, donnée par dix ans d’observations sur un être vivant (Renée Mauperin, Germinie Lacerteux) ; à ne plus faire éternellement tourner le roman autour d’une amourette ; à hausser le roman moderne à une sérieuse étude de l’amitié fraternelle, (Les Frères Zemganno) ou à une psychologie de la religiosité chez la femme (Madame Gervaisais) ; — à introduire au théâtre une langue littéraire parlée ; — à utiliser en histoire des matériaux historiques, restés sans emploi avant eux, (les lettres autographes, les tableaux, les gravures, l’objet mobilier) ; — tentatives enfin, où les deux frères ont cherché à faire du neuf, ont fait leurs efforts pour doter les diverses branches de la littérature de quelque chose, que n’avaient point songé à trouver leurs prédécesseurs.
La rime n’est pas l’imitation d’aucune beauté qui soit dans la nature : mais, comme je viens de le dire, il est d’une imitation précieuse des beautez de la nature dans les tableaux du peintre qui ne sçait que bien colorier.
« Beauté, mon beau souci… » C’est le tout-puissant coup d’aile. […] Comment la poésie païenne, grecque et latine, détournerait-elle de la beauté vivante et du grand Pan ? […] D’ailleurs le beau style est vrai à sa manière et le style vrai peut avoir sa beauté. […] On n’est arrêté par aucune difficulté de pensée, ni retenu par aucune subtilité ou rare beauté de forme. […] Mais cela s’épuise, tandis qu’on s’enchante indéfiniment de la beauté du verbe.
Vous avez vu de ces beautés vraies et naturelles qui éclatent et se font jour du milieu de la misère, de l’air malsain, de la vie chétive ; vous avez, bien que rarement, rencontré de ces admirables filles du peuple, qui vous apparaissent formées et éclairées on ne sait d’où, avec une haute perfection de l’ensemble, et dont l’ongle même est élégant : elles empêchent de périr l’idée de cette noble race humaine, image des Dieux. Ainsi ces génies rares, de grande et facile beauté, de beauté native et génuine, triomphent, d’un air d’aisance, des conditions les plus contraires ; ils se déploient, ils s’établissent invinciblement. […] Je pris dès lors la résolution de vivre avec elle comme un honnête homme qui a une femme coquette, et qui est bien persuadé, quoi qu’on puisse dire, que sa réputation ne dépend point de la mauvaise conduite de son épouse ; mais j’eus le chagrin de voir qu’une personne sans beauté, qui doit le peu d’esprit qu’on lui trouve à l’éducation que je lui ai donnée, détruisoit en un moment toute ma philosophie. […] A l’égard de son caractère, il étoit doux, complaisant, généreux ; il aimoit fort à haranguer, et quand il lisoit ses pièces aux comédiens, il vouloit qu’ils y amenassent leurs enfants, pour tirer des conjectures de leurs mouvements naturels. » Ce qui apparaît en ce peu de lignes de la mâle beauté du visage de Molière m’a rappelé ce que Tieck raconte de la face tout humaine de Shakspeare. […] La Bruyère a dit : « Un homme né chrétien et François se trouve contraint dans la satire : les grands sujets lui sont défendus, il les entame quelquefois et se détourne ensuite sur de petites choses qu’il relève par la beauté de son génie et de son style. » — Molière n’a pas du tout fait ainsi, il ne s’est beaucoup contraint ni devant l’Église ni à l’égard de Versailles, et ne s’est pas épargné les grands sujets.
Il taille ses statuettes en un marbre difficile, et s’il y a aux murs de son atelier les esquisses les plus nouvelles et les reproductions des plus récentes œuvres d’art connues, il sait les oublier quand il travaille… La beauté d’Yvelaine réside plus dans la forme, dans les heureuses et sobres métaphores et les précieuses analogies que dans son symbole même… M.
Son deuxième volume a prouvé, en outre, qu’il sait joindre au charme des expressions la beauté des images.
Il nous dit les tristesses d’amour avec un sourire infléchi d’amertume, les beautés et les hontes des décadences, en spectateur impassible.
Le tendre Appelle, un jour, dans ces jeux si vantés, Qu’Athenes autrefois consacroit à Neptune, Vit, au sortir de l’onde, éclater cent beautés ; Et, prenant un trait de chacune, Il fit de sa Venus un portrait immortel.
Il semble que le lieu de la scène devait être un paysage écarté, silencieux, désert, mais riche ; que la beauté des déesses devait tenir le spectateur et le juge incertains ; qu’on ne pouvait rencontrer le vrai caractère de Paris que par un coup de génie.
Écartons les défauts, extrayons les beautés. […] Ô beauté !
Mais sans imiter les incohérences des tragédies anglaises, sans se permettre même de transporter sur la scène française toutes leurs beautés, il a peint la douleur avec plus d’énergie que les auteurs qui l’ont précédé. […] J’examinerai, dans la seconde Partie de cet ouvrage, si l’on ne peut pas adapter encore à notre théâtre quelques beautés nouvelles, plus rapprochées de l’imitation de la nature ; mais on ne saurait nier que Voltaire n’ait fait faire un pas de plus, sous ce rapport, à l’art dramatique, et que la puissance des effets du théâtre ne s’en soit accrue.
La langue qu’il mit à nu, dans sa beauté nerveuse, c’était celle même que le xvie siècle avait formée : il ne lui enlevait que ce qu’elle se refusait à assimiler, ce qui la chargeait sans la nourrir. […] Il s’est perdu par la négligence et par la fantaisie ; il n’a su atteindre, avec sa libre humeur, ni l’impérissable beauté de la forme, ni l’universelle vérité des choses.
Pour tous les esprits qui ne sont pas artistes, en dehors de la précision scientifique, la beauté du style ne peut consister qu’à exercer l’intelligence par la désignation indirecte de l’objet, ou la désignation simultanée de plusieurs objets. […] Comme après tout il est impossible de vider les mots de toute qualité sensible, comme ils restent sons, et recèlent toujours quelque possibilité d’image, de grands poètes, de grands artistes sauront organiser ce langage intellectuel selon la loi de la beauté, ils en exprimeront des formes esthétiques ; mais il en est d’autres, et non les moins grands, qui refuseront de souscrire aux arrêts de l’Académie, et qui, pour épancher leur riche imagination, iront rechercher les éléments d’un plus copieux et substantiel langage.
Dans la Mer, la sincérité éclate, mêlée à nous ne savons quelle explosion d’extase pour les choses qui représentent le mieux la Beauté. La Beauté, c’est-à-dire cette fougue, cette insolence, cette majesté si particulières à l’Océan.
ambrosioeque comoe divinum… etc. ô mon ami, la belle occasion de se fourvoyer et de demander aux poëtes italiens si avec leurs sourcils d’ébène, leurs yeux tendres et bleus, les lys du visage, l’albâtre de la gorge, le corail des lèvres, l’émail éclatant des dents, ces amours nichés en cent endroits d’une figure, on donnera jamais une aussi grande idée de la beauté. […] Dans le combat où le fils d’Anchise est renversé de son char, et Vénus sa mère blessée par le terrible Diomède, le vieux poëte, où l’on trouve des modèles de tous les genres de beauté, dit qu’au-dessus du voile que la déesse tenait interposé entre le héros grec et son fils, on voyait sa tête divine et ses beaux bras, et je peins le reste de la figure.
La Critique littéraire a pour fonction de juger les œuvres de l’esprit, combinées pour produire un effet de pathétique et de beauté spéciale. Ici, il y a bien pathétique et beauté, mais ce n’est pas le résultat d’une combinaison, réfléchie ou même spontanée, d’art et de littérature.
II Ce livre, excellent et d’une beauté simple, ne comprend qu’une année, et il n’avait pas besoin d’en embrasser davantage. […] C’est le Péché qui engendre la Mort, dans l’Enfer de Milton, et la laideur de la Mort rachète les fausses beautés du Péché.
Mais, en dévorant le littérateur, il a fait de ce qui en restait quelque chose de bien plus compté par les sots que l’écrivain, dont la fonction noble et désintéressée est de mettre de la beauté dans ce qu’il dit et de la vérité dans ce qu’il pense. […] Et, cependant, cet Orphée· déchiré a de la beauté à certaines places encore.
Sans beauté, mais non sans expression, elle n’avait pas toujours enfermé sous ce petit bonnet à bec, dont nous parle Sainte-Beuve, ce profil de faucon dont elle avait aussi la griffe et l’œil d’escarboucle, et elle aurait pu, certes ! […] Sainte-Beuve, le critique littéraire et le poète, a bien montré le côté intime et curieux de cette vie, mais la beauté morale qu’elle révèle plus que tout l’a-t-elle assez frappé ?
Taine et que d’autres ont aussi oubliée, mais qui n’en sera pas moins la caractéristique suprême de ce génie, svelte et idéal au milieu de toutes ses violences, comme la beauté d’un jeune dieu… Certes, oui ! […] Comme elle, saisi par l’embonpoint bien avant sa trentième année, il fut tellement épouvanté de la déformation menaçante de sa beauté, qu’il s’infligea un régime d’ascète et passa sa vie à prendre des torrents de soda-water et à mâcher du mastic.
C’est moins long que la beauté d’une femme ! […] Mettons pour Hegel, qui est le plus fort de tous ces Allemands, mettons quelque chose comme quatre-vingts à cent ans d’influence malsaine sur le monde, quelque chose comme la beauté de Ninon qui, vieille, fit des conquêtes, jusqu’à l’épée dans le ventre, car on se tua pour ses beaux vieux yeux chargés de tant d’iniquités.
il n’est pas vrai que Swedenborg ait l’éclat et la beauté fulgurante d’imagination qu’on lui reconnaît à distance et M. […] Et cette poésie, d’une originalité incomparable, à laquelle il ne manque que le rythme pour être, dans tous les sens du mot, le plus beau poème qui soit jamais sorti d’un cerveau humain, ternit et effaça d’un trait, à force de lumière et d’idéale beauté, ces inventions de Swedenborg, d’une ingéniosité bizarre, mais qui par le relief, la couleur, le détail, — tout ce qui constitue la poésie, — n’étaient guères, en somme, que les souvenirs déteints de la littérature biblique ou chrétienne.
Quoiqu’il ait le sens critique beaucoup trop fin et trop exercé pour ne pas sentir les beautés et les suavités de toutes sortes qui sont dans Guérin, il n’a pas l’enthousiasme qu’il faudrait, l’éclat et la portée de voix, la souveraineté dans la parole, qui peuvent exiger l’admiration comme une justice et la décider du même coup. […] Ce ne sont pas les grands artistes par la délicatesse et par la beauté pure de l’idéal, bien plus difficile à comprendre… Assurément cet idéal, que Guérin souffrait tant de ne pouvoir saisir comme il le voyait, pour l’emprisonner dans la forme vive et diaphane d’une langue digne de le contenir, cet idéal rayonne, comme un ciel lointain, à travers les paysages qu’il nous a peints ; mais il n’y rayonne que pour ceux qui savent l’y voir ; tandis que pour le plus grand nombre, que la réalité visible attire, ce qui constituera le grand mérite de ces paysages, c’est leur vie, c’est la vérité d’impression de ces aperçus, transposés de la vision plastique dans la vision littéraire… et qui nous effacent presque du coup les paysagistes les plus vantés : Bernardin de Saint-Pierre, Chateaubriand, madame Sand, dont la seule qualité qui n’ait pas bougé dans des œuvres déjà passées est d’être une paysagiste !
On dirait qu’ils font ressortir, tous les deux, par leur beauté fabuleusement héraldique, la simplicité de cet héroïque écusson. […] et tout est fresque de cette beauté dans cette longue description, dans cette empreinte levée si ardemment de l’Espagne du xvie siècle… L’évocateur de cette Espagne perdue et retrouvée ajoute encore, quelques pages plus bas : « Les danseuses d’Andalousie n’avaient point dégénéré depuis le temps de Martial et de Pline où elles emplissaient de leur folie lascive les festins consulaires et les voies impures de Suburra.
Seulement il ne l’est pas assez, de par l’émotion ou de par la passion uniques, pour pouvoir entièrement se passer de la langue poétique et de sa visible beauté. Ici, je reviens à Mme Desbordes-Valmore, et je me demande si cette femme, d’une passion si grande et si naturelle, a réellement assez de langage pour faire fond de poète aux sublimités de l’émotion, et pour que sur l’art de son solfège brille mieux la poignante beauté de ses cris ?
Il n’y a, selon toi, ni beauté ni laideur dans les choses. […] Ainsi fermé à la tératologie, « ce roman retrouverait la beauté dans l’étude des choses saines et des sentiments nobles ». […] Je ne connais point son âme ; mais sa beauté rétablirait la balance. […] Il en eut la beauté, que des aèdes chantèrent84 ; il en a hérité la grâce, et aussi la légèreté, le rien, ce don charmant de discourir d’abondance en mots fleuris et doux. […] Et je vois, sur son portrait, qu’il est beau, d’un genre de beauté qui n’est point, pour parler sa langue, la beauté niaise et tempéramenteuse d’Antinoüs, mais la beauté insolente, impériale, juanesque, qu’il donne, comme un peu de lui, à ses héros Mesnilgrand et Ravilès.
Les femmes sont belles, et pourraient se passer de l’être ; elles ont tout ce qui peut faire valoir la beauté, et même y suppléer. […] Ce n’était plus une beauté, mais c’était une personne à citer pour la bonne grâce, pour l’humeur égale, pour le bon naturel. Sa sœur, Mme de Charly, la plus belle femme de Chambéry, n’apprenait plus la musique, mais elle la faisait apprendre à sa fille, toute jeune encore, mais dont la beauté naissante eût promis d’égaler celle de sa mère, si malheureusement elle n’eût été un peu rousse. […] Elle était fille d’un épicier, et se nommait Mlle Lard, vrai modèle d’une statue grecque, et que je citerais pour la plus belle fille que j’aie jamais vue, s’il y avait quelque véritable beauté sans vie et sans âme. […] Je passe des journées entières de la belle saison, immobile sur ce rempart, à jouir de l’air et de la beauté de la nature : toutes mes idées alors sont vagues, indécises ; la tristesse repose dans mon cœur sans l’accabler ; mes regards errent sur cette campagne et sur les rochers qui nous environnent ; ces différents aspects sont tellement empreints dans ma mémoire, qu’ils font, pour ainsi dire, partie de moi-même, et chaque site est un ami que je vois avec plaisir tous les jours.
Il faut voir maintenant par quelles qualités personnelles il devait ajouter à sa beauté. […] De ces dissemblances entre Descartes et Pascal, dans leur objet, et dans l’intérêt qu’ils ont à le rendre évident, naissent, entre les écrits de ces deux grands hommes, des différences qui tournent en beautés nouvelles pour notre littérature. […] C’est là l’incomparable beauté de ce génie, qu’ayant vu tout d’abord les limites de la philosophie, et s’étant porté tout entier vers la religion, il n’ait estimé la raison que le jour où elle connaît qu’elle doit abdiquer pour la foi. […] De toutes les beautés qui font vivre les Provinciales, celles-là sont les plus hautes. […] Une dernière et suprême beauté a immortalisé les Provinciales, c’est la langue.
Envisagée ainsi la critique littéraire n’est plus cet insipide exercice de rhétorique, où l’on distribue le blâme et l’éloge, où l’on donne des prix de composition et où l’on paraphrase sur le Beau en soi, cette splendeur du Vrai, mais une étude de critique matérialiste de l’histoire : dans les pages mortes l’analyste recherche non les beautés du style, mais les émotions des hommes qui les ont écrites et qui les ont lues. […] Alphonse, jeune Espagnol, remarquable par sa beauté, ses grâces et surtout « par une profonde et touchante mélancolie », empoisonne à première vue le cœur de la trop tendre Émilie […] Quand à l’un des chantres inspirés de la solitude, à Mme de Staël, on parlait des beautés du lac Léman, elle répondait : « Oh ! […] IV Mme de Staël vécut des années dans un intime et forcé tête-à-tête avec les Alpes et leur virginale neige, leurs mystérieux précipices et leurs mélancoliques sapins, sans en être plus inspirée que ça : elle ne découvrit les beautés de la nature qu’après un voyage en Italie, qu’après surtout des études à bâtons rompus de métaphysique kantienne, que l’on introduisait en France pour l’opposer au matérialisme rendu responsable des crimes et des horreurs de la révolution. Jamais un Parisien du Consulat n’aurait pensé qu’un coucher de soleil à Fontenay ou un lever de lune à Saint-Cloud étaient des spectacles dignes d’attention, cependant à cette époque naissait l’enthousiasme pour les levers de soleil et de lune et pour les beautés de la nature.
Voilà pourquoi l’histoire ancienne, écrite par un Hérodote, un Tite-Live, un Tacite et même un Thucydide, a une noblesse, une beauté, une moralité qui lui est propre. […] C’est aussi le jugement d’Horace, qui ne voit dans les beautés de cette poésie naïve et toute primitive que les produits d’une véritable œuvre d’art, et dans les répétitions et les longueurs qui s’y rencontrent, que les défaillances d’un génie fatigué. […] Ce qui en fait l’immortelle beauté, ce n’est pas seulement la langue, le style, l’art de la composition ; c’est la pensée, l’esprit dans lequel elle est écrite. […] C’est ce même élément qui en fait aussi la beauté et le charme. […] L’ordre se reconnaît à de tout autres caractères : à la vérité des principes, à la justice des actes, à la beauté et à la bonté des œuvres.
Croyait-il de bonne foi que le public, dix ans avant la révolution, eût plus de goût, plus de sensibilité, plus de connaissance des véritables beautés tragiques, que du temps de Corneille, de Racine, de Crébillon et de Voltaire ? […] Ces observations n’ont point pour objet de décrier un ouvrage qui a de véritables beautés, mais de montrer combien de fautes entraînent la précipitation et la négligence. […] Je le dois, dit-il, beaucoup moins à la beauté de l’ouvrage qu’à, la prudence que j’ai eue de parler d’amour le plus tendrement qu’il m’a été possible. […] Trente ans après, l’esprit philosophique ayant affaibli le sentiment et le goût, ces grossières inconvenances parurent des beautés du premier ordre : ce qu’on avait sifflé fut précisément ce qu’on applaudit le plus. […] Électre a de grands défauts, mais ils sont rachetés par des beautés vraiment tragiques, et ces beautés appartiennent au génie de l’auteur : les deux derniers actes sont dignes de Crébillon.
Il est devenu chrétien le jour où il s’est avisé des « beautés de la religion chrétienne » (titre primitif du Génie). […] Mais, pour le moment, il voit une beauté merveilleuse dans le christianisme : il y court. […] Il a compris toutes les beautés de tous les temps et de tous les mondes, et invité tous les talents à y puiser. […] Toutes les Harmonies sont, non pas des raisonnements, non pas même des méditations, mais des élévations naturelles des beautés de la nature à la beauté suprême qui est Dieu. […] Il a, non pas peut-être tout le sentiment de la beauté antique, mais l’instinct de cette beauté particulière au style antique qui est la précision élégante, la ligne nette, mais fine et souple du bas-relief.
. — L’Inutile Beauté (1890). — Notre cœur (1890). — La Vie errante (1890). — Musotte (1891).
L’Auteur auroit dû les entremêler de plus d’images, multiplier, plus qu’il n’a fait, les leçons générales, y placer avec choix des beautés accessoires ; par-là il auroit rendu son Ouvrage aussi agréable qu’il est utile.
Son Oraison funebre du Cardinal de Fleury, est un chef-d’œuvre en même temps qu’elle fut son premier essai : les critiques qu’on en a faites n’ont servi qu’à en relever les véritables beautés.
Il a été encore utile aux Lettres, par son courage à défendre les bons Modeles contre la dépravation du goût ; & son respect pour les chef-d’œuvres de l’antiquité, prouve que, s’il n’étoit pas capable de donner dans ses propres Ouvrages de grands exemples, il étoit très en état de sentir & de faire valoir les beautés des anciens Auteurs.
Molière, Molière lui-même, si riche de toutes parts, compte cette beauté parmi les plus divines dont sa muse est pourvue. […] L’homme mis en regard de cette beauté ne change pas davantage et sa nature morale n’est pas plus riche. […] Nous l’aimons comme une enfant dont la beauté est plutôt piquante que parfaite et dont les propos ont plus de charme que de profondeur. […] Beauté, jeunesse, force, santé, voilà pour son corps ; fermeté, courage, bonté, humeur magnanime, c’est la part de son âme. […] Observateur délicat, nul n’a poussé plus loin l’attention pour découvrir des beautés que peu de gens, sans lui, auraient soupçonnées.
Ampère Le recueil de ses poésies offre des beautés vraies.
Gustave Larroumet Ce poète a regardé la nature française et italienne avec cette sorte de mélancolie que donne l’étude de l’histoire ; à vivre avec les morts, on aime d’autant plus les vivants, mais on contracte comme une tristesse reconnaissante qui, dans les choses du présent, fait toujours leur part à ceux qui y ont laissé-leur trace, en y imprimant une beauté matérielle ou morale dont ils ne jouissaient plus… Vous trouverez encore dans ces vers de lettré et d’artiste de curieux essais métriques.
Les Ouvrages des hommes de génie, & l’on peut appeler de ce nom l’Auteur du Grondeur, devroient être sacrés pour ceux qui n’en sont que les organes, & qui n’ont de mérite qu’à proportion qu’ils savent en rendre les beautés dans toute leur valeur.
Les beautés en sont vives & originales, mais presque toujours accompagnées de quelques négligences, moins fréquentes, à la vérité, que dans l’Abbé de Chaulieu, son disciple.
Cette Traduction nous a procuré des richesses dramatiques ; & ces richesses, pour n’être pas dignes d’être mises en comparaison avec les nôtres, n’en offrent pas moins au Lecteur mille beautés à admirer, malgré l’irrégularité ordinaire aux Pieces Angloises.
On ignore communément ce qui a donné lieu à la manie de comparer à des Astres les Beautés à qui l’on veut prodiguer de l’encens.
Doué au degré le plus rare de délicatesse, de pureté et du sens de l’exquis, il possède aussi le sens de la beauté, j’entends la beauté noble, grande, dont M. […] Sully Prudhomme offre à peu près partout le même caractère de beauté savante. […] Ils sont objectifs, impersonnels, désintéressés des sujets qu’ils traitent et préoccupés uniquement de les revêtir de la plus grande beauté possible d’expression. […] L’école du pittoresque pur ne se demande jamais si les beautés sont à leur place, elle trouve même cette question digne de Malherbe ou de Boileau ; il suffit que mille paillettes brillent, car la beauté pour elle est toute à la surface. […] Ce qui fait la beauté supérieure du Lac de Lamartine, c’est l’humanité, c’est l’amour, qui vivifie et illumine le tableau.
Il y avoit sept ou huit des plus belles personnes de la Cour, entre lesquelles la duchesse de Montbazon paroissoit fort parée et dans une grande beauté, de sorte qu’on n’avoit les yeux que sur elle. […] Aussi je m’en allois si l’on ne m’eût retenu, et je n’ose vous écrire combien la débauche fut grande ; vous le pouvez conjecturer par l’emportement du sage ***, qui ne se contenta pas de nous parler des secrètes beautés de sa femme, et qui vouloit encore que nous en pussions juger par nous-mêmes. […] me dit-il, que le monde juge mal de ces sortes de beautés ! […] Sur ce principe qu’on doit souhaiter d’être heureux, les honneurs, la beauté, la valeur, l’esprit, les richesses et la vertu même, tout cela n’est à désirer que pour se rendre la vie agréable55. […] En somme, on ne connaîtrait pas bien Mme de Maintenon et surtout Mlle d’Aubigné, « belle et d’une beauté qui plaît toujours, douce, secrète, fidèle, modeste, intelligente… », si on ne recourait au chevalier.
Calmes, solides, exempts des inconséquences et des faiblesses dont l’individualité se compose, ils s’élèvent à cette haute généralité, à cette absence de caractère, qui est le sommet de la beauté plastique191. […] Mais ce n’est pas dans le pays de l’harmonie qu’il faut chercher le moment principal de cette prosaïque dissolution de la beauté, de ce dualisme intérieur de l’art, qu’on appelle proprement la satire. […] L’humour, c’est la mort même de l’art218, si l’art a pour principe l’harmonie, l’intime pénétration de l’idée et de la forme ; c’est le débordement effréné de la personnalité romantique, forçant, renversant tout autour d’elle, pour se dresser seule et debout dans son immense orgueil, sur les ruines de la beauté elle-même. […] « Winckelmann, dit-il, compare la beauté à l’eau qui, puisée à sa source, est regardée comme d’autant plus salutaire qu’elle a moins de goût. Il est vrai que la plus haute beauté est sans caractère ; mais elle l’est dans le même sens que nous disons de l’univers qu’il n’a aucune mesure déterminée, ni longueur, ni largeur, ni profondeur, parce qu’il renferme toutes les dimensions dans une égale infinité.
Une dame ne peut être trop soigneuse de sa beauté, quand elle veut garder le cœur d’un personnage comme celui que vous avez conquis126. » Quand voulez-vous prendre médecine, madame ? […] Mais que Jonson rencontre des passions âpres, visiblement méchantes et viles, il trouvera dans son énergie et dans sa colère le talent de les rendre odieuses et visibles, et produira le Volpone, œuvre sublime, la plus vive peinture des mœurs du siècle, où s’étale la pleine beauté des convoitises méchantes, où la luxure, la cruauté, l’amour de l’or, l’impudeur du vice, déploient une poésie sinistre et splendide, digne d’une bacchanale du Titien138. […] — Tout à l’heure, quand je serai parti143. » Corvino part aussitôt ; car les passions d’alors ont toute la beauté de la franchise. […] La seule beauté Qui ait du prix à Venise. […] Puis en déclamations grandioses, il châtie « la vanité mondaine et ses beautés fardées que de frivoles idiots adorent, qu’ils poursuivent de leurs appétits aboyants et altérés, toujours en sueur, hors d’haleine, dressés sur leurs pieds pour saisir ses formes aériennes, à la fin étourdis, pris de vertige, et achetant la joyeuse démence d’une heure par les longs dégoûts de tout le temps qui suivra167. » Alors, pour achever la défaite des vices, paraissent deux mascarades symboliques représentant les vertus contraires.
Une petite rivière brillante, aux ondes perlées, encaissée à merveille, et courant sur un lit de sable fin sous une atmosphère transparente, a son prix, et comme beauté, à l’œil du peintre, elle est supérieure au fleuve plus large, mais inégal, brisé, et tout d’un coup vaseux ou brumeux. […] Non, poursuivis-je, la beauté n’est vraiment irrésistible qu’en nous expliquant quelque chose de moins passager qu’elle, qu’en nous faisant rêver à ce qui fait le charme de la vie, au delà du moment fugitif où nous sommes séduits par elle ; il faut que l’âme la retrouve quand les sens l’ont assez aperçue. » « Tu le sais, mon ami, écrit Gustave, j’ai besoin d’aimer les hommes ; je les crois en général estimables ; et si cela n’était pas, la société depuis longtemps ne serait-elle pas détruite ? […] écrit-elle naïvement ; il a été fait avec le Ciel ; voilà pourquoi j’ose dire qu’il y a des beautés. » En se replaçant ainsi au moyen-âge, aux horizons de la croisade teutonique et chrétienne, il semblait que Mme de Krüdner revenait par instinct à ses origines naturelles. […] Dans André Chénier, imitant quelque épigramme grecque, le seul sentiment exprimé est celui de la beauté superbe et des rivaux confus.
J’ai eu des prix, j’ai eu des amis qui ont fait campagne pour moi, j’ai fait quelques visites, et je me suis aperçu que les membres de ces jurys n’étaient ni plus, ni moins consciencieux que les éditeurs, les électeurs, les médecins, et pas plus injustes que Dieu qui distribue au petit bonheur la beauté, l’intelligence et la fortune. […] Si la littérature n’est plus un métier hasardeux, injuste, bizarre et parfois effroyable, elle y perd en beauté. […] Rien ne vaut le fait brutal pour assommer la vérité, la beauté, la liberté. […] Et puis tout est inutile, tout est vain… et la Beauté demeure.
La traduction d’Amyot mérite l’admiration qu’elle inspirait à d’excellents esprits du xviie siècle, à Vaugelas, à Huet, à Pellisson et à d’autres, lesquels, plus rapprochés de son époque, distinguaient plus nettement et sentaient avec plus de vivacité tout ce qu’il y a de créations dans cette langue dont l’usage a rendu certaines beautés vulgaires, et en a ôté insensiblement la gloire à l’inventeur. […] S’il a rarement l’espèce de beautés supérieures qui naissent d’un plan fortement conçu et d’un sujet traité en rigueur, ni cette perfection intérieure et secrète de l’ensemble qui se fait sentir par la réflexion, il a une diversité infinie de pensées justes, délicates profondes, qui sont comme des lumières répandues sur tout le domaine de la pensée. […] « Je ne me prends guère aux Grecs, dit-il quelque part, parce que mon jugement ne se satisfait pas d’une moyenne intelligence136. » Et ailleurs : « Je n’ai quasi d’intelligence du grec. » Et ailleurs, parlant de Platon, dont il blâme les dialogismes : « Je ne vois rien, dit-il, en la beauté de son langage137. » C’est donc par Amyot que Montaigne a connu l’auteur ancien qu’il a le plus goûté et le plus pratiqué, à savoir Plutarque. […] Montaigne préférait les subtilités de Sénèque, qui le piquaient et qui excitaient sa nonchalance, à cette beauté égale et pure d’un discours ni subtil ni téméraire, ni paradoxal, où l’auteur pense moins à jouir de ses pensées particulières qu’à faire part aux autres de ce qu’il sent en commun avec tous.
On voudrait toujours l’aimer, mais tout à coup, après une beauté incontestable qui vous a ravi et qu’on lui doit, il vous replonge dans la haine et dans la colère par des choses exécrables ou ridicules d’inspiration et même de forme, et on tombe, plein de ressentiment, de l’hippogriffe aux longues ailes bleues ouvertes en plein ciel, sur le dos du plus affreux casse-cou ! […] Il y a, dans cette Légende, des passages d’une grande magnificence, mais il n’y a pas une pièce (je dis : une seule,) d’une beauté soutenue jusqu’à la fin, et il y en a quelques-unes (La Ville disparue) où l’on ne compte pas plus de six beaux vers. […] La langue même de Hugo ne contracte et n’a toute sa beauté qu’à la condition de s’appliquer exactement aux choses nettes et précises. […] On se battit réellement pour ses drames, pleins de beautés grandioses et d’effroyables énormités, quand, un jour, trouvant le Théâtre trop petit pour l’envergure de sa pensée, il fit Cromwell, l’injouable Cromwell, plus long que les trois Wallenstein de Schiller, et qui est certainement son chef-d’œuvre dramatique, — une énormité réussie, mais, enfin, une énormité !
la faire plus réelle, ne lui donnant que la beauté physique, des trois beautés humaines la moins admirable, et encore, dans la beauté physique, la moins grande, la beauté charnelle et rosé des femmes de Rubens.
Si l'on fait attention aux difficultés du sujet qu'il a entrepris de traiter dans une Langue telle que la nôtre, & combien la Poésie Françoise se prête peu aux expressions techniques d'un Art dont la plupart des regles sont fondées sur l'Optique & l'Anatomie, on lui saura gré d'avoir surmonté de tels obstacles, & on passera sans peine sur le défaut d'intérêt & d'élégance, qu'on lui reproche, en lui tenant compte des vraies beautés qu'il a le plus souvent répandues sur une matiere ingrate par elle-même.
Elle n’avait pas de beauté : petite, les yeux légèrement discordants, la pointe du nez kalmouke, mais avec cela une physionomie qui exprimait la force de la vie et là pénétration de l’intelligence. […] Ce fut une grâce… » Elle disait encore, en parlant de cet entier abandon de son être au sein de Dieu : « Ces sentiments, chère amie, sont de très ancienne date : le premier germe en a été conçu dans un temps où l’air était encore embaumé, les objets à l’entour resplendissants de beauté et de fraîcheur, et où mon cœur, quoique troublé par des peines, sentait encore parfois son existence avec enivrement. » Pour le philosophe et l’observateur, qui ne donne dans le surnaturel qu’à son corps défendant, il n’y a pas tant à s’étonner de cette subtilisation, de cette sublimation (pour parler comme en chimie) de tous les sentiments. […] Je ne crois pas qu’elle ait visé à l’effet ; et c’est heureux, sa beauté et sa célébrité étant sur leur déclin : les débris nefont guère de sensation dans un pays de ruines.
Il est temps que la beauté du langage vienne faire oublier ce qu’il y a d’un peu singulier, et même d’un peu comique, dans la situation du vieillard : « Tout cassé que je suis, je cours toute la ville… » Dès que don Diègue et Rodrigue se sont rencontrés, Corneille retrouve ses accents et traduit admirablement son modèle, lequel, à cet endroit, est des plus beaux : « Touche ces cheveux blancs à qui tu rends l’honneur ; Viens baiser cette joue, et reconnais la place Où fut jadis l’affront que ton courage efface. » — Admirable ! […] On aime incomparablement mieux ce récit que celui de Théramène ; la rhétorique y paraît moins ou plutôt elle n’y paraît pas, et il y a de plus vraies beautés. […] Ce ne sont pas là les beautés que j’admire.
Rien n’égale en beauté, comme création de génie majestueuse et bienfaisante, l’œuvre pacifique du Consulat, le Code civil, le Concordat, l’administration intérieure organisée dans toutes ses branches, la restauration du pouvoir dans tous les ordres ; c’est un monde qui renaît après le chaos. […] Il faut montrer aux Allemands la beauté, la grandeur de notre scène tragique ; ils sont plus capables de les saisir que de pénétrer la profondeur de Molière. […] Puis il passa à la littérature moderne, la compara à l’ancienne, se montra toujours le même en fait d’art comme en fait de politique, partisan de la règle, de la beauté ordonnée, et, à propos du drame imité de Shakespeare, qui mêle la tragédie à la comédie, le terrible au burlesque, il dit à Goethe : “Je suis étonné qu’un grand esprit comme vous n’aime pas les genres tranchés.”
Michaud et Poujoulat, avaient pu mettre en goût les lecteurs ; mais autre chose est un extrait où l’on ne prend que les beautés et la fleur d’un sujet, autre chose une reproduction exacte et complète des textes latins dans toute leur teneur, et des instruments mêmes (comme cela s’appelle) d’une volumineuse procédure. […] Je ne dis point ceci pour rien ôter à la beauté de la figure, mais pour ne pas en dissimuler la physionomie première dans ce qu’elle avait de vigoureux et de très franc. […] Voilà bien Jeanne dans toute sa beauté et sa grâce militaire, parlant d’une voix de femme, mais avec le ton du commandement, soit qu’elle s’adressât à ses pages, soit qu’elle donnât ses ordres aux prêtres et gens d’Église.
Pour quelques traits vraiment jolis et fins qu’on rencontre dans ces lettres, on en trouverait par centaines qui seraient du pur Mascarille ; et par exemple : « L’amour est le revenu de la beauté, et qui voit la beauté sans amour lui retient son revenu d’une manière qui crie vengeance. » Après cet amour qui est proprement le revenu et la rente de la beauté, vient tout un détail de l’acquittement en style de notaire : « Vous savez que, quand on paye, on est bien aise d’en tirer quittance ou de prendre acte comme on a payé.
Mais ce sera là l’analyse en somme de leur agrément, non de leur beauté, celle-ci étant faite autant, sinon plus, d’excitations disharmoniques que d’excitations harmoniques. […] A ses yeux, les deux formes de beauté « procurent une même émotion » (p. 25), ce qui l’amène à énoncer que l’esthétique ne peut être qu’une branche de la « science de la sensibilité ». […] Milsand, comme après lui Robert de La Sizeranne (Ruskin et la religion de la Beauté, Hachette, 1897), font partie de ceux qui ont introduit la pensée esthétique de l’auteur des Pierres de Venise en France.
En traitant des beautés de l’élocution, il en a employé toutes les finesses. […] Il porte un jugement sain & précis de leurs ouvrages ; il en découvre les beautés comme les défauts. […] Un ouvrage si bien digéré, & dont toutes les parties tiennent par un fil presque imperceptible, suppose la méditation la plus profonde, la parfaite connoissance des vraies beautés de l’Eloquence, & l’attention la plus sérieuse aux principes & aux conséquences qui en résultent.
. — À ces quatre Nuits célèbres, n’oublions pas d’ajouter un Souvenir qui s’y rattache étroitement, un retour à la forêt de Fontainebleau, qui est d’une émouvante et pure beauté, et, ce qui est rare chez lui, d’une grande douceur. […] Il a eu, il a dû avoir bien des fois le sentiment et comme l’agonie de sa défaillance devant l’idée de cette vérité supérieure, de cette beauté poétique plus sereine qu’il concevait et qu’il n’avait plus assez de force pour atteindre ni pour embrasser.
Ces quatre ou cinq pièces politiques, jointes à tant de délicieuses chansons personnelles, d’une inspiration et d’une fantaisie intimes, telles que Mon Tombeau ; Passez, jeunes Filles ; le Bonheur ; Laideur et Beauté ; la Fille du Peuple, et ce sémillant Colibri, qui est le lutin familier du maître et la personnification éthérée de sa muse comme est la Cigale pour Anacréon ; toutes ces pièces ensemble auraient suffi à composer un charmant recueil final, digne assurément de ses aînés, et la dernière couronne eût brillé verdoyante encore, pour bien des saisons, au front du citoyen et du poëte. Mais, si le volume n’avait contenu que ces deux ordres de pièces, les plus neuves et originales beautés qui illustrent celui-ci y auraient manqué.
En Grèce, en cette patrie longtemps sacrée des Homérides, lorsque l’âge des vrais grands hommes et de la beauté sévère dans l’art se fut par degrés évanoui, et qu’on en vint aux mille caprices de la grâce et d’une originalité combinée d’imitation, les poëtes se rassemblèrent à l’envi. […] L’artiste, sur ces réunions, ne fait donc aucunement l’épreuve du public, même de ce public choisi, bienveillant à l’art, accessible aux vraies beautés, et dont il faut en définitive remporter le suffrage.
Ce Guillaume Colletet, singulièrement enclin, selon l’expression de Ménage, aux amours ancillaires, avait épousé, l’une après l’autre, trois de ses servantes, et en était, pour le moment, à sa troisième et dernière, appelée Claudine, dont la beauté, jointe à la réputation d’esprit que lui faisait son mari débonnaire, attirait chez elle une foule d’adorateurs. […] C’était, il est vrai, un vieux poëte unique en son genre, et par mille endroits ne ressemblant à nul autre, ni à maître Vincent, ni à maître Clément, ni à maître François ; un vieux poëte, adorateur de Platon, fou de Machiavel, entêté de Boccace, qui chérissait Homère et l’Arioste, oubliait de dîner pour Tite-Live, goûtait Térence en profitant de Tabarin, qu’une ode de Malherbe transportait presque à l’égal de Peau d’Ane, et dont l’admiration vive et mobile, comme celle d’un enfant, embrassait toutes les beautés, s’ouvrait à toutes les impressions, en recevait indifféremment du nord ou du midi, et trouvait place même pour le prophète Baruch, quand Baruch il y avait199.
Le paganisme, avec ses dieux et ses héros tout resplendissants de force et de beauté, avec ses pompes riantes, ses chœurs gracieux et ses fêtes sensuelles, peut être considéré comme le trophée et l’hymne du triomphe. […] La force fut macérée, la beauté foulée aux pieds.
Les femmes du monde, on leur doit cette justice, se sont prêtées à merveille à l’attrait et à l’embellissement de cette renaissance, elles ont multiplié l’éclat des fêtes particulières ; elles n’ont même pas absolument dédaigné ces tourbillons, moins étroits, mais plus enivrants, où la foule enhardit et protège le mystère. à la blancheur suave du cou et aux lignes voluptueuses de plus d’une pose indécise, il était aisé, jusque sous le masque, de saisir la curiosité de l’aristocratique beauté qui se confiait là, pour la première fois, à quelque guide heureux et fier : c’était une nuance nouvelle en ces sortes de lieux que de suivre ainsi un embarras charmant, dissipé à mesure. […] Il s’est délassé, cette fois, de la passion sérieuse en persiflant méchamment les pauvres amoureux qui s’éprennent de fantastiques beautés brunes, aux yeux verts et transparents, aux lèvres minces, fines et pâles, aux rares paroles, au profil mélancolique et sévère.
La Renaissance des lettres s’était faite en France sous l’influence immédiate de l’Italie, et, après l’effort tenté par Ronsard pour reproduire la beauté des modèles antiques, la poésie était, à la fin du siècle, retournée insensiblement à l’imitation des Italiens. […] Paris attirait les étrangers, qui ne venaient pas seulement en dévorer les beautés extérieures et les plaisirs publics : ils voulaient vivre de sa vie, être admis dans ces salons que toute l’Europe connaissait, et dont ils gardaient toute leur vie l’éblouissement.
Une fois, il déclare superbement : « J’ai trouvé la définition du beau, de mon beau à moi. » Et il écrit deux pages pour nous dire qu’il ne conçoit pas la beauté sans mystère ni tristesse ; mais il ne l’explique pas, il ne saurait. […] Toutes les femmes que les poètes ont aimées et ; dont ils ont chanté l’incomparable beauté ; depuis la maîtresse d’Anacréon jusqu’à celle de Baudelaire, en passant par Délie, Cynthie, Béatrix, Laure, Cassandre, Elvire… — si nous les avions sous les yeux telles qu’elles ont été, qui sait ?
L’œuvre est d’une beauté moins perverse (je parle ici comme un cœur simple). […] Antistius finit par reconnaître qu’avec ses bonnes intentions il a fait plus de mal que de bien, et qu’il « a porté préjudice à la patrie, laquelle repose en définitive sur des préjugés généralement admis. » Mais, si la réalité ne démentait pas son rêve, il ne croirait pas, il serait sûr, et la certitude abolirait la beauté et la grandeur de son effort.
» Et plus loin : «… Votre âme n’est pour moi que l’odeur de votre beauté. […] Ils s’aiment plus voracement sur la cendre des morts, plus harmonieusement parmi les images fanées de la beauté parfaite, plus solennellement parmi les témoignages de l’éternelle et divine inquiétude des cœurs.
Toutes ces publications avaient comme point commun le mépris de la littérature officielle et la recherche d’une Beauté nouvelle. […] Il le fait avec une spontanéité discrète qui rehausse la « beauté du geste ».
Parvenu à l’adolescence, le héros « à l’épaule d’ivoire » s’achemina vers Pise en Élide, attiré par la beauté renommée d’Hippodamie, fille d’Oenomaos. […] Il exigeait encore qu’Hippodamie montât sur le char de l’amant qui luttait pour elle, sûr que sa beauté le distrairait de la course, et que ses regards seraient comme les pommes d’or lancées sur le sable, qui retardèrent Atalante se baissant pour les ramasser.
L’abbé d’Aubignac & Ménage, après avoir discuté, dans une conversation qu’ils eurent ensemble au jardin du Luxembourg, les beautés de détail des comédies de Térence, passèrent à la contexture de ses pièces. […] Après en avoir analysé les beautés & les défauts, il trouve que l’Heautontimoruménos n’étoit pas dans les règles du théâtre.
Dans ce beau drame de la coquetterie aux prises avec l’honneur d’un galant homme, Célimène est seule, sans autre défense que son esprit, sans autre protection que sa beauté. […] On vient, tout exprès chez cette beauté à la Mode, pour la voir, tout exprès pour l’entendre ; elle, de son côté, elle ne songe qu’à montrer beaucoup d’esprit et un charmant visage ; quant au cœur, peu lui importe !
En vain un de nos plus beaux esprits a-t-il prétendu, qu’on ne doit avoir égard dans les vers qu’à la beauté du sens, à la clarté et à la précision avec laquelle il est rendu ; et que ces conditions une fois remplies, on doit se consoler que l’harmonie en souffre. Il est facile de lui répondre par l’exemple des grands maîtres, qui ont su allier dans leurs vers la beauté du sens à celle de l’harmonie.
L’amitié est un sentiment trop viril pour subsister jamais dans une âme de femme ; et quand même, entre hommes, éclate cette chose rare et sublime, il n’y a qu’un homme du plus mâle génie, qui, comme Otway dans Venise sauvée, puisse en montrer toute la beauté et la grandeur. […] L’analyse la plus attentive et la plus patiente se perdrait dans cet enchevêtrement d’incidents que rien n’explique, si ce n’est le train des choses, — ce hasard des circonstances, qui peuvent très bien exister — c’est vrai, — aussi bêtes ou aussi étranges que cela, dans la vie, mais qui, dans une œuvre littéraire, n’ont pas le droit de se montrer dans leur bêtise ou leur étrangeté natives, comme dans la vie, puisque l’art, c’est la vie arrangée, sublimée par l’intelligence, en vue d’obtenir un effet quelconque de puissance, de pathétique et de beauté !
La force parvenant à produire l’harmonie et les effets de la beauté, tel est le caractère de la Grèce antique dans les individus et dans les peuples. […] Platon, qui, comme tête politique, est bien au-dessous d’Aristote, l’utopiste Platon, qui avait la beauté symbolique du langage si cher à ces Grecs, avait pour leur démocratie la répugnance des esprits délicats ; mais comme l’impuissance politique des Grecs ne venait pas seulement de cette démocratie tapageuse, il trouva Syracuse aussi dure et aussi sourde qu’Athènes, malgré l’engouement des Denys, ces Frédéric de Prusse de la Grèce.
Il a la bravoure d’un soldat et la beauté d’un capitaine, mais c’est tout. […] Le génie chrétien de sa race assista Montmorency à son heure suprême, et lui communiqua une idéale beauté morale dont le beau superficiel ne se doutait pas !
Aucun des côtés, déformés par la Calomnie, de cette honnêteté héroïque (le mot y est et l’épithète aussi), n’a échappé à Hippolyte Babou, qui a redressé et rectifié les lignes de cette majestueuse et touchante figure abîmée par d’imbéciles iconoclastes historiques, et qu’il a rétablie dans sa beauté première… J’espère bien qu’après cela on n’y touchera plus ! […] N’est-ce que le caprice du talent, tenté par un sujet d’une beauté infiniment difficile pour une plume de ce temps ?
Pour les Grecs et pour les Romains, il n’y a que la Beauté et que la Patrie. […] — un anachorète à Caprée, farouche comme Hippolyte, dont il eut la beauté et dont il n’a plus la jeunesse ; un Tibère contre la vertu terrassante duquel on n’a pour toute ressource que le buste de la Galerie de Florence.
Bien avant ce livre, du reste, et avant moi, en 1862, un écrivain catholique, que les hommes du monde appelleraient « un voyant » en matière humaine et littéraire, et les esprits religieux « un mystique » de surnaturelle pénétration, Ernest Hello, avait montré, dans un très beau et très touchant travail de critique, que Michelet était chrétien dans la racine même de son être, et comment le christianisme naturel qu’il avait tout fait pour s’arracher de l’âme aurait, s’il l’y avait laissé, donné à son talent toute la beauté de sa destinée. […] Mais ne soyons pas dupes de leur beauté !
Du Clésieux, dans son poème, est resté jusqu’à la dernière page et jusqu’à son dernier vers dans la beauté du sentiment chrétien le plus pur, et cette beauté s’ajoute à celle de l’émotion humaine qui fait palpiter tout son poème, comme un cœur vivant… IV Rien de plus simple que ce roman en vers qui pourrait bien être une histoire, et cette simplicité est si grande que la donnée du poème peut se raconter en deux mots… Le héros du livre, qui n’est pas nommé dans le poème, l’amant d’Armelle, est un Childe Harold de ce temps où toute âme un peu haute est plus ou moins Childe Harold, et n’a pas besoin d’aller au fond de toutes les coupes que nous tend le monde pour s’en détourner et revenir à la solitude, — et pour s’essuyer, comme un enfant à la robe de sa mère, de ses souillures et de ses dégoûts, à la Nature.
Il n’y a de durée et de beauté réelle dans la poésie qu’à ce prix. […] … Quelques stances de cet Ariel de la poésie, de cet Hégésippe mort dans le premier duvet de fleur de son génie, dureront davantage, chastes beautés idéales, préservées par leur pure immatérialité !
À présent que le temps a marché, qu’Ahasverus s’est vidé, racorni et momifié dans sa poussière, à présent que la raison qui juge les œuvres, ou, du moins, s’inquiète de leur vraie et éternelle beauté, a remplacé, dans nos esprits, les entraînements plus sensibles qu’intelligents de nos jeunesses, demandons-nous ce que vaut cet Ahasverus, réveillé, sous le nom de Merlin, de son sommeil d’Épiménide ? […] Quinet n’était pas de force, comme M. de Vigny, à attacher un rayon oublié par Milton, sont des êtres surnaturels et symboliques, des généralités exsangues, aussi froides et aussi vides, aussi impersonnelles enfin, que si vous les nommiez la Sagesse, la Beauté, la Force physique, la Perversité.
Quant à ce qui est de l’analyse et des méthodes de travail du poète, elles nuisent toujours à la beauté synthétique de son œuvre. […] cette beauté du poète, que l’édition actuelle, avec les appesantissements et les vulgarités de sa notice et les têtes d’épingles d’érudition de ses notules, n’a pas assez respectée.
Elle n’était dans aucune tradition connue, dans aucun accent appréciable, sinon dans le sien… Elle avait le grand caractère virginal et divin de la Poésie dans sa pure beauté absolue. […] Quelque chose de plus simple et de plus savant dans sa simplicité, de plus un et de plus complet, de plus « sphérique », enfin, comme disait Platon quand il parlait de la beauté accomplie ?
Ce grand linguiste, qui aimait la langue française comme on aime une personne, et qui, dans les moules vidés de Rabelais, de Montaigne, de Régnier, versait son jeune sang tout bouillant de génie et transfusait sa sève inspirée ; cet artiste désintéressé de tout, excepté de la Beauté possible, de la Beauté cherchée, après laquelle il courait, un flambeau dans la main, comme le Coureur antique, eut la douleur de voir sa perle roulée dans un oubli qui est la fange pour les œuvres de l’esprit humain, sous l’ignoble groin des pourceaux.
Or, ce qui explique la tristesse de la physionomie de ce Fort, qui n’était pas fait naturellement pour la tristesse, a nui jusqu’à sa beauté morale dans la mort. […] Son chroniqueur, qui fut, je crois, le témoin de ses funérailles, dit qu’il faudrait être Shakespeare pour en retracer la beauté.
Comme Hugo dans Ruy Blas, c’est par la beauté de la catastrophe et par l’horreur du dénouement que Corneille a été séduit dans Rodogune. […] l’un des plus dramatiques assurément qu’il y ait, si toutefois l’atrocité des situations et la mesure de la beauté d’un drame. […] Et ne me dites pas qu’il n’y avait rien de plus facile ; que les beautés d’une œuvre s’aperçoivent et se sentent d’abord ; qu’un autre les eût vues comme lui ! […] de vous dire une fois de plus quelle en est la singulière beauté ? […] Sensible comme il l’était aux beautés de ces sujets grecs, serons-nous bien téméraires de croire qu’il a voulu montrer à Quinault comment on les devait traiter ?
Un Dieu moissonne les adolescents de génie et les belles jeunes filles, afin que ses élus soient un jour réjouis par leur beauté et par leurs chants ; et le printemps éternel sera fait de ces printemps humains brusquement interrompus… Je livre cette idée consolante et déraisonnable à quelque poète spiritualiste.
Et c’est le lointain au-delà du lointain… » Et sûrement l’on goûtera, dans les quelques pièces que nous donnons dans les Poètes d’aujourd’hui, les beautés tristes, voilées et presque muettes qu’à tout instant elles montrent.
Le troisième chant, qui a pour objet la nature de l’homme, est terminé par un épisode un peu surchargé de détails, mais où les beautés compensent les défauts.
Il paraît vraiment, et par ces citations mêmes, que l’âge du didactisme soit clos à jamais ; c’est une conception contradictoire que de prétendre en même temps à l’exactitude scientifique et à la beauté pittoresque qui est d’un autre ordre.
Dans La Belle au bois dormant, le poète récrit en fort jolis vers le vieux conte féerique allégorisant sous ces personnages de fiction naïve l’amour et la vie dans leur beauté simple.
Camille Mauclair, littérairement, a touché à tout, et l’on peut dire qu’il n’est pas de beautés ni d’idées qu’il n’ait goûtées et comprises, ni de façons de sentir et de penser auxquelles il ne se soit prêté pour nous en donner ensuite, soit en des poèmes, soit en des conférences, soit en des essais de métaphysique ou d’esthétique, soit en des études de critique, soit encore en des romans ou en des contes, sa notation propre et toujours intéressante.
Émile Faguet Joseph d’Arimathée n’est pas précisément un drame, c’est une étude psychologique très attentive et très fine sur l’état d’esprit des premiers adeptes d’une religion et sur la manière dont un sentiment religieux se forme et se développe peu à peu dans les âmes… J’ai déjà dit qu’il n’est point du tout dramatique, et qu’il ne pourra jamais, au théâtre, soutenir et retenir l’intérêt d’un public un peu nombreux ; mais, comme étude psychologique, Joseph d’Arimathée est excellent… Il s’y trouve de grandes, de profondes beautés.
Le génie de Corneille triompha des efforts de l'autorité, & le crédit du Ministre ne servit qu'à procurer une excellente Critique, qui fit encore mieux sentir les beautés de cette Tragédie.
Or, Messieurs, remarquez-le, ceux des écrivains qui ont su peindre les beautés de la nature, qui ont su rendre le charme de la campagne, c’est qu’ils y ont vécu tout enfants. […] Voilà déjà, par conséquent, un premier trait, celui de ce sentiment des beautés de la nature. […] Lamartine a lu Jean-Jacques Rousseau : il lui a emprunté sa théorie de la beauté de la nature. […] Il est beau, il a cette beauté du visage dans laquelle nous aimons à voir un reflet de la beauté de l’âme. […] Lamartine a une des têtes les plus admirablement inspirées qu’on puisse imaginer ; Victor Hugo avait de la beauté, de la noblesse dans les traits ; Alfred de Vigny avait quelque chose de délicat, de fin ; Musset était séduisant ; Théophile Gautier avait une véritable beauté plastique ; François Coppée, une tête de médaille ; Sully Prudhomme, un charme de grâce, de rêverie.
Daudet ne connaît pas la beauté d’un trait juste et sûr. […] Il n’en sait rien, ne sachant rien d’elle que sa beauté. […] Son interprétation de la beauté diffère de celle que nous ont laissée les Grecs. […] Désormais il vivra pour la contempler dans sa beauté immuable et changeante. […] Leconte de Lisle, et ils eu savent qui ont la beauté plastique de ceux de M.
L’autre jour, chez la princesse, nous mettions, dans sa voiture, en l’éclat de toute sa jeune beauté, Mlle R***. […] * * * — La beauté du visage ancien était la beauté de ses lignes ; la beauté du visage moderne est la physionomie de sa passion. […] * * * — Quelle assurance la beauté donne à un enfant. […] 30 août La passion des choses ne vient pas de la bonté ou de la beauté pure de ces choses, elle vient surtout de leur corruption. […] Leurs ébats en pleine Seine étaient caressés par le soleil levant, et leur beauté fumait dans l’aube.
Le poète se considère comme un Breton venu du Midi et qui y retourne… Sa poésie est toute pleine de bons sentiments qu’il propose, d’idées et de visées qui ennoblissent, d’images qui observent l’austère beauté.
Un goût souverain de l’art, un amour à la fois religieux et mélancolique de la beauté, une sorte de mysticisme nihiliste, de désenchantement enthousiaste et comme un vertige de mystère, donnent à sa poésie un charme composite, inquiétant et pénétrant comme celui des tableaux de Burne-Jones et de la musique tzigane, des romans de Tolstoï et des lieds de Heine.
Inimitable d’individualité, d’on s’élance la clameur sainte de beauté des pèlerins de Sainte-Anne-de-la-Palud, et d’où l’on entend l’ironique grelot tintant si souvent aux poitrines qui ont intimement souffert.
Paul Adam À la représentation d’Antonia, les dames du balcon étaient bien les sœurs de ces misérables filles, rendues malades de rire, par la beauté d’un costume inhabituel.
Il faut cependant rendre justice à quelques Strophes, & sur-tout à celle-ci, dont le quatrieme Vers paroîtra très-heureux : Qu’on te bénisse dans les Cieux, Où ta gloire éblouit les yeux, Où tes beautés n’ont point de voiles, Où l’on voit ce que nous croyons, Où tu marches sur les étoiles, Et d’où jusqu’aux Enfers tu lances tes rayons.
De là un combat éternel, dont l’imagination peut tirer une foule de beautés.
C’est précisément le contraste des vertus religieuses et des vertus guerrières, de l’humilité chrétienne et de la grandeur royale, qui fait ici le dramatique et la beauté du tableau.
Pour nous apprendre l’inénarrable puissance de ce secret, Wagner nous montre d’abord la beauté ineffable du sanctuaire, habité par un Dieu qui venge les opprimés, et ne demande qu’amour et foi à ses fidèles. […] Si Dante, pour nous faire concevoir les béatitudes des dernières sphères du paradis en même temps que leur beauté, compara les chœurs des âmes bienheureuses groupées et pressées en innombrables multitudes, aux feuilles d’une rose s’inclinant toutes vers le même centre, nous oserons peut-être dire, ne pouvant traduire que par une autre image l’impression laissée par ce chant qu’on croirait descendre des mystérieuses hauteurs de l’Empyrée, qu’elle ressemble à l’ascétique ivresse que produirait sans doute en nous la vue de ces fleurs mystiques des célestes séjours, qui sont tout âme, toute divinité, et répandent un frémissant bonheur autour d’elles. […] L’essence des choses se révèle à lui, apparaissant dans la splendeur sereine de sa Beauté. […] Mais, là, surtout, évitons d’évoquer le souvenir écrasant du second acte du Crépuscule des Dieux, d’une beauté si sublime, si terrifiante ! […] Beethoven par Richard Wagner (Suite) Si nous revoyons en arrière le progrès artistique que la musique a fait par Beethoven, nous pourrons faire surtout consister ce progrès en ce que Beethoven a donné à la musique une propriété que l’on croyait devoir, auparavant, lui refuser ; et cette propriété, acquise, a conduit la musique bien loin au-dessus du pur service de la beauté esthétique, jusque dans la sphère du Très-Haut ; et dans cette sphère, l’art des sons devait être, enfin, délivré de tout enchaînement sous les formes traditionnelles ou conventionnelles, délivré au moyen d’une pénétration et animation complète de ces formes par le génie le plus intime de la musique.
Et remarquez qu’en ce drame vide de psychologies, le texte littéraire (et songez contrairement la beauté littéraire d’un Rheingold) est « littérairement » sans valeur : sommaire, tout d’indications, n’existant qu’en tant que glose — et d’ailleurs admirable tel. […] » dans l’âme s’éveillent les consciences sommeillantes ; et le désir se fait conscient : Beauté ! beauté ! […] Klingsor : Jouir de la beauté prisonnière, liée, foulée, maculée et du viol : jouir de l’idéal avili sous ma turpitude. […] Qu’elle est vaine, cette beauté !
On peut mal lire et sentir profondément les beautés d’une œuvre. […] Le goût est la faculté de sentir les beautés et les défauts d’un ouvrage. […] Le goût seul éclaire la lecture, montre les beautés et les défauts. […] Lamothe Le Vayer pensait qu’il était plus louable d’emprunter des beautés littéraires aux Anciens qu’aux Modernes. […] Aussi bien y a-t-il là une source féconde de beautés dont les jeunes écrivains ne tireront pas un médiocre avantage
De par son impérieuse et subtile influence, tous les sentiments humains s’enrichissent d’une plénitude de beauté. […] René Boylesve un moment nouveau de grave, profonde et mystérieuse beauté. […] Mais c’est à Versailles qu’il faut aller pour saluer en toute sa beauté le noble spectacle qu’est, pour les yeux et pour l’esprit, un jardin à la française ! […] Il a un sens en même temps qu’une beauté. […] Corpechot, sort de la condition de ses ancêtres, se fixe dans une profession dont il entrevoit la beauté et trouve l’emploi de son génie. » Trois années auparavant, il s’était marié.
Ce que les cornes sont pour le buffle, ce que la griffe est pour le tigre, ce que l’aiguillon est pour l’abeille, ce que la beauté, selon la vieille chanson grecque, est pour la femme, la ruse et la perfidie le sont pour le Bengalais. […] En ces occasions, ses écrits n’ont été protégés contre l’extrême mépris et l’extrême dérision que par la beauté et la pureté du style. […] Et heureux les hommes, qui, ayant osé la recevoir sous sa forme effrayante et dégradée, seront enfin récompensés par elle au temps de sa beauté et de sa gloire1378 ! […] Là, Siddons, dans toute la fleur de sa majestueuse beauté, regardait avec émotion une scène qui surpassait toutes les imitations du théâtre. […] Il a porté dans cette œuvre une méthode nouvelle d’une grande beauté, d’une extrême puissance : le succès a été extraordinaire.
Il ne le voulut point, jugeant toutes langues également capables de clarté et de beauté. […] Et de là, précisément, lui vient son étrange beauté. […] D’autres fois, il lui a opposé la beauté plus haute d’une âme naïve et d’un cœur charitable. […] La beauté et la bonté lui sont apparues comme des réalités plus réelles que l’intelligence. […] L’originalité extérieure est chose de si faible poids, en comparaison de la perfection et de la beauté !
Pour cette seule raison de la beauté de l’impression, nous regretterions que M. […] vois la rapidité de cet astre qui jamais n’arrête ; il vole et le temps fuit, l’occasion s’échappe, ta beauté, ta beauté même aura son terme ; elle doit décliner et périr un jour. […] Oui, je le sais, « à la critique stérile des défauts », ce siècle a substitué « la critique féconde des beautés ». Mais ce qui est certain, c’est qu’il est plus facile de se préserver des défauts d’Hugo que d’imiter ses beautés. Ce qui est encore plus certain, c’est que la prétention d’imiter les beautés des maîtres n’en a jamais produit que des caricatures.
Dans une œuvre littéraire, poème, drame ou roman, nous y trouvons d’abord ce que nous y apportons de nous-mêmes, ce que nous y mettons de notre fond ; et, en ce sens, comme on l’a dit, nous en faisons la beauté. […] Ainsi procèdent « les gens du monde », à qui leur « goût » tient lieu de compétence et d’étude, et qu’on voit décider de la pièce ou du roman du jour sur la beauté des choses qu’ils trouvent eux-mêmes à en dire. […] Elle ne fait pas seulement une grande part de la beauté de la conception ; elle ne donne pas seulement, en général, au vers de M. […] Là, dans cette complexité, est la puissance, la beauté, la profondeur du symbole. […] Spronck, se sont faits les chanteurs de la nature ou de l’humanité, de la beauté plastique ou de la beauté morale, de l’amour terrestre ou de l’amour divin.
Mais si la plupart des œuvres de Mme Sand ont cette beauté poétique sans laquelle les autres beautés de l’art ne sauraient avoir tout leur lustre, le poète n’envahit pas chez elle le romancier. […] Les philhellènes eux-mêmes auraient pu trouver matière à se consoler en goûtant des beautés et des grâces de style dont ils avaient le droit de faire remonter l’origine première à la patrie de la grâce et de la beauté. […] Vos courtisanes élégantes, leur beauté les protège encore à vos yeux et aux nôtres. […] Si, au sentiment très vif de la beauté, il joignait un goût tout à fait pur, il léguerait des modèles. […] L’attention minutieuse, donnée aux plus petites choses n’enlève rien à la beauté des vastes tableaux d’ensemble.
Nous la pensons dédicatoire de beauté, et les lignes sont flexueuses et tendres, entre lesquelles il la limite.
Nul n’a mieux que lui incarné la lutte du bien et du mal, des ténèbres et de la clarté, de la laideur et de la beauté.
Ce que je puis affirmer cependant, c’est la beauté de l’œuvre de M.
L’un et l’autre ont leur empire, leur raison, leur beauté.
Cette prédilection pour les beautés de la forme poussée jusqu’à une sorte d’insouciance pour la solidité du fond, nous la retrouvons à des degrés divers dans tous les ouvrages de l’auteur.