Après trois ou quatre ans donnés à la physique, à laquelle il eût été propre peut-être plus qu’à aucun autre objet, désirant surtout faire servir ses progrès personnels au bonheur des hommes, il suivit l’exemple de Pascal et de Socrate, il passa à l’étude de la morale ; et comme celle-ci ne trouve guère son application en grand et son développement qu’à l’aide des lois et des institutions civiles, il fut conduit nécessairement à s’occuper de politique : car nul esprit n’était plus docile que le sien à mettre en pratique et à suivre jusqu’au bout la série de conséquences qui s’offraient comme justes. […] Il était persuadé, comme Fontenelle, qu’avant Descartes on ne raisonnait presque point avec solidité ni avec justesse dans les matières qui n’étaient point du ressort de la géométrie : « Avant lui, le sens de la démonstration, le sens de la conséquence juste, ce sens qui met une si grande différence entre homme d’esprit et homme d’esprit, ce sens si précieux n’était presque point exercé ailleurs que dans la géométrie… Nous avions quantité d’orateurs et d’agréables discoureurs ; nous n’avions point de solides démontreurs. » Trop souvent on confondait la certitude qui vient de l’évidence véritable avec celle que l’on tirait des habitudes de l’éducation et des préjugés de l’enfance ou de l’opinion du grand nombre.
Je n’ai pas craint de marquer les défauts : il est juste de rappeler les qualités et les avantages. […] Le mot est juste.
Pour n’aller jamais que jusqu’où l’on sent, pour ne dire jamais que juste, et non pas au delà, il n’y a qu’un moyen, c’est de ne pouvoir tout dire. […] L’âme noble, la raison saine, le goût juste de Mme Tastu, y ont naturellement réussi : on peut voir les petites pièces de vers qu’elle a sensées dans ses excellents ouvrages d’éducation (librairie de Didier).
J’ai eu chez vous de justes sujets de chagrin ; la démarche que je vais faire vous chagrinera peut-être aussi : voyons de quel côté est l’injustice. […] Ce qui paraîtra plus digne d’un homme, c’est cette réflexion si juste, que la moitié du monde vaut bien l’autre , et que ce qu’on perd dans l’opinion sur une rive de l’Escaut, on le regagne en estime sur l’autre rive.
Quand on est moraliste et qu’on n’observe que des hommes faits, on court risque de tourner au La Rochefoucauld et au La Bruyère ; si le regard se reporte au contraire sur une jeunesse honnête et chaque jour renouvelée, on garde la fraîcheur du cœur jusque dans la connaissance du fond, la consolation dans les mécomptes, une vue plus juste de la nature morale dans ses ressources et dans son ensemble. […] Si l’auteur a voulu montrer dans ce ministre (et il l’a voulu en effet) combien avec un esprit juste, avec un cœur pur et droit, exercé par la pratique chrétienne, guidé par les inspirations de l’Écriture, et muni d’une vigilance et d’une observation continuelles, on peut se trouver en fin de compte plus avisé que les malicieux, plus habile que les habiles, et véritablement un maître prudent et consommé dans les traverses les plus délicates de la vie comme dans les choses du cœur, il a complètement réussi.
Si ces considérations générales suffisent pour éclairer sur la juste influence de l’ambition sur le bonheur, les auteurs, les témoins, les contemporains de la révolution de France, doivent trouver au fond de leur cœur de nouveaux motifs d’éloignement pour toutes les passions politiques ? […] Ce qui est grand et juste d’une manière absolue, n’est donc plus reconnu ; tout est estimé dans son rapport avec les passions du moment : les étrangers n’ont aucun moyen de connaître l’estime qu’ils doivent à une conduite que tous les témoins ont blâmée ; aucune voix même, peut-être, ne la rapportera fidèlement à la postérité.
Du Bellay veut la rime volontaire, propre, naturelle, juste enfin « comme une harmonieuse musique tombante en bon et parfait accord ». […] On oppose généralement Ronsard aux classiques : il serait plus juste de noter combien déjà le jugement de Ronsard est classique.
Je ne lui en ferai pas un reproche ; mais cette méthode est juste le contraire de la science. […] Je crois être strictement juste en faisant ici une place à Fromentin868, ce peintre exquis de l’Algérie et de l’Orient, cet esprit inquiet, intelligent, qui comprit, sentit, conçut plus qu’il ne sut exécuter, et qui par là fut éminemment un critique.
Qu’elle pense par à peu près ; qu’elle soit peu apte aux idées générales ; qu’elle n’ait point la notion du juste ; qu’elle ne puisse, toute seule, résister au mal, — vous croyez peut-être que tout cela, mis ensemble, signifie que la femme est inférieure à l’homme ? […] L’égalité des deux sexes devant le code civil, l’accession de la femme à tous les emplois et professions, sont des choses qu’on peut souhaiter comme justes ou comme nécessaires (quand tant de femmes vivent seules et tant de filles ne se marient pas), mais non comme normales et harmonieuses.
Mais, en outre, les chrétiens de la bonne société, Attale, Æmilia, Épagathus, Alexandre même, tout en la regardant comme leur sœur en Dieu, n’eussent pas, d’abord, fait grande attention à elle, lui eussent témoigné tout juste les sentiments fraternels qui sont « de commandement », et, malgré eux, se ressouvenant de leur condition sociale, eussent considéré l’humble servante comme une créature égale sans doute à eux-mêmes par sa participation au rachat divin, mais inférieure par l’intelligence, l’éducation, la distinction morale. […] Le salaire dont vous avez frustré les ouvriers crie contre vous… Vous avez condamné et mis à mort les innocents, les justes, qui ne vous résistaient point… Qu’elle pleure et qu’elle gémisse, la ville d’iniquité !
Pour parler dignement de l’outil qui sert si bien cette passion du Beau, je veux dire de son style, il ne faudrait jouir de ressources pareilles, de cette connaissance de la langue qui n’est jamais en défaut, de ce magnifique dictionnaire dont les feuillets, remués par un souffle divin, s’ouvrent toujours juste pour laisser jaillir le mot propre, le mot unique, enfin de ce sentiment de l’ordre qui met chaque trait et chaque touche à sa place naturelle et n’omet aucune nuance. […] Ne pleurez pas, malgré la plus juste des causes, Car celui qui dort là dans un blême lambeau Sut regarder sans pleurs les hommes et les choses.
Mais n’outrons rien, ceux qui ont le malheur d’être grands, peuvent être justes, modérés, sensibles, & indépendamment de leur nom, l’homme de Lettres se lie avec ceux qu’un même goût pour les Arts enflamme, & qui déposant l’appareil fastueux de leurs dignités, ne le reprennent qu’au moment où ils sont forcés d’aller jouer leur rôle sur la scene du monde. […] Ce sera lui qui étendra les idées des autres hommes, qui sous la forme du sentiment, développera les pensées qui reposoient au fond de leurs cœurs, & qui placera sur leurs lévres cette expression juste & facile dont il leur aura donné l’exemple.
Quelquefois il semble ne promettre la résurrection qu’aux justes 806, le châtiment des impies consistant à mourir tout entiers et à rester dans le néant 807. […] C’était la religion pure, sans pratiques, sans temple, sans prêtre ; c’était le jugement moral du monde décerné à la conscience de l’homme juste et au bras du peuple.
Pour avoir une idée juste de madame de Maintenon, j’ai commencé par mettre en oubli tout ce que j’avais lu ou entendu sur son compte, les histoires de La Beaumelle, de Laus de Boissy, de madame de Genlis, de madame Suard, d’Auger, de Voltaire même, et jusqu’à la biographie écrite par le biographe le plus exact que je connaisse, M. […] Le duc de Saint-Simon, dans sa juste animadversion pour l’injure que fit aux pairs, aux princes, à la nation entière, à son droit public, à ses mœurs, l’élévation du duc du Maine, fruit d’un double adultère, mais devenu digne d’une haute destinée par les soins de madame de Maintenon ; le duc de Saint-Simon, dis-je, comparant la naissance du duc du Maine avec les honneurs démesurés dont cet enfant fut comblé, se laissa aller au plus cruel et au plus injuste mépris pour madame de Maintenon, à qui le jeune prince devait le mérite précoce et distingué qui avait favorisé son élévation.
Et plus loin, quand il quitte la maison maternelle pour le collège, il dira : « Je ressemblais à une statue de l’Adolescence enlevée un moment de l’abri des autels pour être offerte en modèle aux jeunes hommes. » Tout cela doit avoir été très juste, très fidèle ; il est dommage seulement que ce soit l’original lui-même qui se fasse de la sorte son propre statuaire et son propre peintre. […] M. de Lamartine assurément ne le croit pas, car il nous dit, en parlant de sa formation précoce : Cette vie entièrement paysannesque, et cette ignorance absolue de ce que les autres enfants savent à cet âge, n’empêchaient pas que, sous le rapport des sentiments et des idées, mon éducation familière, surveillée par ma mère, ne fit de moi un des esprits les plus justes, un des cœurs les plus aimants, etc., etc.
Par ce moyen, la poésie procure deux avantages considérables à l’humanité : l’un, d’adoucir les mœurs des hommes comme l’ont fait Orphée, Linus et Homère ; l’autre, de rendre leur sensibilité raisonnable et de la renfermer dans de justes bornes, comme l’ont pratiqué les poètes tragiques de la Grèce. […] En effet, puisque le poème épique fait un corps accompli avec ses justes dimensions, et que par là il est conforme à la nature, il a fallu faire couler cet ordre et cet heureux arrangement dans le spectacle tragique, pour le rendre agréable.
C’était très juste. […] En effet, après la particularité du détail, ce qui caractérise la pensée, la poésie, la peinture, le faire de la sœur Emmerich (je cherche un mot juste, et je ne le trouve pas !)
Non, ce ne fut point le Roi de la Critique, ni même le Prince, ni même — j’ose le dire — un critique du tout, dans le sens juste et profond de l’expression. […] Il en était bien plutôt le fou, — le fou du Roi, avec son esprit mi-parti de brillant et de sérieux, car les fous du Roi avaient, sous leurs joyeuses folies, quelquefois un grand bon sens et disaient juste ; et c’est ce qu’avait Jules Janin.
Ce n’est pas non plus uniquement le Mazarin des Mazarinades, quoique Amédée Renée nous l’y montre davantage, parce qu’il est toujours actuel d’opposer les peintures stupidement spirituelles de l’opinion et des partis aux peintures justes et définitives de l’Histoire. […] Une surtout nous a beaucoup frappé, et nous la citerons parce qu’elle grandit, dans un aperçu juste, celle des Mancines à qui l’histoire attache l’intérêt romanesque du premier amour de Louis XIV.
Je ne dirai pas de lui la vieille phrase traînée « c’est un esprit qui s’est cherché longtemps », d’abord parce qu’elle traîne, ensuite parce qu’elle ne serait pas juste. […] Seulement, disons-le, en nous résumant sur le grave ouvrage, vis-à-vis duquel nous voulons nous montrer plus juste que les amis de M.
Son livre lui vaudra l’estime affectueuse de tous ceux qui l’auront lu, et ne fera que redoubler chez ceux qui le connaissent les sentiments dus à des pensées justes et si bien mûries, couronnant une vie utile et un caractère aimable.
De plus, il arrivera qu’on fera ainsi le plan d’un ouvrage idéal, non d’un ouvrage possible : on consultera plus ses désirs que ses forces, et l’on échouera forcément dans l’exécution : on aura dessiné un palais de marbre, quand on aura juste de quoi faire une bicoque de moellons.
Le premier trait paraît, comme de juste, plus sensible dans les odes, les hymnes, les sonnets.
Au juste, comme il a passé son baccalauréat et séduit une fille de chambre, il se croit mûr pour le roman.
L’affichage moderne L’affiche illustrée (œuvre imprimée, qu’il faut donc mentionner ici) dont les oisifs regardent la pose toute fraîche et toute humide, admirant comment le mauvais et mince et tortillé chiffon sorti de la blouse grise affecte vite sur le renforcement du mur une allure de tableau et sous la décharge du pinceau un bel air verni, l’affiche illustrée est au juste, à cette heure, une industrie charmante qu’on est en train de gâcher.
N’est-il pas nécessaire qu’il vienne un architecte pour coordonner les efforts et les travaux discordants, pour assigner leur place aux fondations, aux murs, aux piliers, pour ramener à des proportions justes ce qui est trop grand ou trop petit, pour construire enfin un édifice dont les différentes parties, comme les membres d’un corps, se fondent en un tout organique d’une harmonieuse complexité ?
A qui n’arrive-t-il pas de se tromper, même en appliquant des principes justes ?
C’est ainsi que Despréaux l’annonce pour le créateur de la belle Poésie parmi nous : Enfin Malherbe vint, & le premier, en France, Fit sentir dans ses Vers une juste cadence, D’un mot mis en sa place enseigna le pouvoir, Et réduisit sa Muse aux regles du devoir.
Malgré son premier nom, on ne sçait pas au juste le temps ni le lieu de sa naissance.
Enfin Priam, après avoir parlé des hommes au fils de Thétis, lui rappelle les justes dieux, et il le ramène une dernière fois au souvenir de Pélée.
Le ciel venge la terre : il est juste, et ma vie Ne peut payer le sang dont ma main s’est rougie.
Renfermés dans les bornes d’une critique raisonnable et juste, auraient-ils excité la curiosité de ses lecteurs ? […] Il ne s’est montré ni plus juste ni plus modéré envers Paméla, de M. […] Le roi est instruit du combat ; il connaît le meurtrier ; il est juste et sage ! […] Cette réflexion de Corneille est aussi juste que profonde, et c’est là qu’on le reconnaît. […] Cela ne me paraît pas bien juste.
En toutes choses on met, — l’image populaire est si juste ! […] Cela est vrai, en dernière analyse : mais, immédiatement, ce n’est pas tout à fait juste. […] Il faut qu’on lui rende sa juste place d’artiste merveilleux et de poëte secondaire.) […] Bourget a toujours été faible, mais elle a été juste, aristocratique et pénétrante. […] Mais n’ayant point de parti-pris, il est juste.
Il est donc plus juste que je me défende tout seul. […] Pourtant, il faut être juste. […] Il n’est que juste d’ajouter qu’il y a plusieurs parties de son œuvre qui ne sont nullement contaminées. […] S’il faut être juste, s’il le faut absolument, je ne reprocherai point à M. […] Juste ce que le vieux savant reprochait à sa servante.
Il a touché juste. […] Elle serait longue et tragique l’histoire de ces âmes fières et justes que la révolution jette en pâture à la vulgarité des partis. […] Deux justes ! […] Les âmes, les étoiles des princes justes et saints composent ensemble la figure de l’aigle impériale aux ailes éployées. […] Dans le ciel de Jupiter où Dante exalte les rois justes, il flagelle les mauvais princes.
Il ne s’agit plus tant de finasser et de ruser que de frapper juste. […] » Que voilà une réflexion juste ! […] Chaque mot porte juste et droit. […] Sois juste envers le moment. […] Elles sont justes.
Cette idée me paraît très juste et très philosophique : à quoi bon ennuyer d’abord un enfant de l’histoire de Pharamond, de Clovis, de Charlemagne, de César et d’Alexandre, et lui laisser ignorer celle de son temps, comme il arrive presque toujours, par le dégoût que les commencements lui inspirent ? […] Cette définition paraît d’autant plus juste, qu’elle s’applique à l’éloquence même du silence et à celle du geste. […] Cette comparaison, tirée de la musique, conduit à une autre idée qui ne paraît pas moins juste. […] La correction et la clarté sont encore plus étroitement nécessaires dans un discours fait pour être lu, que dans un discours prononcé ; car, dans ce dernier cas, une action vive, juste, animée, peut quelquefois aider à la clarté et sauver l’incorrection. […] Cette compagnie a imposé à tout nouvel académicien le devoir si noble et si juste de rendre à la mémoire de celui à qui il succède, les hommages qui lui sont dus : cet objet est un de ceux que le récipiendaire doit remplir dans son discours de réception.
Soyons justes pour l’un et l’autre. […] « Aimer Molière… », vous n’avez pas oublié la juste tirade de Sainte-Beuve. […] Leuwen s’occupait tout juste de ses affaires, et davantage de ses plaisirs. […] C’est le titre d’un des deux ouvrages de Ruskin, et il a dit le mot juste, que M. […] Jacques de Lacretelle est généralement juste et fin.
Qu’est-ce qu’il en est au juste ? […] non, je ne suis pas tout à fait juste. […] Dans quelle banalité et dans quelle convention glisserions-nous, dieux justes ! […] et l’auteur a l’air de trouver que c’est juste — et qu’au surplus c’était inévitable. — Juste ? […] Il faut être juste.
Loin de me plaindre de leurs colères, j’étais en droit de m’en féliciter : c’était preuve que j’avais frappé juste. […] car affirmer en lui l’identité du bien et du mal, de l’ordre et du désordre, du juste et de l’injuste, n’est-ce pas affirmer l’absurde ? […] Si tu es juste et bon, tu m’accueilleras dans ton sein et tu me guériras des maux que j’ai soufferts. […] Il est calme, doux et juste avec les justes. […] Si tu travailles contre la loi, certes tu gagnes peu et tu te caches : mais si tu voles le code à la main, juste comme il faut voler pour être marchand, huissier, courtier, oh !
Là est le point faible, tout juste à côté de l’endroit fort. […] Que La Fayette, en 87, à l’époque de l’Assemblée des notables, se trouvant chez le duc d’Harcourt, gouverneur du Dauphin, avec une société qui discutait quels livres d’histoire il fallait mettre dans les mains du jeune prince, ait dit : « Je crois qu’il ferait bien de commencer son histoire de France à l’année 1787 », le mot est juste et piquant dans la situation, et d’accord avec le vœu universel d’alors, dont c’était une rédaction vivement abrégée. […] Sans être Fouché, on peut remarquer, au point de vue politique et du succès, que, dans de telles circonstances, la démonstration de La Fayette, ainsi limitée, devait demeurer inefficace ; que proclamer le droit et attendre, l’arme au bras, une manifestation honnête, puis, s’il ne vient rien, se retirer, c’est compter sans doute plus qu’il ne faut sur la force morale des choses ; comme si, à part certains moments uniques et qui, une fois vus, ne se retrouvent pas, rien se faisait tout seul dans les nations ; comme s’il ne fallait pas, dans les crises, qu’un homme y mît la main, et fît et fît faire à tous même les choses justes et bonnes, et libres. […] On voit, dans ces récits de conversations, à quel degré La Fayette a le propos historique, le mot juste de la circonstance et comme la réplique à la scène. […] Mais, ne voulant pas approfondir, il serait peu juste d’insister.
Il a répété que ses idées étaient justes, nombreuses, variées, fines, élégantes, piquantes, intéressantes, instructives. […] ô juste récompense d’un tel effort ! […] Molière a conservé le ton de la comédie et la mesure de la scène379. » La critique du délicat professeur est fort juste, et je serais bien fâché de lui chercher noise auprès des amateurs de fines remarques littéraires. […] Cette petite remarque, que Molière était français, explique bien des choses dans son théâtre, et sert à réduire à leur juste valeur, c’est-à-dire au néant, des censures telles que celle-ci prononcée par William Schlegel : Molière moralise trop ; comme si notre littérature classique tout entière n’était pas une littérature de moralistes ! […] Comme Mégabate est fort juste, il est ennemi de la flatterie ; il ne peut louer ce qu’il ne croit point digne de louanges, et ne peut abaisser son âme à dire ce qu’il ne croit pas, aimant beaucoup mieux passer pour sévère auprès de ceux qui ne connaissent point la véritable vertu, que de s’exposer à passer pour flatteur.
Paul Bourget l’a considérée comme la dominante de leur tempérament, il n’a fait que mettre en lumière, d’une façon un peu trop exclusive, une observation juste, applicable à tous ceux qui ont vraiment écrit et pensé depuis plusieurs générations. […] Paul Bourget l’a donné comme le représentant d’une forme spéciale de la psychologie contemporaine ; et rien ne serait plus juste, si, en raison d’une thèse préconçue, le critique ne concluait peut-être trop hardiment à son pessimisme. […] Quand on lit un de leurs romans, on ne sait jamais au juste si l’on est en présence d’un ouvrage de plastique et de couleur, ou d’une peinture de mœurs ou d’une thèse sociale. […] Là encore, sans savoir, sans raisonner, sans étudier, ils voient juste et loin. […] Par malheur, il ne s’en tiendra pas à ces justes limites : nous ne sommes qu’à l’instant où il débute, et rapidement, par la suite, le progrès s’accélère.
— Lisez Pierre Loti, Madame, et vous verrez qu’il y a encore un juste milieu qui n’est point à dédaigner et où Mérimée a laissé des successeurs. […] Le mot est juste s’il désigne un cerveau nourri de chimères, encore plus juste s’il dépeint un être problématique, insaisissable à l’analyse. […] Bien d’autres morceaux intéressants figurent dans ce recueil, mais celui-ci suffira pour en donner une juste opinion. […] — J’ai la haine du mal et j’ai l’amour du juste, Muse ; et je suis armé mieux que le paladin. […] L’océan devant lui se prolongeait immense Comme l’espoir du juste aux portes du tombeau.
Les jugements y sont nets cependant et on n’y trouve guère que des indications justes. […] D’où qu’elle vienne, elle est juste, du moins si on l’applique à la vie entière. […] Mais l’idée est évidemment juste. […] Claretie, cette fois, est entièrement juste, aussi juste que sont fausses les conclusions qu’il en tire. […] Rien de plus juste.
Il n’est que juste de reconnaître que M. […] Tout juste sait-on que cette personnalité est double. […] Il n’est que juste de saluer en M. […] Daudet ne connaît pas la beauté d’un trait juste et sûr. […] Paul.Adam qui, par un juste retour, qualifie M.
La Revue suisse voit avec plaisir qu’elle avait frappé d’avance dans le même sens et qu’en tirant sur le temps, elle avait atteint juste aux mêmes endroits.
Autrement, en y allant d’un premier et d’un seul coup de baguette, si le mort n’obéit pas et ne se dresse pas à votre voix, si le nom par lequel on prétendait l’évoquer n’est pas le plus juste et le plus frappant, l’opération est manquée ; on voulait être un Christ, on n’est qu’un Simon le magicien ou un Apollonius de Tyane ; on frise le Cagliostro.
Théophile Gautier Auprès de Mistral, il est juste de placer Aubanel, auteur de la Grenade entr’ouverte , dont les vers ont la fraîcheur vermeille des rubis que laisse voir en se séparant la blonde écorce de ce fruit, éminemment méridional.
Comme il s'en faut que cet Auteur jouisse de toute sa célébrité, nous croyons devoir nous arrêter un peu plus sur son article, afin de donner une juste idée de ses talens, qui le mettent bien au dessus de la plupart des prétendus Beaux-Esprits, en vogue de nos jours.
Nous verrons, à l’appui de cette vérité, que plus le poète dans l’Épopée garde un juste milieu entre les choses divines et les choses humaines, plus il devient divertissant, pour parler comme Despréaux.
Sa puissance m’étonne, son immensité me confond, sa justice… Il a fait l’homme faible ; puisqu’il est juste, il est clément.
Tandis que Socrate honorait la mémoire des justes, le paganisme offrait à la vénération des peuples des brigands dont la force corporelle était la seule vertu, et qui s’étaient souillés de tous les crimes.
Mais bien-tôt elle s’appercevra de son égarement momentanée, ou, pour parler plus juste, de sa distraction.
La dernière allumée, juste au-dessus de cette femme qui priait, la surprit, lui fit brusquement lever la tête. […] L’Angleterre y trouve son profit, mais n’est-il pas juste qu’elle se paye de sa peine ? […] Dieu te récompensera selon tes œuvres. » « Tes hautes œuvres » eût été plus juste. […] Je m’arrête ; si justes qu’elles soient, ces représailles me semblent aussi des crimes. […] En résumé, un livre très intéressant et qui, juste au point rêvé par Horace, sait nous dire agréablement des choses utiles.
Il les a reconnues justes et fondées. […] Et qu’est-ce au juste qui d’un écrivain a passé chez un autre ? […] Le mot juste, frappant à force de justesse. […] Il trouve toujours le mot simple et le mot juste. […] Il a une juste notion des difficultés et des besoins de l’heure présente.
Nous retrouvons dans un article du Constitutionnel (30 novembre 1821) un extrait de cet Eloge de Vauvenargues et les principaux points que le jeune auteur y avait touchés ; Montaigne, La Rochefoucauld, La Bruyère, y ont chacun leur esquisse au passage, et ces appréciations des moralistes par une plume de vingt-trois ans nous semblent justes autant que délicates, et de cette netteté déjà dont l’heureux style de M. […] L’offense d’un esprit juste à voir un tel ramas d’incohérences, la douleur d’un jeune homme à voir un vieillard s’égarer si violemment, le ressentiment d’un homme nouveau qui prend sa part dans l’injure proférée par le patricien endurci, et le zèle du futur historien à venger des noms vénérés, le respect aussi des cheveux blancs qui, sans l’amortir, rehausse plutôt et aggrave la vigueur de la réplique, tous ces sentiments très-mesurés, très-apparents, respirent dans l’excellent article que le jeune publiciste, par une forme anticipée, convertit volontiers en une sorte de discours directement adressé à l’adversaire : « Non, s’écrie-t-il, non, nous n’avions pas, avant 89, tout ce que nous avons eu depuis ; car il eût été insensé de se soulever sans motif, et toute une nation ne devient pas folle en un instant. […] Rien n’était plus juste : des victimes aussi illustres, quoiqu’elles eussent compromis leur pays, méritaient des hommages ; mais il suffisait de jeter des fleurs sur leur tombe, il n’y fallait pas de sang. […] Thiers dans le numéro du 29 janvier, nous ne savons que le passé ; mais, puisqu’on cite toujours le passé, ne pourrait-on pas citer plus juste ? […] Il est juste de remarquer qu’à l’époque où M.
Il ne faut point douter que l’on en puisse acquérir lorsqu’un habile homme s’en mêle. » « Ceux qui ont le cœur droit ont le sens de même, pour peu qu’ils en aient ; et prenez garde que de certaines gens qui ont tant de plis et de replis dans le cœur n’ont jamais l’esprit juste : il y a toujours quelque faux jour qui leur donne de fausses vues. » « On ne saurait avoir le goût trop délicat pour remarquer les vrais et les faux agréments, et pour ne s’y pas tromper. […] qu’il avoit l’esprit juste ! qu’il pensoit juste ! qu’il parloit et qu’il écrivoit juste ! jusqu’à dire qu’il rioit si juste et si à propos, qu’à le voir rire elle devinoit ce qu’on avoit dit.
— Oui, diront quelques individus malheureux, nous nous soumettons à la balance des biens et des maux, que le cours ordinaire des événements amène ; mais quand nous sommes traités en ennemis par le sort, il est juste d’échapper à ses coups. — D’abord le régulateur, qui détermine le résultat de cette balance, est tout entier en nous-mêmes : le même genre de vie, qui réduit l’un au désespoir, comblerait de joie l’homme placé dans une Sphère d’espérances moins élevée. […] Le déshonneur mérité est donc pour l’homme religieux une juste punition à laquelle il ne se croit pas le droit de se soustraire : car quoique parmi les actions humaines il y en ait un grand nombre de plus perverses que le Suicide, il n’en est pas qui semble nous dérober aussi formellement à la protection de Dieu. […] Tantale est une assez juste image de l’âme dans cet état. […] Et tandis que le juste tremble souvent au lit de la mort ; elle se croit assurée de la destinée des bienheureux. […] en me tuant qu’apprendrai-je aux hommes, si ce n’est la juste horreur qu’inspire un supplice violent et le sentiment d’orgueil qui porte à s’en délivrer ?
J’ai toujours eu envie de mettre pour épigraphe symbolique à ce petit livre la phrase de Quincey : « Ô juste, subtil et puissant opium, tu possèdes les clefs du paradis ». […] Imaginez et ce sera très juste en dépit de la chronologie qu’il épousa l’âme d’Eugénie de Guérin. […] Tandis que Taine se travaille à voir en eux les produits du moment, du milieu et de la race ; il nous les montre surtout comme des producteurs d’une certaine espèce de beauté où nous ne saurons jamais au juste ce qui revient à la race, au milieu et au moment. […] Son premier roman, le Scorpion, est remarquable par de très justes descriptions de la vie d’un grand collège ecclésiastique et des formes particulières que peut prendre l’incontinence chez un jeune clerc. […] Les amours de la femme de quarante ans, dans l’Automne d’une femme, s’encadrent entre deux confessions de deux entretiens de la pécheresse avec son directeur, où le ton est singulièrement juste, la casuistique pénétrante, l’orthodoxie irréprochable.
En ce qui les concerne, le champ des observations est assez ample, en effet, soit qu’on s’amuse à relever les licences de leur plume à l’encontre de la logique, du bon sens et de la grammaire ; soit qu’on estime juste de dévoiler les subterfuges de signatures illusoires et de collaboration multiple au moyen desquels ils enflent démesurément leurs volumes et leurs droits d’auteurs ; soit qu’au nom d’un certain principe d’hygiène morale et d’assainissement littéraire, on proteste contre les abus d’une production sans vergogne et sans règle. […] C’est à ce moment précis qu’il estime utile autant que juste de faire parler ex professo l’officier ministériel de rigueur. […] Son but ne doit-il pas être de communiquer au public ce qu’il croit juste, bon, vrai, comme de lui inculquer les nouvelles découvertes de la science, de la philosophie, ou tout simplement de l’hygiène ? […] III. — Le feuilletoniste, lui, a des centaines de mille, parfois des millions de lecteurs ; et, s’il se fait aimer d’eux, il peut leur exposer toutes les idées qu’il croira justes, même si elles doivent étonner, choquer même son public. […] Et faut-il blâmer Dumas d’avoir amusé tant de générations et d’avoir donné quelques idées — pas toujours bien justes, je veux bien — de l’Histoire de France à des gens qui n’auraient jamais ouvert un livre d’histoire ?
Mesurez-les, tant que vous voudrez, de la coiffure à la chaussure, et vous verrez combien de différences : c’est bien le même amour du luxe, de la toilette et de l’ornement ; c’est bien la même mignardise et la même affectation, et le même caprice, tout proche de la beauté dont il est la juste contrefaçon ; oui, c’est bien, au premier abord, la même coquette, et perfide et galante, le même piège et ses dangers, — et pourtant d’un siècle à l’autre. il nous est impossible de reconnaître et de retrouver les modèles de ces portraits. […] On n’a entendu parler, de nos jours, en fait de passions du cœur, que de la plus triste sorte d’adultères inconnus à nos pères, et dont ils n’ont pas l’air même de se douter ; adultères plus réglés que les mariages, plus réguliers que les justes noces. […] Oui, ses envieux, ses jaloux, et ce troupeau de Béotiens qui se fatiguent d’entendre appeler Aristide : le juste ! […] Il faut avoir partagé l’émotion de cette soirée, dramatique, s’il en fut, pour arriver à un juste idée de ce que peut être une réunion d’honnêtes gens qui aiment sincèrement les beaux-arts. […] Rien ne trouble pourtant votre repos robuste, Laboureurs endormis dans le sommeil du juste !
C’était naturel, mais était-ce juste ? […] Je suis donc très libre aujourd’hui de parler de son talent poétique dans la mesure juste de mon estime et de mon admiration, sans ajouter et sans retrancher un gramme au poids vrai de ses œuvres dans la balance de l’avenir. […] Béranger a trop d’esprit pour avoir tant d’enthousiasme ; il possède son enthousiasme, il n’en est pas possédé ; il le conduit avec un fil imperceptible, mais sûr, partout où il veut passer, comme le conducteur des chars, aux jeux Olympiques, conduit au mouvement du doigt ses coursiers qui ne s’emportent jamais dans la carrière : « Rasant la borne, et ne la touchant pas. » Il n’y brise jamais son essieu, il n’y fait même ni bruit ni poussière ; il arrive sans qu’on s’aperçoive qu’il est arrivé juste, et court au but qu’il s’est proposé. […] Ces classes sont la base immense, solide, respectable de la nation, mais elles n’en sont pas la tête ; c’est là qu’on multiplie, c’est là qu’on travaille, c’est là qu’on éprouve le patriotisme du sol plus vivement, parce qu’on y est plus près de terre ; c’est là qu’on répand son âme et son sang pour la patrie ; c’est là qu’on sent juste et fort, parce que c’est là qu’est le cœur de ce grand être collectif qu’on appelle un peuple : mais ce n’est pas là qu’on pense, qu’on lit, qu’on épure le goût, qu’on crible les langues, qu’on médite les livres universels, qu’on chante les poèmes immortels, qui sont les monuments intellectuels de la nationalité ou de l’esprit humain. […] Je me suis mesuré, et je me suis bâti une destinée juste à la proportion de mon ombre au soleil. » XXXI Quant aux années qui suivirent le désastre de son père, la mort de son grand-père, la dispersion et l’indigence de cette famille, il ne m’en dit jamais rien.
Cette censure est juste à plusieurs égards, mais trop sévere à beaucoup d’autres. […] Son travail porte par-tout l’empreinte du génie sublime, de l’esprit juste, & du goût délicat ; & si quelques parties de ce poëme ne frappent pas autant que les autres, c’est qu’il est impossible, & qu’il ne convient pas même dans un long ouvrage que tout soit également beau. […] On a donné les plus justes éloges à sa traduction des Satyres de Juvenal, Paris 1770. […] nous donne lui-même de sa version, & nous la reconnoissons juste en général, dit M. de Querlon, sans adopter, quant au détail, beaucoup d’interprétations dans lesquelles il nous paroît n’avoir pas saisi le sens de Lucain. […] Quoi qu’il en soit, il y a peu de Poëtes latins modernes, qui puissent être comparés à celui-ci, soit pour le fond qui est extrêmement intéressant, soit pour la juste distribution des parties, soit pour l’ingénieux emploi de la fable, soit pour la variété des épisodes, soit pour la beauté de la versification.
Je ne crains point qu’à cette censure malheureusement trop juste de l’éducation publique que reçoivent les grands, on oppose les éloges que d’illustres personnages lui ont donnés ; je répondrais ou qu’ils parlaient seulement de ce qu’elle pourrait être, ou que s’ils parlaient de ce qu’elle était de leur temps, elle n’est plus reconnaissable ; et j’oserais dire à ces sages : venez et voyez. […] Quoique redevable de ses talents à ses compatriotes, il l’est encore plus à lui-même de son bonheur, et il doit alors dire comme Milon : Si je n’ai pu jouir des bienfaits de ma patrie, j’éviterai du moins les maux qu’on me veut faire, et j’irai chercher le repos dans un État libre et juste. […] L’homme de lettres digne de ce nom dédaigne également et de se plaindre des uns et de répondre aux autres ; mais quelque peu sensible qu’il doive être aux injures prises en elles-mêmes, il ne doit pas fermer les yeux sur l’appui qu’on leur prête, ne fût-ce que pour se former une idée juste de ceux qui daignent les favoriser. […] Le respect qu’ils vous témoignent est d’autant plus sincère, que l’attachement en est le principe, et d’autant plus juste que vous ne pensez pas à l’exiger. […] De toutes les vérités contenues dans cet ouvrage, la plus précieuse pour moi est l’expression d’un sentiment si noble et si juste.
il a manqué, comme tous ses contemporains, d’aperçu lointain et supérieur, et il s’expose très simplement à ce reproche qu’on peut lui faire ; mais, du moins, il n’a pas manqué des vifs éclairs d’un magnifique bon sens, et au premier symptôme, au premier flair, avec ce bond de lion des esprits véritablement politiques, qui tombe juste sur les réalités et les saisit, ce qu’il n’a pas vu à l’avance, il l’a, à l’instant même, compris. […] L’historien des Classes nobles eut ses jours de thèse et de systèmes, et ces jours-là furent brillants ; mais, quels qu’eussent été le mouvement et la fécondité d’un esprit qu’il voulait, comme de très grandes intelligences l’ont voulu, trouver les moules de ses idées dans l’histoire, ce n’est pas cependant par cette manière de la comprendre et de l’écrire qu’il fût arrivé à l’emploi juste et vrai de ses facultés. […] Il cédait à l’empire d’une idée acquise tout à la fois juste et puissante. […] Ces exagérations, on pouvait les expliquer, en Cassagnac, par son tempérament littéraire, par ce romantisme qu’il adora et qui fut un instant son maître, et par le journalisme surtout, le journalisme qui sait frapper plus fort que juste, et dont toute la justesse n’est peut-être que de frapper fort. […] Vérité, sévérité juste, raillerie grave, fierté, mélancolie, tout y est !
De proche en proche, on se transporterait à une société close originelle, dont le plan général adhérait au dessin de notre espèce comme la fourmilière à la fourmi, avec cette différence toutefois que dans le second cas c’est le détail de l’organisation sociale qui est donné par avance, tandis que dans l’autre il y a seulement les grandes lignes, quelques directions, juste assez de préfiguration naturelle pour assurer tout de suite aux individus un milieu social approprié. […] Supposons qu’elles aient tout juste de quoi se nourrir. […] C’est pourquoi l’image d’un mouvement en spirale, qu’on a évoquée quelquefois, serait plus juste que celle de l’oscillation pendulaire. […] Il arrive pourtant que l’expression soit rigoureusement juste, et que ce soit bien entre des contraires qu’il y ait eu oscillation. […] Encore une fois : il est difficile de ne pas se demander si la tendance simple n’eût pas mieux fait de croître sans se dédoubler, maintenue dans la juste mesure par la coïncidence même de la force d’impulsion avec un pouvoir d’arrêt, qui ne serait alors que virtuellement une force d’impulsion différente.
Il ne s’est jamais rappelé au juste comment il avait fait pour se procurer un Ronsard, mais il se le procura. […] Elle sait, quand on la demande, Répondre juste à tous propos. […] Henri Laujol, mon ami, mais un ami juste, s’exprime ainsi : « Ce n’est certes pas une des pages les meilleures qu’ait écrites M. […] Je ne sais pas de plus grande joie que celle d’être approuvé par un esprit juste et ferme. […] Juste assez de livres pour être une librairie, et juste assez de place pour la visite quotidienne des poètes.
La juste idée d’une communauté générale de but et de principe entre les arts comporte celle de la diversité de leurs moyens. […] Cette idée est juste, et méritait d’être poursuivie plus profondément dans ses analogies. […] Pour posséder un sentiment juste et complet des destinées sociales, il faut d’abord avoir compris les époques finies ; pour bien les comprendre, il faut les avoir aimées. […] Dans cette question de l’antiquité païenne, il est juste de réserver les droits de la Grèce à part du monde romain. […] Par une distinction aussi juste que profonde, on a séparé le beau du sublime.
Puissent du moins ces essais, dont on n’ignore pas la faiblesse, communiquer un pressentiment d’une méthode que l’on croit juste. […] René Boylesve illustrent à merveille ces justes propositions, et Madeleine, jeune femme, plus qu’aucun autre. […] À minuit juste. […] Je vous ai déjà dit qu’il est un causeur charmant, et c’est tout juste si on peut lui reprocher de causer trop souvent du charme de la causerie. […] Je sais plusieurs chroniques de lui qui, en même temps que fort jolies, — elles le sont toutes — me semblent merveilleusement justes.
L’indifférence dont il se plaint n’est-elle pas un juste châtiment infligé au dédain qu’autrefois il a témoigné aux douleurs d’autrui ? […] Pour être juste envers M. […] Oui, sans doute ; mais il est juste de proclamer que M. […] Il a souffert et il trouve juste et naturel de se venger de la douleur qu’il a subie par la douleur qu’il inflige. […] Pour être juste envers M.
Il y a plusieurs distinctions à faire pour les réduire à leur juste prix. […] Qu’on nous marque donc au juste, combien il faut de siecles pour oster aux hommes la liberté de juger d’un ouvrage d’esprit. […] Nous n’avons que le secours de quelques grammairiens que l’on ne croit pas moins, quand ils se trompent, que quand ils parlent juste. […] L’un des disputans peut avoir saisi ce juste milieu, tandis que l’autre demeure seul dans l’excès. […] Il est indispensable en tout temps et en tout pays de raisonner juste et consequemment de son dessein.
Il avait un fils unique : comme de juste, il voulut que ce fils montât plus haut que lui et haussât la famille encore d’un degré. […] Brunetière me paraît avoir touché bien plus juste, quand il a signalé les inconvénients qu’il y a pour la littérature à recevoir la loi des gens du monde et des femmes. […] Mais, tel que nous l’avons, il me paraît qu’il y a là beaucoup de bourre, sans autre objet que de gonfler le récit en un juste volume. […] Molière, en quelques scènes éparses dans son œuvre, avait marqué d’un trait juste et fort le progrès, la lutte, et l’accord des sentiments dans de jeunes cœurs. […] Mais on ne fait pas au sentiment moral sa part ; où il entre, il règne : c’est une juste remarque de Schiller.
Il est impossible, en effet, qu’il y ait eu depuis plus de vingt-cinq ans une sorte de concours ouvert pour apprécier ces admirables tableaux d’histoire et leur auteur, sans que toutes les idées justes, toutes les louanges méritées et les réserves nécessaires se soient produites : il ne peut être question ici que de rappeler et de fixer avec netteté quelques-uns des points principaux acquis désormais et incontestables. […] Rien de plus juste que le coup d’œil de M. de Luxembourg, rien de plus brillant, de plus avisé, de plus prévoyant que lui devant les ennemis, ou un jour de bataille, avec une audace, une flatterie (?) […] Saint-Simon a parlé en bien des endroits de sa femme, et toujours avec un sentiment touchant de respect et d’affection, l’opposant à tant d’autres femmes ou inutiles ou ambitieuses quand elles sont capables, et la louant en termes charmants de « la perfection d’un sens exquis et juste en tout, mais doux et tranquille, et qui, loin de faire apercevoir ce qu’il vaut, semble toujours l’ignorer soi-même, avec une uniformité de toute la vie de modestie, d’agrément et de vertu ». […] Pour être un politique, indépendamment des vues et des idées justes qui sont nécessaires, mais qu’il ne faut avoir encore qu’à propos et modérément, sans une fertilité trop confuse, il ne convient pas de porter avec soi de ces humeurs brusques qui gâtent tout, et de ces antipathies des hommes qui créent à chaque pas des incompatibilités.
Valjean les emporte ; vous croyez qu’il est corrigé par tant de vertu de l’homme juste ? […] Par moments il ne savait pas même bien au juste ce qu’il éprouvait. […] Il avait pour mobile l’indignation habituelle, l’amertume de l’âme, le profond sentiment des iniquités subies, la réaction, même contre les bons, les innocents et les justes, s’il y en a. […] XVIII Lisez, lisez toutes ces pages, et surtout celles de son voyage pour arriver à temps : chemin de croix des justes !
Mais, gagnant Bossuet de vitesse, il écrivit secrètement une Explication des maximes des Saints, qui rétablissait la doctrine abandonnée par lui : le livre parut un mois juste avant celui de Bossuet (1697). […] Il y a un élément personnel et lyrique encore dans ces admirables discours, envers qui l’on n’est pas juste, faute de les regarder d’assez près. […] Il n’est pas impartial, puisqu’il est catholique : il le dit lui-même dans sa préface. .Mais il promet d’être sincère et juste, point injurieux, charitable aux personnes ; et il l’a été, si l’on compare le ton de son ouvrage aux habitudes de la polémique religieuse depuis cent cinquante ans, ou simplement aux ripostes de son adversaire Jurieu. […] L’éloquence de Bourdaloue était juste à sa mesure.
« Il est bon et salutaire de n’avoir aucune espérance… Un désespoir paisible, sans convulsion de colère et sans reproche au ciel, est la sagesse même. » Le juste opposera le dédain à l’absence Et ne répondra plus que par un froid silence Au silence éternel de la divinité764. […] Ce titre est expressif et très juste. […] Et enfin sa finesse de sens esthétique lui a de bonne heure révélé ie juste prix de la couleur locale des romantiques : il a vu ce qu’il y avait de toc et de bric-à-brac dans leur moyen âge. […] Il a dénoncé avec une verve puissante, une rare largeur d’inspiration, l’égoïsme des vainqueurs de 1830, l’imprudence des pontifes du culte de Napoléon : c’était si rudement frappé et si juste, que tout ce qu’il fit depuis parut terne.
Cette sagesse et cette équité paraissent dans une pièce dont presque toutes les observations sont justes, quoiqu’elles n’y soient pas toutes également nécessaires, et que la condescendance pour Richelieu y ait rendu l’éloge trop timide. […] Je n’aime pas moins les décisions que prit successivement l’Académie, pour que le sentiment commun prévalût toujours sur le sentiment particulier, et ne l’opprimât point, et j’admire la juste mesure qu’elle sut garder entre les droits de l’esprit français et ceux de l’écrivain. […] Tout en est juste, clair, proportionné, et tous les jours, que dis-je ? […] L’imagination n’y est le plus souvent qu’une mémoire heureuse, qui lui fournit à point pour chaque pensée le mot le plus juste.
Ils contrefont le raisonnement vrai tout juste assez pour tromper un esprit qui s’endort. […] Mais il ne suit pas de là que le rire frappe toujours juste, ni qu’il s’inspire d’une pensée de bienveillance ou même d’équité. Pour frapper toujours juste, il faudrait qu’il procédât d’un acte de réflexion. […] En ce sens, le rire ne peut pas être absolument juste.
Ces hommes qui se provoquent et s’accusent, qui s’étreignent au pied de l’échafaud, n’ont rien des héros de Plutarque ; ils ne conservent, dans leur éloquence passionnée ou dans leur action furieuse, que tout juste ce qu’il faut de conscience et de volonté pour rester responsables devant la postérité. […] La vraie grandeur des personnages historiques n’est ni dans l’égoïsme qui fait les tyrans, ni dans l’entraînement qui fait les tribuns : elle est dans la force de la pensée, dans l’énergie du caractère, mises au service des idées justes, des sentiments généreux, des intérêts légitimes des sociétés que représentent ces individus. […] « J’ai absous la victoire, a dit Victor Cousin, comme nécessaire et utile ; j’entreprends maintenant de l’absoudre comme juste dans le sens le plus étroit du mot ; j’entreprends de démontrer la moralité du succès… Il faut prouver que le vainqueur non-seulement sert la civilisation, mais qu’il est meilleur, plus moral, et que c’est pour cela qu’il est vainqueur. » Hegel avait poussé l’impartialité philosophique de son système jusqu’à expliquer, devant les compatriotes de Fichte et de Blücher, comment les victoires de Napoléon avaient servi la cause de la civilisation moderne en propageant à la suite de ses armées les idées de la révolution française. […] Tout y commence par les plus nobles sentiments, les plus saines idées, les plus justes espérances, les plus sages résolutions ; puis les obstacles se multiplient, les dangers de la patrie deviennent de plus en plus menaçants, les passions s’exaltent, la foi naïve se change en une sombre défiance, l’enthousiasme tourne à la fureur ; bref, la révolution en arrive à une de ces crises suprêmes qui commandent les mesures violentes de salut public à des chefs n’ayant plus la conscience nette ni l’entière liberté d’action.
Son ami Juste Olivier songeait à le faire nommer professeur à l’Académie de Lausanne, et Sainte-Beuve ne demandait pas mieux que d’y faire un cours sur le sujet qui, dans ce temps-là, le passionnait. […] Veuillez en agréer non l’expression, mais du moins l’assurance, avec mes sincères et justes remerciements30. […] (Il faut croire que décidément Sainte-Beuve ne savait jamais au juste ni le jour, ni le mois, ni l’année.) […] Il rogne la médaille pour la ramener au juste poids. […] Tout le monde aura reconnu quelle juste importance, sous le point de vue moral, il attribue à la scène grave et attendrissante du Guichet.
Une lettre de Mme de Maintenon à Mme de Fontaines, maîtresse générale des classes, du 20 septembre 1691, expose cet état périlleux et cette crise ; elle sent d’ailleurs et convient avec sincérité que c’est elle-même qui a introduit le mal, et elle prend tout sur son compte : La peine que j’ai sur les filles de Saint-Cyr ne se peut réparer que par le temps et par un changement entier de l’éducation que, nous leur avons donnée jusqu’à celle heure ; il est bien juste que j’en souffre, puisque j’y ai contribué plus que personne, et je serai bien heureuse si Dieu ne m’en punit pas plus sévèrement. […] c’est précisément ce don des larmes que, même toute part faite au grave caractère d’institutrice, on regrette de ne jamais sentir, de près ni de loin, dans le cœur ni sous la raison de Mme de Maintenon ; et au milieu de tous les éloges et de tous les respects que mérite son noble, son juste, délicat et courageux bon sens, c’est aussi la seule réserve et la seule restriction que j’aie voulu faire.
Maxime du Camp (il est juste de s’en souvenir en jugeant le poète) est avant tout un voyageur, un voyageur consciencieux, infatigable, qui voit tout des lieux lointains qu’il visite, et qui de cette Haute Égypte, de cette Nubie presque inaccessible, rapporte non seulement des images brillantes, propres à orner des pages de récits, mais les empreintes positives des lieux et des monuments obtenues à l’aide des procédés modernes courageusement appliqués sous le soleil. […] Toute la diatribe contre l’Académie est de ce ton-là : « Aussi nous l’avouons sans pâlir, dit l’auteur en parlant de quelques académiciens qu’il désigne sans les nommer, nous les haïssons de toute la force de notre amour pour les lettres et de notre respect pour les grandeurs de l’esprit humain. » Non, tout cela n’est pas juste, et M. du Camp, qui, malgré ses violences de parole, a de la générosité dans le talent et dans le cœur, ne saurait nourrir de ces haines contre des gens qu’il ne connaît pas.
Quel portrait juste, vrai, bien proportionné, il en eût tracé ! […] Il écrit au chancelier pour solliciter la grâce d’un pauvre berger qui a été homicide par malheur dans le cas d’une juste défense.
Mais il n’est que juste, au moment où son dix-septième volume paraît, de le saluer au moins d’un hommage, pour le sentiment patriotique profond dont ces pages sont tout entières animées. […] Thiers, qu’une dernière bataille livrée et gagnée jusque dans Paris, une victoire qui eût rétabli d’un seul coup la France dans sa juste grandeur, n’eût pas été trop payée, même au prix des splendeurs du Paris d’alors ; tous ceux qui, l’année suivante, avaient saigné et pleuré de douleur à la nouvelle de Waterloo, ceux-là étaient tous pour qu’on fortifiât.
Cet homme si hardi, si remuant, qui peut-être avait raison et voyait juste dans le cas présent, convertit Joubert à ses vues dès les premiers entretiens. […] Le mot de dépit, d’ailleurs, n’est pas très juste : quand on a mesuré, comme tous le peuvent faire aujourd’hui, la belle carrière fournie par le maréchal Suchet, on conçoit le prix que mettait Joubert à conserver un tel chef d’état-major, et combien il fut blessé de se voir retirer un homme de ce mérite et de son étroite confiance, duquel le Directoire le disait engoué et qu’on traitait comme suspect.
Ainsi le symbole n’est point parfaitement juste. […] Il y est même fait des allusions contre l’École normale et ce qui en sort, mais assez gauches et assez obscures ; il est juste que M. de Laprade, quand il essaye de manier l’ironie, n’y réussisse pas.
La meilleure manière d’arriver à être juste pour M. […] C’était juste le contraire de Paris, où l’on est percé à jour en tous sens et à chaque heure par l’idée du voisin ou du passant.
Veuillot estpartial et injuste ; il est juste comme peintre, il ne peuts’empêcher de faire ressemblant. […] Je voulais seulement, sur ce terrain littéraire qui est neutre, dans ce champ d’asile largement ouvert à tous, amener les uns et les autres à être plus justes qu’on ne l’est sous le feu de la polémique ; c’est le moyen, s’il y en a un, d’humaniser et de désenvenimer la polémique elle-même.
Il est juste d’attribuer ce qui lui est dû dans cette initiative à un homme modeste, M. […] je me plais à vous nommer, vous qui me représentez toute cette classe d’esprits excellents, prudents et solides, comme il en est quelques-uns encore, qui aiment en toute chose qu’on avance avec lenteur et qu’on ne détruise point inutilement ; vous à qui l’on doit la dernière édition charmante de la Sévigné antérieure et intermédiaire39 ; vous ne serez dérangé qu’à peine par celle-ci, dont vous ne vouliez pas, à la fois nouvelle et plus ancienne ; vous ne le serez que juste autant qu’il faut pour mieux goûter ensuite votre objet.
Mais Jésus a refusé cette dernière requête elle-même : quand le fils souffre d’une telle mort, il convient qu’une mère douce et tendre le ressente ; il est juste que le glaive de douleur la transperce. […] Les spectateurs d’alors se contentaient à moins. » Quand des érudits des plus compétents parlent avec cette modestie et cette bonne foi de l’objet de leurs études, on se sent d’autant plus porté à leur accorder ce qui est juste, et on est tout prêt à placer avec eux leur vieux Mystère à son rang dans la série des anneaux intermédiaires qui permettent de mesurer les lents efforts, en tout genre, de l’esprit humain.
Dire comme un de nos jeunes et spirituels critiques très au fait de l’Antiquité84 que Térence n’a que du talent tandis que Ménandre avait du génie, c’est sans doute marquer les degrés probables et faire la part de l’invention ; mais n’est-il pas juste aussi de considérer que, dans ce naufrage de l’Antiquité (j’y reviens toujours), une équité indulgente doit tenir compte à ceux qui ont survécu de ce qui a disparu à côté d’eux, derrière eux ? […] » — « C’est juste », répond Sosie, espèce de Sancho naïf qu’on voit d’ici, le bonnet à la main, toujours prêt à approuver, à abonder dans la pensée du maître.
Parmi les poëtes les plus en vue d’alors, il est juste de noter ses affinités d’abord décelées pour l’élégante et chaste manière de la muse d’Éloa. […] Une part plus juste se fit bientôt avec le temps.
Racine, un peu plus que Corneille sans doute, dut pénétrer dans ses arrière-pensées ; il est permis pourtant de croire que ce que nous savons aujourd’hui assez au net par les révélations posthumes était beaucoup plus recouvert dans le moment même, et qu’en acceptant le sujet d’une si belle main, le poëte ne sut pas au juste combien l’intention tenait au cœur. […] Je ne sais à quel ton au juste appartiennent, dans l’ordre des genres, tant de vers faciles, tendres, naturels et amoureux, mais qui sont le soupir et la plainte de tous les cœurs bien touchés : Voyez-moi plus souvent, et ne me donnez rien !
Je ne suis nullement curieux de savoir combien il y a au juste de génitifs locatifs dans Virgile. […] Elle aura plus tard des accents plus souples, plus nuancés, plus délicats ; elle n’en aura jamais de plus pleins et de plus justes, ni qui se fassent entendre de plus loin… Ainsi ce prêtre austère de l’érudition a le cœur le plus sensible du monde.
Au juste, le talent est la possession d’un métier ou d’un art, la qualité de l’ouvrier après apprentissage. […] Si les reproches usuels tombent à faux, il est juste d’avouer qu’une intelligence moyenne, cultivée passablement, trouvait plus vite sa nourriture dans Bouilhet, ou dans Feydeau.
Sa pensée centrale est noble, belle et puissante : il me paraît juste de la délivrer de ce qui lui est contraire ou étranger. […] Il faut être juste : les puérilités prétentieuses de Bourget caressent les prétentions du lecteur et ne dérangent la quiétude d’aucune sottise.
Une personne d’un esprit aussi délicat que juste, et qui l’a bien connue, disait de Mme Récamier : « Elle a dans le caractère ce que Shakespeare appelle milk of human kindness (le lait de la bonté humaine), une douceur tendre et compatissante. […] En causant, elle avait aussi le tour net et juste, l’expression à point.
En somme, ce n’est point à ces illustres devanciers qu’il faut demander d’être tout à fait justes et attentifs quand on est soi-même de leur race ; ils sont trop pleins d’eux-mêmes. […] Tout le monde n’a pas le bonheur de rencontrer des obstacles qui vous retardent et vous contiennent jusqu’au moment juste où l’on peut montrer le fruit déjà et encore la fleur.
Parmi les écrits qui peuvent donner une juste idée de la reine Marie-Antoinette et de son caractère aux années de sa prospérité et de sa jeunesse, je n’en sais pas qui porte mieux la conviction dans l’esprit du lecteur que la simple Notice du comte de La Marck, insérée par M. de Bacourt dans l’Introduction de l’ouvrage récemment publié sur Mirabeau. […] Son esprit, assez juste et prompt, « saisissait et comprenait rapidement les choses dont on lui parlait », mais n’avait ni une grande étendue ni une grande portée, rien en un mot de ce qui répare le défaut d’éducation ou de ce qui supplée à l’expérience.
Psychologie des titres Si l’on a pu dire avec juste raison que « Notre nom, c’est nous-mêmes », on devra reconnaître aussi que le titre d’un livre, c’est déjà presque ce livre même. […] À part quelques noms frappés justes, expressifs, caractéristiques de tout le personnage, rien n’est plus fastidieux que ces combinaisons de syllabes, faites le plus souvent au hasard.
La grande question qui s’agite roule sur le fait et sur le droit, sur le juste et sur l’utile ; elle roule enfin sur l’origine du pouvoir. […] Mais, comme il est utile d’avouer les fautes de tous, ne craignons pas de le dire : l’erreur que nous signalons eut peut-être quelques justes fondements dans les étroites prétentions d’hommes peu habiles à interpréter les sentiments d’un peuple.
Celle-là lui servira dans ses plaidoiries ; elle lui fournira la théorie du juste et de l’injuste ; elle élèvera son accent, elle ajoutera de l’autorité à sa parole, elle soutiendra son éloquence, elle lui conciliera son auditoire, elle le munira de phrases sublimes. […] Cette morale qui vient de produire toute notre philosophie, nous allons la fonder sur la distinction populaire du juste et de l’injuste.
Cet homme qui s’est donné l’air d’un méphistophélès américain eut le courage de compromettre sa vie pour la réalisation de plans qu’il jugeait peut-être insensés, mais nobles et justes : une telle page dans la vie d’un écrivain rayonne plus haut et plus loin que de rutilantes écritures. […] D’un mot il définit tel génie : « Les contes que l’on connaît, petits travaux de fleurs et plumes. » ― En somme, juste assez d’écritures pour qu’on regrette ce qui est resté dans les limbes du possible ; mais si M. […] nous sommes la terre ; nous ne pouvons appartenir au Chevalier du Cygne. » N’est-ce pas d’une bonne psychologie et la juste transposition par de petites phrases très simples, très nettes, de la secrète pensée des femmes qui est d’asservir l’homme tout en le servant ? […] Parallèlement à ses poèmes, Mikhaël avait écrit des contes en prose ; il tiennent dans le petit volume des Œuvres, juste autant, juste aussi peu de place que les vers. […] C’était un lecteur assidu de Spinoza, qui lui avait enseigné, selon la juste expression de M.
Nous rentrons juste pour la table d’hôte. […] … Le baron…, celui du bal, est le plus grand fonctionnaire du pays, gouverneur ou autre chose, je ne sais au juste. […] monsieur, c’est parfaitement juste, même pour moi. […] Soyez juste. […] Trouvez juste, par hasard, une réclamation à la Ruggieri de M.
Et nous trouvons presque un plus grand plaisir à entendre exprimer d’une manière si juste des sentiments qui ne sont pas les nôtres, qu’à entendre même les nôtres, quelquefois, contrefaits par des expressions où l’on ne sent point le naturel, et qui les faussent en les exagérant ou en les simulant. A plus forte raison est-ce une joie vive pour le lecteur lorsqu’avec le style le plus naturel l’écrivain exprime les pensées les plus justes et les sentiments les plus vrais. […] Tout ce qui a été dit par Zoïle, s’il en faut croire les scoliastes, sur la visite de Priam à Achille au xxive chant de l’Iliade, est fort juste selon le sens commun terre-à-terre22. […] C’est juste au milieu de la tragi-comédie que se trouve le pivot sur lequel elle tourne ; ce qu’on nomme la péripétie. […] Puisque je lui apporte la tête de Rodrigue, il est juste, par la convention proclamée, que Chimène soit ma femme.
C’est juste. […] Il est juste que la discrétion et la bonne foi de M. […] », c’est prophétiser juste. […] Paul Adam sont tombées, sur quelques points, plus juste qu’il ne paraît. […] Vodoz, à propos de Roland, sur la psychologie du symbole, est fort juste.
Il existe, je crois, un point juste entre ces deux opinions.
Colletet lui-même l’a apprécié à sa juste valeur, en disant dans une Epître à Ménage : J’aime mieux, sans comparaison, Ménage, tirer à la rame, Que d’aller chercher la Raison Dans les replis d’un Anagramme.
Seroit-il permis d’ajouter, que peu de Littérateurs ont eu le coup-d’œil plus juste pour découvrir les défauts d’un Livre, le tact plus fin pour en sentir les négligences & les beautés, qu’il a été long-temps le seul des Journalistes qui relevoit les fautes de langage aujourd’hui si communes, & qui, en matiere de style, ait su plus finement distinguer le simple du bas, le naturel du recherché, le sublime de l’enflure, le vrai du faux ?
Tout ce qui dépasse cette juste mesure risque de troubler et de rebuter le lecteur.
Mais est-il juste de donner la place suprême à un art semblable, surtout lorsqu’il est représenté dans une exposition par le portrait de Sarasate, et de faire fi d’autres recherches ?
Pour éviter la froideur qui résulte de l’éternelle et toujours semblable félicité des justes, on pourrait essayer d’établir dans le ciel une espérance, une attente quelconque de plus de bonheur, ou d’une époque inconnue dans la révolution des êtres ; on pourrait rappeler davantage les choses humaines, soit en tirant des comparaisons, soit en donnant des affections et même des passions aux élus : l’Écriture nous parle des espérances et des saintes tristesses du ciel.
Tout prend sa juste mesure.
Il ne s’avise point de chicaner, il ne dit point : cet œil est trop petit, trop grand ; ce muscle est exagéré, ces formes ne sont pas justes ; cette paupière est trop saillante, ces os orbiculaires sont trop élevés : il fait abstraction de ce que la connaissance du beau a introduit dans la copie.
Le malheur des scelerats sont peu propres à nous toucher ; ils sont un juste supplice dont l’imitation ne sçauroit exciter en nous ni terreur, ni compassion veritable.
C’est devant de tels hommes, méconnus longtemps par l’opinion, qu’une critique juste doit marcher pour leur faire place et ranger l’estime ou l’admiration autour d’eux.
Quoique cette polémique soit animée de l’esprit de charité de son auteur, elle doit nuire cependant à l’effet d’un livre qui, s’il fût resté à cette hauteur de généralité et d’enseignement d’où tombent plus largement et avec plus de poids dans les esprits les idées justes et les connaissances approfondies, eût dissipé beaucoup d’erreurs courantes dans un milieu où les grands publicistes catholiques, comme Suarez et Bellarmin par exemple, ne pénètrent pas.
C’est le premier de tous les symboles divins après celui de Jupiter… Considérons le genre de vertu que la religion donna à ces premiers hommes : ils furent prudents, de cette sorte de prudence que pouvaient donner les auspices de Jupiter ; justes, envers Jupiter, en le redoutant (Jupiter, jus et pater), et envers les hommes, en ne se mêlant point des affaires d’autrui ; c’est l’état des géants, tels que Polyphème les représente à Ulysse, isolés dans les cavernes de la Sicile : cette justice n’était au fond que l’isolement de l’état sauvage.
Cependant il me paraît plus juste de prendre la légende d’Œdipe pour une sorte de conte philosophique populaire. […] Ou mieux, vous souffririez de ne pas savoir quels devraient être au juste vos sentiments. […] Je ne puis vous dire au juste ce qu’une « femme chrétienne », même passionnément éprise, ferait à la place de Séverine. […] C’est le moment où les vers des symbolistes n’étonneraient point, paraîtraient juste aussi intelligibles que le reste. […] que la destinée est donc juste !
Vinet avait raison, et pessimisme est le mot juste. […] Mais si l’honneur en revient à Le Sage, il est juste de dire que La Bruyère et ses imitateurs avaient commencé par lui donner l’exemple. […] Il eût dû le dire, et, moins préoccupé d’être impertinent, plus soucieux d’être juste, il était capable de le dire. […] On se contentera donc de prendre une idée générale des Mémoires de M. de Montcal, qui du moins ont cela pour eux de ne pas excéder les bornes d’un juste volume. […] Mais je voudrais que l’on fût juste.
Barrès dit des choses très justes, dans un épilogue. […] Louis Roche estime que Boileau ne fut pas tout à fait juste pour La Fontaine. […] Elle durera donc juste autant que la gloire de Stendhal. […] Le mot de cantate est tout à fait juste. […] Peut-être le symbolisme, encore plus vivant qu’on ne croit, selon la juste remarque de M.
Il s’appelait Malherbe ; il avait peu produit ; et il avait une cinquantaine d’années : cette considération d’âge n’est pas inutile à une juste appréciation de son œuvre et surtout de son rôle. […] Quand il n’est question de rien de moins que de renverser, pour le reconstruire de la base au sommet, l’édifice social, on est moins curieux des justes proportions que doivent avoir dans la tragédie le prologue, l’épisode et l’exode. […] Rien de plus juste ou rien de plus faux que ce principe, selon qu’on veut l’entendre. […] ou encore, et pour vulgariser les idées qu’ils croient justes, est-ce qu’un art trop subtil, trop savant, trop serré n’y serait pas un empêchement à leurs yeux ? […] Poète et romancier, parce qu’il avait un art, un style, une manière à lui, il n’a pu prendre sur lui d’être équitable aux poètes ou aux romanciers ses contemporains, Il n’a été généralement juste ni pour Hugo, ni pour Lamartine, ni pour Vigny, ni pour Musset, ni pour Balzac ; et même, quand il en a fait, comme souvent, de justes critiques, la justesse en est corrompue par une espèce d’aigreur qui s’y mêle, Vous en trouverez d’innombrables exemples.
Il voit aussi juste que Fabrice Del Dongo : il voit plus large. […] Lui Senancour est, par son malheur, en juste harmonie avec son invention. […] Sur bien des points, il a deviné juste, avec une sorte de patient génie. […] Ses traits sont, du premier coup, justes, ou expressifs. […] Il nous dit : — c’est ici, tout juste à ce point, qu’on s’est trompé ; — nous le voyons.
Tout ce fragment est superbe… Le vers est vigoureux, ramassé, plein de force, le mot est toujours fort et toujours juste. […] Ses romans les plus fantaisistes sont pleins de coins exacts, miraculeusement restaurés et la couleur en est presque toujours juste. […] Masson-Forestier a su garder la juste mesure ; il n’est pas tombé dans la déclamation, il a évité la sécheresse. […] » La description est juste de ton, mais on y remarque une certaine recherche de mots et d’idées. […] M. d’Esparbès n’est pas clair, ou, pour parler plus juste, il n’est pas simple ; chez lui, l’idée est souvent limpide, l’expression est tortillée, précieuse, sautillante, encombrée de ciselures.
Il serait plus juste de dire qu’il s’est laissé aimer. […] Ce tour d’esprit, chez Lamartine, faute d’un mot juste, je l’appellerai optimisme. […] » Et il répond : « Au plafond. » Et c’est juste, il a siégé au plafond : c’est-à-dire qu’il a plané au-dessus de toutes les médiocres compétitions. […] Par une conséquence naturelle et par une juste rançon, Victor Hugo a les défauts de ses qualités. […] Ajoutez que, depuis La Fontaine, personne n’avait jamais si bien su les ressources de sonorité de notre langue ; que personne, sauf La Fontaine, n’a eu l’oreille aussi juste, musicalement juste, que Victor Hugo.
Observation bien juste et sentie ! […] Il n’est pas exact non plus que, dans le jeu innocent, improvisé pendant l’orage, Charlotte ait donné si lestement des soufflets à ceux qui ne devinaient pas juste ; ces soufflets sont un enjolivement et un ressouvenir de quelque autre scène arrivée ailleurs et avec une autre, et ils ne s’accordent point avec le caractère de gaieté sans doute, mais non de folâtrerie, de la véritable Charlotte. […] La différence des impressions du lecteur à celles de l’auteur est ici par trop forte et trop criante ; elle n’est pas juste.
Donnez une base solide à votre bonheur par votre raison et par votre conduite ; et, croyez-moi, votre bonheur profitera à votre beau et original talent que personne ne vous contestera. » Quelle juste leçon donnée à ceux qui cultivent l’art du comédien, et qui sont trop tentés d’oublier que cet art brillant, loin d’être l’ami des mœurs déréglées et de ne jamais mieux s’inspirer que dans le désordre, a besoin, comme tous les arts où il s’agit avant tout d’exceller, d’une juste économie de la vie et de beaucoup de conduite ! […] Mais comme l’on est trop porté à écraser quelqu’un toutes les fois qu’on en admire un autre, il est juste de remarquer que s’il n’y a rien d’héroïque dans la lettre de Bernardin de Saint-Pierre, cette lettre n’a rien non plus que d’honnête et de très permis au point de vue domestique, bien que sur un ton plaignard peu élevé.
Ne te vexe donc pas contre les cris des rabaisseurs de réputations ; laisse-les dire, et ne troublons pas notre quiétude intérieure en faisant attention à ces braillards qui, dans le fond, me représentent juste les chiens qui cherchent à mordre les roues d’un cabriolet qui passe dans la rue. » Dans une autre lettre écrite d’Alger, il disait encore, en réitérant sa profession d’indifférence sur les critiques : « Je n’estime que le succès que le bon sens vous accorde et non celui qu’on doit aux coteries ; il en est de même des critiques, qui n’atteignent pas le but lorsqu’elles le dépassent. » Je compléterai encore par deux autres citations, prises dans la correspondance de Russie, ces contre-jugements d’Horace sur la critique : « (3 mars 1843). […] Juste, la critique m’a donné des leçons ; injuste, elle m’a donné des forces. […] N’ayant d’affection que pour l’objet qui lui procure des jouissances, elle parle juste parce qu’elle n’est jamais dominée par un sentiment individuel.
Le jugement de Sismondi sur la société de Paris est à la fois remarquable et ordinaire : il distingue à merveille et indique par des nuances fort justes les divers degrés de mérite et d’amabilité chez les personnes qu’il rencontre, et en même temps il recommence pour son compte l’éternelle plainte qu’on avait déjà faite avant lui, et qu’on refera depuis, sur la décadence des générations. […] Les femmes sont toujours gracieuses et prévenantes, cela tient à leur essence ; mais, dans les hommes, on voit diminuer avec les années l’instruction comme la politesse : leur intérêt est tout tourné sur eux-mêmes ; avancer, faire son chemin est tellement le premier mobile de leur vie, qu’on ne peut douter qu’ils n’y sacrifient tout développement de leur âme comme tout sentiment plus libéral. » Voilà ce qu’on écrivait en 1813, il y a juste cinquante ans. […] J’ai vu bon nombre d’eux à l’île d’Elbe : gauches, mauvaise tournure, ne sachant pas entrer dans mon salon ; mais, sous l’écorce, on trouvait un homme, des idées justes, profondes, du bon sens au moins. » La conversation se détourna quelque temps sur l’Angleterre, dont Sismondi était dès lors moins enthousiaste qu’autrefois : il remit l’auguste interlocuteur sur la voie, en disant le bien qu’il pensait des Français.
Le rôle est dessiné, plutôt qu’écrit, avec des indications assez justes pour fournir sur la scène au jeu d’une grande actrice : et cela fait penser à Voltaire plutôt qu’à Racine. […] Le style est pareil : simple et naturel avant tout, juste, précis, intense, rasant la prose, comme disait Sainte-Beuve. […] Et surtout la poésie de Racine est tout juste l’opposé de la poésie romantique : elle n’est pas l’épanouissement de l’individualité, impérieuse et capricieuse ; elle est tout objective et impersonnelle.
Chateaubriand garde le droit de dire de son livre : « Il est venu juste et à son heure ». […] En vérité, cela est tout juste de la force de Bernardin de Saint-Pierre. […] Tous les personnages secondaires de ses deux poèmes sont sommaires et conventionnels, étoffés à force de rhétorique, tout juste aussi vivants que des héros de Luce de Lancival ou de Legouvé le père.
» C’est la Renaissance qui dicte à Rabelais, encore tout ému de la lecture de Platon, ces belles paroles qu’il prête à Gargantua écrivant à son fils59, les premières peut-être qui aient été exprimées dans le grand style français, les premières beautés universelles de notre littérature : « Non doncques sans juste et équitable cause je rendz grâces à Dieu, mon conservateur, de ce qu’il m’ha donné pouvoir veoir mon anticquité chenue refleurir en ta jeunesse. […] Ces grandes pensées sur l’éducation, sur la paix et la guerre, sur la justice, sur les lois, sur les devoirs des princes ; ces vues si justes et si élevées sur les rapports qui lient les hommes dans une société bien réglée, sont autant de nouveautés dans la littérature française. […] , est le fond de cet esprit plus juste qu’élevé, qui ne regarde pas au-delà de la vie commune, et qui n’a pas la prétention de la réformer : car de quoi s’amuserait-il ?
D’ailleurs Balzac est recommandé par un jugement de Descartes, d’autant plus digne de considération que l’éloge n’y paraît être qu’un sentiment juste du mérite de cet auteur, légèrement exagéré par une disposition bienveillante1. […] Enfin, il refuse le don de faire un livre à cet homme, « qui, pour avoir écrit, dit-il, moins de lettres qu’un banquier n’en dépêche pour un ordinaire, a déjà épuisé tous les panégyriques13. »« Après tout, dit-il ailleurs, il fait voler de malheureux tronçons avortés par force de son esprit, que je juge incapable de produire jamais un ouvrage en perfection14. » Goulu avait prédit juste. […] On ne cessa pas d’être juste pour quelques morceaux que feront toujours lire avec plaisir et profit les belles qualités de Balzac.
Cet esprit, c’est autre chose encore que l’art de donner un tour piquant à des sentiments vrais ou à des pensées justes. […] L’autre, qui est le don de choisir parmi les pensées justes celles qui le sont pour les esprits les plus exquis ; de saisir des vérités qui échappent à la foule et de se rendre personnelles celles qui lui appartiennent ; d’être subtil sans raffiner ; de dire du nouveau et d’être vrai ; de sentir plus délicatement que tout le monde ce que tout le monde sent ; d’avoir un naturel à soi, que les autres reconnaissent par le leur ; cet esprit, qui est celui des personnes cultivées dans notre pays, Mme de Sévigné en a plus que sa part, elle le personnifie. […] Il est loin d’être irréprochable, comme Bossuet, sur la propriété des termes ; mais c’est moins pour être resté, faute de force, en deçà de l’expression juste, que pour s’être emporté au-delà.
À force d’être juste, j’ai été peu serviable. […] Ainsi, sans savoir au juste qui je dois remercier, pourtant je remercie. […] Un peu de purgatoire serait peut-être juste ; j’en accepterais la chance, puisqu’il y aurait le paradis ensuite, et que de bonnes âmes me gagneraient, j’espère, des indulgences pour m’en tirer.
Le torrent somptueux coule aux rives du temps, Et voici qu’à jamais le juste honneur d’un culte S’essore de ses flots éclatants et chantants. […] Après plusieurs cruelles années, années de faim et de désillusionnement, et juste au moment où, dans le Hollandais Volant, Wagner reprochait au ciel de ne le laisser ni mourir, ni trouver l’amour qui le sauvât (I, 21-24), à ce moment, une transformation subite, presque fantastique, avait tout changé ; Wagner avait été appelé à Dresde, son opéra Rienzi avait eu un grand succès ; une mort inopinée avait permis de le nommer chef d’orchestre ; après la plus noire misère, il était débarrassé de tous soucis, dans une position assurée, et, ce qui pour l’artiste était bien plus, avec le plus beau théâtre de l’Allemagne à ses ordres pour réaliser toutes ses inspirations (IV, 338). […] Et nous tâcherons à ce que, faite dans une langue de lecture aisée, cette œuvre de propagande Wagnérienne place enfin le Maître dans notre pays au juste rang qui lui convient, à côté des maîtres classiques, Bach, Gluck, Beethoven.
Comme les choses ne saisissent les Hommes que selon la proportion qu’elles ont avec leur intelligence, & que les lumieres de la multitude ne sont ni justes ni profondes ; comme la maniere d’exprimer une pensée décide de tout chez la plupart des Lecteurs : il n’est pas étonnant que par l’art de se mettre à la portée du commun des esprits, de rendre ses idées avec agrément, il ne se fasse goûter, & n’enleve des suffrages. […] De là, ami & protecteur soi-disant de Desfontaines, il a tâché de le couvrir d'opprobre, pour n'en avoir pas été toujours loué, & pour en avoir éprouvé des justes censures. […] Mais la Postérité juge les Auteurs & les Siecles : elle réduira, d'un côté, l'Ecrivain à sa juste valeur : de l'autre, elle saura que son Apothéose n'a pas été l'ouvrage de la Nation, mais l'effet des intrigues de quelques Gens de Lettres, qui, pour lors, seront vraisemblablement inconnus.
Il est plus juste de juger le passé sur le présent, et de convenir que les prétendues vérités historiques n’ont pas plus de réalité que les prétendues vérités religieuses. […] Mis en contact avec l’expérience, il fut prompt à se désabuser ; il avait, je l’ai dit, le sens juste, « des aperçus utiles et lumineux dans les crises les plus sérieuses » ; il en fit preuve aux moments les plus décisifs de la Révolution, là où il y avait place au conseil33. […] Quand l’Assemblée constituante, en proie aux passions et aux intrigues, s’égare décidément dans son œuvre, il laisse échapper ce mot qui constate l’ère des déviations : « Ils veulent être libres, et ils ne savent pas être justes !
Voilà pourquoi le sentiment d’une mission sociale et religieuse de l’art a caractérisé tous les grands poètes de notre siècle ; s’il leur a parfois inspiré une sorte d’orgueil naïf, il n’en était pas moins juste en lui-même. […] Si le ciel nous laissa comme un monde avorté, Le juste opposera le dédain à l’absence, Et ne répondra plus que par un froid silence Au silence éternel de la Divinité. […] Comment méconnaître ce qu’il y a de sublime dans cet appel final : Brise cette voûte profonde Qui couvre la création ; Soulève les voiles du monde, Et montre-toi, Dieu juste et bon !
Le mulet pour moi l’observation est juste le mulet est fat. […] A ces qualités des bêtes La Fontaine ajoute encore la patience profonde, la résignation aux coups du sort, ce caractère de tranquillité devant la mort non pas devant le danger, car l’animal sait se soustraire au danger mais tranquillité, quiétude devant l’inévitable, que La Fontaine a marqué encore quelquefois de traits justes, profonds et tout à fait pathétiques. […] Il y a un bien grand mot de Spencer, un peu impertinent, mais juste au fond : « Lorsque je verrai une femme, pour défendre son petit, s’élancer, ongles en avant, contre un éléphant, alors je dirai que la femme est aussi courageuse que la poule. » Vous me direz : « Mais vous ajoutez à La Fontaine, qui a peu parlé du dévouement à l’espèce chez les animaux, qui n’a presque pas parlé de leur patience, qui n’a parlé que de leur bonté, de leur solidarité, de leur stoïcisme devant la mort. » Il est vrai, j’en ajoute pour vous montrer ce que La Fontaine a produit, en quelque sorte, ce dont il a été l’initiateur.
C’est un curieux de détails ; et il y a plus : quelquefois même, quand on le lit avec attention, on pourrait croire que son admiration pour la duchesse est un parti pris, une espèce de cadre fait pour réunir des idées plus ou moins justes et plus ou moins neuves sur les hommes et les choses du xviie siècle, et mettre mieux en saillie des documents historiques qu’une position presque officielle lui a rendus faciles à trouver. […] Du reste, il est juste de le remarquer, en ces histoires des femmes du xviie siècle que M. […] Elle ne savait pas se proposer un juste but.
La mesure et l’équilibré, qui sont l’essence de toute justice, n’existent plus, fût-ce dans les causes justes, si la passion enflamme ces causes. Même la passion du juste n’est plus justice, de cela seul qu’elle est passion, et la Justice opposée à la Grâce n’existe pas davantage. […] Michelet regardait l’Étudiant, et avec juste raison, comme la matière de l’Histoire future, et il cherchait avec toutes les forces de son esprit à pétrir cette matière et à la préparer, pour l’Histoire et la gloire de l’Histoire… L’Histoire du passé cède donc la place à celle de l’avenir dans ce Cours de 1847, allumé, comme un phare sur des ténèbres, avec toutes les sécurités de la certitude, et qui, tel que le voilà à cette heure, n’est plus qu’une vieille lanterne éteinte et cassée, au pied du bâton qui la soutenait, renversé… Eh bien, c’est là, je le répète, ce qui est intéressant et instructif.