Sa première femme étant morte moins d’un an après son mariage, il en prit une autre qui mourut aussi. […] Courant donc au premier voleur, il fit feu sur lui de son pistolet, qui rata. […] Au premier coup d’oeil jeté sur ces documents, le prince aperçut plusieurs choses suspectes. […] Guizot est, comme chacun sait, un généralisateur du premier ordre. […] Mais tout cela n’est qu’au second plan comme importance biographique, la correspondance est au premier.
Cet aristocratisme, à première vue, semble étrangement radical. […] Dans son premier chapitre, M. […] Faguet qu’il n’y avait pas été amené par sa nature première. […] Paul Arbelet que « du premier coup il sut aller à l’essentiel » ? […] Son premier article était intitulé : « Ode au Choléra ».
Mais il avait un talent lyrique de premier ordre. […] Quelle va être l’impression du premier en face du second, quel va être le jugement du premier sur le second ? […] C’est pour cela que ses premiers romans (disons plus nettement, comme M. […] Par trois plans, mais en partant du premier et en allant vers le plus éloigné. […] Il peignait les foules en mouvement d’une manière qui le met au tout premier rang.
Ce jour-là, on le trouvait non au « Grenier », mais dans son cabinet de travail, situé au premier étage de la maison. […] Il ne le revêtait guère, je crois, que pour assister à quelque première ou pour aller chez la princesse Mathilde. […] Au premier rang se tenait S. […] Il avait des pointes dans l’esprit, mais il en arrêtait les piqûres « au premier sang ». […] Posons la main sur son antique rampe et montons jusqu’au premier palier.
Verhaeren paraît un fils direct de Victor Hugo, surtout en ses premières œuvres ; même après son évolution vers une poésie plus librement fiévreuse, il est encore resté romantique ; appliqué à son génie, ce mot garde toute sa splendeur et toute son éloquence. […] Pierre Quillard a réuni ses premières poésies sous un titre qui serait, pour plus d’un, présomptueux : La Gloire du Verbe. […] Sans aller jusqu’aux négations pures de Berkeley, qui ne sont pourtant que l’extrême logique de l’idéalisme subjectif, il recevait, dans sa conception de la vie, sur le même plan, l’Intérieur et l’Extérieur, l’Esprit et la Matière, avec une très visible tendance à donner au premier terme la domination sur le second. […] Eekhoud où ce passionné crie le plus hautement et le plus clairement ses charités, ses colères, ses pitiés, ses mépris et ses amours, lui-même troisième tome de cette merveilleuse trilogie dont les deux premiers ont pour titre, Maeterlinck, Verhaeren. […] Les Chants de Maldoror sont un long poème en prose dont les six premiers chants seuls furent écrits.
C’est à peu près vers ce temps qu’il dut préparer sa première entreprise dramatique, et commencer à rêver de son « illustre » théâtre. […] Despois persistait à la placer aux premiers jours de l’année 1655111. […] demandait-il dans sa première préface de Britannicus. […] C’est de là, de ce premier embastillement, que date pour nous l’histoire de Voltaire. […] » Mais l’enchantement des premiers jours ne tarda pas à se dissiper.
Louise et moi nous les savions par cœur ; mais nous en fûmes encore émus comme au premier jour. […] Le dix-neuvième siècle a pour mission de reprendre l’œuvre de la Révolution dans ses idées premières. […] Je ne reviendrai plus au point de vue de la défense des deux grands poètes prétendus imitateurs du premier. […] Dans ce poème, successeur du premier, nous voyons au premier coup d’œil un homme encore plus malheureux, encore plus coupable, encore plus damné que Faust. […] Il parlait avec une bonhomie parfaite de ces premières tentatives, et les critiquait avec plus d’esprit que personne n’eût pu le faire.
Hormis cette inadvertance, les deux premiers actes de Catherine forment une moderne berquinade jolie et harmonieuse. […] Ce premier sacrifice me donne le droit de commander ici, et de disposer d’elle par une seconde immolation. […] Et cette confidence et cette prière ont pour effet d’affranchir Lia de son premier et mélancolique amour, par le sentiment de l’ironie de la situation et de l’inutilité de son renoncement. […] Elle a trente ans ; elle est moins naïve, plus intelligente, plus avertie qu’au premier acte. […] Presque tous nos grands écrivains ont été bourgeois ; bourgeois, la plupart des premiers rôles de la Révolution ; bourgeois, Auguste Comte, Proudhon, Fourier, Leroux, et les vieux de 48.
Au premier abord, ne semblerait-il pas logique, toutes les fois qu’on accomplit un travail, de n’avoir en vue que le moyen de le faire vite et bien, en dépensant le minimum de force ? […] L’écrivain, comme le musicien, reconnaît du premier coup dans la confusion de ses pensées ce qui est mélodieux, ce qui sonne juste et bien : le poète saisit tout d’abord dans une phrase un bout de vers, un hémistiche harmonieux. […] La richesse constante de la rime est le pendant de l’emphase oratoire qui faisait la beauté du style au temps du premier empire, et qui nous fait sourire aujourd’hui. […] Il y a même, souvent, symétrie des premier et dernier vers : Eh bien ! […] Voilà pourquoi nous aimons ces retours d’une pensée première, d’une pensée qui se déroule et s’agrandit pour se retrouver à la fin, même et autre tout ensemble.
— Remarquons en outre que toute application intelligible de la loi de conservation de l’énergie se fait à un système dont les points, capables de se mouvoir, sont susceptibles aussi de revenir à leur position première. […] On s’adresse alors à l’expérience, et on lui demande de montrer que le passage d’un état psychologique au suivant s’explique toujours par quelque raison simple, le second obéissant en quelque sorte à l’appel du premier. […] Il est vrai que vous revenez ensuite, sans y prendre garde, à votre première hypothèse, parce que vous confondez sans cesse la ligne MOXY se traçant avec la ligne MOXY tracée, c’est-à-dire le temps avec l’espace. […] Il lui semble que, si l’idée du second phénomène est déjà impliquée dans celle du premier, il faut que le second phénomène lui-même existe objectivement, sous une forme ou sous une autre, au sein du premier phénomène. […] On passera donc insensiblement du premier sens au second, et l’on se représentera la relation causale comme une espèce de préformation du phénomène à venir dans ses conditions présentes.
Chapitre premier. […] Il est notre premier moteur et notre premier mobile ; par rapport aux autres, il est toujours en deçà ; par rapport à lui, ils sont toujours au-delà. […] Chaque couple, s’il est bien fait dans notre esprit, correspond à un couple dans les événements, et chaque couple mental, quand son premier terme est répété exactement par la sensation présente, a pour second terme une prévision. […] Étant donné un couple de souvenirs dans lequel le second terme apparaît comme postérieur au premier, si le premier se trouve répété par la sensation actuelle, le second ne peut manquer d’apparaître comme postérieur à la sensation actuelle, et de se situer d’autant plus avant et plus loin par rapport à elle, qu’il y a plus d’intervalle entre les deux termes du couple primitif. […] Première partie, livre II, ch.
Elle peut être un reste du style sentencieux des premiers sages. […] » Au lendemain, vêtu d’une sequenie blanche, charge sur son dos les deux précieuses coignées, se transporte à Chinon, ville insigne, ville noble, ville antique, voire première du monde, selon le jugement et assertion des plus doctes Massorets. […] Il y a trois actes ; le procès est jugé à tous les tribunaux, en première instance, en appel, en cassation. […] Quoique respectueux pour les anciens, le poëte voit du premier coup que la plus grosse sottise serait de le faire parler comme Cicéron.) […] Il ne salue pas, comme dans Cassandre ; du premier coup, il prend l’ascendant, « le sénat est là pour l’écouter. » Il n’amplifie pas comme Cassandre ; son premier mot commence un raisonnement serré qui va droit jusqu’à la menace.
Nos pseudo-classiques du premier Empire s’épuisent à cette tâche impossible. […] On le vit bien sous le second Empire, copie et parodie du premier. […] Il faut saisir l’occasion au vol, profiter de la minute d’attention que le public veut bien accorder, lui jeter sa pensée toute brûlante et telle qu’elle a jailli du premier jet. […] Au premier rang montent quelques-uns de ceux qui étaient relégués dans les basses régions. […] Chapitre premier, p. 14.
Ce premier « succès » obtenu, je prierai, quelques années après, ces princes, rois, ducs et empereurs tout-puissants de vouloir bien se déranger pour venir écouter l’une de mes plus nébuleuses productions. […] Certes, le monde de l’Apparence lui avait un faible attrait : son œil presque troublant, son œil fixé ouvertement ne pouvait voit en ce monde, que d’importuns dérangements au monde intime de sa pensée : il sentait que rester sous la dépendance du premier serait perdre tout rapport avec le second. […] (Siegfried, Troisième acte, première scène) Site sauvage, au pied d’une montagne de pierre ; nuit, orage et ouragan, éclairs et tonnerre. — Le Voyageur est debout, devant le trou d’une caverne). […] Corrections BRUXELLES 7, 9, 11,13, 16,19, 21, 23, 26 mars — Théâtre de la Monnaie : Les Maîtres Chanteurs (neuf premières représentations). […] Premier Concert Richter : Ouv. de Tannhæuser, Prél. de Parsifal.
La méchante Volonté première de Schopenhauer, cette âme essentielle des réalités, est ici le Bien suprême. […] Quelle est pour Wagner, cette Nature, cette Réalité, cette Volonté première, cet Être immanent, si prodigieusement bienheureux ? […] Non seulement il les convainquit, mais il put leur démontrer que leurs critiques mêmes étaient une preuve en faveur de sa conception première. […] Quelques passage du premier article sur Bayreuth, ont pu causer des malentendus ; nous avons reçu, à ce propos, de l’administration du Théâtre de Fête, des renseignements très obligeants. […] Enfin, à la dernière ligne de ce premier article, page 142, on doit évidemment lire 1883, au lieu de 1885.
Et voici vos quinze ans dans la trace profonde De mon premier amour patient, et vainqueur ! […] Dans la grande nature ils entraient éblouis, Avec ferveur, sans choix, sans art ; leur premier songé Errait émerveillé, comme la main qui plonge Dans les trésors confus par l’avare enfouis ! […] La grande société vivante et souffrante n’embrasse pas seulement l’humanité, mais aussi les animaux, dont Leconte de Lisle s’est plu à peindre les vagues pensées, la conscience obscure et les rêves, comme pour y mieux saisir, dans ses premières manifestations, le sens de la vie universelle. […] Dès ses premiers regards, il s’est appliqué « à noter les tons fins d’un ciel mélancolique » sans jamais dépasser les « vieux bords de la Seine », ligne de l’horizon. […] C’est en effet pour ses père et mère que le poète a réservé ses premiers outrages.
Je crois qu’il faut garder la forme de l’alexandrin, admirable par son jeu de nombres premiers qui additionnés donnent les dissonances, et multipliés, les eurythmies. […] — De première importance pour celui qui n’a que du talent, la Forme indiffère pour l’homme de génie. […] J’ai composé, et l’un des premiers, autrefois, un grand nombre de ces vers libres, mais je suis revenu, dans mes derniers ouvrages, à la versification classique, à laquelle j’accorde maintenant l’avantage. […] Parmi les jeunes qui donnèrent les plus sérieux espoirs pour ce que Paul Adam et René Ghil appellent le « merveilleux devenir », il faut citer en première ligne M. […] Les rapports de la Musique et de la Poésie sont trop évidents pour qu’il nous soit nécessaire d’exposer les raisons qui nous incitèrent à joindre à cette enquête l’avis de l’une de nos premières personnalités musicales.
Et comme ce reflet du climat du premier jardin. […] Elle brille d’un même éclat premier. […] Il est de ses barons et il y est premier. Il est de son peuple et il y est premier. […] Ou la vie du premier des saints.
Il lui semble toujours que le bonhomme en va sortir, suivi de son premier laquais, de son second laquais. […] On dirait l’écho lointain et tamisé d’une petite comédie des premiers jours de M. […] Au premier pas que le pauvre diable a fait dans sa chambre, sa femme a tout deviné. […] Ce premier acte de la comédie de M. […] — Au premier mot d’excuse que dit Moncade, Lucinde est persuadée comme si elle l’aimait d’amour.
Ce sont pourtant les deux quatrains du premier sonnet que nous connaissions de Malherbe. […] L’un des premiers, il l’a invité à oser être enfin lui-même. […] Peu de sermons sont plus caractéristiques de sa première manière, agressive et souvent violente, militante et passionnée, peu pitoyable à la faiblesse humaine. […] Si l’on commence par supposer les problèmes résolus, n’est-ce pas demander à la raison, pour sa première démarche, de s’abdiquer elle-même ? […] Dirai-je qu’elle est l’une des premières qui ait reçu de ses maîtres ou de la mode une éducation scientifique ?
Des personnes que je ne connais point, à qui je n’ai pas donné mes premiers Essais, et qui ne me devaient rien par conséquent, les ont lus et m’en ont écrit : ce livre les avait donc touchées. […] Je ne sais si sa première vertu ne doit pas être la charité. […] On ne se trompe guère sur la médiocrité ; le moindre commerce avec les manuscrits de la jeunesse studieuse la fait reconnaître au premier coup d’œil. […] ce n’est pas un auteur ordinaire qui aurait imaginé un chien comme premier sujet de dispute sur la propriété ! […] Voltaire ayant écrit dans le Siècle de Louis XIV : « Un des premiers qui étala dans la chaire une raison toujours éloquente fut le P.
Pour me résumer, j’avoue que j’aurai toujours plus d’estime pour N’importe qui premier, que pour Shakespeare II, Corneille V ou Victor Hugo III. […] Bourget est une œuvre de premier ordre et qui accentue définitivement la personnalité de l’auteur. […] J’ouvre votre livre aux premières pages et qu’est-ce que j’y vois ? […] Au premier rang, un matelot retire son béret. […] Dès les vingt premières lignes, la cause de l’auteur est gagnée, la sympathie du lecteur lui est acquise, et il lui sera pardonné, si tant est qu’il ait besoin d’être pardonné.
Du premier l’œuvre est trop connue pour qu’il soit nécessaire d’y insister. […] Des deux premiers, la moelle est extraite. […] Un mot prononcé au premier acte prend son importance au quatrième. […] Du premier conte au dernier, cela craque, cela flamboie comme un incendie grandiose. […] Ô lectures premières et premiers contes, lait de l’esprit, source du fleuve fécond, joyeux réveils, cloches entendues et fleurs cueillies !
Mais dites-moi, est-ce que le ministre qui préside à nos relations extérieures, n’est pas un historien de premier mérite ? […] Pourtant, son premier livre est un récit de voyage, de même que le premier ouvrage de M. […] On le vit bien à son premier livre, qui s’intitulait l’Athènes de la Sprée. […] Paul Hervieu choisit ses jeunes premiers à l’École française d’Athènes. […] Le fétiche en bois, l’idole-planche, modèle primitif sur lequel se règle le profil des premières statues de pierre.
Premier point donc : Molière ne sacrifie pas, n’immole pas complètement, impitoyablement, ses sots qui-sont des honnêtes gens. […] Car, quelques précautions qu’ait prises Molière, pour, violant la règle de l’unité de lieu, persuader au public qu’il ne violait pas l’unité de temps, Don Juan n’a pas le même âge au cinquième acte qu’au premier. […] La belle impétuosité lyrique avec laquelle il se peint lui-même au premier acte est d’un tout jeune homme ardent, lancé par le monde comme un élément, et presque sympathique. […] Tu veux qu’on se lie à demeurer au premier objet qui nous prend, qu’on renonce au monde pour lui et qu’on n’ait plus d’yeux pour personne ? […] Molière l’a vu dans Paris ou en province ; il est un des bourgeois qu’il a observés non loin des Halles dans sa première jeunesse ou dans quelque ville au cours de ses campagnes théâtrales.
Ce premier recueil de l’Olive, qui se composait principalement de cinquante sonnets à la louange d’une maîtresse, destinée par son nom à faire le pendant de Laure (le Laurier, l’Olivier), et qui n’était pas purement imaginaire, parut à la date de 1549, et devança de quelques mois, je le pense, la Défense et Illustration ; on n’y voyait que les initiales de Joachim Du Bellay. […] À ce mouvement, à ces formes, à ces rimes inusitées jusqu’alors en poésie française, on est transporté par-delà, et l’on se prend à redire involontairement avec Lamartine dans ces stances de la première pièce de ses premières Méditations : Là je m’enivrerais à la source où j’aspire ; Là je retrouverais et l’espoir et l’amour, Et ce bien idéal que toute âme désire, Et qui n’a pas de nom au terrestre séjour… Du Bellay, gêné et comme empêché dès le début, n’a donné que la note : Que songes-tu, mon Âme emprisonnée ? […] Là encore, il a l’honneur, du moins, de devancer la plus noble des imitations modernes, André Chénier dans cette belle élégie : Ô Muses, accourez, solitaires divines… Mais n’allons point nous amuser, après tant d’années, à épeler de nouveau Du Bellay pour les quelques bons vers ou les quelques passables strophes de sa première manière ; c’est dans sa seconde qu’il devint tout à fait lui-même ; que, croyant la gageure perdue et détendant son effort, il se mit à chanter pour lui et pour quelques-uns dans une note plus voisine de son cœur ; et dès lors, l’expérience aidant, le sentiment intime l’emportant sur la volonté et sur le parti pris, il trouva sa veine. […] Au lendemain de ses débuts, au milieu de son premier succès d’école et d’amis, il avait quitté Paris et la France, il était parti pour l’Italie à la suite de son cousin, le cardinal Du Bellay, qui se l’était attaché. […] Il était aux premières loges pour décrire un conclave ; il ne s’en fait faute, et l’on a en quatorze vers la réalité mouvante du spectacle, la brigue à huis clos, les bruits du dehors, les fausses nouvelles, les paris engagés pour et contre : Il fait bon voir, Pascal, un conclave serré, Et l’une chambre à l’autre également voisine D’antichambre servir, de salle et de cuisine, En un petit recoin de dix pieds en carré ; Il fait bon voir autour le palais emmuré, Et briguer là dedans cette troupe divine, L’un par ambition, l’autre par bonne mine, Et par dépit de l’un être l’autre adoré ; Il fait bon voir dehors toute la ville en armes, Crier : Le Pape est fait !
Capoulié du Félibrige Bernard, Valère (1860-1936) Il m’est difficile de répondre à votre première question, ne m’occupant exclusivement que de littérature provençale, et étant arrivé à la conviction absolue — par de longues observations — que ce que vous appelez l’esprit français, dans le sens particulier que vous paraissez donner à ce terme, n’existe nulle part en France, hors de Paris, sauf dans des milieux littéraires — et, partant, artificiels. […] J’ai pu constater ce fait — assez surprenant au premier abord — que les jeunes gens dépourvus d’études classiques se reconnaissaient en général à l’infériorité de leurs facultés de raisonnement. […] Henri Duvernois Voici ma réponse à votre première question : L’esprit français et la langue sont menacés. […] Paul-Hyacinthe Loyson « Je me rappelle de votre première démarche et j’aurais aimé à vous en causer de vive voix… » C’est à peu près en ce style qu’un homme de lettres français répondra à une enquête des Marges vers l’an de barbarie 1920. […] J’ai assisté aux premières expériences : elles sont étonnantes.
Victor Hugo, parce que le vers du premier était plus impeccable que le vers du second. […] C’est avec ce côté héroïque de la poésie du maître que les deux premiers volumes nous font refaire connaissance, et il faut proclamer qu’Hespérus, les Contes épiques, le Soleil de minuit, les Soirs moroses sont de très nobles poèmes, de perfection achevée ; d’imagination flambante et grandiose. […] C’est en effet, au mois de mai 1895, que Mendès publia son premier compte rendu dramatique : un compte rendu qui fut un compte réglé à je ne sais plus quelle opérette dont la célébrité égalait la niaiserie, en vingt lignes qui riaient comme des folles, faisaient des blagues comme des rapins et montraient leurs derrières comme des femmes mariées. […] C’était cent fois mon avis ; et tout Paris, déjà, le partageait avec moi, saluant en ce dernier venu le triomphe du premier arrivé. […] Il vous fallait un héros, comme à Byron : vous avez, l’un des premiers, reconnu le génie de Richard Wagner ; son apothéose éblouissante n’est pas le moindre de vos titres à la gratitude des artistes et à la gloire qu’elle vous donne !
Un poëte des premières années du xviie siècle, Desyveteaux115, lequel avait été à la fois témoin du retour du goût qui se marque en Desportes et en Bertaut, et de la réforme opérée par Malherbe, parle ainsi de Desportes, comparé aux poètes de l’école de Ronsard Lorsque du plus haut ciel les Muses descendues N’avoient qu’en peu d’esprits leurs flammes épandues, De leurs chastes amours les premiers inspirés Ouvrirent des trésors de la France admirés ; Mais rien n’étant jamais parfait de sa naissance, Ils ne purent trouver parmi tant d’ignorance Ce qu’avecque plus d’art les autres ont cherché Voyant par les premiers le terrain défriché. […] Celui-ci avait adressé son premier livre d’Amours à Cassaudre, et le second à Marie ; dans Desportes, il y eut aussi un premier livre d’Amours pour Diane, et un second pour Hippolyte. […] Bertaut nous a laissé, sur ses premières inspirations poétiques, quelques détails qui nous aideront à l’apprécier. […] Le recueil des premières se compose de stances, de sonnets, de pièces pour les fêtes de la cour, de complaintes, de vers sur des Heures et sur des gants, à l’exemple de Saint-Gelais. […] Toutes les autres beautés de Malherbe sont comme le fruit de cette beauté première.
Premiers pas hors de Saint-Sulpice (1882) I J’ai dit comment, le 6 octobre 1845, je quittai définitivement le séminaire de Saint-Sulpice et j’allai prendre une chambre à l’hôtel le plus voisin. […] L’idée que le noble est celui qui ne gagne pas d’argent, et que toute exploitation commerciale ou industrielle, quelque honnête qu’elle soit ravale celui qui l’exerce et l’empêche d’être du premier cercle humain, cette idée s’en va de jour en jour. […] Celui qui, de nos jours, porterait dans la bataille de la vie une telle délicatesse serait victime sans profit ; son attention ne serait même pas remarquée. « Au premier occupant » est l’affreuse règle de l’égoïsme moderne. […] Mérimée eût été un homme de premier ordre s’il n’eût pas eu d’amis. […] Mme Garnier, rayonnante de grâce et de naturel, fut ma première admiration dans un genre de beauté dont la théologie m’avait sevré.
Chamfort, quoique déjà sa fraîcheur première eût reçu des atteintes, et que sa santé altérée l’obligeât d’essayer des eaux, était en ces années fort à la mode parmi les belles dames et dans le plus grand monde ; il était bien près de s’y acclimater : M. de Chamfort est arrivé, écrivait Mlle de Lespinasse (octobre 1775) ; je l’ai vu, et nous lirons ces jours-ci son Éloge de La Fontaine. […] Le lendemain de cette première représentation de Paris, elle dit devant tous les ambassadeurs qu’elle avait été la veille dans des transes, « dans l’état du métromane, jusqu’au moment où elle avait appris le succès ». […] Les deux premiers partis ne me convenaient pas : j’ai pris intrépidement le dernier. […] En se les exagérant singulièrement, ainsi que l’importance de ses premières œuvres qui sont si peu de chose, et qui furent si surpayées, Chamfort en était arrivé à haïr, d’une haine qui transpire dans toutes ses paroles, et les cabaleurs et du même coup les protecteurs aussi. […] Chamfort continuera toutefois d’être cité au premier rang parmi ceux qui ont manié la saillie française avec le plus de dextérité et de hardiesse.
Si on imagine, à l’exemple de Spencer, une conscience « toute sérielle », qui ne peut saisir qu’un état à la fois, la comparaison et la synthèse des états différents sera impossible dans le souvenir : quand le second état existera, le premier sera entièrement évanoui ; chaque état sera toujours premier, toujours nouveau, et le sentiment de familiarité sera impossible. […] Je pouvais donc, après des impressions de ce genre, me reporter à mes notes, et j’y ai généralement trouvé la confirmation de cette conjecture que j’avais déjà rêvé quelque chose d’analogue. » Gœthe, qui nous raconte dans le détail sa première enfance, soupçonne lui-même qu’il a bien pu rêver parfois ce dont il croit se souvenir. […] Ribot et Maudsley, à faire des hypothèses sur les conditions organiques de la mémoire, et c’est un des partisans mêmes de la physiologie, Lewes, qui a dit excellemment : « Beaucoup de ce qui passe pour une explication physiologique des faits mentaux est simplement la traduction de ces faits en termes de physiologie hypothétique. » Mais supposons que le physiologiste connût parfaitement toutes les conditions organiques, tous les mouvements cérébraux qui correspondent au souvenir : en serait-il plus près de comprendre la sensation même, premier élément de la conscience et du souvenir ? […] Au premier moment, nous l’avons vu, une sensation quelconque, forte ou faible, provoque un effort moteur. Le mouvement, une fois produit, se creuse mécaniquement un canal dans la masse cérébrale ; par cela même la résistance diminue, et avec la résistance l’émotion agréable ou pénible qui avait été pourtant la cause première de tout le reste.
Le génie combine les possibles ; son premier caractère est la puissance de l’imagination. — Son second caractère est la puissance du sentiment, de la sympathie et de la sociabilité. […] Ce qui caractérise le génie de premier ordre, c’est précisément d’être ainsi orchestral et d’avoir à la fois ou successivement les tonalités les plus variées ; de paraître impersonnel non parce qu’il l’est réellement, mais parce qu’il réussit à concentrer et à associer plusieurs individualités dans la sienne propre ; il est capable de faire à tour de rôle prédominer tel sentiment sur tous les autres et à travers tous les autres ; il obtient ainsi plusieurs unités d’âme, plusieurs types qu’il réalise en lui-même et dont il est le lien. […] Villemain, un des premiers, concevant l’œuvre d’art comme l’expression d’une société, joignit à ses jugements l’histoire des auteurs et de leurs époques. […] Etre en histoire littéraire et en critique un disciple de Bacon, me paraît le besoin du temps et une excellente condition première pour juger et goûter ensuite avec plus de sûreté. » Il y avait là quelque exagération. […] Les génies de contemplation et d’art font de même, car la contemplation prétendue n’est qu’une action réduite à son premier stade, maintenue dans le domaine de la pensée et de l’imagination.
Il nie expressément la philosophie, ou du moins la métaphysique, la philosophie première, et par là même la théologie naturelle. […] L’idée mère du positivisme, c’est que la science doit s’abstenir de toutes recherches sur les causes premières et sur l’essence des choses ; elle ne connaît que des enchaînements de phénomènes ; tout ce qui est au-delà n’est que conception subjective de l’esprit, objet de sentiment, de foi personnelle, non de science. […] Par exemple, les philosophes spiritualistes admettent certains principes nécessaires ou vérités premières, et sur ces principes ils fondent la démonstration de l’existence de Dieu. […] De ces cinq dogmes, les deux premiers ne sont pas, à proprement parler, des dogmes chrétiens. […] De ces trois dogmes, les deux derniers sont évidemment les conséquences du premier.
Le glycogène déposé dans les muscles est en effet un explosif véritable ; par lui s’accomplit le mouvement volontaire : fabriquer et utiliser des explosifs de ce genre semble être la préoccupation continuelle et essentielle de la vie, depuis sa première apparition dans des masses protoplasmiques déformables à volonté jusqu’à son complet épanouissement dans des organismes capables d’actions libres. […] Voilà qui paraîtra, au premier abord, donner raison à l’hypothèse d’une accumulation des souvenirs dans la substance cérébrale. […] Pourtant, lorsque j’articule la dernière syllabe du mot, les deux premières ont été articulées déjà ; elles sont du passé par rapport à celle-là, qui devrait alors s’appeler du présent. […] Poussons ce raisonnement jusqu’au bout : supposons que mon discours dure depuis des années, depuis le premier éveil de ma conscience, qu’il se poursuive en une phrase unique, et que ma conscience soit assez détachée de l’avenir, assez désintéressée de l’action, pour s’employer exclusivement à embrasser le sens de la phrase : je ne chercherais pas plus d’explication, alors, à la conservation intégrale de cette phrase que je n’en cherche à la survivance des deux premières syllabes du mot « causerie » quand je prononce la dernière. […] En traitant ainsi le problème de la survivance, en le faisant descendre des hauteurs où la métaphysique traditionnelle l’a placé, en le transportant dans le champ de l’expérience, nous renonçons sans doute à en obtenir du premier coup la solution radicale ; mais que voulez-vous ?
La promiscuité européenne, cette « chimie des races » que déplore Gobineau, a pour premier résultat, en brisant la solidarité des groupements sociaux avec les espèces biologiques, de disséminer des « semblables », qui peuvent se reconnaître, de l’un et de l’autre côté des frontières. […] Les temps sont passés où sans hésitation, du premier coup d’œil, on reconnaissait à la taille, à la couleur des yeux ou des cheveux, les supérieurs et inférieurs. […] Bien d’autres ressemblances unissent, et bien d’autres différences séparent les hommes, qui sont capables ou de renforcer ou de contrarier l’action des premières. […] Si nous adoptons une mode, n’est-ce pas afin que, du premier coup d’œil, on nous range dans une certaine catégorie et non dans une certaine autre ? […] Spencer, Premiers Principes, p. 455 (F.
Griveau ne déplace peut-être le fond du débat en faisant ainsi passer la querelle du gallicanisme du second plan au premier. […] Massillon, parmi les rénovateurs du précieux dans la prose, est sans doute l’un des premiers en date. […] Si Voltaire et Rousseau n’avaient pas été là, d’Alembert et Diderot perdaient la bataille pour avoir voulu trop vivement pousser leurs premiers avantages. […] Comme nous ne connaissons rien de sa première enfance, nous supposerons qu’elle dut ressembler à la première enfance de tout le monde. […] Toujours est-il que, fort de ces premiers succès, Galiani se reprit à la vie.
C’est que l’écolier, du premier coup, avait porté l’art plus loin que les maîtres. […] À voir ces mots si choisis, ces arrangements exquis de syllabes mélodieuses, cette science des coupes et des rejets, ce style si coulant, si pur, ces gracieuses images que la diction rendait encore plus gracieuses, et toute cette guirlande artificielle et nuancée de fleurs qui se disaient champêtres, on pensait aux premières églogues de Virgile. […] Son premier jet est si bien refondu et transformé, qu’on ne le reconnaît plus dans la copie définitive. […] Il a le trait si juste, que du premier coup vous croiriez voir les choses ; il a l’expression si abondante, que votre imagination, fût-elle obtuse, finira par les voir. […] Écoutez ce chant du premier berger : « Les poireaux sont chers au Gallois, le beurre au Hollandais, — la pomme de terre est le mets du berger irlandais. — L’Écossais broie l’avoine pour son festin, — les raves douces sont la nourriture de ma maîtresse. — Tant qu’elle aimera les raves, je mépriserai le beurre
C’est sans autre diplôme que celui de bachelier qu’il est parvenu aux premiers emplois de l’enseignement universitaire. […] Et je fais cette première remarque que l’auteur de la _Grève des forgerons_ est adroit, en effet, comme un ouvrier de Paris. […] Il en a connu l’âme souffrante ; et, comme il prend tout très au sérieux, il est un des premiers qui se soient employés à la guérir. […] Il fut des premiers, voilà huit ou dix ans, à discerner que le naturalisme touchait à son déclin, et il eut l’idée de s’en ouvrir à M. […] Il a été des premiers à discréditer le naturalisme morose, en le poussant à la charge.
Ainsi le seul romancier antérieur, Stendhal, ayant assisté à l’enchaînement ces phénomènes spirituels, avait, très-tôt, senti l’inquiétude des raisons premières. […] Elle nous fait voir les textes premiers, leur sens véritable, comment les paroles de Jésus furent, après lui, déformées. […] Aimer les hommes, c’est oser, entre eux et nous, un rapport, dont nous restons, toujours le terme premier. […] Les trois premiers de ces livres, et l’adorable conte : Trois Morts, n’ont pas été traduits en français. […] Wagner en retient la négation ascétique du vouloir-vivre, la compassion universelle envers toute forme de vie et l’idée d’une « compassion universelle », la fameuse « Mitleid » évoquée au final du premier acte de Parsifal.
Dans ma capitale seule, cinq cent mille âmes tressaillent au premier glas d’une cloche de faubourg qui leur annonce le dernier soupir d’un homme de gloire et d’un homme de bien. […] C’était un petit vieillard à visage sans distinction au premier coup d’œil, à moins qu’on ne pénétrât ce visage avec le regard divinatoire du génie, tant il y avait de simplicité sur sa finesse. […] Heureux les poètes qui trouvent, à leur premier vers, un million d’échos échelonnés d’avance sur leur chemin, pour porter leur nom obscur et leurs vers prédestinés aux oreilles, à l’esprit, au cœur de tout un peuple ! […] Avec une affectation inverse des ridicules affectations de fausses noblesses, il répudie l’origine plus illustre que la particule DE, jointe dans ses premières œuvres à son nom de Béranger, donnait à sa naissance. […] Fournier, nous a restauré hier une de ces ébauches dans le Courrier de Paris ; nous ne la connaissions pas ; elle gisait enfouie dans les éphémérides poétiques des premières années de l’Empire.
Contentons-nous aujourd’hui d’avoir les six premiers livres de l’Iliade, traduits avec autant d’exactitude que les caractères différens des deux langues ont pu le permettre. […] Il nous en a donné les six premiers Livres en vers burlesques. […] Et comme c’est le même goût qui regne dans ces deux ouvrages, vous pouvez appliquer au second le jugement que j’ai porté du premier. […] Il ne nous reste des premiers siécles de l’Eglise que des Hymnes où regne une simplicité sainte, qui les fait plus estimer par les gens de bien, que par les amateurs de la belle poésie. […] On trouve cette Histoire romanesque dans le tome premier des œuvres de La Chapelle, Paris 1960.
Dès ses premières lettres, on en trouve une à Balzac (1625) qui est magnifique de louanges. […] Rose, alors premier secrétaire du cardinal Mazarin, en ayant lu des passages à Son Éminence, Costar reçut, sans savoir à qui il était redevable de ce bon office, une gratification de cinq cents écus ; il faisait bon en ce temps-là de défendre la mémoire de Voiture, cet auteur chéri dont Sorbière disait : « On est forcé de louer Hobbes, Descartes, Balzac, mais on est bien aise de louer Voiture. » Coslar ne se tenait pas de joie ; une fois en veine, il ne crut pas devoir s’arrêter, il ouvrit et desserra tous ses lieux communs et publia en 1654, sous ce titre un peu prétentieux : Les Entretiens de M. de Voiture et de M. […] Son premier but d’ailleurs était moins d’offenser les autres en tout ceci que de se caresser lui-même, et il se piquait moins dans le principe d’atteindre M. de Girac que de persifler, à travers lui, l’illustrissime Balzac. […] Dès ce premier ouvrage il opposait assez finement la modestie de Voiture, ou du moins son bon goût à repousser les éloges trop directs, à la passion bien connue de Balzac pour les compliments, et à ce grand appétit de louange qu’il ne craignait pas de lui rappeler, en l’en supposant gratuitement guéri : Je suis assuré que s’il (Voiture) revenait au monde, et qu’il fût informé des bonnes qualités de M. de Girac et de la franchise de son procédé, il ferait tous ses efforts pour le satisfaire, et pour l’éclaircir de ses doutes ; car je suis obligé de rendre ce témoignage de lui, que je n’ai connu personne, jusques ici, qui souffrît de meilleure grâce qu’on le contredît et qu’on eût des opinions contraires aux siennes.
Fénelon et Beauvilliers auprès du duc de Bourgogne, Boulainvilliers, Vauban, Boisguilbert, Saint-Simon lui-même, étaient au premier rang de ceux qui agitaient ces pensées de bien public et qui méditaient des plans de réforme. […] Dès sa première lettre à Vauvenargues, il en insère une qu’il vient de recevoir d’une ancienne maîtresse avec laquelle il a rompu et qui, en apprenant la mort de son père, le marquis Jean-Antoine, lui a écrit cette charmante et spirituelle épître de condoléance : Je n’ose vous appeler, monsieur, de ces noms tendres qui nous servaient autrefois ; ils ne sont plus faits pour moi ; j’ai fait pour les perdre tout ce que je voudrais faire à présent pour les ravoir. […] Je ne sème point ici de louanges, c’est la vérité qui parle ; des gens du meilleur goût, ayant vu vos premières lettres, m’obligent à leur envoyer toutes celles que je reçois de vous, et je les ai entendus s’écrier, quand je leur ai dit que vous n’aviez pas vingt-cinq ans : Ah ! […] lui qui croit sentir mieux que Mirabeau ce que c’est que l’ambition et la grande, ce que c’est qu’être acteur tout de bon dans ce monde ; qui ne ferait pas fi de cette scène de la Cour s’il y était ; qui ne verrait dans ce Versailles même qu’un vaste champ ouvert à ses talents de toute sorte, y compris l’insinuation et le manège (l’honnête manège, comme il l’entend et dont il se pique avec un reste d’ingénuité), il éclate et tire le rideau de devant son cœur, par une admirable lettre, qui sera suivie de plusieurs autres pareilles ; de sorte que Mirabeau, arrivé en cela à ses fins, a raison de s’écrier : « Ne vous lassez pas de m’en écrire… Je vous aurai par morceaux, mon cher Vauvenargues, et quelque jour je vous montrerai tout entier à vous-même. » Ces lettres, en effet, qui sont mieux que des pages d’écrivain, manifestent l’âme même de l’homme, l’âme virile dans sa richesse première et à l’heure de son entrée en maturité.
Rousseau, à peine arrivé en terre libre, à Yverdun, s’était empressé d’écrire à M. et à Mme de Luxembourg ainsi qu’au prince de Conti, pour les remercier de leurs bontés ; dans ces premiers moments d’inquiétude et de délivrance, ses sentiments obéissant à la pente naturelle n’étaient pas encore aigris par la réflexion, ni son jugement faussé par la méfiance : il faut du temps et du travail pour en venir à sophistiquer et à se dénaturer à soi-même cette première sincérité des impressions involontaires. […] Cette lettre qu’il crut devoir adresser au baron pour se mettre, à tout événement, en garde contre ce qu’il appelait les mensonges de Rousseau, et qu’il le priait de communiquer à toute la société philosophique, doit être des premiers jours de juillet 1766 ; répandue, colportée a l’instant par le baron et par ses amis, elle fit dans Paris l’effet d’une bombe qui éclate. […] Concevez tous les motifs que j’avais de croire l’histoire fabuleuse ; combien ma surprise et mon ignorance que j’exprimais naïvement dans mes lettres (elle était à Pougues) contribuaient à la faire regarder comme telle par les personnes qui concluaient, ainsi que moi, que le baron d’Holbach n’eût pas dû être votre premier confident ; enfin, le déplaisir que vous m’avez causé par une conduite qui déroge un peu, ce me semble, à l’amitié que vous m’avez promise. » Puis, en venant au fond, elle estime que son ami le philosophe s’est laissé bien vivement emporter au sujet d’une injustice cruelle dont il a été l’objet, et dont une pauvre tête égarée a pu seule se rendre coupable : « Mais vous, au lieu de vous irriter contre un malheureux qui ne peut vous nuire, et qui se ruine entièrement lui-même, que n’avez-vous laissé agir cette pitié généreuse, dont vous êtes si susceptible ?
. — Retraite en Suisse ; premières liaisons avec la Russie. — Raccommodement ; Jomini, général de brigade. — Retraite de Russie. […] Lorsque l’Empereur sortit de son cabinet dans le grand salon, Jomini se trouvait par hasard un des premiers sur son passage. […] C’était de toutes les destinations la plus pénible pour Jomini ; elle était presque inacceptable : après avoir été en première ligne et en chef, il se voyait rejeté à la suite de l’état-major général, réduit à l’inutilité, ayant à prendre les ordres de l’adjudant du prince, « M. […] Berthier retint Jomini dans son état-major pour l’inutiliser, et dans le même temps Jomini recevait de l’empereur de Russie, par suite de sa première démarche, un brevet de général-major attaché à sa personne.
Note C’est ici le lieu tout naturel de parler de mes premières relations avec George Sand. […] Les deux ou trois premiers qui tranchent par le ton sont les seuls qui soient légèrement cérémonieux ; le monsieur tomba vite entre nous. […] D’ailleurs ce n’est pas vous, qui comprenez si bien la pensée de toutes choses, qui pouvez être un mauvais juge de la mienne. » Vers ces premiers temps de notre connaissance, qui coïncidait avec l’entrée de George Sand à la Revue des Deux-Mondes, les directeur et propriétaires de cette Revue réunirent les principaux de leurs rédacteurs ou amis à un dîner chez Lointier, rue Richelieu. […] Quelque peu disposée que je sois à m’entourer de figures nouvelles, je vaincrai cette première suggestion de ma sauvagerie, et je trouverai, sans doute, dans la personne recommandée par vous si chaleureusement toutes les qualités qui méritent l’estime.
Au premier jet, ils sont sortis du contact des objets ; ils les ont imités par la grimace de la bouche ou du nez qui accompagnait leur son, par l’âpreté, la douceur, la longueur ou la brièveté de ce son, par le râle ou le sifflement du gosier, par le gonflement ou la contraction de la poitrine. […] C’est pour cela que l’homme qui peut traduire sa pensée par des sons et des mesures prend possession de nous ; nous lui appartenons et il nous maîtrise ; nous ne lui donnons pas simplement la partie raisonnante de notre être ; nous sommes à lui, esprit, coeur et corps ; ses sentiments descendent dans nos nerfs ; quand l’âme est neuve, par exemple chez les peuples jeunes et les barbares, il est puissant comme un prophète ; Eschyle202 renvoyait ses spectateurs « tout agités par la furie de la guerre. » Et nous aujourd’hui si âgés, si lassés, si dégoûtés de toute pensée et de tout style, nous recevons de lui une sensation unique qui nous reporte dans l’étonnement et la fraîcheur des premiers jours. […] A l’intérieur, les deux premières rimes appellent toutes les autres. […] A l’intérieur ; le second argument se distingue du premier par un changement subit du mètre, et s’y unit par une rime commune ; et, comme la gravité passionnée croît sans cesse, il se déploie en un double distique croisé, dont les longues mesures et les rimes alternatives captivent l’oreille et maîtrisent l’âme.
L’indifférence sereine est son premier devoir.. […] A première vue, cette égalité est choquante. […] Tout au contraire, son premier devoir est de sympathiser avec toutes les formes du beau que les diverses époques ont réalisées. […] Molière disait28 : « Je voudrais bien savoir si la grande règle de toutes les règles n’est pas de plaire, et si une pièce qui a attrapé son but n’a pas suivi un bon chemin. » Et Racine, à son tour, répétait en écho29 : « La principale règle est de plaire et de toucher : toutes les autres ne sont faites que pour parvenir à cette première. » Il suit de là que toutes les œuvres qui ont plu, qui ont été qualifiées de belles, se recommandent par cela seul à l’attention de l’histoire.
Napoléon est certes l’un des premiers en puissance et en qualité dans le premier ordre des hommes. […] Législateur doublé d’un grand capitaine (ce qui était bien nécessaire alors), mais aussi compliqué d’un conquérant, il aimait avant tout son premier art, celui de la guerre ; il en aimait l’émotion, le risque et le jeu. […] Un haut sentiment de moralité militaire anime ces pages ; on sent combien l’historien souffre d’avoir à raconter ce premier désastre ; mais il l’a sondé hardiment, et il s’estime encore heureux de n’avoir à y constater, après tant de calomnies, qu’un immense malheur. […] Esprit clair, vigoureux et net, par sa longue pratique positive il n’a fait que se fortifier dans son premier instinct et y ajouter l’arrêt de l’expérience.
Parmi les modernes, on a les lettres latines d’Héloïse ; celles d’une Religieuse portugaise ; Manon Lescaut, la Phèdre de Racine, et quelques rares productions encore, parmi lesquelles les lettres de Mlle de Lespinasse sont au premier rang. […] Du premier jour qu’elle fut à Paris, elle y parut aussi à l’aise, aussi peu dépaysée que si elle y avait passé sa vie. […] Sa première lettre est datée du samedi soir 15 mai 1773. […] Mais eux, les voyageurs, ils n’avaient rien vu ni remarqué de ces petits accidents : c’est que Mme de Staël avait parlé pendant tout ce temps-là, et qu’elle parlait des Lettres de Mlle de Lespinasse, et de ce M. de Guibert, qui avait été sa première flamme.
L’auteur, selon la mode du moment qui encourageait ces sortes de pastiches, suppose qu’un cadet de Gascogne, venu à Paris au début du règne de Louis XIII, et pendant la faveur du maréchal d’Ancre, raconte ses premières aventures. […] On l’avait toujours connu, d’ailleurs, sous ce premier nom. […] Il fit tout ce que purent faire les gardes du corps en 1814, dans cette première et courte Restauration, et il alla sans doute, comme les autres, escorter les princes fugitifs jusqu’à Béthune. […] Lui, si heureux à première vue, si bien doué, ce semble, par la nature, si bien doté de plus par la fortune, il se tenait sur la défensive avec la société, comme s’il eût craint d’être abordé de trop près.
Langlois de Motteville, premier président de la chambre des comptes de Normandie, qui l’épousa en troisièmes noces. […] À la mort du cardinal et du roi, l’un des premiers soins de la reine fut de rappeler auprès d’elle ses anciens amis disgraciés pour l’amour d’elle, et Mme de Motteville fut du nombre ; elle fut dès lors attachée à la reine moins encore comme femme de chambre (elle en avait le titre) que comme l’une des personnes de sa conversation et de son intimité. […] Marquant avec une vigoureuse justesse l’illusion des gens du Parlement et leur insatiable exigence qui les faisait résister à toutes les offres premières d’accommodement et de conciliation, elle en conclut hardiment « que la corruption des hommes est telle, que, pour les faire vivre selon la raison, il ne faut pas les traiter raisonnablement, et que, pour les rendre justes, il faut les traiter injustement ». […] La première journée des Barricades se passe presque toute en plaisanteries contre elle : « Comme j’étais la moins vaillante de la compagnie, toute la honte de cette journée tomba sur moi. » Pour une personne de cet intérieur, elle comprend très bien du premier coup la nature de la révolte dans la ville, et ce désordre si vite et si bien ordonné : Les bourgeois, dit-elle, qui avaient pris les armes fort volontiers pour sauver la ville du pillage, n’étaient guère plus sages que le peuple, et demandaient Broussel d’aussi bon cœur que le crocheteur ; car, outre qu’ils étaient tous infectés de l’amour du bien public, qu’ils estimaient être le leur en particulier… ils étaient remplis de joie de penser qu’ils étaient nécessaires à quelque chose.
Il nous a raconté en détail ses premières années. […] Facile aux liaisons, camarade de bien des gens de lettres et de beaucoup de militaires, il dut à l’amitié du général Leclerc de faire son premier voyage d’Italie et d’être présenté à Bonaparte, général en chef, à Milan, au printemps de 1797. […] Quand Bonaparte fut de retour d’Égypte, Arnault fut des premiers à le saluer, et il redevint des plus assidus au petit hôtel de la rue de la Victoire. […] Lemercier était le plus philosophe des hommes et des auteurs dramatiques, les jours de première représentation.
En supposant une réalité qui serait quelque chose de premier en soi, non plus seulement pour moi, je forme l’idée d’absolu. […] Ce second 1 que j’ai ajouté est absolument identique au premier, car j’ai fait abstraction de toute autre qualité que celle de l’unité. […] Donc, je puis faire au second 1 la même addition qu’au premier et lui ajouter encore 1 ; j’ai alors 1 + 1 +1, ou 3. […] Premiers Principes, p. 204, trad.
En novembre 1885, dans La Revue contemporaine, Hennequin rend compte brièvement de la traduction de l’opus magnum de Wundt (Alcan, 1886), présenté comme un livre « de première importance » (p. 375), tout en regrettant de ne pas avoir assez de place pour exposer toute la matière de ce livre. […] Par des recherches d’un intérêt extrême que je suis heureux d’être un des premiers à signaler, M. […] Henry pense même pouvoir établir que toutes nos connaissances scientifiques, le résultat systématisé de notre sensibilité, dépend de même de notre constitution organique, ce qui serait assurément une découverte de premier ordre. […] La petite typologie proposée par Hennequin, assez originale, constitue un des premiers efforts de théorisation contemporains de ces débats.
Un corridor pour entrée, au rez-de-chaussée, une cuisine, une serre et une basse-cour, plus un petit salon ayant vue sur le chemin sans passants et un assez grand cabinet à peine éclairé ; au premier et au second étage, des chambres, propres, froides, meublées sommairement, repeintes à neuf, avec des linceuls blancs aux fenêtres. […] § IV Sous Élisabeth, en dépit des puritains très en colère, il y avait à Londres huit troupes de comédiens, ceux de Hewington Butts, la compagnie du comte de Pembroke, les serviteurs de lord Strange, la troupe du lord-chambellan, la troupe du lord-amiral, les associés de Black-Friars, les Enfants de Saint-Paul, et, au premier rang, les Montreurs d’ours. […] Il y voyait et traitait familièrement deux assidus de son théâtre, Decker, auteur du Guis Hornbook, où un chapitre spécial est consacré à « la façon dont un homme du bel air doit se comporter au spectacle », et le docteur Symon Forman qui a laissé un journal manuscrit contenant des comptes rendus des premières représentations du Marchand de Venise et du Conte d’hiver. […] § VII En 1589, pendant que Jacques VI d’Écosse, dans l’espoir du trône d’Angleterre, rendait ses respects à Élisabeth, laquelle, deux ans auparavant, le 8 février 1587, avait coupé la tête à Marie Stuart, mère de ce Jacques, Shakespeare fit son premier drame, Périclès.
Au premier aspect, cette machine est grande, imposante, appelle, arrête, elle pourrait inspirer la terreur ensemble et la pitié. […] Cette porte n’a point l’air d’une porte, c’est, en dépit de l’inscription, une fenêtre par laquelle on imagine au premier coup d’œil que ce malade s’élance. […] Les bras sont dessinés comme les Carraches ; toute la figure dans le style des premiers maîtres d’Italie. […] Si, sur le fond, derrière le père, vous imaginez un plan vertical, parallèle à la toile, et sur le devant un autre plan parallèle au premier, vous formerez une boîte qui n’aura pas six pieds de profondeur, dans laquelle toutes les scènes de Doyen se passeront et où ses malades plus entassés que dans nos hôpitaux périront étouffés.
Ce sont amusements de ma jeunesse, premiers essais de mon imagination émancipée, au sortir de la longue enfance où nous avions tous perdu notre liberté de penser sous la tyrannie d’une lettre morte. […] Ses tragédies, malgré quelques taches, sont du premier ordre ; mais son comique n’est pas pris au cœur de la réalité. […] Ce fut contre une puissance moins redoutable que la noblesse, contre le mauvais goût littéraire du temps, que Molière fit ses premières armes. […] Au mois de mai 1664, une fête éblouissante fut donnée dans ce splendide palais de Versailles, à mademoiselle de la Vallière relevée de ses premières couches. […] Première leçon.
Un curé de Caen acheva sa première éducation. […] Duval, cherchant à répandre sur l’ami qui avait inspiré son premier ouvrage les derniers rayons de sa gloire. […] Assise sur un des premiers trônes du monde, que ferait-elle des louanges d’une troupe d’esclaves ? […] Ainsi se passa leur première enfance, comme une belle aube qui annonce un plus beau jour. […] Nous y descendîmes ; et un des premiers objets que j’aperçus sur le rivage fut le corps de Virginie.
Avons-nous à étudier, nous proposons-nous d’étudier La Fontaine ; au lieu de commencer par la première fable venue, nous commencerons par l’esprit gaulois ; le ciel ; le sol ; le climat ; les aliments ; la race ; la littérature primitive ; puis l’homme ; ses mœurs ; ses goûts ; sa dépendance ; son indépendance ; sa bonté ; ses enfances ; son génie ; puis l’écrivain ; ses tâtonnements classiques ; ses escapades gauloises ; son épopée ; sa morale ; puis l’écrivain, suite ; opposition en France de la culture et de la nature ; conciliation en La Fontaine de la culture et de la nature ; comment la faculté poétique sert d’intermédiaire ; tout cela pour faire la première partie, l’artiste ; pour faire la deuxième partie, les personnages, que nous ne confondons point avec la première, d’abord les hommes ; la société française au dix-septième siècle et dans La Fontaine ; le roi ; la cour ; la noblesse ; le clergé ; la bourgeoisie ; l’artisan ; le paysan ; des caractères poétiques ; puis les bêtes ; le sentiment de la nature au dix-septième siècle et dans La Fontaine ; du procédé poétique ; puis les dieux ; le sentiment religieux au dix-septième siècle et dans La Fontaine ; de la faculté poétique ; enfin troisième partie, l’art, qui ne se confond ni avec les deux premières ensemble, ni avec chacune des deux premières séparément ; l’action ; les détails ; comparaison de La Fontaine et de ses originaux, Ésope et Phèdre ; le système ; comparaison de La Fontaine et de ses originaux, Ésope, Rabelais, Pilpay, Cassandre ; l’expression ; du style pittoresque ; les mots propres ; les mots familiers ; les mots risqués ; les mots négligés ; le mètre cassé ; le mètre varié ; le mètre imitatif ; du style lié ; l’unité logique ; l’unité grammaticale ; l’unité musicale ; enfin théorie de la fable poétique ; nature de la poésie ; opposition de la fable philosophique à la fable poétique ; opposition de la fable primitive à la fable poétique ; c’est tout ; je me demande avec effroi où résidera dans tout cela la fable elle-même ; où se cachera, dans tout ce magnifique palais géométrique, la petite fable, où je la trouverai, la fable de La Fontaine ; elle n’y trouvera point asile, car l’auteur, dans tout cet appareil, n’y reconnaîtrait pas ses enfants. […] Notre ami l’historien Pierre Deloire me disait, — car je n’ai pas besoin d’ajouter que je n’en ai pas aux historiens personnellement, et que les historiens sérieux sont les premiers à s’émouvoir de ces graves contrariétés, — l’historien Pierre Deloire me disait un jour au bureau des cahiers : Le bon temps des historiens est passé. — Il entendait railler ainsi, doucement, les historiens antérieurs. — Le bon temps des historiens, disait-il, c’était quand le professeur d’histoire, assis devant son bureau, refaisait à loisir toutes les opérations du monde ; il parlait de tout ; il écrivait de tout ; il était ministre, et refaisait l’administration de Colbert, qui, entre nous, n’était pas fort ; il était général ou amiral, et refaisait la bataille d’Actium ; ce Marc-Antoine, hein, quelle brute ; il refaisait les plans de campagne ; il était roi, il refaisait Versailles, Paris et Saint-Denis ; il était le roi, dans son bureau ; il était l’empereur, l’empereur premier ; il refaisait Waterloo ; ce Napoléon, quel imbécile, comme le disait récemment le général Mirbeau ; demandez les mémoires du général baron Mirbeau ; quand M. […] Vous tirerez de là, si bon vous semble, des conclusions non seulement sur les abeilles et leurs ruches, mais sur tous les insectes, et peut-être aussi sur tous les animaux.” » Je n’insiste pas aujourd’hui sur ce que ce programme aujourd’hui nous paraît présenter d’ambitieux, de présomptueux, de peu scientifique même ; quelque jour nous nous demanderons s’il est permis d’assimiler ainsi les sciences historiques aux sciences naturelles, de les référer ainsi aux sciences plus abstraites, chimiques, physiques, mathématiques ; aujourd’hui je ne veux qu’examiner la forme même du connaissement, le parcours, le tracé, ce commencement le plus étranger, le plus éloigné, cet acheminement, ce détour, ce circuit le plus long, le plus excentrique, le plus circonférentiel, et du programme je passe au livre même, au livre glorieux, au livre exemple, au livre type ; on y verra, première partie, l’artiste, chapitre premier, l’esprit gaulois, que c’est très délibérément que l’auteur prend le chemin le plus long ; l’acheminement le plus long, le mot n’est pas de moi, mais de lui : « Je voudrais, pour parler de La Fontaine, faire comme lui quand il allait à l’Académie, “prendre le plus long”. […] Épuiser l’indéfinité, l’infinité du détail dans la connaissance de tout le réel, c’est la haute, c’est la divine, c’est la folle ambition, et qu’on le veuille ou non c’est l’infinie faiblesse d’une méthode que je suis bien forcé de nommer de son nom scolaire la méthode discursive ; n’ayant point d’ailleurs à me présenter de sitôt devant le jury d’État constitué pour maintenir à l’agrégation de philosophie la pureté première des doctrines révolues, je puis traiter des méthodes intuitives et discursives, et les confronter, sans encourir, comme il advint récemment d’un jeune homme, les foudres universitaires ; de la certitude discursive et de la certitude intuitive ; la méthode intuitive passe en général pour surhumaine, orgueilleuse, mystérieuse, agnosticiste ; et l’on croit que la méthode discursive est humaine, modeste, claire et distincte, scientifique ; je démontrerai au contraire, un jour que nous essaierons d’éprouver plus profondément nos méthodes, qu’en histoire c’est la méthode discursive qui est surhumaine, orgueilleuse, mystérieuse, agnosticiste ; et que c’est la méthode intuitive qui est humaine, modeste, claire et distincte autant que nous le pouvons, scientifique. […] Cette impulsion instinctive serait quelque chose de sui generis, un principe premier comme le mouvement lui-même.
Il est moral, l’effet qui résulte des transports tour à tour amoureux ou chevaleresques du Cid, des combats et de l’égarement de Chimène : c’est assez qu’on sente circuler, dans ce premier chef-d’œuvre de notre théâtre, un souffle et comme un courant de grandeur qui épure les sentiments et qui élève les âmes. […] En se tenant cette fois dans les termes généraux de l’arrêté, la Commission a distingué avec plaisir, parmi les pièces assez nombreuses qui s’offraient à elle en première ligne comme ayant été représentées sur le second Théâtre-Français, et dont quelques-unes se recommandaient par des mérites sérieux, une comédie en cinq actes et en vers, Les Familles, de M.
Il n’est pas moins vrai que Villemain, au milieu de toutes les grâces brillantes et mondaines dont il a su recouvrir sa nature première, reste foncièrement un esprit universitaire, une fleur et une lumière de rhétorique et d’académie. […] On était aux premières années de la Restauration ; pour arrondir son nom ou pour le rendre moins rond, il l’a entouré de deux de (pardon de l’inévitable cacophonie) ; il en a fait de Genoude.
Celle-ci pourtant n’est pas là à ce degré de pureté et de simplicité première qui constitue la perfection classique ; cette perfection sans trace d’effort et sans surcharge aucune, il faut la chercher sous le ciel d’Athènes, dans la beauté idéale et légère des temples, dans l’admirable et discret accord des lignes monumentales avec les lignes naturelles du paysage et des horizons. […] Si nous n’avons pas à tracer ici de programme à une noble pensée, nous ne prétendons pas non plus en présenter un idéal anticipé ; ce que nous voudrions, ce serait, en remerciant M. de Salvandy de son heureuse initiative, de l’y encourager, si ce mot nous est permis, et de maintenir, pour peu qu’il en fût besoin, l’idée première dans sa libre et large voie d’exécution : ce qui rapetisserait, ce qui réduirait trop cette idée, ce qui la ferait rentrer dans les routines ordinaires, en compromettrait par là même la fécondité et en tuerait l’avenir.
Sainte-Beuve ait dit encore dans cette courte notice sur lui-même que ses premiers articles un peu importants dans le Globe furent ceux qu’il commença à écrire sur M. […] Mais, pas plus que lui, nous n’avons cru devoir conserver des Premiers Lundis sur les lies de Chio, Lesbos ou Mitylène, Candie, au bas de l’un desquels apparaissent pour la première fois les initiales S.
Lerminier mettait en avant : ces personnes lui auraient conseillé volontiers d’enfermer son dernier mot dans sa première phrase. […] Il y a eu sans doute de la polémique acérée et une ironie assez vive dans certaines portions de ces jugements individuels, du moins en ce qui concerne les deux premiers.
Nous savons de quelle triple origine les naturalistes durent extraire les matériaux premiers de leurs observations. […] Cette dernière donnée, négligeable chez tous les écrivains qui ne furent qu’« hommes de lettres », prend ici une importance première.
Il est intéressant, il est beau de voir Othello, si amoureux au premier acte, tuer sa femme au cinquième. […] Macbeth, honnête homme au premier acte, séduit par sa femme, assassine son bienfaiteur et son roi, et devient un monstre sanguinaire.
Et si l’on songe aux facilités qu’offre une langue déjà vieille par la multitude des phrases toutes faites et des figures ajustées d’avance, on concevra comment tant de métaphores ou d’hyperboles, qui naissent spontanément au premier effort de la pensée, ne sont que de vains échappatoires par lesquels on se dispense de faire acte de réflexion en donnant une espèce de satisfaction à la sensibilité. […] Mais il menace toujours de détrôner Jupiter ou d’enflammer le monde aux éclairs de son épée, et, par ces hyperboles que son imagination enfante, il conserve son amour-propre dans la douce persuasion de son invincible vaillance : il ne peut être mis à l’épreuve sur de tels desseins ; s’il parlait terre à terre, il perdrait l’illusion de son héroïsme au premier choc de la réalité.
Les Dames de Croix-Mort appartenant au premier genre, il est évident que le roman de cette année réconciliera de nouveau la bourgeoisie et la noblesse. […] Il fera celui des professeurs de mathématiques, car les trois premiers livres de la géométrie de Legendre s’y trouveront mis en sonnets, M.
Prenez-y garde, notre premier mouvement, et même le second, est de haïr quiconque ne pense pas comme nous. […] De croire que cette vie n’est qu’une épreuve et un prélude, ou de croire qu’elle n’aura aucun prolongement ultra-terrestre, il semble, à première vue, que deux morales opposées dussent s’ensuivre : mais, dans la pratique, tout s’arrange.
. — Premiers poèmes, avec une préface sur le vers libre (1897). — Le Cirque solaire (1898). — Le Conte de l’Or et du Silence (1898). — Les Petites Âmes pressées (1898). — Les Fleurs de la Passion (1900) […] Kahn est résolument un poète novateur, et son premier livre, Les Palais nomades, est un des plus agréables poèmes de ces temps.
Il n’y a que des barbares ou des gens à courte vue qui puissent se laisser prendre à des objections superficielles comme celles que fait naître au premier coup d’œil la multiplicité des emplois scientifiques. […] Un million vaut un ou deux hommes de génie, en ce sens qu’avec un million bien employé on peut faire autant pour le progrès de l’esprit humain que feraient un ou deux hommes de premier ordre, réduits aux seules forces de l’esprit.
Son œuvre, prise dans sa synthèse, ressemblerait à la terre ; des productions de toute sorte, une seule idée première pour toutes les conceptions, des fleurs de toute espèce, une même sève pour toutes les racines. […] À chaque ouvrage nouveau qu’il met au jour, il soulève un coin du voile qui cache sa pensée et déjà peut-être les esprits attentifs aperçoivent-ils quelque unité dans cette collection d’œuvres au premier aspect isolées et divergentes.
Il m’ôte des dangers que j’aurois pu courir ; Et sans me laisser lieu de tourner en arrière, Sa faveur me couronne, entrant dans la carrière ; Du premier coup de vent il me conduit au port, Et sortant du baptême, il m’envoie à la mort. […] Le jeudi de la Passion, la Pécheresse, première partie.
Sans le renversement des faux Dieux et l’établissement du vrai culte, l’homme aurait vieilli dans une enfance interminable ; car, étant toujours dans l’erreur, par rapport au premier principe, ses autres notions se fussent plus ou moins ressenties du vice fondamental. […] Les homélies du premier, sur la Mort, et sur la Disgrâce d’Eutrope, sont des chefs-d’œuvre188.
Ce spectacle ne s’introduisit point à Rome à la faveur de la grossiereté des cinq premiers siecles qui s’écoulerent immediatement après sa fondation. […] Afin d’apprivoiser peu à peu les peuples avec son nouveau spectacle, il y fit combattre les champions seulement jusqu’au premier sang.
La nature a donc choisi les uns pour leur distribuer l’aptitude à bien faire certaines choses impossibles à d’autres, et ces derniers ont pour des choses differentes une facilité qu’elle a refusée aux premiers. […] Si les premiers sont nécessaires aux seconds pour les guider, les seconds sont nécessaires aux premiers pour operer.
Comme il faut donner la main au premier quand il marche, de même il faut aider l’autre à penser et même à vouloir. […] C’est-là qu’on voit ses premiers ouvrages, dignes du grand nom qu’il a présentement.
— Les deux grands premiers rôles. — Le lièvre roublard et sceptique, mais serviable. — L’hyène stupide et crédule, féroce, vorace et infatuée. — Divers sobriquets de l’hyène. — Son rôle dans les contes. — Rôle de l’homme dans les fables. — Portrait peu flatté. — Animaux divers jouant un rôle fréquent dans les fables. — Le roi des animaux dans la littérature indigène : lion, éléphant et hyène ; le riz. […] Les fables ne sont pas non plus — comme on aurait tendance à le croire au premier abord — des sortes de fabliaux satiriques dans le genre des récits analogues du Moyen-Age.
Léon Bloy47 L’auteur de la préface que voici fut un des premiers qui parlèrent du beau livre d’histoire — cause et occasion de cet autre livre qu’on publie aujourd’hui48. […] Otez, en effet, par la pensée, la personnalité de Christophe Colomb de la synthèse du monde, que, seule, l’Église embrasse, et que seule elle explique, et il ne sera plus qu’un homme à la mesure de la grandeur humaine ; mais avec l’Église et faisant corps avec elle, il devient immédiatement le grand homme providentiel, le bras charnel et visible de Dieu, prévu dès l’origine du monde par les prophètes des premiers temps… Les raisons de cette situation miraculeuse dans l’économie de la création, irréfragables pour tout chrétien qui ne veut pas tomber dans l’abîme de l’inconséquence, ne peuvent pas, je le sais, être acceptées par les esprits qui chassent en ce moment systématiquement Dieu de partout ; mais l’expression de la vérité, qu’ils prennent pour une erreur, est si grande ici, qu’ils seront tenus de l’admirer.
Je ne puis me faire une image du jeune Hippolyte-Adolphe jouant ses premiers jeux dans Vouziers. […] Gabriel Monod est sobre de détails sur la formation première de Taine ; voici, pourtant, un trait que je lui emprunte : « il avait déjà, à l’âge de dix ans, un tel sérieux dans le caractère et une telle solidité dans l’esprit qu’il remplaça, pendant quelques jours, M.
VI Alors nous prîmes dans le sac de Mathilde le volume de Confidences et nous lûmes à demi-voix tout ce qui concernait les villages de Milly et de Bussières qui ne faisaient qu’une paroisse du temps de votre première enfance. […] IX Elle tourna à droite aux premières maisons de paysans du village. […] Nous pleurâmes en silence toutes les quatre en présence du premier sentiment et des premières douleurs de Lamartine. […] — Mais venez voir, s’écrie tout bas Aglaé, voilà le cabinet de charmille entremêlé de sureau que le vent de ses premiers rêves agite encore, et voilà le tronc de chêne tortueux qui lui servait d’appui quand il commençait à écrire ses vers. — Nous accourûmes et nous entrâmes toutes recueillies sous l’ombre obscure du cabinet. […] XIX La cloche de l’église de Bussières nous réveilla aux premières lueurs du crépuscule.
Parmi les tout premiers il y aurait lieu de nommer ici M. […] Et, d’abord, qui ne louerait le sentiment si élevé qui a dicté aux fils du général Margueritte leurs premières pages, comme il n’a cessé d’animer tous leurs élans ? […] Son premier principe est celui de la prédominance de l’idée de famille sur l’idée d’individu. […] Louis Bertrand dont le roman de l’Invasion eut récemment un très franc succès, mais que déjà ses premiers livres la Cina, le Sang des Races, le Rival de Don Juan avaient mis en vedette comme un écrivain d’avenir. […] Dans un cadre joliment tracé, divertissant par la causticité même de son exactitude, il a mis en présence le vieil esprit poétique et tendre jadis en honneur au pays de Schiller et l’esprit prosaïque, commercial, militariste à outrance qui s’est, peu à peu, substitué au premier.
Cette opposition de sentimens éclata surtout dans le temps des premières tragédies de Racine. […] Dans une lettre à un de ses amis, il donne La Chaussée pour un des premiers génies de la nation, & le met à côté de Molière. […] On a comparé la muse du premier à une honnête femme, & celle de l’autre à une femme perdue. […] Après tous ces ridicules, jettés sur la nation, M. de Voltaire ajoute qu’elle s’en fût sauvée ; que le théâtre se seroit relevé de son premier état d’infamie, sans les déclamations éternelles des Calvinistes & des Jansénistes. […] Notre premier acteur eut la gloire d’en faire pleurer quelques-uns à Zaïre, à Brutus, dans un voyage qu’il fit à Genève.
Hugo redevient le bucculent sonneur de mots, la trompe littéraire qui vomit le vent par sa conque, nous avons en ces premières Contemplations un effort d’affectation et un naturel de niaiserie tout ensemble, qu’on avait déjà entrevus dans les pièces amoureuses des autres recueils de l’auteur, mais jamais dans cet achèvement prodigieux. […] de ta chair, du limon, De ce corps qui, créé par ta faute première, Ayant rejeté Dieu, résiste à la lumière. […] La faculté première de M. […] Fait pour chanter la guerre avant toutes choses, — car sa première impression d’enfance fut pour lui, comme pour Astyanax, le panache du casque de son père, — fait pour chanter la guerre, et après la guerre tous les spectacles qui arrivent à l’âme par les yeux, M. […] Malgré les beautés de premier ordre des pièces comme Aymerillot, Rathbert, Eviradnus, Le Petit roi de Galice, M.
Leur premier devoir est de le comprendre. […] Tous aveugles ; Dieu donne au premier le bâton de la tradition. […] Les droits de l’homme et de l’humanité ont été leur premier mot. […] Au premier regard, c’est tout simplement un agité. […] les merveilleuses cinquante premières pages !
Il est donc bien vrai que les lettres ne sont plus à nous-mêmes notre première affaire ! […] Tel arrivait de la mansarde, tel du premier étage. […] J’ai quelque peu passé ma première jeunesse dans les théâtres du boulevard. […] Son maître lui a-t-il pris sa première femme ? […] Et voici un second trait commun de caractère qui est l’effet de cette première éducation.
Après avoir assisté pendant des heures à ces débats, souvent aussi éloquents que confus, sans prendre une note, mais aussi sans se dissiper en paroles, il rentrait chez lui tout plein de ce qu’il avait entendu, et il le jetait sur le papier avec feu et avec netteté dans un travail de soirée et de nuit, où sa plume, si hâtée qu’elle fût, ne rencontrait jamais un mot douteux ni une locution louche : il ne pouvait parler ni écrire d’autre langue que celle de sa famille et de sa maison, celle qu’il tenait de son illustre père, et de ses premiers maîtres, de ses premières lectures d’enfance. […] J’ai peur de retomber dans un autre paradoxe. » En effet, peu s’en faut que cette fois il ne déplace les rangs, qu’il ne les intervertisse, et qu’il ne mette au premier ce qu’il avait d’abord laissé descendre au dernier dans son estime.
Dans ces premières années de tâtonnements, le corps de doctrines critiques n’était pas encore formé ni dégagé ; la Revue avait plutôt le caractère d’un magazine. […] A la veille des prochaines divisions, et dans le temps même de cet intervalle, il y eut, nous l’avouons, comme un dernier instant fugitif, que tous ceux qui sont restés fidèles à la Revue ne peuvent s’empêcher de regretter, un peu comme les jeunes filles regrettent leurs quinze ans et leur première illusion évanouie : ce fut l’instant où le groupe des artistes et des poëtes paraissait au complet (M.de Balzac n’en était déjà plus, mais M.Dumas en était encore), et où les critiques vivaient en très-bon ménage avec eux. […] Ce qui résulte souvent de colère et de rancune pour une simple première discussion modérée et judicieuse est inimaginable, et la critique elle-même alors, quand elle récidive, a fort à faire pour ne pas se laisser gagner aux mêmes irritations.
Les deux font donc un couple dont le second terme, la définition, équivaut au premier terme, c’est-à-dire à l’objet. — Cet objet peut rester idéal, être situé par lui-même hors de toutes nos prises ; peu importe ; nous possédons son représentant. […] Nous combinons ces termes entre eux et nous formons d’abord des composés peu complexes, ceux de deux, trois, quatre et des premiers nombres, ceux de plus et de moins, de plus grand et de moins grand, de ligne plus grande et de ligne moins grande, par suite ceux de ligne droite ou courbe, de triangle, de cercle, par suite encore ceux de sphère, cône, cylindre, et le reste. […] Ce ne sont pas les nombres, sauf les trois ou quatre premiers, que nous pensons, mais leurs équivalents, à savoir le nom du nombre précédent joint à l’unité ; ce ne sont pas les objets infinis, ni les objets idéaux que nous pensons, mais les caractères abstraits qui sont leurs générateurs ; ce ne sont pas les caractères abstraits que nous pensons, mais les noms communs qui leur correspondent.
. — Choix et succession des idées Ces premiers points étant acquis, le travail qui reste à faire consiste principalement à régler le nombre, la subordination et les proportions réciproques des parties que l’œuvre doit comprendre, à choisir parmi toutes les idées que la réflexion a suggérées celles qui doivent y être reçues, à déterminer enfin l’ordre dans lequel elles seront employées. […] Ne croyez pas que tout ce que l’esprit dans sa première et rapide inspiration a saisi, soit bon. […] Quand vous aurez soigneusement distingué dans les produits de l’invention première ce qu’il faut garder ou rejeter, vous ne serez pas encore au bout de votre peine : il vous restera à distribuer, à ordonner ce que vous aurez gardé.
Des pharisiens ont prétendu que vos premiers romans avaient perdu beaucoup de jeunes femmes ; mais nous savons bien que ce n’est pas vrai, que celles qui ont pu tomber après avoir lu Indiana étaient mûres pour la chute et que, sans vous, elles seraient tombées plus brutalement et plus bas. […] Or, pour arriver à la perfection du style poétique et plastique, il est peut-être nécessaire de n’être point ému en écrivant, de considérer uniquement la valeur musicale et picturale du langage et, en face des objets matériels, de s’arrêter à l’impression qu’on a tout d’abord reçue d’eux, à la sensation première et directe, ou d’y revenir artificiellement afin de n’exprimer qu’elle. […] On pourrait dire aussi que, le nombre des femmes auteurs étant relativement très petit, il y avait beaucoup moins de chances pour qu’il se rencontrât parmi elles un génie qui fût de premier ordre par le don de l’invention.
Le jeune poète se révélait, dès ce premier livre, comme le […] Sully Prudhomme Le soupir des Premières méditations remplit tout à coup le vide des âmes élevées, comme l’ample et suave gémissement des orgues remplit soudain les hautes nefs et y change l’aspiration suppliante en extase. […] Il est en effet à l’âge des chefs-d’œuvre, à cette maturité où le poète atteint toute sa puissance de conception et possède en même temps une expérience qui lui manquait dans ses premières années.
Quoique tout n’eût pas été agrément dans l’excursion des premiers Gelosi en France, les troupes de comédiens italiens prirent tour à tour le chemin de Paris. […] Quelle qu’ait été sa véritable connaissance de ce dernier idiome, il fut du moins l’un des premiers à faire usage du jargon qui devait plus tard en imposer si bien à M. […] Non seulement elle remplissait avec une grâce infinie, avec une grande richesse d’imagination, les rôles de première amoureuse dans la commedia dell’arte ; mais elle était poète.
Les autres se laissent guider par l’intuition et font du premier coup des conquêtes rapides, mais quelquefois précaires, ainsi que de hardis cavaliers d’avant-garde. […] Si l’on dit souvent des premiers qu’ils sont des analystes et si l’on appelle les autres géomètres, cela n’empêche pas que les uns restent analystes, même quand ils font de la Géométrie, tandis que les autres sont encore des géomètres, même s’ils s’occupent d’Analyse pure. […] Les deux premières ne peuvent nous donner la certitude, je l’ai montré plus haut par des exemples ; mais qui doutera sérieusement de la troisième, qui doutera de l’Arithmétique ?
Le sentiment premier de Jésus n’était pas précisément cela. […] Ajoutons que, durant les trois premiers siècles, des fractions considérables du christianisme 684 nièrent obstinément la descendance royale de Jésus et l’authenticité des généalogies. […] Dans les exorcismes, le diable le chicane et ne sort pas du premier coup 728.
On ne s’occupe ni du premier ni du troisième, parce qu’ils appartiennent, dit-on, soit à l’intelligence, soit à la physiologie ; et l’on se retranche dans le second exclusivement, pour en faire toute la volonté. […] Premiers essais du pouvoir volontaire. […] La question de la liberté, « cette serrure brouillée de la métaphysique », « ce paradoxe du premier degré », « ce nœud inextricable », appartient à la catégorie des problèmes factices, comme les arguments célèbres de Zenon d’Elée sur l’impossibilité du mouvement, sur la course entre Achille et la tortue, et les difficultés élevées par Beikeley contre le calcul différentiel.
Disons seulement que ces premiers détails ne donnent que l’idée la plus grossière de l’extrême complexité de l’organisation cérébrale : l’encéphale est un des organes les plus compliqués du corps humain, et la dissection en est très longue et très difficile6. […] « J’ai regret de dire, s’écriait-il, que Cuvier, qui un des premiers a pesé comparativement l’encéphale des animaux, a donné un mauvais exemple à cet égard. […] Au contraire, l’avantage est tout entier du côté des premiers ; or on ne conteste pas qu’ils ne soient très inférieurs aux autres en intelligence.
On sçait que les sept premiers volumes de l’édition in-4°. sont une traduction de l’anglois. […] La Rélation du premier voyage de la Compagnie des Indes orientales en l’Isle de Madagascar ou Dauphines, en 1665. par Urbain Sauchu de Renne-fort, in-12. […] Les Mœurs des Sauvages amériquains comparées aux mœurs des premiers tems, par le P.
Remettez la bouche dans son premier état, et relevez les sourcils ; le caractère devient orgueilleux, et il vous plaira moins. […] J’entends cette impulsion prompte, subite, irréfléchie, qui presse et colle deux êtres l’un à l’autre à la première vue, au premier coup, à la première rencontre ? […] Vous verrez l’affinité des idées opérer pareillement sur l’artiste, et attirer des accessoires tout contraires aux premiers.
L’Orpheline de madame Paul de Molènes n’est pas assez en premier dans son livre. […] Madame de Molènes, par un scrupule incompréhensible avec un esprit de tant d’aplomb dans la légèreté, n’a pas voulu introduire à travers les sentimentalités de son Orpheline ce genre de gaîté et de ton, la qualité première de son esprit et qui en sera la fortune. […] Et voilà ce que j’avais à reprocher au roman de madame Paul de Molènes, mais, avec tout ce qu’il n’a pas et pourrait avoir, ce n’en est pas moins un livre qui va monter, d’emblée, au premier rang des productions contemporaines, tout en tranchant vivement sur elles, car il ne leur ressemble pas.
Ce ne seraient d’ailleurs que des Temps fictifs, puisqu’ils ne pourraient être vécus comme différents du premier par qui que ce fût, ni par l’observateur en S qui les perçoit tous dans la même durée, ni par aucun autre observateur réel ou possible. […] Considérons les trois points 0, B, A de notre première figure. […] Seule fait exception, naturellement, la figure de lumière du système supposé immobile : ainsi, dans notre première figure, OB et OA sont à la fois lignes souples de lumière et lignes rigides d’espace, l’appareil BOA étant censé au repos.
On trouverait, en rétablissant les anneaux intermédiaires de la chaîne, qu’à Pascal se rattachent les doctrines modernes qui font passer en première ligne la connaissance immédiate, l’intuition, la vie intérieure, comme à Descartes (malgré les velléités d’intuition qu’on rencontre dans le cartésianisme lui-même) se rattachent, plus particulièrement les philosophies de la raison pure. […] Nous avons laissé de côté dans cette énumération rapide, deux penseurs de premier ordre que nous ne pouvions pas rattacher à la tradition issue de Maine de Biran. […] Il est temps de mettre ce penseur à sa vraie place, — une des premières, — parmi les philosophes du XIXe siècle.
Quoiqu’il eût donné quelques opuscules auparavant, ses Considérations sur la Révolution française, en 96, furent son premier coup d’éclat et de maître. […] Ces quarante premières années de préparation, d’accumulation et de profondeur, ne nous ont pas encore tout dit. […] Il eût vu Bacon, qu’au premier mot de rencontre et d’accord, au moindre signe commun dans le même symbole, il lui aurait sauté au cou. […] On ne lit plus Bonald, on relit comme au premier jour son libre et mordant coopérateur. […] Indépendamment du titre de Premier Président, il eut la charge de ministre d’État et de régent de la Grande-Chancellerie.
Dans le Cœur innombrable, son premier volume, la poétesse ne développait pas ses motifs, et personnellement j’aime la concision de ces notations, j’aime ces émotions emprisonnées dans un vers comme une fougère sous, la glace de l’hiver. […] Après avoir, dans ses premiers recueils, pris contact avec sa terre natale : Occident, Ferveur, elle exprimera dans Horizons les premières inquiétudes des pays inconnus. […] Ce que Marie Dauguet n’avait qu’insinué dans ses premiers volumes, elle le clame ici avec une sorte de poétique impudeur. […] Dans ses deux premiers recueils : la Guirlande des jours et les Accords, Elsa Koeberlé a mêlé et comme accroché les rythmes de son chant intérieur aux branches et aux aspects de ses paysages familiers. […] L’émotion que l’on éprouve en lisant, en étudiant ce volume, Fables et chansons, difficile un peu (ce qui est vraiment beau est toujours un peu caché, mystérieux, et ne se livre pas au premier regard, au premier palper des mains et de l’intelligence), — l’émotion ressentie est d’abord presque tout intellectuelle.
Le second infini n’est-il pas pour ainsi dire sous-jacent au premier ? […] De toi, de ta chair, du limon Dont l’esprit se revêt en devenant démon ; De ce corps qui, créé par la faute première, Ayant rejeté Dieu, résiste à la lumière ; De ta matière, hélas ! […] Cette bonté de cœur ne s’est point fait jour tout de suite ; le tempérament premier de Victor Hugo était violent et passionné ; ses toutes premières œuvres ne peignent que lutte, coups d’épée, chocs de toutes sortes, y compris les chocs des rimes et des couleurs. […] Hugo a été un des premiers à attirer l’attention sur les vices de notre régime pénitentiaire actuel et à montrer que les prisons, telles qu’elles sont actuellement organisées, constituent de vraies écoles de crime. « Quel nom les malfaiteurs donnent-ils à la prison ? […] Religions et religion (Première réflexion).
S’il écrit avec moins de simplicité que son premier modèle, il a plus de chaleur & de coloris. […] Livres, dont il ne nous reste que les cinq premiers entiers. […] C’est l’Histoire civile, politique & militaire que contiennent les 4. premiers volumes. […] Nous avons l’histoire élégante du premier en 4. vol. […] Il publia en 1636. les deux premiers volumes de cette collection.
Les dix premiers chants du poème épique de la Messiade, par Klopstock, venaient de paraître ; l’Allemagne s’étonnait et frémissait d’enthousiasme à cette poésie sérieuse comme une religion, où le drame du Calvaire se déroule entre le ciel et l’enfer et où l’enfer lui-même laisse entrer le rayon de la miséricorde. Un vieil ami du père de Goethe apporta un jour ces pages à la maison et voulut les lire ; le père s’indigna au premier vers de cette poésie qui prenait au sérieux sa mission jusque-là futile en Allemagne ; il rejeta avec fureur le livre sur le parquet et pria son ami de ne jamais lui prononcer le nom de Klopstock. […] XII Son premier essai, qui tient plus de J. […] Tout m’est révélé clair et facile. » Ici un hymne magnifique, semblable sans doute à celui qui fit explosion des lèvres de la première créature intelligente, quand le monde entra avec son premier regard dans sa prunelle ! […] Il y a assez à réfléchir et à admirer sur cette première moitié de l’œuvre du poète, qui, en créant Faust et Marguerite, a créé non plus la tragédie des cours, des dieux ou des rois, mais la véritable tragédie du cœur humain !
Je l’ai célébrée dans mes premiers vers par une épître familière insérée sous le titre de Méditation poétique, et adressée au colonel de Maistre, propriétaire de cet ermitage. […] On monte par un escalier de pierres grises au premier étage, où l’on trouve un petit salon et cinq ou six chambres de maîtres ou d’hôtes. […] Aussi, ce qu’il y a à admirer dans ce premier ouvrage de Joseph de Maistre, ce ne sont pas les vérités, ce sont les vues. […] « Il en revint toujours à sa première question : — Mais qu’est-ce que vous voulez ? […] Si l’on peut voir au premier coup d’œil quelque chose de trop hardi dans cette ambition, la réflexion prouvera bientôt que le sentiment qui m’anime ne peut s’appeler audace ni légèreté, et que l’homme qui prend une telle détermination y a suffisamment pensé.
J’ai goûté dans mon enfance et dans ma première jeunesse les plus pures joies du croyant, et, je le dis du fond de mon âme, ces joies n’étaient rien comparées à celles que j’ai senties dans la pure contemplation du beau et la recherche passionnée du vrai. […] Sur cette première question, il n’y a que deux classes d’hommes : les hommes honnêtes, qui se subordonnent à la grande fin sociale, et les hommes immoraux, qui veulent jouir et se soucient peu que ce soit aux dépens des autres. […] Au premier beau soleil, vous redeviendrez incrédules. […] Car, enfin, ces insensés savaient-ils ce qu’ils faisaient, et était-ce leur faute si la société les avait laissés dans cet état d’imbécillité où ils devaient, au premier jour d’épreuve, devenir le jouet des insensés et des pervers ? […] Au premier réveil du libéralisme moderne, on put croire un instant que l’absolutisme ne reposait que sur la force des gouvernements.
De temps en temps, du moins, par quelque côté ils devaient reprendre leur figure première. […] A peine vaincue, cette première invasion en démasque une autre. […] Il périssait au premier choc, et peut-être la France avec lui. […] comme disait Léon X des premières disputes de Luther. […] Aucun des traits de leur premier type ne s’est altéré.
Les jeunes hommes de l’Empire premier, ce furent des enfants de vainqueurs. […] Une place de premier, On la célébrait. […] La nouveauté est séduisante, aguichante même, aux premières minutes. […] Viens sur l’Océan, notre patrie première ; il écume d’impatience de nous porter. […] … La théologie dans le roman : n’est-ce pas sa première apparition ?
On en ferait une pièce de premier ordre. […] Mais le dessinateur n’a point pour objet premier de produire un tableau. […] C’est grâce à Gordon que l’Australie a trouvé sa première expression en vers. […] Leur premier chef pratique est un Irlandais américain. […] Ce changement n’est peut-être pas très apparent à première vue.
Jacques Bainville — l’inexactitude du premier grief. […] Thibaudet les “idées d’un cerveau de premier ordre”, et cette fois, ce n’est pas par l’article de M. […] Londres dédie son roman à ses camarades de métier, au premier rang desquels il met avec justice M. […] Tous deux sont amusants, et le lecteur se plaira à la truculence gauloise du premier, à la finesse académique du second. […] Toute une psychologie de l’inflation littéraire est devenue facile, et nous l’esquisserons au premier jour.
Au premier coup porté dans les reins, la victime supplia : Oh, Kees ! […] Il les fond au même creuset et rien ne peut leur restituer ensuite leur substance première. […] Nous notions, aux premières pages de ce travail, que les écrivains belges étaient des peintres. […] Paris, Mercure de France, 1904. — Toute la Flandre, Les Tendresses premières. […] I, troisième partie : La Peinture dans les Pays-Bas, chapitre premier, p. 288.
Son premier volume publié, il devint tout d’un coup célèbre. […] Ses premiers souvenirs s’étaient imprimés en lui à l’âge de trois ans, dans une ferme où on l’avait porté pour essayer l’effet du grand air sur sa petite jambe paralysée. […] Dès sa première enfance, il avait été élevé parmi les récits qu’il mit en scène plus tard, celui de la bataille de Culloden, celui des cruautés exercées contre les highlanders, celui des guerres et des souffrances des covenantaires. […] En vérité, il avait l’âme féodale. « Pendant toute sa vie, dit son gendre, son orgueil principal fut d’être reconnu membre d’une famille historique1209. » — « Sa première et sa dernière ambition mondaine fut d’être lui-même le fondateur d’une branche distincte. » La gloire littéraire ne venait qu’en second lieu ; son talent n’était pour lui qu’un instrument. […] Faust, scène première.
Lui n’oubliera pas Criquette, si bien que revenu en France en 1870, son premier soin sera de la revoir. […] Toutes les qualités premières se révèlent en lui ; il est brave, travailleur et reconnaissant. […] Lia, pour sa première entrée dans le monde, avait un succès fou. […] Un demi-siècle pèse aujourd’hui sur la beauté qui me donna mes premiers troubles, et les plus délicieux. […] Car c’est du passé seulement qu’il s’agit dans ce recueil de pièces, dont quelques-unes sont de premier ordre.
Ses premières lettres en français s’adressent à des confrères de province avec qui il correspond. […] Belin, médecin de Troyes ; c’est une curiosité d’amateur qui lui dicte sa première lettre (20 avril 1630) : il s’est mis depuis quelques années à rechercher les antiquités de la faculté de Paris, à faire collection de toutes les thèses qu’on y a soutenues ; il en a déjà ramassé plus de cinq cents, mais ce sont surtout celles des vingt dernières années qu’il possède, à partir de 1609 : quant à celles qui remontent plus haut, elles sont plus rares, et il s’adresse à M. […] En avançant dans la lecture de Gui Patin, nous verrons qu’il n’avait point sans doute l’esprit philosophique et méthodique dans le sens général du mot ; il n’est point à cet égard de la famille de Descartes, il est de ces esprits à bâtons rompus, si je puis dire, et qui ne vont pas jusqu’au bout d’une conséquence ; mais il a tout ce que le bon sens à première vue saisit et appréhende, et il le rend avec des jets de verve, avec des éclats de causticité qui sont amusants. […] Ce premier en date de nos journalistes a la phrase un peu longue ; pardonnons à l’enfance de l’art.
L’un des premiers ouvrages de Marivaux fut L’Iliade travestie (1716), qu’il fit moins encore pour déprécier le divin Homère que pour venger La Motte des grosses paroles de Mme Dacier. […] Comme l’émotion, la verve, l’inspiration et tout ce qui y ressemble lui étaient choses complètement étrangères, il n’a pas su les voir en autrui ; il n’a rendu les armes de près ni de loin à cette puissance créatrice qui porte au premier rang un petit nombre d’hommes, et on pourrait le définir, au milieu de tous les éloges qu’il mérite pour l’originalité de ses vues, pour la variété et la gentillesse de ses œuvres, « celui qui n’a senti ni Homère ni Molière ». […] Sort-il du spectacle un jour de première représentation, il s’amuse à regarder passer le monde, les jolies femmes qui font les coquettes, les laides qui n’ont pas moins de prétention et qui trouvent moyen de faire concurrence aux jolies, les jeunes gens aussi, qui font les beaux ; il s’amuse à interpréter ce que signifient toutes ces mines qu’il voit à ces visages, ces grands airs et ces maintiens complaisants ; il leur fait tenir de petits discours intérieurs bien précieux, bien vaniteux, qu’il déduit par le menu : Ce petit discours que je fais tenir à nos jeunes gens, on le regardera, dit-il, comme une plaisanterie de ma part. […] La revanche est complète : il la croit coupable et s’éloigne : elle, innocente et fière, se hâte de rompre avec le protecteur hypocrite, M. de Climal ; et sa première pensée, après l’avoir congédié, est de lui renvoyer cette parure, cette robe et ce linge fin qu’il lui a donnés à si mauvaise intention.
S’il a, comme je l’ai dit, le sentiment de la fatigue et de l’épuisement des sociétés, de ce caractère blasé qui est le produit de l’extrême civilisation, il retrouve aussi en idée, et par saillies, cet autre sentiment de la jeunesse et de la vigueur première du monde, et il le reconnaît aux anciens dans tous les ordres de travaux et de découvertes : il sait que pour tout ce qui est de l’observation et de l’expérience, et dans les sciences qui en dépendent, les modernes l’emportent de beaucoup : Il me suffit, ajoute-t-il, d’avoir remarqué que les anciens ont été plus promptement éclairés que les modernes, qu’ils ont volé dans la carrière où les autres se sont traînés. […] Au commencement du règne de Louis XVI, un des premiers objets qui fixèrent l’attention de ce roi fut la liberté du citoyen : Il avait dans son Conseil, dit M. de Meilhan, deux ministres (Turgot et Malesherbes) portés par sentiment et par principes à seconder ses équitables dispositions. […] Ce qui distingue mon esprit, c’est son premier élan, c’est la facilité d’atteindre sans effort. […] Connaissant mieux votre nation et la Cour que lui, vous n’auriez jamais assemblé les notables, qui auraient pu être une bonne chose sous un autre gouvernement ; et c’est vous qui aviez dit au baron de Breteuil ce grand mot au sujet du premier club, que ce n’était pas une plante monarchique.
Pour nous, ce qui nous attire et ce qui nous en plaît aujourd’hui, ce n’est pas tant ce canevas sentimental aisé à imaginer, et qui est traité d’ailleurs avec grâce et délicatesse, comme aurait pu le faire Mme de Souza ; ce sont moins les personnages amoureux que des personnages au premier abord accessoires, mais qui sont en réalité les principaux : c’est un président de Longueil, forte tête, à idées politiques, à vues étendues, une sorte de Montesquieu consultatif en 89, et qui, en écrivant à Saint-Alban, lui communique ses appréciations supérieures et son pronostic chaque fois vérifié ; — c’est aussi le père du jeune Saint-Alban, espèce de Pétrone ou d’Aristippe, qui, pour se livrer à ses goûts d’observation philosophique et de voyages, a renoncé dès longtemps aux affaires, aux intérêts publics, même aux soins et aux droits de la puissance paternelle, et s’en est déchargé sur son ami le président de Longueil. […] Il a porté son observation sur toutes les branches de l’activité humaine, et il s’élève par le niveau naturel de son esprit aux idées générales, aux principes premiers applicables à chaque science : Les hommes, disait-il, sont modifiés par l’étât qu’ils embrassent, au point, en quelque sorte, d’être entre eux comme des êtres distincts. […] C’est une chose remarquable dans la Révolution que le courage passif et la résignation, tandis que rien n’est plus rare qu’un courage actif et entreprenant… Et comme il y a cependant, au milieu de cette apathie publique, d’admirables exemples de ce premier genre de courage, comme on voit des vieillards, des femmes, des jeunes gens à peine sortis de l’enfance, qui marchent à la mort de sang-froid : Beaucoup de gens ressemblent, pour le courage, à ces avares qui gémissent à chaque petite somme qu’ils sont forcés de dépenser, et qui sont capables d’en donner une très grosse sans en être affectés. […] Sur Montesquieu il est d’un avis assez tranché et a l’air paradoxal, et peut-être n’a-t-il que raison : Montesquieu perdra moins qu’un autre dans cette révolution d’idées et de sentiments, parce que les objets dont il a parlé seront éternellement intéressants, et que sa manière de s’exprimer est simple et piquante ; mais, tout en admirant plusieurs parties de L’Esprit des lois, je crois que cet ouvrage lui donnera moins de droits que les Lettres persanes pour se maintenir au premier rang des hommes de génie.
. — Premiers symptômes d’idéologie. […] » Il avait raison en un sens, il choisissait bien ses exemples ; mais il avait tort en ce qu’il confondait tous les âges et qu’il ne se figurait pas qu’il avait pu y avoir une belle jeunesse première, une saison d’efflorescence vigoureuse dans la mieux douée des races, se servant de la plus variée et de la plus euphonique des langues, et que sous des conditions uniques il en était sorti toute une poésie et un art primitif, plus voisin de la nature, et qui ne s’est vu qu’une fois : Homère, disait-il avec une sorte de naïveté contente de soi et de son temps et très commune alors, Homère aurait peut-être atteint à la perfection, s’il fût né dans le siècle d’Auguste ou dans le nôtre ; mais né dans des temps où l’art ne s’était point encore montré, n’étant guidé par aucunes règles, éclairé par aucun exemple, on lui doit tenir grand compte de son poème, tout monstrueux qu’il est. […] Rendant hommage au mérite de M. de La Motte, qu’il ne craint pas d’appeler, « de l’aveu de tout le monde littéraire, un des premiers hommes de son siècle », l’abbé de Pons s’exprimait en paroles bien senties et moins contestables sur son caractère moral et ses vertus de société : Cette supériorité24, disait-il, est d’ordinaire compagne de l’orgueil immodéré ; mais le souverain éloge de M. de La Motte, c’est d’avoir su allier aux talents les plus éminents la plus modeste opinion de lui-même ; c’est de n’avoir jamais cherché dans les ouvrages de ses rivaux que le beau pour le protéger, et de s’être imposé un silence religieux sur les fautes dont il aurait pu triompher. […] L’abbé de Pons est un des premiers écrivains qui s’annoncent comme pouvant être plus sérieux et de plus longue haleine que l’écrivain de gazette et de journal, n’allant pas tout à fait jusqu’au livre, mais très propre à cette littérature d’entre-deux et de recueil périodique.
Campaux, qui en juge comme nous, a tiré de cette jolie ballade plus d’une conséquence sur les goûts, sur l’éducation première et les habitudes du poète. […] Campaux, mais ici la source première est plus haut que chez Villon : elle est dans saint Bernard et dans d’autres auteurs de la grande époque du Moyen Âge. […] Campaux, on aura pour tout le reste un commentaire aussi ample qu’utile, et conçu dans un esprit mieux encore que littéraire, je veux dire sympathique et presque filial. — Il a dû y avoir, je m’imagine, du temps de Villon, quelque écolier un peu plus jeune que lui, aussi laborieux, aussi bon sujet que l’autre était mauvais et dérangé, mais grand admirateur du poète, sachant ses premières chansons, récitant à tous venants ses plus jolies ballades, en étant amoureux comme on l’est à cet âge de ce qu’on admire. […] Cette chambrette, aussitôt, sera devenue plus chère à celui qui l’habitait, et pendant quelques jours elle lui aura paru presque un sanctuaire (ô puissance des premières illusions !)
À cet âge de première jeunesse, c’était un grand jeune homme long et même assez fluet, le front assez beau et spécieux, la nuque très-mince ; toujours les mains dans ses poches ; vous accostant dès qu’il vous rencontrait et ne vous lâchant plus, fussiez-vous allé par un temps de pluie d’un bout de Paris à l’autre. […] Ses premières années d’émancipation se passèrent à vaguer dans les ateliers des artistes et à baguenauder à tort et à travers ; il voyait aussi quelques-uns des poètes dits du Cénacle, et il en tirait la plupart de ses jugements littéraires futurs. […] J’examine : tout est lié, motivé, sensé, possible, intelligible ; tout ressemble à ce qu’on a vu ou à ce qu’on peut se figurer, et les peintres sincères vous diront tout ce qu’il y a, sous cette ressemblance vive, de hardiesses de première venue, de difficultés abordées de front, enlevées à la pointe du pinceau et tournées en effets heureux et en triomphes. […] Aussi tout le monde vient-il le voir travailler ; à ma première séance, il vint au moins vingt personnes l’une après l’autre.
Il s’adresse avec un regard de satisfaction à l’objet insensible de ses feux, mais dont il se voit vengé, car il a suffi d’une ou de deux saisons pour lui ôter sa grâce première : « Tu te souviens sans doute, tu te souviens que je t’ai dit cette parole sacrée : La jeunesse est la plus belle chose, et la jeunesse est aussi la plus fugitive ; le plus rapide des oiseaux dans l’air ne vole pas plus vite que la jeunesse. […] Je trouverais ainsi, en le voulant bien, à offrir des échantillons des différentes sortes d’épigrammes, mais je préfère aujourd’hui m’attacher à un seul nom, à un poète qui n’a été autre chose qu’un auteur d’épigrammes et qui me paraît au premier rang (les grands poètes exceptés), parmi ceux qui ont contribué à l’Anthologie dès son origine : Il s’agit de Léonidas de Tarente que la plupart ne connaissent sans doute que pour l’avoir vu mentionné en tête de quelque imitation d’André Chénier. […] Que les brebis bêlent autour de moi, et qu’assis sur un rocher, tandis qu’elles broutent, le berger me joue ses plus doux airs ; qu’aux premiers jours du printemps, le villageois, ayant cueilli des fleurs de la prairie, en couronne ma tombe, et que, pressant la mamelle d’une brebis mère, il en fasse jaillir le lait sur le tertre funéraire. […] Reinhold Dezeimeris. — Et puis, tout n’est point parfait du premier coup.
Cet art byzantin fut inoculé par les Nestoriens fugitifs aux Arabes ; il poussa de ce côté une de ses branches, bientôt florissante ; et il s’insinua, il s’infiltra aussi, tout à l’opposé, dans notre Occident, dans notre Gaule, vers l’époque de Charlemagne, et entra pour beaucoup dans la formation de notre premier style roman. […] Et ce n’est pas seulement l’architecture religieuse, qui prenait son essor vers ce temps d’une merveilleuse et franche renaissance, aux premières années du XIIIe siècle : « l’architecture civile et militaire suit pas à pas la marche de l’architecture religieuse, et dans la ville où l’on construit une cathédrale gothique, on élève en même temps des édifices civils, des maisons et des remparts qui se dépouillent entièrement des traditions romanes ». […] Viollet-Le-Duc ; et s’il a, comme je crois l’avoir vu, le portrait du premier Mansart, du seul digne de renom, dans son cabinet et sur sa cheminée, il faut même que ce soit un pinceau bien habile et bien cher qui le lui ait fait accepter : autrement il eût préféré, sans nul doute, un maître de la pure Renaissance. […] Je l’ai vu, grimpé sur une corniche à 60 pieds du pavé, dessiner debout aussi bien que s’il avait été dans son cabinet. » Le premier grand travail dont il ait été chargé a été la restauration de l’église de Vézelay ; cette grande et belle église, chef-d’œuvre des architectes clunisiens, était en si mauvais état, qu’il avait été plus d’une fois question de la démolir ; il était à craindre qu’au premier coup de marteau tout ne tombât.
Bernardin de Saint-Pierre offrit l’un des premiers le triste spectacle d’un talent élevé, idéal et poétique, en chicane avec les libraires. […] Quelque hauts services que puissent penser avoir rendus à leur cause les anciens écrivains du Globe devenus députés, conseillers d’État et ministres, je suis persuadé qu’en y réfléchissant, quelques-uns au moins d’entre eux se représentent dans un regret tacite les autres services croissants qu’ils auraient pu rendre, avec non moins d’éclat, à une cause qui est celle de la société aussi : il leur suffisait d’oser durer sous leur première forme, de maintenir leur tribune philosophique et littéraire, en continuant, par quelques-unes de leurs plumes, d’y pratiquer leur mission de critique élevée et vigilante ; aux temps de calme, l’autorité se serait retrouvée. […] L’idée première de cette Société est due à un écrivain d’esprit, M. […] Premier résultat moral pourtant.
Arrivé dans le Nord, sa première idée fut qu’il n’avait pour ressource que son pinceau, et, comme tant d’honorables émigrés, il se préparait à en vivre ; mais la fortune changea : il put garder l’épée, et, au service de la Russie, il parvint graduellement au rang de général. […] Peut-être, lors de la rédaction première, s’était-il glissé quelque réflexion superflue dans ce que le comte Joseph a conseillé à son frère de raccourcir, et il a bien fait. […] M. de Lamartine, dans l’une de ses Harmonies, a célébré avec attendrissement ce retour de M. de Maistre, à qui, durant l’absence, une alliance de famille l’avait uni : Salut au nom des cieux, des monts et des rivages Où s’écoulèrent tes beaux jours, Voyageur fatigué qui reviens sur nos plages Demander à les champs leurs antiques ombrages, A ton cœur ses premiers amours ! […] Valery, à qui le manuscrit avait été remis, se sentit d’un avis contraire, et on lui dut cette première édition à laquelle dans l’absence de l’auteur il apporta tous ses soins.
Ces doctrines, renouvelées de Platon et des premiers contemplateurs chrétiens, consistaient à recommander aux âmes pieuses, comme type de perfection, un amour de Dieu pour lui-même, désintéressé de toute récompense comme de toute crainte. […] Fénelon s’alarma au premier moment d’une dignité qui devait l’enlever à son élève. […] « Ce livre de Fénelon, dit Bossuet, qui vivait encore à l’époque de son premier bruit, est un roman. […] Ces pauvres gens étaient reçus comme des enfants, dont les plus malheureux avaient droit aux premiers soins.
Ses premiers vers respiraient Lucrèce renouvelé, Darwin et Leconte de Lisle. […] Voilà bien le drame qui a dû, dans les trois premiers siècles, troubler d’innombrables familles. […] Anatole France a surtout aimé les belles pécheresses du premier et du second siècle de l’empire romain, celles qui, épuisées de voluptés, l’âme en quête d’inconnu, demandaient à l’Orient des dieux tristes à aimer, des cultes caressants et tragiques : Les femmes ont senti passer dans leurs poitrines Le mol embrasement d’un souffle oriental. […] Le Néo-hellénisme (les Contemporains, première série.)
Donner aux côtés des premiers le nom de droites, c’est adopter la géométrie euclidienne ; donner aux côtés des derniers le nom de droites, c’est adopter la géométrie non-euclidienne. […] Je suppose d’autre part qu’à chaque objet du premier monde, corresponde dans le second un objet de même nature placé précisément au point correspondant. […] Ou bien au contraire dans toutes les séries E1, E2, ....., En satisfaisant aux deux premières conditions, il y aura un élément E indiscernable de l’un des éléments de la coupure. […] Au premier de ces chemins correspondra une série S de sensations musculaires ; à un second chemin, correspondra une autre série S″ de sensations musculaires qui généralement seront complètement différentes, puisque ce seront d’autres muscles qui seront entrés en jeu.
Cette première série du Décadent manquait donc d’esprit de suite et d’intérêt, en dépit, çà et là, de quelques collaborations précieuses. […] Son père, qui était poète, ami de Lamartine et de George Sand, fit sa première éducation et l’envoya ensuite achever ses études au collège de Confolens. […] « Par nos soins, premier que déclinent les septembrales journées, s’affirmera, colligée en un rare volume, cette glane d’après-midi si pleine de Vomissures et d’Azur ! […] Baju s’était vite ressaisi et avait célébré son affranchissement en tête du premier numéro de la seconde série du Décadent, la seule qui compte, assure Verlaine, et c’est pour cette rédaction dès lors « homogène » que le maître écrivit la Ballade des bons écrivains : Quelques-uns dans tout ce Paris Nous vivons d’orgueil et de dèche.
L’œuvre du XIXe siècle aura été la conquête de ce bien-être matériel, qui, au premier abord, peut paraître profane, mais qui devient chose sainte, si l’on considère qu’il est la condition de l’affranchissement de l’esprit. […] Il semble que les affaires extérieures soient le but premier de la vie, que la fin de la plus grande partie du genre humain soit de vivre sous l’empire pressant et continu de la préoccupation du pain du jour, en sorte que la vie n’aurait d’autre but que de s’alimenter elle-même. […] Il n’y a pas de caractères individuels dans les épopées primitives ; ce que la vieille critique débitait sur les caractères d’Homère est fort exagéré, et encore le monde grec, si vivant, si varié, si multiple, a-t-il atteint sur ce point, du premier coup, de très fines nuances. […] Mendelssohn déjà célèbre, déjà l’un des premiers critiques de l’Allemagne, était encore facteur dans une boutique de soieries.
Vous avez donné, par exemple, votre première récompense, deux mille cinq cents francs, à une personne admirable, qui a pris pour tâche d’aller chercher le mal sous ses formes les plus répugnantes et de faire renaître la conscience dans les pauvres êtres où elle est le plus effacée. […] c’est pour cela que, quand il fait mouillé, nous nous tenons sur l’arbre, en attendant notre tour de venir à l’école. » Ce spectacle d’une terre avide de boire la rosée du bien, et qui s’ouvre au premier doux rayon de soleil, cette charmante inoculation du sens moral, par un mot, par un regard, en de pauvres êtres qui n’ont pas eu de mère, qui n’ont jamais vu un œil bienveillant leur sourire, rappellent les miracles qui remplissent la vie de tous les grands maîtres de la vertu. […] Aujourd’hui, elle sert les petits-enfants de ses premiers maîtres, et, quoique devenue presque aveugle, elle travaille, elle se prive de nourriture pour ceux à qui elle a consacré sa vie. […] Des faits de ce genre ont valu à Fontaine une médaille d’argent de première classe.
Voici la marche ordinaire des choses : si nous prenons pour point de départ une époque où elle est maîtresse incontestée des âmes, par exemple l’époque des premières croisades, nous la voyons d’abord, dans la plénitude et l’orgueil de sa force, faire peser un joug de fer sur les consciences, régenter la société civile, essayer de gouverner à la fois et les rois et les peuples, se faire l’arbitre de la paix et de la guerre, s’ériger en dépositaire unique et infaillible de la vérité tant religieuse que scientifique. […] Dès les premières années du seizième siècle, elle engage en effet une lutte formidable avec l’esprit classique, avec les idées païennes, avec les systèmes de la philosophie antique, avec les souvenirs des premiers siècles du christianisme. […] Je ne parle pas des évêques, tels que Bossuet et Fénelon, qui brillent au premier rang des orateurs et des écrivains de l’époque. […] Comment expliquer ce phénomène, qui paraît étrange au premier abord ?
Philiberte est la fille du premier mariage de la marquise de céans. […] Ne voyez-vous pas d’ici toute la vraisemblance de la comédie écrasée, du premier coup, sous le poids de ces deux millions chimériques ? […] D’un Héritage, les auteurs n’ont pris que les noms et l’idée première. […] Au premier acte, nous sommes dans l’atelier du peintre Spiegel et du musicien Frantz Wagner, deux amis qui ont mis leur vie et leur avenir en commun.
Avant de refuser une qualité à Goethe, il faut y regarder à deux fois, car le premier aspect chez lui est celui d’une certaine froideur, mais cette froideur recouvre souvent la qualité première subsistante. […] » C’est un mélange singulier que ces premières scènes de Weimar, à demi enfantines, à demi mystiques, et dès l’abord si vives ; il n’aurait pas fallu pourtant les recommencer tous les jours. […] Du premier jour qu’elle le vit à Vienne, en mai 1810, Bettina ressentit ce qu’elle avait senti pour Goethe : elle oublia l’univers. […] Beethoven était certes aussi amoureux de l’art que Goethe pouvait l’être, et l’art serait toujours resté sa passion première ; mais il souffrait, il vivait superbe et mélancolique dans son génie, séparé du reste des hommes, et il aurait voulu s’en séquestrer davantage encore ; il s’écriait avec douleur et sympathie : « Chère, très chère Bettine, qui comprend l’art ?
Jolie créature dans son enfance, vieillard très agréable et très goûté malgré les années, il ne put jamais réparer les fautes de sa première vie ni couvrir les frivolités de son caractère. […] Il se ruina, s’endetta, et il en était à regretter d’un air sérieux ses premiers désordres, car « le ridicule, pensait-il, est préférable à la pauvreté ». […] Sa première vie ne l’a point dépravé autant qu’il semble qu’elle aurait dû faire il devient évident qu’il y a eu dans son fait plus de frivolité que de débauche ; il est resté très naturel, très capable de bonnes impressions ; il suffit qu’il soit entouré de bons exemples : il les imite et les réfléchit. […] Basset, saisira très bien, tout à côté, et nous rendra d’une manière charmante l’art et l’esprit habile des Jésuites qui, à peine débarqués dans un endroit, au cap de Bonne-Espérance ou à Batavia, chez les Hollandais protestants, se hâtent d’établir leur observatoire et de se faire bien venir en mettant du premier jour leur science, leurs lunettes astronomiques, au service de la curiosité populaire : « Ils vont dresser leurs machines, dit Choisy, pour au moins payer leur hôte avec un peu de Jupiter et de Mercure. » Et il ajoute comme moralité : « C’est une bonne chose, par tout pays, que l’esprit. » Pourtant, cette nature fine et mobile de Choisy a bien saisi, par éclairs, le vrai sentiment de l’inspiration apostolique.
Manuel, procureur de la Commune, un des magistrats municipaux de Paris, précédemment administrateur à la police, y avait trouvé ces lettres dans des cartons où les avait déposées Boucher, premier commis du secret. […] Mes premières aimées, comme des années très prodigues, avaient déjà en quelque sorte déshérité les suivantes, et dissipé une partie de mes forces. […] Pour mieux faire sentir que c’est tout à fait l’orateur ici qui est en scène et qui va chercher son argument dans la conscience de l’adversaire, je n’ai qu’à rappeler ce que Mirabeau dit en vingt endroits : « Je crois à un Dieu, mais non à un Dieu rémunérateur. » Il croyait, pour son compte, à une Cause première qu’il ne définit guère autrement, et non pas à l’immortalité de l’âme. […] Mirabeau, dans sa première jeunesse, s’était cru d’abord destiné à la guerre et à la gloire des armes : Élevé, dit-il, dans le préjugé du service, bouillant d’ambition, avide de gloire, robuste, audacieux, ardent, et cependant très flegmatique, comme je l’ai éprouvé dans tous les dangers où je me suis trouvé ; ayant reçu, de la nature, un coup d’œil excellent et rapide, je devais me croire fait pour le service.
Il se mit donc à l’œuvre, commençant pour la première fois d’écrire en français, et il composa les deux premiers volumes de son Traité des études, bientôt suivis de deux autres. […] Pendant les quarante-cinq années qui remplissent la vie de Rollin depuis qu’il a terminé ses études jusqu’au moment où il publie son premier écrit en français, que fait-il ? […] Les deux premiers volumes du traité intitulé : De la manière d’enseigner les belles-lettres par rapport à l’esprit et au cœur, parurent en 1726. […] Après ce premier tribut payé à l’ancienne coutume, il parlait français et entrait dans cette voie moyenne qui semble si rebattue aujourd’hui, et qui était nouvelle alors.
Chapitre premier Existence de la volonté I. […] Si c’est là ce qu’on entend par sensation, on pourra en effet tout expliquer par la sensation ; mais si, comme on le doit, on réserve le nom de sensation pure à la modification passive de la cœnesthésie, premier moment du processus psychique, il deviendra impossible de ne pas tenir compte de la cœnesthésie entière qui est modifiée, du caractère agréable ou pénible de cette modification d’ensemble, enfin de la réaction immédiate qui en résulte aussi sûrement que, dans le monde physique, la réaction résulte de l’action. […] Rien n’égale ici l’assurance des physiologistes parlant au nom de la science, sinon l’assurance d’autres physiologistes affirmant le contraire des premiers, toujours au nom de la science. […] Quant à l’impulsion première, elle est donnée dans et avec la représentation même du mouvement que nous désirons effectuer, et cette représentation à son tour, ne peut être dominante sans que, préalablement, le mouvement corrélatif soit dominant.
Ce dictionnaire ne semble pas avoir été goûté ; il contient trop d’expressions qui n’ont été dites qu’une fois ; le cliché ne s’y rencontre pas du premier coup et il faut aller chercher parmi un taillis épineux d’expressions déconcertantes, puisque le souvenir ne les reconnaît pas. […] La poésie, en somme, et l’art, quel qu’il soit, a pour outil premier l’oeil. […] Il faut très longtemps pour que L’oeuvre ainsi tuée par une sorte d’envoûtement renaisse à la vie littéraire ; il faut que toute la littérature intermédiaire et imitatrice disparaisse dans l’oubli ; alors l’œuvre primitive, lavée et réhabilitée, s’offre à nouveau dans sa grâce première. […] Je relève dans les quinze premières lignes du feuilleton d’un homme qui, toutes les semaines, se fait le juge de la littérature, ces expressions : « Un gouvernement sans gloire et une paix sans dignité. — Se consolaient de leur misère présente en songeant aux splendeurs du passé — Effort surhumain — Univers émerveillé — la magnificence de ces souvenirs — vulgarité régnante — chambre servile. etc », C’est l’union parfaite du cliché et du lieu commun, — d’où l’impression inattendue de convenance et de correction.