On peut sur plus d’un point différer d’avis avec l’historien sans que l’ensemble de son œuvre en soit atteint ni ébranlé : Et que lui importe après tout, dit à cette occasion l’auteur en parlant de lui-même, que le gouvernement de Venise ait été plus ou moins digne d’éloges ou de blâme ? […] Royer-Collard (1827), à l’époque où par lui l’Académie rentrait dans l’ordre des choix vraiment dignes et sévères, on eût à célébrer avec modération un triomphe.
Je ne suis pas de ceux qui, par une estime exagérée, mettent les pièces et les matériaux au-dessus de l’œuvre définitive ; mais comme les monuments historiques vraiment dignes de ce nom sont rares, comme ils se font longtemps attendre, et comme d’ailleurs ils ne sont possibles et durables qu’à la condition de combiner et de fondre dans leur ciment toutes les matières premières, de longue main produites et préparées, il n’est pas mauvais que celles-ci se produisent auparavant et soient mises en pleine lumière ; ceux qui aiment à réfléchir peuvent, en les parcourant, s’y tailler çà et là des chapitres d’histoire provisoire à leur usage ; ce ne sont pas les moins instructifs et les moins vrais. […] Ce fils probe et déjà poli, qui hérite et qui répand de l’éclat sur sa maison, était suivi d’un fils grave et digne encore, ou souvent aussi trop poli et déjà corrompu, de quelque brillant marquis, homme à la mode et qui se dissipait.
C’est ainsi que je m’explique l’espèce d’antipathie qu’avait pour l’Académie française un homme qui eût été bien digne d’en être, celui qui avait présidé à la première organisation de l’Institut en l’an IV, et qui en possédait l’esprit, celui qui le premier porta publiquement la parole en son nom, M. […] qui verriez-vous à mettre en avant de plus convenable, de plus digne ?
Jamais personne ne monta au premier poste avec tant d’avantage ; la grandeur de son rang, l’attente des peuples, la faveur des grands, la jeunesse du roi, tout semblait contribuer à l’élever et à l’affermir ; lui seul se manqua à lui-même, et on peut dire de lui comme autrefois d’un empereur, qu’il ne parut digne de gouverner que tant qu’il ne gouverna point. […] Dès les premiers pas que la jeune reine fit en Espagne, elle était donc tombée dans les filets d’une cabale, qui espérait se faire d’elle un point d’appui et de défense près du roi ; et, chose étrange et peu digne de la prudence de Louis XIV, on avait complètement négligé de placer auprès d’elle une personne prudente, une bonne tête pour la guider dans les commencements : « Entre nous, écrivait quelques mois après Mme de Villars à Mme de Coulanges, ce que je ne comprends pas, c’est qu’on ne lui ait pas cherché par mer et par terre, et au poids de l’or, quelque femme d’esprit et de mérite, et de prudence, pour servir à cette princesse de consolation et de conseil.
ta belle âme en est digne ; Mais seul je veux porter le poids des jours derniers. […] Le refus de l’un est grave, digne et chaste, un peu froid : celui de Chateaubriand est ardent, passionné, voluptueux.
N’oublions pas que les hommes, y compris les femmes, ne sont pas tout d’une pièce, qu’il y a des temps d’émotion générale où une démarche, un mouvement qui ne sera pas entièrement d’accord avec l’ensemble de la ligne suivie, peut paraître la chose la plus naturelle ; et, dans ce cas-ci, le mouvement qui aurait porté Mme de Staël à écrire la lettre en question, serait infiniment honorable, et, par conséquent, digne d’elle. […] J’avoue qu’ils me paraissent très dignes de Mme de Staël : ils portent tous sur le désir de la paix, sur les forces et les ressources que la France peut trouver en elle pour soutenir une guerre, pour maintenir son indépendance.
Par malheur, pour l’art sérieux, il n’en est pas ainsi ; et, si le poëme épique du moyen âge, en France, n’a pas abouti, ne s’est pas réalisé en un chef-d’œuvre, il est bien plus vrai encore de dire que le Mystère, le drame religieux et sacré, ne s’est finalement résumé et épanoui chez nous dans aucune œuvre vraiment belle et digne de mémoire. […] C’est à regret qu’on signale ces faiblesses et ces fragilités de jugement, dans des écrits d’ailleurs dignes d’estime par les recherches et par le zèle tout littéraire qu’ils supposent chez les honorables auteurs.
Si Foucault n’avait fait que des expéditions de ce genre, suivies de légers mensonges pour chatouiller l’orgueil du maître, péché bien véniel, — s’il n’avait eu pour l’ordinaire qu’à s’occuper du règlement de la justice, de sa distribution équitable et intègre (ainsi qu’il le fit) et d’autres mesures de ce genre conformes aux vrais principes et à l’Ordonnance de 1667, nous le louerions comme un digne et fidèle élève de Colbert et de Pussort. […] Il attendit vainement, et, après avoir cédé par faveur spéciale son intendance de Caen à ce fils trop peu digne qui ne sut pas la garder, il dut se résigner à n’être finalement que conseiller d’État, et de plus chef du Conseil de Madame, mère du Régent : ce furent ses derniers honneurs.
« Enfin il y a un troisième jugement, souvent commandé et dicté, au moins dans la forme, par les circonstances, les convenances extérieures ; un jugement modifié, mitigé par des raisons valables, des égards et des considérations dignes de respect : c’est ce que j’appelle le jugement déposition ou d’indulgence. […] Deux petits poneys, dignes de Tom Pouce, attelés à un élégant coupé dont la caisse en roulant rasait le pavé, portaient partout un maître à teint olivâtre qui remplissait majestueusement le dedans, et semblaient prêts eux-mêmes, à chaque visite où l’on s’arrêtait, à monter sans façon jusqu’à l’entre-sol.
Le maréchal de Saxe, en se consumant trop tôt, en se tuant (car il a été le bourreau de lui-même), a manqué sa plus belle lutte, sa plus décisive épreuve, celle où, quelques années plus tard, il aurait eu le grand Frédéric pour vis-à-vis et pour digne antagoniste. […] Le duc de Luynes, un très bon esprit et qui est fort à consulter à son sujet, nous raconte une conversation de lui qu’il tenait d’un tiers digne de foi.
Cette édition, publiée sous les auspices de la Société de l’histoire de France, n’est pas seulement meilleure que celle qu’on possédait jusqu’ici, elle est la seule tout à fait bonne, digne d’être réputée classique et pour le texte que l’éditeur a restitué d’après une comparaison attentive des manuscrits, et pour les noms propres dont un grand nombre avaient été défigurés et qu’il a fallu rétablir, et pour les notes exactes et sobres qui éclaircissent les endroits essentiels, enfin pour la biographie de Commynes lui-même, laquelle se trouve pour la première fois complétée et éclaircie dans ses points les plus importants. […] Il la prise peu dans sa gloire, il la déteste dans son tous les jours ; il a en horreur les avanies, habituelles aux gens de guerre d’alors, même en pays ami, et il comprend déjà les intérêts positifs modernes en digne serviteur de son prudent maître.
Il y a là une disposition morale digne d’estime et presque de respect, et qu’on serait coupable de ne pas favoriser et servir, quand elle vient s’offrir d’elle-même. […] C’est à ce prix seulement qu’on se montrera tout à fait digne de les aimer en elles-mêmes et de les comprendre ; car c’est le seul moyen de les sauver désormais et d’en assurer à quelque degré la tradition, que d’y faire entrer plus ou moins chacun et de les placer sous la sauvegarde universelle.
Il entre, sur ce chapitre des repas et victuailles, dans des détails dignes de Gargantua, et qui nous paraîtraient aujourd’hui de mauvais goût, mais qui n’étaient que dans le goût du temps. […] On ne sépare pas d’ordinaire La Fare de Chaulieu, et je ne voudrais pas non plus les séparer ici, car ils se complètent, et par des côtés plus dignes de réflexion qu’on ne suppose.
Droz y entra en 1824, le dernier de la réunion et non certes le moins digne. […] Droz avait composé des ouvrages dignes d’estime ; « mais les sujets qu’il avait traités ne lui avaient pas donné l’occasion de nous montrer des études aussi profondes, des vues si élevées, un jugement si ferme, un sens politique si exquis et si juste ».
Étienne, ramena d’un mot les choses dans leurs justes bornes ; il loua d’ailleurs le récipiendaire en des termes dignes et d’une parfaite convenance : « Les applaudissements du public, disait-il, ont déterminé nos suffrages plus que la bienveillance des illustres amis dont votre jeunesse a droit de s’honorer. » M. […] Pensez à cette querelle soudaine des Deux Gendres et de Conaxa, à cette grande sédition littéraire qui s’en prend sous une forme futile au protégé des ducs de Bassano et de Rovigo, et qui marque par une guerre digne du Lutrin la dernière saison paisible et brillante de l’immortelle époque : l’hiver qui suivit, au lieu des bulletins de Conaxa, on avait ceux de la Grande Armée et de la retraite de Moscou.
C’est pourquoi j’estime que les différences individuelles, bien que de peu d’intérêt pour le classificateur, sont de la plus haute importance pour nous, en ce qu’elles sont le premier écart vers ces variétés légères qu’on trouve à peine dignes d’être mentionnées dans les ouvrages d’histoire naturelle. […] Il est un autre point digne d’attention.
Par un certain besoin de réaction contre soi-même et pour ne pas tomber du côté où l’on sent qu’on penche, c’est quelquefois le penseur très abstrait et l’homme d’examen intérieur qui aime, souvent du moins, lire des ouvrages de pure narration, et l’on a cité tel très digne héritier de Montesquieu qui faisait ses délices de Ponson du Terrail. […] Au XVIe siècle, un humaniste est un homme que le problème religieux, ou plus exactement ce qu’il y a de problèmes dans le sentiment religieux et dans la croyance, ne torture pas ; au XVIIe siècle, « le partisan des anciens » est un homme que la gloire de Louis le Grand, encore qu’elle le touche, n’éblouit point et n’hypnotise pas ; au XVIIIe siècle, l’homme de goût (très rare) est celui qui n’est pas très persuadé que l’univers vient pour la première fois d’ouvrir les yeux à la raison éternelle et que le monde date d’hier, d’aujourd’hui ou plutôt de demain ; au XIXe siècle, le classique, vraiment digne de ce nom, est celui qui n’est pas comme subjugué par les Hugo et les Lamartine et qui s’aperçoit, de tout ce qu’il y a, Dieu merci, de classique dans Hugo, Lamartine et Musset, et qui garde assez de liberté d’esprit pour lire Homère pour Homère lui-même et non pas en tant qu’homme qui annonce Hugo et qui semble quelquefois être son disciple.
Ailleurs, comparant les différentes poésies, il n’en trouve qu’une digne de ce nom, la poésie lyrique, parce qu’elle seule exprime les grandes et intimes douleurs de l’âme. […] Jouffroy avait trop de gravité dans le style ; à force d’être digne, il devenait monotone.
Ainsi, il n’est pas rare de trouver dans ses chœurs, des stances dignes de l’ode ; dans les scènes familières, des traits propres à l’épître. […] Rotrou mérite une étude spéciale, car il est le trait d’union entre la tragédie primitive dégrossie à la fin du seizième siècle, et la tragédie digne de ce nom, inaugurée par Corneille et continuée par Racine et par Voltaire. […] Le gouvernement daigne fixer un moment son attention sur lui, et s’occupe des moyens de faire élever un monument digne des chefs-d’œuvre des hommes de génie qui vous ont fait l’hommage de leurs veilles. […] C’est de ces deux rivaux le plus digne de gloire. […] Mais ce qu’il n’avait pas prévu, c’est l’opposition de Messieurs de la Chambre des comptes, qui trouvèrent peu digne d’admettre dans un corps aussi recommandable par sa gravité, un homme de théâtre.
Ce dénoûment, si douloureux et si simple, joué par mademoiselle Rachel et deux partenaires dignes d’elle, produirait un immense effet. […] Sont loin d’être à mes yeux un sort digne d’envie. […] Hermione, Roxane, Émilie, Camille, Phèdre, Monime, avaient retrouvé une interprète digne des plus belles époques de la scène française. […] Cette biographie est un chef-d’œuvre ; et le héros, cette fois, est digne de l’historien. […] hideux raffinements du mal, dignes d’être pratiqués par les grands hommes de la première République, et amnistiés par les petits hommes de la seconde !
Il faut dire pour l’excuse du public (et ce point est tout à fait digne de remarque) que ces nouvelles ne nous ont guère été données, d’abord, que par des publicistes de tempérament violent et enclins à l’exagération, et que la plupart des journaux qui passent pour « sérieux » et « modérés » ont commencé par garder sur ces affaires un silence tenace.
M. l’Abbé de Barruel semble s’être proposé pour modele les fameuses Lettres de Pascal, & il faut convenir qu’il se montre souvent le digne émule de ce Grand Homme.
L’auteur de ce drame ne se croit pas digne de suivre d’aussi grands exemples.
Son but avoit été d’exposer en peu de mots les principales circonstances de la vie d’un homme illustre & les faits curieux dignes d’exercer la critique, & de les développer ensuite dans d’abondantes remarques mises au bas des pages.
A la fin d’une première, d’une seconde, d’une troisième année d’études, les élèves ne seront point admis à l’année suivante sans en être jugés dignes par des épreuves publiques.
Peu de mois après la mort de Henri IV on répresenta dans Paris une tragedie dont le sujet étoit la mort funeste de ce prince ; Louis XIII qui regnoit alors, faisoit lui-même un personnage dans la piece, et de sa loge il pouvoit se voir répresenter sur le théatre où le poëte lui faisoit dire que l’étude l’assommoit, qu’un livre lui faisoit mal à la tête, qu’il ne pouvoit guerir qu’au son du tambour, et plusieurs autres gentillesses de ce genre dignes d’un fils d’Alaric ou d’Athalaric.
Si la Fontaine avait vécu davantage dans la bonne compagnie, elle lui aurait conseillé d’exercer son talent sur des objets plus dignes d’elle que des pies margots et des hérons au long cou328. […] La statue habillée, qui se penche avec un air rêveur au milieu des fleurs de nos expositions, apparaissait à mon imagination comme proposant à la critique une énigme tout aussi obscure, tout aussi curieuse, tout aussi digne d’être déchiffrée, que celles des sphinx et des colosses égyptiens qui bordaient, il y a quatre mille ans, les avenues des temples de Thèbes, écrasant de leur masse la foule imperceptible, à son approche de la demeure du dieu ; et je me disais : La critique doit comprendre cette énigme, cela suffit. […] « C’est une sincérité et une honnêteté de l’ancienne chevalerie », écrivait madame de Sévigné445, et voici le portrait passablement flatté qu’en 1651 mademoiselle de Scudéry traçait du héros sous le nom de Mégabate : « On voyait tous les jours, en ce temps-là, au palais de Cléomire, un homme de très grande qualité, appelé Mégabate, gouverneur d’une province de Phénicie446, et dont le rare mérite est bien digne d’être connu de l’illustre Cyrus qui m’écoute… Quoique d’un naturel fort violent, Mégabate est souverainement équitable, et je suis fortement persuadé qu’il n’y a rien qui lui pût faire faire une chose qu’il croirait choquer la justice… Il ne donne pas son amitié légèrement, mais ceux à qui il la donne doivent être assurés qu’elle est sincère, qu’elle est fidèle et qu’elle est ardente. Comme Mégabate est fort juste, il est ennemi de la flatterie ; il ne peut louer ce qu’il ne croit point digne de louanges, et ne peut abaisser son âme à dire ce qu’il ne croit pas, aimant beaucoup mieux passer pour sévère auprès de ceux qui ne connaissent point la véritable vertu, que de s’exposer à passer pour flatteur. […] « Si Boileau avait vécu alors (à l’époque où la satire vi vit le jour) dans la bonne compagnie, elle lui aurait conseillé d’exercer son talent sur des objets plus dignes d’elle que des chats, des rats et des souris. » Ibid.
Il sait un nombre infini de détails de toute espèce ; il possède un très-grand nombre d’idées philosophiques et de tout ordre ; mais son érudition est d’aussi bon aloi que sa philosophie, et l’une et l’autre forment une monnaie digne d’avoir cours auprès de tous les esprits pensants. […] C’est à ces souvenirs qu’il s’adresse ; il les rend encore plus précis par des peintures et des statistiques ; il marque les couleurs et les qualités ; il est passionné pour l’exactitude ; ses descriptions sont dignes à la fois d’un peintre et d’un géographe ; il écrit en homme qui voit l’objet physique et sensible, et qui en même temps le classe et l’évalue. […] On n’a vu jusqu’ici que le raisonneur, le savant, l’orateur et l’homme d’esprit ; il y a encore dans Macaulay un poëte ; et, quand on n’aurait pas lu ses Chants de l’ancienne Rome, il suffirait, pour le deviner, de lire quelques-unes de ses phrases où l’imagination, longtemps contenue par la sévérité de la démonstration, déborde tout d’un coup par des métaphores magnifiques, et se répand en comparaisons splendides, dignes par leur ampleur d’être reçues dans une épopée. […] L’endroit était digne d’un tel jugement. […] Il emploie tous les moyens de garder l’attention, bons ou médiocres, dignes ou indignes d’un grand talent, entre autres, l’allusion aux circonstances actuelles.
Elle se montre digne, en un mot, de partager la tombe d’Antoine. […] Macbeth s’était rendu célèbre par son courage, et on l’eût jugé parfaitement digne de régner s’il n’eût été « de sa nature », dit la chronique, « quelque peu cruel ». […] La scène du tambour est digne de Molière, et nous apprécierions encore davantage Parolles, si nous ne connaissions pas Falstaff. […] Que les critiques comparent, s’ils le veulent, cette pièce à un édifice irrégulier et informe, mais qu’ils conviennent qu’Imogène est une divinité digne d’orner un temple de la plus noble architecture. […] Chaque fois qu’une scène paraît digne de remarque, on est tenté de se demander ce que le poëte a dû faire observer à ce personnage pour qui sont tous les honneurs de la fête.
Molé demanda un répit et s’imposa un retard : il avait besoin de deux années encore, de deux ou trois années de voyage et d’études, pour n’entrer dans la lice que tout armé et tout à fait digne de la grande carrière.
Guizot, auquel son ancien ou plutôt son récent collègue garde une rancune qui n’est peut-être pas suffisamment justifiée et qu’il serait plus digne de contenir52.
Andrieux vient de mourir, l’un des derniers et des plus dignes d’une génération littéraire qui eut bien son prix et sa gloire.
De tout temps des pères ont pleuré la mort d’un enfant ; de tout temps des mères ont senti les déchirements de la séparation, quand elles ont marié leurs filles : et ces pères, ces mères aimaient autant leurs enfants, étaient aussi dignes de pitié que l’orateur romain et que notre marquise.
Il est digne de notre admiration, et nous ne songeons point à la lui marchander.
« Tout chirurgien vraiment digne de ce nom doit avoir conscience de sa sagacité, de ses aptitudes.
Et plus tard, dans le célèbre médaillon de David, vue de profil, — avec les mêmes traits, mais devenus si sérieux et si calmes, avec la grande paupière baissée, avec cette chevelure toujours courte qui s’arrange en masses, dignes de la statuaire, — comme à ce moment-là elle est épique et vraiment imposante !
C’était, avec infiniment plus d’art, le digne pendant de la Jument morte qui valut une heure de célébrité au poète Poussin et dont toutes les brasseries du Quartier Latin retentirent durant quelques saisons.
(Jamais feu Ponsard, son digne partisan, entre autres, n’aura si bien dit sans le savoir.)
Les gouvernements nommaient à cette fonction sacrée les hommes qu’ils croyaient le plus dignes de cette judicature de la tombe, de cette magistrature de la vérité.
Cet assassinat de la part d’un lâche qui veut faire périr l’objet de sa haine, et qui n’ose le faire ouvertement, était bien digne de la cour de Byzance, où de tout temps l’esprit général fut un mélange de cruauté et de faiblesse.
Ces vers, ce me semble, renferment la noble consolation qu’ont eu droit de se donner Homère, et ses dignes émules. […] Aussi ce héros de la science surpasse-t-il à mon avis tous les autres : son exemple, bien digne qu’un Homère l’eût consacré, témoigne qu’une action, pour être héroïque et merveilleuse, n’a pas besoin d’être meurtrière. […] « Viens ; dans ce grand sujet, plus digne encor de toi, « Un théâtre plus vaste est ouvert devant moi. […] C’est à l’aide de ce merveilleux, qu’exerçant un sacerdoce moral sur les esprits, elles se signalent vraiment les dignes prêtresses d’Apollon ou de Minerve. […] L’exemple de Boileau, digne d’être cité parmi ces grands exemples, autorise encore l’usage de ces allégories merveilleuses.
C’est une chose digne de remarque, que dans un siècle où des hommes d’une haute éloquence s’efforçaient de chercher des idées nouvelles sur la morale et les sciences, dans un siècle où l’on croyait avoir tout dit, un solitaire inconnu ait publié un livre où tout était nouveau. […] Aimé Martin et sa femme étaient dignes de la confiance que ce grand écrivain avait mise en eux ; j’en fis l’usage qu’ils m’avaient eux-mêmes dicté. […] Vous avez perdu la plus aimable des filles, qui aurait été la plus digne des femmes. Elle avait sacrifié ses intérêts aux vôtres, et vous avait préféré à la fortune, comme la seule récompense digne de sa vertu. […] Elle m’a dit: Je jouis d’un bonheur digne d’envie.
Sans trop de culture littéraire, mais habiles à exprimer, dans une langue spontanément éloquente et colorée, les traditions qui survivent, les tristesses vagues, les rêveries confuses, les dures misères et les joies rapides de la foule, ce sont encore de vrais poètes populaires et nationaux, dignes de sympathie et d’admiration. […] Ne suffit-il pas, pour s’en convaincre, de remarquer que ces deux cents années n’ont produit aucun poète lyrique digne de ce nom ? […] Les poètes dignes de ce titre, ceux que nous aimons, se gardent bien d’être d’habiles artistes. […] Certes, c’était là une entreprise digne de son génie, quelque colossale qu’elle fût. […] Ce sont des vers spacieux et marmoréens, d’une facture souveraine, dignes d’exprimer les passions farouches de ces vieux chevaliers géants du Rhin.
Voyons Fléchier tel qu’il était, apprenons à le goûter dans les qualités qui lui sont propres et qui lui assurent un rang durable comme écrivain et comme narrateur ; ne craignons pas de nous le représenter dans sa première fleur d’imagination et d’âme, dans sa première forme de jeune homme, d’abbé honnête homme et encore mondain ; et bientôt sans trop de complaisance, sans presque avoir à retrancher, nous arriverons insensiblement à celui qui n’avait eu en effet qu’à se continuer lui-même, et à se laisser mûrir pour devenir l’orateur accompli si digne de célébrer Montausier et Turenne, et l’évêque régulier, pacifique, exemplaire, édifiant. […] Rien n’échappe à M. de Caumartin des ridicules et de la morgue de ses dignes collègues, de même que rien n’échappe à Mme de Caumartin la jeune des différents travers et des airs guindés ou évaporés de ces dames, de celles même venues de Paris, et qui ne sont pas tout à fait de son monde. […] Talon et sa digne mère, qui a la manie de tout présider et de tout régenter autour d’elle ; M. de Novion, le fastueux et le galant, avec sa nuance légère d’iniquité88 ; M.
Toute petite fille, et à ses jours de pire misère, la digne enfant avait joué au Théâtre-Molière ce rôle de Marie Stuart ; un vieil amateur en sortant se récriait : « Quelle est donc cette petite fille qui vient de jouer si bien ? […] Ou je me trompe, ou je vois dans ce départ empressé quelque chose de généreux, un trait tout à fait digne d’un lendemain de haute tragédie. […] Lebrun le Parnasse, la Vallée d’Olympie, pièces faites sur les lieux mêmes ; le Vin d’Ithaque, le Ciel d’Athènes, pièces inspirées par le vif souvenir : je recommande surtout sa belle et digne poésie du Ciel d’Athènes : la sérénité qu’elle veut peindre s’y réfléchit.
Ces poésies sont un cadre digne du nom et de la merveilleuse beauté de Ginevra ; on voit que les amours malheureux pour les princesses étaient un exemple de père en fils dans la maison des Tassi. […] Tel est le portrait minutieux qu’un contemporain et un ami trace du Tasse ; ce portrait est parfaitement conforme à celui que nous possédons nous-même, copié sur le portrait original, peint sur le Tasse vivant à Florence, et qui nous a été prêté par notre illustre ami, le marquis Gino Caponi, homme digne de vivre dans sa galerie en société avec ces grands hommes de sa patrie. […] Sur la foi d’un vers de Boileau, le seul poème épique moderne digne de ce nom passa pendant deux siècles, en France, pour une fausse dorure sur un vil métal.
L’auteur du Traité du verbe nous explique ce que c’est que le symbole : « Agitons que pour le repos vespéral de l’amante le poêle voudrait le site digne qui exhalât vaporeusement le mot aimer. […] « Alors pourra venir celle-là : et l’amante au seuil très noblement s’alanguira, comprenant, sa rougeur d’ange exquisement éparse parmi le doux soir, l’Hymen immortel mêlé d’oubli et d’appréhension qui de son murmure visible emplira le site créé. » Cela veut dire, sauf erreur : — Supposons que le poète veuille, pour que l’amante y dorme le soir, un paysage digne d’elle et qui fasse rêver d’amour. […] « Aux ordinaires et mille visions (pour elles-mêmes à négliger) où l’Immortelle se dissémine, le logique et méditant poète les lignes saintes ravisse, desquelles il composera la vision seule digne : le réel et suggestif symbole d’où, palpitants pour le rêve, en son intégrité nue se lèvera l’Idée première et dernière ou vérité.
Il y a sans doute autant de bonhomie robuste et charmante, autant de goût pour la vie simple et les détails familiers, autant de complaisance et d’art à nous faire sentir, quelle qu’en soit l’enveloppe et la condition sociale, combien c’est intéressant et digne d’attention, une âme humaine ; il y a, je le veux bien, autant de tout cela chez le Georges d’outre-Manche que chez le George français ; je dis qu’il n’y en a pas plus, parce que je crois que c’est impossible. […] Mais, auparavant, elle veut s’assurer qu’Eilert est devenu digne d’elle. […] L’inquiétude du mystère, il n’est pas un écrivain digne de ce nom qui ne l’ait connue.
Gardez de faire aux égards banqueroute, Mentir alors est digne de pardon. […] Mais enfin il a été imprudent, il a été peut-être un peu coupable, mais il est malheureux, et par conséquent il est digne de pardon. […] Les Contes furent accueillis avec un véritable enthousiasme ; ils eurent des éloges — il ne faut pas le dissimule — des plus grandes et des plus honnêtes dames du temps, comme Mme de Sévigné, Mme de La Fayette, et il y eut — ce qui surprend davantage — il y eut un grand éloge écrit tout entier de la digne main et de la grave main de Chapelain.
… La vie élégante, que les hommes soi-disant littéraires dédaignent, et qui paraît aux hommes graves si peu digne de ce superbe regard de myope qui les distingue et qui appuie sur toutes choses sa lourdeur de plomb, cette vie avait en France et en Angleterre — les deux seuls pays où elle soit possible — des peintres et des interprètes ; mais, jusqu’à Balzac, personne, dans ces deux pays, n’avait pensé à en faire la législation et à en dégager la philosophie. […] Le volume est élégant, mignon, dandy, parfaitement digne d’être acheté par les princes de la Bohême, s’ils payaient jamais quelque chose, et s’il y avait encore des princes dans la Bohême, qui, depuis la mort de Balzac, l’incomparable historien, a perdu son ancienne aristocratie. […] Ses Illustrations des Contes drolatiques sont un progrès dans sa manière et donnent un intérêt de plus à ce chef-d’œuvre, aux yeux de ceux pour qui la lutte d’un vigoureux talent avec un vigoureux génie est un spectacle digne d’attention, de sympathie et même de respect.
Mais ces exemples, trop tôt interrompus, n’avaient pas eu force de loi, et il fallut en effet le règne de Bourdaloue, durant plus de trente ans, pour inaugurer et établir dans le sermon la véritable et juste éloquence, digne en tout de l’époque de Louis XIV. […] De nos jours, l’abbé Deguerry a été convaincu d’avoir ainsi exagéré la présence d’esprit de Chateaubriand approchant de sa fin ; il s’est vu obligé d’en convenir dans une lettre à moi-même adressée, lettre d’ailleurs violente, pleine d’emportement et de jactance, plus digne d’un prêtre que d’un chrétien.
Bourdaloue parut, et, sous sa forme grave, il eut un à-propos, une adresse, une justesse d’application qui fit que toutes ces passions en scène se reconnurent, que toutes ces sensibilités tressaillirent, et que la doctrine théologique rivale eut désormais un adversaire digne d’elle, un émule et parfois un juge. […] Je dis sévère : car il ne faut pas croire que Bourdaloue, en exposant à son auditoire ces portraits fidèlesl, y mêlât de ces nuances, de ces inflexions marquées de débit et d’accent qui en eussent fait des peintures trop agréables et de trop fines satires : il restait lui-même, c’est-à-dire grave, uni en parlant, sérieusement digne ; il n’avait pas de ces tons familiers, insinuants, touchants, que lui demandait Fénelon ; il maintenait le caractère d’enseignement et de précepte, même dans ses censures ; enfin, il lui suffisait d’être frappant, utile et instructif, il n’était pas enchanteur.
D’abord, vous vous êtes débarrassé en maître de la plus pénible des corvées, celle de parler de soi… Ensuite, digne ami d’Horace, vous avez décomposé l’art dramatique avec une profondeur qui m’a fait frémir pour l’intéressant Collin ; mais bientôt le peintre habile, en ne ménageant aux curieux que le jour favorable à son modèle, a glissé adroitement sur la sévérité de l’ancienne école pour ne nous peindre que le brillant de la nouvelle. […] mon cher et digne ami, qu’il y a loin de là à la comédie !
Quand Turenne meurt, il trouve des accents dignes du sujet. […] C’est pour ton aimable visage, enfin, que le nourrisson d’Atarnée78 a mis en deuil, par sa mort, la clarté du soleil : aussi est-il digne pour ses hauts faits du chant des poètes, et les Muses, filles de Mémoire, le rendront immortel et ne cesseront de le grandir, au nom même de l’hospitalité sainte et de l’inviolable amitié.
Il meurt d’envie de faire connaissance avec vous, et il en est très digne ; je compte bien vous l’amener à Cirey. […] Il a, pour peindre les soins et les vaines agitations des hommes, des images dignes de Lucrèce, mais d’un Lucrèce chrétien : Si nous ouvrons la carte où se déploie le plan étendu du Tout Puissant, nous trouvons une toute petite île, cette vie humaine : l’espace inconnu de l’éternité l’environne et la limite de toutes parts ; la foule empressée explore et fouille chaque crique et chaque rocher du dangereux rivage, y ramasse avec soin tout ce qui lui paraît exceller aux yeux, quelques-uns de brillants cailloux, d’autres des algues et des coquillages ; ainsi chargés, ils rêvent qu’ils sont riches et grands, et le plus heureux est celui qui gémit sous sa charge.
C’est donc un écrivain français de plus que nous avons en elle, et un écrivain peintre tout à fait digne d’attention. […] Et toute cette familiarité du « vieux frère » (comme il s’appelle) se relève d’une constante admiration pour cette sœur qu’il estime évidemment supérieure à lui par les talents et la beauté de l’intelligence, par le génie, il articule le mot : « S’il y a un être créé digne d’avoir une âme immortelle, c’est vous, sans contredit ; s’il y a un argument capable de me faire pencher vers cette opinion, c’est votre génie64. » Il est prodigue envers elle d’attentions, de petits présents ; il entre dans ses peines, il tremble pour sa vie ; il nous la fait voir avec « un je ne sais quoi de gracieux, un air de dignité tempérée par l’affabilité », que les mémoires de la margrave ne nous indiqueraient pas ; il nous intéresse, en un mot, par l’affection respectueuse qu’elle lui inspire, à cette frêle créature d’élite, à « ce corps si faible et cette santé délicate à laquelle est jointe une si belle âme ».
Je ne veux parler que de son journal, et montrer l’homme au naturel, tel que plusieurs de ses contemporains l’avaient indiqué déjà, modeste, droit, sincère, plein de scrupule et de candeur, humble chrétien, père de famille éprouvé, le plus humain des doctes ; le digne ami de De Thou : — d’un seul mot, c’est tout dire. […] Il était contraint de confesser dans l’intimité que le grand Duplessis n’avait rien fait ce jour-là de digne de lui, que l’affaire avait été entamée à la légère, conduite à l’aventure, et avait eu une honteuse conclusion.
Oh sait que, jeune, il avait eu un fils naturel qu’il éleva, et auquel il était disposé à donner son nom, mais qui se montra peu digne de lui en tout, et qui alla mourir à l’île Bourbon. […] Il se souvient toujours que ce digne homme a porté la soutane, ce que celui-ci oublie perpétuellement.
je laisse maintenant ces trouvailles à d’autres ; mais ce qui ne sera jamais démenti, c’est qu’ils étaient pleins de compassion pour les pauvres, qu’ils aimaient mieux les peindre que les puissants, qu’ils avaient pour les champs et les campagnards les aspirations de La Bruyère, qu’ils croyaient en leur art, qu’ils l’ont pratiqué avec conviction, qu’ils n’ont pas craint la bassesse du sujet, qu’ils ont trouvé l’homme en guenilles plus intéressant que les gens de cour avec leurs broderies, qu’ils ont obéi au sentiment intérieur qui les poussait, qu’ils ont fui l’enseignement académique pour mieux faire passer sur la toile leurs sensations : enfin, parce qu’ils ont été simples et naturels, après deux siècles ils sont restés et seront toujours trois grands peintres, les frères Le Nain. » J’honore le critique qui trouve de tels accents, et quand il aurait excédé un peu, comme c’est ici le cas, dans ses conjectures ou dans son admiration pour les trois frères indistinctement, il n’aurait fait que réparer envers ces bons et dignes peintres un long arriéré d’oubli et d’injustice, leur rendre avec usure ce que près de deux siècles leur avaient ôté ; il n’aurait pas fait d’eux un portrait faux, car il reconnaît et relève en toute rencontre leurs inégalités et leurs défectuosités originaires, il n’aurait donné en définitive qu’un portrait un peu idéal, ou du moins un portrait un peu plus grand que nature, un peu plus accusé et accentué de physionomie, mais toujours dans les lignes de la ressemblance et de l’individualité. […] Gardilanne, chef de bureau, grand, sec, pâle, sobre, l’homme d’une seule passion, est donc possédé du démon de la faïence, et il est arrivé, après plus de trente ans de patience et de chasse infatigable, à se faire avec ses maigres appointements une collection unique, digne d’un musée.
Ces triomphes obscurs et journaliers sont plus méritoires que les grandes vertus, où l’on est soutenu par l’importance de la victoire et l’étendue même du sacrifice ; ces triomphes, mon ami, sont dignes de vous. » De loin, il cherche à le distraire en lui donnant des nouvelles du théâtre, des succès ou des chutes, — de l’arrivée de Voltaire, fêté, couronné, visité, qui vient de se rompre un petit vaisseau dans la poitrine et qui va succomber à son triomphe : « Bon Dieu ! […] C’est en effet, bien réellement, une forme nouvelle de tragédie qui succède à l’autre, et bien qu’éphémère elle-même, elle était digne d’être saluée et intronisée à son jour.
Denain, le salut de la France, les beaux sièges qui suivent, tout cela est d’un homme heureux, trop heureux pour ne pas être digne des faveurs de la fortune. […] Mais il est beau que sa fortune fasse la fortune publique. » Et songeant moi-même à Villars, à Masséna, à ces grands hommes de guerre qui ont eu des vices, mais qui peuvent aussi montrer dans leur vie ces nobles pages, Rivoli, Essling et Zurich, ou bien Friedlingen, Hochstett et Denain, je dirai qu’il convient de leur appliquer les paroles de Périclès dans l’Éloge funèbre des guerriers morts pour Athènes : « A ceux qui ont de moins bonnes parties il est juste que la valeur déployée contre les ennemis de la patrie soit comptée en première ligne ; car le mal disparaît dans le bien, et ils ont été plus utiles en un seul jour par ce service public, qu’ils n’ont pu nuire dans toute leur vie parleurs inconvénients particuliers. » C’est la conclusion qui me paraît la plus digne pour ce chapitre d’histoire.
C’est la vie la plus favorable à la pratique de la vertu, au soutien de tous les penchants, de tous les goûts qui assurent le bonheur social et le bonheur individuel dans cet état de société ; je sens ce qu’elle vaut, je m’applaudis d’en jouir… » Voilà la vie de Mme Roland pendant des années et son intérieur moral, calme, contenu, sain et purifiant ; voilà les tableaux dignes de sa première vie, ceux qu’on ne saurait trop rappeler à son sujet et que je regretterais de voir ternir ; car ils donnent l’expression vraie et fidèle. […] Avertir ce digne homme qu’elle ne l’aime plus, mais qu’elle lui restera fidèle à son corps défendant, c’est dur, c’est impitoyable ; c’est par trop se faire valoir soi-même et trop peu accorder à la sensibilité des autres.
La vertu n’est pas plus rare que l’esprit dans cette famille : chacun a pu lire récemment la touchante et véridique histoire de Mme de Montagu68, arrière-petite-fille du Noailles même dont nous avons à parler, une vraie sainte et qui avait des sœurs si dignes d’elle. […] L’histoire peut faire aisément la digne et la fière en se tenant aux documents et pièces d’État dont elle dispose ; mais la littérature anecdotique, quand elle s’appuie sur des faits circonstanciés et des particularités prises sur le vif, a aussi ses droits devant l’histoire.
Or, il y a une opposition absolue entre la frivolité purement maligne des Matinées royales, et le style grave et digne des autres œuvres de Frédéric, toutes les fois qu’il a à parler de la patrie. […] Preuss, le digne éditeur des Œuvres complètes de Frédéric, a publié à cette occasion un fort bon article dans la Revue pour servir à l’histoire de Prusse.
On pardonne pour être pardonné ; on pardonne parce qu’on se reconnaît digne de souffrir, c’est le pardon de l’humilité ; on pardonne pour obéir au précepte de rendre le bien pour le mal : mais aucun de ces pardons ne comprend l’excuse des peines qu’on nous a faites. […] Mais ces différents degrés dans le pardon chrétien, ce premier degré où l’on pardonne pour être pardonné, c’est-à-dire par crainte ou par espoir, cet autre degré où l’on pardonne parce qu’on se reconnaît digne de souffrir, c’est-à-dire par humilité, celui enfin où l’on pardonne par égard au précepte de rendre le bien pour le mal, c’est-à-dire par obéissance, ces trois manières, qui ne sont pas encore le pardon tout-à-fait supérieur et désintéressé, m’ont remis en mémoire ce qu’on lit dans l’un des Pères du désert, traduit par Arnauld d’Andilly : « J’ai vu une fois, dit un saint abbé du Sinaï, trois solitaires qui avoient reçu ensemble une même injure, et dont le premier s’étoit senti piqué et troublé, mais néanmoins, parce qu’il craignoit la justice divine, s’étoit retenu dans le silence ; le second s’étoit réjoui pour soi du mauvais traitement qu’il avoit reçu, parce qu’il en espéroit être récompensé, mais s’en étoit affligé pour celui qui lui avoit fait cet outrage ; et le troisième, se représentant seulement la faute de son prochain, en étoit si fort touché, parce qu’il l’aimoit véritablement, qu’il pleuroit à chaudes larmes.
Ils donnent l’idée de la vie la plus élégante, la plus somptueuse, la plus digne en somme d’être vécue. […] Tout artiste digne de ce nom est par là même capable du « crime d’amour ».
C’est sans doute ma faute ; et lorsque, ensuite, je l’ai vu si digne dans l’affaire des faux autographes, si décidé à braver le ridicule, à sacrifier sa réputation et toute sa vie à la justice et à la vérité, je n’ai plus eu d’étonnement. […] Daudet pour ce digne et honnête professeur et pour tous ses pareils.
Dès aujourd’hui, comme un ânon précocement docile mérite le bât, cet élève est digne d’entrer dans la docte toge. […] Elle lui restitue, cette bienfaisante terre patriale, la sève bien sage et raisonnablement coulante et le rend tout à fait digne du riche mariage qui récompense les conversions durables non moins généreusement que les innocences.
Tu t’inclines donc, pensée lâche, devant la justice des juges ; et leurs paroles, même quand plus rien de matériel ne les sanctionne, te paraissent dignes d’autre chose qu’un haussement d’épaules. […] Aujourd’hui, elle lui apparaît tout à fait condamnable parce que sa laideur éternelle s’est extériorisée : « Elle sent la gamelle et la buffleterie des bas officiers, l’amour ancillaire d’une populace de Gothons en extase devant le caporal ignominieux. » Il y a, paraît-il, un parti politique « où les professeurs d’élégance oublient de saluer sur le terrain un adversaire qu’ils jugent pourtant digne de croiser le fer avec eux » ; et Tailhade s’irrite contre ces vilains « à qui mesdames leurs mères, trop occupées de leurs confitures et du point de sel à mettre dans le pot, n’eurent guère le temps d’apprendre le bel air des choses ».
Joubert à mes jeunes gens pour dessert en quelque sorte, pour récréation, et pour petite débauche finale, fine débauche digne de Pythagore ! […] Je n’ajouterai rien après de telles pensées bien dignes de mémoire, sinon que, lorsqu’on fera encore une nouvelle édition de M.
Ce poème, où il a appliqué son génie (et ce génie est manifeste), a paru digne, il y a quelques années, d’être publié avec luxe à Paris, aux frais du Gouvernement, dans la Collection orientale des manuscrits inédits. […] On porta les présents du sultan chez la fille de Ferdousi, qui, d’un cœur digne de son père, les refusa en disant : « J’ai ce qui suffit à mes besoins, et ne désire point ces richesses. » Mais le poète avait une sœur qui se rappela le désir que celui-ci avait nourri dès l’enfance de bâtir un jour, en pierre, la digue de la rivière de Thous, pour laisser dans un bienfait public le souvenir de sa vie.
Le véritable artiste est digne de ne pas procéder ainsi ; et pour tous ceux qui ont de bonne heure connu et admiré Mme Sand, ç’a toujours été un sujet d’étonnement et une énigme inexplicable, que de la trouver si aisément crédule et, je lui en demande bien pardon, si femme sur un point : elle croit volontiers à l’idée des autres. […] On y rencontre des scènes dignes, pour la finesse et la gaieté d’expression, du joli roman de Daphnis et Chloé.
Bossuet aussi, de concert avec le duc de Montausier, a fait un élève, le premier Dauphin, père de ce même duc de Bourgogne ; c’est pour ce royal et peu digne élève qu’il a composé tant d’admirables écrits, à commencer par le Discours sur l’histoire universelle, dont jouit pour jamais la postérité. […] Il est assez singulier qu’une telle parole se rencontre dans la bouche du Sauvage américain, mais elle n’en est pas moins belle et parfaite, et digne qu’on l’inscrive à la suite des pages de Fénelon.
Nous profiterons de ces travaux pour dire nous-même quelque chose du docte et digne personnage qui en a fourni le sujet. […] Il fut digne en tout d’appartenir à cette magistrature dont M.
Il nous montre le procédé par lequel on les fabrique, et, si cette raillerie ne saurait en aucun temps atteindre les dignes et véritables érudits, elle frappait d’aplomb sur « un certain peuple tumultueux de savants » qui, à cette époque, se maintenait encore. […] Par l’étendue et la générosité de cet assemblage, noble pensée d’un digne serviteur de Colbert, Perrault était fidèle encore à cette inspiration première qui ne cessa de l’animer jusque dans son idolâtrie pour la monarchie de son temps, je veux dire à l’idée de l’émancipation et de l’égalité moderne.
Sans aller jusque-là avec quantité de vers qui en sont peu dignes, il est bien certain qu’il faut commencer par aimer la poésie avant de se mêler de la juger. […] Leconte de Lisle, qui n’est encore apprécié que de quelques-uns, a un caractère des plus prononcés et des plus dignes entre les poètes de ce temps.
Le digne et simple historien de cette expédition grandiose, ce sera encore tout naturellement celui qui l’a faite, Bonaparte, dont c’est la dernière dictée publiée (1847). […] On ne se fait pas un nom par là, mais on passe doucement la vie… En supposant que toutes les lettres qui portent la date de ces années aient été réellement écrites alors telles que nous les avons, il imitait, en effet, les anciens sans fatigue et avec un art adorable dans de petits sujets, soit qu’il adressât à sa cousine, Mme Pigalle, du pied du Vésuve des contes dignes de Lucius et d’Apulée (1er novembre 1807), soit qu’aux bords du lac de Lucerne, du pied du Righi, il envoyât à M. et à Mme Thomassin (25 août et 12 octobre 1809) des idylles malicieuses et fraîches où il aime à montrer toujours, à côté des jeunes filles joueuses ou effrayées, le rire du Satyre44.
S’il a pu souvent paraître accorder trop à l’esprit gaulois et à la gausserie gaillarde de toutes choses, il sait ici s’élever à un sentiment digne du spectacle qu’il a sous les yeux, et il s’inspire des mânes d’autrefois. […] C’est une certaine manière en mosaïque qui n’est pas ici à discuter ; je ne prends que l’idée, qui est grande : Ce serait une magnificence bien digne d’un aussi puissant roi que le nôtre, dit de Brosses, de faire construire exprès un vaste bâtiment en galerie, pour y réunir les copies en mosaïque19 des plus fameux ouvrages à fresque qui sont en Italie, tant en tableaux qu’en plafonds, en les distribuant dans un bel ordre et dans un beau jour, au milieu d’une riche architecture.
On a un tableau ironique comme en aurait pu tracer un Philippe de Commynes, et il le termine par ces considérations si dignes de lui, de l’homme resté, en tout temps, royal : Je reconnus en cette occasion que tout parti composé de plusieurs corps qui n’ont aucune liaison que celle que leur donne la légèreté de leurs esprits…, n’a pas grande subsistance ; que ce qui ne se maintient que par une autorité précaire n’est pas de grande durée ; que ceux qui combattent contre une puissance légitime sont à demi défaits par leur imagination ; que les pensées qui leur viennent, qu’ils ne sont pas seulement exposés au hasard de perdre la vie par les armes, mais, qui plus est, par les voies de la justice s’ils sont pris, leur représentant des bourreaux au même temps qu’ils affrontent les ennemis, rendent la partie fort inégale, y ayant peu de courages assez serrés pour passer par-dessus ces considérations avec autant de résolution que s’ils ne les connaissaient pas. […] Il ne saurait admettre que, dans un État, tout le monde indifféremment soit élevé pour être savant : « Ainsi qu’un corps qui aurait des yeux en toutes ses parties serait monstrueux, dit-il, de même un État le serait-il, si tous ses sujets étaient savants ; on y verrait aussi peu d’obéissance que l’orgueil et la présomption y seraient ordinaires. » Et encore : « Si les lettres étaient profanées à toutes sortes d’esprits, on verrait plus de gens capables de former des doutes que de les résoudre, et beaucoup seraient plus propres à s’opposer aux vérités qu’à les défendre. » Il cite à l’appui de son opinion le cardinal Du Perron, si ami de la belle littérature, lequel aurait voulu voir établir en France un moindre nombre de collèges, à condition qu’ils fussent meilleurs, munis de professeurs excellents, et qu’ils ne se remplissent que de dignes sujets, propres à conserver dans sa pureté le feu du temple.
Le succès rapide de la première édition de ce livret, comme il l’appelle, l’obligea à retoucher la seconde : « J’ai ajouté, disait-il, beaucoup de petites chosettes, selon les désirs que plusieurs dignes juges m’ont témoigné d’en avoir, et toujours regardant les gens qui vivent en la presse du monde. » C’est cette appropriation parfaite de ce premier ouvrage de saint François de Sales aux gens du monde, qui en fait le cachet. […] Voilà un libraire digne du saint.
Ce jeune roi victorieux, et malgré tout, à cette date, plus philosophe et plus homme de lettres encore qu’autre chose, écrivant ses billets soigneux et attentifs, sa première pensée après la victoire, à un bon et digne bibliophile son ami, qui n’a rien de brillant et qui ne lui est utile que dans l’ordre de l’esprit et des jouissances morales, c’est touchant, c’est honorable pour la nature humaine et pour la nature même des héros. […] Il se borne donc à l’entourer de soins, de petits présents, d’étrennes à la Noël, au jour de l’an, à chaque anniversaire : « Le 6 mai (1770), jour de la bataille de Prague. — Je vous envoie, mon cher ami, du vieux vin de Hongrie pour vous en délecter, le même jour que vous fûtes, il y a treize ans, si cruellement blessé par nos ennemis. » Il traite évidemment ce digne survivant des grandes guerres comme un vieillard perclus avant le temps ; il veut lui donner des joies d’enfant jusqu’au dernier jour.
Vous comprendrez, d’ailleurs, que le secrétaire perpétuel ne puisse que se taire aujourd’hui, quand, demain, le directeur de l’Académie sera publiquement le digne et éloquent interprète des grands regrets de la compagnie, frappée au cœur et à la tête. […] [Alphonse Daudet] La mort d’Émile Augier me cause une vive peine, et je me déclare incapable d’une parole vraiment digne de lui.
. — But de l’auteur : planter des jalons pour faciliter le travail de ceux qui voudront approfondir une matière digne d’une étude plus poussée que celle-ci. […] Sans doute les captifs de la mère de Samba Guélâdio Diêgui lui donnent tout le mil qu’ils ont glané et se contentent d’herbes et de feuilles d’arbre pour leur propre nourriture — sacrifice digne d’être pris en considération de la part de gens qui traitent dédaigneusement ceux des autres races de mangeurs d’herbe124 — mais on ne verra pas d’exemples analogues à ceux du fidèle Jean ou d’Henri-au-cœur-cerclé-de-fer dans les contes allemands125.
Nous répondrons modestement que nous les avions toujours crues classiques, c’est-à-dire, composées d’après les excellents modèles de l’antiquité, et dignes de servir de modèles à leur tour aux poètes des siècles futurs. […] Il en est quelques autres encore qui sont dignes de marcher à leur suite, et à qui, pour se placer au premier rang, il ne manque que de se défier davantage des séductions de la flatterie, des suggestions de l’amour-propre et des illusions d’un triomphe de coterie.
Chez nous et chez nos voisins est un recueil de fragments littéraires, très dignes de cette tête qui, tout en produisant des livres d’imagination et des créations romanesques, a montré des aptitudes critiques de la plus brillante supériorité. […] sur le Byron d’Aubryet et sur sa superbe notion de la supériorité poétique de l’Angleterre, qui est de la beauté la plus vraie et de la plus belle vérité… IX Dans les circonstances actuelles de la vie d’Aubryet, de telles pages, dignes d’être admirées en tout temps, deviennent prodigieuses.
Selon lui, Reid et Stewart, pour la première fois, avaient fait d’elle une science indépendante, importante en elle-même, digne d’étude non-seulement pour les découvertes qu’elle prépare, mais encore pour les vérités qu’elle contient. […] Le style, vraiment digne de la science, est celui d’un mémoire de physiologie.
Le nom de ce prince avait de l’éclat en Europe ; et tant qu’il ne régna point, il parut digne de régner. […] Cet ouvrage est faible, et peu digne de son sujet ; mais c’était du moins un hommage rendu à un grand homme, dans un temps où ce grand homme servait l’État, et où, pour récompense, il n’avait que les calomnies de la cour, les fureurs des traitants et la haine de la nation à qui il faisait du bien.
Telle est la tactique actuelle, digne de ces maîtres en savoir-faire.
Témoin des troubles civils de Lyon en 1834, Mme Valmore a pris part à tous ces malheurs avec le dévouement d’un poëte et d’une femme : Je me laisse entraîner où l’on entend des chaînes ; Je juge avec mes pleurs, j’absous avec mes peines ; J’élève mon cœur veuf au Dieu des malheureux ; C’est mon seul droit au ciel, et j’y frappe pour eux Elle frappa à d’autres portes encore ; et son humble voix, enhardie dès qu’il le fallut, rencontra des cœurs dignes de l’entendre quand elle parla d’amnistie.
Leroux et Reynaud savent produire les idées très neuves et dignes du plus sérieux examen, avec lesquelles ils envisagent l’histoire de la philosophie et du christianisme.
Quand le jésuite, qui la veut rendre digne de son jeune parent et protégé, l’a mise au couvent, le voile d’innocence ignorante et les restes secrets d’impudeur dans cette jeune fille sont poursuivis et démêlés comme les moindres veines sous-cutanées, comme les profonds vaisseaux lymphatiques par le préparateur anatomique habile et amoureux du cadavre.
Non, je ne sais rien de plus magnifique, de plus héroïque, de plus digne d’être vécu que ces quatre mois de Lamartine au pouvoir.
Je sais bien que la Conférence de Berlin n’aura été qu’une cérémonie ; qu’elle aura peu de résultats, ou que, si elle en doit avoir, ils seront indirects et inattendus ; je sais bien que les membres de la Conférence, surpris et gênés de se trouver ensemble, se borneront à constater que le sort des ouvriers est digne d’intérêt, qu’il ne faut pas faire travailler les enfants de cinq ans, qu’il est excellent de se reposer le dimanche, et autres vérités de cette force.
Ce jeune homme me paraît digne de toute admiration.
Enfin, cette suggestion que les conducteurs des esprits et, si vous voulez, les critiques dignes de ce nom exercent sur le vulgaire, ils l’exercent souvent aussi sur eux-mêmes.
Edmond Pilon Notre grand poète (Paul Verlaine) n’est plus ; avec présomption on va lui chercher, dans notre respect et notre admiration, quelqu’un digne de lui succéder.
Il n’est pas resté, digne d’être lu, un seul écrit saint-simonien ; voici un écrit anarchiste auquel je souhaite d’être durablement représentatif, car, après toutes mes critiques, je l’avoue, sa lecture m’enchanta.
Et puis, s’il n’est pas arrivé à une vue des choses beaucoup plus consolante que l’auteur de Rolla , au moins est-ce par des voies très différentes ; sa mélancolie est d’une autre nature, moins vague et moins lâche, plus consciente de ces choses, plus digne d’un homme… M.
Introduction La recherche de la vérité doit être le but de notre activité ; c’est la seule fin qui soit digne d’elle.
Sa réponse, digne d’une tribu fétichiste gouvernée par un astrologue, fut qu’une antique coutume lui défendait d’entrer en campagne avant la pleine lune ; or on était au dernier quartier.
On ne peut douter que Néron Ne soit du sang d’Enée un digne rejetton.
A seize, on vit de lui des pastorales dignes de Virgile & de Théocrite.
Le sujet d’Œdipe ayant paru au jeune poëte digne d’être traité de nouveau, il se hâta d’y mettre la main.
Ce digne professeur s’emporte contre ceux qui ne croyaient pas à Jupiter, à Neptune.
Les hommes nez avec le génie qui forme les grands generaux, ou ces magistrats dignes de faire des loix, meurent souvent avant que leurs talens se soient fait connoître.
de cet inexplicable roi, qui n’était constipé que du cœur, et Baschet finit son livre, comme il l’a commencé, par une déclaration d’ignorance sur le compte de ce Louis XIII qui n’était pas véritablement digne de tant de recherche et d’anxiété !
Le premier roman, digne de ce nom, puisque ni la moquerie de l’auteur, ni la folie du héros n’entament la nature humaine assez profondément pour qu’on ne puisse la reconnaître, Don Quichotte, est de 1602.
Car nos adversaires, j’entends les êtres d’anti-évolution, avec une audace digne d’une meilleure cause, poursuivent énergiquement leur tâche de stérilisation.
Un Suisse, un neutre, y pose nettement la question de la neutralité, la résout à sa manière et, tenant compte des réalités autant que des principes, aboutit à des conclusions dignes d’intérêt, dignes de notre amitié. […] et dignes de la curiosité d’un moraliste. […] … » Et aussi pour ceci qui est l’âme de la France, son âme digne de son visage ! […] L’œuvre de Rémy de Gourmont, littérature d’hier, est digne de souvenir. […] Or, le Parlement, sous l’Empire, a-t-il été digne de bien des éloges ?
le brave peuple, si gentil, si courageux, si ingénieux, si plein de ressources imprévues et inépuisables, si digne de n’être pas malheureux ! […] Ces morceaux dramatiques étaient, je pense, l’œuvre de quelque digne abbé ou de quelque vertueuse demoiselle. […] Certes, tout cela est digne d’éloges, mais c’est à la portée du premier millionnaire venu. […] C’est évidemment son répertoire qui l’a sauvegardée, maintenue sérieuse et digne. […] Passe encore, monsieur, si cette exhibition était magnifique et vraiment digne des grands seigneurs qui prétendent en régaler la foule.
Survient notre ancienne connaissance Vautrin, devenu, de par lui-même, abbé espagnol, et nous avons la contrefaçon de l’histoire du Comte de Sainte-Hélène : le digne Vautrin qui a pris pour Lucien la plus belle passion du monde, enlève Esther, et en quelques mois, lui improvise au Couvent du Sacré-Cœur l’éducation d’une femme du monde et les principes austères et les vertus sublimes d’une héroïne. […] Aujourd’hui nous voulons aux femmes une raison plus ferme et un cœur, sinon plus viril, du moins plus sûr ; c’est ainsi qu’elles nous semblent dignes d’être aimées, et dès lors pourquoi borner ses conquêtes poétiques à la possession d’un reflet, si secondaire en mérite et en valeur ? […] Je l’ai compris désormais parce que je n’ai pas peur et que je suis un bon tambour. » Après ce roulement viennent quelques pièces qui seraient dignes d’être lues, entre autres, une sorte de chant funèbre sur les tambours-majors ; mais, malgré nos regrets, nous passerons pour arriver plus vite au premier chapitre du Conte d’hiver. […] Nous omettons encore d’autres épisodes dignes cependant d’être admirés ; nous ne nous arrêtons pas dans la caverne fabuleuse où le vieux empereur Barberousse attend patiemment le jour de reconstituer l’unité allemande. […] Heine seul appartient de nous satisfaire, en octroyant le plus tôt possible une édition française du Conte d’hiver, digne de servir de pendant à son Allemagne et à ses Récits de voyages.
La Harpe en a parlé dans son Cours de Littérature avec une rapidité superficielle, et trop peu digne d’un critique si habile. […] Quoiqu’on retrouve dans plusieurs de ses vers l’âpreté des sons étrusques, ne fait-il pas entendre souvent une harmonie digne de Virgile lui-même ? […] Il était digne de cette confiance d’un peuple affligé. […] Érasme, qui n’approuvait pas ce zèle excessif, avait un enthousiasme plus éclairé pour la morale de Cicéron, et la jugeait digne du christianisme. […] Le sénat le jugea digne de mort ; et il fut exécuté dans sa prison.
Ne craignons que l’autorité des critiques dignes de ce titre. […] Le ridicule exclut de la scène le concours des rôles sages et raisonneurs qui l’attristent, et n’y admet que les personnages dignes d’être moqués, les seuls qui nous amusent en nous corrigeant. […] C’est une partie de son art que de faire respecter les sages institutions du temps, et de placer les objets dignes de sincères louanges en contrepoids raisonnable des choses qu’il doit satiriser. […] « Voilà des sentiments dignes d’une Artémise. […] Cette même faiblesse offre à la comédie un digne sujet de ridicule ; c’est la fureur de croire prévenir ce qu’on ne saurait empêcher.
Thiers, et ils s’arrangèrent pour faire remettre le prix à l’année suivante, comme si le morceau ne se trouvait digne en effet que du second rang. […] Mais cette douce émotion passe comme un beau rêve, comme un bel air de musique, comme un bel effet de lumière, comme tout ce qui est bien, comme tout ce qui, nous touchant vivement, ne doit par cela même durer qu’un instant. » Certes de telles pages, négligemment jetées et venues comme d’elles-mêmes dans une brochure plutôt politique, attestent mieux que tout ce qu’on pourrait dire un coin de nature d’artiste bien mobile et bien franche (genuine), ouverte à toutes les impressions, et digne, à certains moments, de tout comprendre et de tout sentir. […] Thiers un élève qui se permettait quelquefois de n’être pas de son avis et de le combattre : le digne homme d’État se plaisait à voir un jeune esprit net et ferme s’exercer ainsi à la discussion sérieuse, et il le favorisait. […] Ce n’est pas que les victimes, toutes les fois qu’elles passent, n’obtiennent de l’historien, quand elles en sont dignes, des accents de pitié et d’éloquence.
Tandis qu’ils chevauchaient de l’Osterfranken vers le Swanevelt, on pouvait les admirer pour leur superbe allure, ces héros dignes de louange. […] XXIII Les deux héros dignes de louange se quittèrent, Hagene de Troneje et le seigneur Dietrîch. […] cela serait digne d’un guerrier, et alors s’il en survient, ce sera un vaillant homme ; ne vous réjouissez pas trop de la blessure que j’ai reçue. […] La force de Gunther était vraiment digne de louange.
Cette folie était bien digne de germer dans l’esprit d’un Le Tellier ou d’un Louvois, qui, pour étouffer l’hérésie, étaient décidés à tout. […] Touchés de tant de merveilles, épanchons nos cœurs sur la piété de Louis ; poussons jusqu’au ciel nos acclamations, et disons à ce nouveau Constantin, à ce nouveau Théodose, à ce nouveau Marcien, à ce nouveau Charlemagne, ce que les six cent trente Pères dirent autrefois dans le concile de Chalcédoine ; « Vous avez affermi la foi, vous avez exterminé les hérétiques : c’est le digne ouvrage de votre règne, c’en est le propre caractère. […] Le grand homme, l’« aigle de Meaux », le « dernier Père de l’Église », dans un mouvement d’éloquence vraiment digne de servir de modèle à l’éternel jésuitisme, feignant de confondre l’œuvre des dragons avec celle de la divinité, célébrant les immenses bienfaits du règne de Louis XIV, lorsque les hurlements de douleurs des torturés s’élèvent par tout le royaume ! […] La stoïque devise que les libres penseurs ont popularisée, c’est justement le fait de l’émigration protestante, bravant la mort et les galères, pour rester digne et véridique : Vitam impendere vero.
Le digne fondateur a sur ce sujet de belles et nobles paroles qui décèlent, sous cette monarchie de Louis XV, un cœur de citoyen ; j’en veux citer quelques-unes, ne fût-ce que pour moraliser ce sujet de Bernis, dont les débuts sont un peu amollissants : Ce que vous me dites, monsieur, écrit Duverney à Bernis, de l’opinion de l’étranger sur cet établissement n’est guère propre à modérer mon impatience ; j’en ai toujours beaucoup dans les choses qui contribuent à la gloire de notre maître et au bien de la nation… Les objections ne m’ont jamais rebuté. […] Bernis est digne de cet entretien généreux auquel l’amitié le convie ; il encourage son ami, il le réconforte avec une chaleur affectueuse : « Je voudrais pouvoir rassembler tous les bons cœurs pour vous les donner. » Il voudrait être à même de le défendre contre les injustices et les dégoûts qui le viennent abreuver : « Plût à Dieu que je fusse à portée de rendre témoignage à la vérité !
Une telle déclaration aurait un merveilleux effet en Europe, et, si j’en étais jugé digne, je serais fier pour mon compte de la souscrire. […] Son ami lord Sheffield lui a élevé le monument le plus digne et le plus durable en publiant ses Mémoires et ses lettres ; on y devine que la conversation de Gibbon était, en effet, supérieure en intérêt et en charme à ses écrits, et qu’en lui le lettré profond et accompli ne se séparait pas de l’homme de société le plus agréable.
De Marly, le 22 novembre 1714, après quarante-trois ans de séjour en France, Madame écrivait : Je ne peux supporter le café, le chocolat et le thé, et je ne puis comprendre qu’on en fasse ses délices : un bon plat de choucroute et des saucissons fumés font, selon moi, un régal digne d’un roi, et auquel rien n’est préférable ; une soupe aux choux et au lard fait bien mieux mon affaire que toutes les délicatesses dont on raffole ici. […] Il y avait alors dans le royaume un roi digne de l’être, avec toutes les qualités qu’on sait, au milieu des défauts que chacun concourait à favoriser et à recouvrir ; un roi homme de mérite, « toujours maître et toujours roi, mais plus honnête homme encore et plus chrétien qu’il n’était maître et roi : C’est ce mérite qui la toucha, dit très bien le père Cathalan.
— Mais non, ce qu’ici nous nommons la vie est chose si peu digne d’être aimée, et toi, ma mère, tu m’es si aimable que ce serait te payer bien mal que de contraindre ton esprit délivré à reprendre ses fers… La mort de sa mère livra le jeune enfant aux mains des étrangers ; son père, homme estimable, n’eut point pour ce fils délicat et timide les attentions qu’il aurait fallu. […] Mais avant la fin de l’année, j’eus occasion de m’émerveiller du progrès qu’on peut faire en dépit de l’insuffisance naturelle et par la seule opiniâtreté de la pratique ; car j’en vins à produire trois paysages qu’une dame jugea dignes d’être encadrés et mis sous verre.
Les malins et satiriques dirent dans ce temps-là, en faisant allusion à son goût pour la faveur : « Vous verrez qu’il a pris le bon Dieu pour un homme en place. » — Il aurait prêté à ce mot, si lui-même, comme on l’assure, il avait dit plus gaiement qu’il ne convient, en parlant de la confession générale qu’il fit alors et qui dura longtemps : « On n’est jamais plus riche que lorsqu’on déménage. » Toutefois, les impressions premières qu’il avait anciennement reçues dans l’Oratoire, la compagnie de la pieuse reine Marie Leczinska dont il était devenu le surintendant, et, on peut dire, l’ami, et qu’il comparait un peu magnifiquement à la grande reine Blanche, une certaine disposition affectueuse et plus sensible qu’on ne suppose, qui lui faisait rechercher les consolations au-delà de la vie, tout contribua, en définitive, à lui donner, dans son retour, une sincérité selon sa nature et digne de respect. […] Je ne suis pas au bout de ma liste35 : c’en est plus qu’assez, ce me semble, pour prémunir le public, et aussi pour avertir l’éditeur de vouloir bien, après révision, après collation totale de l’imprimé avec le manuscrit, ajouter au plus vite un ample Errata, accompagné de quelques cartons, à un ouvrage qui, dans son état actuel, fourmille d’erreurs, et est certes le moins digne d’un homme comme le président Hénault, qui a consacré la meilleure part de ses loisirs à étudier l’histoire et à en répandre des notions exactes.
Je sens par moi-même, qui, ayant plus d’imagination que de jugement, embrasse toute sorte d’objets, que les plus dignes de moi sont dans un avenir presque impossible. […] Vous voyez l’âme de votre ami toute nue ; je ne doute pas qu’au travers de ses défauts, vous n’y trouviez quelque chose de digne d’intéresser une aussi belle âme que la vôtre.
Il était par sa mère cousin germain d’un jeune homme également distingué, Henri de Cambis, mort trop tôt avant son digne père, le marquis de Cambis, que nous À tous, qui sous la Restauration suivions les cours de MM. […] Tu le sais, d’Auberive, notre Dauphiné est fier de vous : dans ce temps où tout s’en va, votre race a conservé intact cet honneur, ce vieil et pur honneur qui est le premier des biens… Si jamais tu pouvais l’oublier, je m’en souviendrais pour toi… Quand je regarde ton Emmanuel, si enthousiaste, si beau, si digne de sa sainte mère, je retrouve en lui cette fleur de noblesse que notre siècle ne connaît plus, qui bientôt, peut-être ne sera plus qu’un nom, mais que nous ne devons pas laisser périr, nous qui en sommes les gardiens… Quoi !
Des savants lettrés comme Biot devaient eux-mêmes s’en emparer et insérer des Vues dignes d’être citées, dans la relation de leurs voyages scientifiques. […] Lorsque Constant s’avise un matin de se marier pour faire pièce à son orageuse amie, et en se flattant lui-même de trouver le repos dans le contraste, Sismondi en tire sujet à cette réflexion fort sage et digne d’un parfait moraliste (22 janvier 1810) : « Il est vrai que M.
Quand d’autres font plus et se précipitent dans la question avec une ardeur digne d’un autre temps, je me range et laisse passer : évitons de heurter tout ce qui est culte. […] Sur ce point délicat je me borne encore à dire, en écartant tout ce qui est indigne d’être entendu, que si, vers l’âge de trente ans, Marie-Antoinette en butte à toutes sortes d’intrigues et d’inimitiés, entourée d’amis qui la compromettaient fort et qui n’étaient pas tous désintéressés ni bien sincères, avait cherché et distingué dans son monde et dans son cercle intime un homme droit, sûr, dévoué, fidèle, un ami courageux, discret, incapable d’épouser d’autre intérêt que le sien, et si elle s’était appuyée sur son bras à certain jour, même avec abandon, il n’y aurait à cela rien de si étonnant ni de fait pour révolter ; et de ce qu’on admettrait, sur la foi des contemporains d’alors les mieux informés, cette sorte de tradition qui, à son égard, me paraît, si j’ose l’avouer, la plus probable, il ne s’ensuivrait pas qu’elle dût rien perdre dans l’estime de ceux qui connaissent le cœur humain et la vie, ni qu’elle fût moins digne de tout l’intérêt des honnêtes gens aux jours de l’épreuve et du malheur.
Le comte d’Artois, lui, le futur Charles X, n’est qu’étourdi, pétulant, imprudent, tête vive et légère : « Il est vrai que le comte d’Artois est turbulent et n’a pas toujours la contenance qu’il faudrait ; mais ma chère maman peut être assurée que je sais l’arrêter dès qu’il commence ses polissonneries, et, loin de me prêter à des familiarités, je lui ai fait plus d’une fois des leçons mortifiantes en présence de ses frères et de ses sœurs. (16 novembre 1774.) » Quant au comte de Provence, il y a d’autres précautions à prendre avec lui ; ce n’est pas de ses familiarités en public et de ses gestes légers qu’on a à se méfier, c’est plutôt de ses coups fourrés ainsi que de ceux de sa digne épouse, qui est bien appareillée avec lui : « Ils sont l’un et l’autre fort réservés et fort tranquilles, au moins en apparence. […] … » On sourit à la seule idée d’une telle comparaison entre Mesdames, filles de Louis XV, et celle dont Frédéric, le glorieux rival et ennemi, a parlé comme « d’une grande femme, faisant honneur à son sexe et au trône. » Nous reviendrons sur ces jugements de Marie-Thérèse, portés par l’adversaire qui passa sa vie à se mesurer contre elle, et qui lui a rendu le plus digne, le plus historique des hommages.
Ces signalements de notre façon suffiraient pour les faire reconnaître : mais tout lecteur digne d’Oberman n’aura besoin de guide autre que lui-même, dès qu’il s’y sera plongé. […] Il y a un chapitre sur l’Immortalité qui expose des conjectures dignes de Lessing dans la langue de Bernardin de Saint-Pierre.
» Vingt-cinq ans avant la Révolution, il n’était pas rare d’en voir quinze ou vingt « tomber dans une ferme pour y coucher, intimider les fermiers, et en exiger tout ce qu’il leur plaisait » En 1764, le gouvernement prend contre eux des mesures qui témoignent de l’excès du mal760 : « Sont réputés vagabonds et gens sans aveu, et condamnés comme tels, ceux qui, depuis six mois révolus, n’auront exercé ni profession ni métier, et qui, n’ayant aucun état ni aucun bien pour subsister, ne pourront être avoués ni faire certifier de leurs bonnes vies et mœurs par personnes dignes de foi… L’intention de Sa Majesté n’est pas seulement qu’on arrête les vagabonds qui courent les campagnes, mais encore tous les mendiants, lesquels, n’ayant point de profession, peuvent être regardés comme suspects de vagabondage. » Pour les valides, trois ans de galères ; en cas de récidive, neuf ans ; à la seconde récidive, les galères à perpétuité. […] Au-dessous de seize ans, les enfants iront à l’hôpital. « Un mendiant qui s’est exposé à être arrêté par la maréchaussée, dit la circulaire, ne doit être relâché qu’avec la plus grande certitude qu’il ne mendiera plus ; on ne s’y déterminera donc que dans le cas où des personnes dignes de foi et solvables répondraient du mendiant, s’engageraient à lui donner de l’occupation ou à le nourrir, et indiqueraient les moyens qu’elles ont pour l’empêcher de mendier. » Tout cela fourni, il faut encore, par surcroît, l’autorisation spéciale de l’intendant.
199 Ce sont là des vers étranges, et dignes de scandaliser les pédants. […] Au contraire la fable correspondante dans Horace est abondante, pittoresque, exquise, digne en tout point de La Fontaine.
Athènes ne fut plus digne de comparer sans rougir ses tares nouvelles et sa pureté passée. […] Toute la différence digne d’être marquée entre la foule et les mandarins est que celle-là veut l’assouvissement de son appétit, ceux-ci la satisfaction de leur curiosité.
Athènes ne fut plus digne de comparer sans rougir ses tares nouvelles et sa pureté passée. […] Toute la différence digne d’être marquée entre la foule et les mandarins est que celle-là veut l’assouvissement de son appétit, ceux-ci la satisfaction de leur curiosité.
Le général Dupont, l’un des plus brillants officiers de la grande armée, le même qui, dans la campagne de 1805, à Haslach, animé d’une inspiration digne d’un vrai capitaine, avait su défaire 25 000 Autrichiens avec 6 000 hommes, et que Napoléon destinait à devenir un de ses prochains maréchaux ; Dupont, lancé en flèche dans l’Andalousie révoltée, est bientôt obligé de se rabattre et de songer à une retraite. […] « L’injustice, disait-il un jour avec énergie, est une mère qui n’est jamais stérile, et qui produit des enfants dignes d’elle. » Et il citait Moreau qui, cruellement banni, en 1804, pour un tort envers le consul plus encore qu’envers la France, revient en 1813 enfant ingrat.
En écrivant cette lettre, dictée par le cœur, elle ne se doutait pas de l’élévation morale où elle se place, et cette élévation est grande, surtout si l’on vient à songer quelle est la femme (digne sœur de Mme de Tencin, c’est tout dire) à qui elle s’adresse : (Paris, 22 mars 1721.) […] Et quand ils m’honorent de quelques bontés, vous sentez bien ce que la reconnaissance peut ajouter à de tels sentiments, et assurément je ne fus jamais ingrate… En même temps qu’elle désire l’amitié, elle en redoute un peu les enthousiasmes ; elle craint toujours qu’un autre sentiment ne se glisse dessous, et elle en parle d’un ton à persuader sérieusement qu’elle en veut rester au premier : Je suis, dit-elle, d’un sexe et d’une profession où l’on ne soupçonne pas volontiers cet honnête sentiment, l’unique que je désire, dont je sois flattée, et dont j’ose me croire digne par la façon dont je le sens ; j’ajoute même par celle dont je l’ai inspiré plus d’une fois.
Leur originalité propre consiste dans l’expression naïve et nue des autres caractères ; dans le caractère de Mlle d’Ette, cette peste domestique ; dans celui de Duclos, son digne pendant, tel qu’il se révèle ici ; dans les confidences de Mme de Jully, confessant crûment à sa belle-sœur son amour pour le chanteur Jélyotte, et lui demandant service pour service. […] Votre haine n’est autre chose que l’amour humilié et révolté : vous ne guérirez de cette funeste maladie qu’en aimant quelque autre objet plus digne de vous. » — « Ah !
De quelque point de vue qu’on le prenne, et même en se tenant en garde contre toute exaltation, quelle plus touchante figure en effet, quelle plus digne de pitié et d’admiration que celle de Jeanne ! […] Quicherat, que, bien que rédigé par les juges et les ennemis, il est plus à l’honneur de la véritable Jeanne que j’appelle primitive, et plus propre à la faire bien connaître, plus digne de confiance en ce qui la touche, que le procès de réhabilitation déjà imprégné et légèrement affecté de légende.
Il a, dans ces dernières années, publié une suite d’études aussi remarquables par la clarté de l’exposition que par la simplicité élégante du style, sur Georges Cuvier, sur Fontenelle, sur Buffon, qui n’était pas secrétaire perpétuel, mais qui était digne de l’être. […] Il y a le Fontenelle bel esprit, coquet, pincé, damoiseau, fade auteur d’églogues et d’opéras, rédacteur du Mercure galant, en guerre ou en chicane avec les Racine, les Despréaux, les La Fontaine ; le Fontenelle loué par de Visé et flagellé par La Bruyère ; et à travers ce Fontenelle primitif, à l’esprit mince, au goût détestable, il y en a un autre qui s’annonce de bonne heure et se dégage lentement, patiemment, mais avec suite, fermeté et certitude ; le Fontenelle disciple de Descartes en liberté d’esprit et en étendue d’horizon, l’homme le plus dénué de toute idée préconçue, de toute prévention dans l’ordre de la pensée et dans les matières de l’entendement ; comprenant le monde moderne et l’instrument, en partie nouveau, de raisonnement exact et perfectionné qu’on y exige, s’en servant avec finesse, avec justesse et précision, y insinuant l’agrément qui fait pardonner la rigueur, et qui y réconcilie les moins sévères ; en un mot, il y a le Fontenelle, non plus des ruelles ni de l’Opéra, mais de l’Académie des sciences, le premier et le plus digne organe, de ces corps savants que lui-même a conçus dans toute leur grandeur et leur universalité quand il les a nommés les états généraux de la littérature et de l’intelligence.
Le digne curé d’une petite ville du Périgord, M. […] Ces qualités sérieuses et dignes, recouvertes d’une poésie fraîche, riante et sensible, ont profité à Jasmin.
« Mais surtout, ajoute Montaigne, je lui sais bon gré d’avoir su trier et choisir un livre si digne et si à propos, pour en faire présent à son pays. […] Que l’on se figure, si l’on peut, le précepteur d’un fils de roi, depuis Bossuet jusqu’au digne et docte précepteur de M. le comte de Paris, s’avisant d’égayer par une publication de ce genre les travaux de son grave préceptorat.
C’est à Mallet du Pan, alors retiré en Suisse, que Joseph de Maistre, sans le connaître personnellement, adressait son premier écrit politique en manuscrit, avec prière de le faire imprimer s’il l’en jugeait digne. […] J’étais persuadé que tout était perdu, et notre liberté, et les plus belles espérances du genre humain, si l’Assemblée nationale cessait d’être un moment, devant la nation, l’objet le plus digne de son respect, de son amour et de toutes ses attentes.
il l’a cependant trouvé », s’écria le digne érudit avec une expression de physionomie singulière qui marquait l’étonnement ; son sourcil gris brillait d’un éclair de malice narquoise et de raillerie ; il y avait, même dans ce mot d’éloge qui lui échappait, le dédain du Provençal pour le Picard. « Il l’a cependant trouvé ! […] À propos d’une querelle injurieuse et sans mesure, qui avait été faite par un jeune et vif érudit au digne M.
Dès lors, toutefois, des circonstances fâcheuses se mêlèrent à cette action digne, et vinrent trahir les côtés faibles du caractère de Le Brun. […] Quant à ce qui était de Voltaire et de son entourage : « Il faut avouer, concluait Fréron, qu’en sortant du couvent, Mlle Corneille va tomber en de bonnes mains. » Je laisse de côté la colère de Voltaire sur ce propos qu’il jugeait digne du carcan ; mais celle de Le Brun ne fut pas moindre.
Ce digne père, homme très remarquable, ayant quitté le service à trente-quatre ans, épousa une fille de finances de Paris, très belle, de plus de sens que d’esprit. […] Ainsi, en toutes choses, on retrouve en lui le militaire inventif, l’administrateur à idées ingénieuses et promptes, un digne membre de l’Académie des sciences.
Quelquefois le geste est plus grand, moins familier ; l’orateur se lève : « C’est ici qu’il faut se donner le spectacle des choses humaines… » Et il énumère dans un mouvement digne de Bossuet tout ce travail du peuple romain et du Sénat, tant de guerres entreprises, tant de sang répandu, tant de triomphes, tant de sagesse et de courage, le tout pour arriver finalement « à assouvir le bonheur de cinq ou six monstres ». […] J’ai eu le bonheur de vivre dans les mêmes sociétés que lui, disait Maupertuis ; j’ai vu, j’ai partagé l’impatience avec laquelle il était toujours attendu, la joie avec laquelle on le voyait arriver. — Et qui n’aimerait, écrivait le chevalier d’Aydie à Mme Du Deffand, qui n’aimerait pas cet homme, ce bonhomme, ce grand homme, original dans ses ouvrages, dans son caractère, dans ses manières, et toujours ou digne d’admiration ou adorable ?