Il ne fut qu’un contemplateur studieux ; il n’entretint jamais le beau monde de ses pensées ou de ses passions intimes, dans un temps où le génie faisait volontiers de ses petits secrets personnels des événements publics. […] Le casque, ni l’émail croisé du haubert, ni même ta vaillance, ô tyran, ne réussiront à préserver en secret ton âme des terreurs nocturnes et des malédictions de Cambria, des pleurs de Cambria.
Comment trouver dans ces amours multiples une logique, une harmonie secrètes ? […] Aussi les rapports secrets, qui unissent les choses les plus disparates, lui échappent-ils souvent. […] Il laisse entendre qu’il est seul ou presque seul à posséder certains secrets. […] Mais l’ardeur qu’il porte dans la réfutation trahit le secret plaisir qu’il y trouve. […] Ne serait-ce pas aussi le secret de sa prédilection pour ce faisandé qui fut Baudelaire ou pour ce malade qui fut Amiel ?
Il s’est jeté d’abord dans les bras d’Aguado le Mécènes, qui voulait en faire quelque chose, mais qui est mort emportant son secret et ses écus ; — puis il vient de se remettre entre les mains de M. de Castellane, le même qui a un si grand goût pour les théâtres de société, pour les académies de femmes, pour le bel esprit à tout prix. — Avec M. de Castellane sont arrivés des légitimistes comme M.
. — L’artiste initié au secret divin de l’art entend la voix de la nature qui raconte ses mystères infinis par les arbres, par les plantes, par les fleurs, par les eaux et par les montagnes.
Ils n’ont point encore de littérature formée : mais quand leurs magistrats sont appelés à s’adresser, de quelque manière, à l’opinion publique, ils possèdent éminemment le don de remuer toutes les affections de l’âme, par l’expression des vérités simples et des sentiments purs ; et c’est déjà connaître les plus utiles secrets du style.
Voilà le secret de cette élégie tragique de la Jeune Captive, qui ne ressemble en rien à cette famille d’élégies grecques que nous avons lues plus tard dans ses œuvres.
La gloire du maître de la comédie n’a, du reste, rien perdu à ces investigations, et l’admiration qu’il inspire n’a fait que s’accroître, à mesure qu’on a pénétré la plupart de ses secrets.
Il faut encore observer que le signe eau contient une force secrète rigoureusement attachée au groupe des trois lettres qui le déterminent ; il représente à la fois le son o et le son el 65.
Celui que ce livre nous confesse est atteint plus profondément que dans son intelligence ; il est malade de la volonté et de la sensibilité, il se sait vaguement frappé au centre de son être et s’entend à démêler dans la contemplation de sa ruine morale les plus secrets symptômes.
Albalat a demandé le secret du stylo… Quel profit on peut tirer d’une pareille tâche !
Tes éloges, tes panégyriques sont nos champs cultivés, nos villes heureuses, la prière secrète du père de famille aux pieds des autels, le vieillard qui lève ses mains au ciel pour remercier les dieux d’avoir prolongé ta vie.
La foule a couru vers cet homme, parce qu’il lui parlait d’elle, de ses misères secrètes ou publiques. […] Seulement, savez-vous le secret de cet homme ? […] Une secrète unité rattache les généralisations maladroites et rudimentaires des illettrés aux spéculations des maîtres. […] Les plis d’un vêtement leur révèlent les secrètes particularités et la physiologie d’un corps. […] Le secret résidait dans cette incapacité de plus en plus grande à saisir un objet réel.
Il flatte ainsi les instincts secrets et puissants de tout le monde. […] La réputation de cet homme, qu’on ne lit pas depuis soixante ans, indique bien l’influence secrète et sourde qu’il a exercée sur nos pères. […] La liberté n’est pas primitive en l’homme ; il n’a que la force secrète de la conquérir ; mais il la conquiert. […] mais Dieu doit y avoir laissé la marque de sa volonté, et cette volonté étant une, nous aurons du même coup le secret du dessein de Dieu sur nous. […] — Car, remarquez, c’est le secret de l’histoire, c’est, partant, le secret des variations de l’homme que vous demandez à qui ?
Il en éprouve même une satisfaction secrète dans la partie de son âme que la passion de gouverner n’a pas encore gâtée. […] Jusque dans l’aveu de mon incompétence perçait une secrète complaisance pour ma raison. […] Il est vrai que, dans son fond, il ne la soupçonnait pas de receler des secrets qui pussent mettre Dieu en danger. […] La chose a servi aux uns de couverture pour leur abstention, sinon pour les secrètes joies de leur jalousie ; aux autres de couleur pour leur usurpation bâtarde. […] Qu’ils chantent entre eux leur pœan, avec l’accompagnement lointain des chœurs de certains neutres, complices secrets de leur guet-apens !
Si deux fois la chute de son parti semble abattre ou retarder sa fortune, il se tient debout sans beaucoup d’effort, par réflexion et sang-froid, préparé aux événements, acceptant la médiocrité, assis dans une tranquillité naturelle et acquise, s’accommodant aux hommes sans leur céder, respectueux envers les grands sans s’abaisser, exempt de révolte secrète et de souffrance intérieure. […] Mon cœur se fondait dans un secret ravissement… Le Génie me conduisit alors vers la plus haute cime du roc et me posa sur le faîte. […] Ne juge pas que l’homme ait été fait en vain, puisqu’une telle éternité lui a été réservée. — Je contemplai avec un plaisir inexprimable ces îles bienheureuses. — Maintenant, dis-je au Génie, montre-moi, je t’en supplie, les secrets cachés derrière ces noirs nuages qui couvrent l’Océan de l’autre côté du roc de diamant. — Comme le Génie ne me répondait pas, je me tournai pour lui faire une seconde fois ma demande, mais je trouvai qu’il m’avait quitté. […] My heart melted away in secret raptures… He then led me to the highest pinnacle of the rock, and placing me on the top of it : Cast thy eyes eastward, said he, and tell me what thou seest. — I see, said I, a huge valley, and a prodigious tide of water rolling through it. — The valley that thou seest, said he, is the vale of misery, and the tide of water that thou seest is part of the great tide of eternity. — What is the reason, said I, that the tide I see rises out of a thick mist at one end, and again loses itself in a thick mist at the other ? […] At length, said I, show me now, I beseech thee, the secrets that lie hid under those dark clouds which cover the ocean on the other side of the rock of adamant.
Il faut avoir été initié, soit par la pratique personnelle, soit par la fréquentation intime des hommes d’État, aux secrets de la politique, car c’est de la politique surtout que traite l’histoire. […] En effet, avec ce que je nomme l’intelligence on démêle bien le vrai du faux, on ne se laisse pas tromper par les vaines traditions ou les faux bruits de l’histoire ; on a de la critique ; on saisit bien le caractère des hommes et des temps, on n’exagère rien, on ne fait rien de trop grand ou trop petit, on donne à chaque personnage ses traits véritables ; on écarte le fard, de tous les ornements le plus malséant en histoire, on peint juste ; on entre dans les secrets ressorts des choses, on comprend et on fait comprendre comment elles se sont accomplies ; diplomatie, administration, guerre, marine, on met ces objets si divers à la portée de la plupart des esprits, parce qu’on a su les saisir dans leur généralité intelligible à tous ; et, quand on est arrivé ainsi à s’emparer des nombreux éléments dont un vaste récit doit se composer, l’ordre dans lequel il faut les présenter, on le trouve dans l’enchaînement même des événements ; car celui qui a su saisir le lien mystérieux qui les unit, la manière dont ils se sont engendrés les uns les autres, a découvert l’ordre de narration le plus beau, parce que c’est le plus naturel ; et si, de plus, il n’est pas de glace devant les grandes scènes de la vie des nations, il mêle fortement le tout ensemble, le fait succéder avec aisance et vivacité ; il laisse au fleuve du temps sa fluidité, sa puissance, sa grâce même, en ne forçant aucun de ses mouvements, en n’altérant aucun de ses heureux contours ; enfin, dernière et suprême condition, il est équitable, parce que rien ne calme, n’abat les passions comme la connaissance profonde des hommes. […] « L’intelligence est donc, selon moi, la faculté heureuse qui, en histoire, enseigne à démêler le vrai du faux, à peindre les hommes avec justesse, à éclaircir les secrets de la politique et de la guerre, à narrer avec un ordre lumineux, à être équitable enfin, en un mot à être un véritable narrateur. […] Toutefois, gardant pour lui seul le secret de ses préférences, feignant d’ignorer les fautes de Kléber, il traita pareillement Kléber et Desaix, et voulut, comme on le verra bientôt, confondre dans les mêmes honneurs deux hommes que la fortune avait confondus dans une même destinée. » Glissons sur la triste capitulation de l’armée d’Égypte, sans chef, sans secours, sans communications avec la mère patrie : leçon terrible, mais leçon perdue pour ces politiques d’aventures qui rêvent des colonies immortelles sans posséder les mers, seules routes et seules garanties de ces colonies. […] Nous ne l’en blâmons pas ; il est permis à l’homme qui a consumé la meilleure part de sa vie à exceller à la tribune et à dominer au conseil, à grouper ou à déjouer les factions, à remuer les passions politiques qui sont les vents de sa voile ; il est permis, disons-nous, à un tel homme de se contempler dans les autres, ou de chercher en lui-même le secret des mobiles qui ont dirigé, servi ou perdu les empires.
V Pendant ce temps-là, bien que vous m’eussiez vu à l’œuvre, et, entre autres jours, le 16 avril 1848, le plus beau jour, le jour du salut, le jour encore mystérieux de ma vie publique, le jour que des calomnies qui seront confondues à leur heure ont cherché à tourner contre moi et dont ils ont voulu me dérober l’honneur et la résolution, bien que ces calomniateurs n’en sachent pas même encore la cause et le secret ; bien que, reconnu par vous au moment où, déguisé, j’échappais à mon triomphe, vous m’ayez dit à l’oreille, enlevé par l’enthousiasme de la bienveillance, un de ces mots que je n’ai jamais oubliés, jamais cités, et qui prouvaient plus que de la justice pour moi dans votre cœur, que faisiez-vous ? […] Et son front et ses yeux ont gardé le mystère De ces chastes secrets qu’une femme doit taire. […] Quant à vous, jeune entre ces deux vieillards, serviteur empêché de ces deux faiblesses, vous me parûtes un jeune Grec dévoué par bon goût à la vieillesse et au génie, entre Platon vieilli et une belle ombre d’Athénienne, recueillant sur les lèvres d’un siècle mourant les traditions du passé et les secrets de l’avenir. […] XV Mais voilà sous ma main un second volume de poésies, intitulé les Consolations, qui me donne à peu près le secret de cette vie mystérieuse et séquestrée du monde. […] De là mille larmes encore, mais délicieuses et sans amertume ; de là mille joies secrètes, mille blanches lueurs découvertes au sein de la nuit ; mille pressentiments sublimes entendus au fond du cœur de la prière, car une telle âme n’a de complet soulagement que lorsqu’elle a éclaté en prière, et qu’en elle la philosophie et la religion se sont embrassées avec sanglots.
Combien de regrets, de désirs, d’espérances, qu’on ne peut dire à personne, soit qu’on manque de mots pour s’en parler à soi-même, soit qu’il n’y ait aucune amitié dans ce monde pour en recevoir le secret, et qui néanmoins ne laissent pas de peser sur le cœur ! […] S’il est un morceau, dans les deux pièces de début de Racine, qui révèle son génie, c’est ce couplet d’Antigone, où, malgré quelque uniformité dans le tour, et un certain manque de couleur poétique, on reconnaît, à la douceur et à la grâce des vers, ce cœur auquel toutes les passions humaines semblent avoir dit leur secret : Je m’en souviens, Hémon, et je vous fais justice ; C’est moi que vous serviez en servant Polynice : Il m’était cher alors comme il l’est aujourd’hui, Et je prenais pour moi ce qu’on faisait pour lui. […] Les nuances les plus délicates font de ces quatre jeunes filles quatre personnages très divers28 ; sœurs par la timidité, par ces sentiments contenus, voilés, dont Racine a eu seul le secret et le langage. […] Monime, une fois sa vertu satisfaite, redevient femme et amante ; elle pense à Xipharès, dont elle a trahi le secret : Et quand il n’en perdrait que l’amour de son père, Il en mourra, seigneur32… Mot sublime, dans cet ordre de pensées délicates et de vérités de cœur, où Racine est sans égal comme sans modèle. […] On veut apprendre d’Auguste ce que son âme profonde renfermait de pensées secrètes, d’ambition combattue, de fatigues et d’ennuis, dans la plus grande jalousie du pouvoir ; on veut savoir ce que c’est qu’un fondateur d’empire.
Mille ressources, mille secrets se découvrent en vous pour souffrir. […] Jeudi 21 août … Au milieu du dîner rendu tout triste par la causerie qui va et revient sur la morte, Maria, qui est venue dîner ce soir, après deux ou trois coups nerveux, du bout de ses doigts, sur le crêpage de ses blonds cheveux bouffants, s’écrie : « Mes amis, tant que la pauvre fille a vécu, j’ai gardé le secret professionnel de mon métier… Mais maintenant qu’elle est en terre, il faut que vous sachiez la vérité. » Et nous apprenons sur la malheureuse des choses qui nous coupent l’appétit, en nous mettant dans la bouche l’amertume acide d’un fruit, coupé avec un couteau d’acier. […] Elle entretenait des hommes, le fils de la crémière, auquel elle a meublé une chambre, un autre auquel elle portait notre vin, des poulets, de la victuaille… Une vie secrète d’orgies nocturnes, de découchages, de fureurs utérines qui faisaient dire à ses amants : « Nous y resterons, elle ou moi ! […] Oui, oui, une fermeture de tous ces affreux secrets, cachés et renfoncés en elle, sans une échappade à nos yeux, à nos oreilles, à nos sens d’observateur, même dans ses attaques de nerfs, où rien ne sortait d’elle que des gémissements : un mystère continué jusqu’à la mort et qu’elle devait croire enterré avec elle. […] Une célébrité médicale que ce Procureur, une de ces lumières de la science de guérir inofficielles et populaires à la façon des rebouteux, un de ces hommes sans études, sans lectures, mais qui semblent nés dans les secrets de la nature, qui soignent par instinct, qui sauvent par illumination, qui ont le miracle en main.
Il ne chante le plus souvent que les angoisses de son cœur ; mais il le fait avec une telle intensité de pensée et de style que ses cris de douleur deviennent comme impersonnels, et se transforment ainsi en chefs-d’œuvre, où nous reconnaissons nos propres souffrances, nos secrètes convoitises, les passions de tous les siècles et de toute la terre. […] Pour moi, ceux vers qui m’orientent surtout de secrètes affinités, ceux dont l’âme me paraît cadrer le mieux avec le ciel en demi-teinte de mon pays wallon, ce sont Verlaine, Rodenbach et Samain. […] Certes j’admire Hugo pour ses imageries somptueuses, son souffle d’ouragan, sa belle allure épique, mais d’autres ont mieux su émouvoir les cordes secrètes de ma sympathie : Lamartine, le pur et profond rêveur, Baudelaire, ce sensitif et ce voyant, Laforgue, ce tendre et ce narquois… et surtout Verlaine, surtout. […] Que s’il faut cependant livrer le secret de nos propres goûts poétiques en marquant à quels poètes nous devons nos émotions les plus profondes, — j’entends celles qui nous révèlent tout entiers à nous-mêmes — je mettrai pour ma part, en première ligne : Lamartine et Vigny ; Lamartine qui « ne sut que son âme » mais qui l’eut si riche et si humaine ; Vigny, le seul poète peut-être qui ait pu donner aux songes de l’homme je ne sais quelle grandeur cosmique, quel retentissement infini… Et cela ne m’empêche point d’admirer autant que personne la magnificence d’Hugo ; mais c’est déjà un autre sentiment. […] Savoir prendre l’ouvrage qui s’harmonise bien avec notre état d’esprit, là gît le secret de trouver agréable la lecture de poèmes divers.
Il emporte avec lui ces trois secrets. […] Mais je vous le dis en secret, ma cousine, je ne suis pas très sûr que le shah s’y soit amusé. […] Nous avons causé longtemps sous sa tonnelle et, de fil en aiguille, il en est venu à me confier ses sentiments secrets touchant les dernières réformes de l’enseignement primaire. […] je trahis ce secret-là.) […] Quels plaisirs ne doit-il pas éprouver, lui qui ne les quitte pas, qui vit avec eux, et dans une intimité si secrète qu’il connaît sur eux des choses insoupçonnées.
Pour Fénelon, je ne doute pas un seul instant que, dans le secret de son cœur, il ait, en effet, nourri d’ardentes ambitions politiques, et visé, sous le règne futur du duc de Bourgogne, ou même du grand dauphin, le rôle d’un Richelieu. […] ne pensez pas être les seuls hommes, et que toute la sagesse soit dans votre esprit… Vous qui voulez pénétrer les secrets de Dieu ! […] C’est le secret de la popularité de l’évêque de Clermont et de l’archevêque de Cambrai parmi les encyclopédistes. […] On peut voir les raisons du nouveau ministre dans le livre du duc de Broglie sur Le Secret du roi 123. […] S’il en est temps encore, je vous demande, monsieur, le secret sur ma précédente lettre jusqu’à plus ample éclaircissement.
Jeune, au sein de la pauvreté, à travers les entraînements de l’âge, il ne cessa, par un travail secret, opiniâtre, de se préparer un talent supérieur aux choses légères et déjà charmantes auxquelles il s’essayait.
Tel, avec sa mine discrète, Plus dangereux, à ce qu’on croit, Lui fait connoître qu’il sauroit Tenir une faveur secrète.
Comment tout démêler, tout dénoncer, tout suivre, Aller droit à l’auteur sous le masque du livre, Dire la clef secrète, et, sans rien diffamer, Piquer pourtant le vice et bien haut le nommer ?
Un secret et profond sentiment de vanité burlesque unit ici les tourmenteurs qui furent victimes l’an passé, et les victimes qui seront bourreaux l’année prochaine.
Présenter au point de vue comique, et dans la partie secrète, une de ces révolutions qui changent les États, telle est l’intention de l’auteur.
Mais le mérite fut de si bien choisir, et le secret du mélange, le brevet de la combinaison appartient à Goncourt.
On sent tout ce qu’il dut lui en couter de dégoûts, de travail & d’efforts, pour suivre tous les exercices d’esprit & de corps, sans trahir le secret de son sexe, qu’on ne soupçonna jamais.
Eh mon dieu, ce n’est un secret pour personne que l’engouement, pendant les deux ou trois années qui ont précédé la guerre, que l’engouement de nos grands penseurs français pour l’Allemagne, et les dîneurs de Magny ont eu, pendant ces années, les oreilles rebattues de la supériorité de la science allemande, de la supériorité de la femme de chambre allemande, de la supériorité de la choucroute allemande, etc., etc., enfin de la supériorité de la princesse de Prusse sur toutes les princesses de la terre.
L’auteur considéra que les deux seuls de ces chapitres qui eussent quelque importance par leur étendue, étaient des chapitres d’art et d’histoire qui n’entamaient en rien le fond du drame et du roman, que le public ne s’apercevrait pas de leur disparition, et qu’il serait seul, lui auteur, dans le secret de cette lacune.
Julie a été ramenée à la religion par des malheurs ordinaires : elle est restée dans le monde ; et, contrainte de lui cacher sa passion, elle se réfugie en secret auprès de Dieu, sûre qu’elle est de trouver dans ce père indulgent une pitié que lui refuseraient les hommes.
Le voyageur s’assied sur le tronc d’un chêne, pour attendre le jour ; il regarde tour à tour l’astre des nuits, les ténèbres, le fleuve ; il se sent inquiet, agité, et, dans l’attente de quelque chose d’inconnu ; un plaisir inouï, une crainte extraordinaire font palpiter son sein, comme s’il allait être admis à quelque secret de la Divinité : il est seul au fond des forêts ; mais l’esprit de l’homme remplit aisément les espaces de la nature ; et toutes les solitudes de la terre sont moins vastes qu’une seule pensée de son cœur.
Quand nous sommes dans un de ces réduits où plusieurs joüeurs sont assis autour de differentes tables : pourquoi un instinct secret nous fait-il prendre place auprès des joüeurs qui risquent de plus grosses sommes, bien que leur jeu ne soit pas aussi digne de curiosité que celui qui se jouë sur les autres tables ?
Le peintre peut donc faire part des secrets de sa pratique, mais il ne sçauroit faire part de ses talens pour la composition et pour l’expression.
On fera refléxion que ces endroits d’une piece dramatique que les anciens appelloient des cantiques, sont ordinairement les endroits les plus passionnez, parce que l’acteur qui se croit dans une entiere liberté, y donne l’effort à ses sentimens les plus secrets et les plus impétueux qu’il contraint ou qu’il déguise dans les autres scénes.
Son art est précisément de saisir ces demi-teintes, ces nuances indécises qui craindraient le grand jour de la scène comique ; son secret est de nous montrer, à distance et de profil, certains objets qui, vus autrement, perdraient une partie de leur grâce. […] Magnin était fort favorable au divorce pour des motifs philosophiques qui étonneront ceux qui ne l’ont vu que dans les dernières années, et encore peut-être pour d’autres motifs plus secrets et plus particuliers, qui n’étonneraient personne parmi ceux qui savent les mobiles habituels du cœur humain. […] La critique n’a rien à faire avec ces secrets mobiles et ces déterminations suprêmes des mourants.
Les conseils où les États méditent leur diplomatie se nomment des cabinets, pour indiquer le petit nombre, le recueillement, le silence, le secret dans lequel doit s’élaborer la diplomatie, ce mystère de la vie des peuples : Odi profanum vulgus et arceo. […] Nous voulons parler de son traité secret et séparé, pendant une négociation commune, en faveur de la Saxe ; traité téméraire divulgué par l’indiscrétion des contractants, et propre à donner défiance et jalousie à la Russie contre nous. […] Supposons M. de Talleyrand appelé au conseil secret de son pays, et tâchons d’arracher à son sépulcre ce qu’il aurait dit de son vivant.
Le secret de cette sympathie, c’est peut-être la place que l’amour — toutes les qualités d’amour — tient à ses yeux dans la vie italienne : c’est surtout que le tempérament italien lui semble plus impulsif, plus énergique que le français. […] En cinq cents pages, il nous apprend autant que toute la Comédie humaine sur les mobiles secrets des actes et sur la qualité intérieure des âmes dans la société que là Révolution a faite. […] Il regarde dans le secret des âmes comment se forme la disposition d’où sortent tous les effets qui donnent à la société contemporaine sa physionomie : il trouve que la Révolution a établi l’égalité entre tous les Français, et, supprimant tous les privilèges, a proportionné les droits au mérite.
Nous demanderons à leur vie le secret de leurs œuvres : nous remonterons le cours du fleuve depuis son embouchure jusqu’à sa source, afin de découvrir la cause des variations et dans la rapidité de sa marche et dans la limpidité de ses eaux. […] Mais la critique s’est presque toujours bornée à l’examen des œuvres ; elle a négligé l’étude de l’homme ; elle a dédaigné de pénétrer dans les secrets de l’organisation intellectuelle, comme le scalpel du chirurgien fouille dans les mystères de l’organisation physique. […] On y trouve le secret de triompher des obstacles et des dégoûts que suscite la jalousie envieuse de la médiocrité.
Où le poète futur devra-t-il chercher le secret de cette poésie du cœur et de la raison ? […] A côté de ces grandes idées sur les nouvelles destinées de la poésie et de la langue, le manifeste de Du Bellay remettait en honneur le travail, où Buffon a vu le secret du génie. […] Il ne vit pas que les langues ne s’enrichissent que par les pensées ; que le secret de la noblesse du langage est tout entier dans la hauteur modérée et égale des pensées ; que l’harmonie est moins une musique qui flatte l’oreille, que l’effet général d’un langage qui réunit toutes les conditions de propriété de noblesse, de clarté.
On crie, on se plaint sans chanter, mais on chante en imitant des cris et des plaintes. » — Il parle aussi, quelque part, du « lien puissant et secret des passions avec les sons », — et très originalement va à émettre que tout peuple a la musique de sa langue et que d’aucuns ne peuvent avoir de musique, parce que leur langue ne possède pas d’éléments musicaux. […] Cette image est le mot. » Et, — c’est aux poésies de l’Inde pourtant, encore ainsi qu’aux sources de tout Émoi, que nous remonterons pour avoir, non plus d’hésitants et partiellement entendus et presque étonnés avisements qui ne paraissent venus que d’elles, mais la mise en œuvre, en un art supérieur aux secrètes et intenses Beautés, où, — correspondance des sons et des idées, un sens adventice suggéré en sonorités appropriées, vient en prolongement du sens des mots précisément exprimé. […] Avant l’Œuvre Or, à notre passé poétique dont allèrent leur devoir les Poètes, de qui l’âme d’Occident n’avait entendu le grand sens secret aux Livres des peuples sur qui le soleil se lève plus tôt, et qui n’entendirent pas qu’en avère les intuitions prodigieuses notre moderne Science : notre gratitude soit, tenter le nouveau devoir dont nous sommes instruit.
C’est ainsi, par exemple il faut vous rappeler tout au moins quelques-uns de ces contes c’est ainsi, par exemple, que la Poule aux Œufs d’or, le Trésor et les deux Hommes, les Femmes et le Secret, l’Astrologue, l’Ours et les deux Compagnons, le Vieillard et les trois Jeunes Hommes, le Jardinier et son Seigneur, la Jeune Veuve, la Fille, sont de petites nouvelles presque toujours imitées d’anciens conteurs, mais relevées par une certaine manière de considérer l’humanité avec malice, avec indulgence et avec un certain souci de la rendre, je ne dis pas meilleure, encore une fois, le mot ne conviendrait pas, mais plus sage, plus sensée et même plus juste. […] À peine eus-je fait dix ou douze pas que je me sentis forcé par une puissance secrète de commencer quelques vers à la louange du grand Armand. […] Du reste, ne m’en demandez rien de particulier, car, pour parler franchement, je l’entretins peu, et de choses indifférentes ; bien résolu, si nous eussions fait un plus long séjour à Châtellerault, de la tourner de tant de côtés que j’aurais découvert ce qu’elle a dans l’âme, et si elle est capable d’une passion secrète.
Les premiers ont toujours l’air de garder un secret, même lorsqu’ils n’ont rien à garder, et les seconds sont si prodigues de leurs confidences, qu’ils ne font que céder au plaisir de parler. […] Étonnée de la désertion subite de l’ami de tous les instants, madame Victor Hugo apprit-elle de son mari le secret de Sainte-Beuve ? […] Tous deux ignorent ce secret, mais la femme pressent qu’ils le devineront, car tous deux l’aiment, et si l’amour aveugle les uns, il ouvre aussi les yeux aux autres. […] Je ne trahirai pas son secret ; ces pages ne sont pas faites pour le public, et ne lui seront pas livrées. […] J’entre dans la salle du Conseil en me disant ordonnance secrète.
Pour se délivrer de son secret il se confie à un magistrat qui n’hésite pas à le déclarer innocent. […] La secrète sympathie qui l’unit aux excentriques de tous les temps lui fait choisir pour héros dans l’histoire Gilles de Rais dont il entreprend une biographie. […] Bien au contraire, entre le monde intérieur et le monde extérieur il y a une correspondance intime et secrète. […] Il devine leurs secrets et s’associe à leurs douleurs. […] Quiconque la regardait pouvait lui dérober une étincelle de plaisir, pouvait l’envelopper d’imaginations impures, pouvait deviner ses secrètes caresses.
Ce livre par lui-même et sans la secrète complicité des âmes, n’aurait poussé personne au suicide, car on ne l’eût pas compris. […] Déjà Young, précurseur et prophète de cette révolution, avait prévenu les secrets instincts du siècle en écrivant les Nuits. […] Henri Heine n’a point cru ; voilà le secret de sa vie si cruellement brisée, de son talent profané ou perdu. […] Il part donc, — et avec quelle joie secrète ! […] Bonté et simplicité, c’est tout le secret ; si nous y joignons la force nécessaire pour défendre contre les retours de la fortune, et quelquefois, hélas !
Voilà en peu de mots le secret et le résultat de la poétique de madame de Staël. […] Ce secret est connu, et les modèles, dans ce genre, ont été fort nombreux depuis cinquante ans. […] Ici la sœur grise cherche l’infortune dans les réduits les plus secrets. […] Les sauvages s’approchaient peu à peu pour examiner l’étendard de la paix, élevé dans la solitude ; un charme secret semblait les attirer à ce signe de leur salut. […] Les femmes veulent avant tout de l’amour, et jamais elles ne se sont méprises sur les torts secrets de Thomas, en dépit de toutes ses flatteries.
Il me semble qu’on doit chercher le secret des mœurs des Anglais dans l’origine de ce peuple. […] Cet ermite instruit le jeune minstrel et lui révèle le secret de son propre génie. […] Quelles délices pour eux qu’une journée passée ainsi sous le toit paternel, au milieu des complaisances des domestiques, des embrassements des sœurs et des dons secrets de la mère ! […] Mais si le despote est fort, que lui importeront les gémissements secrets de la foule ou l’indignation impuissante de quelque honnête homme ? […] Les actions de bruit et d’éclat ne sont pas toujours celles qui le touchent davantage, et ce qui se passe dans le secret de notre cœur est souvent ce qu’il observe avec plus d’attention.
Cela contrariait Huysmans qui, doué de toutes les crédulités, lui aurait volontiers demandé, sur le tard, le secret de sa destinée. […] Ils sont d’ailleurs fort recherchés des femmes à cause de la croyance qui les veut pourvus de vertus secrètes. […] Le secret des lettres Il paraît qu’il y a une jurisprudence touchant le secret des lettres entre mari et femme. […] Elle en est réduite à regarder avec mélancolie ou colère les lettres que le mari écrit à sa maîtresse et, pour celles qu’il reçoit, à les chiper en secret ou à forcer le meuble où il les cache. […] On consent encore à être abandonné et malheureux, mais en secret.
Quand il ne travaille pas dans sa forge, il s’en va par les campagnes, la tête et les bras nus, et les campagnes flamandes lui disent des secrets qu’elles n’ont encore dit à personne. […] Il est sincère, non parce qu’il avoue toute sa pensée, mais parce qu’il pense tout son aveu ; et il est simple parce qu’il a étudié son art jusqu’en ses derniers secrets et que de ces secrets il se sert sans effort avec une inconsciente maîtrise : Les roses du couchant s’effeuillent sur le fleuve Et, dans l’émotion pâle du soir tombant, S’évoque un parc d’automne où rêve sur un banc Ma jeunesse déjà grave comme une veuve… Cela, c’est, il semble, d’un Vigny attendri et consentant à l’humilité d’une mélancolie toute simple et déshabillée des grandes écharpes. […] Ce n’est peut-être pas mensonge ; c’est plutôt incapacité de nature à se penser soi-même, à prendre conscience de soi en son propre cerveau et non dans les yeux et sur les lèvres d’autrui ; même quand elles écrivent ingénuement pour elles-mêmes en de petits cahiers secrets, les femmes pensent au dieu inconnu qui lit — peut-être — par dessus leur épaule. […] Ces vers sont romans, c’est-à-dire d’un poète pour qui toute la période romantique n’est qu’une nuit de sabbat où s’agitent de sonores et vains gnomes, d’un poète (celui-ci a du talent) qui concentre tout son effort à imiter les Grecs d’anthologie à travers Ronsard et à dérober à Ronsard le secret de sa phrase laborieuse, de ses épithètes botaniques et de son rythme malingre. […] L’attitude du public est moins bénigne lorsqu’on l’entretient du désaccord qui s’observe entre lui, public, maître obscur des gloires, et l’opinion du petit nombre oligarchique : habitué à accoupler ces deux idées, renommée et talent, il montre de la répugnance à les disjoindre ; il n’admet pas, car il a un sens secret de la justice ou de la logique, qu’un auteur illustre ne le soit que par hasard, ou qu’un auteur obscur mérite la lumière.
Nous avons déjà expliqué les motifs de la haine secrète qu’il portait à l’auteur de Mahomet ; en détruisant sa renommée comme poète, il cherchait à diminuer son influence comme philosophe. […] Sa conscience pouvait l’avertir en secret qu’il avait tort de reprocher à un autre l’injustice qu’il avait commise à son égard. […] On voit que, du temps de Corneille, comme du nôtre, les finances étaient le nerf de la milice amoureuse, et que la libéralité Est un secret d’amour et bien grand et bien rare. […] Il est évident que par cette phrase Corneille n’a voulu désigner que les tragédies à secrets, à reconnaissances, faites depuis Héraclius, et sur son modèle. […] Le courage est bien plus pathétique que la pusillanimité : ainsi, en dépit des préceptes d’Horace et de Boileau, de même que commencer à rire soi-même est souvent le secret de rire tout seul, de même commencer à pleurer est souvent une raison pour que les autres ne pleurent pas.
Combien de fois même suis-je entré seul, malgré les ténèbres intimidantes de la nuit, dans cet antre terrible où, le jour même et en compagnie d’autres hommes, on ne pénètre pas sans un secret saisissement ! […] » De plus une harmonie secrète semblait préexister entre Pétrarque et la fontaine de Vaucluse, harmonie dont il parle plusieurs fois lui-même comme d’une superstition de l’amour qui l’attachait à ces beaux lieux. […] « Les uns font passer en revue devant moi les événements des siècles passés ; d’autres me dévoilent les secrets de la nature ; ceux-ci m’apprennent à bien vivre et à bien mourir ; ceux-là chassent l’ennui par leur gaieté, et m’amusent par leurs saillies ; il y en a qui disposent mon âme à tout souffrir, à ne rien désirer, et me font connaître à moi-même. […] Celle-ci, dont les charmes commençaient à se faner, moins sous les années que sous la douleur, s’affligeait en secret de cet abandon.
Ce n’est point sur les maximes obliques d’une politique qui rapporte tout à soi que le livre fonde l’art de régner ; il en fait consister tous les secrets à maintenir la pureté de la doctrine et de la morale par les vertus naturelles, sociales, civiles et religieuses. […] Par là un empereur, sans être savant, jouit de tout l’éclat que la science et l’érudition peuvent répandre sur l’administration publique, n’est pas exposé à prendre une répétition pour un coup de génie, ne court pas le danger de se méprendre dans ce qu’il avance, et parle toujours avec une dignité imposante dans tous les actes publics. » VIII « Des lettrés, renommés par leur science des annales de l’empire et par la fermeté de leur caractère, tiennent registre secret des actes du gouvernement dans le palais même du prince. […] Les chefs des grandes maisons font leur journal secret, dans le goût, à peu près, de celui de l’empereur, pour leur propre instruction et pour celle de leurs enfants. […] Une envie secrète s’élève d’abord dans leurs cœurs.
J’étais informé de sa résidence, je savais son nom de guerre ; j’étais convenu par lettre avec lui d’une entrevue au village-frontière de la Chaux-de-Fonds pour des raisons qui sont restées secrètes. […] La Fornarina n’a pas un ovale plus parfait et plus déprimé, un regard à pleine paupière où entre plus de ciel et d’où sorte plus de pensée secrète, une lèvre plus dédaigneuse, une fossette dans la joue plus prête à sourire et à pardonner à l’excès d’ivresse de son fiancé. […] En face du chanteur, deux belles jeunes filles de Procida ou de Mycènes sont debout, dans l’attitude et dans l’expression de l’attention, émues jusqu’aux larmes ; l’une regarde le poète comme s’il allait lui dire le secret de sa destinée amoureuse ; l’autre baisse les yeux et songe à je ne sais quoi de triste comme le récit. […] Enfin cet amour ressembla aussi à l’attachement intime et mutuel du peintre Fabre de Montpellier et de la belle comtesse d’Albany, veuve du dernier des Stuarts, prétendant à la couronne d’Angleterre, et peut-être cet exemple d’un amour récompensé et d’un mariage secret entre un artiste et une reine découronnée ne fut-il pas sans une funeste influence et sans une fatale analogie sur l’imagination de Léopold Robert.
L’ami contristé s’éloigna ; mais la mère, encore jeune, de Goethe l’arrêta, à l’insu de son mari, dans l’antichambre, lui redemanda le volume et le lut en secret comme un objet d’édification de ses enfants. […] Il y a aussi loin de ces tragédies d’apparat à cette tragédie de l’âme qu’il y a loin de la déclamation théâtrale au sang chaud qui crie en suintant de la blessure secrète du cœur. […] Je suis cependant bienveillante pour les autres hommes ; mais autant je brûle du désir de te regarder, autant l’aspect de cet homme m’inspire une secrète horreur ; et c’est ce qui fait que je le tiens pour un coquin ! […] Une scène biblique d’une simplicité patriarcale ou helvétique révèle au spectateur le fatal secret de la séduction accomplie de Marguerite : la pauvre coupable porte dans son sein une accusation cachée de sa faute.
Catilina, homme d’un sang illustre, d’une trempe virile, d’une audace effrontée, audace que le peuple prend souvent pour la grandeur d’âme, d’une renommée militaire, seule qualité qu’on ne peut lui contester, d’une de ces éloquences dépravées qui savent faire bouillonner les vices dans les parties honteuses du cœur humain ; soupçonné, sinon convaincu, du meurtre d’un frère, d’assassinats sur la voie Appienne, d’empoisonnements secrets, de débauches presque aussi infâmes que des crimes ; mais assez insolent de sa naissance, assez fort de sa popularité, assez prêt à la vengeance, et enfin assez prémuni de liaisons secrètes avec César, Clodius, Crassus et d’autres sénateurs, sénateur lui-même, pour qu’un certain crédit couvrît sa douteuse renommée, pour que nul n’osât lui reprocher tout haut les forfaits dont beaucoup l’accusaient tout bas. […] Les hommes de génie sont jugés par les esprits médiocres : c’est le secret des accusations de la postérité contre la vertu civique de Cicéron. […] Cicéron désespéra de la liberté romaine : mais ce désespoir, trop fondé en fait, ne fut jamais une trahison ; il continua à déplorer à haute voix la chute de l’antique constitution et de maudire en secret César.
On voit que la science médicale moderne ne dépasse pas les éléments qu’Hippocrate avait laissés à ses descendants ; c’est une folie d’imaginer que la science anatomique de l’homme ait attendu des milliers d’années pour éclairer la pratique des médecins ; la vie a toujours cherché dans la mort son secret : le progrès n’est ni aussi lent ni aussi ignorant qu’on le dit. […] Depuis l’ami de l’homme, le chien, avec lequel nous avons passé une partie essentielle de l’espace de temps qui nous a été assigné dans la vie, et dont aucune pensée ne nous est mystère, jusqu’au chat mélancolique qui s’attache à la femme et qui meurt quand elle meurt, jusqu’à la cigogne dont le père, la mère et les petits semblent descendre du ciel pour nous donner l’idée et le modèle des trois amours de la vie de famille, jusqu’à l’innocente brebis, ce champ ambulant et fertile qui nous livre avec son lait la tiède toison qui nous abrite l’hiver, jusqu’à l’éléphant, militaire et politique, qui combat pour nous et qui se soumet aux lois volontaires de la discipline pour honorer les rois ou les chefs armés des nations, nous aurions passé en revue ce monde animé et inférieur créé pour nous aimer et nous aider ; nous aurions cherché et trouvé dans leurs instincts les plus secrets les mystères de leurs mœurs, et, disons le mot, de leurs vertus. […] L’homme se sent le sujet d’une puissance qui est au-dessus de lui, bienfaisante et douce s’il l’écoute, implacable s’il lui résiste, et, quand la justice l’exige, anticipant le châtiment du dehors par ses tortures invisibles, dont le coupable a le douloureux secret, même quand il échappe à la vindicte sociale. […] Ce qu’elles seront, c’est lui seul qui en a l’inviolable secret ; mais la science morale ne dépasse pas ses justes bornes en affirmant que cette justice définitive est indispensable, et que la vie de l’homme ici-bas ne peut se comprendre sans ce complément qui doit la suivre.
Et si cette compensation est juste, à qui sied-il mieux de l’appliquer qu’à l’écrivain qui depuis un siècle est le bon conseil des nations civilisées, à l’homme de bien dont l’histoire privée offre des traits à la Plutarque, au citoyen qui a pu dire de lui-même sans risquer d’être démenti : « J’ai toujours eu une joie secrète lorsqu’on a fait quelque règlement qui allait au bien commun ? […] Il y a d’autres historiens pour nous donner les suprêmes beautés du genre, les motifs secrets des actions, le fond des affaires et des cœurs, et cette science de la vie humaine dont nous sommes plus curieux à mesure que la nôtre s’écoule ; mais aucun n’a possédé plus que Voltaire le don de peindre et d’être expressif en restant simple. […] Mais sa vraie vocation était un génie secret pour le roman de mœurs. […] Voilà, tout au contraire, un livre qui vit surtout par l’élévation morale et par cette sorte de poésie secrète qui s’exhale des trop rares ouvrages que le cœur a inspirés.
Cependant nous savons que Drystan (le Fougueux) était une des trois divinités de l’amour, et qu’il se consumait dans une passion sans espoir pour Essylte (voir : Davies, Mythology and Rites of the British Druids, Londres, 1809, et les commentaires de Mone sur cet ouvrage, dans une brochure sur « La légende de Tristan et les doctrines secrètes des Druides », 1822, Heidelberg). […] Wagner (1879) écrit ceci : « Aux sages se découvrit le secret du monde, qui consiste en un pénible mouvement de déchirement. » La Douleur est donc la base de l’existence humaine d’après ces deux philosophes. […] « L’homme qui a pénétré le secret du monde, d’après Schopenhauer, connaît tout, embrasse l’essence de tout, trouve l’humanité en proie à un effort vain, à un combat intérieur et à une souffrance ; il voit partout où il regarde l’homme souffrant et aussi l’animalité. […] Derrière cette joie il aperçoit la tristesse et reconnaît, comme dirait Schopenhauer, la « tromperie du corps », il aperçoit la souffrance que donne le désir (das sehnen, das furchtbare sehnen), et le secret du monde, la souffrance, lui apparaît dévoilé ; il se souvient d’avoir vu sur sa route des hommes qui souffraient, et sa propre souffrance, il la réunit avec la leur (Des Heilands Klage da vernehm ich, die Klage, ach !
On cause de la situation financière, du discrédit du papier français, de la circulaire secrète du ministre des finances, accordant une remise de 10 p. 100 aux percepteurs qui font des avances, et l’on entrevoit l’impossibilité de payer les milliards réclamés par les Allemands, et l’on pronostique la banqueroute. […] Il nous parle du mois de prison, qu’il a fait après la publication des Mémoires d’un chasseur, de ce mois où il eut pour cellule les archives de la police d’un quartier, dont il compulsait les dossiers secrets. […] Mardi 23 avril Arsène Houssaye racontait, ce soir, qu’en 1848 Hetzel s’étant transporté avec Lamartine, au ministère des affaires étrangères, mit la main sur le portefeuille, dans la pensée qu’il contenait le secret des secrets de la politique européenne.
Un secret une fois trouvé ne se cherche plus avec tant d’acharnement. […] Il sait le secret des cœurs tendres, qu’il ne faut pas dire trop haut, même aux enfers : c’est que l’amour défie tout, excepté la séparation, le seul enfer de ceux qui aiment. […] Son aïeul lui en découvre le secret, et dans ce cadre admirable Cicéron rassemblait ses plus fortes doctrines sur Dieu, la nature, l’humanité. […] Je crois voir l’originalité souveraine dans cette force d’un grand esprit qui soumet ses idées, les fait obéir, et en obtient tout ce qu’elles peuvent, en sorte que le dernier secret du génie comme de la vertu serait encore de se rendre maître de soi.
. — Nul flambeau, nul témoin que la profonde nuit Qui ne raconte pas les secrets qu’on lui dit. […] Dalti, c’est le nom de l’amant, attend le signal des entretiens secrets dans une église. […] Un secret remords de talent perdu semble par moment l’avertir qu’il ne faut pas ainsi répandre la poésie, cette huile des parfums, sur les pieds des courtisanes. […] On eût dit un portrait de la débauche antique, Un de ces soirs fameux, chers au peuple romain, Où, des temples secrets, la Vénus impudique Sortait échevelée, une torche à la main.
Notre but secret, notre but principal, pour ne pas dire l’unique, c’est de « plaire ». […] Si ce monde qui t’échappe semble aussi t’ignorer, il n’en est pas moins vrai que c’est en toi qu’il prend conscience de lui-même, et si par hasard il poursuit une fin, toi seul peux deviner, aider, diriger ses intentions secrètes. […] L’idéal secret des romantiques, c’est le sauvage de Jean-Jacques, qui se retrouve d’ailleurs dans les Manfred, les Lara et les René. […] Nous accusera-t-on d’injustice si nous affirmons que, depuis l’auteur de la Tentation de saint Antoine, le secret de la composition semble perdu ?
Tant qu’il ne fut question pour le roi que d’avoir près de lui une amie, « une personne confidente pour lui pouvoir communiquer ses secrets et ses ennuis, et recevoir d’elle une familière et douce consolation », il n’eut aucune objection à faire. […] Mais, cette nécessité des héritiers admise et le divorce avec la reine Marguerite étant aussi chose convenue et déjà ménagée en secret auprès du pape, quelle femme prendre et de qui faire choix ?
Si Buffon tient du xviiie siècle français par un esprit d’indépendance et par une secrète hostilité à la tradition, il s’en sépare d’ailleurs par l’ensemble de son caractère, par le maniement et la bonne économie de ses facultés, par toute son attitude ; en un mot, son esprit tient du xviiie siècle bien plus que son genre de vie et son talent. […] La secrète pensée, au moment de la mort, n’est pas de celles qui se jugent, et il n’est pas bien de trop scruter sur ce point au-delà de l’apparence.
Au moment où le Génie du christianisme parut, Ginguené, qui rendit compte du livre dans La Décade, marqua dès le début de ses articles qu’il ne se tenait point pour satisfait de l’explication vague et générale que l’auteur donnait de sa conversion : il semblait même dénoncer quelque inexactitude dans le récit, et, sans trahir le secret de conversations confidentielles qu’il avait eues avec Chateaubriand, il y faisait allusion de manière à inspirer des doutes au lecteur. […] Quand je dis qu’il y avait tout mis et tout versé de lui-même, je me trompe : il y avait des points sur lesquels il s’était montré moins explicite et moins décidé qu’il ne l’était au fond réellement Aussi, quelques mois après avoir publié cet écrit et quand il comptait en donner une seconde édition, il avait noté de sa main en marge sur un exemplaire diverses modifications à y introduire, et, oubliant bientôt que l’exemplaire était destiné à des imprimeurs, il s’était mis à y ajouter pour lui-même en guise de commentaires ses plus secrètes pensées.
Et couché mollement sous son feuillage sombre, Quelquefois sous un arbre il se repose à l’ombre, L’esprit libre de soin ; Il jouit des beautés dont la terre est parée ; Il admire des cieux la campagne azurée, Et son bonheur secret n’a que lui de témoin. […] Le surintendant Fouquet, à qui il était fort recommandé par Pellisson, et qui aimait à se donner tous les gens d’esprit pour créatures, avait envoyé Maucroix à Rome sous le titre d’abbé de Cressy, et en qualité d’agent diplomatique à demi accrédité, à demi secret : le but précis de la mission est resté assez obscur.
Il jugera à l’occasion que c’est une faiblesse au duc de Guise de vouloir écrire de sa main tous ses ordres pour les tenir plus secrets ; et dans une boutade plaisante, au milieu de son admiration pour le grand capitaine, il lui échappera de dire un jour dans son antichambre, et entendu de lui sans s’en douter : « Au diable les écritures ! […] Hors cela, et dans ses guerres d’Italie, on le voit faisant tout pour ses soldats, aimé d’eux et possédant le secret de leur « mettre les ailes aux talons et le cœur au ventre », dès que l’un et l’autre étaient nécessaires.
Grand damné, je te veux bien garder le secret de ton cotillon d’Auch à ma cousine68 ; mais que mon faucheur ne me faille en si bonne partie, et ne s’aille amuser à la paille, quand je l’attends sur le pré. (11 mars 1586.) […] [NdA] C’est-à-dire probablement : « Je te garderai le secret auprès de ma cousine, Mme de Batz, de tes fredaines à Auch. » p.
C’est ainsi qu’on le voit à Bruxelles, puis dans le midi de la France, et bientôt à Madrid, chargé d’une mission secrète pour son prince pendant les années 1632-1633. […] Je fus étonné qu’un homme nourri toute sa vie entre les bras de la Fortune sût tous les secrets de la philosophie, et que vous eussiez acquis de la sagesse en un lieu où tous les hommes la perdent.
La plaie se ferme : un secret levain est resté au dedans. […] Le prince Henri accepte tout bas la comparaison, et pour donner tout le tort à son frère, lequel fut d’abord bien moins heureux en résultats que Pompée ; on a de lui, au bas d’une lettre autographe du roi, la note suivante, où il exhale ses secrètes amertumes : Je ne me fie nullement à ces nouvelles (des nouvelles rassurantes que Frédéric lui disait tenir de bonne source) ; elles sont toujours contradictoires et incertaines comme son caractère.
Déjà mortellement atteinte du mal qui doit l’enlever, elle multiplie les démarches, les correspondances, tente plusieurs ouvertures, frappe à plus d’une porte et devient sa secrète et active négociatrice pendant qu’il guerroie. […] Trahissant ses faiblesses secrètes, Voltaire ne put s’empêcher, en publiant d’abord son ode, d’y rattacher et d’y coudre en notes toutes sortes de malices qui n’y avaient nul rapport, des invectives contre les ennemis de la philosophie et contres les siens propres : il y vit surtout une occasion de semer par le monde une diatribe de plus, en la glissant dans les plis de la robe de cette renommée funèbre.
Mandé chez l’avoyer, il s’attendait à ce que celui-ci lui parlât affaires et s’ouvrît avec lui des secrets d’État : il repassait en idée, au moment de l’audience, son Machiavel et son Montesquieu. […] Telles furent les instructions secrètes que recevait du premier magistrat de son pays ce bailli de trente-trois ans.
Leur théorie ne laisse pas d’éprouver de secrets échecs, et il y a bien des moments où le corps a raison de l’esprit. […] Je veux citer cette page très belle et vraiment touchante : il vient d’être question de la mort : « La vieillesse aussi, dit-elle, est un mal irréparable : rien ne peut faire qu’on remonte le cours des ans ; mais, comme toutes les situations sans éclat, elle renferme des compensations puissantes et un charme secret, connu seulement de ceux qui s’exercent à le goûter.
Il était d’une parfaite ignorance, d’un tempérament mélancolique, maladif, parlant peu, pensant encore moins, un de ces individus exemplaires marqués d’un signe, et au front desquels il est manifestement écrit : Comment les races royales finissent, tellement soumis à son confesseur, qu’il n’y avait pas moyen de lui faire prendre une détermination quelconque, sans que le confesseur en décidât : aussi ceux qui avaient intérêt à agir sur lui usaient-ils de ce secret ressort, qui ne manquait jamais son effet ; quand on voulait lui faire changer d’idée, on lui changeait son confesseur, et il en eut jusqu’à sept en cinq ans. […] Ce premier ministre n’avait pas plus de crédit, en réalité, que le roi et les deux reines : chacun le savait et le disait ; c’était le secret de la comédie.
LE SECRET. […] Quel secret douloureux je porte au fond du cœur.
Croit-on mettre la charité à couvert en ajoutant d’un air contenu : « Le secret de ses convictions intimes est resté entre Dieu et lui. » Non, c’était le cas de citer, si l’on voulait être complet, une autre lettre très explicite de Schlegel, qui ne saurait se séparer de la précédente, une lettre fort belle qu’il adressa plus de vingt-cinq ans après (le 13 août 1838) à la duchesse de Broglie qui ne cessait de le presser sur l’article de la foi, et dans laquelle il expose ses variations de sentiments, ses aspirations, sa crise morale et sa solution philosophique, ou, comme il le dit poétiquement, « ses erreurs d’Ulysse et son Ithaque ». […] J’ai recours sans cesse à la prière… » Sismondi, qui n’était pas dans le secret et qui, homme excellent et loyal, n’avait peut-être pas une certaine délicatesse qui devine ce qu’on ne dit pas, se plaignait de son côté de ne pas retrouver auprès d’elle le même agrément, les mêmes attentions que dans les anciennes années moins éprouvées.
Michaud dans un coin, lui parle longuement à l’oreille, et puis sort : il se ravise et rentre un moment après, en lui disant, le doigt sur les lèvres : « Au moins je vous recommande bien le secret, mon cher ami. » — « Soyez tranquille, répondit Michaud, je cacherai ce secret-là dans les Œuvres complètes de Lacretelle. » Il faisait ainsi d’une pierre deux coups et se moquait de deux amis diversement ridicules. — Une autre fois encore, rencontrant M. de Marcellus : « Eh bien, lui dit-il, vous devez être content de la Quotidienne, il y a de l’esprit. » — « Oui, répond le benoit Marcellus en faisant la grimace, mais voyez-vous, mon cher ami, il y a toujours quelque chose de satanique dans l’esprit. » Michaud racontait cela sans avoir l’air d’y toucher et en se moquant. — Puisque j’y suis, j’achève de rassembler les traits qui le peignent.
Et d’ailleurs, le cercle tracé autour de chacun fût-il très-étroit, chaque talent, chaque génie, par cela même qu’il est à quelque degré un magicien et un enchanteur, a un secret qui n’est qu’à lui pour opérer des prodiges dans ce cercle et y faire éclore des merveilles. […] Au point de vue moral complet et de l’expérience, ce qui peut sembler surtout avoir fait défaut à ces existences si méritantes, si austères, et ce qui, par son absence, a nui un peu à l’équilibre, ç’a été de toutes les sociétés la plus douce, celle qui fait perdre le plus de temps et le plus agréablement du monde, la société des femmes, cette sorte d’idéal plus ou moins romanesque qu’on caresse avec lenteur et qui nous le rend en mille grâces insensibles : ces laborieux, ces éloquents et ces empressés dévoreurs de livres n’ont pas été à même de cultiver de bonne heure cet art de plaire et de s’insinuer qui apprend aussi plus d’un secret utile pour la pratique et la philosophie de la vie.
Son indolence le portait à céder facilement à tout ce qu’ils lui proposaient, sans prendre la peine de l’examiner, encore moins de le contredire ; son jugement sain et l’expérience qu’il avait des affaires lui faisaient souvent désapprouver en secret leur conduite et leurs mesures ; rarement il se permettait des représentations, il n’y insistait jamais : la consolation de ces âmes indolentes, que la faiblesse domine sans leur ôter l’intelligence, est le mépris pour ceux qui les conseillent mal, soit par ignorance, soit par des passions particulières. […] Sa modestie, qui exprimait des vertus précieuses, accusait aussi cette défiance secrète.
Il ne se hâte donc point de conclure ; et ce qui l’intéresse si fort, ce qui est son histoire, celle de ses semblables, le secret de son existence et de la leur, et de toute sa destinée, il se résigne à ne le conjecturer que modestement, sans rien affirmer d’absolu aux autres, sans rien s’affirmer à lui-même. […] Je n’ai pas fini : tout homme, par cela même qu’il vit, a une secrète horreur de l’anéantissement total ; on se donne le change comme on peut ; on veut au moins lutter contre l’oubli, laisser un souvenir, un nom.
Frédéric avait divulgué une correspondance secrète que Joseph II avait entamée avec lui à la veille des hostilités pour gagner du temps, et dans laquelle tous deux, sous forme courtoise, avaient fait assaut d’ironie : « Le roi (de Prusse) se vante de temps en temps d’être très bien avec vos ministres, écrivait Marie-Thérèse à sa fille (17 mai 1778) ; il prétend même leur avoir communiqué la correspondance secrète entre l’empereur et lui.
Le tour joué, on retourne trop vite à sa boue secrète. […] On y voit cette négociation secrète exposée de point en point dans les dépêches des commissaires à leur gouvernement.
ouverte à deux battants ; on y entre, on en sort, on y décrit tout ; ce n’est plus le poëte dérobant les fins mystères, c’est le docteur indiscret des secrètes maladies. — A défaut de M. de Balzac, qui ne semble pas en mesure de modifier la verve croissante de ces entraînements, et en se garant surtout du ruisseau impur des imitateurs, c’est à tels ou tels de ses disciples rivaux et de ses héritiers vraiment distingués qu’on voudrait demander parfois l’œuvre agréable dans laquelle le choix de l’expression, le soin du détail, quelque art littéraire enfin, se joindraient à toutes les veines délicates qu’ils ont141. […] Qu’elle consente à se relâcher un peu de l’absolu de la forme et de la rigueur affirmative, à s’interdire envers les adversaires une chaleur de réfutation trop facile, et qui déplace toujours les questions ; qu’elle permette autour d’elle à bien des faits de détail de courir plus librement sous le contrôle naturel d’un empirisme éclairé, et elle aura permis qu’on s’appuie souvent avec avantage sur elle sans s’y ranger nécessairement ; elle aura fourni un contingent utile à une œuvre pratique d’intelligence et d’indépendance qu’elle est digne d’apprécier ; car chez elle aussi, si je ne me trompe, et derrière ces grands développements de croyances, la maturité personnelle et l’expérience secrète sont dès longtemps venues142.
Ainsi, même dans les chaleurs de l’âge et des passions, et même dans les instants où la dure nécessité a interrompu mon indépendance, toujours occupé de ces idées favorites, et chez moi, en voyage, le long des rues dans les promenades, méditant toujours sur l’espoir, peut-être insensé, de voir renaître les bonnes disciplines, et cherchant à la fois dans les histoires et dans la nature des choses les causes et les effets de la perfection et de la décadence des lettres, j’ai cru qu’il serait bien de resserrer en un livre simple et persuasif ce que nombre d’années m’ont fait mûrir de réflexions sur ces matières. » André Chénier nous a dit le secret de son âme : sa vie ne fut pas une vie de plaisir, mais d’art, et tendait à se purifier de plus en plus. […] Lui-même nous a dévoilé tous les ingénieux secrets de sa manière dans son poème de l’Invention, et dans la seconde de ses épîtres, qui est, à la bien prendre, une admirable satire.
On les apprend avec une secrète joie, on a plaisir à les savoir ; mais il n’en passe rien de la tête au cœur, et elles n’ont aucun effet appréciable sur la vie morale. […] Jusque dans le détail des fonctions les plus secrètes de la nature, il sait ne rien taire en ne disant rien qui puisse faire rougir le lecteur, et il reste peintre en éteignant la description au moment où la science coûterait à la pudeur.
L’homme des sociétés secrètes est toujours étroit, soupçonneux, partiel. […] Quand la majorité du public est égoïste et immorale, il faut pardonner à ceux qui se forment en comité secret, quelque préjudice qu’une telle vie doive porter à leur développement intellectuel.
Mais, par l’entremise vigilante et avisée du notaire et par la rouerie d’un valet qui cherche fortune en fouillant dans les secrets de ses maîtres, le billet révélateur tombe entre les mains de la princesse Georges. […] Ainsi la livrée furète dans les plus intimes secrets de son cœur ; son alcôve donne dans l’antichambre ; sa pudeur est déshabillée, maniée, exploitée par des mains serviles !
Lubis, j’ai toutefois sous les yeux une preuve trop précise de l’usage que M. de Lamartine en a fait pour ne pas en dire quelque chose, d’autant plus que cela éclaire tout le procédé historique de M. de Lamartine, et nous explique le secret de cette rapidité qui, dans un genre d’étude compliquée et sévère, est si faite pour étonner. […] L’exemplaire va devenir précieux pour la Bibliothèque nationale, et à moi-même il m’a été très utile pour m’initier au secret de composition historique de M. de Lamartine.
Mirabeau, Pitt et Bonaparte, pour ne pas aller chercher loin les autorités, n’ont jamais eu d’autre secret que celui-là. […] Carrel a pu paraître un moment ce Sertorius de la presse ; il l’a été jusqu’en 1833, par son habileté de tactique, son audace calculée et ses ruses ; mais bientôt l’obstination s’est montrée trop à nu, et malgré ses habiletés d’intérieur, dont les gens de son parti avaient seuls le secret, il n’a plus paru au-dehors que comme Charles XII à Bender, soutenant à peu près seul un siège dans sa maison.
Mais, nulle part peut-être, on ne surprend ce procédé d’imposture dans des conditions plus favorables que celles où se produisit en Russie le faux Démétrius : il y avait la distance des lieux, la difficulté des communications, la crédulité superstitieuse des peuples, le prestige du nom, cette alliance et cette connivence secrète établie à l’avance au cœur de tous les mécontents ; ce n’était réellement pas tromper leur religion que de dire : Me voilà ! […] Lorsque Gilbert s’avise d’aimer Emmeline, il est longtemps avant de s’enhardir jusqu’à s’avouer à lui-même son amour : Éloigné d’elle, un regard, un sourire, quelque beauté secrète entrevue, que sais-je ?
Tous, ou presque tous, une fois au moins, ont cherché, dans cette source pure le secret du langage qu’ils allaient parler, depuis Aristote, qui a écrit deux poésies qui le classent parmi les grands poètes, jusqu’à Schelling, qui a publié un recueil de vers fort curieux sous le nom de Bonaventure. […] On sentait que le poète, pour la première fois, y trahissait un secret d’âme longtemps gardé.
Le secret de l’idiôme universel seroit-il beaucoup plus difficile à saisir que le secret de l’idiôme qui plait au petit nombre(16) ? […] Les lettres ont commencé le plus souvent leur fortune, & ils sont ingrats envers les lettres ; leur avancement est un secret reproche qui leur dit ce qu’ils voudroient se déguiser à eux-mêmes, qu’ils n’avoient que le talent de faire fortune. […] Voici, si je ne me trompe, le secret du cœur humain pleinement dévoilé à cet égard. […] Il n’y a qu’un secret pour sauver son amour propre de toute insulte, c’est de ménager celui de tout le monde. […] Ils travailleroient avec la Nature, & surprendroient à la longue tous ses secrets.
Habile à démêler les vices secrets de ses protecteurs, il les caressait, il les cultivait, — mais comme un métayer cultive la terre qu’il a prise à bail, — pour en partager les fruits. […] Aimer la musique, tel fut le secret de Stendhal pour en parler avec éloquence, en prophète parfois, en poète toujours. […] Le tour de force accompli par le feuilletoniste consiste à avoir coulé sa critique dans le moule du dithyrambe ; ses louanges portent des bottes secrètes, et son enthousiasme, qui a le coup de foudre d’une bouteille d’eau gazeuse, en a aussi le picotement. […] Il n’y a de grande musique, croyez-le bien, que celle qui a le secret d’émouvoir grandement. […] Scribe lui-même n’en sait plus le secret et le mot de passe.
Il l’a tirée de l’obscurité du cloître et du secret des confessionnaux, Il l’a produite au grand jour. […] Avec un peu de matière et de mouvement nous pouvons créer le monde, et avec un peu de patience ou de persévérance nous pouvons obliger la nature à nous livrer ses derniers secrets. […] S’il y a dans l’épopée bouffonne de Rabelais un sens, non pas certes caché ni secret, mais intime, j’ose bien dire qu’il n’y en a pas d’autre. […] Qui sait les secrets des consciences ? […] Il n’a point connu de Mme de Warens dont il ait trahi les complaisances, il n’a confié à aucune demoiselle Volland le secret de ses infirmités ou de celles de Mme de Montesquieu, sa femme.
Plus d’une fois il dépendit peut-être de Louis XVI, par une autre attitude, par un réveil d’énergie soudaine, par un élan électrique, de tirer de ces foules émues et flottantes les alliés, les amis secrets et honteux qu’elles recélaient.
Jamais, dans les vrais siècles de grandes et vertueuses œuvres, on n’a songé ainsi à étaler cette plainte secrète ; on travaillait, on mûrissait, et se sentir mûrir console des fleurs qu’on n’a plus : on croyait à ce perfectionnement intérieur qui va à l’inverse des grâces riantes et qui, en définitive, sait s’en passer.
Il sait beaucoup de choses, mais superficiellement : Multa quidem scit, sed non multum. » J’ai cru qu’il n’était pas inutile, dans un temps où l’on est en train d’exagérer sur Campanella, de faire connaître cette opinion secrète de Naudé et du monde de Naudé.
M. d’Argenson se complaît à nous transmettre les plus menus détails de cette société libre, qu’il compare à cet âge d’or tant regretté de l’Académie française, et dont, sans lui, le secret serait encore ignoré de nous.
Elle sort de l’ombre honteuse des exercices secrets pour s’élever à la dignité relative d’un jeu de théâtre, d’un divertissement scénique.
Elle contente assez ma raison : Et mon cœur en secret me dit qu’il y consent.
Nous nous amusions à faire jouer l’eau des bassins, à pénétrer dans les recoins les plus secrets.
Mais qu’un homme, un grand écrivain, si l’on veut, vienne préciser ce qui était nuageux, condenser ce qui était éparpillé, mettre en pleine lumière ce qui était encore enveloppé d’ombre, exposer brillamment ces besoins que beaucoup sentaient sans en avoir la conscience bien nette, alors on lui sait gré d’avoir « dit le secret de tout le monde », d’avoir exprimé tout haut ce que tant d’autres pensaient tout bas, d’avoir donné une voix à des aspirations jusque-là presque muettes.
Une lettre de madame de Sévigné, du 6 novembre, raconte avec sa grâce ordinaire comment le roi, sous le nom d’un certain Langlée, espèce d’aventurier qui tenait un jeu à la cour, lui donna la plus belle robe dont on eut jamais eu l’idée : « M. de Langlée a donné à madame de Montespan une robe d’or sur or, rebrodé d’or, rebordé d’or, et par-dessus un or frisé, rebroché d’un or mêlé avec un certain or qui fait la plus divine étoffe qui ait jamais été imaginée : ce sont les fées qui ont fait cet ouvrage en secret.
Nous essaierons, à nos risques et périls et par dévouement aux choses de l’art, de caractériser les mille abus de cette petite inquisition de l’esprit, qui a, comme l’autre saint-office, ses juges secrets, ses bourreaux masqués, ses tortures, ses mutilations, et sa peine de mort.
C’est, mon ami, comme je crois vous l’avoir déjà dit, que tout l’effet d’un pareil tableau, dépend du paysage, du moment du jour, et de la solitude ; si des déesses viennent déposer leurs vêtements et exposer leurs charmes les plus secrets aux yeux d’un mortel, c’est sans doute dans un endroit de la terre écarté.
Mais il n’est point de secret pour vous ; et connaître le fond de la passion, c’est s’en garantir. […] Le critique explique toutes choses, mais au plaisir qu’il prend à en expliquer quelques-unes, sa secrète inclination se révèle. […] Dans tout son ouvrage on le voit qui guette en chaque état politique le vice secret par ou la nation pourra s’y laisser surprendre. […] C’était trahir son secret penchant. […] Aristote savait le secret, et Cicéron avait très bien lu Aristote.
Il ne pénètre jamais le secret de George Sand, jamais il ne nous rapproche de cette étonnante personnalité. […] La note fondamentale de la tapisserie, le secret de son charme, consistait, ainsi que M. […] L’aspect visible de la vie ne contient plus désormais pour nous le secret de l’esprit de la vie. […] Il met son clairon aux lèvres du Printemps et lui ordonne de souffler, et la Terre s’éveille de ses rêves et lui dit son secret. […] Écriture secrète irlandaise et celtique employée dans les inscriptions anciennes.
Voilà quel fut le secret de cette réaction intellectuelle qui, dans les premières années de ce siècle, donna l’avantage, non seulement du mérite, mais même du succès, aux doctrines réparatrices, et consola le christianisme de cette période funeste où le Père Guénée, quelques prédicateurs de second ordre et quelques publicistes diffamés avaient seuls lutté contre l’éclatant triomphe du sophisme et du sarcasme. […] On nous saura gré de ne pas les suivre dans le dédale de leur métaphysique subtile, raffinée, quintessenciée, mélangée de musc et de poivre rouge, compliquée de trappes, de portes secrètes et d’enlèvements : Marivaux à l’eau-de-vie, raconté par un grognard de la grande armée au chevalier de Faublas. […] Tous les secrets du cœur y devraient être scellés par la mort. […] Pour y parvenir, il faut qu’ils posent, et, pour poser dans les conditions les plus favorables au secret désir de leur vanité, il faut qu’ils élaguent tout ce qui, dans l’ensemble de leurs souvenirs, de leurs sentiments et de leur vie, gâterait l’effet et ressemblerait trop aux faiblesses et aux misères de notre pauvre humanité. […] Dorine, qui en fut bien aise, dit : Lycas est peu discret D’avoir trahi mon secret.
Mais je vous demande, et à M. de Charrière, qui, j’espère, n’a pas oublié son fol ami, le plus grand secret. […] C’est ce que j’ignore ; mais j’ai peur qu’il n’en soit de ce secret comme de celui des francs-maçons, qui n’a de mérite qu’aux yeux des profanes. […] Il nous révèle beaucoup trop pourtant le secret du rôle politique dans le passage suivant. […] On y trouverait bien de l’ingénieux et aussi du sophisme ; nous sommes trop dans le secret pour ne pas en trouver avec lui. […] Benjamin Constant n’est plus à connaître désormais ; il sort de là tout entier, confessant le secret de sa nature même : Habemus confitentem reum .
J’avais acheté à la gare de Sceaux un petit livre intitulé : Mon Secret. […] Ces deux poètes, qui sont de sublimes génies, montrent également, d’un bout à l’autre de leurs œuvres, qu’ils se faisaient scrupule d’approfondir tous les secrets de leur art, les petits autant que les grands. […] Œdipe s’en mêle et Dircé, qui s’obstine, lui dit ironiquement : Quelque secret motif qui vous ait excité À ce tardif excès de générosité, etc. […] En 1679, Louis XIV acheta d’un Anglais, le chevalier Talbot, un secret pharmaceutique contre les fièvres, qui n’était qu’une préparation de quinquina. […] Hugo et le père Dumas auront beau faire, nous sommes désormais dans leur secret.
Camée cherche avec candeur le secret des sottises qu’elle lui attribue « dans le caractère slave particulier greffé sur le caractère général féminin ». […] Nous ignorons encore le secret des discrets chevaux tusses, et il faut nous contenter des révélations sur l’âme slave. […] Rassurez-vous : le secret se dévoilera sans qu’il y ait de la faute de personne. […] Mais vingt intéressés autour de cinq grosses tranches de secret suffisent à constituer un plat présentable. […] Cette cousine des Napoléons était bien placée pour connaître les secrets.
Nous avons, pénétré le secret du monde, la science nous a fait discerner en lui les mêmes éléments de mort et de dissolution qui sont en nous. […] Leurs extases stupéfiantes ne cachent-elles pas une défaillance secrète et peut-être inavouée de l’esprit ? […] Elle fit saillir tous les muscles, débrida toutes les plaies et prétendit trouver dans l’anatomie des chairs sanglantes le secret de la vie. […] Il ne se permet aucune appréciation propre ; il lui suffit, de mettre à nu les ressorts secrets de l’organisme intellectuel qu’il étudie et d’en découvrir le jeu caché. […] Elle cache un secret athéisme et contient déjà le principe de la catastrophe subséquente.
Tant de beaux exemples ne sont-ils pas pour encourager l’homme à considérer les plantes de très près et les interroger sur leurs vertus secrètes ? […] Il y a bien d’autres secrets de même sorte : on se borne aux plus curieux. […] Tout phénomène a ses raisons, visibles ou secrètes. […] Car les couleurs que nous aimons, ce n’est point par choix, mais par une secrète sympathie qu’il nous est impossible de raisonner. […] Rien n’amollit la dureté des cœurs chastes comme la certitude du secret.
. — On trouve aussi que Fouché est jugé un peu favorablement et avec trop d’indulgence ; le portrait de M. de Talleyrand, très-agréable, n’est lui-même qu’ébauché ; l’historien, si bien au fait des secrets les plus honteux, ne peut tout dire ; mais ces portraits sont touchés avec infiniment d’art et de goût.
L’orage du cœur y vibre et y réveille les échos les plus secrets.
Rien n’éloigne plus de la précision, que le désir de tout dire : le secret de la diffusion, c’est le parti pris de ne rien omettre.
Si l’imagination poétique consiste essentiellement à découvrir et à exprimer les rapports et les correspondances secrètes entre les choses, on peut dire que le panthéisme est la poésie même, puisqu’il établit l’universelle parenté des êtres.
D’abord, tout cet appareil compliqué, précis, luisant et froid ; ces multiples et fins instruments faits pour couper, percer, pincer, brûler, scier, limer, tordre, et qui éveillent en nous l’idée de sensations atrocement aiguës et lancinantes ; puis cette pauvre nudité exposée sur le lit opératoire, et qui (nous y pensons fraternellement) pourrait être la nôtre ; ce mystère violé de nos plus secrets organes ; cet aspect de corps éventré sur un champ de bataille ; la vue du sang, et des entrailles ouvertes, et des plaies béantes et rouges, vue qui serait insoutenable si le malade sentait, mais qui n’est que suprêmement émouvante puisqu’on a la certitude qu’il ne souffre pas et l’espoir que, en se réveillant, il aura la joie infinie de se savoir affranchi de la torture ou de la honte de son mal ou de son infirmité… Et ce spectacle est aussi très bon pour l’intelligence.
Un autre ami secret, Nicodème 1207, que déjà nous avons vu plus d’une fois employer son influence en faveur de Jésus, se retrouva à ce moment.
Virgile est l’ami du solitaire, le compagnon des heures secrètes de la vie.
Ceux qui nient les pressentiments, ne connaîtront jamais les routes secrètes par où deux cœurs qui s’aiment communiquent d’un bout du monde à l’autre.
Il n’y a là aucune présomption, aucun secret espoir vaniteux, puisqu’elle va mourir en effet. […] » Mordaunt disparaît dans la muraille par une porte secrète, et laisse les mousquetaires babas. […] Nul ne garde mieux un secret qu’un enfant, ne l’avez-vous pas remarqué ? […] Sentez-vous l’âcre amertume secrète ? […] La viole d’amour n’a point de secrets pour M. van Wœfelghem.
Ils prennent l’art au point où l’a laissé le prédécesseur, mais ne semblent pas compulser le prédécesseur, immédiat ou éloigné, pour lui dérober ses secrets. […] C’est là le secret. […] C’est le goût de connaître les secrets du monde pour les connaître. […] Là est le secret de sa haute fortune littéraire. […] Ce qu’il voulait qui fût expliqué ainsi sur son tombeau c’était le secret, un des secrets du moins, de son ascendant sur les foules.
Poitiers, ville cruellement pavée, encombrée de moines et de territoriaux, mais abondante en vénérables merveilles, n’a pas de secrets pour lui. […] Don Juan a connu trop tard le secret du bonheur. […] Je souhaite qu’un narrateur, plus expert aux secrets du métier, reprenne le sujet qui m’a tenté et qui n’était sans doute pas proportionné à mes forces. […] Le secret des hautes aventures et des amours sublimes est-il perdu pour toujours ? […] Tel qu’il est, quelles que soient ses prédilections déclarées ou ses affinités secrètes, il est en état de grâce pour nous entretenir de beauté.
Et puis, ne craignez-vous point qu’on ne mésinterprète votre conduite : on vous soupçonnera ou d’ingratitude ou d’un autre motif secret. […] Un autre se réjouirait en secret de sa désertion : il y verrait de l’honneur, de l’argent et du repos à gagner. […] La belle nuée d’ennemis secrets que vous allez vous faire ! […] Du moins, faudrait-il que sa satire fût gaie ; mais elle est triste, et l’auteur ne sait pas le secret de nuire avec succès. […] Je vous confie sous le secret (car un mot suffit pour gâter la meilleure action) que cet artiste me coûte plus de deux cents louis.
De sorte que les romans d’Eugène Demolder s’imprègnent toujours d’une émotion religieuse, ceux-là pénétrés de mysticisme, ceux-ci rayonnant d’un idéal, et voilà bien le secret de leur vivifiante joie. […] Par la langue claire et noble, Fernand Séverin s’apparente à Racine, par l’inspiration douce, à Lamartine, mais son talent dévoile toujours les secrètes pudeurs, innocemment gracie uses, d’une âme délicate et loyale. […] Un étrange et grand rêveur a, pour la première fois, subitement et formidablement rendu visible le drame secret, unique, virtuel et abominable, que nous recelons tous depuis notre naissance, et avec tant de soins inutiles, au plus profond de notre corps. […] * * * Edmond Picard (nous le rencontrons pour la première fois, mais le retrouverons bientôt), examine dans son théâtre d’idée quelques-uns des secrets les plus troublants de la vie et de la mort. […] Paris, Mercure de France, 1898. — La Vie secrète (nouvelles).
c’est donc un secret ? […] — Un secret ! […] Quand Boris, dans un de ses moments d’abandon, lui confia ses secrètes pensées et ses tristesses, Pierre lui reprocha son ingratitude et lui représenta vivement toutes les qualités de la jeune femme. […] Les secrètes souffrances de Viéra ne pouvaient non plus échapper au regard de Pierre. […] Il prenait à tâche constamment de ne pas lui laisser deviner qu’il comprenait le secret de sa douleur.
Il était devenu époux et père de famille, il n’avait aucune fortune que son travail et son talent ; il était obligé de garder avec les différentes phases de la révolution une certaine mesure pour conserver le pain à sa femme et à ses enfants ; c’est le secret de ces publications, peu stoïques mais innocentes, qu’il fit tantôt pour être employé dans l’instruction publique, tantôt pour occuper une place au Jardin des plantes, afin d’avoir des appointements et un asile pour sa famille, en s’occupant de sa science favorite, l’histoire naturelle. […] Au premier mot qu’elle en dit à son élève, mademoiselle de Pelleport s’évanouit d’émotion ; elle ne cacha point l’attachement secret que ce beau vieillard lui avait inspiré. […] C’est ainsi que les deux amis se quittèrent sans s’avouer leur penchant secret. […] Cependant, si la raison de l’homme n’est qu’une image de celle de Dieu, puisque l’homme a bien le pouvoir de faire parvenir ses intentions jusqu’au bout du monde par des moyens secrets et cachés, pourquoi l’Intelligence qui gouverne l’univers n’en emploierait-elle pas de semblables pour la même fin ? Un ami console son ami par une lettre qui traverse une multitude de royaumes, circule au milieu des haines des nations, et vient apporter de la joie et de l’espérance à un seul homme ; pourquoi le souverain protecteur de l’innocence ne peut-il venir, par quelque voie secrète, au secours d’une âme vertueuse qui ne met sa confiance qu’en lui seul ?
Je ne prétends point que ce soit en lui méthode, projet, réflexion ; mais instinct, pente secrète, sensibilité naturelle, goût exquis et grand. Lorsqu’on présenta à Voltaire Denys le tyran, première et dernière tragédie de Marmontel, le vieux poëte dit : il ne fera jamais rien, il n’a pas le secret. — Le génie peut-être ? […] En aurais-je un pressentiment secret ? […] Mon secret m’est échappé et il n’est plus temps de recourir après. […] Le philosophe remonte à un principe plus secret.
Le mouvement poétique, qui redoubla de concert et de retentissement à partir de 1828, vint pourtant classer M. de Vigny à son rang dans les jeunes admirations ; une auréole mystique et secrète l’entoura peu à peu au seuil de sa solitude. […] Sainte-Beuve m’aime et m’estime, mais me connaît à peine et s’est trompé en voulant entrer dans les secrets de ma manière de produire. […] Quand ils veulent le faire, ils la retaillent et la gâtent. » Je n’ai garde, on le conçoit, de prétendre avoir atteint du premier coup la ressemblance sur De Vigny ; c’était une nature des plus compliquées dans sa finesse et qui, par ses qualités et ses défauts, ses supériorités et ses ridicules, fait encore problème pour moi aujourd’hui ; mais, quoique le poëte en sût probablement plus long que personne sur ses secrets de composition, on va voir que, juge et partie comme il était, il n’a pas tout à fait raison contre son critique.
On vit même une joie secrète luire sur ses traits à travers la gravité et la tristesse du moment. […] Aux derniers coups de canon, aux cris de victoire du peuple, à la vue de ses écrins, de ses bijoux, de ses portefeuilles, de ses secrets étalés et profanés sous ses yeux comme les dépouilles de sa personne et de son cœur, elle était tombée dans un abattement immobile, mais toujours fier. […] Nous sommes descendus dans la rue, parce que nous y avons vu nos amis, mais nous ignorons par qui le feu a été allumé. » Il y a plus de hasard qu’on ne croit dans les révolutions ; elles ont plus de mystères que de secrets.
Je rends grâce au ciel de m’avoir fait vivre jusqu’à ce jour, où, par la main d’un grand homme, le voile du sanctuaire a été déchiré et les secrets de Dieu révélés au grand jour, car cet homme, enflammé d’une si immense ambition, cet homme dont le nom retentit depuis ma naissance dans le monde lettré, cet homme devant qui les savants de tous les pays s’inclinent en lui rendant hommage, ne peut pas être un homme ordinaire, un jongleur, un charlatan, un joueur de gobelets pleins de vide, un nomenclateur spirituel prenant les noms pour des choses ; il doit savoir mieux que moi qu’un dictionnaire n’est pas un livre, qu’un procès-verbal n’est pas une logique, qu’en nommant les phénomènes on ne les définit pas, qu’on recule la difficulté sans la résoudre par des dénominations savantes, et qu’en réalité la vraie science ne consiste pas à connaître, mais à comprendre l’œuvre du Créateur. […] Je l’ai vu avec la même attitude auprès de Chateaubriand qu’il caressait d’en bas, d’Arago dont l’amitié faisait sa gloire, des hommes politiques les plus dissemblables, royalistes, constitutionnels, républicains, affectant auprès de chacun d’eux une déférence suspecte, et laissant croire que chacun d’eux avait en secret sa préférence. […] Il eut alors, pendant deux ans et plus, une correspondance secrète mais avouée avec sa cour sur l’état des affaires de France.
La postérité a entendu battre leur cœur de femme et a pénétré malgré elles dans ce secret de leur génie qui n’était, comme il sied à des femmes, que le génie de leur amour. […] C’est la transcendance du langage, c’est la concentration de la pensée ou du sentiment dans peu de mots, c’est l’explosion de la phrase éclatant comme le canon sous la charge qu’une main vigoureuse a introduite et bourrée dans le tube de bronze ; c’est l’idée, le sentiment, l’image, le son, la brièveté fondus ensemble d’un seul jet au feu de l’inspiration et formant ce métal de Corinthe dont nul n’a pu découvrir le secret en le décomposant ; c’est l’algèbre sans chiffres qui abrége tout, qui dit tout, qui peint tout d’un seul trait ; c’est la conception et l’enfantement de l’âme en un seul acte, c’est le délire raisonné surexcitant au dernier degré les facultés expressives de l’homme, mais c’est le délire se connaissant, se possédant, s’exaltant en se jugeant, se contenant avec la suprême autorité du sang-froid comme le coursier emporté qui tiendrait lui-même son propre frein. […] « Depuis un an, dit en finissant madame de Staël, depuis un an que le secret le plus impénétrable entoure sa prison, on a dérobé tous les détails de ses douleurs ; mille précautions ont été prises pour en étouffer le bruit.
L’atmosphère d’ambigu badinage, qui est distillée autour du secret de la Caisse oblongue, ne se dissipe qu’à la catastrophe Par le lent déroulement du récit, l’aiguë terreur que désigne l’exorde de Bérénice ne desserre pas un instant. […] Et le secret de leur empire lui paraîtra résider dans l’impassibilité maintenue du poète, qui sut ne ternir d’aucune phrase cordiale la rationalité de ses plus longues œuvres. […] L’appel à l’instinct, aux exubérances incorrectes du tempérament, le conseil de livrer des émotions secrètes en amusement à des étrangers, l’invite aux confidences et aux familiarités, sont remplacés par une doctrine savante et plus fière.
Baudelaire est depuis longtemps familiarisé avec tous les secrets de la métrique et toutes les délicatesses du langage ; esprit ouvert et écrivain laborieusement distingué, il nous paraît avoir condensé dans le morceau suivant quelques-unes de ses meilleures qualités. […] Les artistes qui voient les lignes sous le luxe et l’efflorescence de la couleur percevront très bien qu’il y a ici une architecture secrète, un plan calculé par le poète, méditatif et volontaire. […] Désormais divorcée d’avec l’enseignement historique, philosophique et scientifique, la poésie se trouve ramenée à sa fonction naturelle et directe, qui est de réaliser pour nous la vie complémentaire du rêve, du souvenir, de l’espérance, du désir ; de donner un corps à ce qu’il y a d’insaisissable dans nos pensées et de secret dans le mouvement de nos âmes ; de nous consoler ou de nous châtier par l’expression de l’idéal ou par le spectacle de nos vices.
Elle lui répondait par de petites tapes sur l’épaule… Il lui découvrait une beauté toute nouvelle, qui n’était peut-être que le reflet des choses ambiantes, à moins que leurs virtualités secrètes ne l’eussent fait s’épanouir. » Les virtualités secrètes ! […] Il n’y a pas de livre là-dedans ; il n’y a pas cette chose, cette création, cette œuvre d’art d’un livre organisé et développé, et marchant à son dénouement par des voies qui sont le secret et le génie de l’auteur.
Henri IV aimait à consulter Rosny dans les circonstances décisives, et il le faisait d’ordinaire en secret pour ne pas donner trop d’ombrage et de jalousie aux témoins. […] Bon nombre de ces conversations secrètes de Rosny, en ces années, se passèrent dans cette posture de respectueuse confidence.
Il faut assembler par-delà nos deniers, les mettre et garder dedans nos coffres, en faire la meilleure provision que nous pourrons et la tenir secrète… Mais Henri IV sent qu’il peut encore employer Rosny à d’autres fins qu’à celle de financier et d’économe royal, quoique ce soit là son office principal et le plus essentiel s’il fallait choisir. […] Sur ces grands et derniers secrets d’État, Sully laisse beaucoup à deviner, même à ses secrétaires, qui s’en tirent comme ils peuvent avec les papiers trouvés dans ses armoires.
Cet ouvrage ne verra jamais le jour, et ne sera lu que cette fois seulement de tout ce qui sera chez moi ; je suis la seule indigne de l’entendre ; c’est un secret que je vous confie au moins. […] À travers cette sévérité apparente et en partie réelle, il s’attachait à reconnaître ceux qu’il appelait des esprits superbes, ceux « qui se regardaient et se faisaient un secret plaisir d’être regardés comme les justes, comme les parfaits, comme les irrépréhensibles ; … qui de là prétendaient avoir droit de mépriser tout le genre humain, ne trouvant que chez eux la sainteté et la perfection, et n’en pouvant goûter d’autre ; … qui, dans cette vue, ne rougissaient point, non seulement de l’insolente distinction, mais de l’extravagante singularité dont ils se flattaient, jusqu’à rendre des actions de grâces à Dieu de ce qu’ils n’étaient pas comme le reste des hommes : Gratias tibi ago, quia non sum sicut cœteri hominum ».
Arouet. » Il répond aussi, plus délicatement qu’à lui n’appartient, sur la poésie que Vauvenargues n’aime guère et dont il méconnaît les ressources propres et le secret mécanisme, utile par sa contrainte même à la pensée, et provoquant par la rime à l’image. […] C’est lui qu’on rencontre incidemment nommé dans les lettres du grand Frédéric, et chargé en 1757 par la margrave, sa sœur, d’une négociation secrète auprès de la marquise de Pompadour et de l’abbé de Bernis pour obtenir et acheter la paix4.
Bannis des craintes puériles, aborde franchement cette affaire et serre-la de près… » Mais, par un reste de bon sens et de raison, il se dit d’éviter soigneusement toute intrigue d’amour avec sa vieille hôtesse ; c’est avec la jeune servante Fotis qu’il compte bien s’acquitter de ce premier vœu de toute jeunesse en voyage, et c’est par elle aussi qu’il espère s’initier bientôt dans les secrets de la maîtresse. […] Apulée avait l’esprit fortement atteint de superstition ; il avait du goût pour les Chaldéens, les Égyptiens, et leursliturgies secrètes ; il était initié à des mystères et associé à quelque confrérie religieuse du temps.
si vous le voulez à toute force, — vous voyez que je n’y tiens pas, pourvu qu’il ait un peu de malice et qu’il soit tout nu et bien gentil. » Je ne voudrais pas abuser du plaisir de citer parmi ces pages, déjà si nombreuses, d’un livre inachevé ; mais cette finesse de sentiment et d’analyse, cette délicatesse d’expression sous forme écrite, jettent certainement un jour sur le talent de Gavarni, et nous expliquent les distinctions secrètes de son crayon, même lorsque ensuite il ira, comme il dit, au cabaret. […] Car un des secrets de l’amour, il le lui dira au dernier moment, « c’est qu’il faut toujours qu’un homme domine une femme, — par la force, par l’intelligence, par l’orgueil, par la fierté, par tout ce qui est mâle en lui ; — et c’est pour cela, ajoute-t-il, qu’on n’aime jamais bien une femme qu’on ne comprend pas, qu’on craint de blesser en frappant autour d’elle des choses qu’on ne saisit pas bien… Que voulez-vous qu’un homme fasse de l’orgueil d’une femme ?