/ 2357
857. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Biot. Essai sur l’Histoire générale des sciences pendant la Révolution française. »

Les sciences, « unies par une philosophie commune, » y sont montrées « s’avançant de front, les pas que fait chacune d’elles servant à entraîner les autres. » Plus de danger sérieux désormais pour l’ensemble des connaissances humaines ainsi liées étroitement et toutes solidaires entre elles, plus de période rétrograde possible depuis la découverte de l’imprimerie : « Lorsqu’au milieu d’une nuit obscure, perdu dans un pays sauvage, un voyageur s’avance avec peine à travers mille dangers ; s’il se trouve enfin au sommet d’une haute montagne qui domine un vaste horizon, et que le soleil, en se levant, découvre à ses yeux une contrée fertile et un chemin facile pour le reste du voyage, transporté de joie, il reprend sa route, et bannit les vaines terreurs de la nuit. […] Quelque jugement qu’on porte de l’ensemble du tableau, l’expression particulière que M. 

858. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Souvenirs de soixante années, par M. Etienne-Jean Delécluze »

Delécluze dans son livre sur David, ouvrage singulièrement composé, dont une moitié est au point de vue de la biographie d’Étienne, et l’autre moitié au point de vue de la biographie régulière de David : ce sont deux moitiés de volume, collées ensemble et d’un ton tout différent. […] Les élèves de David se partageaient en divers groupes fort distincts : dans l’un, les vieux camarades restés un peu révolutionnaires ou jacobins, au langage du temps, et communs ; dans un autre, les nouveaux.venus et qui tenaient plus, ou moins à l’ancien régime par la naissance, par les opinions ou le ton, Forbin, Saint-Aignan, Granet ; plus loin et toujours ensemble, deux jeunes Lyonnais fort réservés et qu’on disait religieux, Révoil et Richard Fleury ; un beau jeune homme faisant secte à part, Maurice Quaï, un ami de Nodier, mort jeune, noble penseur, véritable type olympien ; et quelques autres encore dans l’intervalle.

859. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Sainte-Hélène, par M. Thiers »

… Ils viendront à ma rencontre… ils ressentiront encore une fois l’ivresse de la gloire humaine… Nous parlerons de ce que nous avons fait, nous nous entretiendrons de notre métier avec Frédéric, Turenne, Condé, César, Annibal… » Puis, s’arrêtant dans son rêve des Champs Élysées, dans sa vision d’Ossian, il ajoutait avec le sourire de l’homme qui, même tout près de l’agonie, sait maîtriser l’illusion : « À moins que là-haut comme ici-bas on n’ait peur de voir tant de militaires ensemble. » Il mourut le 5 mai, à six heures et demie du soir, au moment où le canon de l’île donnait le signal de la retraite et où le soleil se couchait dans l’océan. […] Que quelques fautes inévitables dans un si vaste travail, et inséparables de la manière même adoptée par l’historien ; des redites ou ce qui semble tel, et qui tient à un besoin extrême de clarté ; quelques inexactitudes sur des points accessoires et qu’on pouvait fort bien laisser de côté, pures inadvertances, sans effet sur l’ensemble, et qui tiennent encore à l’excellente habitude de ne parler qu’avec des données positives et avec des faits, non avec des phrases ; le tout si réparable dans une seconde édition : que ces taches légères n’aillent pas obscurcir dans notre esprit, quand nous jugeons de tout le monument, la grandeur du dessin, la noblesse et l’aisance de la distribution, la lucidité des exposés, la lumière des tableaux, l’ouverture et la largeur des horizons.

860. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Entretiens sur l’histoire, — Antiquité et Moyen Âge — Par M. J. Zeller. »

Zeller, avec son bon et droit esprit, a résolu le problème assez délicat d’être court, substantiel toutefois et complet, de ne se perdre ni dans le détail ni non plus dans les généralités, de resserrer les faits, d’en composer un tissu intéressant, et de choisir chaque fois un ordre d’événements et d’actions personnifié dans une ou deux principales figures, un ensemble qui eût un sens et qui fût un tableau. […] « Ces deux choses roulent ensemble dans ce grand mouvement des siècles où elles ont, pour ainsi dire, un même cours » ; mais pour les bien entendre, il est mieux de les détacher, de séparer la partie sacrée de la partie politique.

861. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Les cinq derniers mois de la vie de Racine. (suite et fin.) »

Despréaux : il l’a marqué plus que jamais durant sa dernière maladie, et il a affronté la mort avec une audace toute chrétienne, quoiqu’il eût été toujours fort timide sur ce qui regardait la santé et qu’une égratignure lui fît peur. » — « Oui, reprit le roi, et je me souviens que pendant une des campagnes où vous étiez ensemble, c’était vous qui étiez le brave. » Il y avait plusieurs années que M.  […] Il avait été reçu par M. de La Chapelle, directeur, qui ne parla pas mal non plus et qui dit même des choses assez neuves et très à propos à cette date de 1699, fin d’un siècle, sur les heures de perfection et de décadence littéraire pour les nations : il développa une pensée de l’historien Velleius Paterculus, et parla de cette sorte de fatalité qui fixe dans tous les arts, chez tous les peuples du monde, un point d’excellence qui ne s’avance ni ne s’étend jamais : « Ce même ordre immuable, disait-il, détermine un nombre certain d’hommes illustres, qui naissent, fleurissent, se trouvent ensemble dans un court espace de temps, où ils sont séparés du reste des hommes communs que les autres temps produisent, et comme enfermés dans un cercle, hors duquel il n’y a rien qui ne tienne ou de l’imperfection de ce qui commence ou de la corruption de ce qui vieillit. » C’était bien pensé et bien dit.

862. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre I. La lutte philosophique »

Le parti philosophique s’est organisé, discipliné ; il a ses chefs, ses mots d’ordre, il manœuvre d’ensemble, docilement ; opposant intolérance à intolérance, fanatisme à fanatisme, exclusif, étroit, violent, comme les adversaires qu’il combat, il a pris pied à l’Académie française avec Dalembert, qui peu à peu l’y installe, et la lui asservit. […] N’ayant point encore une grande notoriété, il s’associa un mathématicien déjà illustre, membre de l’Académie des sciences, Dalembert, qui, dans une Préface fameuse et, en somme, médiocre, donna une classification des sciences, avec une vue d’ensemble de leur genèse successive et de leurs principaux progrès.

863. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre IV. L’heure présente (1874) — Chapitre unique. La littérature qui se fait »

Son influence a été surtout sensible dans le relèvement du xviie  siècle, aux dépens du xviiie  siècle qu’il a un peu maltraité en regardant les individus plutôt que l’ensemble. […] Sardou, plus que tous les vaudevillistes ensemble et les directeurs de théâtre.

864. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « J.-J. Weiss  »

Malgré cela, il peut se rencontrer tel système de critique, tel ensemble de jugements qui vaille pour d’autres encore que pour celui qui les a formulés, qui « fasse autorité », comme on dit. […] Nous voyons un peu après que « Perrault contraste avec l’ensemble du XVIIe siècle en ce qu’il est en ses contes un poète de la maison, des choses familières, domestiques, intimes, comme de l’enfance ».

865. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Alphonse Daudet  »

La bonne-maman d’Athis et le grand-papa Sallé se rencontraient tous les soirs au coucher de leur petit-fils ; le vieux braconnier, son bout de pipe noire rivé au coin de la bouche, l’ancienne lectrice au château, avec ses cheveux poudrés, son grand air, regardaient ensemble le bel enfant qui se roulait devant eux sur le tapis et l’admiraient autant tous deux89. […] Sans doute le « grand chorège » est le seul qui voie pleinement, dans l’ensemble et dans le détail, tout ce que ce spectacle a d’amusant et de paradoxal.

866. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XVI. Les derniers temps de la comédie italienne en France » pp. 311-338

. — J’ai tous les maux ensemble, Colombine : j’ai une femme !  […] TOUS, ensemble.

867. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. James Mill — Chapitre I : Sensations et idées. »

L’association a lieu non-seulement entre des idées simples, mais aussi entre des idées complexes, qui se fondent ensemble de façon à composer une idée qui paraît simple. […] La loi fondamentale de l’association consiste en ce que quand deux choses ont été fréquemment trouvées ensemble, l’une rappelle l’autre.

868. (1785) De la vie et des poëmes de Dante pp. 19-42

Dante et son guide sortent ensemble des ténèbres et des flammes de l’abîme par des routes fort étroites ; mais ils ont à peine passé le point central de la terre, qu’ils tournent transversalement sur eux-mêmes, et la tête se trouvant où étaient les pieds, ils montent au lieu de descendre. […] ou bien ne gardait-elle l’apparence du corps que par les longues habitudes qu’ils avaient eues ensemble ?

869. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de Mme de Graffigny, ou Voltaire à Cirey. » pp. 208-225

mon cher Cideville, écrivait-il à cet autre ami si cher, que ce serait une vie délicieuse de se trouver logés ensemble trois ou quatre gens de lettres, avec des talents et point de jalousie, de s’aimer, de vivre doucement, de cultiver son art, d’en parler, de s’éclairer mutuellement ! […] Ce sont surtout les jours où on lit des chants inédits de Jeanne, de la trop fameuse Jeanne (et on les lit dans la chambre mystérieuse des bains), ce sont ces jours de demi-licence qui font les belles heures de Mme de Graffigny ; nous verrons dans un instant qu’elle les paiera cher : On a fait du punch, écrit-elle à son ami Devaux après une de ces lectures ; Mme du Châtelet a chanté de sa voix divine : on a beaucoup ri sans savoir pourquoi, on a chanté des canons ; enfin le souper a été à peu près comme ceux que nous avons tant faits ensemble, où la gaieté ne sait ce qu’elle dit ni ce qu’elle fait, et rit sur la pointe d’une aiguille.

870. (1903) Zola pp. 3-31

On étudie l’homme pour en avoir une idée bien incomplète, mais encore une idée ; dans les psychologues, dans les moralistes, dans les philosophes, pour voir quelle idée générale il se fait de l’ensemble des choses et par conséquent quelles sont les tendances générales, très différentes, du reste, de son âme ; dans les historiens, pour voir ce qu’il a été aux différents temps, ce qui élargit et complète et fait plus vraie la notion qu’on peut avoir de lui ; en lui-même enfin, ce qui n’est qu’une façon de parler et ce qui veut dire qu’on regarde avec attention ses amis, ses voisins et les gens que l’on rencontre. […] Jules Lemaître, « il se dégage de ces vastes ensembles une impression de vie presque uniquement matérielle et bestiale, mais grouillante, profonde, vaste, illimitée ».

871. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre IV : La philosophie — I. La métaphysique spiritualiste au xixe  siècle — Chapitre I : Principe de la métaphysique spiritualiste »

De plus, comment pourrais-je affirmer, non-seulement de chaque phénomène en particulier, mais de tous ensemble, qu’ils sont miens au même titre, que tous appartiennent au même moi ? […] Je perçois donc intérieurement quelque chose de plus qu’extérieurement, car je perçois d’abord ce qui fait que je m’attribue chaque phénomène séparément, et de plus ce qui fait que je me les attribue tous ensemble.

872. (1860) Ceci n’est pas un livre « Une croisade universitaire » pp. 107-146

On nous accuse d’être unis tous ensemble ; unissons-nous donc. […] Il serait tout aussi raisonnable de faire Racine et Voltaire responsables de Pagès (du Tarn) ; c’est comme si l’on disait à la Phèdre du dix-septième siècle : « C’est vrai, tu es très éloquente et très admirable ; mais il court par les rues une créature imbécile et bossue qui se fait appeler la Nouvelle Phèdre ; donc, toi aussi, tu es imbécile et bossue, et nous allons vous chasser toutes deux ensemble ! 

873. (1912) L’art de lire « Chapitre IV. Les pièces de théâtre »

Abner lui répond : « Oui, je viens dans son temple adorer l’Eternel. » C’est assez théâtral ; sans doute ; car, à montrer les deux personnages comme continuant une conversation commencée, on est forcé de les faire apparaître sortant de la coulisse ensemble, côte à côte, pour ainsi dire presque bras dessus bras dessous et cela est un peu bourgeois. […] Non, c’est bien une conversation commencée qui continue, et c’est ainsi que l’a voulu Racine ; et donc il faut présenter Joad et Abner plus bourgeoisement, entrant par le fond, de front, et conversant déjà ensemble.

874. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre II. Marche progressive de l’esprit humain » pp. 41-66

J’ai donc seulement voulu dire que les générations humaines sont toutes héritières les unes des autres ; que le genre humain, dans son ensemble, ne forme en quelque sorte qu’un seul tout, ce qui nous mettrait sur la voie de fournir quelques épreuves de plus à la doctrine de la solidarité. […] Ainsi les aperçus qui font le sujet de ce chapitre trouveront, dispersés çà et là, leurs compléments nécessaires ; et peut-être en résultera-t-il un ensemble de doctrines, mais seulement par inductions, et non point dogmatiquement.

875. (1903) Considérations sur quelques écoles poétiques contemporaines pp. 3-31

Enfin, il y en eut un, plus hardi que tous, qui conclut qu’il falloit mettre en règne, tout ensemble, des rimes anciennes que l’on renouvelleroit, ou d’autres que l’on inventeroit, selon que l’on connoitroit qu’elles seroient nécessaires. » J’arrête ici la citation. […] Voilà ce que signifie pour nous ce verger plein d’ombelles, ce pluriel qui étend, élargit, amplifie la pensée du poète, en évoquant, non pas seulement une simple fleurette, une simple ombellifère, ce qu’eut réalisé ombelle au singulier, mais bien l’ensemble d’une flore agreste, éclose en même temps, d’une flore s’enchevêtrant, s’enlaçant, croissant en liberté sous les arbres à fruits du lieu que les latins qualifiaient joliment de viridarium, cet enclos charmant, si insuffisamment dénommé : verger.

876. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XVI » pp. 64-69

dans Lucrèce, madame Halley, l’actrice, qui court la province, va jouer les trois rôles de femmes à la fois (Tullie, Lucrèce et la sibylle), et elle le pourra ; en effet, ces trois femmes ne se rencontrent jamais une seule fois ensemble.

877. (1874) Premiers lundis. Tome II « Li Romans de Berte aus Grans piés »

Si l’on n’y remarque aucune vue d’ensemble bien nouvelle sur nos épopées, s’il se hâte trop, selon nous, de rejeter dans un horizon fabuleux ce qu’on pourrait appeler les grosses questions à ce sujet, on y trouve en revanche beaucoup de détails piquants, des rapprochements d’une scrupuleuse exactitude, le tout exprimé en ce style élégant et légèrement épigrammatique dont M. 

878. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Donec eris felix… »

Il sut grouper les mécontentements, les appétits et les rancunes, et, à la tête d’un parti où figuraient ensemble des hommes de la Commune, des radicaux pressés d’arriver au pouvoir, des royalistes et des impérialistes, unis seulement pour la lutte et n’ayant en commun que des haines et des négations, il marcha à l’assaut du parlementarisme et put, un moment, aspirer à la dictature.

879. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre premier. Préliminaires » pp. 1-8

Le creuset a donné parfois des résultats bien étranges : on a vu ce qu’il fallait d’éléments divers combinés et fondus ensemble pour former un chef-d’œuvre, et ce qu’il entrait de réminiscences dans la plus franche originalité.

880. (1899) Esthétique de la langue française « Esthétique de la langue française — Chapitre II »

Par peuple, en linguistique, il faut entendre, sans distinction de classe, de caste, ou de couche, l’ensemble du public, tel que livré à lui-même et usant de la parole sans réflexion analytique.

881. (1889) L’art au point de vue sociologique « Préface de l’auteur »

La conception de l’art, comme toutes les autres, doit faire une part de plus en plus importante à la solidarité humaine, à la communication mutuelle des consciences, à la sympathie tout ensemble physique et mentale qui fait que la vie individuelle et la vie collective tendent à se foudre.

882. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Clément Marot, et deux poëtes décriés, Sagon & La Huéterie. » pp. 105-113

Honneur dit ensuite : « Voulons & ordonnons que Clément Marot, Sagon & autres cy-présens, beuront ensemble devant partir de ce lieu : leur enjoignons cy-après estre bons amys, & vivre sans aucun contredit, sous les peines contenues èsdites conditions cy-devant déclarées ; plus, sur peine d’estre privé de la court de céans, sans nul espoir de jamais obtenir grace, & estre privé de tout honneur à son grand deshonneur.

883. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Contes — IV. Les ailes dérobées »

Ils vécurent ainsi quelques années ensemble et Sakaye eut de la yébem trois enfants droits « comme un chemin »144 tous les trois et jolis comme des verroteries.

884. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Bathild Bouniol »

nous le répétons, c’est là une originalité essentielle, qui met à part, d’emblée, ces poésies plus grandes par l’ensemble que par le détail.

885. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre VI. Des éloges des athlètes, et de quelques autres genres d’éloges chez les Grecs. »

Les armées aujourd’hui sont de grandes machines dont toutes les parties se meuvent ensemble, et renversées tout à la fois, ou percées, mutilées et divisées par le feu.

886. (1920) Essais de psychologie contemporaine. Tome II

Aucune intelligence n’est plus nettement caractérisée que la sienne par le goût et le pouvoir des larges conceptions d’ensemble. […] Celle-ci encore lui a permis de satisfaire, d’une part, son goût des ensembles, et de l’autre, sa faculté de vision évocatrice. […] Le poète cependant a-t-il tort ou raison de se trouver en déséquilibre avec l’ensemble des forces inévitables qui fonctionnent autour de lui ? […] Elle a soif tout ensemble et horreur de trop sentir. […] Nous suivrions ensemble du doigt la courbe de mes agitations.

887. (1890) Le réalisme et le naturalisme dans la littérature et dans l’art pp. -399

Il veut avoir et nous donner la vue de l’ensemble. […] Son regard rayonne en tous sens et ne laisse rien échapper ni de l’ensemble ni des détails du monde. […] Après avoir prolongé ce petit jeu juste assez pour inquiéter un peu son amant, elle fait le signal convenu, et tous deux s’en vont à la nuit parler et deviser ensemble. […] Plus d’un tableau du temps est composé de petits ensembles fragmentaires et peut se couper presque impunément en triptyques ou en diptyques. […] Caravage ne se soucie point de masquer les grands vides, d’équilibrer les parties, de faire « pyramider » l’ensemble.

888. (1928) Quelques témoignages : hommes et idées. Tome II

Le portrait de Mercadier, de ce « vendeur » professionnel, est tracé avec une précision, tout ensemble admirative et résistante, qui en fait un type aussi marqué que si le récit, au lieu de se condenser en un court morceau, se fût développé en un volume. […] Par antithèse, l’image tout ensemble si vivante et si pure de Mme de Tècle prend un relief qui en fait, et pour Camors lui-même et pour nous, une attendrissante et grave leçon. […] La paix sur le continent paraît donc inconciliable avec cette Allemagne militairement unifiée — et elle ne pouvait pas l’être, répétons-le, d’une autre manière — que Bismarck a tout ensemble voulue et subie. […] Ce sont ces périls que Guillaume II a rencontrés tout au long de son règne et qu’il a tout ensemble redoutés et méconnus : lutte contre la France, lutte contre la Russie, lutte contre l’Angleterre. […] Nous sommes un peu plus qu’un métier, un peu plus qu’une profession et dans l’ensemble de la société nous ne sommes guère comparables qu’aux prêtres et aux savants ! 

889. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Eugène Gandar »

Où est le jour où nous regarderons ensemble la Moselle des côtes de Sainte-Ruffine, et la Nied des prairies de Remilly ! […] Son existence devait trouver un jour à s’y affermir dans son ensemble et à s’y compléter. […] De même qu’il avait eu le plaisir de lire quelques chants de l’Odyssée à Ithaque, c’était dans les champs de Troie qu’il voulait lire l’Iliade ; il avait dessein de présenter à la Faculté une thèse d’ensemble sur le monde d’Homère. […] Dante, Shakespeare, Molière même et La Fontaine ne sont plus que des occasions de tout voir et de tout dire, de remuer toutes les questions d’art et d’histoire, de faire son tour du monde littéraire ; et pour Shakespeare en particulier, l’ensemble du cours que lui consacra Gandar est parfaitement défini dans le passage suivant d’une de ses lettres (à M.  […] J’ai cette année un auditoire très nombreux, très partagé d’opinions, très recueilli, et je puis vraiment croire que nous cherchons tous ensemble la vérité… » Le professeur qui cherche la vérité !

890. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVIe entretien. Épopée. Homère. — L’Iliade » pp. 65-160

Pleins d’expérience, ils discouraient ensemble, semblables à des cigales qui, sur la cime d’un arbre, font résonner la forêt de leur mélodieuse voix. » La belle Hélène, sortie de son palais pour contempler le combat, affligée des malheurs qu’elle cause, compatit aux peines de Priam, s’agenouille devant lui et lui nomme un à un les principaux chefs des Grecs, à mesure qu’ils défilent sous ses yeux dans la plaine. […] « Jamais, dit-il, tant de désirs n’ont enivré mon âme, même le jour où, porté sur mes vaisseaux agiles, je te ravis de la gracieuse Lacédémone, et que dans l’île de Cranaé l’amour et le sommeil nous réunirent. » Il l’entraîne vers la chambre nuptiale, où ils reposent ensemble sur une couche d’or pendant que Ménélas le cherche encore sur la poussière pour l’immoler. […] « — Chère épouse, répond Hector, toutes ces pensées étaient aussi en moi, mais j’aurais trop à rougir devant les Troyens et les femmes troyennes si je me retirais du combat comme un lâche. …… Oui, je le pressens au fond de mon cœur, un jour se lèvera où la ville sacrée d’Ilion, et Priam, et le peuple courageux de Priam périront ensemble ! […] » Pâris et Hector se rencontrent aux portes Scées et descendent ensemble vers la plaine où ils vont combattre. […] Il s’agite en tous sens sur sa couche en regrettant la force et le généreux courage de son ami ; il songe à tout ce qu’ils ont autrefois accompli ensemble, soit en combattant, soit en traversant les mers impétueuses.

891. (1864) Cours familier de littérature. XVII « CIe entretien. Lettre à M. Sainte-Beuve (1re partie) » pp. 313-408

Un soir qu’il avait par hasard entendu un opéra à Feydeau, et qu’il s’en retournait lentement vers son réduit à la clarté d’une belle lune de mars, la fraîcheur de l’air, la sérénité du ciel, la teinte frémissante des objets, et les derniers échos d’harmonie qui vibraient à son oreille, agirent ensemble sur son âme, et il se surprit murmurant des plaintes cadencées qui ressemblaient à des vers. […] Une bouche discrète, au sourire prudent, Un parler sobre et froid, et qui plaît cependant ; Une voix douce et ferme, et qui jamais ne tremble, Et deux longs sourcils noirs qui se fondent ensemble. […] Il est doux sans doute, il est doux, dans le calme des sens, dans les jouissances de l’étude et de l’art, “de causer entre amis, de s’approuver avec grâce, de se complaire en cent façons ; de lire ensemble d’agréables livres ; de discuter parfois sans aigreur, ainsi qu’un homme qui délibère avec lui-même, et par ces contestations rares et légères de relever un peu l’habituelle unanimité de tous les jours. […] Mais si vous tenez à ce que ce feu soit durable, si vous ne pouvez vous faire à l’idée d’être oublié un jour de ces amis si bons, ô Vous, qui que vous soyez, ne mourez pas avant eux ; car cette sorte d’amitié est tellement aimable et douce qu’elle-même bientôt se console elle-même, et que ce qui reste comble aisément le vide de ce qui n’est plus ; la pensée des amis morts, quand par hasard elle s’élève, ne fait que mieux sentir aux amis vivants la consolation d’être ensemble, et ajoute un motif de plus à leur bonheur. […] « Que sont devenus ces amis du même âge, ces frères en poésie, qui croissaient ensemble, unis, encore obscurs, et semblaient tous destinés à la gloire !

892. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Louis Veuillot »

Portion du corps mystique de Jésus-Christ, il a tous les bénéfices de la vie d’ensemble ; homme, il garde la prérogative, mêlée de péril et de gloire, de l’être responsable et libre. […] Et Taine eût approuvé, dans son ensemble, le « projet de constitution » que Veuillot écrivit un jour pendant le siège de Paris. […] Le chapitre de critique, ensemble chrétienne et impressionniste, qui termine Çà et là, est excellent et original. […] Mais, à considérer l’ensemble de ses appréciations, il lui rend justice. […] Au reste, une souplesse incroyable, une extrême diversité de ton et d’accent  depuis la manière concise, à petites phrases courtes et savoureuses, et depuis la façon liée, serrée, pressante du style démonstratif, jusqu’au style largement périodique de l’éloquence épandue, et jusqu’à la grâce inventée et non analysable de l’expression proprement poétique… Bref, il me semble avoir toute la gamme, et la grâce et la force ensemble, et toujours, toujours le mouvement, et toujours aussi la belle transparence, la clarté lumineuse et sereine.

893. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre quatorzième. »

Il n’est pas dans la nature humaine d’aimer sans partialité, et si dans un ensemble de doctrines il en est une douteuse ou combattue, à laquelle nous nous soyons attachés, prenez garde que nous ne nous refroidissions tout au moins pour le reste. […] Enfin, pour qu’il n’y eût pas une seule des causes de la ruine des langues qui ne pût s’autoriser de ce grand nom, il recommandait, à titre de nouveauté gracieuse, de joindre les termes qu’on n’a pas coutume de mettre ensemble. Or, par quoi périssent les langues, sinon par l’abus des mots nouveaux, et par les rapprochements de mots usuels qui n’ont pas coutume d’aller ensemble ? […] Ses peintures instruisent et purifient tout ensemble. […] Lui en donner des portraits vivants, dans un récit tout plein des usages, des mœurs, du beau ciel de la Grèce, c’était tout ensemble graver plus avant dans son esprit les beautés de ces grands poètes, et lui enseigner la vie par des images qui lui étaient familières.

894. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre dixième. Le style, comme moyen d’expression et instrument de sympathie. »

Pour éveiller la sympathie chez le lecteur au gré de l’écrivain la phrase doit être vivante ; or, un être vivant n’est pas une suite d’éléments juxtaposés, c’est un ensemble fait de parties dissemblables et unies par une mutuelle dépendance ; la phrase est donc un organisme. […] Tourmentez ces quatre vers pour enrichir les deux rimes féminines, et l’harmonie de l’ensemble aura disparu. […] Tous les corps ensemble, et tous les esprits ensemble, et toutes leurs productions, ne valent pas le moindre mouvement de charité. […] Voilà pourquoi nous aimons ces retours d’une pensée première, d’une pensée qui se déroule et s’agrandit pour se retrouver à la fin, même et autre tout ensemble.

895. (1880) Goethe et Diderot « Gœthe »

Mais, au moins, il étoffe opulemment ses scènes incohérentes, et l’intérêt de la situation ou de la passion y est si palpitant ou si saignant, les personnages y sont si magnétiques, qu’on n’a le temps ni le sang-froid de s’apercevoir ou de l’absence de suite et d’ensemble, ou de l’illogique succession des tableaux qui se suivent sans raison d’être. […] C’est la philosophie de l’Orient, c’est la résignation pusillanime à tout ce qui est, c’est la jouissance ruminante de la vie ; et la vie, c’est l’ensemble des choses dans lequel la personnalité expire sans douleur. […] Lorsqu’il se trouvait à bout d’idées ou sans idées (ce qui était beaucoup plus fréquent), il se pipait et pipait les autres avec les mots nature, vie, ensemble et force des choses. […] il est tellement Indou, ce grand national de Germain, qu’à la page 335 de ses Mémoires il professe les belles choses que voici : « L’humanité tout entière est l’homme véritable, et pour être heureux et content l’homme n’a besoin que de se sentir dans l’ensemble… » Hé ! […] Dès les premiers jugements d’ensemble qu’il porte sur l’organisation de l’homme dans Gœthe, on reconnaît la vibration staëlique.

896. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 3665-7857

Tel est, dans l’Avare de Moliere, la rencontre d’Arpagon avec son fils, lorsque sans se connoître ils viennent traiter ensemble, l’un comme usurier, l’autre comme dissipateur. […] Il faut prendre de l’un ce qui manque à l’autre, & se former un ensemble des différentes parties où ils se surpassent mutuellement. […] Mais il faut que les traits opposés contrastent ensemble, & ne détonnent pas. […] Homere, lui seul, a fait plus de tableaux que tous les Peintres ensemble. […] Il n’est pas moins vrai que la régularité de cet ensemble ne consiste pas dans les grandeurs naturelles de chacune de ses parties.

897. (1922) Le stupide XIXe siècle, exposé des insanités meurtrières qui se sont abattues sur la France depuis 130 ans, 1789-1919

Il y a famille, sans curé ni maire, dès que deux êtres de sexes différents, couchant ensemble, font un enfant. […] Je pense que le rire, la terreur et l’élan vont ensemble, comme trois chevaux attelés au même char, et que la perte de l’un des trois coursiers supprime aussitôt les deux autres. […] Il est bien vrai qu’un grand nombre d’auteurs, doués ou se croyant doués pour les vues d’ensemble, y ont affiché des prétentions philosophiques. […] Ce que l’on peut prévoir à coup sûr (d’après les leçons d’un passé récent) c’est que le jour où la bactériologie pastorienne s’écroulera, soit dans le coup de tonnerre d’une interprétation d’ensemble entièrement nouvelle, soit dans l’affaissement mou et la disparition de l’efficacité des sérums et des interprétations adjacentes, c’est l’ensemble qui plongera d’un coup au barathre. […] L’exemple de Bonaparte et celui de Charcot sont là pour démontrer que l’on peut, tout ensemble, être génial et stupide.

898. (1902) La formation du style par l’assimilation des auteurs

D’autres parcourent un livre pour avoir une idée de l’ensemble, puis y reviennent, le relisent, l’étudient. […] Il détache deux ou trois détails frappants et dédaigne l’ensemble. […] Je yeux peindre un ensemble, un tableau total. […] On appelle improprement générale la description d’un ensemble ou d’un pays. […] Ce qui est blâmable c’est de faire avec cela un ensemble anonyme, un devoir de rhétorique.

899. (1856) Réalisme, numéros 1-2 pp. 1-32

Séparer de l’ensemble un fragment, l’encadrer et l’offrir dans son vrai particulier, voilà l’écueil du réalisme, parce que personne ne veut admettre dans son aspect spécial ce qui était perdu dans la grande teinte. […] Un seul homme ne peut guère rendre l’ensemble de la société ; quelque géant que soit Balzac, il faudrait une puissance encore supérieure à la sienne. […] L’un et l’autre vont rarement ensemble, et malheureusement on est trop porté à les confondre et à se tromper sur leurs attributions respectives. […] Faites le passé, au moins vous en dégagez l’esprit d’après les documents du temps ; n’y étant pas, vous le jugez, vous le comprenez, en le voyant d’ensemble. […] En architecture, l’artiste peut se livrer à toutes ses fantaisies, pourvu qu’elles plaisent à l’œil ; on ne doit voir un monument que dans son ensemble, le détail n’est rien.

900. (1893) Alfred de Musset

Décembre les vit partir ensemble pour l’Italie. […] Mais notre vie est-elle possible ensemble ?  […] Le succès du Caprice a plus fait pour sa réputation que toutes ses poésies mises ensemble. […] George Sand et Musset les avaient faites ensemble dans l’automne de 1833. […] L’ensemble est pittoresque et éloquent, sans cesser jamais d’être limpide.

901. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Mort de M. Vinet »

L’ensemble de ces travaux, que l’amitié, nous l’espérons, se fera un devoir de recueillir, formerait l’ouvrage le plus ingénieux et le plus complet sur ce sujet délicat.

902. (1874) Premiers lundis. Tome I « M. Tissot. Poésies érotiques avec une traduction des Baisers de Jean Second. »

Ces idées nous font apprécier l’ensemble des poésies érotiques de M. 

903. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Les brimades. » pp. 208-214

Mais, si un polytechnicien isolé est presque aussi proche du néant que les autres hommes, tous les polytechniciens ensemble sont infiniment imposants, et l’École elle-même est une chose immense.

904. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Lemercier, Népomucène Louis (1771-1840) »

Ce chaos monstrueux de vers étonnés de se rencontrer ensemble rappelle de temps en temps ce que le goût a de plus pur, ce que la verve a de plus vigoureux.

905. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — S — Signoret, Emmanuel (1872-1900) »

Signoret se laissa aller à une éducation mystique et à une éducation païenne qui, corroborées ensemble, unissaient trop souvent Cypris à Marie.

906. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre V. Un livre de Renan et un livre sur Renan » pp. 53-59

Les historiens consciencieux s’avouent impuissants à savoir autre chose que des états de civilisation, des ensembles de mœurs.

907. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Introduction » pp. 2-6

Introduction Une méthode est un ensemble de procédés raisonnés pour arriver à un but.

908. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre troisième. Suite de la Poésie dans ses rapports avec les hommes. Passions. — Chapitre V. Suite des précédents. — Héloïse et Abeilard. »

Il n’y a point d’accommodement à espérer ; la créature et le Créateur ne peuvent habiter ensemble dans la même âme.

909. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Hallé » pp. 71-73

Il y a un autre mérite que peu d’artistes auroient eu et que beaucoup moins de spectateurs auroient senti ; c’est dans une multitude de figures, toutes debous, toutes vêtues de même, toutes rangées autour d’une table quarrée, toutes les yeux attachés vers le même point de la toile, des positions naturelles, des mouvements de bras, de jambes, de tête, de corps si variés, si simples, si imperceptibles, que tout y contraste, mais de ce contraste, inspiré par l’organisation particulière de chaque individu, par sa place, par son ensemble ; de ce contraste non étudié, non académique, de ce contraste de nature.

910. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 6, des artisans sans génie » pp. 58-66

Ses ouvrages ne sont beaux que par endroits, parce que n’aïant pas imaginé tout son plan, mais l’aïant fait seulement piece à piece, rien n’y est ensemble.

911. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 11, les romains partageoient souvent la déclamation théatrale entre deux acteurs, dont l’un prononçoit tandis que l’autre faisoit des gestes » pp. 174-184

Cet ancien grammairien après avoir dit que les pieces de théatre étoient composées de choeurs, de dialogues et de monologues, ajoute : les dialogues sont les endroits d’une piece où plusieurs personnes conversent ensemble.

912. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Argument » pp. 93-99

Il appelle cet ensemble des croyances antiques, sagesse, et non pas science, parce qu’elles se rapportaient généralement à un but pratique.

913. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « DÉSAUGIERS. » pp. 39-77

On n’en sait guère que le morceau que voici, et il est fait pour donner le regret de l’ensemble. […] Si la cause de la gaieté se perdait de plus en plus dans l’ensemble, il lui rendait l’avantage dès qu’il paraissait sur un point, et, comme ces foudres de guerre qui ne meurent qu’en triomphant, il ramenait la victoire partout où il était de sa personne. — Dans les repas de corps de la garde royale, il avait nom l’aumônier du régiment. — Sa maladie, une maladie bien cruelle, la pierre, interrompit à peine les saillies de sa vive et indulgente humeur ; il chansonna son mal comme toute chose, sans amertume et en lui pardonnant ; il fit en riant son épitaphe, sans y croire encore. […] Il semblait dire à tous en entrant : « Nous n’avons qu’un instant, laissons ce qui divise, et jouissons ensemble de ce que je vous apporte. » Il avait besoin de voir tous les visages heureux autour de lui.

914. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « M. Jouffroy »

C’étaient souvent des saillies d’imagination philosophique, non pas sur un tel point spécial et borné, mais sur l’ensemble des choses et leur harmonie, sur la destinée future, le rôle des planètes dans l’ascension des âmes, et l’espérance de rejoindre en ces Élysées supérieurs les devanciers illustres qu’on aura le plus aimés, Platon ou Montaigne. […] » L’amphithéâtre glorieux encadrant le pays de Vaud, le miroir du Léman, dans un coin la Savoie rabaissée au pied du Mont-Blanc sublime ; cet ensemble solennel que la plume, quand l’œil n’a pas vu, n’a pas le droit de décrire ; la vapeur et les rayons du matin s’y jouant et luttant en mille manières, voilà ce qui l’assaillit d’abord et le stupéfia. […] Dubois, Duvergier, de Rémusat, et l’ensemble de la rédaction, étaient en méfiance, quoique généralement bienveillants.

915. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXIXe entretien. De la littérature de l’âme. Journal intime d’une jeune personne. Mlle de Guérin (2e partie) » pp. 321-384

Un jour nous saurons tout ; un jour je saurai pourquoi nous sommes séparés, nous deux qui voudrions être ensemble. […] Tout cela s’est mis avec moi sur ce lit ; j’ai vu, revu, pensé, béni ; puis un petit sommeil et un rêve… » XXVII Qu’on ne s’étonne pas à me voir tant citer ; je suis sans cesse tenté de laisser aller ma plume, mais qu’écrirait-elle qui valût ce que nous lisons ainsi ensemble ? […] Descendant comme nous de l’exilé d’Éden, connaissent-ils sa naissance, sa vie, sa chute, sa lamentable et merveilleuse histoire ; cette Ève pour laquelle il a perdu le ciel, tant de malheur et de bonheur ensemble, tant d’espérances dans la foi, tant de larmes sur leurs enfants, tant et tant de choses que nous savons, que savait peut-être avant nous ce peuple dont il ne reste qu’une planche ?

916. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIVe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 257-320

Il y a quelques traits de vérité ; mais l’ensemble du tableau est faux, outré, comme tout tableau qui n’est vu que sous un seul jour, comme toute peinture où l’imagination n’emploie que les couleurs de la prévention et de la haine. […] Elle prit un appartement à Florence, où nous passâmes quelques mois ensemble dans une intimité douce, mais irréprochable, au milieu du petit cercle d’amis et d’admirateurs de sa merveilleuse beauté. […] Nous y fîmes ensemble plus de poésie que de diplomatie.

917. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxive Entretien. Réminiscence littéraire. Œuvres de Clotilde de Surville »

Voilà le paysage à la fois rustique, féodal, gracieux par les détails, austère par l’ensemble, religieux par l’impression, amoureux par le frisson qu’il communique à l’âme. […] Sophie et Juliette se lièrent bientôt de la plus étroite amitié ; elles consolèrent pendant quelque temps Clotilde de ses pertes ; elles l’aidèrent dans l’éducation de Jean de Surville, son fils : mais des passions malheureuses, que la religion seule pouvait vaincre, et dont l’objet leur était peut-être commun, arrachèrent encore ces deux amies à leur protectrice ; elles se retirèrent ensemble à l’abbaye de Villedieu. […] Il n’y avait point d’art, non, c’était la nature faite art ; l’image et le son, cette musique de l’âme, y naissaient ensemble indivisibles comme la voix et la sensation.

918. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série «  M. Taine.  »

Taine, l’ensemble des textes et documents de toute espèce ne s’oppose point à ce que l’on conçoive Napoléon précisément comme il l’a fait. […] Taine critique d’art, les deux parties de la phrase, qui ont l’air d’exprimer deux critiques analogues, se contredisent en réalité : car, si le dénombrement des cheveux d’un portrait indique bien un esprit myope et borné, tout au contraire l’explication d’un phénomène moral et religieux par une habitude d’alimentation serait plutôt d’un esprit philosophique et discursif à l’excès, capable d’embrasser de vastes ensembles de faits et de les ramener les uns dans les autres  Enfin, le prince ne peut contenir son indignation contre cet « analyste perpétuel » qui « prend plaisir à déchiqueter sa victime jusqu’aux dernières fibres, sans un cri de l’âme, sans une aspiration vers l’idéal ». […] Mais, enfin, Faustus et Stella boivent et mangent, respirent des parfums, regardent de beaux spectacles, entendent de bonne musique, dorment ensemble dans les fleurs, et puis c’est tout  Trouvez mieux !

919. (1914) Enquête : Les prix littéraires (Les Marges)

Il nous a paru intéressant de mettre ensemble celles des partisans des prix, et puis celles des adversaires. […] Si l’on ne récompensait que des ensembles d’ouvrages, l’œuvre déjà important d’un auteur, au lieu d’un ouvrage seul, bien certainement l’entente serait plus aisée. […] Tranquilles du côté matériel, distraits, par un travail manuel intéressant, de leur travail intellectuel, placés dans un site où les promenades et les sports les solliciteraient, nos jeunes écrivains, réunis ensemble, mais chacun parfaitement libre, bien entendu, pourraient aller passer là deux ou trois mois par an ou plus, et je crois que ce serait un des meilleurs moyens de leur venir réellement en aide.

920. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 février 1885. »

Ambroise Thomas ; mais pour nous l’œuvre de Richard Wagner domine excellemment ; elle apparaît vivante, grande, forte, née pour régner : c’est bien l’œuvre d’art complète, qui n’est ni poésie, ni musique, ni plastique, mais qui, étant tout cela ensemble, est le drame. […] Où s’impose d’urgence un dialogue haletant, on place un duo amplifié par périodes, des mélodies coupées, des ensembles, des reprises, tout un appareil de symétrie incompatible avec la poussée d’une action vraie et la mise en jeu des passions. […] Ils partirent ensemble avec Villiers de l’Isle-Adam, à Tribschen pour rencontrer Wagner, en 1869 d’abord, puis une seconde fois en 1870.

921. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 février 1886. »

Les airs, les cavatines, les duos, les ensembles, tels qu’on les a employés dans les opéras italiens et français, sont des boîtes faites d’avance où le musicien doit enfermer les émotions de ses personnages ; c’était gêner le libre développement de ces émotions, leur imposer des limites et des répétitions arbitraires ; aussi nos compositeurs ont-ils renoncé à toutes ces formules. […] Dans ces analyses, la pièce est suivie pas à pas, acte par acte, scène par scène ; c’est un compte rendu exact et détaillé, non une analyse d’ensemble. […] Dans leur préface, les auteurs déclarent avoir voulu faire « un travail d’ensemble, un résumé clair et complet, un guide, en un mot, pour ceux que la curiosité pousse à aborder ces œuvres complexes, mais nullement inintelligibles ».

922. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 juillet 1886. »

Parsifal : répétition d’ensemble, avec costumes : 17 juillet. […] Vont-ils mourir ensemble ? […] Ensemble, les deux volumes forment le meuble indispensable de toute collection wagnérienne.

923. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 15 décembre 1886. »

En même temps qu’il désigne la Déesse de la Terre, personnification de la Nature, il réunit en quelque sorte le nom d’Urda (l’Originelle), attribué dans la mythologie scandinave à la principale des trois grandes Nomes, et le substantif Edda, qui signifie tout ensemble science et grand-mère. […] Renseignements précis et exacts, et, en outre, un ensemble de 120 gravures, caricatures, scènes, autographes, etc., de 15 portraits, de 4 eaux-fortes, qui forme le plus curieux et le plus riche recueil de ce genre. […] Quelques lignes seulement, dans lesquelles Wagner dit qu’il a découvert que même dans l’amour entre les sexes « on peut trouver le chemin du salut, c’est-à-dire de la négation de la volonté de vivre. » Il se flatte ainsi de pouvoir expliquer ce qui était pour Schopenhauer un sujet d’étonnement : le fait qu’on voit fréquemment des amants dont le sort rend l’union difficile, se donner ensemble la mort et mettre ainsi une fin au plus grand bonheur imaginable, plutôt que de recourir aux moyens les plus désespérés et que de supporter toutes les misères afin de rester unis le plus longtemps possible. — Dans une note on nous apprend que ce fragment de lettre date de l’époque de Tristan.

924. (1881) La psychologie anglaise contemporaine «  M. Georges Lewes — Chapitre II : La Psychologie »

La vie est le connexus des activités organiques ; c’est un ensemble de divers faits particuliers, abstrait de ces faits et érigé en réalité objective : chaque organe est composé de tissus constituants, chaque tissu a ses éléments constitutifs, chaque élément, chaque tissu a ses propriétés spécifiques, l’activité de chaque organe est la somme de ces propriétés, l’organisme est le connexus de la totalité. […] Il est dû à la subordination des organes ; toutes les parties ont des rapports ; toutes agissent ensemble par le moyen du système nerveux. […] Il n’est peut-être pas inutile de faire remarquer qu’il y a là un ensemble de faits qui pourraient servir de preuves en faveur de la loi d’évolution, et de la continuité des phénomènes naturels.

925. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre VII. Repos »

Tout à l’heure « sur le tertre des chapelles vêtues de lierre », des bardes amis composaient ensemble des chants naïfs et surchargés d’images inattendues, « toiles de ciel et de verdure où chacun tissait sa fleur ». […] Mais ces grands morceaux valent surtout d’ensemble. […] Aujourd’hui, mieux regardée et mieux comprise, c’est l’œuvre entière que j’aime en sa beauté diverse et savante, en la haute signification de son ensemble.

926. (1913) La Fontaine « VI. Ses petits poèmes  son théâtre. »

Enfin, Malc, pour délivrer la jeune dame de la torture que sa présence fait qu’elle endure (parce que le seigneur arabe veut absolument les marier ensemble), se sauve à travers beaucoup de périls. […] De moment en moment enjambant l’intervalle, Enfin, ils feront tant, au milieu du dédale, Qu’imperceptiblement ensemble ils se rendront, Et malgré vos efforts, mon fils, ils se joindront : C’est un coup sûr. […] Mon très lettré ami M. de Couynart me fait remarquer : 1° qu’en 1680-1685 des essais assez nombreux d’acclimatation de Shakespeare en France avaient été faits et que La Fontaine avait pu jeter les yeux sur quelque oeuvre du dramatiste anglais   2° que la tragi-comédie de Statira, tirée par Pradon de la Cassandre de La Calprenède, jouée à la fin de 1679, avait été incriminée de mélange de trivialité et de tragique, et que, du reste, Pradon en 1684 ayant, par un factum, exercé des représailles contre Boileau, La Fontaine a pu, réveillé par ce factum contre son ami, se souvenir de Statira et y faire cette allusion prolongée que nous venons de voir ; M. de Couynart penche pour la seconde de ces hypothèses  J’y pencherais aussi, sans doute ; mais d’abord en 1684 Boileau et La Fontaine, compétiteurs à l’Académie, ne devaient pas être si bien ensemble que La Fontaine voulût venger Boileau de Pradon avec un tel éclat ; ensuite Statira présente-t-elle en effet un tel mélange de haut style et de bassesses ?

927. (1894) Les maîtres de l’histoire : Renan, Taine, Michelet pp. -312

Pour juger dans leur ensemble une vie et une œuvre, il faut qu’un temps assez long nous permette de les considérer à distance et comme en perspective, de même qu’il faut un certain recul pour jouir d’un objet d’art. […] Quelques semaines plus tard, Taine subissait à son tour un douloureux échec causé par l’ensemble exceptionnel de qualités et de défauts qui faisait sa rare originalité et que M.  […] Nos enfants, plus heureux, auront peut-être les deux biens ensemble, la science et la liberté… Il faut attendre, travailler, écrire. […] Si d’étoiles en étoiles, réunis, élancés dans un vol éternel, nous suivions tous ensemble un doux pèlerinage à travers la bonté immense ! […] En mars, où on la mit ensuite, — elle était avec le labour — l’éveil de l’alouette ; — la mort et le grain, dans la terre, — entraient ensemble avec le même espoir. — Mais, hélas !

928. (1875) Premiers lundis. Tome III « Du point de départ et des origines de la langue et de la littérature française »

Sainte-Palaye, au contraire, s’extasiait de voir ensemble tant de paperasses du xe  siècle. […] La comparaison des formes, les vues d’ensemble et de suite, l’idée de lois grammaticales nécessaires, le fil et la clef des étymologies précises, le sens naturel des permutations et altérations dans les mots, les analogies cachées, en un mot l’ organisation de leur sujet d’étude, ils ne s’en doutent pas. […] Mais ce qu’a fait Raynouard d’essentiellement utile par l’ensemble de ses travaux, par sa Grammaire, par son Lexique, ç’a été d’ouvrir (sinon d’accomplir), pour son idiome favori, le cercle des études méthodiques qu’il ne s’agissait plus que d’appliquer parallèlement à l’idiome de l’autre côté de la Loire. […] Un homme d’un esprit étendu et d’une noble ambition intellectuelle, Gustave Fallot, le premier chez nous, entreprit de donner à des études jusqu’alors partielles, éparses, fragmentaires, un ensemble, une constitution scientifique, et de les mettre en rapport par l’esprit et la méthode avec les travaux des illustres linguistes d’outre-Rhin.

929. (1859) Cours familier de littérature. VII « XXXVIIe entretien. La littérature des sens. La peinture. Léopold Robert (2e partie) » pp. 5-80

Il avait donc été convenu entre nous, par l’intermédiaire d’un ami commun, que nos conversations seraient à double entente ; que nous ne nous regarderions jamais face à face en causant ensemble, mais que nous aurions l’air de nous adresser à un troisième interlocuteur dans la confidence des deux ; que chacun de nous paraîtrait adresser à ce tiers complaisant ce que nous avions à nous dire ; que nous nous entretiendrions obliquement, par ricochet, et que nos paroles, insaisissables ainsi à la foule, ressembleraient à ces projectiles qu’on dirige d’un côté pour frapper ailleurs. […] La belle moissonneuse de Léopold Robert compte dix-neuf ans ; la délicatesse et la force de cette saison de la vie se marient, dans un harmonieux ensemble, sur ses traits ; elle regarde avec un demi-sourire de distraction et de raillerie les grotesques gambades des danseurs maladroits de l’Abruzze ; mais son œil large, ouvert et tendu par une arrière-pensée, lance au-dessus d’eux un regard chargé de rêverie vers le bel adolescent qui retient les buffles ; on voit qu’elle a l’espérance d’être bientôt la fiancée de cet Antinoüs rustique et de monter à son tour sur le char comme fille du maître du champ. […] Le groupe monte du sol au sommet du char en concentrant le regard et l’intérêt sur toutes les figures en particulier, puis en reportant cet intérêt de chacune à toutes et de toutes à chacune, en sorte que la beauté de l’une contraste et concourt avec la beauté de l’ensemble, et qu’il en résulte un rejaillissement général de splendeur et de félicité qui produit en un instant l’enthousiasme. […] Elle ne dit plus rien ; elle est déjà morte, morte d’angoisse autant que de maladie, sans avoir revu ni son mari, compagnon encore robuste de sa longue vie, ni ces deux petits garçons, ces derniers-nés lancés à la mer avant l’âge. — Et que dit l’ensemble de toutes ces figures et de toutes ces physionomies répercutées les unes sur les autres ?

930. (1859) Cours familier de littérature. VII « XLIe entretien. Littérature dramatique de l’Allemagne. Troisième partie de Goethe. — Schiller » pp. 313-392

« Mon esprit, écrit Schiller à Goethe, le 23 août 1794, est absorbé dans la contemplation de l’ensemble de votre génie. […] « Que l’on nous confonde dans nos talents, écrivait-il à Schiller, ce m’est chose agréable ; cela montre que nous nous élevons toujours davantage ensemble au-dessus de l’affectation de notre siècle, c’est-à-dire au beausimple, pour arriver à ce qui est universellement bon. […] Ils concertent ensemble les moyens de la faire dignement représenter sur la scène de Weimar. […] On ne monte pas plus haut que certaines pages extatiques de Faust : plus haut, l’air raréfié ne porte plus l’homme ; mais il y a de grandes raisons de penser que, si la nature n’enfante pas souvent une individualité poétique de la force de Goethe, la littérature allemande dans son ensemble retrouvera une période de splendeur égale à la période qui porte le nom de Goethe.

931. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCVIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (1re partie) » pp. 413-491

Comme ce second voyage devait se prolonger plus que l’autre, et qu’à mes rêves de véritable gloire il se mêlait encore quelques bouffées de vanité, j’emmenai avec moi plus de gens et de chevaux, afin de marier ainsi deux rôles qui rarement vont d’accord ensemble, le rôle de poète et celui de grand seigneur. […] De cette méthode, que j’ai voulu caractériser avec détail, il est peut-être résulté une chose : c’est que mes tragédies dans leur ensemble, et malgré les nombreux défauts que j’y vois, sans compter tous ceux que peut-être je n’y vois pas, ont du moins le mérite d’être, ou, si l’on veut, de paraître pour la plupart venues d’un seul jet et rattachées à un seul nœud, de telle sorte que les pensées, le style, l’action du cinquième acte s’identifient étroitement avec la disposition, le style, les pensées du quatrième, et ainsi de suite, en remontant jusqu’aux premiers vers du premier, ce qui a du moins l’avantage de provoquer, en la soutenant, l’attention de l’auditeur, et d’entretenir la chaleur de l’action. […] Cependant, ayant repris le cothurne, je développai en très peu de temps et tout ensemble, l’Agamemnon, l’Oreste et la Virginie. […] Enfin, on tomba d’accord sur le plan ; chacun apprit son rôle, et au jour fixé, à l’heure dite, la petite comédie fut enlevée avec un merveilleux ensemble.

932. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXVIIIe entretien. Littérature américaine. Une page unique d’histoire naturelle, par Audubon (2e partie) » pp. 161-239

À partir de ce moment, nous fîmes tranquillement route ensemble à travers les bois. […] La construction, assez fragile du reste, cède de temps à autre, soit sous le poids des parents et des jeunes, soit emportée par un flot subit de pluie, cas auxquels ils sont tous ensemble précipités par terre. — On y compte de quatre à six œufs d’un blanc pur, et il y a deux couvées par saison. […] Jamais ils ne s’engagent dedans qu’ils n’aient voltigé plusieurs fois tout à l’entour ; puis, tantôt l’un, tantôt l’autre, ils se décident à entrer, jusqu’à ce qu’enfin, pressés par l’heure, ils s’y précipitent plusieurs ensemble. […] Ils partent ensemble et choisissent dans le bois un tronc d’arbre facile à creuser ; tour à tour le mari et la femme opèrent à coups de bec l’excavation qui doit contenir eux et leurs petits.

933. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1868 » pp. 185-249

On nous présente, et deux heures après, nous soupons ensemble au café Anglais. […] * * * — En sortant d’une maison, où nous avions dîné gaiement ensemble, le fin et discret observateur qu’est Viollet-le-Duc, me disait, et sa remarque était parfaitement juste : « Il faut, pour qu’une soirée soit agréable, que la maîtresse de maison ait un amant et que cet amant ne soit pas là. » 15 avril Rue de Courcelles. […] Quelle loterie des carrières, des fortunes et des noms à la sortie ; ça a quelque chose de semblable aux fusées des bouquets de feux d’artifice, qui, parties ensemble, crèvent presque aussitôt, ou montent, en volant, jusqu’au haut du ciel. […] Nous entrons, nous nous promenons sous le quinconce de marronniers sous lequel nous nous sommes promenés si souvent ensemble avec l’ancien propriétaire, quand un homme vient à nous, nous tendant la main, un revenant, un spectre, lui, Gavarni !

934. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Conclusions »

Mais on peut assembler en une mesure harmonieuse de douze, dix, huit syllabes, des mots ne présentant à l’esprit rien de poétique ; il est des vers admirables musicalement et techniquement, faits de noms propres d’inconnus ; enfin des mots dont l’ensemble manque de nombre, peuvent donner la grande impression du lyrisme ; il faut donc qu’il y ait quelque caractère intrinsèque des mots ou plus généralement de l’expression et des idées exprimées, qui constitue le poétique, et ce caractère doit nécessairement être fort général et fort simple, pour permettre de classer ensemble des écrits aussi différents qu’un poème de Shelley, certaines descriptions de Zola, Salammbô et les Méditations, un tableau de l’Iliade, une analyse psychologique de Baudelaire, une aventure galante contée par Byron, les petites pièces lyriques de Heine, des pensées de Pascal, certaines hautes conceptions de la science, quelques-unes des plus belles toiles et presque toute la grande musique. […] Ils sont, comme nous venons de le voir, d’esthétique fort diverse ; cependant on les considère comme appartenant ensemble au groupe des artistes réalistes, bien que plusieurs d’entre eux se distinguent davantage par la manière dont ils ont altéré ce qu’ils ont su que par leur exactitude à le reproduire. […] Entre cette notion et celle de l’incessante ruine de tout, entre cette sorte de manie des grandeurs spirituelles et les désolantes vues d’ensemble dont elle est l’effet, la contradiction est douloureuse.

935. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre IX : Insuffisance des documents géologiques »

En voici le résultat : Terrains paléozoïques non compris les roches ignées 57, 154 pieds Terrains secondaires 13, 190 pieds Terrains tertiaires 2, 240 pieds Ensemble 72, 584 pieds   C’est-à-dire environ treize milles anglais et trois quarts. […] J’ai évalué l’étendue proportionnelle des surfaces appartenant aux diverses formations en découpant la carte elle-même pour en peser le papier, et j’ai trouvé que les roches granitiques avec les roches métamorphiques, mais sans y comprendre les semi-métamorphiques, excédaient ensemble dans la proportion de 19 à 12, 5, non seulement l’étendue des vrais terrains carbonifères, qu’on sait si extraordinairement développés en ces contrées, mais encore toute la série des terrains paléozoïques supérieurs. […] — On ne peut douter, après ces diverses considérations, que l’ensemble des documents géologiques ne soit extrêmement incomplet ; mais, si nous concentrons notre examen sur chaque formation séparément, il devient beaucoup plus difficile de comprendre pourquoi nous n’y trouvons pas une série étroitement graduée de variétés intermédiaires entre les espèces qui vivaient au commencement et celles qui ont vécu à la fin. […] Un tel ensemble de circonstances est, on le voit, presque irréalisable ; car si les conditions locales restent les mêmes, ce qu’il faut pour assurer la continuité du dépôt, les espèces n’ont aucune raison d’émigrer ou d’immigrer et en général de se modifier, puisqu’elles n’y sauraient trouver avantage.

936. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. Daru. Histoire de la république de Venise. — III. (Suite et fin.) » pp. 454-472

On peut sur plus d’un point différer d’avis avec l’historien sans que l’ensemble de son œuvre en soit atteint ni ébranlé : Et que lui importe après tout, dit à cette occasion l’auteur en parlant de lui-même, que le gouvernement de Venise ait été plus ou moins digne d’éloges ou de blâme ? […] Cette république noble et marchande, dont l’origine se perd dans les plus anciens débris de l’Empire romain ; qui eut la première en Italie, en face et à côté de la nouvelle politique romaine, une politique à elle, profonde, suivie, consommée, indépendante ; qui eut ses épisodes de grandeur héroïque et de chevalerie maritime, bien qu’un intérêt de commerce fût toujours au fond ; qui, dans le cours de sa longue et séculaire décadence, sut trouver tant de degrés encore brillants et des temps d’arrêt si glorieux ; qui ne s’abaissa véritablement que depuis la fin du xviie  siècle ; ce gouvernement jaloux, mystérieux, si longtemps sage, de qui la continuelle terreur était tempérée par un carnaval non moins continuel, comme en France la monarchie absolue l’était par des chansons ; cette cité originale en tout, et qui le fut hier encore jusque dans l’insurrection dernière par laquelle, déjà si morte, elle essayait d’un réveil impossible ; cet ensemble d’institutions, d’intérêts, d’exploits et de prouesses, de conjurations, d’espionnages et de crimes ; tant de majesté, de splendeur et d’austère vigilance, se terminant en douceurs molles et en plaisirs, tout cela se suit et se comprend d’autant mieux dans le récit de M. 

937. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Fénelon. Sa correspondance spirituelle et politique. — II. (Fin.) » pp. 36-54

Le duc de Chevreuse, honnête, appliqué, laborieux, traitant chaque question avec méthode, s’épuisant à combiner les faits et à en tirer des inductions, des conséquences infinies, avait quelque chose du doctrinaire et du statisticien tout ensemble ; on en connaît encore de ce genre-là : avec beaucoup d’esprit, de mérite, de capacité et de connaissances, il n’arrivait qu’à être un bon esprit faux. […] Soyez sociable ; faites honneur à la vertu dans le monde. » Et il redouble lui-même de légèreté en écrivant, comme pour lui donner l’exemple avec le précepte : « On a besoin d’être sans cesse la faucille en main, pour retrancher le superflu des paroles et des occupations. » Jamais la piété de Fénelon ne se montre mieux ce qu’elle est que dans ces lettres au vidame d’Amiens, c’est-à-dire une piété douce, commode, simple, exacte, ferme et gaie tout ensemble, une piété qui s’allie avec tous les devoirs et qui se ressouvient du grand seigneur devant les hommes jusque dans la perfection de l’humilité devant Dieu : Un homme de votre rang ne fait point assez, et il manque à Dieu quand il ne s’occupe que de curiosités, que d’arrangement de papiers, que de détails d’une compagnie, que de règlements pour ses terres.

938. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Bossuet. Lettres sur Bossuet à un homme d’État, par M. Poujoulat, 1854. — Portrait de Bossuet, par M. de Lamartine, dans Le Civilisateur, 1854. — II. (Fin.) » pp. 198-216

Allons ensemble, mes frères ; entrons en cet abîme de gloire et de majesté. […] Mais il me pardonnera de ne pas entrer avec lui dans des discussions qui ne seraient que secondaires : je loue trop l’esprit général de son livre et aussi j’approuve trop l’ensemble de l’exécution, pour vouloir instituer une critique en forme sur quelques parties.

939. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sylvain Bailly. — II. (Fin.) » pp. 361-379

Au milieu des pages fort mélangées que lui a consacrées son ami Mérard de Saint-Just, il en est une qui me paraît rendre avec réalité et sans complaisance sa figure, sa physionomie finale, et les qualités qui s’y dévoilaient peu à peu aux yeux de l’amitié : Grand et maigre, est-il dit, le visage long, des yeux petits et un peu couverts, la vue extrêmement basse, un nez d’une longueur presque démesurée, le teint assez brun, tout cet ensemble ne lui donnait pas une figure aimable : il l’avait sérieuse ; mais son air imposant, même un peu sévère, loin d’avoir rien d’austère ni de sombre, laissait paraître assez à découvert ce fonds de joie sage et durable qui est le fruit d’une raison épurée et d’une conscience tranquille. Cette disposition ne produit pas les emportements de la folle gaieté, mais une douceur égale qui cependant peut devenir gaieté pour quelques moments ; et de tout cet ensemble se forme, se compose un air de dignité qui n’appartient qu’à la vertu et que les dignités mêmes ne donnent pas.

940. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Léopold Robert. Sa Vie, ses Œuvres et sa Correspondance, par M. F. Feuillet de Conches. — I. » pp. 409-426

M. de Roullet eut occasion de le voir et l’accueillit très amicalement comme compatriote ; et dans quelques conversations qu’ils eurent ensemble, M. de Roullet désira savoir s’il y avait à Paris d’autres jeunes compatriotes étudiant les arts. […] Celui-ci fait là à Raphaël un reproche qui rappelle certaines critiques adressées de nos jours à Racine pour avoir, dans Esther et même dans Athalie, adouci un peu trop et diminué les types juifs : un ton général d’harmonie, un esprit d’humanité et de christianisme qui brille sur l’ensemble, leur a fait sacrifier peut-être, au poète comme au peintre, certains traits crus et saillants.

941. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Montluc — II » pp. 71-89

Nous n’avions pas faute d’outils, car monsieur le maréchal en avait grande quantité, et aussi les pionniers qui se dérobaient laissaient les leurs… Comme je m’en vins à la courtine, je commençai à mettre la main le premier à remuer la terre, et tous les capitaines après : j’y fis apporter une barrique de vin, ensemble mon dîner, beaucoup plus grand que je n’avais accoutumé, et les capitaines le leur, et un sac plein de sous que je montrai aux soldats ; et après avoir travaillé une pièce (un bon bout de temps), chaque capitaine dîna avec sa compagnie ; et à chaque soldat nous donnions demi-pain, du vin et quelque peu de chair, en favorisant les uns plus que les autres, disant qu’ils avaient mieux travaillé que leurs compagnons, afin de les accourager. […] C’est un tout qui se détache et qui fait un parfait ensemble ; la façon de dire et de raconter y est égale à l’action.

942. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Charron — II » pp. 254-269

Il faut une spéciale faveur du ciel, et ensemble une grande et généreuse force et fermeté de nature, pour remarquer l’erreur commune que personne ne sent, s’aviser de ce de quoi personne ne s’avise, et se résoudre à tout autrement que les autres. […] Il accorde beaucoup à la piété, à la véritable, qu’il distingue soigneusement et en traits vigoureux d’avec la superstition ; puis il ajoute un avis nécessaire, dit-il, à celui qui prétend à la sagesse, qui est, d’une part, de ne point séparer la piété de la vraie prud’homie, et d’autre part, et encore moins, de ne les confondre et mêler ensemble : « Ce sont deux choses bien distinctes et qui ont leurs ressorts divers, que la piété et la probité, la religion et la prud’homie, la dévotion et la conscience : je les veux toutes deux jointes en celui que j’instruis ici… mais non pas confuses. » Le père Buffier, d’ailleurs très équitable envers Charron, a relevé ce passage en disant : « Une probité sans religion serait une probité sans rapport à la divinité et indépendante de la loi de Dieu.

943. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Henri IV écrivain. par M. Eugène Jung, ancien élève de l’École normale, docteur es lettres. — I » pp. 351-368

Toutes les gênes que peut recevoir un esprit sont sans cesse exercées sur le mien ; je dis toutes ensemble. […] Henri IV n’est qu’un homme pareil à beaucoup d’autres, plus distingué seulement par l’ensemble ; il est de ceux qui mûrissent, qui se forment successivement et s’achèvent ; il a ses saisons, il fait ses écoles et ses apprentissages.

944. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Henri IV écrivain. par M. Eugène Jung, ancien élève de l’École normale, docteur es lettres. — II » pp. 369-387

Chéruel établit et entoure de preuves dans sa récente et louable Histoire de l’administration monarchique en France, on ne voit rien à désirer d’essentiel : on possède un Henri IV vrai, dans l’équilibre de ses qualités et dans son ensemble ; on a fait, pour ainsi dire, le tour du personnage. […] [NdA] J’ai besoin d’expliquer ce quoique ; car bon sens et haute poésie, selon moi, vont très bien ensemble.

945. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Madame Bovary par M. Gustave Flaubert. » pp. 346-363

Mme Bovary elle-même, cette Mlle Emma que nous venons de voir si charmante à son apparition, nous est si souvent décrite en détail et par le menu, que physiquement je ne me la représente pas très bien dans son ensemble ni d’une manière bien distincte et définitive. […] Le tableau de cette fameuse journée compose le troisième grand morceau d’ensemble de l’ouvrage ; il est achevé dans son genre.

946. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Charles-Victor de Bonstetten. Étude biographique et littéraire, par M. Aimé Steinlen. — II » pp. 435-454

rappelle-toi nos anciens amis, les grands hommes que nous avons lus, que nous avons adorés ensemble, le siècle où nous vivons, tes premiers penchants, le caractère de ton esprit, et l’espèce de bonheur qui était l’objet de tes désirs. […] Il y avait chez ces hommes une fécondité d’idées, d’absurdités et de croyances superstitieuses de toute espèce : tout cela se croisait et s’enlaçait si bizarrement ensemble, que je me croyais dans les déserts de l’Amérique où de superbes forêts rendues inaccessibles par les lianes recèlent d’impénétrables ténèbres… Je certifie qu’avec les meilleures intentions je n’ai pu, pendant les trois années de ma charge (1795, 1796, 1797), faire le bien de personne.

947. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Le Poëme des champs par M. Calemard de Lafayette. »

Pourquoi donc confondre tout cela ensemble sous ce titre et cet aspect désagréable d’Épaves ? […] Il a intitulé son recueil la Flûte de Pan 37, parce que les pièces diverses qui le composent sont liées ensemble, bien qu’inégales de ton et de sujet, et que le lien commun est « la croyance à la vie dans les choses », c’est-à-dire au grand Pan.

948. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Madame de Staël. Coppet et Weimar, par l’auteur des Souvenirs de Mme Récamier »

C’est dans cet ensemble qu’elle excellait ; c’est cette trame diverse et mobile qu’elle agitait, qu’elle variait et recommençait sans cesse avec un art de magicienne ; c’est au cœur de cet orchestre où elle ne jouait pas seule, où elle tirait parti de tous, où elle devinait et occupait chacun, où elle associait les autres à son talent et se faisait pardonner sa supériorité en créant l’harmonie et en marquant l’accord jusque dans les dissonances, c’est là, dans son cercle à elle, qu’il fallait la voir ; et Byron, qui avait senti et noté le défaut, a aussi reconnu le charme et le triomphe. Peut-on s’étonner pourtant qu’il en ait été d’un tel talent comme de celui des improvisateurs et des orateurs ; que ce qu’on a d’elle par écrit ne la représente pas entièrement, et qu’il faille, pour être fidèle, y ajouter en idée un ensemble et une spontanéité d’impressions qui n’était que dans la personne et sur son théâtre ?

949. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Madame de Staël. Coppet et Weimar, par l’auteur des Souvenirs de Mme Récamier (suite et fin.) »

N’oublions pas que les hommes, y compris les femmes, ne sont pas tout d’une pièce, qu’il y a des temps d’émotion générale où une démarche, un mouvement qui ne sera pas entièrement d’accord avec l’ensemble de la ligne suivie, peut paraître la chose la plus naturelle ; et, dans ce cas-ci, le mouvement qui aurait porté Mme de Staël à écrire la lettre en question, serait infiniment honorable, et, par conséquent, digne d’elle. […] Les souvenirs qui l’avaient accompagnée jusqu’ici cessent et expirent ; les écrits seuls sont là désormais, et ils ont besoin d’être complétés, d’être expliqués : le plus fort de leur charme et de leur puissance est dans l’ensemble, et on ne saurait presque en détacher une page entre toutes.

950. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Ernest Renan »

en lisant son article, je lui donnais raison presque à chaque phrase, et pourtant je résistais dans l’ensemble ; je ne suis certes qu’un demi-gaulois, mais ce demi-gaulois trouvait de quoi répondre, même à cette intelligence d’une élévation constante et qui sait y allier tant de sagacité et de finesse. […] Inutiles tous deux en ce monde, qui ne comprend que ce qui le dompte ou le sert, fuyons ensemble vers l’Éden splendide des joies de l’âme, celui-là même que nos saints virent dans leurs songes.

951. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Le Mystère du Siège d’Orléans ou Jeanne d’Arc, et à ce propos de l’ancien théâtre français »

» Peut-être un jour reviendrai-je sur la tragédie considérée dans son : ensemble, dans sa vie complète et sa carrière tant de fois recommencé et signalée par tant d’exploits, de grandes journées et de monuments. […] Daignons donc nous bien figurer l’effet que devaient produire de telles représentations, réglées en quelque sorte sur l’hymne, contenues au sanctuaire, graves, pathétiques, touchantes et toujours augustes, — je ne dis pas précisément sur le peuple, il ne comprenait que l’ensemble, le mouvement et la mimique en quelque sorte, l’image majestueuse des choses, il ne savait pas les langues savantes, — mais sur tout ce qui était clerc et lettré.

952. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Œuvres de M. P. Lebrun, de l’Académie française. »

ainsi les Stances à trois jeunes filles qui, au bord d’un étang, agacent un cygne, et que le poète avertit de prendre garde au destin de Léda ; ainsi ces autres stances aux trois jeunes sœurs de Sainte-Aulaire, ramant ensemble dans une promenade sur la Seine, et qu’il invite à se laisser dériver au fil de l’eau. […] Spectacle redoutable ensemble et salutaire !

953. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Histoire de la littérature anglaise par M. Taine. »

Ce résumé, on peut le croire, ne terminait rien : la cohue d’opinions subsistait ; il y avait en ces jeunes têtes si doctes, si enivrées de leurs idées et si armées de la parole, excès d’intolérance, d’outrecuidance, c’était inévitable ; on s’injuriait, mais on ne se détestait pas ; les récréations, avec leur besoin de mouvement et d’exubérance physique, raccommodaient tout, et quelquefois le soir on dansait tous ensemble tandis que l’un d’eux jouait du violoncelle et un autre de la flûte. […] Il me faut pourtant dire un mot de sa méthode et y revenir ; je ne vise en ce moment qu’à le faire mieux connaître dans son ensemble et à discourir sur lui dans tous les sens.

954. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « La reine Marie Legkzinska »

Ni belle ni laide, laide même, si l’on veut, mais assez agréable d’ensemble, ce fut l’impression générale qu’on eut d’elle à première vue, et chacun se louait de sa modestie, de sa raison, de sa bonté. […] Car, le croirait-on, ces deux époux, qui avaient eu tant d’enfants, avaient de tout temps très peu causé ensemble.

955. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Maurice comte de Saxe et Marie-Josèphe de Saxe, dauphine de France. (Suite) »

On ne lui manquera jamais de respect mais elles chercheront à rembarquer dans les querelles qu’elles ont continuellement ensemble ; et c’est de quoi elle ne doit que rire et s’amuser. […] Le prince, homme d’esprit, n’avait pas l’étoffe d’un capitaine, et quand il l’aurait eue, les deux rivaux très probablement n’en eussent pas été mieux ensemble.

956. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Observations sur l’orthographe française, par M. Ambroise »

On peut différent d’avis sur tel ou tel point ; mais mon œil n’est nullement choqué de l’ensemble. […] Ainsi, pour le mot lyrique par exemple, dont le sens ne se borne plus à des pièces d’opéra, comme du temps de Quinault ou de M. de Jouy, mais qui comprend et embrasse, selon les meilleurs critiques, tout un vaste ensemble de poésie intime ou personnelle et d’épanchements de l’âme, en regard et à côté des genres épique et dramatique : il faudra, bon gré, mal gré, tenir compte de ces progrès de l’Esthétique, comme on dit.

957. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite.) »

Un tel voyage est une sorte d’analyse pratique et vivante de l’origine des peuples et des États : on part de l’ensemble le plus composé pour arriver aux éléments les plus simples ; à chaque journée, on perd de vue quelques-unes de ces inventions que nos besoins, en se multipliant, ont rendues nécessaires ; et il semble que l’on voyage en arrière dans l’histoire des progrès de l’esprit humain. […] Il sut certainement donner à l’ensemble la forme la plus majestueuse, la plus spécieuse aussi et la plus décente.

958. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. PROSPER MÉRIMÉE (Essai sur la Guerre sociale. — Colomba.) » pp. 470-492

Mérimée, sans phrases, sans système, avec ce sentiment continu de la réalité et ce besoin qu’il a en tout de s’expliquer les choses comme elles se sont passées, nous a donné un récit instructif, enchaîné, attachant, et qui jette, chemin faisant, la plus grande clarté sur l’ensemble de l’organisation romaine. […] Souvent dans les débris de statues tronquées, quand elles sont de grande façon, un seul reste du torse ou du masque donne à juger de l’ensemble : de même pour quelques-uns des hommes dont il s’agit.

959. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre VI. De la philosophie » pp. 513-542

La Providence ne nous a donné aucune faculté morale dont il nous soit interdit de faire usage ; et plus notre esprit a de lumières, plus il pénètre dans l’essence des choses, du moins si nous avons soumis ces lumières à la méthode qui les réunit et les dirige : cette méthode n’est elle-même que le résultat de l’ensemble des connaissances et des réflexions humaines : c’est à l’étude des sciences physiques que l’on doit cette rectitude de discussion et d’analyse qui donne la certitude d’arriver à la vérité lorsqu’on le désire sincèrement ; c’est donc en appliquant, autant qu’il est possible, la philosophie des sciences positives à la philosophie des idées intellectuelles, que l’on pourra faire d’utiles progrès dans cette carrière morale et politique dont les passions ne cessent d’obstruer la route. […] Ce que nous appelons des idées générales, ne sont que des faits particuliers, et ne présentent qu’un côté d’une question, sans en laisser voir l’ensemble.

960. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre II. Distinction des principaux courants (1535-1550) — Chapitre I. François Rabelais »

Mais l’issue de cette affaire fait précisément éclater la prudence de Rabelais : il a un privilège du roi ; il a derrière lui Du Bellay, Chatillon, les Guise ; il répudie le demoniacle Calvin imposteur de Genève, satisfaisant ensemble à sa prudence et à ses rancunes. […] Il y a quelque chose de lui peut-être dans le cinquième livre, qui parut seulement en 1562, à l’époque des polémiques sans mesure, quand déjà les passions s’armaient : mais dans l’ensemble, cette satire âpre, directe, lourde, si peu riante, est d’un autre homme et d’un autre temps.

961. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre II. Les formes d’art — Chapitre IV. Le roman »

Marivaux, dans l’ensemble de la littérature européenne, fait la transition d’Addison à Richardson. […] La Nouvelle Héloïse 503 est, avant tout, un roman philosophique : une foule de thèses sociales et morales sont posées, discutées, résolues dans des lettres particulières ; et le roman lui-même, dans l’ensemble de son développement, démontre une des thèses favorites de Jean-Jacques.

962. (1911) La valeur de la science « Troisième partie : La valeur objective de la science — Chapitre XI. La Science et la Réalité. »

Un ensemble absolument désordonné ne saurait avoir de valeur objective puisqu’il serait inintelligible, mais un ensemble bien ordonné peut n’en avoir non plus aucune, s’il ne correspond pas à des sensations effectivement éprouvées.

963. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Stéphane Mallarmé » pp. 146-168

N’est-ce pas miracle que Mallarmé ait réussi à s’imposer à des esprits si divers, qu’il ait pu fournir de quoi séduire à la fois le réaliste Huysmans et le mystique Le Cardonnel, des partisans de l’art social comme Gustave Kahn et des dilettantes comme Henri de Régnier, des ironistes de la trempe de Laurent Tailhade et des moralistes de la nature d’un Remy de Gourmont ou d’un André Gide et qu’il ait pu retenir l’attention ensemble des outranciers du « symbolisme », et d’un esprit aussi lucide que Moréas ? […] Une étude d’ensemble sur son œuvre s’imposerait ici si je ne craignais les redites et qu’elle ne fît double emploi avec celle que j’ai déjà publiée en 1911 en tête de l’Assomption de Paul Verlaine, parue aux éditions du Mercure de France.

964. (1890) L’avenir de la science « V »

Les temples de cette doctrine, ce sont les écoles, non pas, comme aujourd’hui, enfantines, étriquées, scolastiques, mais, comme dans l’antiquité, des lieux de loisir (scholae) où les hommes se réunissent pour prendre ensemble l’aliment suprasensible. […] Si on entend par religion un ensemble de doctrines léguées traditionnellement, revêtant une forme mythique, exclusive et sectaire, il faut dire, sans hésiter, que les religions auront signalé un âge de l’humanité, mais qu’elles ne tiennent pas au fond même de la nature humaine 60 et qu’elles disparaîtront un jour.

965. (1890) L’avenir de la science « XVI »

Cela serait si l’humanité marchait avec un complet ensemble et d’une manière parfaitement rigoureuse. […] Les conditions de la science sont pour l’humanité les mêmes que pour l’individu : l’individu ne sait bien que l’ensemble dont il connaît séparément les éléments divers, en même temps qu’il perçoit le rôle de ces éléments dans le tout.

966. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Lettres inédites de l’abbé de Chaulieu, précédées d’une notice par M. le marquis de Bérenger. (1850.) » pp. 453-472

Nous sommes déjà si loin de ces temps, que, pour bien juger d’un homme, d’un auteur qui y a vécu, il ne suffit pas toujours de lire ses productions, il faut encore les revoir en place, recomposer l’ensemble de l’époque et l’existence entière du personnage ; en un mot, il faut déjà faire un peu de cette étude et de cet effort qu’on fait pour les anciens. […] Le siècle est envisagé dans son ensemble, et dans ses différentes vicissitudes d’esprit et de mœurs, d’une façon qu’on ne supposerait point possible à cette date, de la part de quelqu’un qui le voit d’aussi près et, pour ainsi dire, à bout portant.

967. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres inédites de la duchesse de Bourgogne, précédées d’une notice sur sa vie. (1850.) » pp. 85-102

« Pendant qu’il fut dans son cabinet avant souper, il fut toujours sur un petit siège et la fit tenir dans un fauteuil, lui disant : “Madame, voilà comme il faut que nous soyons ensemble, et que nous soyons en toute liberté.” » Voilà, en effet, qui sent davantage le grand-papa et le bonhomme, mais ne vous y fiez pas ; ce n’est que le vieillard qui veut se prêter à être distrait et amusé ; on serait bien dupe d’en aller tirer de trop grandes conséquences pour la tendresse. […] Chaque partie du visage, à la prendre isolément, pouvait paraître défectueuse ou même laide, et de toutes ces laideurs, de tous ces défauts et de ces irrégularités, ajustées, attachées par la main des Grâces, il résultait je ne sais quelle harmonie de la personne, un ensemble délicieux dont le mouvement et le tourbillon vous ravissaient le regard et l’âme.

968. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Le Palais Mazarin, par M. le comte de Laborde, de l’Institut. » pp. 247-265

Il réfléchit peu sur l’ensemble des objets ; mais il observe curieusement les détails, et son coup d’œil est prompt, sûr et délié. […] Je ne réponds pas, et aucun lecteur circonspect ne saurait répondre de la vérité et de l’exactitude historique de la plupart des récits que nous offrent les Mémoires de Retz ; mais ce qui est évident et qui saute aux yeux, c’est quelque chose de supérieur pour nous à cette exactitude de détail, je veux dire la vérité morale, la fidélité humaine et vivante de l’ensemble.

969. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Histoire de la Restauration, par M. de Lamartine. (Les deux premiers volumes. — Pagnerre.) » pp. 389-408

Mais, en ne s’attachant qu’à l’ensemble des faits et des tableaux, il semble qu’il les a présentés sous un jour assez fidèle. […] On se demande ce qu’ont à faire ensemble Alcibiade et Prusias, et l’on s’aperçoit que l’auteur, dans sa rapidité d’allusions, aura confondu sans doute Alcibiade et Annibal.

970. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Portalis. Discours et rapports sur le Code civil, — sur le Concordat de 1801, — publiés par son petit-fils — II. » pp. 460-478

C’est ainsi qu’il disait : « Interrogeons l’histoire, elle est la physique expérimentale de la législation. » Et dans un autre discours ou exposé de motifs, parlant de Montesquieu : « Il nous apprit, dit-il, à ne jamais séparer les détails de l’ensemble, à étudier les lois dans l’histoire, qui est comme la physique expérimentale de la science législative. » Et ailleurs encore, pour exprimer qu’il faut étudier les opérations de l’esprit dans les langues : « La parole est la physique expérimentale de l’esprit. » Je ne fais qu’indiquer ce procédé très sensible chez lui, et qui nous frapperait moins peut-être, si, comme les critiques anciens, nous avions pénétré davantage dans le secret des orateurs. Il résulte pourtant de cette habitude de préméditation et de redite, même quand elle est le mieux dissimulée, une sorte de lenteur et de monotonie qui s’étend sur l’ensemble.

971. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « De la retraite de MM. Villemain et Cousin. » pp. 146-164

En littérature, la tradition sans doute est chose délicate, et qui ne se renoue pas si aisément ; mais, outre que l’héritage de ces hommes célèbres est depuis longtemps déjà aux mains d’hommes instruits et habiles qui en savent le prix et le poids, je dirai que la grande tradition ne se continue jamais par les disciples, mais par de nouveaux maîtres qui, en paraissant, reprennent l’ensemble des faits et des idées par d’autres aspects, et qui se placent d’eux-mêmes sur des hauteurs qui font la chaîne. […] Quelques mots, dont évidemment l’auteur s’est souvenu, et qui sont bien de Napoléon, sont enchâssés dans une trame habile, dont l’ensemble constitue le plus admirable discours d’un Conciones français.

972. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Monsieur Étienne, ou une émeute littéraire sous l’Empire. » pp. 474-493

Mais cet ensemble un peu disparate, même les petites comédies par lesquelles il préludait à un genre plus élevé, auraient peu mérité, ce semble, les honneurs du recueil, s’il n’y avait pour clef de voûte la comédie des Deux Gendres, la meilleure comédie en cinq actes et en vers qu’on ait donnée sous l’Empire. […] C’était assez, avec l’ensemble des circonstances, pour donner explosion à la malice.

973. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « La Fontaine. » pp. 518-536

Les Fables de La Fontaine, dans leur ensemble, parurent successivement en trois recueils : le premier recueil contenant les six premiers livres fut publié en 1668 ; le second recueil contenant les cinq livres suivants jusqu’au onzième inclusivement fut publié en 1678 ; le douzième et dernier livre, qu’on a appelé le chant du cygne, et où tout n’est pas d’égale force, fut composé presque en entier à l’intention du jeune duc de Bourgogne et ne fut recueilli qu’en 1694. […] Mais au premier rang dans l’ordre de la beauté, il faut placer ces grandes fables morales Le Berger et le Roi, Le Paysan du Danube, où il entre un sentiment éloquent de l’histoire et presque de la politique ; puis ces autres fables qui, dans leur ensemble, sont un tableau complet, d’un tour plus terminé, et pleines également de philosophie, Le Vieillard et les Trois Jeunes Hommes, Le Savetier et le Financier, cette dernière parfaite en soi comme une grande scène, comme une comédie resserrée de Molière.

974. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre I : La politique — Chapitre II : Philosophie politique de Tocqueville »

Cependant il faut avouer que, dans le livre de Montesquieu, le nombre des faits et la masse des matériaux nuisent un peu à l’unité et à la clarté de l’ensemble. […] Ils peuvent ne pas se rencontrer ensemble, ou se rencontrer dans des proportions inégales.

975. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre II : Variations des espèces à l’état de nature »

Je crois donc qu’une variété bien tranchée doit être considérée comme une espèce naissante ; mais on ne pourra juger de la valeur de cette opinion que d’après l’ensemble des considérations et des faits contenus dans cet ouvrage. […] Il suit de ces observations, que je ne considère le terme d’espèce que comme arbitrairement appliqué pour plus de commodité à un ensemble d’individus ayant entre eux de grandes ressemblances, mais qu’il ne diffère pas essentiellement du terme de variété donné à des formes moins distinctes et plus variables.

976. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Fervaques et Bachaumont(1) » pp. 219-245

Arsène Houssaye était moins bête que celle des épaules, car elle était faite (la sienne) de Balzac, de Rivarol, de Chamfort, de La Rochefoucauld, de Crébillon fils et de Léon Gozlan, combinés et broyés ensemble. […] Houssaye connût celles de l’Empire, une figure de la réalité et de l’idéal tout ensemble de la Mathilde de Rouge et Noir, cette grande demoiselle de la Restauration.

977. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « III — Un symbole »

Ici nous n’apercevons plus le pied de la montagne ; la vie particulière a disparu de nos regards ; nous ne voyons plus que l’ensemble de Paris, sa personne collective, pareille à un Océan de lumière. […] Car, il n’y a pas à se le dissimuler, toute l’architecture de l’édifice, dans son ensemble comme dans ses détails, est du plus navrant effet, du plus détestable style jésuite, de ce style sans caractère, sans grandeur, sans intimité, qui répond si étroitement aux aspirations catholiques d’aujourd’hui.

978. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre XII : Pourquoi l’éclectisme a-t-il réussi ? »

Pour la première fois, la science des méthodes et des vues d’ensemble demeurait nulle, laissant les sciences particulières marcher à leur gré et toutes seules, rattachée tout entière à la morale, commentaire du Vicaire savoyard, demandant à la religion place à côté d’elle, et réduite à lui offrir respectueusement un secours suspect94. […] Je lui vois deux portes ; il se peut qu’un savant comme Ampère et Geoffroy Saint-Hilaire réunisse les découvertes des sciences positives, forme avec elles un système du monde, et que ces vues d’ensemble s’imposent au public comme la loi d’attraction, ou l’hypothèse du plan animal unique.

979. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre XIV : De la méthode (Suite) »

Il n’a qu’une allure et qu’une faculté ; ni les choses ni les idées ne semblent le toucher, à moins qu’il n’y trouve une vue d’ensemble ; alors elles le touchent jusqu’au cœur. […] Il reste à savoir si dans son ensemble il est une cause primitive et un fait indépendant.

980. (1894) Écrivains d’aujourd’hui

Pourtant on les verra dans la suite ou s’adoucir ou se compléter par quelques autres dont le voisinage donnera à l’ensemble moins de rudesse. […] Son talent est fait d’un ensemble de qualités qui le plus souvent s’excluent. […] De même il s’interdit les vues d’ensemble. Car à mesure qu’on embrasse de plus vastes ensembles, plus il faut négliger de détails et oublier de vérités particulières. […] Lavisse de deux qualités qu’il est rare de trouver ensemble.

981. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LVIII » pp. 220-226

Au lieu de son groupe de marbre éblouissant et parfait, on a un plâtre rude, une sorte de modèle en terre ; les attitudes du moins et l’ensemble des mouvements conservent trace de l’immortelle beauté.

982. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Philosophie du costume contemporain » pp. 154-161

Si donc, après avoir considéré le vêtement comme utile, nous l’envisageons comme décoratif, il est évident qu’il ne pourra orner le corps qu’à la condition d’en respecter les contours, de n’en point briser l’ensemble harmonieux et l’unité.

983. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XIX. Réflexions morales sur la maladie du journal » pp. 232-240

Autrefois, une douzaine de personnes dont quelques-unes pouvaient avoir du talent, et avec qui les autres marchaient bien d’accord rédigeaient ensemble un journal, sur une grande table, où chacun avait sa place marquée.

984. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre premier. Impossibilité de s’en tenir à l’étude de quelques grandes œuvres » pp. 108-111

Nous sommes ainsi en passe d’arriver à des vérités générales, et c’est à cette étude d’ensemble qu’il nous faut travailler maintenant.

985. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXIV » pp. 251-258

Madame de La Fayette et madame de Sévigné se moquaient ensemble des conversations alambiquées où elles se rencontraient par hasard.

986. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre septième. Les sentiments attachés aux idées. Leurs rapports avec l’appétition et la motion »

A mesure qu’on s’élève dans l’échelle des opérations mentales, les sentiments attachés aux idées deviennent de plus en plus complexes ; aussi, pour expliquer les sentiments supérieurs, par exemple les émotions esthétiques, morales, sociales, ce n’est plus au mouvement d’un seul nerf, c’est à tout un ensemble d’excitations et de motions qu’il faut avoir recours.

987. (1899) Esthétique de la langue française « Esthétique de la langue française — Chapitre IV »

La vénerie et le blason possèdent des langues entièrement pures et d’une beauté parfaite ; mais il m’a semblé plus curieux de choisir comme type de vocabulaire entièrement français celui d’une science plus humble, mais plus connue, celui de l’ensemble des corps de métier nécessaires à la construction d’une maison.

988. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface d’« Hernani » (1830) »

Hernani n’est jusqu’ici que la première pierre d’un édifice qui existe tout construit dans la tête de son auteur, mais dont l’ensemble peut seul donner quelque valeur à ce drame.

989. (1900) Taine et Renan. Pages perdues recueillies et commentées par Victor Giraud « Renan — II »

Renan dans l’ensemble de nos opinions, dans la pensée contemporaine.

990. (1900) Taine et Renan. Pages perdues recueillies et commentées par Victor Giraud « Taine — VI »

C’est un analyste qui examine l’organe et qui dit : « Étant donné l’ensemble, il est tout naturel, il est nécessaire que la partie ait ce vice ; l’animal en pourra crever, mais nous aurons compris la nécessité de sa fâcheuse aventure. » Taine n’est pas parfait, mais il a une intelligence indépendante ; ses enfants tiennent directement de son tempérament et non point d’une politique adoptée pour obtenir soit la popularité, soit les faveurs du pouvoir.

991. (1911) Nos directions

Dans la précision des assemblages, la rareté des éléments, le poli de la surface, l’harmonie de l’ensemble, n’y a-t-il pas une vertu intrinsèque, une espèce de force divine, etc., etc. ? […] En entrant au spectacle, on est tenu d’admettre à priori que tous les personnages ont sur l’ensemble de la vie une opinion uniforme ; que ceci, pour eux tous, est bien, et ceci mal ; qu’ayant atteint ensemble au même point de culture, seules des nuances les séparent et caractérisent chacun. […] Le « vrai » prima le « beau » et le détail l’ensemble, et l’illusion l’harmonie. […] A la musique, aux décors, aux ensembles, on découvrit du moins une qualité commune, l’effacement. […] Tous deux ont publié, ensemble, des Notes sur la technique poétique (1910), qui fournissent à Ghéon le point de départ de son étude.

992. (1890) Derniers essais de littérature et d’esthétique

En général, son jugement et son goût sont excellents, et dans son ensemble, son livre est une contribution des plus attrayantes, des plus agréables, à l’histoire de la littérature. […] Morris n’est point un vêtement fait de haillons cousus ensemble, avec des lambeaux de pourpre, que les critiques prendraient comme spécimens. […] Swinburne, mais l’ensemble nous présente la Nature sans art sous sa forme la plus irritante. […] C’est le tableau d’ensemble de la vie primitive, qui exerce une réelle fascination. […] Le second vers est très beau, et l’ensemble annonce de la culture, du goût et du sentiment.

993. (1889) La littérature de Tout à l’heure pp. -383

D’abord ce ne sont que des à peu près et le détail importe peu, pourvu que l’ensemble ait une probabilité satisfaisante, une plaisante couleur générale. […] Zola, soit psychologique et physiologique tout ensemble et, si l’on veut, moderniste de M. de Goncourt. […] On peut supposer qu’un amour trop soigneux des détails, pourtant tous graves et desquels chacun reflète l’ensemble, efface en lui ce besoin supérieur de coaliser pour un seul but tous les efforts de la pensée. […] En religion, en philosophie, c’est la mort et le néant ; en art c’est tout ensemble un grand danger et une grande sauvegarde. […] Renan, le style, riche sans faste, flotte autour de la pensée, nette ensemble et retorte.

994. (1895) Les mercredis d’un critique, 1894 pp. 3-382

C’est l’ensemble des faits qui l’attire, le résultat obtenu, la constatation du terrain perdu ou gagné dans la bataille littéraire. […] La fable du roman, si peu accusée qu’elle soit, y existe bien et c’est elle qui jette sur cet ensemble d’idées aussi nettes qu’intransigeantes, le voile adoucissant des vapeurs du Nord. […] Anatole France procède parfois comme une femme qui, pour se parer, prendrait un bijou au hasard dans son écrin, sans se demander si c’est bien celui qui est nécessité par l’ensemble de sa toilette ; le bijou lui plaît isolément, elle n’en demande pas davantage. […] Un très fâcheux entêtement à faire rimer des féminines du singulier avec des féminines du pluriel, un peu de monotonie dans l’ensemble de l’œuvre, mais, en tout cas, une œuvre de poète. […] Avant de terminer cette vue d’ensemble sur l’œuvre si délicate, si osée aussi de M. 

995. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Massillon. — P.-S. » pp. 38-40

Le second, d’environ trente-deux ans, a une belle physionomie, l’air fin, le son de la voix plus beau et plus soutenu, l’action plus agréable, une prononciation charmante, a puisé le christianisme dans les mêmes sources, car ils ont les mêmes principes et ont même étudié ensemble et de concert.

996. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXXVII » pp. 306-312

Ce livre est en effet admirablement composé et conduit ; on ne se perd pas un seul instant dans les détails, quoique il y en ait beaucoup en chaque branche spéciale, en finances, en administration, en stratégie, mais le tout est ramené à l’ensemble et concourt à la marche générale.

997. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre IX. Précision, brièveté, netteté »

Elle peut être dans chaque phrase isolément, sans que l’ensemble soit net.

998. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Un grand voyageur de commerce »

Outre que la multiplicité mal ordonnée des détails précis produit, au bout du compte, l’ensemble le plus indigeste, la forme est presque partout insupportable d’emphase et de prolixité.

999. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « La Solidarité »

L’état d’âme que certains spectacles publics, une revue militaire, les funérailles d’un grand citoyen, propagent dans toute une multitude, cet état singulier, merveilleux, ou l’on se sent épris tous ensemble de quelque chose de supérieur à l’intérêt immédiat de chacun, tâchons de le ressusciter en nous jusque dans l’humble cours de nos occupations journalières, pour les spiritualiser.

/ 2357