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864. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre V. Chanteuses de salons et de cafés-concerts »

Le quartier latin aima et salua le Poète.

865. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1854 » pp. 59-74

Et tous les jours, à quatre heures, Armand tenait un cercle chez lui, où venaient quelques jeunes gens littéraires du quartier Latin qu’il habillait, et au milieu desquels Gaiffe tenait le haut bout, l’appelant familièrement Armandus, familiarité qui le grisait.

866. (1899) Esthétique de la langue française « Le vers populaire  »

Adieu, ô mes père et mère, adieu tous mes amis, je m’en vais au ciel. » Une telle ballade ne provient ni des latins, ni des grecs, ni des poètes d’académie, ni d’aucune littérature écrite ; l’art en est très spécial, si spécial que nul poète, même un poète allemand, n’en pourrait faire un pastiche acceptable .

867. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — L’abbé d’Aubignac, avec Ménage, Pierre Corneille, Mademoiselle de Scudéri et Richelet. » pp. 217-236

L’équivoque de ce mot avec le mot latin Laverna, déesse des voleurs, occasionna l’épigramme* suivante, dont le sel tombe sur la réputation de frippier de vers que s’étoit faite Ménage.

868. (1811) Discours de réception à l’Académie française (7 novembre 1811)

Peut-être la comédie latine n’offre-t-elle pas un champ aussi vaste à l’observateur.

869. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Le colonel Ardant du Picq »

Il a la brièveté et la concentration latines.

870. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Joubert » pp. 185-199

C’est ce génie trompé d’abord, puis rassasié, qui lui fit écrire, à lui, la miette de Platon, qu’il était plus Platon que tout Platon, le Platon intégral : Platone platonior , dit-il pudiquement en latin.

871. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Louis Vian » pp. 373-387

Comme tous les aigus, il était sec, et il semble le père de toute une race d’esprits secs comme lui : Goethe, cette âme de plâtre, Charles de Brosse, l’épicurien latin, Stendhal, qui avait au moins du feu dans sa sécheresse, et Mérimée qui n’avait rien, en descendent.

872. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Émile de Girardin » pp. 45-61

Machiavel n’avait, lui, ni teinturier ni lessivière de ses écrits quand il traçait son Histoire de Florence ; il savait le latin, et même le grec.

873. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Madame de Sabran et le chevalier de Boufflers »

Ce qui est plus grave, c’est qu’il voulut lui apprendre le latin, et qu’elle l’apprit, et qu’elle faillit ainsi devenir un bas-bleu, la tendre femme !

874. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Nicolas Gogol »

Gogol a beau vouloir n’être que Russe, il a beau regimber contre l’influence française et l’influence allemande, il les porte toutes les deux sur sa pensée : il a appris le latin dans Richter et dans Voltaire.

875. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « II. Jean Reynaud »

Seulement voici où l’embarras commence… Si la Critique prend au sérieux ce gros livre de Terre et Ciel que d’aucuns regardent comme un monument ; si elle se croit obligée d’entrer dans les discussions qu’il provoque et d’accepter ces formes préméditées d’un langage scientifique assez semblable au latin de Sganarelle, mais moins gai, la voilà exposée à asphyxier d’ennui le lecteur, comme elle a été elle-même asphyxiée ; — et cependant, d’un autre côté, si on touche légèrement à une chose si pesante, d’honnêtes esprits s’imagineront, sans doute, que c’est difficulté de la manier !

876. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XVIII. Lacordaire »

Seulement qu’on se rappelle bien désormais que, par le temps qui court, les moines peuvent entrer à l’Académie, pourvu qu’ils n’y soient pas trop moines, et comme leur langue est particulièrement le latin, l’Académie, qui est parfaitement bonne et aimable, n’exige pas qu’ils sachent le français.

877. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXX. Saint Anselme de Cantorbéry »

Ni les efforts de Mœhler, le théologien catholique qui s’est occupé, dans un autre but, de la métaphysique de l’illustre archevêque, ni les petites chicanes d’une revue estimable (la Revue de Louvain), qui prétendait et montrait plaisamment un jour que M. de Rémusat n’entendait pas même le latin du texte qu’il traduisait, ne nous feront perdre de vue la vérité dans cette question de la métaphysique de saint Anselme.

878. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « L’abbé Christophe »

… La prise de Constantinople par Mahomet II, cet événement énorme, se rattache elle-même au concile de Bâle ; car c’est là, c’est dans ce concile où tous les sophismes et toutes les impossibilités se donnaient la main, qu’avorta cette Réunion des Grecs aux Latins, voulue si longtemps et même espérée par les Papes, et qui, si elle avait eu lieu, aurait probablement sauvé l’Empire.

879. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Agrippa d’Aubigné »

Il avait toutes les passions de son temps, tous les goûts de son temps, toutes les littératures : grecque, latine, hébraïque, de son temps, où les sciences elles-mêmes étaient poussées jusqu’à la fureur.

880. (1911) L’attitude du lyrisme contemporain pp. 5-466

Quoique moins marqué qu’en latin, l’accent existe dans notre langue. […] « Remarquez, écrit Mithouard dans le Tourment de l’Unité, la vétusté phosphorescente de ces vieux mots où se sont accumulés des siècles de sens, et la beauté encore de ces mots abstraits employés au pluriel dans le latin mystique. […] Latins contre Germains, classiques contre romantiques, humanistes contre régionalistes, et le reste ; j’étais mal satisfait de ces antithèses. […] La prétendue clarté latine et le mirage jacobin portent en eux de terribles germes. […] Au fond cette question, ainsi que la question latine, a été mal posée.

881. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Troisième partie. — L’école historique » pp. 253-354

En résumé, ces hautes intelligences qui, seules dépositaires et seules législatrices du bon goût, faisaient la loi à toute l’Europe, n’entendaient rien, ni à la littérature grecque360, ni à la littérature anglaise361, ni à la littérature espagnole ; elles ne comprenaient qu’une partie de la littérature latine et même de la littérature française362 ; un petit nombre appréciait assez passablement la littérature italienne, moins Dante. […] Mais, sans contredire La Harpe, sans troubler le plaisir de ses lecteurs, si je puis expliquer cette faute de goût si choquante du comique latin, peut-être aurai-je ajouté à la critique de l’écrivain une idée, et au plaisir de ceux qui le lisent quelque instruction. […] Les femmes les plus considérables de ce temps s’étaient appliquées à l’étude du grec et du latin, à la métaphysique de Descartes, aux sciences mathématiques et physiques, quelques-unes particulièrement à l’astronomie451. […] Si je n’ai pas trouvé d’assez fortes raisons pour affranchir votre tendresse des sévères leçons de la philosophie, et pour vous obliger à pleurer sans contrainte, il en faut accuser le peu d’éloquence d’un homme qui ne saurait persuader ce qu’il sait si bien faire. » Enfin Molière était malade, et dans son fait à l’égard des médecins et de la médecine, il y avait quelque chose de pareil à la révolte amère du malheureux contre le ciel, une bravade douloureuse d’incrédulité : Votre plus haut savoir n’est que pure chimère,          Vains et peu sages médecins ; Vous ne pouvez guérir par vos grands mots latins          La douleur qui me désespère.

882. (1890) Les romanciers d’aujourd’hui pp. -357

Au rebours, il est marri qu’il ne soit double, triple, ou quadruple, et qu’il n’ait plusieurs volontés pour les conférer toutes à ce sujet. » Vous n’avez pas oublié non plus les exemples fameux tirés de l’histoire grecque ou latine. […] Et des brochures, Les Taches d’encre ou des articles et des nouvelles d’un esprit très fin, une autre brochure sur le Quartier latin, une autre, plus que critiquable par un côté : Huit jours chez M.  […] Claretie, la série de La Décadence latine de M.  […] Il y a aussi le latin de M.  […] Observez que le livre commence ainsi : « Xénophon, Horace, Virgile, Tacite, Juvénal, Ésope, Aristophane, Eschyle, Sophocle, Euripide, Homère, et tous les autres classiques, grecs et latins, m’avaient excédé terriblement. » On le croirait.

883. (1902) Le critique mort jeune

Ce fut un livre sur le Latin mystique, où des spécialistes aussi consciencieux que M.  […] Moins encore qu’il n’avait fait pour le latin mystique, il n’était capable d’étudier comme une chose inerte et sans vie sa propre langue, qu’il avait, dans son métier d’écrivain, maniée, domptée comme un être à la fois souple et résistant. […] (Les lignes suivantes, avec leur arrière-pensée esthétique, en donnent exactement le ton : « La France, qui n’est pas une terre latine, est une terre romanisée ; elle ne peut garder son originalité qu’en demeurant catholique, c’est-à-dire païenne et romaine, c’est-à-dire anti-protestante. […] Emile Faguet a montré non moins soucieux d’affranchir son intelligence que de garantir l’ordre et la continuité dans la politique comme dans les esprits, et qui, pour s’assurer un si grand bien, consent que les petits garçons continuent d’apprendre le latin chez les jésuites. […] La vertu, quel beau mot latin : la force à l’état d’habitude, la force fixée, vis, virtus !

884. (1910) Victor-Marie, comte Hugo pp. 4-265

Ex ea quae fuit Uriae : Adam qui fuit Dei , il faut avouer que le verbe sum a de singulières fortunes ; en ce latin ; surtout en la troisième personne du singulier de son prétérit de son indicatif. […] Et ainsi à être enfin aussi ensemble littéralement la seule prophétie païenne que nous ayons ; la seule vraie, la seule réelle prophétie païenne que nous ayons ; non plus, non pas seulement une prophétie juive, ce qui est l’état, l’habitus des prophéties, leur place ; mais une prophétie antique, latine et grecque et antique de la centrale opération chrétienne. […] Des hommes que nous payons quinze mille francs par an pour enseigner, c’est-à-dire, je pense, pour maintenir le grec, le latin, le français, ont trahi le grec, ont trahi le latin, ont trahi le français ; et ces trois grandes cultures ne sont plus défendues que par des pauvres et des misérables ; comme nous ; elles ne sont plus maintenues que par des gueux ; comme nous ; par des individualités sans mandat. […] Vous savez, Halévy, qu’ils tiennent tout, toutes les chaires, tout le pouvoir temporel ; et qu’un homme qui défend le français, le latin, ou le grec, ou simplement l’intelligence, est un homme perdu ; qu’il ne se fait pas actuellement une seule nomination dans l’enseignement supérieur sans que le candidat ait fait sa soumission, à ces messieurs, sans qu’il ait donné des gages, signé le revers, signé la capitulation et de la pensée, et de la liberté de la pensée. […] Et il est extrêmement remarquable, Halévy, puisque nous parlons d’offenses, que dans une prière que vous connaissez, ce dont nous demandons la rémission, et que dans le français nous nommons nos offenses, dans le latin ce ne sont pas proprement nos péchés, peccata nostra, mais exactement ce sont nos dettes, debita nostra.

885. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Charles Labitte »

Son ardeur d’application à l’antiquité et à la poésie latine marque l’heure de la maturité de son talent, et elle contribua sans nul doute à la déterminer. […] Ses papiers nous révèlent l’étendue de ses plans ; les titres seuls en sont ingénieux, et attestent l’invention critique : il avait préparé un article sur les Femmes de la Comédie latine, particulièrement sur celles de Térence, et un autre intitulé la Tristesse de Lucrèce.

886. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIIIe entretien. Poésie lyrique. David (2e partie) » pp. 157-220

Lisez du grec ou du latin après un psaume ! […] En prêtant plus attentivement l’oreille je distinguai la récitation cadencée des psaumes du poète, qui sortait du couvent des moines latins de Terre-Sainte, et qui, de terrasse en terrasse, venait mourir au tombeau du harpiste de Dieu.

887. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre I. Décomposition du Moyen âge — Chapitre II. Le quinzième siècle (1420-1515) »

Cette Italienne qui sait le latin a quelque souci de la phrase, et quelque sentiment des beaux développements largement étoffés. […] Cette pensée est d’une rare valeur : on ne tarda pas à s’en apercevoir, et la chronique de Commynes fut traduite en latin, en italien, en anglais, en allemand, en espagnol, en portugais, en danois, non pour l’amusement des lettrés, mais pour l’instruction des hommes d’État.

888. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « M. Paul Verlaine et les poètes « symbolistes » & « décadents ». »

Il connaît peu les Grecs, les Latins et les classiques français : il ne se rattache pas à une tradition. […] Il s’enivrait, avec les autres, de la musique des mots, mais de leur musique seulement ; et il est resté un étranger parmi ces Latins sensés et lucides… Un jour, il disparaît.

889. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « De l’influence récente des littératures du nord »

Les jeunes gens sont moins sensibles à la belle forme latine, moins choqués de l’absence de cette forme chez les étrangers. […] Car il se pourrait qu’une réaction du génie latin fût proche.

890. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre V. Le Séminaire Saint-Sulpice (1882) »

Je n’avais à cet égard aucune préparation ; à Saint-Nicolas, mon éducation avait été toute latine et française. […] L’homme ne doit savoir littérairement que deux langues, le latin et la sienne ; mais il doit comprendre toutes celles dont il a besoin pour ses affaires ou son instruction.

891. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XIV » pp. 126-174

Cet ouvrage est de Henri Étienne, le second des fameux imprimeurs de ce nom, savants auxquels la France doit les premières belles éditions de nos auteurs grecs et latins, et le Thésaurus, ouvrage auquel aucun autre du même genre ne peut se comparer. […] Il reconnaît que la multiplication des auteurs grecs et latins par l’imprimerie alors récente, et les études des hommes de lettres, nous ont donné beaucoup de mots nouveaux et nécessaires.

892. (1913) La Fontaine « I. sa vie. »

Nous avons en tout une phrase de l’abbé d’Olivet sur les études de La Fontaine. « Il étudia, dit l’abbé d’Olivet  qui est un témoin assez sûr, car il ne vécut pas bien longtemps après La Fontaine, il a pu le connaître ou, tout au moins, il a pu connaître ses amis  il étudia, nous dit donc l’abbé d’Olivet, sous des maîtres de campagne, qui ne lui apprirent rien que le latin. » Ces maîtres de campagne doivent être évidemment les professeurs du collège de Château-Thierry. […] Ainsi, elle n’était pas seulement, comme Mme de Sévigné, une femme qui avait appris le latin et l’italien, elle avait appris aussi le grec ; l’italien, cela va sans dire, à cette époque l’italien faisait partie de l’éducation féminine.

893. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Gustave Flaubert »

C’est une réponse à l’erreur célèbre de Buffon… et à l’autre axiome, non moins faux, qui dit, en latin, que le travail peut vaincre tout : Labor omnia vincit. […] Dans ce récit, écrasant vraiment de vulgarité et de bassesse, dans cette histoire de deux idiots qui se sont rencontrés un jour sur un banc de promenade et se sont raccrochés par vide de tête, badauderie, flânerie, bavardage et nostalgie d’imbécillité, et dont les deux niaiseries, en se fondant voluptueusement l’une dans l’autre, sont devenues la plus incroyable et la plus infatigable des curiosités, — comme, en grammaire latine, deux négations valent une affirmation, — il n’y a pas un mot, pas un sous-entendu qui puisse faire croire que l’auteur se moque de ces deux benêts qui sont les héros de son livre, et qu’il n’est pas la dupe de ce récit prodigieux de bêtise voulue et réalisée… Et il n’est pas que bête, ce récit, qui est un phénomène de bêtise !

894. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Lettres de la mère Agnès Arnauld, abbesse de Port-Royal, publiées sur les textes authentiques avec une introduction par M. P. Faugère » pp. 148-162

Il apprit le latin fort tard, à cinquante ans, et assez pour entendre l’office.

895. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Le général Joubert. Extraits de sa correspondance inédite. — Étude sur sa vie, par M. Edmond Chevrier. — II » pp. 161-173

Joubert est un militaire qui a fait ses études ; il sait le latin.

896. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « M. Viguier »

Servois, l’ancien élève de l’École des chartes, un M. de Garriod, ancien officier savoisien, homme modeste et d’un vrai mérite, profond connaisseur en peinture, il ajoutait ce fin portrait d’un troisième : « J’attirais aussi quelquefois le professeur de belle littérature de l’Université (à la Sapience), dont j’ai entendu les leçons avec plaisir : mémoire facile et sûre des plus beaux textes latins et italiens, prononciation parfaite, et sur le tout un sentiment irréprochable d’excellent humanisme pour rapprocher, à chaque leçon, quelques beaux passages classiques de l’antique et de la moderne Italie.

897. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Victor Hugo — Victor Hugo, Les Chants du crépuscule (1835) »

Hugo, loin d’avoir en rien l’organisation grecque, est plutôt comme un Franc énergique et subtil, devenu vite habile et passé maître aux richesses latines de la décadence, un Goth revenu d’Espagne, qui s’est fait Romain, très-raffiné même en grammaire, savant au style du Bas-Empire et à toute l’ornementation byzantine .

898. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Lettres de Rancé abbé et réformateur de la Trappe recueillies et publiées par M. Gonod, bibliothécaire de la ville de Clermont-Ferrand. »

Le style, en sa mâle nudité, offre des singularités intéressantes, des expressions qui sentent leur propriété première, des locutions françaises, mais vieillies et toutes voisines du latin.

899. (1874) Premiers lundis. Tome II « Mémoires de Casanova de Seingalt. Écrits par lui-même. »

Ce Vénitien, issu de sang espagnol, qui compte dans sa généalogie force bâtards, religieuses enlevées, poètes latins satiriques, compagnons de Christophe Colomb, secrétaires de cardinaux, et une mère comédienne ; ce jeune abbé, qui débute fraîchement comme Faublas et Chérubin, mais qui bientôt sent l’humeur croisée de Lazarille et de Pantalon bouillonner dans sa veine, qui tente tous les métiers et parle toutes les langues comme Panurge ; dont la vie ressemble à une comédie mi-partie burlesque et mi-partie amoureuse, à un carnaval de son pays qu’interrompt une atroce captivité ; qui va un jour visiter M. de Bonneval à Constantinople, et vient à Paris connaître en passant Voisenon, Fontenelle, Carlin, et être l’écolier du vieux Crébillon ; ce coureur, échappé des Plombs, mort bibliothécaire en un vieux château de Bohême, y a écrit, vers 1797, à l’âge de soixante et douze ans, ses Mémoires en français, et dans le meilleur et le plus facile, dans un français qu’on dirait naturellement contemporain de celui de Bussy.

900. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Leconte de Lisle, Charles-Marie (1818-1894) »

Hésiode, des tragiques grecs et de quelques latins : Kain, le Lévrier de Magnus, mille et un autre poèmes plus beaux les uns que les autres, en attendant son œuvre caressée, les États du Diable, attestaient que le poète vivait toujours et splendidement.

901. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre IV. Le théâtre des Gelosi » pp. 59-79

Dans des vers latins composés à sa louange, on l’appelle :                                        Sæculi Sulpiciam, Florem illibatum populi, suadæque medullam.

902. (1890) L’avenir de la science « IV » p. 141

Je ne veux pas faire comme les déclamateurs latins le convicium seculi.

903. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XIII. Premières tentatives sur Jérusalem. »

Pleins d’égards à cette époque pour les religions étrangères, quand elles restaient sur leur propre territoire 604, les Romains s’interdirent l’entrée du sanctuaire ; des inscriptions grecques et latines marquaient le point jusqu’où il était permis aux non-Juifs de s’avancer 605.

904. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre IV. Littérature dramatique » pp. 202-220

Henri Mazel, ce défenseur obstiné de la gloire latine.

905. (1864) De la critique littéraire pp. 1-13

Exiger du critique qu’il sache le latin et le grec, c’est peut-être un pédantisme ; passons-lui ce point, s’il peut, sans posséder leur langue, assez connaître les anciens pour les respecter et les aimer.

906. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Le Comte de Gobineau »

avec lesquels, pour un homme vivant, il semble trop ajuster l’Académie des Inscriptions, ce cimetière orné de ces momies dont il n’est pas… Il a, en effet, écrit une Histoire des Perses d’après les auteurs orientaux, grecs et latins, et les manuscrits inédits !

907. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre X. Des Romains ; de leurs éloges, du temps de la république ; de Cicéron. »

Il avait composé des mémoires grecs sur son consulat, qui peuvent passer pour un éloge historique ; et de plus, il s’était célébré lui-même dans un poème latin en trois chants, et qui n’est pas non plus parvenu jusqu’à nous.

908. (1896) La vie et les livres. Troisième série pp. 1-336

Le premier ouvrage de Montaigne fut une version en français du latin barbare d’un théologien. […] Ils ignorent la Renaissance latine et Gabriel d’Annunzio. […] Nous aimons la beauté, et notre fantaisie latine la fait consister principalement en un accord harmonieux de parties liées. […] Cela s’appelle, en pays latin, être conséquent avec soi-même. […] Les Latins, qui sont des maladroits, conçoivent le paradis sous la forme d’un jardin mal entretenu.

909. (1892) La vie littéraire. Quatrième série pp. -362

Croyez-vous vraiment qu’il y ait beaucoup de liberté dans l’approbation que nous donnons aux classiques grecs, latins, et même aux classiques français ? […] Trois siècles, cette voie fut honorée par d’illustres et doctes libraires, et maintenant, ruinée et déchue, elle est encore bordée d’étalages de bouquins latins et grecs. […] On dit qu’il va, par le pays latin, suivi de cinquante poètes, ses disciples. […] Aux modernes comme aux anciens, aux Latins, aux Espagnols, aux Italiens et même aux Français. […] Quant aux villes d’Occident, celles de langue grecque étaient plutôt galiléennes et celles de langue latine plutôt païennes.

910. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Eugène Gandar »

Il n’y resta pas moins de six années (1849-1855), interrompues seulement par un congé en 1853 et par une mission en Grèce : sa véritable mission, scrupuleux comme il l’était, consistait surtout à revoir Ithaque, afin de pouvoir écrire en toute précision sa thèse latine. […] Sa thèse latine, mélange de topographie, d’érudition et de littérature, était l’île d’Ithaque avec tous les souvenirs de l’Odyssée : il l’avait préparée à l’avance et n’avait à revoir l’île elle-même, Ithaque aux beaux couchants, dans sa configuration précise et dans ses échancrures de rochers que pour plus de certitude et pour mettre la dernière main à son travail. […] Considérant l’œuvre de Shakespeare comme une image plus ou moins complète, plus ou moins fidèle du monde réel et du monde imaginaire, je vais avec lui de pays en pays, de siècle en siècle, passant d’Athènes à Rome, de l’antiquité grecque et latine à la Renaissance italienne, du midi au nord, d’Elseneur en Angleterre et en Écosse ; ici des légendes à l’histoire, là de l’histoire à la comédie, enfin de la comédie de mœurs à la comédie romanesque et à la comédie fantastique.

911. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre quatorzième. »

C’est comme si un contemporain de Cicéron ou de Virgile eût blâmé, dans la langue latine, l’usage des inversions et l’incommodité du sens suspendu, et demandé le langage direct. […] Latins et français, ces grands poètes avaient le même dessein : rendre leurs peintures sensibles, frappantes, et parler au génie de leur pays par le génie même de sa langue. […] Langage vraiment chimérique, qui réunirait ainsi les qualités les plus locales des autres langues, les inversions du latin, les composés du grec et notre langage direct !

912. (1902) Les poètes et leur poète. L’Ermitage pp. 81-146

Armand Praviel, directeur de l’Âme Latine. […] Tous ceux-là je les lis « comme des anciens grecs, latins, classiques en général », donc, peut-être, je lis « comme un vivant » celui-ci : Verlaine. […] Laissant de côté la séduisante erreur romantique, dont l’esprit latin commence à se délivrer avec peine, je salue la noble figure du poète Écouchard Lebrun qui fut le maître et l’inspirateur d’André Chénier et qui vécut assez pour conduire les Muses grecques à la cour de Bonaparte.

913. (1854) Nouveaux portraits littéraires. Tome II pp. 1-419

C’est dans les œuvres latines du poète, dans ses lettres et surtout dans ses dialogues avec saint Augustin, qu’on trouve les éclaircissements les plus complets, les plus décisifs, sur la nature et la durée de son amour. […] Ce fut à la langue latine que Pétrarque voulut demander la gloire. Quand on songe que ses œuvres latines comptent à peine aujourd’hui, dans l’Europe entière, quelques centaines de lecteurs, on s’étonne d’abord de cette résolution. […] Les lettres de Cicéron donnèrent à Pétrarque l’idée d’une correspondance latine avec les personnages les plus éminents de son temps, soit dans les lettres, soit dans l’Église, soit dans la politique. […] Ce héros devint pour Pétrarque le sujet d’une épopée latine.

914. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome II

Nos modernes philosophes en ont parlé avec bienveillance, parce qu’il ne savait pas le latin, parce qu’il avait été persécuté pour un persiflage irréligieux et que Boileau lui avait donné une place dans ses satires. […] Ce fils d’Agrippine et de Domitius Barberousse (en latin Œnobarbus) n’était point destiné au trône ; il ne touchait que très indirectement à la famille impériale par sa mère Agrippine, fille de Germanicus, et par son aïeul maternel Drusus, fils de Livie, depuis femme d’Auguste ; mais Livie était déjà enceinte de Drusus quand elle fut forcée de quitter Claudius Tibérius Néron pour épouser Auguste en secondes noces ; les plaisants et les malins disaient, sans aucun fondement, que ce Drusus était le fruit de l’adultère de Livie avec Auguste : calomnie pleinement démentie par la vertu et la sagesse de Livie, la plus chaste des femmes. […] Sénèque s’est avisé le premier de cette scène de la déclaration : il a créé cette pantomime de l’épée, laquelle sert ensuite de témoin contre l’innocent ; et cet auteur latin, qui écrivait dans un siècle très corrompu, a pu être imité avec succès par Racine, dans un temps où les femmes ne se piquaient pas d’une modestie trop sévère. […] II 4 mars 1806 Après la mort de Racine en 1699, Athalie commença un peu à se relever, et l’on vit alors se vérifier cet oracle du plus sage des poètes latins : Urit enim fulgore suo, qui prægravat artes Infrà se positas ; extinctus amabitur idem. […] Son exemple doit faire sentir l’importance d’une bonne éducation : il manqua la place de sous-précepteur du dauphin, et le titre d’académicien français, parce qu’il ne savait pas le latin.

915. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre II. Dryden. »

Il est familier avec les nouvelles lettres françaises, héritières des latines, avec Corneille et Racine, avec Boileau, Rapin et Bossu ; il raisonne avec eux, souvent d’après eux, écrit avec réflexion, et ne manque guère d’arranger quelque bonne théorie pour justifier chacune de ses nouvelles pièces. […] Les personnages de son Essai sur le Drame se croient encore sur les bancs de l’école, citent doctoralement Paterculus, et en latin encore, combattent la définition de l’adversaire et remarquent qu’elle est faite a genere et fine, au lieu d’être établie selon la bonne règle, d’après le genre et l’espèce757. « On m’accuse, dit-il doctoralement dans une préface, d’avoir choisi des personnes débauchées pour protagonistes ou personnages principaux de mon drame, et de les avoir rendues heureuses dans la conclusion de ma pièce, ce qui est contre la loi de la comédie, qui est de récompenser la vertu et de punir le vice758. […] On disait que le Virgile anglais allait donner le Virgile latin à l’Angleterre. […] Le mot d’Auguste sur Horace est charmant, mais on ne peut citer, même en latin.

916. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Chapitre II. Lord Byron. » pp. 334-423

On lui redressait le pied douloureusement dans une machine de bois pendant qu’il prenait sa leçon de latin, et son maître le plaignait. « Ne faites pas attention si je souffre, monsieur Roger, dit l’enfant ; vous n’en verrez aucune marque sur ma figure1248. » Tel il était enfant, tel il demeura homme. […] Gœthe pousse l’affectation d’orthodoxie jusqu’à inscrire au-dessous de chacun son nom latin et sa niche dans la Vulgate1288. […] Il écrivait son Beppo en improvisateur, avec un laisser-aller charmant, avec une belle humeur ondoyante, fantasque, et y opposait l’insouciance et le bonheur de l’Italie aux préoccupations et à la laideur de l’Angleterre. « J’aime à voir le soleil se coucher, sûr qu’il se lèvera demain, —  non pas débile et clignotant dans le brouillard, —  comme l’œil mort d’un ivrogne qui geint, —  mais avec tout le ciel pour lui seul, sans que le jour soit forcé d’emprunter — sa lumière à ces lampions d’un sou qui se mettent à trembloter — quand Londres l’enfumée fait bouilloter son chaudron trouble1304. » — « J’aime leur langue, ce doux latin bâtard — qui se fond comme des baisers sur une bouche de femme, —  qui glisse comme si on devait l’écrire sur du satin — avec des syllabes qui respirent la douceur du Midi, —  avec des voyelles caressantes qui coulent et se fondent si bien ensemble, —  que pas un seul accent n’y semble rude, —  comme nos âpres gutturales du Nord, aigres et grognantes, —  que nous sommes obligés de cracher avec des sifflements et des hoquets1305. » — « J’aime aussi les femmes (pardonnez ma folie), —  depuis la riche joue de la paysanne d’un rouge bronzé — et ses grands yeux noirs avec leur volée d’éclairs — qui vous disent mille choses en une fois, —  jusqu’au front de la noble dame, plus mélancolique, —  mais calme, avec un regard limpide et puissant, —  son cœur sur les lèvres, son âme dans les yeux, —  douce comme son climat, rayonnante comme son ciel1306. » Avec d’autres mœurs, il y avait là une autre morale ; il y en a une pour chaque siècle, chaque race et chaque ciel ; j’entends par là que le modèle idéal varie avec les circonstances qui le façonnent. […] … I love the language, that soft bastard latin, Which melts like kisses from a female mouth, Which sounds as if it should be writ on satin, With syllables which breathe of the sweet south, And gentle liquids gliding all so pat in, That not a single accent seems uncouth, Like our harsh northern whistling, grunting guttural, Which we’re obliged to hiss, and spit, and sputter all.

917. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « M. de Fontanes »

Tout fut abattu ; tout doit être reconstruit116. » Dans un autre discours de rentrée, il maintenait, contrairement au préjugé régnant, la prééminence du siècle de Louis XIV, et des grands siècles du goût en général, non-seulement à titre de goût, mais aussi à titre de philosophie : « Chez les Latins, si vous exceptez Tacite, les auteurs qu’on appelle du second âge, inférieurs pour l’art de la composition, les convenances, l’harmonie et les grâces, ont aussi bien moins de substance et de vigueur, de vraie philosophie et d’originalité, que Virgile, Horace, Cicéron et Tite-Live. […] M. de Fontanes avait souvent passé sa journée à relire quelque beau passage de Lucrèce et de Virgile ; à noter sur les pages blanches intercalées dans chacun de ses volumes favoris quelques réflexions plutôt morales que philologiques, quelques essais de traduction fidèle : « J’ai travaillé ce matin, disait-il ; ces vers de Virgile, vous savez : Et varios ponit fœtus autumnus, et alte Milis in apricis coquitur vindemia saxis ; « ces vers-là ne me plaisent pas dans Delille : les côtes vineuses, les grappes paresseuses  ; voici qui est mieux, je crois : Et des derniers soleils la chaleur affaiblie Sur les coteaux voisins cuit la grappe amollie. » Il cherchait par ces sons en i (cuit la grappe amollie) à rendre l’effet mûrissant des désinences en is du latin. […] M. de Fontanes représente exactement le type du goût et du talent poétique français dans leur pureté et leur atticisme, sans mélange de rien d’étranger, goût racinien, fénelonien, grec par instants, toutefois bien plus latin que grec d’habitude, grec par Horace, latin du temps d’Auguste, voltairien du siècle de Louis XIV. […] Dans une église de Naples, à Sainte-Claire, je crois, se voit un élégant tombeau de jeune fille par Jean de Nola, avec des vers latins ; tombeau grec, épitaphe païenne : …………………………………… At nos perpetui gemitus, tu, nata, sepulchri Esto haeres, ubi sic impia fata volunt.

918. (1869) Philosophie de l’art en Grèce par H. Taine, leçons professées à l’école des beaux-arts

Les philologues nous montrent une époque primitive où les Indiens, les Persans, les Germains, les Celtes, les Latins, les Grecs, avaient la même langue et le même degré de culture ; une époque moins ancienne où les Latins et les Grecs, déjà séparés de leurs autres frères, étaient encore unis entre eux3 connaissaient le vin, vivaient de pâturage et de labourage, possédaient des barques à rames, avaient ajouté à leurs vieilles divinités védiques une divinité nouvelle, Hestia, Vesta, le foyer. […] Ils ressemblent à ces édifices construits avec les débris d’un temple ancien et avec d’autres matériaux ramassés au hasard ; en effet, c’est avec des pierres latines, mutilées, raccordées dans un autre ordre, avec des cailloux du chemin et un platras tel quel, que nous avons fait la bâtisse dans laquelle nous vivons, d’abord un château gothique, aujourd’hui une maison moderne. […] Presque tout notre vocabulaire philosophique et scientifique est étranger ; pour nous en bien servir, nous sommes obligés de savoir le grec et le latin ; et le plus souvent nous nous en servons mal. […] A partir de la Renaissance, l’antiquité restaurée est venue surajouter toutes ses conceptions aux nôtres, parfois brouiller nos idées, nous imposer à tort son autorité, ses doctrines et ses exemples, nous faire Latins et Grecs de langue et d’esprit comme les lettrés italiens du xve  siècle, nous prescrire ses formes de drame et de style au xviie  siècle, nous suggérer ses maximes et ses utopies politiques comme au temps de Rousseau et pendant la Révolution.

919. (1886) Le naturalisme

Laissons de côté les Latins qui ont calqué les Grecs : nous, nous avons imité les poètes italiens ; à son tour la France imita notre théâtre, notre roman. […] Laissons de côté l’infatigable érudition que déploya Flaubert pour dépeindre la cité africaine, son voyage aux côtes de Carthage, son ardeur à fouiller les auteurs grecs ou latins. […] La nature seule, à défaut de religion, ne proscrit-elle pas assez certaines abominations, au récit desquelles se complaisent les poètes latins ? […] Il pourra donc s’expliquer facilement comment est en odeur de sainteté sur notre terre catholique et latine une littérature, et le légitime du protestantisme, appropriée à ces mœurs méticuleuses, hypocrites, réservées et égoïstes que le puritanisme, mêlé à l’esprit mercantile de la race, acclimata dans l’ancienne île des Saints. […] En outre, le roman anglais, même quand il est supérieur, porte imprimé si avant le sceau d’une autre religion, d’un autre climat, d’une autre société, qu’à nous autres Latins il nous paraît forcément exotique.

920. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME GUIZOT (NEE PAULINE DE MEULAN) » pp. 214-248

. — Que de fois elle s’est plu à rabattre, avec gaieté et malice, la cuistrerie de Geoffroy et consorts, même sur le latin qu’elle savait un peu98 ! […] Mlle de Meulan, comme plusieurs écrivains français distingués, ne tenait à l’antiquité que par une tournure d’esprit latine ; elle confinait un peu à Sénèque, c’est-à-dire qu’elle touchait l’antiquité par les plus vraiment modernes des anciens.

921. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre IV. Le Séminaire d’Issy (1881) »

L’enseignement philosophique du séminaire était la scolastique en latin, non la scolastique du xiiie  siècle, barbare et enfantine, mais ce qu’on peut appeler la scolastique cartésienne, c’est-à-dire ce cartésianisme mitigé qui fut adopté en général pour l’enseignement ecclésiastique, au xviiie  siècle, et fixé dans les trois volumes connus sous le nom de Philosophie de Lyon. […] Mes argumentations latines, faites d’un ton ferme et accentué, l’étonnaient, l’inquiétaient.

922. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre VII. La littérature et les conditions économiques » pp. 157-190

Il arrive au français ce qui était arrivé au latin lors de l’invasion des barbares. […] La découverte de l’imprimerie qui va faire de la lecture un pain quotidien, la résurrection des œuvres grecques et latines qui fait bouillonner dans les cerveaux une sorte d’ivresse, ce grand réveil de la pensée qui s’appelle la Renaissance, cette ardeur de connaître qui, venue d’Italie, se propage dans l’Europe entière, le brusque agrandissement du monde en même temps que du passé, toutes ces secousses profondes et répétées éprouvées par les intelligences ont une répercussion presque immédiate sur le sort de ceux qui cultivent les lettres.

923. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 novembre 1886. »

Au début de la quatrième partie de la Damnation des fragments de la retraite et du chœur latin des étudiants de la partie précédente, chantés derrière la scène, comme venant de loin, ainsi que des bouffées de souvenirs, viennent rappeler à Marguerite abandonnée la nuit fatalement, délicieuse où Faust pénétrait chez elle … Encore une fois Francesca ! […] L’anticipation — une « préminiscence » comme dans Euryanthe 85 — du thème de la Marche du Sacre du Prophète : « Le voilà le Roi Prophète » du quatrième acte dans le récit du Songe, est d’un effet des plus ingénieux, de même que le retour, dans les violoncelles, de la Pastorale du second acte dans la scène de la tente, devant Munster : « Je veux revoir ma mère chérie », L’emploi du Psaume latin rappelle, comme motif caractéristique des trois Anabaptistes, celui du choral de Luther dans le rôle de Marcel.

924. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre III »

Jamais patient, agenouillé en chemise soufrée, le cierge de cire jaune lié au poing, devant le portail de Notre-Dame, et balbutiant, d’une voix étranglée par la peur, une amende honorable écrite en latin d’autodafé ne fut, à mon sens, plus piteux et plus lamentable que ce bourgeois forcé de se mettre à genoux, en bonnet de nuit, la chandelle à la main, devant sa « pendarde de femme », et d’avaler, sans grimace, l’amer déboire d’avoir tort quand il a raison. […] Sans doute, Olympe, c’était là une saison joyeuse mais le dénouement de ces vaudevilles du quartier latin, la prison de Saint-Lazare, l’hôpital et ses horreurs, et l’École de médecine, où le carabin voit quelquefois disséquer doctement son ancienne compagne d’amour et de joie !

925. (1878) La poésie scientifique au XIXe siècle. Revue des deux mondes pp. 511-537

Pour le bien comprendre, il est utile, presque nécessaire, d’avoir le texte latin ouvert à côté ; l’éclat poétique s’éteint dans l’excessive condensation du style ; l’élan, le mouvement du poète latin s’embarrasse dans la rime, qui l’arrête ou le brise.

926. (1888) Petit glossaire pour servir à l’intelligence des auteurs décadents et symbolistes « Petit glossaire »

. — Pertinax, adjectif latin. […] — Tambour de basque, tambour-timbale (chez les Latins).

927. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Victor Hugo. Les Contemplations. — La Légende des siècles. »

L’homme en est le cachet, la bête en est le bagne, L’arbre en est la prison, la pierre en est l’enfer… Et ici nous entrons, avec le grand songeur, dans les métamorphoses d’Ovide sans Ovide, cet autre exilé qui resta, lui, spirituel, charmant, touchant et surtout latin, dans son exil ! […] Figaro disait : « Vous parlez latin.

928. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « HOMÈRE. (L’Iliade, traduite par M. Eugène Bareste, et illustrée par M.e Lemud.) —  second article  » pp. 342-358

idot a publié dans sa belle Collection la version latine de M.

929. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « L’abbé Prevost et les bénédictins. »

Je compte de donner incessamment le 1er tome de M. de Thou, il est fini ; mais je suis bien aise d’attendre l’édition latine d’Angleterre.

930. (1875) Premiers lundis. Tome III « Sur le sénatus-consulte »

. — Les Écoles, le quartier Latin, qu’est-ce que cela nous fait ?  

931. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « (Chroniqueurs parisiens II) Henry Fouquier »

Par là il est bien de race latine ou de vieille race française.

932. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Deux tragédies chrétiennes : Blandine, drame en cinq actes, en vers, de M. Jules Barbier ; l’Incendie de Rome, drame en cinq actes et huit tableaux, de M. Armand Éphraïm et Jean La Rode. » pp. 317-337

Jules Barbier ne craint pas de prêter à une certaine Phydile ces propos audacieusement « panachés » de latin et de français : Devine Ce qui me plaît, à moi, dans mes dix-huit peplum ?

933. (1890) L’avenir de la science « XXI »

Quelle différence entre chanter un bout de latin qu’on appelle l’Épître et lire en société la correspondance des confrères, entre un morceau de pain bénit qui n’a plus de sens et l’agape des origines ?

934. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre II. Des livres de géographie. » pp. 5-31

La premiere est nécessaire pour la lecture des anciens historiens Grecs & Latins.

935. (1912) L’art de lire « Chapitre IX. La lecture des critiques »

Ma curiosité ayant été éveillée, en rhétorique, par le devoir français d’un de mes camarades que je ne connaissais pas autrement, parce qu’il était d’une autre pension que moi, j’allai à lui, quelque temps après, et je lui demandai ce qu’il faisait : « Depuis quelque temps, me dit-il, je m’occupe beaucoup de philosophie. » Il s’occupa sans doute des littérateurs latins et français l’année suivante.

936. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXVII. Des éloges en Italie, en Espagne, en Angleterre, en Allemagne, en Russie. »

En Italie, on a une foule de panégyriques de cardinaux et de papes, mais la plupart écrits en latin.

937. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre premier. Des principes — Chapitre premier. Table chronologique, ou préparation des matières. que doit mettre en œuvre la science nouvelle » pp. 5-23

Guerre de Tarente, où les Latins et les Grecs commencent à prendre connaissance les uns des autres.

938. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre VI. »

Par là, sans doute, il mérita d’être imité de l’antiquité latine, plus que nous ne le savons ; car, si le hasard de quelques petits fragments dispersés, si quelques grains de cette poudre d’or conservés dans les scoliastes, nous offrent tantôt un vers entier, tantôt une image allégorique, tantôt un mot heureux qu’a dérobé l’abeille de Tibur, combien d’autres larcins nous aurait décelés l’œuvre grecque entière, que lisait Horace !

939. (1895) Hommes et livres

« Tous les auteurs grecs et latins de l’antiquité profane, tous les écrivains ecclésiastiques des quatre premiers siècles, tous les historiens de la monarchie française, les principaux de ceux des autres nations qui ont écrit en latin, en italien ou en espagnol, tous les voyageurs, les meilleurs ouvrages des savants sur l’histoire ancienne et moderne, et tout ce qui concerne les beaux-arts. » Il avait appris le grec, le latin, l’hébreu, le syriaque, le copte, l’arabe. […] Ces ouvrages, qui ne sont souvent que des éditions et des compilations, plus souvent aussi rédigés en latin qu’en français, ne sont peut-être pas des monuments littéraires ; ce sont du moins des événements littéraires, à la date où ils apparurent. […] Et quand ils élargissent le champ de leurs recherches, leur activité dérive vers les études profanes, où rien ne se rencontre de nécessairement pernicieux pour la foi, l’histoire politique, sociale ou littéraire, l’archéologie, la philologie grecque ou latine, etc. […] Renonçant à retrouver l’Évangile et la religion des apôtres, il reste catholique : ne prétendant plus ressusciter l’âme grecque ou latine, il redevient Français. […] La gloire, la mort, l’amour, la vie champêtre, tout ce qui défrayait nos vers latins de collège, emplit sa poésie.

940. (1890) La vie littéraire. Deuxième série pp. -366

Il n’a pas dépouillé le vieil homme ; il reste, par l’esprit, citoyen de la vieille petite planète où quelque scoliaste latin écrivit un jour cette maxime : « On se lasse de tout excepté de comprendre. » Faustus évoque, dans son inquiétude, le lointain souvenir des connaissances humaines. […] Au contraire le bûcher, dont les élégiaques latins nous ont décrit la célèbre magnificence, ne s’élevait qu’à grands frais. […] Elle savait par le menu la conversion de Théophile et la pénitence de Marie, nièce d’Abraham, et elle mettait ces jolies choses en vers latins, avec la candeur d’un petit enfant. […] Ils n’ont point de famille, ils écrivent en latin et disputent subtilement. […] Les clercs, qui presque seuls lisaient et écrivaient, gardèrent l’usage du latin.

941. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre sixième »

Telle avait été en effet la marche de ce singulier tour d’esprit, qui durant tout un siècle, formé de la dernière moitié du XVIe et de la première moitié du XVIIe, domina dans les œuvres d’imagination chez les trois grands peuples de race latine. […] Le produit le plus brillant et le plus agréable de l’imitation italo-hispanique en France, c’est Voiture ; et tout Voiture, sauf quelques pages supérieures, que j’ai appréciées ailleurs89, est dans cette épitaphe que lui fit Ménage : Les Grâces italiennes, les Muses ibériques, Le Mercure gaulois, la Sirène latine, Les rires, les délicatesses, les malins propos, Les jeux d’esprit et les gentillesses, Et tout ce qu’il y eut jamais d’élégances, Tout cela gît avec Voiture dans le même tombeau90. […] L’antiquité latine ni la grecque n’a point produit d’homme plus né qu’il était pour la poésie. » Et ailleurs : « Il produisait des images sans nombre sur toutes sortes de sujets… Vous trouvez en lui Pindare, Horace, Callimaque, Anacréon, Théocrite, Virgile, et Homère. » Et ailleurs : « Tandis que notre langue durera, il sera en vénération aux personnes de capacité, et qui ne sont point touchées d’envie. » Ce Carel qualifiait de blasphèmes les critiques que Boileau fait de Ronsard103. […] Il y confond la cause des Grecs et des Latins avec celle de Ronsard et de Baïf, et, estimant la poésie d’après ce qu’elle rapporte, il défie les nouveaux poètes de tirer de leurs vers les dix mille livres de rentes qu’ont values à son oncle Desportes les stances et les psaumes biffés par Malherbe.

942. (1933) De mon temps…

De tout temps le destin l’avait marquée du signe sacré, cette enfant, dans les veines de qui coulait le double sang latin et grec. […] Le nom de la princesse Mathilde étant venu dans noire conversation, je lui rappelai le soir où, rue de Berri, ayant rapporté de Rome un disque de gramophone sur lequel était enregistrée la voix de Léon XIII donnant sa bénédiction, il nous avait fait entendre les vénérables syllabes latines fortement accentuées par l’organe caverneux et nasillard du Souverain Pontife, qu’écoutait un cercle d’hommes en habit noir et de dames en robes de soirée, épaules nues et gorges découvertes, pieusement agenouillées devant la boîte magique d’où sortait, fantôme sonore, le Benedicat vos papal. […] Le corps alourdi et le visage empâté, Mendès n’avait plus rien de cette beauté apollonienne et blonde qui, en sa jeunesse, avait justifié son prénom d’élégiaque latin et le faisait comparer à un dieu adolescent. […] C’était, le Gourmont plus jeune qui venait, pour un article imprudemment paradoxal, de perdre la situation qu’il occupait à la Bibliothèque Nationale, le Gourmont déjà savant auteur du Latin mystique, le romancier de Sixtine et des Chevaux de Diomède, le conteur des Histoires magiques qui, par son Livre des Masques, préludait aux admirables essais qui ont pour titres : La Culture des Idées, L’Esthétique de la langue française, Le Chemin de Velours, que devait compléter plus tard la série des Epilogues, auxquels s’ajouteraient les Promenades littéraires et les Promenades philosophiques, toute cette œuvre qui, d’année en année, prendrait de l’ampleur et de l’étendue, gagnerait en puissance de dissociation, en hardiesse, en profondeur, jusqu’à ce qu’une mort presque subite mette fin à la merveilleuse activité de ce grand esprit qui interrogeait quelque texte célèbre avec la même conscience qu’il apportait à examiner les vers et la prose qu’un débutant inconnu soumettait au Comité de lecture du Mercure de France, car toute page écrite était pour lui le signe sacré du culte des Lettres, auquel il avait voué sa vie.

943. (1888) Épidémie naturaliste ; suivi de : Émile Zola et la science : discours prononcé au profit d’une société pour l’enseignement en 1880 pp. 4-93

Car, pour le fond et pour la forme, elle semble être le fait d’une race épuisée, débilitée et corrompue sans inspiration, sans grandeur, réduite à ne pas lever les yeux au-dessus d’elle-même, à se prendre pour unique objectif, à se mirer dans ses bassesses, ses` platitudes, ses vices, ses folies, ses hontes, voire même ses crimes s’attachant à ne faire ressortir des sujets qu’elle traite que les côtés scandaleux, grossiers, repoussants, jusqu’à ceux qui comprennent les servitudes viles et secrètes de la vie organique, appelées par les latins postscenia, et que, jusqu’ici, nous nous efforcions de dissimuler avec soin à la vue du monde, lequel, du reste, n’a rien à gagner à les voir, les connaissant pour son propre compte et par son expérience quotidienne. […] Seulement, bien que le latin brave l’honnêteté, Saint-Augustin s’est abstenu d’employer le mot cru. […] La croyance à la transmission inéluctable des caractères par voie de filiation a été aussi funeste que l’anankè grec et le fatum des latins, sans omettre la providence des chrétiens ; non seulement, elle a été la sanction de toutes les injustices, de toutes les spoliations et de tous les privilèges, mais encore elle a rabaissé l’humanité tout entière en ôtant à l’homme son libre arbitre, conséquemment sa responsabilité.

944. (1908) Promenades philosophiques. Deuxième série

Du latin aux langues et dialectes romans, nous avons des milliers d’exemples de ces rétrécissements. […] Il fut jésuite, un de ces jésuites fort libres, comme on en vit tant autrefois, un jésuite dans le goût de van Eyden, qui enseigna à Spinoza le latin et l’athéisme. […] Celui qui n’a pas encore aimé aimera demain, disait le poète latin. […] Il faut ajouter que tous ces mots ont passé par la forme latine, avant d’endosser le vêtement français. C’est ainsi que Bièvre et ses dérivés, Beuvron, Brevenne, Brevonne, proviennent du latin bibrum, emprunté lui-même à un mot celtique signifiant castor.

945. (1922) Nouvelles pages de critique et de doctrine. Tome II

Ceux de mon âge, et qui ont habité le quartier Latin, se rappellent le chiffre des modestes budgets d’alors. […] Pareillement, un jeune homme de lettres, et qui monnayait en leçons maigrement payées le latin et le grec appris au collège, pouvait passer les années d’apprentissage, en se réservant des heures de libre recherche. […] Dès 1802, il revenait au discours latin. […] Ce même vieux volume contient un discours français de Michelet, couronné en 1816, une pièce de vers latins de Sainte-Beuve, couronnée en 1822, une autre de Nisard, en 1824. […] Supposez qu’une chaire de littérature française ou latine, de philosophie ou d’histoire, de physique ou de mathématique représente, dans une Université, un revenu de vingt-cinq, de trente, de cinquante mille francs, davantage encore.

946. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre III. Molière »

Don Garcie ensuite est une rechute dans la littérature à la mode : mais viennent l’École des maris, l’École des femmes, où tous les éléments italiens et latins n’empêchent pas qu’on sente l’esprit mordant et positif des conteurs et des farceurs français. […] B. della Porta), l’Amant indiscret de Quinault, l’Étourdi et le Dépit de Molière, etc. — Les types de parasites et de matamores, si souvent introduits dans les comédies d’alors (Corneille, l’Illusion comique, 1636 ; Tristan, le Parasite, 1654), viennent de la comédie italienne et latine.

947. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre cinquième. De l’influence de certaines institutions sur le perfectionnement de l’esprit français et sur la langue. »

Dans cette pièce admirable, ils déterminent leurs fonctions par l’idée même qu’ils se font de la langue française, « laquelle, disent-ils, plus parfaite déjà que pas une des langues vivantes, pourrait bien enfin succéder à la latine, comme la latine à la grecque, si on prenait plus de soin qu’on n’avait fait jusqu’ici de l’élocution, qui n’était pas, à la vérité, toute l’éloquence, mais qui en faisait une fort bonne et fort considérable partie. » Il ne s’agit donc pour eux que de l’empêcher de manquer à cette grande destinée, de l’épurer et non de la créer, et, comme ils le disent avec une naïveté énergique, de « la nettoyer des ordures qu’elle avait contractées, ou dans la bouche du peuple, ou dans la foule du palais et dans les impuretés de la chicane, ou par les mauvais usages des courtisans ignorants, ou par l’abus de ceux qui la corrompent en écrivant, ou par les mauvais prédicateurs53. » Ils se tiennent dans les bornes d’une institution réelle et pratique, n’outrant rien, ne s’exagérant pas leur autorité, n’entreprenant ni sur la liberté ni sur l’originalité des esprits.

948. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Introduction, où l’on traite principalement des sources de cette histoire. »

C’est alors que les idées religieuses des races groupées autour de la Méditerranée se modifient profondément ; que les cultes orientaux prennent partout le dessus ; que le christianisme, devenu une église très nombreuse, oublie totalement ses rêves millénaires, brise ses dernières attaches avec le judaïsme et passe tout entier dans le monde grec et latin. […] Les vastes recueils latins de Lightfoot, de Schoettgen, de Buxtorf, d’Otho, contenaient déjà à cet égard une foule de renseignements.

949. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le président Jeannin. — I. » pp. 131-146

Févret, dans son dialogue latin sur les orateurs illustres du barreau bourguignon, en regrettant que Jeannin en eût été sitôt enlevé, a caractérisé son genre d’éloquence en des termes magnifiques, trop magnifiques sans doute dans leur ampleur cicéronienne, mais où il n’est pas impossible de noter quelques-uns des mérites particuliers à l’homme : il le loue de son abondance, de sa gravité, de sa véhémence, de son tour pénétrant, mais aussi de sa douceur ; il insiste sur ce dernier trait : Ce qui plaisait dans cet homme d’un souffle élevé, dit-il, c’était une majesté tempérée de physionomie et de visage.

950. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Salammbô par M. Gustave Flaubert. » pp. 31-51

Cette langue qui, apparemment, était celle de la religion punique, est, comme le latin liturgique du Moyen-Age ou comme le sanscrit dans l’Inde, une langue sacrée inintelligible au vulgaire.

951. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Les cinq derniers mois de la vie de Racine »

Il est bon grec, bon latin ; son français est le plus pur, quelquefois élevé, quelquefois médiocre, et presque toujours rempli de nouveauté.

952. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XVII. De la littérature allemande » pp. 339-365

Jusqu’alors les Allemands s’étaient occupés des sciences et de la métaphysique avec beaucoup de succès ; mais ils avaient plus écrit en latin que dans leur langue naturelle ; et l’on n’apercevait encore aucun caractère original dans les productions de leur esprit.

953. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre II. Le mouvement romantique »

Il fallait avoir vécu loin des salons, et n’avoir pas subi le joug du discours latin, pour faire des mots la sincère et simple image de l’émotion ou de la sensation.

954. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XXIV. Arrestation et procès de Jésus. »

Il était naturel que l’historien latin crût que Pilate, en faisant mourir Jésus, avait obéi à des raisons de sûreté publique.

955. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XIX. Cause et loi essentielles des variations du gout littéraire » pp. 484-497

Malherbe a l’air de rompre en visière sur tous les points à Ronsard et à ses disciples ; par aversion de leur langue trop savante, il renvoie les poètes à l’école des crocheteurs du Port-au-Foin  ; par réaction contre un lyrisme qui lui semble de verve et de versification trop lâches, il soumet la poésie à une discipline sévère qui en régente et le fond et la forme ; mais, ce faisant, il reprend à son compte en les aggravant des critiques qui avaient été dirigées avant lui contre l’abus du grec et du latin, témoin la fameuse rencontre de Pantagruel avec l’écolier limousin  ; et, d’autre part, il consolide l’œuvre de la Pléiade, puisqu’il conserve l’emploi de la mythologie, les genres usités chez les anciens, l’imitation de l’antiquité.

956. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Saint Anselme, par M. de Rémusat. » pp. 362-377

Sa parole, remarquable dans le latin du temps, d’ailleurs toute nourrie et imitée de saint Augustin, au milieu des oppositions de mots et de sons qu’elle affecte, a une sorte de douce magnificence.

957. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « Les romans de M. Edm. de Goncourt » pp. 158-183

Aurélien Scholl fit là ses débuts ; il était alors d’un pessimisme furibond et faisait précéder ses chroniques toutes en alinéas, d’épigraphes naïvement latins ou grecs.

958. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Despréaux, avec le plus grand nombre des écrivains de son temps. » pp. 307-333

Boursault n’étoit rien moins que méprisable : s’il ignoroit le Latin, il possédoit très-bien sa langue.

959. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Seconde Partie. De l’Éloquence. — Éloquence de la chaire. » pp. 205-232

Leurs sermons, remplis de pensées fausses, extravagantes, de pointes & d’illusions puériles, de comparaisons basses & burlesques, de toutes sortes de bouffonneries & de peintures qui blessent la pudeur ; le tout, rendu dans un jargon barbare, moitié François, moitié Latin, sont au-dessous de nos farces & de nos parades.

960. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre douzième. »

Exemplum ut talpa : C’est une espèce de proverbe latin, la taupe par exemple : j’ignore l’origine de ce proverbe.

961. (1876) Du patriotisme littéraire pp. 1-25

Il faudrait encore bien rechercher si la sonorité de l’espagnol ne produit pas un cliquetis de mots parfois vide et vain, si la douceur italienne ne dégénère pas aisément en mollesse banale et ne fait point penser à ce « latin bâtard » dont parle Byron, si ces deux idiomes arrêtent et retiennent suffisamment l’idée, si dans ces deux langues la facilité toute spontanée de la musique ne se dérobe pas aux nuances psychologiques du sentiment, aux profondes analyses de la pensée, à la dialectique soutenue, à cette harmonieuse alliance de la philosophie morale et de l’art, qui recommandent la prose et la poésie française depuis leurs origines jusqu’aux chefs-d’œuvre contemporains.

962. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 16, des pantomimes ou des acteurs qui joüoient sans parler » pp. 265-295

chironomum laedam… etc. mais la plûpart de ces passages sont tels qu’on ne sçauroit les citer même en latin.

963. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Première partie — Chapitre III. Les explications anthropologique, idéologique, sociologique »

Dira-t-elle que la race latine ou la germaine portent « dans le sang » le sentiment de l’égalité, comme on a dit quelquefois que la première y portait l’amour de l’unité, et la seconde celui de la liberté ?

964. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXIII. Des éloges ou panégyriques adressés à Louis XIV. Jugement sur ce prince. »

Je ne compte pas tous ceux des Jésuites : je ne crains pas d’exagérer, en disant qu’il y en eut au moins une centaine de leur part, en français, en latin, en italien, en espagnol.

965. (1915) Les idées et les hommes. Deuxième série pp. -341

Autrefois, l’antiquité grecque et latine était une époque, pour ainsi dire, dégagée du temps et de l’espace ; une époque privilégiée, où vécut un symbole d’humanité. […] Et je m’attendrissais sur Guillaume Cotin, sur Thibault de Vitry, deux pauvres clercs, parlant latin, paisibles enfants sans querelle, humbles et bien chantants au lutrin. […] Il écrit : « Les mots ne sont des mots, comme on dit, du vent et plus vain que le souffle d’un fou dans un trou de serrure, les mots ne sont vides que pour les gens sans latin… Le latin porte la raison de France : il fait raisonner juste, parce qu’il fait vivre les termes du raisonnement… Le français sans le latin est une langue de hasard, comme les autres, abandonnée à la charité publique. […] Jules Lemaître admet, parfois, des étrangers, c’est Boccace ou bien Cervantes, des Latins et quasi naturalisés chez nous. […] Et c’est ainsi que les savants et pieux philologues, après avoir très bien travaillé, s’établissent poètes grecs ou latins et font une œuvre de dévastation.

966. (1891) Impressions de théâtre. Cinquième série

Il y a du Latin gouailleur, même parfois chez nos plus déterminés et nos plus dangereux anarchistes… Quand les peuples du Nord, quand les méditatifs et les puritains se mettront à leur tour à faire des expériences, soyez sûrs que ce sera autre chose. […] Une femme de race latine eût encore trouvé moyen d’apporter dans ce labeur quelque bonne grâce et peut-être, en plein sacrifice, des airs d’insouciance et de gentillesse. […] Marlowe est ivre des belles choses qu’il a apprises pêle-mêle à l’Université de Cambridge, ivre de savoir le latin et la mythologie, et il dégorge ces richesses avec une infinie satisfaction. […] La plupart des hommes de la Renaissance se sont montrés sensibles aux splendeurs fausses de la rhétorique latine, un peu de la même façon que les sauvages le sont aux oripeaux, et ils ont renchéri sur elles. […] Hennique nous le transcrit pieusement en latin, avec les trois amen des assistants et les deux signes de croix.

967. (1910) Études littéraires : dix-huitième siècle

car il faut citer du latin quand on parle de Montaigne — devenant chef de secte. […] Un grand monument fondé sur une grande force, l’empire romain établi sur la vertu romaine, le Capitole éclatant rivé à son rocher indéracinable, cela plaît à ce méridional, à ce gallo-romain, à ce juriste, né en terre latine, au pays des Ausone et des Girondins. […] Et voici venir le Romain, l’adorateur de l’antiquité latine. […] S’il prend l’idée de l’essence de la République dans ses livres latins, il prend l’idée de l’essence de la Monarchie dans le spectacle qu’il a sous les yeux. […] De l’antiquité latine ne restent guère que Virgile et Horace, Horace surtout.

968. (1905) Propos littéraires. Troisième série

Ces œuvres légères et fines de l’esprit français aiguisé à l’esprit latin ont en lui leur ancêtre et leur premier maître. […] Il pratique les auteurs latins avec diligence. […] À vingt ans, il avait tous ses instruments en main, le latin, le grec, l’allemand, l’anglais et l’habitude de recueillir des faits. […] La littérature latine n’est qu’une greffe alexandrine, et la littérature classique française est une greffe gréco-romaine. […] Ses études, où il avait brillé surtout en thème latin, en récitation et en instruction religieuse, avaient été fort bonnes.

969. (1928) Quelques témoignages : hommes et idées. Tome I

Dans la première édition du dictionnaire de l’Académie, ce terme d’actuel était rangé parmi les dérivés du verbe agir, et traduit par effectif ; c’est le sens de l’étymologie latine : actualis, qui agit. […] Quand on feuillette les recueils des copies couronnées au Concours général entre 1830 et 1860, on demeure étonné du nombre d’écrivains distingués qui excellèrent dans le discours et le vers latins. […] Après avoir, dans son admirable campagne de presse, aidé de son mieux, entre 1914 et 1918, à la lutte contre la Germanie destructrice et envahissante, il rêvait de la création, au-delà de l’Alsace, d’un État indépendant où une sorte de fusion de l’esprit germanique et de l’esprit latin fût possible. […] Cette puissance, dont il porte le signe, c’est elle qui a repris les sables au Croissant d’Islam, et c’est elle qui traîne l’immense croix sur ses épaules. » Le rôle de la France en Afrique, les deux témoignages convergent, c’est donc, je le répète, de la christianiser, et, ce faisant, elle continuera simplement le travail commencé par les grands Latins de l’Empire dont nous sommes, dans le pays de saint Augustin et de saint Cyprien, les légitimes héritiers. […] Il devait, dans son poème Aux Latins, composé au cours de l’autre guerre, celle de 1914, revendiquer fièrement cette tradition : Oui, nos âmes d’hier sont des âmes latines… Ce Touranien, qui professe le « mépris des lois », cet ami des « hurlubiers », des « gouges » et des « momignards », ainsi qu’il est écrit dans la pièce liminaire de la Chanson des Gueux, est un humaniste, que sa prose et ses vers rattachent à nos classiques, par un jugement infaillible de la valeur des vocables, par la sûreté logique de la construction des phrases, par la clarté du style et l’ordonnance de la composition.

970. (1825) Racine et Shaskpeare, n° II pp. -103

. — Les Anglais, me répondit-il, d’un grand sang-froid, ne peuvent avoir de véritable éloquence, ni de poésie vraiment admirable ; la nature de leur langue, non dérivée du latin, s’y oppose d’une manière invincible. […] A est même allé jusqu’à faire à M. de Jouy des interpellations d’un genre plus sérieux ; il l’a accusé d’ignorance ; il a rappelé le mot latin agreabilis, peu agréable, dit-on, à l’auteur de Sylla, etc., etc. […] Pédant assez mince de son vivant, car il ne savait pas le grec et peu le latin, et dans la littérature française ne se doutait pas de ce qui a précédé Boileau, il est devenu un père de l’église classique, voici comment.

971. (1896) Essai sur le naturisme pp. 13-150

Préface Malgré les prétentieux sentiments dont s’illusionne notre vanité nationale, c’est aujourd’hui un fait avéré que la décadence de l’âme latine. […] Peut-être ne satisfait-il pas totalement nos instincts de latin, mais qu’importe ? […] Son âme s’épancha en litanies parées de nuls atours, et dans ses hymnes liturgiques, c’est spontanément qu’il retrouva les accents de saint Bernard, des anciennes séquences et des proses latines.

972. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1888 » pp. 231-328

Dimanche 21 octobre Huysmans nous raconte avoir passé, en curieux, dix-huit jours à Hambourg, dans le spectacle d’une prostitution, comme il n’y en a nulle part : une prostitution pour matelots, supérieure aux maisons Tellier du quartier Latin ; une prostitution pour banquiers, recrutée parmi des Hongroises de 15 ou 16 ans, et où l’on couche dans des chambres fleuries d’orchidées. […] Et les cafetiers du quartier Latin se joignent aux journalistes, furieux de ce seul entracte, que je veux introduire au théâtre, et qui réduit à un bock, les cinq, qu’on buvait avec les cinq actes et les cinq entractes. […] Vous avez été toujours, Monsieur, un étonnement pour moi, par le bouleversement, que vous avez porté dans la conception que je m’étais faite du normalien, car je dois vous l’avouer, je voyais dans le normalien, un homme tout nourri des beautés et des délicatesses des littératures grecque et latine, et allant dans notre littérature, aux œuvres d’hommes, s’efforçant d’apporter, autant qu’il était en leur pouvoir, des qualités semblables, et tout d’abord une qualité de style, qui, dans toutes les littératures de tous les temps et de tous les pays, a été considérée comme la qualité maîtresse de l’art dramatique.

973. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1892 » pp. 3-94

Pendant deux heures qu’il reste au Grenier, il touche à un tas de questions anciennes et modernes, et parle spirituellement de la rapidité, à l’heure présente, avec laquelle les produits matériels passent d’un pays dans l’autre, et de la lenteur avec laquelle se transmettent les produits intellectuels, ce qu’il explique un peu par l’abandon de la langue latine, de cette langue universelle, qui était le volapuck d’autrefois entre les savants et les littérateurs de tous les pays. […] Lavoix me le montre avec son parler, tout farci de mots latins et grecs, et quelques instants après, qu’il avait manqué d’être écrasé, lui disant : « Oui, par une voiture à deux chevaux, un bige, mon cher collègue. » C’était lui, qui se défendant de toujours travailler, faisait l’aveu, que le dimanche, il lui arrivait parfois de lire un livre futile, et le livre qu’il montrait, était le dix-septième volume de l’Histoire de l’Empire, de Thiers. […] » Vendredi 28 octobre « Oui, ce volume que je viens de terminer, me dit Poictevin, avec sa figure d’halluciné, ce volume, il est fait avec la sueur de mon âme… J’aurais voulu lui donner, comme épigraphe, la traduction du mot medullitus de saint Bonaventure… mais moelleux, c’est commun, ça ne rend pas l’expression latine… et méduleux, c’est botanique. » Mercredi 2 novembre.

974. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre premier. Aperçu descriptif. — Histoire de la question »

 » (nous soulignons le passage cité en latin). […] Instr., VII, 10, 15, 21 ; VIII, 29, 31. — Cf. l’ouvrage latin, Mystici in tuto, 12, où Bossuet cite un religieux qui déclare n’être parvenu à l’oraison parfaite qu’après seize années d’oratio vulgaris ; Bossuet pensait sans doute à ce P. […] Il donne le texte en latin, après une traduction fautive.

975. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXVe entretien. J.-J. Rousseau. Son faux Contrat social et le vrai contrat social (1re partie) » pp. 337-416

Ce style, qui n’était ni grec, ni latin, ni français, mais helvétique, ravit par sa nouveauté toutes les oreilles : musique alpestre qui semblait un écho des montagnes, des lacs et des torrents de l’Helvétie. […] bergeries politiques pour nos scènes d’opéra, dont toutes les institutions sont des décorations, des cérémonies, des rubans, des fêtes, des musiques, des danses assaisonnées de quelques axiomes absurdes et féroces pour rappeler les Harmodius et les Catons, un peu de grec, un peu de latin et beaucoup de suisse !

976. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1860 » pp. 303-358

Le père d’un mien parent, lui avait dit : « Il faut que tu saches le latin, on peut se faire comprendre partout quand on sait le latin.

977. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre I : Variations des espèces à l’état domestique »

Chez les Romains, nous apprenons de Pline qu’on adjugeait des prix considérables à des Pigeons ; « voire même, dit le naturaliste latin, qu’ils en sont venus jusqu’à pouvoir rendre compte de leur race et de leur généalogie. » Dans l’Inde, vers l’année 1600, Akbar-Khan était grand amateur de Pigeons ; on en prit au moins vingt mille avec sa cour. […] Quelques auteurs latins posent explicitement des règles analogues.

978. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Histoire littéraire de la France. Ouvrage commencé par les Bénédictins et continué par des membres de l’Institut. (Tome XII, 1853.) » pp. 273-290

La poésie y tient une grande place : les restes de poésie latine, les chants d’Église ou d’école n’y sont pas oubliés ; les longs récits épiques en français, dits chansons de geste, y sont analysés avec ampleur et avec une connaissance comparée de toutes les divisions et de toutes les branches.

979. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sylvain Bailly. — I. » pp. 343-360

Il n’apprit point le latin. » Ce qui ne veut pas dire que Bailly n’en ait appris plus tard ce qui lui était nécessaire pour comprendre les livres de science écrits en cette langue, et pour choisir à ses divers ouvrages des épigraphes bien appropriées ; mais il manqua d’un premier fonds classique régulier et sévère, et ce défaut, qui qualifie en général son époque, contribua à donner ou à laisser quelque mollesse à sa manière, d’ailleurs agréable et pure.

980. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Journal du marquis de Dangeau — I » pp. 1-17

Les enfants qu’il y plaçait étant trop jeunes pour les armes et l’équitation, la base des exercices était la lecture, l’écriture, le latin, l’histoire, la géographie et la danse.

981. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Guillaume Favre de Genève ou l’étude pour l’étude » pp. 231-248

La Bibliothèque publique de Genève possède, entre autres manuscrits précieux, celui d’un poème latin de Jean-Marius Philelphe, savant du xve  siècle.

982. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Biot. Essai sur l’Histoire générale des sciences pendant la Révolution française. »

Cette manie de citer du latin à tout bout de champ, quand on ne le sait pas aussi bien qu’on le voudrait, amène de ces petites mésaventures.

983. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Louis XIV et le duc de Bourgogne, par M. Michelet »

Un jour que le jeune prince, en récitant sa leçon de Virgile ou d’Ovide, n’avait pas observé la mesure, ou qu’il avait fait peut-être des fautes de quantité dans ses propres vers latins, Fénelon l’avertissait par la fable : Le jeune Bacchus et le Faune.

984. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Halévy, secrétaire perpétuel. »

Il savait l’allemand, l’italien, l’anglais, le latin ; une teinture de grec, un peu d’hébreu.

985. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Salammbô par M. Gustave Flaubert. (Suite.) » pp. 52-72

Mais les Latins se désolaient de ne pas recueillir leurs cendres dans des urnes ; les Nomades regrettaient la chaleur des sables où les corps se momifient, et les Celtes, trois pierres brutes, sous un ciel pluvieux, au fond d’un golfe plein d’îlots… » C’est une scène de funérailles très-bien étudiée, scrupuleusement rendue : l’auteur a ainsi voulu qu’il y eût dans son livre un tableau de toutes les scènes que l’archéologie peut fournir.

986. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Daphnis et Chloé. Traduction d’Amyot et de courier »

le premier jugement avait couru et court encore ; c’est le seul qu’on ait réimprimé et qui se lise en tête de toutes les éditions de Bayle qui, dans son Dictionnaire, s’autorise, sans la contrôler, de l’opinion de Huet, ne songe qu’à renchérir, à son tour, sur l’article des mœurs ; non qu’il en prenne la défense et qu’il fasse le rigoriste, mais en érudit qui ne se trouve pas souvent à pareille fête, il badine à sa façon derrière du latin et du grec, il se gaudit des légèretés du roman en y cherchant le graveleux et sans y soupçonner la délicatesse.

987. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Octave Feuillet »

Toute l’argumentation du curé y échoue ; il y a perdu son latin.

988. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Entretiens sur l’histoire, — Antiquité et Moyen Âge — Par M. J. Zeller. »

Si l’on prend en effet l’édition de Florus qu’a donnée en 1852 Otto Iahn d’après les manuscrits, l’auteur latin y paraît fort rabaissé, un simple abréviateur de Tite-Live, un rhéteur sans aucune originalité, imitateur de Lucain pour l’expression et de l’un des deux Sénèque pour les idées.

989. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Millevoye »

Il reçut tous les soins affectueux et l’éducation de famille ; son père était négociant ; un oncle, frère de son père, qui logeait sous le même toit, donna à l’enfant les premières notions de latin, et on l’envoya bientôt suivre les classes au collège.

990. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre I. La littérature pendant la Révolution et l’Empire — Chapitre III. Madame de Staël »

Cherchant donc des différences, elle classe les littératures en littératures du Midi, en littératures du Nord, Homère d’un côté, Ossian de l’autre : d’un côté Grecs, Latins, Italiens, Espagnols, xviie siècle français, de l’autre, Anglais, Allemands, Scandinaves.

991. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Alphonse Daudet  »

Daudet, de ce Latin harmonieux et équilibré qu’on prendrait presque pour un classique ?

992. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Oscar Wilde à Paris » pp. 125-145

Chez les Latins les mœurs sont trop libres, l’opinion trop indulgente pour que la théorie du dandysme pût s’y condenser dans toute son âpreté.

993. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. James Mill — Chapitre I : Sensations et idées. »

Les logiciens, en fait, en traitant ce sujet, n’ont jamais considéré que le grec, le latin et les langues modernes littéraires de l’Europe.

994. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Les Gaietés champêtres, par M. Jules Janin. » pp. 23-39

Se souvenant des vœux qu’il a lus tant de fois chez les poètes latins de sa connaissance, et les combinant avec les siens, il en compose sa devise : Honnêtes gens, dit-il en s’adressant au docteur son ami, et dont vous êtes un si parfait modèle !

995. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Les regrets. » pp. 397-413

Un esprit bien fait, qui saura ces choses, et qui y joindra assez de latin pour goûter seulement Virgile, Horace et Tacite (je ne prends que ces trois-là), vaudra tout autant pour la société actuelle et prochaine que des esprits qui ne sauraient rien que par les livres, par les auteurs, et qui ne communiqueraient avec les choses réelles que par de belles citations littéraires.

996. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « L’abbé Barthélemy. — II. (Fin.) » pp. 206-223

Au xviie  siècle, la Grèce ne fut pas aussi bien comprise ni aussi fidèlement retracée qu’on se le figure : Boileau qui, à la rigueur, entendait Homère et Longin, est cependant bien plus latin que grec ; Racine, dans ses imitations de génie et en s’inspirant de son propre cœur, n’a reproduit des anciens chefs-d’œuvre tragiques que les beautés pathétiques et sentimentales, si l’on peut dire, et il les a voulu concilier aussitôt avec les élégances françaises.

997. (1913) Le bovarysme « Troisième partie : Le Bovarysme, loi de l’évolution — Chapitre I. Le Bovarysme de l’individu et des collectivités »

Au contraire, les Anglo-Saxons, les Germains, les Latins et les Celtes, qui ont fondé dans ces contrées leur empire et qui y instituent des expériences nouvelles, appartiennent tous à des groupes européens d’une civilisation avancée, mais qui n’ont cessé de se transformer constamment.

998. (1889) Méthode évolutive-instrumentiste d’une poésie rationnelle

Cette poésie de sensation et de hasard a eu sa gloire pleine en ce siècle — et en d’autres âges et d’autres langues elle ne se délivra pas de cette étreinte primitive, si nous mettons à part le poète latin Lucrèce.

999. (1860) Ceci n’est pas un livre « Une croisade universitaire » pp. 107-146

Duchesne écrivit un jour qu’Henry d’Audigier avait manqué ses classes à l’École normale, et que, vu sa faiblesse notoire, il se faisait confectionner ses versions latines et ses discours français par toi ou ton copin Sarcey.

1000. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre IX. Seconde partie. Nouvelles preuves que la société a été imposée à l’homme » pp. 243-267

En grec et en latin le mot fable signifie parole.

1001. (1903) Considérations sur quelques écoles poétiques contemporaines pp. 3-31

Voilà ce que signifie pour nous ce verger plein d’ombelles, ce pluriel qui étend, élargit, amplifie la pensée du poète, en évoquant, non pas seulement une simple fleurette, une simple ombellifère, ce qu’eut réalisé ombelle au singulier, mais bien l’ensemble d’une flore agreste, éclose en même temps, d’une flore s’enchevêtrant, s’enlaçant, croissant en liberté sous les arbres à fruits du lieu que les latins qualifiaient joliment de viridarium, cet enclos charmant, si insuffisamment dénommé : verger.

1002. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre VIII : M. Cousin érudit et philologue »

Ce problème, aujourd’hui glacé et comme pétrifié sous le latin de Boèce, avait été vivant jadis dans un autre monde.

1003. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXII. »

Près de Grenoble, il inscrivit sur le livre de la Grande Chartreuse, dans quelques strophes latines d’un mode et d’un tour horaciens, le vœu et comme le soupir d’une âme pieuse pour la retraite.

1004. (1864) Histoire anecdotique de l’ancien théâtre en France. Tome I pp. 3-343

Au treizième siècle, près de deux cents ans avant la fondation du théâtre des Confrères de la Passion, à Saint-Maur, on jouait déjà des espèces de tragédies rimées ou plutôt rimaillées, et, chose plus singulière, en détestable latin. […] Vous y verrez jouer une comédie faite au patron, à la mode et au portrait des anciens Grecs et Latins ; une comédie, dis-je, qui vous agréera plus que toutes (je le dis hardiment) les farces, les moralités qui furent donc jouées en France. […] Si la langue fut un obstacle pour Jodelle, Garnier sut vaincre cet obstacle en forgeant au besoin des mots qu’il tirait du latin. […] Les langues grecque, latine, arabe, italienne et espagnole, et même la langue hébraïque, lui étaient familières. […] Sans avoir fait d’études sérieuses, sans avoir jamais appris le latin, Boursault, venu de Bourgogne à Paris en 1651, fut bientôt en état de parler et d’écrire très-élégamment, grâce à la lecture de bons ouvrages et à ses dispositions naturelles.

1005. (1910) Variations sur la vie et les livres pp. 5-314

Ménage et le père Rapin s’étaient chargés de lui apprendre le latin. […] Le Voyage de Saint Brendan est très ancien dans sa forme latine ; il a été traduit dans la plupart des langues européennes. […] Les renseignements historiques ou géographiques, et ceux qui ont rapport aux emprunts faits par Dante à quelque auteur grec ou latin, se trouvent rassemblés à la fin de chaque chant. […] Après avoir rêvé longtemps pour trouver quelque chose à blâmer dans ce chef-d’œuvre de la moderne poésie italienne, je ne vois à reprendre qu’un peu d’obscurité dans deux ou trois passages, et une ou deux tournures de phrases trop directement empruntées du latin. » Je ne sais pas si Lamartine n’a suivi que de bons modèles. […] Il aimait les lettres, et il avait inventé un français turbulent comme le latin macaronique.

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