Ballande consacra à la mémoire d’Alexandre Dumas père.
Ces trois Ouvrages lui firent une très-grande réputation parmi ses contemporains, parce qu’ils annoncent, chacun en particulier, au plus haut degré, & les trésors de la mémoire, & les fruits d’une étude opiniâtre.
Outre le Magasin des Enfans, ceux des Adolescentes, des Pauvres, Madame le Prince de Beaumont a donné encore d’autres Ouvrages, comme les Lettres de Madame du Montier, les Principes de l’Histoiré Sainte, une Instruction pour les jeunes Dames qui entrent dans le monde & se marient, les Mémoires de Madame la Baronne de Batteville, &c.
À plus forte raison, ces sensations isolées n’éveillent plus les images associées qui constituent la mémoire, la prévision, par suite les jugements, et tout ce cortège d’émotions, désirs, craintes, volontés, que développe la notion du danger prochain ou du plaisir futur. […] Les mêmes causes, suivant le lieu où se porte leur action, entraînent souvent la perte du mouvement volontaire ou de la mémoire. […] Dans d’autres cas, le malade répond aux questions qu’on lui adresse, puis il retombe aussitôt dans l’assoupissement ; la mémoire est perdue, tantôt complètement, tantôt incomplètement. […] Dès lors, on comprend à quoi servent les cinq cents millions de cellules et les deux milliards de fibres de notre écorce cérébrale ; grâce à leur multitude, notre mémoire est pleine de clichés ; c’est pour cela qu’un cerveau humain peut posséder une ou plusieurs sciences complètes, cinq ou six langues et davantage, se rappeler des myriades de sons, de formes et de faits. […] Cas analogue d’un enfant de quatre ans et demi dont une balle avait traversé les deux tempes, et qui vécut encore vingt-six jours, jouissant de tout l’ensemble de ses facultés intellectuelles, mémoire entière, jugement sain, caractère semblable à celui qu’il avait avant l’accident.
J’ai beaucoup aimé les poèmes d’André Magre, je les ai souvent relus et, dans ma mémoire, le livre fermé, chantent encore ces strophes d’une si délicieuse mélancolie : Tu viens, je te connais, ne me dis pas ton nom ; L’ombre est chaude, il fait bon rêver de mois de femme.
Les Mémoires que M. le Comte d’Albon à adressés à la Société de Berne, décelent une ame sensible, vertueuse, pénétrée d’amour pour l’humanité, & tourmentée, pour ainsi dire, du désir de la soulager.
Tous les objets sont présentés sous un jour qui aide autant le jugement que la mémoire.
Il est connu par une Compilation en quarante volumes in-12, intitulée, Mémoires pour servir à l’Histoire des Hommes illustres dans la République des Lettres, avec un Catalogue raisonné de leurs Ouvrages.
L’Homme sociable est le fruit de la premiere, & un autre Ouvrage, intitulé les Lyonnois dignes de mémoire, le résultat de la seconde.
Mémoire prodigieuse, imagination brillante & féconde, esprit vaste & flexible, également propre aux Affaires, aux Sciences, aux Belles-Lettres, tout s’est réuni pour en former un de ces hommes destinés à faire honneur à leur Siecle par leurs talens, & par l’heureux usage qu’ils en ont fait.
Dans le Tableau philosophique de l'esprit de M. de Voltaire, pour servir de suite à ses Ouvrages, & de Mémoire à l'Histoire de sa Vie
À la vérité il est plus instruit que Commines, et néanmoins le vieux seigneur gaulois, avec l’Évangile, et sa foi dans les ermites, a laissé, tout ignorant qu’il était, des mémoires pleins d’enseignement.
Maréchal de Rochambeau, Mémoires, I, 427. — Marquis d’Argenson, 24 décembre 1752. « On compte plus de 30 000 hommes suppliciés pour désertion depuis la paix de 1748 ; l’on attribue cette grande désertion au nouvel exercice, qui fatigue et désespère les soldats, surtout les vieux soldats. » — Voltaire, Dictionnaire philosophique, article Supplices . « Je fus effrayé un jour en voyant la liste des déserteurs depuis huit années seulement : on en comptait 60 000. » 786. […] Augeard, Mémoires, 165.
Pour le dire en passant, comme Monsieur Gigli ne fait pas mention dans la préface de ce qu’il me souvient d’avoir lû autrefois dans quelque mémoire : que le Tartuffe étoit originairement une comédie italienne, et que Moliere n’avoit fait que l’accommoder à notre théatre, on peut bien en douter. L’auteur de ces mémoires l’a peut-être entendu dire.
C’est l’histoire d’une famille de chrétiens, charmants et sublimes tour à tour, comme le sont les âmes saintes, racontée par eux-mêmes encore plus que par Mme Craven, leur sœur et leur fille, qui n’a guère fait, elle, que de mettre en ordre leur correspondance et leurs mémoires. […] Le verre funèbre, plein de délices et d’angoisses, dans lequel Mme Craven a bu à la mémoire des siens, ne devait plus servir à personne.
malgré leur dévouement à sa mémoire, MΜ. […] Les Œuvres complètes de Carrel diminuent son nom et son souvenir — coup de cymbale retentissant et passager — dans la mémoire des hommes.
Alexis de Tocqueville a eu, de son vivant, une renommée dont sa mémoire et ses amis peuvent, à la rigueur, se contenter. […] C’est là un singulier spectacle, — et dont ses amis auraient bien pu priver tous ceux qui n’ont pas les mêmes raisons qu’eux de respecter sa mémoire.
Une des raisons probantes du génie d’Hoffmann que nous donne Champfleury dans cette introduction, est l’effet produit par les Contes fantastiques sur la mémoire des enfants : « Celui de mes lecteurs qui est assez jeune — dit-il — pour avoir lu Hoffmann étant enfant, doit avoir dans une des cases de son cerveau quelques personnages bizarres, quelque souvenir de maisons étranges », et, pour élever son idée à la majesté d’un axiome et glacer l’objection, qu’il ne glacera pas, il ajoute carrément : « Tout ce qui s’oublie n’est pas né viable », ce qui peut très bien être une fausseté, si ce n’est pas une simplicité, ce que les Anglais appellent un truism. […] Mais donnez aux enfants un ouvrage fade et faux comme Numa Pompilius, ils ne l’oublieront pas plus que Perrault ou tout autre livre piquant et vrai ; car la force des premières impressions de la mémoire ne prouve rien de plus que la fraîcheur de cette faculté.
Au lieu de rechercher microscopiquement dans la conscience ou dans la mémoire le fait primitif fondamental et qui constitue l’intelligence humaine, il fallait en prendre le germe mystérieux et complexe et montrer que, sans la corvée du père et de la mère, il serait non avenu, puisqu’il ne se développerait pas ! Il fallait prouver que la plus haute source de mémoire, d’intelligence, de bonne volonté, d’acquisition, c’est la famille, l’éducation et le langage.
L’ennui des loisirs que lui a faits le gouvernement de l’Action, substitué aux vaines parades de la parole, lui a-t-il fait comprendre qu’il faut revenir au livre, si l’on veut vivre plus de deux jours dans la mémoire des hommes, puisqu’enfin l’y voilà revenu ? […] Michelet et Alexis de Saint-Priest soufflèrent sur la mémoire de saint Colomban de leurs bouches puériles, accoutumées à faire des bulles de savon, c’est le doigt béni de cet adorable abbé Gorini, dont nous sommes tous en deuil, qui les indique et qui les crève !
Mais lui, l’historien et le critique (et j’ai dit déjà combien je lui trouve de qualités comme historien et comme critique), lui dont la grande mémoire n’a oublié personne parmi les plus obscurs, les plus imperceptibles de ceux-là qui ont parlé en quelque manière que ce soit de Swedenborg, pourquoi donc a-t-il oublié Balzac ? […] Matter, que je crois très complet, moins la solution désirée, mais qui, dans tous les cas, est de l’intérêt le plus animé et le plus soutenu, n’est que le dossier de Swedenborg dans le procès qu’on fera peut-être un jour à son embarrassante mémoire, mais, comme dossier, il est excellent.
I Ceux qui aiment et respectent la mémoire de Guizot regretteront, en lisant les Vies de quatre grands chrétiens français, que sa vieillesse ne fût pas plus fatiguée quand il l’écrivit, et qu’il ne mît pas par-dessus son ancienne renommée, pour la conserver, le couvert, si aisé pourtant, du silence. […] Des plumes très catholiques se sont montrées très incapables, par le talent, de faire une auréole à cette tête d’archange, mais elles ne l’ont pas, du moins, profanée ; tandis que tous les historiens non catholiques de la Pucelle se sont traînés, plus ou moins, comme des limaces, sur sa mémoire.
… Ou bien serait-ce ce pauvre Alfred de Musset, répondant par son frère (car c’est bien lui qui répond) à un livre affreusement mijoté contre lui pendant vingt-cinq ans, pour empoisonner sa mémoire ? […] …), une chose effroyable dont personne de nous ne se doutait : c’est que le roman de madame Sand, le malheureux Alfred le prévoyait… qu’il l’avait porté toute sa vie sur son cœur, comme une arme qu’on ne devait décharger contre sa mémoire que quand il ne serait plus là pour tirer à son tour et rendre le coup… Mais si cela fut, et si l’opinion présente accepte une telle assertion comme tout le reste, ce n’est pas qu’il y ait dans le livre de madame Sand de ces pages, belles d’outrance, qui ajoutent par l’intensité du ressentiment ou l’atrocité de la haine — de cette haine après l’amour qui est peut-être de l’amour encore !
… Ou bien serait-ce ce pauvre Alfred de Musset, répondant par son frère (car c’est lui qui répond) à un livre, dit-on affreusement mijoté contre lui depuis vingt-cinq ans, pour empoisonner sa mémoire. […] …), une chose effroyable dont personne de nous ne se doutait, c’est que le roman actuel de Mme Sand, le malheureux Alfred le prévoyait… qu’il l’avait porté toute sa vie sur son cœur comme une arme qu’on ne devait décharger contre sa mémoire que quand il ne serait plus là pour tirer à son tour et rendre le coup… Mais si cela fut, et si l’opinion présente accepte une telle assertion, comme tout le reste, ce n’est pas qu’il y ait dans le livre de Mme Sand de ces pages, belles d’outrance, qui ajoutent par l’intensité du ressentiment ou l’atrocité de la haine, — de cette haine, après l’amour, qui est peut-être de l’amour encore, — au poids accablant de la formidable déclaration de M.
Ernest Charrière, qui nous avait déjà traduit, et très-souplement, les Mémoires d’un seigneur russe, par Tourgueniev, nous assure que cet impitoyable réaliste de Gogol, qui n’a que le nom de barbare, a débuté par le plus pur idéal dans sa vie littéraire. […] Mais si ce livre n’était pas vrai, — pas vrai même dans le sentiment d’observateur de celui qui en a tracé les pages, — que mériterait, dans la mémoire de ses compatriotes, l’homme qui a osé l’écrire, pour avoir tenté, satirique impie, de déshonorer si abominablement son pays ?
Pie VII ne se réservait que le sanctuaire ; le pape temporel, c’était son ami Consalvi ; il m’aimait, et je le rends bien à sa mémoire. […] Tu rentres, et le matin suivant te trouve, avant la pleine aurore, au coin de ton feu flamboyant de sapin, devant ta table chargée de livres et de crayons, les yeux levés et rêveurs promenés sur l’horizon des montagnes, et cherchant lentement dans ta mémoire les images dont tu avais besoin pour peindre, dans ton poème, la félicité de l’homme. […] Gropius ne rendait point offense pour offense à la mémoire du grand poète ; il s’affligeait seulement que son nom eût été traîné par lui d’éditions en éditions, et livré à la rancune des fanatiques ignorants de l’antiquité ; mais il n’a pas voulu se justifier, et, quand on est sur les lieux, témoin des efforts constants que fait cet homme distingué pour restituer un mot à une inscription, un fragment égaré à une statue, ou une forme et une date à un monument, on est sûr d’avance que M. […] J’erre tout le jour, muet, dans ces ruines, et je rentre l’œil ébloui de formes et de couleurs, le cœur plein de mémoire et d’admiration ! […] Je sentais que ce chaos de marbre si sublime, si pittoresque dans mon œil, s’évanouirait de ma mémoire, et je voulais pouvoir le retrouver dans la vulgarité de ma vie future.
L’auteur de ce monument en a donné une description in-folio, dans laquelle il a fait entrer la vie des hommes illustres, à la mémoire desquels il l’a consacré. […] Quelques Ecrivains à paradoxes ont voulu rétablir sa mémoire, ou du moins celle de son Poëme. […] Ils entrent dans la mémoire des spectateurs, dit M. de V**, comme un jour doux dans des yeux délicats. […] L’Amphitrion est un recueil d’épigrammes & de madrigaux faits avec un art qu’on n’a pas imité depuis ; & ses piéces les plus négligées offrent des vers admirables, pleins de sens & de raison, qui se gravent aussi facilement dans l’esprit que dans la mémoire. […] Il y a réellement du choix dans ce recueil, & le Mémoire historique sur la chanson dont M. de Querlon l’a orné, suffiroit seul pour le faire rechercher.
C’était un saint homme de critique, je vénère sa mémoire. […] Oui, nous aimons toutes les confessions et tous les mémoires. […] Or, des mémoires ne sont point des œuvres d’art. […] On sait ce que la légende et le génie ont fait de sa mémoire. […] On l’y réduit à un exercice de mémoire long et stérile.
Maurice Tourneux La vénalité de l’homme et les défauts inhérents aux facultés mêmes de l’improvisateur ont singulièrement nui à la gloire littéraire de Barthélemy, que protège seul aujourd’hui le souvenir de la première Némésis ; il y a également dans Napoléon en Égypte et dans les Douze journées de la Révolution des pages qui mériteraient de se fixer dans la mémoire des nouvelles générations.
Quoiqu’on ne lise plus ses différens Mémoires, parce que les objets sur lesquels ils roulent ont cessé d’être intéressans, on y trouve néanmoins des anecdotes & des vûes propres à amuser & à instruire les curieux.
« Né, dit-il, avec un esprit vif, élevé, entreprenant, une conception facile, une mémoire sûre, un génie subtil & délié, beaucoup de facilité à s’exprimer, un cœur faux & dissimulé, une ambition sans bornes, il se donna tout entier à l’étude, en sorte qu’il devint bon Grammairien, meilleur Rhétoricien, excellent Humaniste.
On a aussi de lui des Mémoires, qui seront estimés de quiconque est capable de connoître le prix d’une narration claire, méthodique, naïve, qualités préférables au ton embarrassé ou à la fausse chaleur que plusieurs Ecrivains n’ont pas su éviter dans leurs récits.
— On a publié des Mémoires de Fléchier sur les Grands jours tenus à Clermont en Auvergne en 1665-1666.
C’est pourquoi je me permets, sans avoir la prétention de vouloir inscrire son nom au temple de Mémoire, de le recommander tout spécialement à ceux qui sont las d’errer au bord de ces marécages de vers boiteux et de proses rampantes, qui coassent incessamment : Moi !
C’étaient des vers tendres et émus qui chantent encore dans nos mémoires.
José-Maria de Heredia nous fit connaître, par une merveilleuse traduction, les étranges mémoires.
Dans les Paysages, il n’éprouve plus autant le besoin réaliste de préciser, il range ses courtes pièces de vers comme des pensées qu’il extrairait de mémoires intellectuels secrets.
[Les Mémoires d’outre-tombe (éd. de 1860).]
Jules Tellier dans leur mémoire et diront : ce jeune homme a pris en soi une conscience nette de ces mêmes ardeurs que nous ressentons, et il les a congelées dans des paroles harmonieuses.
C’est à ces traits qu’on peut reconnoître ses Réflexions sur l’Alphabet de Palmyré, & les excellens Mémoires dont il a enrichi le Recueil de l’Académie dont il est Membre.
On ne peut, en puisant dans de pareilles sources, que former péniblement un tissu de faits décharnés, & propres à fatiguer le Lecteur, qui aime à trouver dans un Historien, l'homme instruit & capable de suppléer, par sa sagacité, aux obscurités que les Faiseurs de Mémoires ont répandues sur certains événemens.
Il ne s’est pas fait le héros de ses mémoires. […] C’est donc un mauvais livre, un livre qui n’apprend rien, qui ne laisse aucune trace dans la mémoire ? […] Quand la mémoire essaie de rassembler ce que l’œil a vu, elle est forcée d’avouer son impuissance. […] Le plaisir du séjour qui demeure dans la mémoire ne passe pas sans résistance dans les vers du poète. […] Il ne perd pas son temps à supputer les oublis dont il a peuplé sa mémoire.
Lisez plutôt la notice que Talleyrand nous a laissée sur le duc de Choiseul, ou les Mémoires qu’écrivit Marmontel pour l’instruction de ses enfants. […] Mais ce n’est pas le point ; et le fait est qu’il demeure d’eux, non seulement des mots ou des traits, mais des pages entières comme gravées dans les mémoires. […] Ce serait faire injure à sa mémoire que d’imputer sa révolte au seul ressentiment de l’orgueil outragé. […] Et s’il avait raison, que signifient les anathèmes dont on charge encore aujourd’hui sa mémoire ? […] Renan, mais enfin, pour parler de Confucius ou de Sammanocodom, ce n’est pas les documents ou les « mémoires », comme on disait alors, qui lui eussent manqué.
J’essaierai d’oublier, parlant d’une mémoire qui m’est si chère, cette amitié, et de garder ma liberté d’appréciation. […] Combien ce passé était différent de ce que nous croyions nous rappeler, et que notre mémoire volontaire peignait, comme les mauvais peintres, avec des couleurs sans vérité ! […] Puis, ils nous rapportent les choses dans un exact dosage de mémoire et d’oubli. […] Mémoires « romancés », ou romans « mémoires » ? […] C’est une exception dans la littérature moderne ; dans ces mémoires romancés, ou ce roman mémoiré, Proust crée un héros.
Il laissa par testament 5,000 fr. de legs à la Société écossaise pour achever cette grande publication justificative, et pour perpétuer sa mémoire. […] Elle vous donne la clef des autres mémoires ossianiques. […] Nul barde n’entendra parler de moi ; nul monument ne s’élèvera pour conserver ma mémoire. […] Voici ce que sa mémoire lui représente : « Quelle est celle qui descend en chantant de la montagne, brillante comme l’arc pluvieux qui couronne la colline de Lena ? […] chante et rappelle à notre mémoire les tristes habitants de la tombe.
On excusoit la foiblesse des autres vers, qu’on regardoit seulement comme étant faits pour servir de liaison aux premiers, et l’on les appelloit, ainsi que nous l’apprenons des mémoires de l’abbé de Marolles, des vers de passage. […] Comme ces médailles étoient une monnoïe destinée autant pour instruire la postérité des vertus et des belles actions du prince sous le regne de qui l’on les frappoit, qu’à servir dans le commerce ; on peut bien croire que les romains, aussi jaloux de leur mémoire, qu’aucun autre peuple, emploïoient à les faire les ouvriers les plus habiles qu’ils pussent trouver. […] Malgré le respect qu’on avoit à Rome pour la mémoire de Trajan, on dépoüilla l’arc élevé autrefois à son honneur de ses ornemens, et sans égard à la convenance on les emploïa dans la fabrique de l’arc qu’on élevoit à Constantin. […] Mais comme les arcs triomphaux des romains ne se dressoient que pour éterniser la mémoire d’un triomphe réel, les ornemens tirez des dépoüilles qui avoient paru dans un triomphe, et qui étoient propres pour orner l’arc qu’on dressoit afin d’en perpetuer la mémoire, n’étoient point propres pour embellir l’arc qu’on élevoit en mémoire d’un autre triomphe, principalement si la victoire avoit été remportée sur un autre peuple que celui sur qui avoit été remportée la victoire, laquelle avoit donné lieu au premier triomphe comme au premier arc.
C’est par de telles explosions de verve, populaires en naissant, que Désaugiers est devenu si vite un type national de gaieté et comme le patron à perpétuité de tous les dîners chantants ; il n’en est aucun désormais où sa réjouissante mémoire ne préside. […] et Madame Denis (1807), si bourgeoises, si gauloises, si avant logées dans toutes les mémoires, et qui semblent nous être venues du temps de ma Mère-grand’. […] Leur talent ne répondant pas à leur bonne volonté, ils fuient la scène ingrate qui ne les nourrissait pas, et laissent jusqu’à leurs vêtements pour gages. » Les Mémoires de mademoiselle Flore (chap. […] On apprend des Mémoires, déjà cités, de mademoiselle Flore (chap.
On peut voir au tome second des Mémoires de Mlle Cochelet205, et se détachant dans des pages fort plates, une admirable lettre d’elle, datée de Riga, décembre 1809, qui marque parfaitement le point où se trouvait portée alors cette âme merveilleuse. […] En 1814, l’empereur Alexandre avait été sous l’influence de son digne précepteur le général La Harpe, influence purement libérale, à la façon des hommes de 89 et de l’an III ; en 1815, lorsqu’il passa sous celle de Mme de Krüdner, il parut bien moins libéral à nos libéraux francais, à M. de La Fayette par exemple, qui relève en ses Mémoires la métamorphose. […] Les illustres Mémoires produiront une lettre tout affectueuse, tout empressée, qu’elle lui adressait à Rome sur la nouvelle de la mort de Mme de Beaumont. […] Sur un tout autre ton que le nôtre, mais sans malveillance et en pleine connaissance de cause, un cousin de Mme de Krüdner, le comte d’Allonville, lui a consacré un chapitre qui est à lire (au tome VI, page 292, des Mémoires secrets).
C’est là, et non, comme on l’a fait, à la porte de l’hôtel de Nantes, que devrait être placée la pierre funéraire consacrée à sa mémoire. […] Mais s’il nous est permis de parler un moment en notre propre nom, disons-le avec sincérité, le sentiment que nous inspire la mémoire de Farcy n’est pas celui d’un regret vulgaire ; en songeant à la mort de notre ami, nous serions tenté plutôt de l’envier. […] Antony Deschamps et Brizeux, ont consacré à sa mémoire des vers que nous n’avons garde d’omettre dans cette liste d’hommages funèbres. […] Brizeux a dit : A LA MÉMOIRE DE GEORGE FARCY.
Mémoires du cardinal Consalvi, ministre du pape Pie VII, par M. […] Je l’espère, et tandis que je nourris de cet espoir le misérable reste d’existence dont je désire vivement voir le terme, la chère mémoire d’André restera toujours gravée dans mon esprit et dans mon cœur. […] En annonçant au gouvernement français la perte que le monde venait de faire, le duc de Laval-Montmorency, ambassadeur du Roi Très-Chrétien près le Saint-Siège, écrivit : « Il ne faut aujourd’hui que célébrer cette mémoire honorée par les pleurs de Léon XII, par le silence des ennemis, enfin par la profonde douleur dont la ville est remplie, et par les regrets des étrangers et surtout de ceux qui, comme moi, ont eu le bonheur de connaître ce ministre, si agréable dans ses rapports politiques, et si attachant par le charme de son commerce particulier. » IX C’était le 24 janvier 1824. […] On peut même entrevoir, d’après un passage de ses mémoires relatifs à son affection intime pour les familles Patrizzi et Giustiniani, dans sa jeunesse, que la mort prématurée d’une jeune princesse de dix-huit ans, à la main de laquelle il aurait pu peut-être prétendre, et dont l’amitié lui laissa d’éternels regrets, fut un coup déchirant porté à son cœur.
Il a égayé une page des Réflexions sur Longin d’une amusante silhouette de cuistre imbécile et solennel : c’était son professeur de rhétorique qui lui revenait en mémoire. […] Il lui parut « que la raison qu’on y cultivait n’était point la raison humaine, et celle qu’on appelle le bon sens, mais une raison particulière, fondée sur une multitude de lois qui se contredisent les unes les autres, et où l’on se remplit la mémoire sans se perfectionner l’esprit ». […] La page charmante du roman de Psyché, où La Fontaine a peint cette intimité délicieuse de nos grands écrivains, est dans toutes les mémoires : il serait oiseux de la citer. […] Ils se faisaient expliquer les traités et les campagnes, interrogeaient Vauban, Luxembourg, Chamlay, Louvois, ramassaient de tous côtés des mémoires, et sans s’embarrasser d’une haute philosophie, tâchaient de mettre les faits dans un bon jour et en bel ordre.
« Qui desire vivre en la mémoire de la postérité, dit-il, doit comme mort en soy-mesme suer et trembler maintes fois ; et, autant que nos poëtes courtisans boivent mangent et dorment à leur aise endurer de faim, de soif et de longues vigiles. » Du Bellay ne veut ni paresseux ni esprits médiocres dans son Parnasse. […] Dans l’Olive, où il compare toutes les beautés de sa maîtresse à celles de la nature, Charles Fontaine, l’un des poëtes attaqués dans l’Illustration, notait, sans trop exagérer, cinquante fois, en quatre feuilles de papier, ciel et cieux, armées et ramées, oiseaux et eaux, fontaines vives et leurs rives, bois et abois, et tout un vain travail de la mémoire, répétant sans cesse les mêmes mots, à la place de l’inspiration qui les renouvelle et les varie à l’infini. […] Le rapport intime qui, dans notre langue, lie entre elles la prose et la langue poétique, lui échappa ; et, venu après Rabelais et Calvin, il ne prit pas dans leurs beaux endroits l’exemple de tirer sa langue de sa raison et de sa sensibilité, plutôt que de sa mémoire. […] Mais, moins heureux que Rabelais, qui, de temps en temps, secoue les liens de l’érudition, se rendant libre de sa mémoire, où étaient entassées et où fermentaient tant de langues et de sciences diverses, et nous donne comme les premières épreuves d’une image parfaite de l’esprit français cultivé par l’antiquité, Ronsard ne s’égara pas d’un pas, comme il s’en vante, des vers repliés de Pindare ; il ne sut pas marcher seul ; et dans tout cet amas de vers où brillent de vives étincelles, il n’y a pas une seule pièce d’un style franc et libre, où la poésie française puisse reconnaître son point de perfection.
Cet Auteur a été en cela un exemple très-capable de prouver combien un esprit caustique, indépendant, aidé d’une mémoire prodigieuse, est propre à enfanter d’erreurs, & à les débiter avec assurance.
Ses différens Mémoires sur les objets les plus intéressans de l'Anatomie, de la Physiologie, de la Thérapeutique ; sur l'établissement de la Société Royale de Médecine que le Roi vient de former ; sur les inconvéniens des cimetieres dans les Villes, &c. n'offriront sans doute rien de piquant à la curiosité des Esprits légers & frivoles ; mais la reconnoissance éclairée du vrai Citoyen, dédommagera M. de Vicq. de la privation de ces sortes de suffrages que le Savant utile doit compter pour rien.
Son ami lord Sheffield lui a élevé le monument le plus digne et le plus durable en publiant ses Mémoires et ses lettres ; on y devine que la conversation de Gibbon était, en effet, supérieure en intérêt et en charme à ses écrits, et qu’en lui le lettré profond et accompli ne se séparait pas de l’homme de société le plus agréable. […] Le jardin et le pavillon d’été où il composait sont négligés, et le dernier entièrement dégradé ; mais on le montre encore ainsi que son cabinet, et les gens respectent sa mémoire. […] [NdA] Il écrivait cela à lord Sheffield dans un temps où ce dernier avait manqué sa réélection (11 mai 1784) ; Gibbon essayait, sans trop l’espérer, de le tirer à lui, et il lui disait ce mot qui était le fond de son cœur : « Si cet échec pouvait vous apprendre à rompre une bonne fois avec rois et ministres, et patriotes et partis, et Parlements, toutes sortes de gens pour lesquels vous êtes de beaucoup trop honnête, c’est pour le coup que je m’écrierais avec T… de respectable mémoire : “Bravo, mon cher !
Pendant les seize ans qui suivent (1254-1270), Joinville revoyait souvent saint Louis qui lui faisait toujours fête et joyeux accueil, et c’est à ces heures de familiarité et de libre entretien que se rapportent la plupart des anecdotes qui composent la première partie de ses mémoires, et qui se pourraient véritablement intituler : L’Esprit de saint Louis. […] Les mémoires de Joinville, dans la partie anecdotique, ne sont à bien des égards qu’un manuel et un code de prud’homie d’après le saint roi. […] [NdA] Le conseil général de la Haute-Marne, dans sa séance du 25 août dernier (1853), a décidé qu’une statue serait érigée par souscription à la mémoire du sire de Joinville, sur la principale place de la ville de ce nom.
En vain elle essayait d’apprivoiser Alfieri avec le monde : il a consacré dans ses Mémoires sa répulsion invincible. […] M. de Chateaubriand, à son premier voyage d’Italie, vit la comtesse et lui fut présenté en 1803, dans le temps même de la mort d’Alfieri ; il a, depuis, dans une page désobligeante de ses Mémoires, affecté trop ouvertement de la sacrifier à Mme Récamier. […] presque chacune, tout en restant fidèle à cette noble mémoire, avait près d’elle un ami sans faste, honnête, sûr, un appui intime de tous les instants.
Dès aujourd’hui pourtant je puis indiquer le caractère d’une liaison dont elle-même a si bien parlé en ses Mémoires. […] Aussi l’on ne s’étonnera point que Mme Sand, ayant parlé de moi dans ses Mémoires d’une manière très-flatteuse et affectueuse, je lui aie écrit, pour la remercier, la lettre suivante, qui se rejoint bien aux confidences anciennes et qui résume mes sentiments : « Ce 10 août 1855. […] — Les souvenirs, en général, me sont chose si chère et si douloureuse que je n’aime pas à y insister à moins qu’on ne m’y oblige. — Mais à ceux qui m’interrogent sur ce que je pense à mon tour de l’auteur des éloquents Mémoires, je réponds : Vous la connaissez par là comme par tant d’autres endroits de ses écrits, mais vous ne la connaissez encore qu’à demi : il y a des parties plus profondes, plus vives, qu’elle a raison, du moins maintenant, de ne pas dire, et seulement d’indiquer : si on savait tout d’elle, je ne parle pas de l’admiration, mais l’estime pour sa nature et la sympathie même augmenteraient.
Un écrivain a fleuri et brillé en son temps ; il est mort ; le goût public a changé ; sa renommée a vieilli et a pâli ; on le cite encore à la rencontre, on a de lui une ou deux pièces qui seules survivent au reste des œuvres oubliées ; il semble que tout soit dit sur son compte : et voilà subitement qu’un homme arrive, littérateur ou non de métier, mais ayant au cœur je ne sais quelle étincelle littéraire, et cet homme un matin se consacre à cette mémoire défunte, la réchauffe, la restaure, s’applique de tout point à la rehausser. […] Aucune comédie n’a peut-être autant fourni à la mémoire du public et n’a mis en circulation pour l’usage journalier un aussi grand nombre de ces mots devenus proverbes en naissant : Les sots sont ici-bas pour nos menus plaisirs… C’est pour le peuple enfin que sont fait les parents… Il ne vous fera pas grâce d’une laitue… ………. […] Cet Hamilton que Gresset, dans sa jeunesse, avait beaucoup lu, et qu’il prétendait continuer, ne vécut pas toujours, tant s’en faut, à Paris ou à Saint-Germain, et les délicieux Mémoires de Grammont sont donnés comme venant de la plume d’un campagnard, de quelqu’un qui se dit rouillé par une longue interruption de commerce avec la cour.
II Dans toutes les langues, l’homme a parlé et écrit en prose des choses nécessaires à la vie physique ou sociale, domesticité, agriculture, politique, éloquence, histoire, sciences naturelles, économie publique, correspondance épistolaire, conversation, mémoires, polémique, voyages, théories philosophiques, affaires publiques, affaires privées, tout ce qui est purement du domaine de la raison ou de l’utilité a été dévolu sans délibération à la prose. […] L’épi est utile, mais l’alouette vit, le grillon rappelle, la brise représente, le cœur sympathise, la mémoire se déplie, l’image surgit, l’émotion naît, avec l’émotion naît la poésie dans l’âme. […] Une persécution dont deux siècles n’ont pu effacer l’effroi dans la mémoire de ces provinces, consternait une partie du Languedoc et du Vivarais.
Longtemps encore la science aura besoin de ces patientes recherches qui s’intitulent ou pourraient s’intituler : Mémoires pour servir. […] Une foule de données spéciales, apprises plus ou moins péniblement, tombent d’elles-mêmes de la mémoire ; il faut pourtant se garder de croire que pour cela elles soient perdues. […] Il faut maintenir toutefois « que l’époque des dissertations et des mémoires n’est pas encore venue pour l’Inde, ou plutôt qu’elle est déjà passée, et que les travaux des Colebrooke et des Wilson, des Schlegel et des Lassen, ont fermé pour longtemps la carrière qu’avait ouverte avec tant d’éclat le talent de Sir William Jones 118 ».
Marmontel, dans ses Mémoires, a dit : « Grimm, alors secrétaire et ami intime du jeune comte de Friesen, neveu du maréchal de Saxe, nous donnait chez lui un dîner toutes les semaines, et, à ce dîner de garçon, régnait une liberté franche ; mais c’était un mets dont Rousseau ne goûtait que très sobrement. » Tout en travaillant à se faire Français et Parisien, Grimm avait un fonds de romanesque allemand qu’il dut recouvrir et étouffer. […] Il ne saurait être de mon dessein d’examiner ici ce procès : quand on lit les Mémoires de Mme d’Épinay d’une part, et Les Confessions de l’autre, il est clair que les lettres citées dans l’un et dans l’autre ouvrage, et qui peuvent servir à éclaircir la question, ne sont pas semblablement reproduites, qu’elles ont été altérées d’un des deux côtés, et que quelqu’un a menti. […] Grimm, dans les Mémoires de Mme d’Épinay, se montre constamment à nous comme au-dessus des tracasseries, évitant de s’y mêler, mettant au besoin peu d’aménité dans ses conseils, et gardant quelque réserve, même dans l’intimité ; non point par arrière-pensée ni par manque de confiance, mais simplement « parce qu’il n’aime ni les raisonnements ni les combinaisons inutiles ».
Dans l’espèce de biographie qu’il trace de Rousseau à l’occasion de l’Émile (15 juin 1762), Grimm s’arrête dans ses souvenirs à ce qui serait une révélation indiscrète et une violation de l’ancienne amitié ; et, après avoir retracé les principales époques de la vie de Rousseau, ses premières tentatives plus ou moins bizarres, il ajoute : « Sa vie privée et domestique ne serait pas moins curieuse ; mais elle est écrite dans la mémoire de deux ou trois de ses anciens amis, lesquels se sont respectés en ne l’écrivant nulle part. » Si Grimm avait été un perfide et un traître comme le croyait Rousseau, quelle belle occasion il avait là, dans le secret, de raconter, en contraste avec l’Émile, ce qu’avait fait Rousseau de ses propres enfants, et tant d’autres détails qu’on n’a sus depuis que par Les Confessions ! […] Ses Mémoires secrets, « ouvrage qui tient un milieu fort intéressant entre le genre des mémoires particuliers et celui de l’histoire générale », sont aujourd’hui le seul livre à lire de lui : justice leur est rendue par Grimm en quinze lignes.
En 1764, il lut à l’assemblée générale de la Compagnie des Indes, au nom des actionnaires dont il était, un mémoire où il exposait un nouveau plan d’administration ; il y faisait, vers la fin, un portrait du véritable négociant, et l’on disait qu’il avait fait, sans le savoir, son propre portrait. Il vengeait encore les négociants et leur finesse de coup d’œil supérieure à la théorie, dans un mémoire écrit au nom de la même Compagnie, et par lequel il répondait à un écrit de l’abbé Morellet (1769). […] M. de Vergennes, dans un mémoire confidentiel adressé au roi, s’attachant à définir l’espèce de calme, si difficile à ménager, dont jouissait alors la France, le caractérisait en ces mots : « Il n’y a plus de clergé, ni de noblesse, ni de tiers état en France ; la distinction est fictive, purement représentative, et sans autorité réelle.
Chacun de ces instants est gravé dans ma mémoire… J’avais obtenu le retour de la paix, je l’avais obtenu sans autre moyen que le langage de la raison et de la vertu : cette idée me saisissait par toutes les affections de mon âme, et je me crus un moment entre le ciel et la terre. […] Necker visita à Genève le Premier consul en 1800 ; voici le passage des Mémoires de Napoléon où il est fait mention de cet entretien : Le 6 mai 1800, le Premier consul partit de Paris… Il arriva à Genève le 8. […] Comme écrivain, il s’était beaucoup formé par l’usage, et il était arrivé à se faire un style : style singulier, fin, abstrait, qui se grave peu dans la mémoire et ne se peint jamais dans l’imagination, mais qui atteint pourtant à l’expression rare de quelques hautes vérités.
On sait les détails touchants de ses premières et atroces infortunes par les Mémoires de sa sœur, la margrave de Bayreuth. Pourtant Frédéric a gardé plus tard le silence sur les faits de cette époque ; il s’est honoré comme roi et comme fils par sa réserve respectueuse ; il s’est même donné tort en quelques mots et a pris sur lui la faute avec abnégation dans ses Mémoires de Brandebourg. […] Sa mémoire durera autant qu’une goutte de sang circulera dans mes veines, et sa famille sera la mienne.
C’est en même tems un bon recueil de Mémoires qui peuvent infiniment servir à ceux qui voudront écrire sur cette matiere. […] Le zéle, dit-il, n’a point de plus fidéle instrument qu’une imagination bien gouvernée, ni de plus grand ennemi, qu’une mémoire impérieuse, à qui l’imagination & l’esprit sont forcés d’obéir. C’est ce qui engage l’habile Jésuite à prouver, autant qu’il est en lui, qu’on ne devroit pas prêcher de mémoire, & les désavantages qu’il y a à prêcher ainsi.
à la tête de qui on jetait de ces montagnes et de ces blocs erratiques qui vont rester sur sa mémoire ! […] Rien n’endort et rien n’épouvante son invincible mémoire… » Certes ! voilà qui est bien dit, et Hello a voulu partager avec l’Église un peu de son invincible mémoire, mais il est une raison plus pratique de nous occuper de la vie des Saints, que j’eusse souhaité lui voir nous donner.
Ce dernier caractère est surtout reconnaissable dans le chant funèbre qu’il a consacré à la mémoire du jeune prince anglais dont il avait excité l’ambition et voulu partager les périls. […] Le mal présent accroît la mémoire du bien a perdu. […] Et toutefois de cette éclatante uniformité la mémoire peut détacher des beautés qu’on n’oublie pas, les plus neuves de la poésie moderne, bien que toutes remplies encore de l’imagination antique.
Lefèvre remontait aussi aux poëtes français du seizième siècle ; il notait chez eux les vers dignes de mémoire, les expressions qui méritaient de revivre. […] Dans la première moitié du volume, tant que la passion n’en est qu’aux tristesses, aux espérances, aux pressentiments qui envahissent toutes les âmes ainsi affectées, on regrette que de ce fonds un peu confus, étalé devant nous en longs épanchements, le poëte n’ait pas su tirer des scènes plus distinctes, plus détachées, plus parlantes aux yeux, de ces tableaux qu’on pourrait peindre sur la toile et qui vivent dans la mémoire.
Ce n’est pas seulement à la physionomie de son style qu’on s’en aperçoit : le choix peu scrupuleux de ses sujets, et, encore plus, le déréglement absolu de sa vie, se ressentaient des habitudes de la bonne Régence ; le favori de Fouquet avait longtemps vécu au milieu des scandales de Saint-Mandé ; il les avait célébrés, partagés, et était resté fidèle aux mœurs autant qu’à la mémoire d’Oronte. […] Il y eut un moment où les deux Colletet père et fils, et la belle-mère de celui-ci, la belle-maman, comme il disait, se faisaient à qui mieux mieux en madrigaux les honneurs du Parnasse : ce qui devait prêter assez matière aux rieurs du temps (Mémoires de Critique et de Littérature, par d’Artigny, tome VI).
Mais sir Walter Scott n’y regarde pas de si près ; et deux pages plus loin, pour prouver l’immoralité du siècle, il allègue les Mémoires de madame Roland, dont il compare le ton à celui d’une courtisane de haut parage. […] » C’est ainsi que, dans les Mémoires récente, publiés sur madame la princesse de Lamballe par une noble lady, on est informé qu au sein de l’Assemblée constituante Robespierre menaça un jour Barnave de le faire guillotiner !
Ç’a été tout bonnement le carnaval qui a fait les frais et qui a eu les honneurs de cette quinzaine, mais un vrai et franc carnaval, comme on n’en avait pas encore vu de si gaiement improvisé, de mémoire de jeune France. […] Les Mémoires d’un cadet de famille, par Trelawney, ami et compagnon de Byron, sont une lecture facile, amusante, peu convaincante par endroits : on y retrouve une vie de flibustier, et des péripéties merveilleuses comme celles du Cleveland de l’abbé Prévost.
Si les paroles n’ont pas éloquemment instruit du motif des actions, si les actions n’ont pas consacré la vérité des paroles, la mémoire garde un souvenir isolé des paroles et des actions. […] Combien n’admire-t-on pas dans l’éloquence antique les sentiments respectueux que faisaient naître les regrets consacrés aux morts illustres, les hommages rendus à leur mémoire, les exemples offerts en leur nom à leurs successeurs !
Quand nous lisons ou que nous entendons prononcer le mot de Tuileries, nous prenons tous l’idée du même lieu, du jardin qui borde la Seine entre le Carrousel et les Champs-Élysées : mais des images s’éveillent en outre les mêmes pour tous, des dômes de verdure, de grises statues parmi les feuillages verts ou jaunissants, des enfants et des joueurs de ballon ; selon notre âge, nous voyons se dessiner un palais ou des ruines ; certains de nous aperçoivent les hôtes disparus de l’édifice détruit, les fameuses journées que l’histoire y compte ; selon le caprice de nos goûts et de nos études, la salle des maréchaux ou la salle des machines nous reviennent en mémoire, et nous peuplons les allées de muscadins ou de petits-maîtres. […] La même attraction se voit encore quand on récite un morceau par cœur, et que soudain la mémoire déraille sur un mot, qui, du groupe où il figurait et qui l’a amené, la lance dans un autre où il figure encore et qu’il amène.
J’y vois quelque chose qui me rappelle cette vaste intelligence de Cicéron s’appliquant aux lettres, qui la rappelle non seulement pour la capacité et retendue, pour l’agrément de l’invention et la belle économie de la mémoire, pour ce fleuve sinueux de la parole et pour les fleurs perpétuelles du chemin, mais aussi pour de certains faibles qui ne sont pas sans grâce. […] Je rassemble, sur les rayons de ma bibliothèque, ce qui nous reste de quelques-unes de ces femmes ; je recueille des lambeaux de leurs correspondances inédites ou de mémoires manuscrits qui éclairent à mes yeux et marquent plus distinctement les traits de telle figure qui m’est chère.
Maupertuis refusa de les admettre & lui suscita des ennemis, entre autres l’auteur du qu’En dira-t-on, des Mémoires de madame de Maintenon, & de quelques autres ouvrages, qui annoncent moins le talent que l’audace & le mépris des bienséances. […] C’est ainsi que César, au milieu du bruit des armes, écrivoit, dans sa tente, ses mémoires, & des remarques de grammaire.
Les Mémoires d’un homme de qualité, le Clevetand, l’histoire du Chevalier des Grieux, l’histoire d’une Grecque moderne, le Monde moral, sont remplis de ces situations attendrissantes ou terribles qui frappent & qui attachent le lecteur dans les livres à aventures. […] Nous avons encore du même auteur la Baronne de Luz, Acajou & les Mémoires pour servir aux mœurs du XVIIIme. siécle.
Notice historique sur la vie et les écrits de Chamfort Il n’aurait été d’aucun avantage pour la mémoire de Chamfort qu’il eût tenu aux familles les plus distinguées ; il aurait dû être aussi tout à fait indifférent que Nicolas (c’était le nom qu’on lui donna avant qu’il en prit un) ait été sans naissance, et même, pour ainsi dire, sans famille, s’il n’en était trop souvent résulté pour lui le malheur de jeter sur la société un coup-d’œil amer, de prendre de bonne heure en haine ses institutions, et de s’habituer à regarder comme les plus contraires au bonheur et à la morale, celles là même qui ont été créées pour la garantir. […] De sa tête active et féconde, jaillissaient les idées de liberté, revêtues de formes piquantes ; jamais il ne dit plus de ces mots qui frappent l’imagination et qui restent dans la mémoire.
C’est même de cette façon qu’on pait au blanc forcé, il y a plusieurs années, le linge des demoiselles Lola Montès et Céleste Mogador, qui, elles aussi, mais pour de plus joyeuses raisons que la dame cosaque d’aujourd’hui, eurent la fantaisie de publier leurs Mémoires… Seulement, si cet honnête M. […] Lola Montès, dont j’aime à faire planer la mémoire sur ce chapitre, car c’était une bonne fille au fond (quoique très menteuse et elle s’en vantait, !)
Après lui, ses enfants, et, entre tous, Jacques Cœur, l’archevêque de Bourges, dévoués à cette mémoire qui avait illustré leur race et qui allait fonder une maison de plus parmi les grandes maisons de France, demandèrent à plusieurs reprises la révision de son procès. […] N’était ce dernier coup d’œil jeté sur l’effort perdu des enfants de Jacques Cœur pour réhabiliter, comme on dit aujourd’hui, sa mémoire, Clément, fidèle au titre de son livre, n’aurait point dépassé la limite de sa double biographie.
La mort seule de Montmorency a donné une mémoire à ces choses. […] Elle n’avait souhaité que le silence et l’oubli ; son vœu devait être exaucé, car son nom est à peine resté dans la mémoire des hommes.
Ernest Charrière, qui nous avait déjà traduit, et très souplement, les Mémoires d’un seigneur russe, par Tourgueneff, nous assure que cet impitoyable réaliste de Gogol, qui n’a que le nom de barbare, a débuté par le plus pur idéal dans sa vie littéraire. […] Mais si ce livre n’était pas vrai, — pas vrai même dans le sentiment d’observateur de celui qui en a tracé les pages, — que mériterait, dans la mémoire de ses compatriotes, l’homme qui a osé l’écrire, pour avoir tenté, satirique impie, de déshonorer si abominablement son pays ?
En exprimant, en filtrant cette dernière goutte de gloire exquise sur la mémoire de Buffon, M. […] Il s’occupait de mathématiques, traduisait les Fluxions de Newton, mais déjà il se mettait en mesure avec l’avenir par des mémoires sur les végétaux qui le firent passer, à l’Académie, de la classe de mécanique dans celle de botanique, et décidèrent plus tard de sa nomination à l’intendance du Jardin du Roi, qu’il visait depuis longtemps avec la tranquillité de regard de la prévoyance.
Combien qui soient restés fidèles à sa mémoire ? […] — tant que ce beau débris de l’histoire du genre humain tout entier ne sera pas rasé de l’âme humaine, de sa conscience et de sa mémoire, et que chez nous il y aura encore autre chose que des bâtards et des institutions qui veulent bâtardiser la France, la Société de tous les temps et de l’Histoire ne sera pas vaincue et l’aveugle et forcené génie de la Révolution n’aura pas dit son dernier mot !!
Et d’abord c’est, comme invention, le plus incroyablement naïf et le plus monstrueux abus de mémoire dont se soit jamais rendu coupable un homme qui veut qu’on croie à son originalité. […] » et qu’il écrit lyriquement ainsi, le poète de Merlin l’Enchanteur reste toujours l’esclave de la répétition éternelle, la victime de cette mémoire, qui est son vautour.
— sur sa mémoire. […] … André Chénier finit lui-même par sentir que tout ce travail de fourmi, engrangeant dans son cerveau tant de miettes de latin et de grec, finirait, de ses petits tas, par encombrer son génie : « Je donne trop à ma mémoire », disait-il dans les derniers temps de sa vie.
Le xviie siècle, fils de Richelieu et de Malherbe, le siècle de la Règle en tout, et le xviiie , le siècle, en tout, du Dérèglement, ne pouvaient avoir de mémoire au service de ce protestant fanatique, qui, après la mort de Henri IV, ne s’était pas rendu et s’en était allé guerroyer en Suisse, chef d’opinion religieuse et tellement protestant qu’il n’en était même plus Français ! […] L’oubli, c’est l’assassin de nos mémoires !
Quelques caricaturistes étrangers Hogarth — Cruikshank — Goya — Pinelli — Brueghel I Un nom tout à fait populaire, non-seulement chez les artistes, mais aussi chez les gens du monde, un artiste des plus éminents en matière de comique, et qui remplit la mémoire comme un proverbe, est Hogarth. […] Cette verve est inconcevable, et elle serait réputée impossible, si les preuves n’étaient pas là, sous forme d’une œuvre immense, collection innombrable de vignettes, longue série d’albums comiques, enfin d’une telle quantité de personnages, de situations, de physionomies, de tableaux grotesques, que la mémoire de l’observateur s’y perd ; le grotesque coule incessamment et inévitablement de la pointe de Cruikshank, comme les rimes riches de la plume des poëtes naturels.
Ce nom continua de vivre dans la mémoire poétique de la Grèce, souvent blâmé par les philosophes, mais cité, chanté dans toutes les fêtes : et, lorsque la Grèce libre et parlant à la tribune et sur le théâtre eut cessé, lorsque sa langue et son génie ne furent plus qu’un luxe de cour et une étude de cabinet dans Alexandrie et les villes grecques d’Asie, nul monument de l’art antique ne fut plus imité, plus commenté que le hardi génie d’Archiloque. […] Mais tous les témoignages constatent la renommée croissante d’Archiloque, malgré les reproches attachés à sa mémoire.
Noms charmants de ses héroïnes, aussitôt vous chantez dans la mémoire. […] N’est-ce pas une grâce de la poésie d’accaparer ainsi la mémoire ? […] L’homme quitte la mémoire. […] Plus loin encore sont les îles de l’enfance ; à l’entour d’elles flottent de douces mémoires. […] Telle petite vieille qui passe est définitivement fixée, épinglée sur la mémoire.
. — Livre posthume ou Mémoires d’un suicidé (1855). — Chants modernes (1855). — L’Eunuque, mœurs musulmanes (1856). — Le Salon de 1857 (1857). — Convictions, poème (1858). — Le Salon de 1859 (1859). — L’Expédition des Deux-Siciles (1861). — L’Homme aux bracelets d’or (1862). — Le Chevalier du cœur saignant (1862). — Les Buveurs de cendre (1866). — Les Forces perdues (1867). — L’Orient et l’Italie (1868). — Paris, ses organes, ses fonctions et sa vie (1869)
Ce me fut comme un voyage à ce coin de France où la mémoire de George Sand… etc.
Dans cette Oraison funebre, l’Orateur a su concilier les devoirs du Panégyriste avec ceux du Ministre de l’Evangile : il célebre les vertus du Monarque, sans manquer à la vérité ; il déplore ses malheurs, sans manquer à sa mémoire.
Un des plus grands défauts de ceux qui ont écrit l’Histoire, est de tout raconter sans aucun choix ; par-là, ils surchargent la mémoire & dégoûtent l’esprit.
Le mémoire de la sœur et celui des deux frères ne sont que des tissus de mensonges. […] Je n’ai point lu le Mémoire de M. […] Je n’ai pas mémoire d’avoir jamais fait une lecture qui m’ait autant intéressé ; je n’en excepte pas même l’Éloge de Marc-Aurèle. […] Publiée dans les Mémoires de la princesse, traduct. […] Imprimée à la suite du Mémoire pour les libraires associés à l’Encyclopédie contre le sieur Luneau de Boisjermain.
* * * — En ce moment nous achetons force mémoires, correspondances, autobiographies, tous documents d’humanité : — le charnier de la vérité. […] » 8 mars Nous nous sauvons comme des voleurs avec deux gros volumes sous le bras : les « Mémoires de Gavarni », que son fils vient de nous confier. […] 15 mars Mémoires curieux que ces mémoires de Gavarni. […] Des mémoires remplis uniquement par la femme qui semble avoir pris absolument possession de son moi : et un mélange de cynisme et de « petite fleur bleue ». […] Depuis, il avait passé par bien des amours, romanesques, farouches, dramatiques, avec toujours cependant, au fond de lui, la sourde mémoire de ce premier amour, auquel il était passionnément revenu, en retrouvant à Lyon sa jeune fille, âgée de 74 ans.
Ainsi, pour ne citer toujours que ce que notre mémoire nous rappelle, la scène de Ménélas avec la portière du palais (Hélène, acte I) ; la scène du phrygien (Oreste, acte IV). […] C’est, on le sait, sous la première de ces formes qu’il s’était présenté d’abord à l’imagination du poëte, et qu’il reste toujours imprimé dans la mémoire du lecteur, tant l’ancienne charpente dramatique est encore saillante sous l’édifice épique de Milton ! […] On a mis la mémoire à la place de l’imagination. […] C’est en furetant la chronique, ce qu’il fait avec amour, c’est en fouillant au hasard les mémoires anglais du dix-septième siècle, qu’il fut frappé de voir se dérouler peu à peu devant ses yeux un Cromwell tout nouveau. […] Car le génie moderne a déjà son ombre, sa contre-épreuve, son parasite, son classique, qui se grime sur lui, se vernit de ses couleurs, prend sa livrée, ramasse ses miettes, et semblable à l’élève du sorcier, met en jeu, avec des mots retenus de mémoire, des éléments d’action dont il n’a pas le secret.
Il commença par s’assurer que l’erreur ne venait point de sa mémoire ; puis, il se procura une affiche qu’il colla avec quatre pains à cacheter au milieu de la glace de son cabinet. […] Bonnaire qui s’est rappelé : j’en félicite la mémoire de M. […] — Message, Un Mot, la première partie des Mémoires du Diable, sept ou huit volumes à peu près. […] » Vous le voyez, comme je l’avais promis, l’anecdote est courte, mais si courte qu’elle soit, elle n’en a pas moins laissé une profonde trace dans la mémoire de l’illustre académicien et dans celle de ses amis. […] Nous ne le pensons pas ; les découvertes que nous signalons sont présentes à toutes les mémoires et ne peuvent être oubliées de ces messieurs.
. — Petits mémoires littéraires (1885). — Oubliés et dédaignés (1886). — Les Amours du temps passé (1887). — De A à Z (1888). — Poésies (1889).
. — Les Mémoires du Diable (1840). — Confession générale (1841-1845). — Le Maître d’école (1841). — Eulalie Pontois (1842). — Marguerite (1842). — Gaétan (1842). — Les Prétendus (1843). — Les Amants de Murcie (1844). — Le Château de Walstein (1844)
C’est ce qu’on pourrait appeler, si le mot n’avait quelque prétention, les Mémoires d’une âme.
ajoutez que les Mémoires de la Ligue ont été réimprimés à Paris en six vol.
Cependant on avouait que, de mémoire de parents, on n’avait pas vu une plus heureuse couvée d’enfants.
Bénie soit à jamais la mémoire de celui qui en instituant cette exposition publique de tableaux, excita l’émulation entre les artistes, prépara à tous les ordres de la société, et surtout aux hommes de goût, un exercice utile et une récréation douce ; recula parmi nous la décadence de la peinture de plus de cent ans peut-être, et rendit la nation plus instruite et plus difficile en ce genre.
Le mémoire qu’il a lui-même écrit sur sa vie ne va que jusqu’à la publication de son grand ouvrage.
Thiers se souvient trop, en écrivant ces pages, de ce sophisme de situation qui a tué en quinze ans le gouvernement des Bourbons par sa plume ; il confond dans le premier Consul le goût héroïque du despotisme et le goût populaire de la liberté, afin de lui donner, selon les besoins de l’opposition, qui vit de sophismes, la popularité du dictateur et la popularité du libéral de 1830 : hermaphrodisme politique nécessaire à la mémoire du héros avec lequel on voulait faire une double guerre aux Bourbons. […] Sans doute on y pouvait blâmer l’abus d’une belle imagination ; mais après Virgile, mais après Horace, il est resté dans la mémoire des hommes une place pour l’ingénieux Ovide, pour le brillant Lucain, et, seul peut-être parmi les livres de ce temps, le Génie du Christianisme vivra, fortement lié qu’il est à une époque mémorable ; il vivra, comme ces frises sculptées sur le marbre d’un édifice vivent avec le monument qui les porte. […] Nous avons écrit nous-même cette tragédie historique d’après les témoignages les plus irrécusables ; d’autres témoignages surgissent tous les jours des Mémoires posthumes des confidents du gouvernement consulaire ; ces Mémoires laissent peu de doute sur les vrais motifs du meurtre, motifs très différents de ceux que prête trop complaisamment M. […] Voilà le malheur des historiens qui n’ont pas assez perdu la mémoire des partis auxquels ils ont appartenu dans leur vie politique : pour ne pas fausser leur situation ils sont forcés de fausser leur logique.
Pasquier, de centenaire mémoire, venaient d’emporter ma nomination au poste de troisième secrétaire de l’ambassade de Naples ; je m’occupais de mon prochain départ, et pendant ces jours d’adieux à mes amitiés déjà nombreuses à Paris, M. […] J’en ai rendu compte dans la partie politique de mes œuvres complètes intitulée : Mémoires politiques. […] N’aime pas qui veut ; il ne m’a rendu bien plus que justice qu’après sa mort, dans ses Mémoires posthumes, où il me plaça comme poète au rang de Virgile et de Racine, et comme homme politique plus haut que mon siècle ne m’a placé. […] Ses Mémoires seuls, cet étrange et amoureux monument de son amour pour la comtesse d’Albany, méritent d’être recueillis et de survivre. Il y a dans ces Mémoires autant d’originalité que de grandeur et de passion ; là, son caractère savait véritablement participer de la majesté de sa royale idole.
Tallemant des Réaux, qui reste dans la mémoire comme un conteur rabelaisien d’anecdotes crues et drolatiques, a porté dans les ruelles le nom d’Astibel, un héros de roman galant, et il a fourni sa fleur à la guirlande de Julie. […] Les faits ont eu besoin de passer par la mémoire pour enflammer les imaginations. […] Mais le dénouement de l’affaire est bien remarquable. « On avait copié le discours au château, dit encore l’auteur des Mémoires d’outre-tombe. […] Discours, pamphlets, brochures, articles de polémique éclosent avec une formidable abondance ; et, après ces ouvrages inspirés par les circonstances, animés par les passions du jour, adressés aux contemporains et peu soucieux de la postérité, il en apparaît bientôt d’autres plus médités, plus apaisés, plus froids en apparence, mais où il n’est pas difficile de retrouver le feu couvant sous la cendre ; j’entends les mémoires et les histoires qui prétendent transmettre à l’avenir et déjà juger les événements de la veille. […] Il fait éclore par dizaines les livres de Mémoires.
… Cette exclamation nous est inspirée par la mémoire d’un homme qui vient de chanter et de mourir comme un rossignol au printemps, ivre de mélodie, de rayons et de gouttes de rosée. […] de même il y a dans la famille humaine des hommes printaniers, si l’on peut se servir de cette expression, âmes à doubles fleurs et sans fruits, qui accomplissent toute leur destinée en fleurissant, en coloriant, en embaumant leur vie et celle de leurs contemporains, mais dont on fixe cependant l’éclat et le parfum dans la mémoire en volumes de vers ou de prose immortels, œuvres qu’on ne compulse pas, mais qu’on respire, qui ne nourrissent pas, mais qui enivrent ! […] Ces deux écrivains sont : Hamilton, l’auteur des Mémoires du comte de Grammont, et Saint-Évremond, le premier importateur du véritable sel attique en France. […] VIII Nous venons de relire, pour les comparer aux œuvres d’Alfred de Musset, les Mémoires du comte de Grammont. […] Mais ces têtes chauves étaient les Scipion, les Caton, les Cicéron, les noms par qui Rome vivait et vivra dans les lettres, dans le cœur et dans la mémoire des hommes de bien de tous les âges futurs.
Les Mémoires de l’homme ont un langage, mais l’Histoire générale en a un autre. […] nuls mémoires, ni ceux de la princesse Palatine, qui ont des inflexions souvent terriblement grossières, ni ceux de Tallemant des Réaux, qui sont bourrés, jusqu’à la gueule, des plus infects commérages, n’ont un langage plus cyniquement sans façon que l’histoire générale, telle que l’entend et que l’écrit M. […] Lui, Richelieu, le passionné serviteur de la royauté, ainsi qu’il aimait à signer, le grand artiste en magnanimité, qui grava, avec tant de soin, sur la pierre poreuse et ramollie que Louis XIII avait en place de cœur, le chef-d’œuvre de noble sentiment qu’on appela depuis l’honneur de la couronne, n’a plus été, grâce à cette tourbe d’ennemis, que le bourreau traditionnel et glacé de tant de Mémoires écrits par la rancune ou l’épouvante, l’exécuteur impassible et patibulaire des hautes œuvres du despotisme personnel ; et M. […] Pour lui, la grande faiblesse de Robespierre et le reproche que l’avenir élèvera contre sa mémoire, c’est d’avoir de lui-même rappelé au peuple, qui n’y pensait plus, ce vieux Dieu déchu et vaincu qui avait asservi l’univers. […] Michelet, ému jusqu’aux entrailles dans la personne de cette petite Mme Robert, se risque à protester contre le portrait déshonorant qu’en fait Mme Roland dans ses Mémoires, — « ce qui prouve, ajoute-t-il mélancoliquement, que les plus grands caractères ont leurs misères et leurs faiblesses !
Les mémoires de notre seizième et de notre dix-septième siècle. […] Vous pouvez la modifier par des textes inédits, une correspondance, des Mémoires. […] Ils étaient nommés au concours, et pour dix-huit ans, si ma mémoire me sert bien. […] Les mémoires et les articles où il a ramassé ses observations sont innombrables. […] Leur mémoire serait perdue sans ce témoignage de leur reconnaissant ami.
Peu d’écrivains furent plus malheureux dans leur vie privée et aventureuse, peu d’hommes de mémoire furent plus heureux devant la postérité. […] La rapidité de cette scène avait déconcerté les projets de M. de Saint-Pierre ; son discours était resté sur le bord de ses lèvres et son mémoire dans sa poche. […] La vieille maison ne renfermait que sa mémoire. […] Enfin elle lui apprit la mort du frère Paul, cet aimable capucin qui faisait de si jolis contes, et M. de Saint-Pierre donna quelques larmes à sa mémoire. […] Il en avait retenu jusqu’aux plus petites circonstances, et les expressions si simples de la pauvre Marie ne sortirent jamais de sa mémoire.
Si la manière de Giusti ne rappelle pas la manière de Béranger, on ne peut nier que le choix des sujets traités par le poète toscan ne rappelle très souvent à la mémoire du lecteur les œuvres du poète français. […] C’est pour avoir méconnu cette vérité que Giusti, malgré toutes les ressources de son esprit, n’a jamais rencontré les pensées qui se gravent dans toutes les mémoires. […] Je crois qu’il a eu tort d’écouter sa mémoire. […] Les pages où il traite ce sujet difficile, quoique un peu verbeuses, laissent pourtant dans la mémoire une trace durable et précise. […] Guizot semble avoir eu toujours présente à la mémoire la réponse de Démosthène, au jeune Athénien qui l’interrogeait sur les devoirs de l’orateur : il a cultivé l’action avec un soin particulier.
La dernière est aujourd’hui dans toutes les mémoires, et résume, pour le plus grand nombre des lecteurs, tout le talent du poète. […] Il aura beau graver dans sa mémoire les vers consacrés à l’expression de l’amitié, il n’atteindra jamais à la véritable éloquence ; toutes les fois qu’il voudra parler d’après sa mémoire, le lecteur devinera que l’homme qui lui parle n’a jamais eu d’amis. […] Il espère que les paroles du prêtre effaceront de sa mémoire jusqu’aux dernières traces du passé. […] Après avoir tourné le dernier feuillet, il est impossible de ne pas garder dans sa mémoire l’image vivante du Coat-d’Or. […] Le sujet de Lucrèce était gravé dans toutes les mémoires.
Ils peuvent laisser d’eux-mêmes une mémoire glorieuse et très pure ; mais ce qui les caractérise, c’est qu’ils ne paraissent pas s’en être du tout préoccupés. […] D’Archimède rien ne vit que la mémoire de son génie21. […] — Non, ses Mémoires. […] Mais l’éclat des Maximes a rejeté les Mémoires dans l’ombre. […] Ce qui s’est fait ainsi ne me sort plus facilement de la mémoire, et c’est peut-être le don le plus précieux que Notre-Seigneur m’ait fait.
D’une part, en 1583, il adresse au roi de Navarre un Mémoire pour la défense des libertés du commerce. […] La vieillesse est l’âge des Mémoires. […] Il perce à chaque page de ces volumineux Mémoires, trésors de médisances accumulées, et quelquefois de calomnies posthumes. […] Léon Plée, si ma mémoire ne me trompe, a écrit là-dessus de jolies choses. […] Je poserai quelques traits seulement : votre mémoire achèvera.
Brossette a dit des Mémoires du cardinal de Retz qu’ils rendent séditieux par contagion. […] Les types décrits ne sortent plus de la mémoire du lecteur, tant ils y ont laissé une forte empreinte. […] Reybaud ne prétend pas avoir écrit des mémoires, mais bien un roman. […] Chacun de ses personnages est pour lui une figure de connaissance qu’il décrit de mémoire. […] Le Drame de la jeunesse, ce sont les mémoires personnels de M.
Il y aura presque toujours plus à retrancher qu’à ajouter, et l’on doit avoir toujours en mémoire le précepte de Boileau : Ajoutez quelquefois et souvent effacez.
de Voltaire, pour servir de suite à ses Ouvrages, & de Mémoires à l’Histoire de sa Vie, à Paris, chez le Jay, Libraire, rue S.
La mémoire prodigieuse de Postel, son érudition sans bornes, & ses aventures, sont à présent les seuls débris de sa célébrité.
Histoires particuliéres & Mémoires concernant l’Histoire de France, 137 §.
Je ne sais qui c’était, mais de tous ces pauvres cordons qu’on voit dans nos rues traîner leur misère et l’ingratitude de la nation, je n’ai pas de mémoire d’en avoir vu un plus plat de physionomie.
Payen est venu payer tribut, à son tour, à cette noble mémoire, et lui convier des lecteurs. […] Il est, si j’en ose parler d’après ceux qui le connaissent, de ces natures élevées, originales, qui ont besoin d’admirer, d’aimer, et qui, même dans l’ordre intellectuel, n’ont de satisfaction réelle que de se dévouer exclusivement à ce qu’ils aiment, à la mémoire illustre en qui leur sentiment de vénération et d’idéal s’est une fois logé. […] Quoi qu’on ait dit, elles connaissent entre elles la parfaite amitié ; et, pour m’en tenir aux témoignages que la littérature me prête, qu’on veuille relire à la fin des Mémoires d’une des femmes les plus spirituelles, Mme de Staal-Delaunay, ce qu’elle dit de sa dernière et intime amie Mme de Bussy, et de sa douleur pénétrée, de son accablement après l’avoir perdue.
Cette partie des Mémoires qui traite de la guerre des Cévennes est très intéressante : Villars divise les camisards en différentes catégories, ainsi que les catholiques eux-mêmes. […] Parlant des derniers rebelles qu’on réduisit, Villars laisse échapper un mot qui est bien d’un noble soldat : « Ravanel, dit-il, mourut de ses blessures dans une caverne ; La Rose, Salomon, La Valette, Masson, Brue, Joanni, Fidel, de La Salle, noms dont je ne devrais pas me souvenir, se soumirent, et je leur fis grâce, quoiqu’il y eût parmi eux des scélérats qui n’en méritaient aucune. » On sent, à ce simple mot de regret d’avoir pu loger de tels noms dans sa mémoire, le guerrier fait pour des luttes, plus généreuses et pour la gloire des héros, celui qui a hâte de jouer la partie en face des Marlborough et des Eugène. […] Ces lettres de Villars au roi sont fort belles et à lire d’un bout à l’autre ; elles lui font plus d’honneur encore par leur simplicité, par l’application de détail et la vigilance dont elles témoignent, que les passages plus piquants et plus vifs insérés dans ses Mémoires.
Les illustres Mémoires ont déjà fixé en traits d’immortelle jeunesse cette petite et admirable société d’alors, soit au village de Savigny, soit dans la rue Neuve-du-Luxembourg, Fontanes, M. […] » Mais, comme critique littéraire, il en faut tirer encore certains mots qui s’ajouteraient bien au chapitre des Ouvrages de l’Esprit de La Bruyère, et dont quelques-uns vont droit à nos travers d’aujourd’hui : « Pour bien écrire, il faut une facilité naturelle et une difficulté acquise. » « Il est des mots amis de la mémoire ; ce sont ceux-là qu’il faut employer. […] Espérons, à tant de titres, qu’elle aura cours désormais, qu’elle entrera en échange habituel chez les meilleurs, et enfin qu’il vérifiera à nos yeux sa propre parole : « Quelques mots dignes de mémoire peuvent suffire pour illustrer un grand esprit160. » 1er Décembre 1838.
De pareilles affectations, vous le savez, ne sont pas dans mon âme. » La persécution de Bossuet contre le plus doux des disciples a entaché sa mémoire. […] Évêque et théologien, il compose plusieurs ouvrages, instructions et mémoires sur les sujets difficiles qui, en ce moment même, occupent l’Église de France. […] Les mémoires sur le gouvernement qu’il adressait par le duc de Chevreuse au Dauphin, étaient une constitution tout entière de la monarchie.
Si nous voulons résister à notre mémoire qui nous présente machinalement la plupart de ces vers, trop familiers et tournés en dictons pour évoquer encore en nous des sensations, on s’apercevra que Boileau n’a guère usé du style abstrait. […] Sorti de son logis, il emmagasinait dans sa mémoire tous ces traits qui font la physionomie de Paris, tout ce qui étonne et ahurit le provincial, les rues encombrées de passants, les cris des chiens excités, les embarras de voitures, les planches jetées sur le ruisseau quand il pleut : mille détails connus seulement du Parisien, la croix de lattes, qui avertit les passants de prendre garde, quand les couvreurs réparent le toit de la maison, ou le profil d’un médecin célèbre, qui va à cheval, au lieu d’avoir une mule comme ses confrères. […] Jusque-là Boileau composait avec les idées de sa mémoire ; il assemblait sans conviction des abstractions conçues par son intelligence sur la foi de ses livres ; maintenant il obéit à sa passion intime : il travaille sur les matériaux de sa propre expérience.
On condamne un méchant mémoire d’avocat qui réclamait contre l’excommunication des Comédiens : Voltaire lance une satire contre le féroce préjugé (1761). […] Enfin ce sera Lalli, pour la mémoire duquel il écrira ses Fragments sur l’Inde : il donnera son appui au fils de la victime, et l’un des derniers billets qu’il écrira sera pour se réjouir de l’arrêt qui réhabilite le malheureux général. […] Un beau jour circulèrent des dialogues « traduits de l’anglais552 », qui démontraient que l’Esprit des Lois est un « labyrinthe sans fil, un recueil de saillies », un livre plein de fausses citations, où l’auteur prenait « presque toujours son imagination pour sa mémoire ».
Des érudits de trente ans, comme La Boétie, mouraient à la façon des héros de Plutarque, en prononçant de graves discours, qu’ils semblaient réciter de mémoire, comme une leçon apprise aux écoles. […] La postérité a conservé cette illusion il en faut laisser le bénéfice à François Ier ; c’est du respect bien entendu pour la mémoire de Marguerite. […] La première édition de cet ouvrage ne fut publiée que plusieurs années après la mort de Marguerite, en un temps où les retouches étaient regardées comme des actes de piété envers la mémoire des auteurs.
Il n’est pas besoin d’être prévenu contre sa mémoire, pour s’apercevoir que le disciple a converti en procédés de versification les grandes doctrines du maître. […] La mémoire lui fournit les mots : les mots le mènent aux idées. […] Je me souviens du temps où de pieux maîtres me les faisaient apprendre par cœur, et je craindrais, en y regardant de trop près, de manquer de respect à leur mémoire.
Si le Moïse de Chateaubriand est une œuvre de Décadent, ses Mémoires d’outre-tombe sont une œuvre de Décadence, au second sens du mot. N’ont-ils point, ces admirables Mémoires d’outre-tombe, par rapport avec le Chateaubriand classique des Martyrs, le caractère dont Théophile Gautier, dans sa belle étude sur Baudelaire, définit le style de décadence ? […] La découverte en revient aux poètes d’aujourd’hui et je ne suis pas sûr que ce ne soit pas la particularité qui leur vaudra le mieux la mémoire de l’avenir.
Le 24 août, madame de Maintenon écrivait à madame de Saint-Géran une lettre remarquable, dont ses détracteurs ont tiré une conséquence offensante pour sa mémoire. […] Les Mémoires du duc de Saint-Simon138 nous apprennent que les jésuites firent entrer dans l’aine de Louis XIV les premières semences de haine contre les protestants. […] Elle se rapporte à l’époque du mariage de madame de Maintenon avec Louis XIV, deux ans plus tard que l’époque où nous sommes arrêtés dans ce mémoire.
Restée seule avec sa soeur Julie, Philiberte lui raconte comme quoi elle vient de se découvrir un attrait, un charme, la possibilité d’être aimée ; puis les paroles du chevalier reviennent à sa mémoire, et elle s’étonne de rougir si tard de cette impudence. […] Un grand cœur cède un trône et le cède avec gloire ; Cet effort de vertu couronne sa mémoire. […] Imaginez que, d’un acte à l’autre, et sans crier gare, ce Frantz Wagner, qui n’était guère, jusqu’à présent, que le soupirant élégiaque de la Fortune — quelque chose comme une Perrette de ballade rêvant aux veaux d’or qu’elle mènera paître aux sons de sa lyre — imaginez, dis-je, que le voilà pris d’une attaque de vanité foudroyante, et qu’il perd subitement son cœur, sa tête, son bon sens, la mémoire de son passé, de ses affections, des bienfaits reçus, de son amour même.
On cite de son enfance des réparties heureuses et des traits d’une prodigieuse mémoire : il retint un jour par cœur un sermon de l’abbé Poulle, pour l’avoir entendu une fois, et il l’écrivit au sortir de l’église. […] C’est autant de peine de moins et de loisir de plus pour composer, au lieu de me donner une peine inutile en me dévouant à un simple travail de mémoire. […] En général, pour comprendre ce genre d’éloquence politique de l’abbé Maury, il ne suffit pas de lire les lambeaux de discours qu’on a conservés, il faut en avoir la clef, et le marquis de Ferrières nous la donne, ou du moins nous l’indique, à un endroit de ses Mémoires.
C’est ce même sentiment d’une générosité presque confraternelle qui lui inspira (21 juillet) les quelques lignes par lesquelles il honora le trépas du jeune Amédée de Bourmont, tué au début de l’expédition, quand, à peu de jours de là, il avait été si inexorable et d’une mémoire si vengeresse contre le père. […] Dans le numéro du 9 septembre, il décrivait la situation et exposait le nouveau droit constitutionnel de la royauté consentie ; il ne dénonçait ni ne prévoyait point de grave désaccord : Dans ces huit jours d’éternelle mémoire, le principe du progrès a vaincu le principe étouffant du retour au passé. […] En aucun cas et sous aucun prétexte, il n’est déclamatoire : un de ses beaux et très beaux articles d’alors, est celui qu’il fit (22 septembre) au sujet de la cérémonie expiatoire par laquelle on alla processionnellement honorer la mémoire de Bories et des sergents de La Rochelle autrefois immolés en place de Grève.
Le Barbier en prit encore son parti ; l’auteur, au lieu d’une comédie, en donna une autre : Le Barbier n’ayant pas été représenté comme il devait l’être le samedi (12 février), le lendemain dimanche, l’auteur mettait en vente, la nuit même, au bal de l’Opéra, ce fameux quatrième Mémoire dont il se débitait six mille exemplaires et plus, avant que l’autorité eût le temps d’intervenir et de l’arrêter. […] Rien ne manqua à la solennité ni à l’éclat de cette première représentation : Ç’a été sans doute aujourd’hui, disent les Mémoires secrets, pour le sieur de Beaumarchais qui aime si fort le bruit et le scandale, une grande satisfaction de traîner à sa suite, non seulement les amateurs et curieux ordinaires, mais toute la Cour, mais les princes du sang, mais les princes de la famille royale ; de recevoir quarante lettres en une heure de gens de toute espèce qui le sollicitaient pour avoir des billets d’auteur et lui servir de battoirs ; de voir Mme la duchesse de Bourbon envoyer dès onze heures des valets de pied, au guichet, attendre la distribution des billets indiquée pour quatre heures seulement ; de voir des Cordons bleus confondus dans la foule, se coudoyant, se pressant avec les Savoyards, afin d’en avoir ; de voir des femmes de qualité, oubliant toute décence et toute pudeur, s’enfermer dans les loges des actrices dès le matin, y dîner et se mettre sous leur protection, dans l’espoir d’entrer les premières ; de voir enfin la garde dispersée, des portes enfoncées, des grilles de fer même n’y pouvant résister, et brisées sous les efforts des assaillants. […] [NdA] Mme Lebrun, au tome Ier, p. 147, de ses Mémoires.
Lorsqu’il avait publié son mémoire sur le culte idolâtrique des Fétiches, Voltaire, se hâtant d’y voir plus que le président n’avait prétendu y laisser paraître, lui avait écrit : « Je trouve que les anti-fétichiers devraient être unis comme l’étaient autrefois les initiés ; mais ils se mangent les uns les autres. » Le mot était jeté à propos d’une affaire très secondaire et comme en courant ; on n’a l’air que de plaisanter, et, en attendant, l’on tâte son monde. […] Marin, secrétaire général de la Librairie, et que Beaumarchais a stigmatisé depuis dans ses Mémoires ; on songe à l’abbé Delille, alors bien jeune, et qui venait de traduire les Géorgiques : « Si vous ne le prenez pas, dit Voltaire, ne pourriez-vous pas avoir quelque espèce de grand seigneur ? […] Le président de Brosses, pour n’avoir pas voulu faire cadeau à Voltaire des quatorze moules de bois livrés par Charlot Baudy, ne put jamais être de l’Académie française ; et (ce qui est plus grave) sa mémoire, a l’heure qu’il est, resterait encore entachée de ces odieuses imputations de dol, insinuées avec tant d’impudeur par Voltaire, si la correspondance mise au jour ne montrait nettement de quel côté est l’honnête homme, de quel côté le calomniateur et le menteur.
Je visitai d’abord, dit René, les peuples qui ne sont plus : je m’en allai m’asseyant sur les débris de Rome et de la Grèce, pays de forte et d’ingénieuse mémoire… Je méditai sur ces monuments dans tous les accidents et à toutes les heures de la journée. […] Parlant des auteurs de mémoires personnels, il a un morceau très vif contre Jean-Jacques Rousseau et Les Confessions, qu’il estime un livre dangereux et funeste : S’il existait, s’écrie-t-il, un livre où un homme regardé comme vertueux, et presque érigé en patron de secte, se fût peint comme très malheureux ; si cet homme, confessant sa vie, citait de lui un grand nombre de traits d’avilissement, d’infidélité, d’ingratitude ; s’il nous donnait de lui l’idée d’un caractère chagrin, orgueilleux, jaloux ; si, non content de révéler ses fautes qui lui appartiennent, il révélait celles d’autrui qui ne lui appartiennent pas ; si cet homme, doué d’ailleurs de talent comme orateur et comme écrivain, avait acquis une autorité comme philosophe ; s’il n’avait usé de l’un et de l’autre que pour prêcher l’ignorance et ramener l’homme à l’état de brute, et si une secte renouvelée d’Omar ou du Vieux de la Montagne se fût saisie de son nom pour appuyer son nouveau Coran et jeter un manteau de vertu sur la personne du crime, peut-être serait-il difficile, dans cette trop véridique histoire, de trouver un coin d’utilité… Volney, en parlant de la sorte, obéissait à ses premières impressions contre Rousseau, prises dans le monde de d’Holbach ; il parlait aussi avec la conviction d’un homme qui venait de voir l’abus que des fanatiques avaient fait du nom et des doctrines de Rousseau pendant la Révolution, et tout récemment pendant la Terreur. […] Barbier, à qui Volney avait adressé son mémoire, l’envoya à Napoléon, qui était alors à Schönbrunn, après Wagram.
Ils ont pénétré l’âme de toute une race ; ils ont des airs propres, des auditoires nombreux, et vivent dans la mémoire d’une multitude, demeurés ce que toute poésie était à l’origine, une déclamation mélodique et nationale. […] » Cette mystérieuse angoisse le poursuit sans relâche, tinte dans sa mémoire comme un glas, ou le saisit comme un frisson et c’est de même, comme hanté d’incessantes inquiétudes, l’âme malade, toujours émue de sentiments tristes, d’une tristesse à peine causée, que Heine en est venu à ne rendre dans les sujets les plus usuels de sa poésie, que la moitié de mélancolie qu’ils comportent presque tous. […] Cette marche descendante, homologue à l’ascendante, a été constatée dans toutes les maladies mentales, celles de la parole, de la mémoire, de la volonté.
Il ne me vient à la mémoire que celle de Jean-Christophe. […] Il paraît ici intermédiaire entre les mémoires du romancier et son imagination. Il nous rend fraîche et présente cette vérité psychologique que dans toute mémoire il y a imagination, dans toute imagination mémoire. […] Espérons qu’il nous donnera un jour les Mémoires de sa vie sur ces temps et sur d’autres : en tout cas voilà dans ces premières Marges les mémoires de son imagination. […] Giraudoux a le génie de l’inexactitude, et il s’est accommodé avec ce génie pour se créer une autre mémoire, d’autres mémoires, qui sont bien des mémoires, mémoires possibles plutôt qu’imaginations, des vies authentiques vécues de l’intérieur et où il y a le mouvement d’une vie réelle sur lequel se succèdent seulement des images fictives.
Nous eussions désiré peut-être que l’auteur s’y montrât parfois moins sobre de détails personnels et des particularités épisodiques dont sa mémoire abonde, et que ceux qui l’ont entendu trouvent avec un charme infini dans sa conversation ; mais son but dans ce récit a été plus grave, plus circonscrit aux points essentiels et aux questions qui peuvent concerner l’histoire.
Nous n’avons pas besoin de renouveler ici l’expression de nos vœux et de notre entière sympathie pour ce noble esprit, judicieux, élégant, ami des lettres, nourri par elles de bonne heure, et l’ayant prouvé par deux ouvrages que ses Mémoires, dès longtemps écrits, devront un jour couronner.