De cette façon, nous accolons à la première image une autre image contradictoire, et la première se trouve niée du même coup. […] Quantité d’exemples, cités plus haut, ont, je crois, mis cette vérité hors de doute, et l’on a vu que la transformation se fait de deux façons, tantôt par un progrès lent dont on peut suivre plusieurs phases : c’est le cas de la rêverie qui aboutit au sommeil ; tantôt brusquement, après une incubation sourde dont souvent on retrouve les traces : c’est le cas ordinaire pour l’hallucination17. […] De quelque façon que naisse la sensation, elle a pour condition l’action des centres sensitifs. […] Que le lecteur veuille bien rappeler l’un des siens, et s’y abandonne, surtout s’il est récent, vif et prolongé ; de cette façon, il en verra mieux la nature. […] À la fin, elle se situe ; mais elle ne se situe d’une façon précise que par l’arrêt de sa projection.
Rien de plus plaisant que la façon dont il joue son rôle de faux Arménien. […] Éraste est toujours ennuyé ; mais il ne l’est pas de la même façon. […] Ils verront qu’il n’y a guère à la Comédie-Française d’actrice qui joue plus de rôles différents, les jouant tous d’une façon convenable, en jouant quelques-uns d’une façon supérieure. […] Mais il ne tremblait pas de la même façon que Barré. […] Elle n’y met pas tant de façons.
La vieille école cartésienne prenait l’homme d’une façon abstraite, générale, uniforme. […] Certes cette façon de concevoir les choses est simple et majestueuse ; mais combien elle est pâle auprès de ces grandes évolutions de Pan que la race indo-germanique, à ses débuts poétiques comme à son terme, a si bien su comprendre ! […] Chacun, de nos jours, est ce qu’il est par la façon dont il entend l’histoire. […] Puis viendraient les mythes plus réfléchis où les instincts de la nature humaine s’expriment d’une façon plus distincte, c’est-à-dire déjà avec une certaine analyse, mais sans réflexion, ni aucune vue de symbolisme allégorique. […] Ces aphorismes étant pour la plupart simples et de tous les temps, il n’y a pas de découverte à faire en morale ; l’originalité s’y réduit à une touche indéfinissable et à une façon nouvelle de sentir.
De même, si loin qu’on pousse la distinction des sens d’un mot, on réunira toujours sous une même définition des exemples qui ne seront point du tout identiques, et qui modifient chacun à leur façon le sens commun à tous. […] Il transforme, déforme, rapetisse, grandit, colore de mille façons l’objet qu’il est chargé de présenter. […] C’est ce qui fait aussi que la plus belle poésie puisse se contenter du langage de tout le monde et de tous les jours, et qu’« une douzaine de mots ordinaires, assemblés d’une façon ordinaire9 », puissent ravir l’âme et la pénétrer jusqu’au fond.
Deux hommes ne la rendent jamais exactement non plus de la même façon. […] Comme il y a deux façons de définir la vérité, la façon intellectualiste et la façon pragmatiste, plaçons-nous successivement à ces deux points de vue pour examiner les prétentions de l’idée de vérité à exercer une hégémonie sociale. […] En ce qui concerne la science en général, il nous faut faire une distinction entre deux façons de l’entendre. […] Ils ont dû se rendre compte qu’en dépit de leur désir d’uniformité, il subsistait toujours des différences entre deux façons de penser. […] À plus forte raison n’auront-ils pas la même façon de penser sur des sujets plus complexes. — On peut dire que cet individualisme est à la fois le plus modeste qui soit et le plus intransigeant.
On en ôte quantité de mots expressifs et pittoresques, tous ceux qui sont crus, gaulois ou naïfs, tous ceux qui sont locaux et provinciaux ou personnels et forgés, toutes les locutions familières et proverbiales356, nombre de tours familiers, brusques et francs, toutes les métaphores risquées et poignantes, presque toutes ces façons de parler inventées et primesautières qui, par leur éclair soudain, font jaillir dans l’imagination la forme colorée, exacte et complète des choses, mais dont la trop vive secousse choquerait les bienséances de la conversation polie. « Il ne faut qu’un mauvais mot, disait Vaugelas, pour faire mépriser une personne dans une compagnie », et, à la veille de la Révolution, un mauvais mot dénoncé par Mme de Luxembourg rejette encore un homme au rang des « espèces », parce que le bon langage est toujours une partie des bonnes façons Par ce grattage incessant la langue se réduit et se décolore : Vaugelas juge déjà qu’on a retranché la moitié des phrases et des mots d’Amyot357. […] De cette façon, la phrase est un échafaudage gradué, où l’esprit place d’abord la substance, puis la qualité, puis les manières d’être de la qualité, comme un bon architecte qui pose en premier lieu le fondement, puis la bâtisse, puis les accessoires, par économie et par prudence, afin de préparer dans chaque morceau de son édifice un support pour le morceau qui suit. […] C’est un palais ou un temple quelconque, où, pour effacer toute empreinte historique et personnelle, une convention uniforme importe des façons et des costumes qui ne sont ni français ni étrangers, ni anciens ni modernes371. […] Siéyès a le plus profond dédain pour l’histoire, et « la politique est pour lui une science qu’il croit avoir achevée381 » du premier coup, par un effort de tête, à la façon de Descartes, qui trouva ainsi la géométrie analytique. […] Vaugelas, Remarques sur la langue française : « C’est la façon de parler de la plus saine partie de la cour conformément à la façon d’écrire de la plus saine partie des auteurs du temps… Il vaut mieux consulter les femmes et ceux qui n’ont point étudié que ceux qui sont bien savants en la langue grecque et en la latine. » 356.
L’on ne retrouve chez l’auteur russe ni les façons de dire nettes, ni les conversations alertes, achevées, décisives, ni les descriptions en couplets poétiques, ni les personnages habituels de nos livres moyens. […] Tourguénef parvient d’une façon merveilleuse à nous persuader de la vie de ses créatures. […] Tourguénef affectionne cette façon légère de travailler, capricieuse, ayant la séduction de l’inachevé et de l’énigme. […] La façon calme dont il a décrit le servage des paysans lui a valu les attaques des nobles et celles des démagogues. […] Tout cela forme en apparence un jeune homme entier, volontaire, dur, bien équilibré, assagi par la pratique de tout l’appareil bien coordonné des sciences, sachant diriger sa vie, se contenir ou agir d’une façon décidée.
Mais tandis que le premier changement s’opère sous des conditions purement physiques, que l’intervention des autres hommes et du milieu ne peut modifier que d’une façon insensible, la croissance intellectuelle et morale semble déterminée en grande partie par cette intervention, par l’exemple immédiat des paroles et des actes, par la notion qui est le legs des exemples et des efforts passés. […] Par le pouvoir de la notion chaque individu se conçoit d’une façon supérieure autre qu’il n’est, il voit se refléter dans sa conscience individuelle l’image abstraite de la pensée humaine tout entière. […] Il n’en reste pas moins qu’il existe une pathologie du Bovarysme, c’est-à-dire que le pouvoir de se concevoir autre, dont les bénéfices sont répartis d’une façon fort inégale à ceux qui en tirent profit, est pour beaucoup d’autres individus la cause d’égarement et le principe de ruine pu de ridicule que l’on a décrits. […] De même, ainsi qu’on l’a déjà noté, la civilisation romaine a servi de corset utile à celles de ces masses humaines qui se fixèrent dans le sud de l’Europe : agissant d’une façon plus directe que l’idéal chrétien, elle a été pour elles un puissant moyen d’organiser le droit de propriété, hase et moyen à son tour de toute civilisation supérieure. Notons encore, qu’en matière sociale, le rôle de la durée montre clairement son importance et de la même façon dont il l’a manifestée à l’égard de la biologie.
J’ai vu représenter le commencement d’Athalie de la façon suivante : Abner apparaît à gauche, Joad apparaît à droite, reconnaît de loin Abner, lui fait un geste qui veut dire : « Ah ! […] Peut-être ; mais il me semble que jamais la lecture ne donnerait l’idée de cette façon de présenter les choses. « Oui », est une réponse à une parole et non pas à un geste. […] La critique à l’égard de Shakespeare est assez injuste ; car précisément Shakespeare fait parler de la façon la plus différente du monde Falstaff et Othello, Iago et Hamlet, les Joyeuses commères et Béatrix, la nourrice de Juliette et Juliette elle-même. […] De même et d’une façon prolongée, dans la Critique de l’École des Femmes : « Tu ferais mieux de te taire… Je ne veux pas seulement t’écouter… . […] Personne ne doute, à la façon dont Suréna parle, que Corneille ne soit avec Suréna, et que Suréna ne jette au public la pensée même de Corneille.
Moyens de déterminer les limites d’une période littéraire Comment déterminer d’une façon scientifique les diverses périodes qui remplissent les neuf siècles de la littérature française ? […] Ainsi, notre siècle est coupé, d’une façon si visible qu’elle crève, pour ainsi dire, les yeux, par de grandes commotions nationales et internationales ; sur le fond uniforme des années se détachent, éclairées d’une lueur plus éclatante, joyeuse ou sinistre, ces dates mémorables : 1815,1830, 1848, 1870. […] D’abord les changements littéraires et les changements politiques, quoique liés entre eux de façon étroite, sont souvent loin de se produire ensemble. […] Si nous jugions uniquement d’après ce qui se passe de nos jours, nous pourrions affirmer qu’une certaine façon de concevoir l’art et le monde dure environ trente-cinq ou quarante ans.
Chez les poètes, chez les artistes de tous ordres, que possède à quelque degré le Génie de la Connaissance, il existe une tendance à faire de leurs émotions des spectacles, et, cette transformation de leur activité les dispense parfois de la satisfaire, d’une façon durable, sous sa première incarnation. […] Cet automatisme, qui semble probable en ce qui touche aux actes pourtant complexes de certains insectes, les abeilles, les chenilles, les fourmis, qui semble le cas normal en ce qui touche à toutes les fonctions gouvernées par le grand sympathique, respiration, digestion, circulation du sang, cet automatisme se peut observer également à l’égard de toute une série d’actes habituels qui sont exécutés tout d’abord sous le regard de la conscience, mais qui, enregistrés par l’organisme d’une façon parfaite, s’accomplissent par la suite inconsciemment. […] Ce qu’il faut retenir de ces développements, c’est que la réalité psychologique de quelque façon qu’on l’imagine, est bien un compromis entre deux forces dont l’une s’exprime en une tendance à agir et l’autre en une tendance à prendre conscience, à titre de spectacle, des actes accomplis, c’est que cette réalité qui a pour support les combinaisons les plus diverses, les états d’équilibre les plus variés entre ces deux tendances, se voit abolie dès que l’une d’elles, triomphant de l’autre absolument, l’exclut : en sorte que, selon un Bovarysme essentiel, l’existence de quelque réalité psychologique suppose l’antagonisme de ces deux forces, dont chacune tient les conditions de sa mort pour les conditions de son triomphe et ne persiste dans l’être que par la vertu de sa défaite tout au moins partielle.
Et quelle est la façon la plus pittoresque de comprendre et de mener la vie ? […] Sont-ce là toutes les façons d’être ému en face de la nature ? […] Elle dépend aussi de la façon d’écrire et de la maison où l’on écrit. […] Sa façon d’écrire, extraordinairement tendue, la lui interdit. […] Mais il aime mieux déduire de combien de façons les autres sont mauvaises.
. — Les modes, les amusements, les conversations, les façons et les talents de salon. […] C’est que leurs façons françaises font illusion. […] Ses façons d’écrivain sont conformes à ses maximes de politique. […] j’aime bien mieux cela que notre vieille façon campagnarde de dire ce qu’on pense. […] Rien de plus joli que sa façon d’entrer en ménage. « Ah !
Exactement de la façon que Freud préconise : par l’association des idées. […] Son moi pensant et sentant, Proust le regarde, le considère exactement de la même façon que, quand il était petit, les clochers de Martinville. […] Très souvent ce n’est là qu’une façon de nous, ou de les, magnifier… Très souvent il n’y a rien de tel. […] Je sentais dans cette façon d’écrire une nouveauté d’une importance considérable, mais qui rebroussait encore mes tendances profondes à la musique. […] Jamais peut-être la réalité n’avait été perçue d’une façon aussi fine et aussi touffue.
De quelle façon s’est-il formé ? […] Un grand artiste a sa façon propre de voir et de reproduire le monde. […] Lemaître de conclure, et même de façon assez vive. […] En vain s’efforce-t-il de s’évader de la France actuelle et de s’en éloigner autant que faire se peut par sa façon de penser ; il lui appartient encore par sa façon de sentir. […] Il y a deux façons principales de la considérer.
Un roman, selon lui, naît, d’une façon en quelque sorte nécessaire, avec tous ses chapitres ; un drame naît avec toutes ses scènes. […] Mais dans tous les cas, quel que soit l’avenir de l’architecture, de quelque façon que nos jeunes architectes résolvent un jour la question de leur art, en attendant les monuments nouveaux, conservons les monuments anciens. […] Car c’est une chose affligeante de voir en quelles mains l’architecture du moyen âge est tombée, et de quelle façon les gâcheurs de plâtre d’à présent traitent la ruine de ce grand art.
Il faut qu’il les fortifie d’une façon de prestige moral qui naît de mille petites sagesses dans le détail. […] Cette prudence, cette habileté, ces calculs, toute cette politique à la façon de Gœthe servent assurément le penseur qui en use ; mais comment s’en trouve la pensée même ? Le réformateur Saint-Simon, qui était une façon d’aventurier brillant et passionné, Fourier, bonhomme d’une naïveté quasi-ridicule, ont posé une couple de principes autrement féconds que toute cette philosophie où M.
Il l’appelle Buonaparte, ce qui est la façon désobligeante de prononcer le nom de Bonaparte ; mais ce nom, il ne peut pas le taire. […] Et alors il était si séduisant, il trouvait des façons si charmantes de demander pardon ! […] De cette façon il surprend le secret des fiançailles de la princesse Elsbeth. […] D’une autre façon encore, cet exil a été infiniment profitable à Victor Hugo. […] François sonne d’une façon plus large, le son est plus posé.
La façon d’amuser lui importe peu. […] Pour lui, vraiment, Bruant y mit des façons. […] Les formes de l’existence et la façon de vivre ne changent guère en Orient. […] Rosny est fait d’autre matière et bâti d’autre façon que Richepin. […] C’est au scepticisme de Renan que nous devons ce changement dans la façon de penser.
Vraiment c’est là une façon de s’en tirer à bon compte. […] De cette façon, on ne parlerait plus d’elle du tout. […] On sait de quelle façon on doit les prendre. […] De la façon la plus simple du monde. […] » Cette façon d’argumenter est sans réplique.
Mais le plus souvent le critique s’adresse à celui qui a lu le livre et écouté la pièce, et c’est à ce spectateur, à ce lecteur qu’il doit donner de nouvelles raisons d’aimer ou de dédaigner l’ouvrage que tous les deux, connaissent de façon inégale. […] Willy dont les procédés de réclame outrancière lui ont fait oublier les admirables qualités, des façons violentes d’apôtre chassant les marchands du temple. […] Il ne doute pas ; il n’affirme pas non plus de façon indiscrète. […] Il a du chirurgien dans la façon de vous palper une œuvre. […] Henri Mazel avec la Synergie Sociale s’est affirmé de façon telle qu’il sort, par sa notoriété, des limites de notre travail.
Si la comparaison des philosophies, qu’elles ont vu naître nous laisse encore incertains, comparons donc leurs institutions mêmes, et les réformes qu’elles leur font subir, — leurs tendances vraiment dominantes ne sauraient de cette façon nous échapper. […] — On peut toutefois, sans croire à l’identité des lumières, exiger l’égalité des droits politiques : cette exigence se justifie de plus d’une façon. […] Et peut-être les socialistes pourront-ils prouver, — étant donnée la façon dont se distribuent, en fait, les richesses, — que cette liberté est « illusoire », que cette égalité des droits économiques n’est pas « réelle ». […] On commence heureusement à se mettre en garde contre ces façons de faire parler les faits. […] On sait assez, par sa façon de traiter l’étranger, que l’isolement est sa loi : c’est, par essence, une église fermée.
. — Il est évident que tout grand poète ayant perçu d’une façon plus ou moins théorique les conditions élémentaires du vers, Racine a empiriquement ou instinctivement appliqué les règles fondamentales et nécessaires de la poésie et que c’est selon notre théorie que ses vers doivent se scander. […] Pour assembler ces unités et leur donner la cohésion de façon qu’elles forment un vers il les faut apparenter. […] Une autre différence entre la sonorité du vers régulier et du vers nouveau découle de la façon différente dont on y évalue les e muets. […] * Observons que si la méthode rythmique a changé cela ne procède point seulement d’une volonté de varier les rythmes et les timbres du chant, mais encore d’une façon nouvelle d’envisager (à côté de l’unité rythmique), l’unité de beauté du vers. […] Une poésie n’est qu’une suite de métaphores, une suite logique certes, mais il y a plusieurs façons d’être logique.
On peut d’une façon générale prendre les oraisons funèbres et les panégyriques de Bossuet pour des démonstrations par induction, et les sermons pour des démonstrations par déduction. […] Il y a, hors du domaine des sciences, bien peu de principes qu’on ne puisse mettre en question, comme il y a bien peu de faits qu’on n’envisage de mille façons. […] Les gens d’un pays trouvent leur façon de vivre, de s’habiller évidemment raisonnable et de bon goût, manifestement absurdes les coutumes des étrangers. Il faut faire pour les opinions ce que Kant recommandait de pratiquer pour les actes de moralité : il faut ériger sa façon de penser en maxime universelle ; et il est rare alors que ce qui n’est point évidemment vrai continue de le paraître. […] Il conviendra ici d’en bien repasser les termes, et souvent, par une courte réflexion sur le sens précis des mots, l’évidence de la chose apparaîtra : on pourra aussi parfois la saisir dans les applications particulières qui s’en peuvent faire, où la vérité se découvrira d’une façon en quelque sorte matérielle et sensible.
Pour moi, je suis de mon pays ; seulement le séjour de la capitale et l’application assidue m’ont un peu corrigé. » Denis Diderot540, Langrois devenu Parisien, s’était corrigé en effet, mais non pas de la façon qu’il croyait. […] Ce fils d’un petit coutelier de Langres n’a jamais été du monde : il a étalé dans les salons que sa renommée lui ouvrait, des façons débraillées, vulgaires ; mais de toutes les convenances mondaines, s’il y en a une qu’il a bien foulée aux pieds, c’est celle qui bride la langue. […] Écrire, ou parler, est une fonction naturelle pour lui ; il n’y fait pas de façon, il se soulage, et il y a de l’impudeur vraiment dans son naturel étalé, dans son improvisation à bride abattue ; tous les endroits lui sont bons, et toutes les occasions. […] Quand on s’en tient aux faciles raisonnements de Locke, quand nos gens qui ne s’effraient guère veulent devant Spinoza, non pas devant la hardiesse, mais devant la profondeur de sa doctrine, et craignent de s’y casser la tête, Diderot, sans façon, sans fracas, s’assimile le dur, le grand système de Leibniz : et il n’y a pas d’autre raison, je le crois bien, qui lui ait donné en France la réputation d’être une tête allemande. […] Pendant qu’il a l’air d’écouter, il a pris le point de départ ou l’a placé l’auteur, et il voyage pour son compte : quand vous avez fini, il vous dit le livre qu’il aurait fait à votre place, et c’est sa façon d’entendre la critique.
Beaucoup regardent l’art comme un divertissement et un passe-temps et admettent que de même que chacun a le droit de prendre son plaisir où il le trouve, chaque artiste a le droit d’amuser et d’intéresser son public à sa façon. — Le blâme moral et social, le désir de réglementation, de répression et de limitation de la liberté de l’art ne s’expriment chez nous avec une certaine âpreté que chez des spécialistes ou des professionnels de la morale : sociologues, éducateurs, professeurs, pasteurs. […] L’esthéticien individualiste et le moraliste ne s’opposent pas moins dans leur façon d’entendre la fonction de l’art. […] « Toute œuvre d’art doit émouvoir tous les hommes de la même façon. […] Mais comment une œuvre d’art émouvrait-elle tous les hommes de la même façon ? […] Loin de demander à l’œuvre d’art d’émouvoir tous les hommes de la même façon, il considère que la fonction et l’intérêt de l’art eût d’exprimer l’originalité sentimentale de l’artiste, sa représentation du monde dans ce qu’elle a de plus intime et de plus personnel.
Il faudra bien, dit-il, que le courant passe, et la façon dont ce courant sera distribué sur la surface définira une fonction dont les singularités seront précisément celles qui sont prévues par l’énoncé. […] Ils ont été élèves de la même école et en même temps ; ils ont subi la même éducation, les mêmes influences ; et pourtant quelle divergence ; ce n’est pas seulement dans leurs écrits qu’on la voit éclater ; c’est dans leur enseignement, dans leur façon de parler, dans leur aspect même. […] La façon dont ces cellules sont agencées et d’où résulte l’unité de l’individu, n’est-elle pas aussi une réalité, beaucoup plus intéressante que celle des éléments isolés, et un naturaliste, qui n’aurait jamais étudié l’éléphant qu’au microscope, croirait-il connaître suffisamment cet animal ? […] Et cependant si l’image primitive avait totalement disparu de notre souvenir, comment devinerions-nous par quel caprice toutes ces inégalités se sont échafaudées de cette façon les unes sur les autres ? […] Nous voyons donc déjà que les analystes ne sont pas simplement des faiseurs de syllogismes à la façon des scolastiques.
C’est ainsi que nous cherchons, et nos différentes façons de chercher dans cette voie sont les divers procédés de l’induction scientifique. […] Voilà certes des propositions formées d’une façon étrange, et ce sont elles que nous allons d’abord examiner. […] En d’autres termes, ce sont des propositions analytiques, où le sujet contient l’attribut soit d’une façon très visible, ce qui rend l’analyse inutile, soit d’une façon très masquée, ce qui rend l’analyse presque impraticable. […] Mais les deux axiomes ainsi formés peuvent encore être formés d’une autre façon. […] Mais elle peut remonter d’une façon toute différente, en traçant par tous ses points des droites égales, et, visiblement, cette ascension peut s’opérer en une infinité de façons, vers la gauche ou vers la droite, par des droites plus ou moins inclinées sur AB.
Grandet et Gobseck sont des hommes d’un très grand courage, à leur façon. […] Une telle façon d’écrire est, en effet, incompatible avec cet accent qui, chez les conteurs parfaitement simples, est à lui seul un témoignage de vérité, l’accent d’un Villehardouin, d’un Joinville ou d’un Bernal Diaz. […] Et tout à coup il ajoute : « Cependant, quelque féroce que soit le caractère des naturels, rétive leur disposition et bestiale leur façon de vivre, il n’en est pas qui ne décèlent des germes de progrès (vous n’aviez pas prévu cette conclusion !)
Mais Voltaire a un esprit, une façon de prendre les choses, qui résulte de tout un ensemble d’habitudes intellectuelles. […] Quand donc cesserons-nous d’être de lourds scolastiques et d’exiger sur Dieu, sur l’âme, sur la morale, des petits bouts de phrases à la façon de la géométrie ? […] Voilà une philosophie, c’est-à-dire une façon de prendre la vie et les choses. […] Mais il y a une position intellectuelle, susceptible d’être exprimée en un livre, non en une phrase, qui est à elle seule une religion ; il y a une façon religieuse de prendre les choses, et cette façon est la mienne. […] Chaque système est la façon dont un esprit éminent a vu le monde, façon toujours profondément empreinte de l’individualité du penseur.
Au reste, à la façon plus modérée dont on parle de Hugo, et aussi à la façon moins grotesque qu’il a mêlée à ses grands vers de vieillards, on peut déjà s’apercevoir qu’il est d’un Corps (l’Académie) ; on se respecte mutuellement.
Il y avait plus d’une façon de concevoir et d’adorer Zeus, Athénée, Iacchos et Perséphone. […] J’allais oublier l’ingénieuse façon dont M. […] Ce n’est pas non plus sa façon d’être hypocrite, lorsque cette façon est bien celle qui convient à sa condition sociale et à son éducation. […] Cela ne signifie en aucune façon qu’il ait le cœur bas. […] C’est qu’elle adore son fils, à sa façon.
Ensuite la lecture des mauvais livres forme le goût, à la condition qu’on en ait lu de bons, d’une façon qu’il ne faut pas mépriser, ni peut-être négliger. […] Ce n’est pas seulement par comparaison, sans doute, et la beauté nous frappe par elle-même et c’est-à-dire par un accord soudain entre notre façon de sentir et la façon qu’un autre a de créer.
Taine comprend de cette façon ses compatriotes. […] Elles sont des façons de réagir qui sont communes à tous les êtres plongés dans le même milieu. […] Mais ce qu’on peut constater dès maintenant, et la constatation contredit d’une façon piquante le préjugé où nous vivons sur l’audace des esprits élevés, c’est que depuis le grand mouvement industriel et commercial qui transforme l’Europe, il y a presque constamment en France une protestation de l’élite intellectuelle (au moins du monde littéraire accrédité) contre les directions du siècle.
Il les lit en « s’enfonçant dans les bois », ce qui est, si je puis ainsi parler, une façon plus sensuelle de les lire. […] Il devait agir sur Racine de diverses façons. […] Ce sont des façons élégantes de parler ; ce sont des gestes et comme des rites gracieux et généreux. […] Elles ont toutes ceci de commun, qu’elles sont romanesques à la façon des romans du temps. […] Est-ce que ses façons ne sont pas de fort belles façons, et qui supposent délicatesse morale, respect de la femme, fierté disciplinée, maîtrise de soi ?
… venez sans façons me demander à déjeuner un de ces matins ! […] C’est un jeune homme de 27 à 28 ans, grand, blond et fort sans façons. […] De cette façon, M. […] Il a des prétentions au dandysme, quoique sa fortune, son air et ses façons le trahissent souvent. […] De cette façon on connaissait le nom de M.
Les métaphores du langage précieux ne sont pas des « images », au sens exact du mot, des réveils de sensations, mais des façons spirituelles de donner à deviner des idées. […] Au moment où nous sommes arrivés, le monde en est à prendre les habitudes qui plus tard seront nature, qui ne sont encore que contrainte : d’où l’étude et l’apprêt dans les façons de penser et de parler. […] « C’est la façon de parler de la plus saine partie de la cour, conformément à la façon d’écrire de la plus saine partie des auteurs du temps. » On pourrait demander : qui définira ces plus saines parties et de la cour et des auteurs ?
L’on comprend vite pourquoi, sous cette obligation de lutter et de s’endurcir, les sensations fines disparaissent, pourquoi le goût s’émousse, comment l’homme devient disgracieux et roide, comment les dissonances, les exagérations viennent gâter le costume et les façons, pourquoi les mouvements et les formes finissent par être énergiques et discordants à la façon du branle d’une machine. […] Propriétaires et fermiers, ils prodiguent les capitaux à la façon des grands entrepreneurs ; ils ont drainé, assolé ; ils ont fait un bétail, le plus riche en rendement qu’il y ait au monde ; ils ont importé les machines à vapeur dans la culture et dans l’élevage, ils perfectionnent les étables perfectionnées. […] Quand un industriel ou un marchand a gagné quelques millions, sa première pensée est d’acquérir une terre ; au bout de deux ou trois générations, sa famille a pris racine et participe au gouvernement du pays : de cette façon les meilleurs plants de la grande forêt populaire viennent recruter la pépinière aristocratique. […] L’auditoire applaudissait ou sifflait, à volonté. « En somme, me disait un Anglais, c’est de cette façon-là que nous faisons nos affaires. […] Presque jamais un livre ici ne peint l’homme d’une façon désintéressée ; critiques, philosophes, historiens, romanciers, poëtes même, ils donnent une leçon, ils soutiennent une thèse, ils démasquent ou punissent un vice, ils peignent une tentation surmontée, ils racontent l’histoire d’un caractère qui s’assied.
A coup sûr, ils auraient aimé d’une autre façon. […] Il y a donc un intérêt général à étudier d’une façon plus approfondie ces trois formes de la pensée de M. […] Il y avait, semble-t-il, deux façons de poser en pied cette sombre figure du prêtre assassin. […] Renan, pouvait-on douter qu’entre ces deux façons d’interpréter la légende il ne choisît la seconde ? […] De deux façons, très distinctes, semble-t-il.
Il ne cessoit de crier, d’après quelques pères, qu’il falloit parler au peuple, « non suivant la méthode des rhéteurs, mais à la façon des pêcheurs* ». […] Quelques prédicateurs adoptèrent sa façon de penser, & c’étoient même les plus célèbres. […] Cette façon de penser, devenue générale, ne seroit point humiliante ; elle auroit même de quoi flatter le déclamateur ; il s’attireroit des louanges à proportion de son talent pour débiter. […] Crozat, celui-ci lui dit un jour : Mon père, votre morale m’effraye, mais votre façon de vivre me rassure. […] Une abbesse, étant devenue grosse, au scandale de ses inférieures & de l’évêque, eut recours à Marie, qui chargea deux anges de prendre l’enfant, & de le cacher, de façon que, lorsqu’on voulut la convaincre de sa faute, elle passa pour une sainte calomniée.
Georges Rodenbach, par exemple, mais à la façon de Ronsard ou de […] Il sait, lui aussi, donner une façon achevée à ses émaux et camées.
Cette idée, qu’on aime partout de la même façon, et qu’Amaryllis et Margot, c’est kifkif, lui a inspiré les quatre ou cinq mille vers octosyllabiques des Chansons des rues et des bois. […] Ce détour chinois m’est une façon de constater une chose étrange. […] Il y a dans son œuvre trop d’attitudes, trop de sentiments, trop de façons de voir le monde et l’histoire que j’ai peine à comprendre et qui même répugnent à mes plus chères habitudes d’esprit. […] La « légende des siècles » devient ainsi, à force de simplification, une façon de Guignol épique. […] Nous ne devons à Victor Hugo aucune façon nouvelle de penser — ni de sentir.
Prenons d’abord deux éléments A et B de C, et supposons qu’il existe une suite Σ d’éléments, appartenant tous au continu C, de telle façon que A et B soient les deux termes extrêmes de cette suite et que chaque terme de la suite soit indiscernable du précédent. […] Il ne reste plus qu’à trouver un continu physique, qui soit pour ainsi dire équivalent à l’espace, de telle façon qu’à tout point de l’espace corresponde un élément de ce continu, et qu’à des points de l’espace très voisins les uns des autres, correspondent des éléments indiscernables. […] Cela posé, nous pouvons imaginer un continu physique que nous appellerons le continu ou le groupe des déplacements et que nous définirons de la façon suivante. […] Qu’on me permette, pour la commodité du langage, d’exprimer ma pensée d’une façon tout à fait grossière et même inexacte en disant que nos séries de sensations musculaires sont classées en trois classes correspondant aux trois dimensions de l’espace. […] Les souris japonaises n’ont que deux paires de canaux ; elles croient, paraît-il, que l’espace n’a que deux dimensions, et elles manifestent cette opinion de la façon la plus étrange ; elles se rangent en cercle, chacune d’elles mettant le nez sous la queue de la précédente, et, ainsi rangées, elles se mettent à tourner rapidement.
Chez tous on découvre un principe de suggestion qui les détermine, à la façon des hypnotisés, à se concevoir différents d’eux-mêmes. […] Il n’était pas nécessaire que l’éducation au couvent et le romantisme agissent sur Emma Bovary de la façon dont on les voit agir. D’autres à sa place eussent échappé aux mêmes influences ou eussent réagi contre elles d’une façon tout autre. […] Jourdain pense s’égaler aux gens de cour en adoptant leur costume, leurs manières et leur langage, en prenant des leçons de danse et de maintien, Homais se persuade qu’il participe à la dignité du savoir humain eu imitant le langage des hommes de science, en reproduisant d’une façon grossière leurs attitudes, en feignant leurs soucis. […] D’une façon essentielle elle se méconnaît, elle se forge une fausse conception de son pouvoir, visant des buts qu’elle ne peut toucher, se réalisant toujours selon des formes qu’elle n’avait pas prévues.
À vrai dire, dans cette hypothèse qui distingue d’une façon absolue le bien de l’agréable, il semble que la plupart des hommes souhaiteront que l’inclination vers le plaisir soit chez eux la plus forte et l’emporte sur l’autre : le sentiment du devoir risquera de devenir à leurs yeux le mauvais principe. […] Sehopenhauër, avec le symbolisme de son Génie de l’Espècea mis en scène d’une façon éclatante un de ces pièges tendus par la finalité au désir humain. […] Cette fin, d’une importance majeure, et qui dépasse infiniment les intérêts individuels légitime d’ailleurs la place exorbitante que cette passion de l’amour occupe dans la vie réelle, dans le roman, au théâtre et d’une façon générale, dans tous les arts. […] L’homme primitif, dans son désir de survie, nie le fait de la mort naturelle : il n’y voit qu’un changement de condition et l’explique de mille façons ingénieuses, naïves ou grossières. […] Le Génie de la Connaissance utilise à son profit, comme une force de la nature, le mécontentement humain, de la même façon que l’homme utilise à son profit ces autres forces naturelles, le vent, la vapeur ou le flux de l’eau pour faire mouvoir ses machines.
Comprise de cette façon, l’œuvre dramatique présentera à l’étude une coïncidence, un conflit de motifs visuels et auditifs se complétant, se superposant et se répondant d’une façon constante. […] Nous ne croyons pas que l’art de faire parler la nature ait jamais été atteint de cette façon. […] Le mouvement étant plus rapide, l’intention du maître est certainement que les paroles soient chantées de façon identique. […] Cette question ne se pose plus exactement de la même façon aujourd’hui puisque les œuvres sont chantées dans leur langue originale. […] Il choisit donc les passages impossibles à rendre de façon parfaite quant au lien entre la musique et le texte.
Et assurément, ces facultés n’agissent pas, dans la réalité, d’une façon continue : mais elles sont pourtant le véritable et suprême ressort d’une âme. […] Cela prouve seulement qu’il y a deux façons de se représenter la personne et l’œuvre de Napoléon. […] Seulement, si vous voulez ma pensée, la façon de M. […] Ce qui est vrai encore, c’est qu’il lui est arrivé de tirer à lui les documents, de les présenter de la façon la plus favorable à sa thèse. […] Je crois, d’une façon générale, à sa sincérité dans les deux cas.
Vous avez pu en juger, car on l’a jouée il n’y a pas encore très longtemps ; je l’ai vu jouer, entre parenthèses, d’une façon charmante, par mon pauvre ami Leloir, qui était excellent dans ces silhouettes un peu falottes de nécromant, de sorcier, de bohème, etc. […] Les événements y sont juxtaposés sans y être enchaînés et engrenés d’une façon solide ; il en résulte un peu d’incohérence, et, peut-être même serait-ce votre impression, un peu de monotonie, dans le ton comique, dans le ton divertissant. […] Vous savez que Thomas Corneille a traduit en vers le Don Juan de Molière, et traduit d’une façon étonnante, extraordinaire d’aisance, de souplesse et de bonne grâce. De même La Fontaine traduisait Scarron de la façon suivante. […] Et La Baguenaudière fait une espèce de prologue ou de préface, c’est-à-dire qu’il leur parle de ce qu’il a mis dans sa tragédie ou de ce qu’il a voulu y mettre, de la façon dont il a voulu la faire, et voici comment il en parle : Trêve d’encens, Messieurs !
Cet état permanent des choses s’est peint dans les lettres d’une façon permanente. […] Vergier conte qu’il raisonne à l’infini, « qu’il parle de paix, de guerre, qu’il change en cent façons l’ordre de l’univers, que sans douter il propose mille doutes. » Voilà que ce bonhomme se trouve un spéculatif, et aussi un observateur. « Il ne faut pas juger les gens sur l’apparence. » Il a l’air distrait, et voit tout, peint tout, jusqu’aux sentiments les plus secrets et les plus particuliers. […] Un petit mot qu’on a déjà dit, qu’il faut répéter, explique tout : il était poëte, chose unique en France, et poëte de la même façon que les plus grands. […] Alfred de Musset est le seul qui, depuis La Fontaine, ait retrouvé des vers de ce genre, une douzaine de mots ordinaires, assemblés d’une façon ordinaire et qui ouvrent un monde.
Les pays grecs et romains n’entendirent pas parler de lui ; son nom ne figure dans les auteurs profanes que cent ans plus tard, et encore d’une façon indirecte, à propos des mouvements séditieux provoqués par sa doctrine ou des persécutions dont ses disciples étaient l’objet 1233. […] Les idées étroites qui se sont répandues de nos jours sur la folie égarent de la façon la plus grave nos jugements historiques dans les questions de ce genre. […] Au XIIIe siècle, les Latins, les Grecs, les Syriens, les Juifs, les Musulmans font de la scolastique, et à peu près la même scolastique, de York à Samarkand ; au XIVe siècle, tout le monde se livre au goût de l’allégorie mystique, en Italie, en Perse, dans l’Inde ; au XVIe, l’art se développe d’une façon toute semblable en Italie, au Mont-Athos, à la cour des grands Mogols, sans que saint Thomas, Barhébræus, les rabbins de Narbonne, les motécallémin de Bagdad se soient connus, sans que Dante et Pétrarque aient vu aucun soufi, sans qu’aucun élève des écoles de Pérouse ou de Florence ait passé à Dehli. […] Le despotisme romain ne se fit sentir d’une façon désastreuse que beaucoup plus tard, et d’ailleurs il fut toujours moins pesant dans ces provinces éloignées qu’au centre de l’empire.
Quand Démosthène prévoit les objections d’un adversaire ou lui accorde ce qu’il y a de vrai dans sa thèse, il ne fait pas une prolepse ou une concession, il dit ce qu’il a à dire, sans figure, et sans façon, et ne saurait le dire autrement. […] Ce ne sont pas là des façons de parler, ce sont des façons de penser.
On se rappelle qu’il répondit : « Nous ne pouvons pas tous servir la patrie de la même façon. […] Si chacun peut en dire autant de soi, cela ira bien pour tous. » Vous voyez comment il faudrait très légèrement transformer cette phrase pour qu’un de ces grands individus que Taine traite de fous furieux la reprît : « Nous ne pouvons pas tous servir l’humanité de la même façon ; Marc-Aurèle, Spinoza, Gœthe, c’est très bien. […] Taine, à l’âge de quatorze ans, quitta définitivement Vouziers, il emportait de sa terre et de ses morts cette façon de sentir.
Cela est louable surtout quand la distraction est prise d’une façon aussi mystérieuse et aussi attirante. […] Camille Mauclair, littérairement, a touché à tout, et l’on peut dire qu’il n’est pas de beautés ni d’idées qu’il n’ait goûtées et comprises, ni de façons de sentir et de penser auxquelles il ne se soit prêté pour nous en donner ensuite, soit en des poèmes, soit en des conférences, soit en des essais de métaphysique ou d’esthétique, soit en des études de critique, soit encore en des romans ou en des contes, sa notation propre et toujours intéressante.
J’ajoute que ce qu’elle dit nous est moins nouveau que la façon dont elle le dit. […] Mais, si elle n’a point péché en violant la loi, elle a péché d’autre façon. […] C’est sa façon de rester loyale ! […] eux surtout) ou ne conçoivent Dieu en aucune façon, ou le conçoivent ainsi. […] Ou bien (ce qui est possible) ignore-t-il de quelle façon il l’aime ?
En un style baroque, outré, contourné, agité sans cesse de la plus féminine façon, par tous les mille petits sentiments que l’écrivain anglais ne peut s’empêcher de ressentir à propos de n’importe quoi, il raconte les histoires les plus compliquées, les plus follement invraisemblables à la fois et les plus mal construites, telles que le dernier feuilletoniste sait en échafauder de plus plausibles. […] Ils sont peuplés d’êtres de fantaisie, bizarres, agités, grimaçants, comiques le plus souvent et toujours de la même façon, ou animés d’une méchanceté acharnée qui encore n’a jamais de cesse, ou pénétrés de quelque disposition caractéristique qui constitue uniquement toute leur nature, ou vertueux enfin et si bien qu’ils en sont stupides et fastidieux. […] Il doit faire vrai ; la moitié de son mérite — et chez Daumier cela touche au génie — consiste dans la justesse de l’observation, l’exactitude de la silhouette, la précision de la satire, la vie surprise par le dessin sommaire, de façon que le spectateur ne puisse douter un instant qu’on lui montre un être réel, observé dans son aspect, analysé dans son caractère. […] Quand il lui faudra donc représenter ses semblables, il les décrira par leurs gros côtés, des tics, des grimaces, des paroles, et outrera immanquablement ce par quoi ils l’ont attiré ou repoussé, s’arrangeant d’ailleurs de façon qu’on ne puisse se tromper sur le jugement que l’auteur porte sur eux et qu’ainsi le lecteur s’en forme une opinion aussitôt qu’il les aperçoit. […] Il est donc évident, si l’on passe à un ordre de sentiments plus complexes, qu’un écrivain qui aura ressenti, pour quelque personnage de son imagination, une disposition particulière, n’en changera pas ; car il n’y aura aucune raison pour qu’elle cesse ou qu’elle se transforme tant que la conception du personnage restera la même, et, en soi, une disposition est un état d’âme un, peu susceptible de nuances ; tant que l’on déteste une personne c’est de la même façon, et tant qu’on en chérit une autre c’est de la même façon aussi.
Sarcey, et j’ai peur que cette floraison de maximes ne s’explique encore d’une autre façon. […] La Rochefoucauld a déjà fait ce petit travail ; mais on peut le recommencer ; et il y a mille façons de répéter les mêmes choses en d’autres termes. […] On n’aura jamais dit de combien de façons l’amour peut être égoïste ou désintéressé, ni de combien de façons il peut modifier nos autres sentiments. […] On avise quelque sentiment ou quelque façon d’agir particulièrement honorable, et on tâche d’en donner quelque raison ou d’en tirer quelque remarque qui témoigne à la fois de notre esprit et de notre cœur.
, ne peuvent en aucune façon donner l’idée de sa doctrine. […] c’est par une façon d’orgueil, ou d’indifférence, ou de lassitude. […] On sait de quelle indiscrète façon il a raconté la vie de Carlyle, qui lui avait confié en mourant le soin de raconter sa vie. […] Mais, pour ne point penser de la même façon, Tourguenef et Aksakof n’en étaient pas moins d’excellents amis. […] Mais j’y pense dans le vague, d’une façon tout abstraite.
Le critique ou, plus abstraitement, la Critique, a, en effet, des façons qui lui sont propres. […] Verlaine enseignait à poser les doigts sur la flûte d’une façon ingénieuse et inattendue. […] Elle est intéressante par ce qu’elle exprime ; elle est intéressante par la façon dont elle s’exprime. […] La raison en est qu’il porte son sens en lui, non pas d’une façon apparente, mais d’une manière secrète, de même que l’arbre porte en sa graine le fruit qui en naîtra. […] Tout en parlant poésie, me voici insensiblement arrivé aux poètes, mais c’était déjà parler d’eux que de parler de la façon dont ils ont compris la Poésie.
Le Français parle ainsi, le Picard autrement, le Bourguignon, le Xavarrais, le Provençal, le Gascon, le Languedoc, le Limousin, l’Auvergnat, le Savoisien, le Lorrain, tous ont chacun sa particulière façon de parler, différentes les unes des autres. » C’était au même temps que Geoffroy Tory et Rabelais se moquaient des pédants qui « despumaient la verbocination latiale » et corrompaient le français. […] L’Italie avait été un trop actif agent de notre Renaissance, pour ne pas avoir imprimé fortement sa marque jusque sur notre langage ; l’Espagne à la fin du siècle regagne du côté de l’influence intellectuelle ce qu’elle perd en influence politique ; elle nous insinue de ses manières et de ses façons de parler. […] Ceux qui sont constitués pour en juger, étant ravis et transportés de telle affection, prononcent— » 1541 : « Or à toi appartient, Roi… » 1560 : « Or c’est votre office, sire… » 1541 : « Et ne te doit détourner le contemnement de notre abjection. » 1560 : « Et ne devez être détourné par le contemnement de notre petitesse. » 1541 : « Mais nous ne lisons point ceux avoir été repris qui aient trop puisé… » 1560 : « Mais nous ne lisons point qu’il y en ait eu de repris pour avoir trop puisé. » 1541 : « Cestuy étoit Père, qui… » 1560 : « C’étoit un des Pères, qui… » 1541 : « Voysent maintenant nos adversaires… » 1560 : « Que maintenant nos adversaires aillent…261 » Et pareillement Calvin remplace en 1560 loquacité par babil, abnégation par renoncement, diriger par adresser, subjuguer par dompter, expéter par désirer, promouvoir par avancer, médiocre par moyen, cogitation et présomption par pensée, locution par façon de parler, etc.
Dans les rôles secondaires s’affirme la façon allemande de comprendre et de jouer le drame : ces très honnêtes gens traduisent en leur vie de tous les jours la vie toute mythique de leurs personnages ; sincères donc et simples, mais toujours en ces chevaliers du Saint Gral on reconnaît les sympathiques habitués des brasseries. […] De la même façon se répéteront dans la deuxième et troisième semaine d’août la deuxième et la troisième représentation de l’œuvre entière. […] Il est donc à conseiller, si l’on ne se fie pas à la représentation dramatique, de prendre connaissance du texte avant la représentation ou pendant les entractes. » Paroles d’adieu aux artistes : « Je désire faire mes adieux à mes honorés amis, les acteurs de ma Pièce de Fête, comme à ses patrons et promoteurs, et cela d’une façon qui réponde à la merveille du résultat. […] Deux âmes49 seulement exprimées ; deux âmes concevant toutes antres vivantes formes ; deux âmes uniques personnages de ce drame et le vivant ; et deux âmes qui ne sont que deux façons d’une âme, les deux sexualités, les deux modes de l’âme aimante ; une âme donc, évoquée. […] Un ouvrage les recense et les présente de façon synthétique et claire, le Voyage au cœur du Ring, Wagner, L’anneau du Nibelung, Encyclopédie, de Bruno Lussato, Fayard, 2005.
Ajoutez à ces habiletés merveilleuses, l’harmonie et l’éclat de la parole, la grâce et la force du langage, la véhémence de la passion, l’intérêt de l’action coupée avec art, et cette heureuse façon d’amonceler, sur un point donné, tous les mérites du héros de la comédie ou du drame, à condition que tous ces mérites si divers, se feront sentir, en même temps et tout à la fois . […] Les Romains, qui savaient merveilleusement désigner les diverses œuvres de l’esprit, et ce fut un grand avantage de leur critique sur la nôtre, avaient des noms pour distinguer entre elles, les diverses comédies représentées sur leurs théâtres : satyres, drames, comédies — præxtextæ, togatæ, palliafæ ; comédies vêtues à la grecque, à la façon des nobles ; vêtues à la romaine, à la façon du peuple. […] » Disant ces mots il me serrait la main d’une façon convulsive. […] Récemment encore, le roi venait d’écrire le nom de Molière sur cette glorieuse liste de gens de lettres et de savants, honorés des libéralités de Sa Majesté, et le poète s’était empressé de remercier le roi, à la façon d’un poète comique pour qui tout est sujet de comédie et même un compliment. […] Il abandonne à ses ennemis ses ouvrages, sa figure, ses gestes, sa parole son ton de voix, sa façon de réciter, mais il demande en grâce qu’on lui laisse le reste !
Il fait son entrée dans le monde à la façon ordinaire des enfants, en criant beaucoup. […] De cette façon il héritera de ses deux filles, il aura leurs 100,000 francs à lui seul pour continuer ses expériences. […] Nous pouvons voir ce que c’est que le naturalisme ; c’est-à-dire quels sont, dans l’infinie variété des « documents humains », ceux qu’il recherche et de quelle façon il s’applique à les mettre en œuvre. […] Delaplanche, je sens qu’il y a là une façon saine et robuste de regarder la nature ; il me semble pressentir là comme un art nouveau, plein d’espérances et de promesses, original sans renier les traditions, déjà grand et qui doit grandir encore ; celui-là fortifie les cœurs et les intelligences. […] On continuera cependant de le lire, non à cause de ses théories, mais en dépit d’elles, pour la vigueur de ses peintures, pour la puissance de ses conceptions, pour la façon magistrale dont il a souvent manié la langue française.
Je modifie expressément la formule de Taine, en combinant ses éléments d’une autre façon. […] Le système féodal et le système théocratique se construisent d’une façon analogue : en pyramide ; c’est une transaction entre les nécessités des groupes de contiguïté et l’universalité des principes ; c’est aussi une préparation à ce groupe plus grand : la nation. […] Certes, en supprimant ainsi une partie du problème, on circonscrit d’une façon très commode le domaine des investigations, et l’on se donne l’illusion de la certitude. […] En participant ainsi, d’une façon quelconque, à l’action du principe, l’individu agit lui-même sur l’évolution ; grâce à un élément psychologique qui lui est particulier, et dont je parlerai bientôt, l’homme devient une cause après avoir été un effet. […] Il s’impose à l’humanité dans son ensemble comme une direction générale ; il s’impose encore, de façon variable, aux individus ; mais son action recule peu à peu devant les progrès de la conscience ; sa logique même le fait aboutir à la liberté.
De quelle façon grouper et enchaîner les faits ? […] La simple induction, tirée d’un grand nombre de faits particuliers, qu’en telles circonstances données les choses se passent de telle ou telle façon.
Orsino vient de dire de quelle façon fastueuse et galante il aime Olivia. […] Brunetière, un peu de la même façon qu’il s’était rencontré avec Bossuet. […] L’atellane est soudainement crevée par l’explosion inattendue d’une façon de tragédie. […] Ils me paraîtront faux de deux façons différentes et successives, voilà tout. […] Car enfin elle pourrait aimer sa fille, à sa façon.
Voici de la façon que Descartes l’expose. […] Voilà la hiérarchie ; voilà l’échelle ; et voilà comment La Fontaine plaide, déjà, voilà comment il expose, voilà le La Fontaine dialecticien, dialecticien infiniment exact et précis, infiniment habile aussi, d’une façon presque insensible, presque inconsciente, mais parfaitement forte, dans l’ordre qu’il donne à ses preuves. […] … » Il l’ouvrit pour bien moins : tout alla de façon Qu’il ne vit plus aucun poisson. […] Alors il serait romantique encore de cette façon-là. […] Le défaut de la réalité, si le réel peut avoir un défaut, le défaut de la réalité, c’est de ne pas se présenter par grandes masses, au gré de notre goût et de notre esprit, c’est de se présenter toujours d’une façon fragmentaire, toujours dans un détail minutieux et qui paraît dispersé et dissipé.
En d’autres termes, ils définissent la durée de la façon suivante : le temps doit être défini de telle façon que la loi de Newton et celle des forces vives soient vérifiées. […] De sorte que la définition implicitement adoptée par les astronomes peut se résumer ainsi : Le temps doit être défini de telle façon que les équations de la mécanique soient aussi simples que possible. […] J’exécute un acte volontaire A et je subis ensuite une sensation D, que je regarde comme une conséquence de l’acte A ; d’autre part, pour une raison quelconque, j’infère que cette conséquence n’est pas immédiate ; mais qu’il s’est accompli en dehors de ma conscience deux faits B et C dont je n’ai pas été témoin et de telle façon que B soit l’effet de A, que C soit celui de B, et D celui de C.
Et quand il n’aurait aucune vérité, quand il ne serait pas, à sa façon, œuvre d’histoire et de critique, pourquoi le dédaigner ? […] Après plusieurs années de vertu, elle est prise d’une rage d’amour ; elle se dépouille et s’endette pour un jeune polisson du faubourg qui l’exploite et la maltraite de mille façons et l’abandonne enfin. […] On semblait vouloir reconnaître dans sa façon de peindre la beauté de son âme. […] Manette Salomon, Charles Demailly et Renée Mauperin (avec Denoisel) sont, à ce point de vue surtout, trois livres ultra-parisiens, qui pourront, dans cent ans, donner à nos descendants une idée assez juste de la façon dont conversaient les plus spirituels et les plus blasés de leurs pères dans la seconde moitié du XIXe siècle. […] Stylistes, ils ne le sont point du tout à la façon des autres ; ils dédaignent dans le style tout ce qui ne sert pas à faire voir ou à faire sentir Mais, quand on parle de leur style, il faut distinguer entre leurs livres.
Le Lecteur même un peu éclairé n’y peut méconnoître, en plusieurs endroits, la touche & les idées de l’Historien du Siecle de Louis XIV : c’est sa maniere d’écrire, sa tournure d’esprit, sa façon de penser ; ce qui a fait dire à quelques personnes, qu’il avoit eu grande part à cet Ouvrage. […] Bossuet, qu’ils avoient une façon de penser toute philosophique, & que s’ils étoient nés à Londres, ils auroient donné l’essor à leur génie, & déployé leurs principes, que personne n’a bien connus, s’il n’avoit voulu grossir la Liste philosophique de deux noms, qui en seront toujours le fléau ?
Pour qui se les procure et les possède d’une façon mauvaise, elles sont mauvaises. […] S’il était continu, il ne serait pas senti et par conséquent il ne serait le plaisir en aucune façon. […] Les arts, donc, les arts proprement dits, et c’est pourquoi il ne faut ni en dire du mal, ni en dire trop de bien, d’une certaine façon nous mènent à la morale et d’une autre façon nous en détournent. […] C’est votre façon d’être matière d’art. […] Il doit être honnête homme d’une façon générale, comme tout le monde, et honnête homme spécialement et d’une façon particulière à titre d’artiste et quand il s’applique à son art.
Il vous initie à tout, et il n’y aurait qu’à le remercier pour tant de bonne grâce et d’aimable confidence, s’il ne partait de là pour jeter, en littérature et en poésie, certaines façons de voir qu’il est impossible d’accepter par rapport à l’art en général, et par rapport à son propre talent, car ce serait une ruine. On a vu dernièrement, on a surpris la façon de travail et d’étude d’André Chénier : on a assisté aux ébauches multipliées et attentives, dans l’atelier de la muse. […] Mais, selon cette idée que se fait le bon public, on n’est pas défiguré toujours, on est idéalisé quelquefois : n’en faudrait-il pas prendre son parti alors, composer avec cet idéal, et ne le pas secouer avec ce sans façon ? […] Le poëte le lui redit en vingt façons ; il croyait lire Tibur, à l’exergue de la bague (du cachet), mais c’était Eyrague ; la dureté du vers l’a puni de sa pensée. […] De quelle façon il traite ses vers en nous les prodiguant !
Il éprouva de bonne heure, de façon aiguë et persistante, ce que nous ne sentons qu’à certaines minutes et mollement : le vide et l’inutilité de la vie d’un journaliste, ou d’un littérateur, ou d’un bourgeois, qui n’est que cela. […] Jusque dans ses articles, mais surtout dans ses lettres et dans ses romans, dans ses recueils de petits contes et de « variétés », il ne rougit point d’avoir le style « dévot », à la façon d’un curé de campagne. […] S’il eût vécu, les façons de Léon XIII l’eussent d’abord un peu surpris ; il eût regretté Pie IX, si bon, si généreux, et qui l’aimait tant. […] Plus d’une fois il m’a désolé par la façon dont il traite des gens pour qui j’ai de l’indulgence, de la sympathie, ou même du respect Mais il eut en même temps des « faiblesses » charmantes. […] Mais, quand ils le sont, c’est généralement à la façon de très belle prose.
Au lieu de cela, elle lui dit (avec des façons, je le sais, et comme si cela lui échappait) : « Le duc demande ma main. […] Et Costard, Labosse, Bobette et les autres nous apparaissent ainsi comme des façons de poètes burlesques. […] Et ça finit en opérette, de façon qu’il y en ait pour tous les goûts. […] Il a ce grand mérite, de soulever fréquemment des cas de conscience, sans s’en douter peut-être, et rien que par la façon dont il observe et traduit la réalité. […] et cette façon-là n’a-t-elle pas un je ne sais quoi qui s’accommode mal avec la mission publique d’un ministre de Dieu ?
Ces façons de prendre les gens à la gorge et de leur dire : « Tu parles la même langue que nous, donc tu nous appartiens », ces façons-là sont mauvaises ; la pauvre humanité, qu’on traite un peu trop comme un troupeau de moutons, finira par s’en lasser.
*** Ce point de vue engendre une façon différente de la commune d’apprécier le réel. […] Constatons encore que la réalité nouvelle, que l’on voit se développer à Rome et en Grèce après l’affaiblissement de la première croyance, continue de prendre son point d’appui sur la réalité ancienne : les fictions romaines sont un admirable exemple de la façon dont se comporte une réalité qui conserve le pouvoir d’évoluer jusque dans sa maturité ; elle se meut et progresse, mais parmi, toutes les modifications scion lesquelles elle se métamorphose, elle ne manque pas de conserver avec son passé le plus ancien des communications secrètes et d’intimes analogies. […] Toute réalité vivante est soumise à la nécessité, — s’étant conçue de quelque façon afin de se former, — de se concevoir autre désormais et de se différencier quelque peu d’elle-même pour persister dans l’existence : « Qu’il faille que je sois lutte, devenir et but et contradiction des buts »22, tel est l’aveu secret que murmure la Vie à l’oreille attentive de Zarathoustra.
Tout son procédé consiste, non dans la façon de rendre, mais dans la façon de sentir. […] Madame de Duras mit moins de façon encore à immoler sa fidélité conjugale. […] C’est la façon seule de peindre les choses qui produit cette antinomie apparente. […] Les diverses façons dont on entend l’inspiration ne changent donc pas les résultats. […] C’est une autre façon de voir la vie, mais c’est bien toujours de la vie.
L’invention suppose évidemment une innovation, une façon de sentir, de penser ou d’agir qui ne s’est pas encore produite. […] Elles contribuent de la même façon que les autres, mais avec moins de force, d’éclat et d’intensité, à la formation de l’œuvre totale. […] Mais il remarque de graves défauts dans la façon dont il a compris le sujet. […] Mais la façon dont j’amène ma scène importante ne me plaît pas. […] Ma réflexion se dramatise d’elle-même et d’une façon si heureuse que je la croyais voulue… après coup.
Vielé-Griffin y parvinrent pour la première fois, de façon publique à l’héliogravure. […] Cette façon de prendre, d’objectiver son âme en formes tangibles et extérieures, Verlaine l’abandonna. […] Leconte de Lisle n’est pas, n’est nullement issu d’Hugo ; il est contraire comme tempérament, et Olympien à la façon des grands poètes. […] Les poèmes qu’on nous donne sont conçus à la façon des poèmes occidentaux, des poèmes allemands surtout. […] Dans Jadis et Naguère les deux façons d’écrire et de concevoir l’unité de la pièce alternent.
On distinguait toutes les façons possibles de construire un syllogisme ; on en étudiait à fond les formes et les règles ; on leur donnait des noms bizarres ; on poussait des arguments en barbaro, en baroco ou en baralipton. […] Au reste, s’il y a des caractères communs à tous les systèmes qui subordonnent l’éducation au dessein de travailler avant tout pour la religion chrétienne, l’esprit dans chacun d’eux varie suivant la façon dont ceux qui l’ont adopté comprennent le christianisme. […] Il y a aussi façon et façon d’enseigner les lettres. […] Ingratitude naïve et cruelle, mais qui sera punie à son tour de la même façon par une autre génération montante ! […] Il annonçait ainsi qu’une nouvelle façon de concevoir la beauté réclamait son droit à la vie et à la lumière.
Dix-huit strophes y recommandent de confondre l’antique au biblique et au moderne ; dix pages de vers envolés et fugaces constatent que la femme ne se livre plus en don gratuit ; seize pages à quatre strophes redisent de mille façons ironiques que Dieu n’a pas besoin de l’homme pour parachever ses œuvres. […] Au lieu d’user d’une minutieuse énumération de détails, terminée et raccordée par une large période générale, à la façon des réalistes, M. […] Nous touchons ici à la façon dont M. […] Que ces sentiments, cette façon de penser, d’être ému et d’exprimer, est portée chez M. […] Hugo est d’accord avec toutes les intelligences moyennes, qu’il éblouit, en outre, par l’admirable, neuve, et persuasive façon dont il exprime leur pensée.
Presque toujours il apporte dans les relations sociales des façons polies et cérémonieuses derrière lesquelles il se retranche ; ou, s’il est bonhomme et jovial, cette bonhomie ne nous renseigne guère mieux sur sa vie intérieure. […] On saurait comment se comporte un prêtre chez lui et avec ses confrères ; on se serait imprégné de leurs façons ; on les aurait vus au naturel ; car, n’étant qu’un enfant, et un enfant destiné au sanctuaire, on ne les aurait pas gênés et ils vous auraient laissé tourner autour de leurs plus intimes réunions. […] Des façons d’être qui semblent toutes simples aux prêtres et aux fidèles pieux, et auxquelles ils ne prennent pas garde parce qu’elles leur sont familières et naturelles, si on les voit du dehors, apparaissent singulières, fortement caractéristiques, et révèlent des âmes extrêmement différentes de celles de la grande majorité des hommes. […] Ni un prêtre n’est bon ni il n’est méchant de la même façon que nous ; ou, si l’on veut, il l’est encore d’une autre façon. […] Une maladie, un déménagement, un pèlerinage, un acte de charité imprudente et candide, voilà donc toute l’action ; mais de quelle adorable façon se révèle l’innocence du bon curé !
Sans vouloir dérouler la longue histoire des façons, diverses dont l’amour a été compris par les différentes époques, il est permis de choisir quelques exemples pour montrer les phases extrêmes par où ont passé ce sentiment et son expression. […] Aussi faut-il considérer les moments où la puissance des femmes s’exerce de façon moins bruyante, mais plus profonde et plus sûre. […] » — Et toujours courant et gambadant : « C’est que sous les rois ce sont les femmes qui gouvernent, et ce sont les hommes sous les reines. » Le règne des favorites en France a prouvé la justesse de cette boutade, et, sans parler des Maintenon ou des Diane de Poitiers qui ont, chacun le sait, inspiré, commandé, suscité des œuvres conformes à leurs préférences, il y a des temps où les hommes féminisés subissent un ascendant qui, pour être doux et insinuant, n’en modifie pas moins leur façon de penser et d’écrire. […] On pourrait croire qu’ils ont dû se répéter de la façon du monde la plus fastidieuse. […] Entre homme de condition et homme en condition, il ne voit que la différence d’une lettre ; il ne se borne plus à copier les façons de son maître ; il prend ses habits et son nom, et ce n’est pas toujours pour le parodier, comme ce fou de Mascarille.
Ce sont des « hommes du monde », cela se voit à leur mise et à leur façon de se saluer, de sourire, de se serrer la main. […] ou est-ce au contraire leur abstention qui lui a fait adopter des façons plus dogmatiques ? […] L’orateur a trop d’apostrophes à la façon de Bossuet : « Onction de la vérité, sages conseils, prescriptions salutaires, pressez-vous sur mes lèvres », etc Il a trop, à mon goût, de solennelle phraséologie oratoire, de formules guindées : « Cette conclusion n’est pas le fruit de mon interprétation privée. J’estimerais peu les efforts que j’ai faits pour l’obtenir si je ne me sentais appuyé par l’interprétation unanime de dix-huit siècles », etc Il a des façons violentes et hyperboliques d’exprimer des choses très simples : « Si j’allais vous dire, de mon autorité privée : Confessez-vous, est-ce que vous tomberiez à genoux ? […] D’autres, à l’exemple de Lacordaire, agitent les questions de l’heure présente, combattent le siècle sur son propre terrain, mais à leur façon et sans chercher à imiter la manière du grand dominicain.
Je n’emploie ce dernier vocable d’une façon générale que pour les explications contenues dans cet essai. […] Ces animaux-guinné perdent, lorsqu’ils figurent dans les contes, les caractéristiques conventionnelles que les fables leur attribuent d’une façon invariable. […] Mœurs et habitudes des Guinné. — Les guinné proprement dits habitent parfois des villages bâtis à la façon de ceux des hommes. […] On peut aussi deviner leur véritable nature à leur façon de parler (le guinné aime à parodier l’accent de ses interlocuteurs) et à leur prononciation nasale. […] Ces unions ne sont pas heureuses et finissent de façon fâcheuse ; aussi se contractent-elles généralement grâce à l’insincérité du prétendant qui dissimule sa véritable nature avant et même, dans la plupart des cas, après le mariage.
Contre les ignorants, ils maintiennent la nécessité de l’étude, de l’art, du travail ; que la nature toute seule ne fait pas des chefs-d’œuvre, et que les anciens seuls nous enseignent la façon des chefs-d’œuvre. […] « Laisse, dit Du Bellay, toutes ces vieilles poésies françoises aux Jeux Floraux de Toulouse et au puy de Rouen, comme Rondeaux, Ballades, Virelais, Chants royaux, Chansons, et autres telles épiceries… — Jette-toi à ces plaisants épigrammes, … à l’imitation d’un Martial… Distille… ces pitoyables élégies, à l’exemple d’un Ovide, d’un Tibulle et d’un Properce… — Chante-moi ces odes inconnues encore de la muse françoise, d’un luth bien accordé au son de la lyre grecque et romaine. » On pourra faire des épitres, élégiaques comme Ovide, ou morales comme Horace ; des satires, à la façon d’Horace. […] Mais on le sent artiste dans l’attention qu’il donne à la sonorité des vers, dans cette curieuse prière qu’il adresse à son lecteur de ne point lire sa poésie « à la façon d’une missive ou de quelques lettres royaux », dans des remarques telles que celle-ci sur la valeur sensible des sons : « A, O, U, et les consonnes M, B, et les SS finissant les mots, et, sur toutes, les RR qui sont les vraies lettres héroïques, sont une grande sonnerie et batterie aux vers ». […] C’est qu’alors il n’y a pas seulement faute de façon en notre langue : quand il commence d’écrire, dix ans avant les Vies d’Amyot, il y a vraiment encore un peu faute d’étoffe.
Ces grands airs, ces gestes immenses, ces prédilections farouches, cette superstitieuse vision de l’aristocratie, cette peur et cet amour du diable, ce catholicisme qui ne recouvre aucune vertu chrétienne, cette impertinence travaillée, ces colères, ces indignations, cet orgueil, cette façon emphatique et terrible de prendre les choses…, j’ai une peine infinie à y entrer. […] D’un ensemble de pratiques insignifiantes et inutiles il fait un art qui porte sa marque personnelle, qui plaît et qui séduit à la façon d’un ouvrage de l’esprit. […] C’est à la façon et un peu par les moyens des femmes qu’il domine. […] Toute cette œuvre où s’épand une imagination si riche, où roule une si vertigineuse rhétorique, je me dis que, si elle est retentissante, c’est peut-être à la façon d’une armure vide, et que si elle est empanachée, c’est peut-être comme un catafalque qui recouvre le néant.
Leur façon de sentir la vie et la société est trop différente. […] Chacun doit être libre de conduire sa barque, à ses risques et périls et de chercher son bien à sa façon. […] Il est vrai que deux hommes ne voient pas de la même façon la même feuille d’arbre et qu’ils n’apprécient pas exactement de la même manière la distance entre deux arbres. […] C’est cette idée que, sujets à changer, nous agissons d’une façon déraisonnable quand nous nous lions pour l’avenir.
Il y a de la dérision dans la façon dont il apporte à son père le titre de comte qu’il a obtenu pour lui. Ce crachat nobilaire semble reprendre son synonyme injurieux à la façon dont il le lui laisse ; il le blasonne comme il le marquerait. […] Les cantharides font des économies de fourmis ; les vampires du vice digèrent longuement, à la façon des sangsues, l’or et la vie qu’ils ont soutirés. […] Quoi qu’il en soit, le père se redresse sous cette lâche insinuation qui l’enlace, à la façon d’un serpent ; puis il retombe accablé de honte, à l’idée qu’elle a souillé l’esprit de son fils.
On se rend propre en un jour des tours et des façons d’operer, qui coûterent aux inventeurs des années de recherche et de travail. […] Raphaël tenta de faire comme Le Georgeon avoit fait, et devinant par la force de son génie, la façon d’operer du peintre qu’il admiroit, il approcha de son modele. […] Ils se rendent propre facilement la façon de tourner les vers et la mécanique des auteurs de ces ouvrages.
Ils l’inventent, ils le conçoivent de la façon la plus superficielle du monde. […] C’est placer sa vanité d’une façon un peu singulière. […] Il ne l’est pas de la même façon que Voltaire, mais il l’est autant et même plus violemment. […] Jaurès a dit, de son côté, exactement la même chose d’une façon plus forte. […] Le député ne peut même mettre en coupe réglée que cela d’une façon sérieuse et lucrative.
Et peut-être est-ce une autre façon de ne pas comprendre. […] la singulière façon d’aimer ! » Oui, ma cousine, la singulière façon ! […] Il fait sa besogne à la façon d’un employé. […] Il a fait, lui aussi, à sa façon (et cette façon est claire, sincère et vivante), ses Rois en exil.
Carlyle a son style propre, et note son idée à sa façon ; c’est à nous de la comprendre. […] Voilà de quelle façon Carlyle traite les idées qui lui sont les plus chères. […] Ce christianisme est fort libre ; Carlyle prend la religion à l’allemande, d’une façon symbolique. […] Sa façon d’entendre la vie est trop éloignée de la nôtre. […] Ces pauvres gens, boutiquiers et fermiers, croyaient de tout leur cœur à un Dieu sublime et terrible, et ce n’était pas une petite chose pour eux que la façon de l’adorer1460. « Supposez qu’il s’agisse pour vous d’un intérêt vital et infini, que votre âme tout entière, rendue muette par l’excès de son émotion, ne puisse en aucune façon l’exprimer, en sorte qu’elle préfère le silence à toute expression possible, que diriez-vous d’un homme qui s’avancerait pour l’exprimer à votre place au moyen d’une mascarade et à la façon d’un tapissier décorateur ?
Il en est d’assez piquants : Autrefois on faisait ses ouvrages soi-même, On portait sur ce point le scrupule à l’extrême ; Maintenant on s’y prend de tout autre façon… …………….. […] Ce morceau même sur Descartes déclare assez l’esprit de l’ouvrage, et bien qu’on puisse craindre qu’il n’y ait dans cette façon de voir un peu de construction a posteriori et que ce soit se montrer, nous le croyons, par trop satisfait de soi-même et de sa propre littérature, on recherchera justement l’ouvrage de M.
Il ne nous appartient pas — et il serait sans doute infructueux — de rechercher ce qui nous est parvenu du sang ou de l’humeur de nos aïeux celles et gaulois, dans quelle mesure précise, de quelle façon la conquête romaine et l’immigration franque ont modifié le tempérament de la race, où s’étaient déjà mêlés plusieurs éléments. […] Nous les verrons apparaître successivement, groupés de diverses façons, plus ou moins distincts ou engagés dans la complexité des formes individuelles.
Dans ces deux volumes, il manque un je ne sais quoi ; le poète se garde trop, s’observe trop, il surveille son lyrisme à la façon d’un grammairien, et je suis persuadé qu’il l’émonde trop. Des deux volumes, je préfère À l’orée de beaucoup ; j’aimerais mieux que la nature y fût chantée librement, au lieu d’être ainsi sévèrement modelée ; mais en se contentant de ce qu’on y trouve, on se sent en contact avec de la poésie vraie, encore que nuancée, fond et rythme, à la façon d’un érudit, ce qui ne peut surprendre personne, étant donnée la sûre et modeste érudition dont M.
Combien grande doit être la majesté d’un lieu où tout l’art de la création a été employé et que Dieu a choisi pour se manifester de la façon la plus magnifique ! […] Il exige la science du style comme la science des façons. […] Elle renferme un bon sens incisif, l’habitude de se contenir, des façons d’homme d’affaires, mais par-dessus tout un fonds d’invention énergique. […] C’est un ambassadeur de Bantam qui raille, à la façon de Montesquieu, les mensonges de la politesse européenne. […] En effet, sans s’en douter, il invente le roman en même temps et de la même façon que ses voisins les plus illustres.
De cette façon, les deux électricités opposées de la comédie et de la tragédie se rencontrent, et l’étincelle qui en jaillit, c’est le drame. […] En se dissolvant elle se divise, et voici de quelle façon : Le royaume chancelle, la dynastie s’éteint, la loi tombe en ruine ; l’unité politique s’émiette aux tiraillements de l’intrigue ; le haut de la société s’abâtardit et de génère ; un mortel affaiblissement se fait sentir à tous au-dehors comme au-dedans ; les grandes choses de l’état sont tombées, les petites seules sont debout, triste spectacle public ; plus de police, plus d’armée, plus de finances ; chacun devine que la fin arrive. […] Si le double tableau que nous venons de tracer s’offre dans l’histoire de toutes les monarchies à un moment donné, il se présente particulièrement en Espagne d’une façon frappante à la fin du dix-septième siècle.
Jamais guerriers d’une âme plus haute ne se rendirent chez un roi en plus superbe façon. […] La femme du roi Etzel les sépara bientôt d’une façon si cruelle ! […] C’était un héros adroit: il le fit voir d’une effroyable façon. […] Maintenant la Reine fait tomber sur nous sa colère d’une façon effroyable ! […] La fête du roi se termina d’une façon sanglante, car souvent l’amour finit par produire le malheur.
Nous devrions au moins pouvoir prouver que ces transitions sont possibles d’une façon quelconque, et c’est ce que nous pouvons faire aisément. […] Naturellement les succès d’une espèce d’Abeille peuvent dépendre aussi du nombre de ses parasites et de ses autres ennemis ou de toute autre cause, et par conséquent ne dépendre en aucune façon de la quantité de miel qu’elle peut recueillir. […] On m’accusera d’avoir une foi excessive en la valeur du principe de sélection naturelle ; mais je me refuse à admettre qu’aucun de ces faits, si merveilleux et si bien établis qu’ils soient, renverse en aucune façon ma théorie, ainsi du reste qu’on va le voir. […] Je ne prétends pas que les faits rapportés dans ce chapitre fortifient en aucune façon ma théorie ; mais les difficultés qu’ils soulèvent ne peuvent non plus, à mon avis du moins, la renverser. […] De cette façon toutes les difficultés de la théorie disparaîtraient à la fois.
Les fautes, depuis cette époque, ont été entassées de façon qu’on ne pourrait guère les expliquer qu’en supposant de mauvaises intentions. […] Ce fut M. de Choiseul qui, sans être peut-être au-dessus de lui par la naissance, mais en y joignant de tout temps les façons et l’état d’un grand seigneur, sut gagner cette influence nécessaire, et la justifia en définitive par sa capacité. […] Quand je saurai ce que le roi pense de cette idée, que je n’ai pas trouvée dans ma façon de penser, mais que le bon sens, la raison et la nécessité me présentent, je vous la détaillerai. […] Bernis alors indique son plan, qui, du reste, ne fut jamais qu’à l’état d’ébauche : il ne s’agit pas, selon lui, de traiter séparément avec le roi de Prusse ; mais « la meilleure façon de mettre ce roi à la raison, c’est de faire la paix avec l’Angleterre ; et c’est à quoi, dit-il, je songe nuit et jour » (25 janvier 1758). […] Quatre jours après, le 17 décembre 1758, de son château de Vic-sur-Aisne, près de Soissons, où il devait passer le temps de son exil, il écrivait à M. de Choiseul pour lui témoigner qu’il ne lui imputait point sa disgrâce et pour régler leurs relations futures : Mme de Pompadour, monsieur le duc, a dû vous dire la façon dont j’ai pensé sur votre compte au premier moment de ma disgrâce.
Insistant sur l’utilité dont peut être une bonne dialectique pour prémunir contre les faux jugements : « Il est certain, dit-il, que la lecture fréquente des ouvrages de Bayle donne à l’esprit une certaine volubilité sur cette matière, qu’il ne tiendra jamais uniquement des avantages de la nature. » Tout en recommandant particulièrement à son frère quelques écrits de son auteur de prédilection, il ajoute que lui-même est occupé de faire imprimer en ce moment un extrait du Dictionnaire ; il compte que cet abrégé, qui porte principalement sur la partie philosophique de l’ouvrage, se répandra dans le public et pourra être utile : Je suis persuadé que la mauvaise conduite de la plupart des hommes vient moins d’un principe de méchanceté que d’une suite de mauvais raisonnements ; et je crois par conséquent que si on pouvait leur apprendre à raisonner d’une façon plus juste et plus conséquente, leurs actions s’en ressentiraient d’une manière avantageuse. […] Il finit cette même lettre où il a causé métaphysique, en annonçant à son frère la mort de Mme de Pompadour, ou, pour parler comme lui, de la Pompadour, car Frédéric n’y met pas tant de façons. […] Frédéric s’empressa de visiter la portion de territoire qui lui était échue : J’ai vu, dit-il (12 juin 1772), cette Prusse (polonaise) que je tiens en quelque façon de vos mains ; c’est une très bonne acquisition et très avantageuse, tant pour la situation politique de l’État que pour les finances ; mais, pour avoir moins de jaloux, je dis à qui veut l’entendre que je n’ai vu sur tout mon passage que du sable, des sapins, de la bruyère et des juifs. […] Il ne se contentait pas d’appliquer envers la grande souveraine, femme pourtant par bien des côtés, le précepte de conduite que lui donnait crûment son frère : « Les Indiens disent qu’il faut adorer le diable pour l’empêcher de nuire. » Il y mettait plus de façon et d’art. […] Un jour que Frédéric lui avait envoyé un écrit de sa façon, un Essai sur les formes de gouvernement et sur les devoirs des rois (1777), le prince Henri, en remerciant son frère, lui disait : Vous avez fait le plus beau portrait des devoirs d’un souverain ; ce tableau cependant ne peut guère être imité : il faudrait toujours des princes doués de votre génie, et qui eussent vos connaissances ; la nature n’en produit pas de cette espèce : je désirerais donc encore un chapitre utile pour un homme que la naissance place sur le trône, mais auquel la nature a refusé les dons que vous possédez.
Je le vois d’une façon ; mais, tout de suite après, je le vois d’une autre. […] Dès aujourd’hui l’écrivain qui concevrait entièrement et profondément toutes les façons dont le monde s’est reflété dans des intelligences ne pourrait guère être défini que par cette aptitude même à tout pénétrer et à tout embrasser. […] Il s’agirait de chercher, pour employer ses propres expressions, « quelles façons de sentir et de goûter la vie il propose à de plus jeunes que lui » — ou à ceux de sa génération. […] De même encore, il affecte de connaître et d’aimer les derniers raffinements du luxe contemporain ; il s’en voudrait d’avoir ignoré un seul détail de la plus élégante façon de vivre inventée par les derniers civilisés. […] Et ainsi de suite Et, si ces diverses façons de voir et de sentir sont fort mélancoliques par elles-mêmes, l’analyse qu’on fait de chacune d’elles en redouble la tristesse en nous la montrant incurable Bref, connaître, c’est être triste, parce que toute connaissance aboutit à la constatation de l’inconnaissable et à celle de la vanité de l’être humain.
Et cela n’est pas contradictoire avec l’hypothèse que nous avons émise de la naissance en plusieurs berceaux de certaines formes d’art ou de certaines façons de penser et de sentir. […] Les mêmes vers ne peuvent agir de même façon sur des gens qui ont du poète des conceptions si divergentes. […] Il faut les suivre en tout domaine ; tout peut subir et trahir une influence étrangère ; le jour où à Paris l’on porta des cravates à la Walter Scott, la popularité acquise en France par l’illustre romancier fut, par cet hommage qui n’avait rien de littéraire, démontrée d’une façon incontestable. […] Il est bien certain que le drame libre, à la façon de Lope de Vega et de Shakespeare, a contribué à briser le moule de notre tragédie classique. […] Il faut discerner la façon dont chaque auteur a su profiter des modèles qu’il a choisis ou rencontrés ; il y a cent degrés dans cet art ; on ne saurait confondre le copiste qui abdique son indépendance, et se fait le docile esclave d’un devancier avec l’adaptateur habile qui crée en imitant, qui prend un grain de semence chez autrui, le fait lever, fleurir, fructifier en pousses vigoureuses et nouvelles ; ni surtout avec l’inventeur qui ne puise guère qu’une noble émulation et un encouragement dans la contemplation des chefs-d’œuvre offerts à ses regards.
Un des meilleurs témoins de ce temps-là, Mme Du Deffand, dont M. et Mme Necker firent la connaissance. en 1773, nous les a peints, la femme et le mari, et surtout le dernier, d’une façon vraie et qui ne laisse rien à désirer au point de vue de la société : « Ils ont voulu me connaître, dit-elle, parce qu’on m’a donné auprès d’eux la réputation d’un bel esprit qui n’aime point les beaux esprits ; cela leur paraît une rareté digne de curiosité. » Elle se reproche d’abord d’avoir cédé à leur désir, puis bientôt, quand elle a connu M. […] Ce trait distinctif lui est commun avec les hommes distingués qu’on a compris sous le nom de doctrinaires, et qui ont essayé, en leur temps, de donner une nouvelle façon, un nouveau pli à l’esprit français. […] Franchement est un mot souvent employé par une personne dissimulée, sans façon par un homme exigeant. […] Le petit essai de sa façon qu’il intitula Le Bonheur des sots circula dans la société au xviiie siècle et y fut extrêmement goûté. […] On fait aussi un accueil particulier, mais de simple prévenance, aux personnes d’une existence incertaine dans le monde, et qu’on veut rassurer ; mais, si elles s’y méprennent, une interrogation d’un ton détaché, et se terminant en accent aigu, les avertit qu’elles ont pris trop tôt de la confiance… La manière d’entrer dans un salon, et cette façon dont chacun séparément s’étudie à prendre le rang et l’attitude qu’il croit lui convenir, ne sont pas rendus par M.
» et sa façon d’enseigner le courage n’était pas un encouragement. […] Remarquez-vous ses façons de parler quand il fait de la politique ? […] Ce n’est autre chose que sa façon de comprendre. […] On peut s’y tromper, sans être complètement dans le faux et d’une façon assez plausible. […] Même dans cette sorte de décadence, le charme de cette façon de faire n’a pas disparu.
Je n’aime qu’à demi la façon dont elle est jouée. […] Au reste, la façon de M. […] Il y a plusieurs façons de prendre la mythologie grecque. […] Mais enfin il me semble bien qu’il n’y a qu’une façon de lancer ce « Vieille taupe ! […] Ce qui a le plus changé, c’est l’aspect, c’est le costume, ce sont les façons.
Mais chez Weiss elle apparaît en plein, naïvement et d’une façon presque continue. […] Il l’aime à sa façon. […] Ils ont presque des façons d’âme. […] C’est un ouvrier dont beaucoup de messieurs pourraient envier l’intelligence et les façons. […] Au reste, nullement « artiste » de façons.
On ne songe pas que chaque nation, avec ses temples, ses dieux, sa poésie, ses traditions héroïques, ses croyances fantastiques, ses lois et ses institutions, représente une unité, une façon de prendre la vie, un ton dans l’humanité, une faculté de la grande âme. […] Autrefois tout était considéré comme étant ; on parlait de droit, de religion, de politique, de poésie d’une façon absolue 99. […] Mais la façon dont le peuple prenait la vie, le système intellectuel sur lequel le temps se reposait, on ne s’en occupe pas, et là pourtant est le grand principe moteur. […] Ce qu’on appelle psychologie, celle des Écossais par exemple, n’est qu’une façon lourde et abstraite, qui n’a nul avantage, d’exprimer ce que les esprits fins ont senti bien avant que les théoriciens ne le missent en formules. […] Ozanam a montré d’une façon non subtile que Dante a conçu l’unité de l’humanité d’une façon presque aussi avancée que les modernes.
Il n’en était qu’une portion étroite et brillante, découpée dans l’ensemble d’une façon un peu artificielle. […] Il y en a qui ont bien tourné et qui ont fait de riches mariages ; d’autres qui ont fini d’une façon plus conforme au bon fonctionnement de la société, c’est-à-dire en prison. […] Quand je pense à la façon dont Grosclaude traitait les directeurs de théâtre ! […] Alors, elle s’adapte d’une façon presque instantanée aux conditions de la scène : elle est le liquide qui prend la forme du vase. […] ou réduite à rentrer dans la ferme où le vent et le soleil lui farderont la peau à leur rude façon ?
Quand il s’agit de transférer l’établissement de Rueil à Noisy, elle ne veut pas qu’on se jette dans les superfluités ni qu’on renouvelle toutes choses : Conservez bien tout ce que vous avez pour l’autel, car j’ai dit que nous ne voulions point qu’on en fît, et que nous arrangerions les dedans à notre fantaisie ; je connais MM. les architectes du roi, ils nous accommoderaient de la façon du monde la plus régulière pour la symétrie et la plus incommode ; ne perdons pas le moindre banc et la plus petite chaise de paille ; tout nous servira, et nous en demanderons moins, qui est pour moi le souverain bonheur. […] Cela bien entendu, elle veut le vrai dans l’éducation dès le bas âge : « Point de contes aux enfants, point en faire accroire ; leur donner les choses pour ce qu’elles sont. » — « Ne leur faire jamais d’histoires dont il faille les désabuser quand elles ont de la raison, mais leur donner le vrai comme vrai, le faux comme faux. » — « Il faut parler à une fille de sept ans aussi raisonnablement qu’à une de vingt ans. » — « Il faut entrer dans les divertissements des enfants, mais il ne faut jamais s’accommoder à eux par un langage enfantin, ni par des manières puériles ; on doit, au contraire, les élever à soi en leur parlant toujours raisonnablement ; en un mot, on ne peut être ni trop ni trop tôt raisonnable. » — « Il n’y a que les moyens raisonnables qui réussissent. » — Elle le redit en cent façons : « Il ne leur faut donner que ce qui leur sera toujours bon, religion, raison, vérité. » Dans un siècle où sa jeunesse pauvre et souriante avait vu se jouer tant de folies, tant de passions et d’aventures, suivies d’éclatants désastres et de repentirs ; où les romans des Scudéry avaient occupé tous les loisirs et raffiné les sentiments, où les héros chevaleresques de Corneille avaient monté bien des têtes ; où les plus ravissantes beautés avaient fait leur idéal des guerres civiles, et où les plus sages rêvaient un parfait amour ; dans cet âge des Longueville, des La Vallière et des La Fayette (celle-ci, la plus raisonnable de toutes, créant sa Princesse de Clèves), Mme de Maintenon avait constamment résisté à ces embellissements de la vérité et à ces enchantements de la vie ; elle avait gardé son cœur net, sa raison saine, ou elle l’avait aussitôt purgée des influences passagères : il ne s’était point logé dans cette tête excellente un coin de roman. « Il faut leur apprendre à aimer raisonnablement, disait-elle de ses filles adoptives, comme on leur apprend autre chose. » Et de plus, cette ancienne amie de Ninon savait le mal et la corruption facile de la nature ; elle avait vu de bien près, dans un temps, ce qu’elle n’avait point partagé ; ou si elle avait été effleurée un moment, peu nous importe, elle n’en était restée que mieux avertie et plus sévère. […] N’ayant point ce qui seul peut faire un fondement solide, j’ai voulu que les filles eussent de l’esprit, qu’on élevât leur cœur, qu’on formât leur raison ; j’ai réussi à ce dessein : elles ont de l’esprit et s’en servent contre nous ; elles ont le cœur élevé, et sont plus fières et plus hautaines qu’il ne conviendrait de l’être aux plus grandes princesses… Venant au remède, elle veut pourtant ne procéder que par degrés et ne corriger le mal que de la même façon qu’il est venu : Comme plusieurs petites choses fomentent l’orgueil, plusieurs petites choses le détruiront. […] Fagon de ce qu’il parle de médecine d’une manière si simple et si intelligible qu’on croit voir les choses qu’il explique : un médecin de village veut parler grec. » Dans le texte actuel des lettres de Mme de Maintenon telles que nous les possédons enfin, sans les altérations de La Beaumelle, il nous est permis, à notre tour, de juger avec plus d’assurance de sa façon de dire et d’écrire.
De tout petits faits bien choisis, importants, significatifs, amplement circonstanciés et minutieusement notés, voilà aujourd’hui la matière de toute science ; chacun d’eux est un spécimen instructif, une tête de ligne, un exemplaire saillant, un type net auquel se ramène toute une file de cas analogues ; notre grande affaire est de savoir quels sont ses éléments, comment ils naissent, en quelles façons et à quelles conditions ils se combinent, et quels sont les effets constants des combinaisons ainsi formées. […] On apprendrait de lui la façon dont les figures se forment dans son esprit, sa manière de voir mentalement les objets imaginaires, l’ordre dans lequel ils lui apparaissent, si c’est par saccades involontaires ou grâce à un procédé constant, etc. […] Admettons que ces organes soient, comme il est probable, les cellules de la substance grise ; en ce cas, dans les centres sensitifs comparés à l’écorce cérébrale, et dans les diverses régions de l’écorce cérébrale comparées entre elles, certaines cellules ou certains groupes de cellules devront présenter le même type ; il y en aura peut-être un pour celles de la vue, un autre pour celles de l’odorat, un autre pour celles de l’ouïe ; toutes celles du même type devront communiquer entre elles d’une façon particulière ; on reconnaîtra un centre sensitif et ses répétiteurs à leur similitude et à leurs connexions. […] De cette façon, après avoir profité de l’analyse physiologique, l’analyse mentale lui vient en aide, certaine que le flambeau qu’elle lui prête lui sera bientôt restitué plus brillant.
Remarquez comme, dans la littérature de notre temps, tous nos sentiments, toutes nos façons d’être, toutes nos attitudes intellectuelles et morales se sont tendues et exaspérées. […] Rochefort se le figurerait volontiers vivant à peu près de la même façon que M. […] Si je ne garantis point qu’il aime le peuple à la façon des apôtres mystiques de la révolution sociale, je suis sûr qu’il déteste du meilleur de son âme les représentants officiels de l’égoïsme bourgeois et de l’hypocrisie parlementaire. […] Mais voudriez-vous que ce gentilhomme fût révolutionnaire à la façon d’un pilier de club, d’un ouvrier mécanicien grisé de mauvaises brochures socialistes ?
Ils ont reçu de Wagner le goût du leitmotiv — et la manière de le traiter… Souhaitons qu’ils n’oublient point de marquer leur individualité spéciale, d’avoir, bien à eux, leur façon de sentir et leur façon d’exprimer. […] L’auteur constate que l’humanité est en pleine décadence ; il attribue ce fait à notre façon de vivre, et il réclame une réforme de l’hygiène. […] Il est l’auteur de Richard Wagner, les étapes de sa vie, de sa pensée et de son temps, paru de façon posthume (Paris, Hachette, 1923).
Dès qu’on nous parle d’une histoire de la psychologie française écrite par un philosophe professionnel, nous avons instinctivement l’image d’une série de chapitres non seulement sur Maine De Biran (qui a, celui-là, vraiment avancé l’étude de l’homme), mais sur Jouffroy, qui invoque souvent, et de façon touchante la révélation de la psychologie, et que la psychologie traite comme l’esprit saint fait des prélats dans la chanson de Béranger ; sur Garnier dont le Traité des facultés de l’âme réalisa assez longtemps dans les bibliothèques universitaires une summa psychologica ; ou, plus près de nous, sur Alfred Fouillée, dont la savonneuse Psychologie des idées-forces et ses complémentaires ne contiennent pas plus de sens utile. […] Quand il veut faire travailler à Pauline La logique de Condillac, lui faire apprendre par coeur L’art poétique de Boileau, dont il dira ensuite pis que pendre, ses conseils partent évidemment d’un fonds moins important, moins vraiment stendhalien que lorsqu’il veut lui faire prendre, en 1805, l’habitude d’analyser les personnes qui l’entourent (« l’étude est désagréable, mais c’est en disséquant des malades que le médecin apprend à sauver cette beauté touchante ») ou lorsqu’il contracte dans ses premières relations montaines l’aptitude à traduire par une algèbre psychologique les valeurs les unes dans les autres (" notre regard d’aigle voit, dans un butor de Paris, de combien de degrés il aurait été plus butor en province, et, dans un esprit de province, de combien de degrés il vaudrait mieux à Paris. " ) c’est à cette époque que Stendhal s’accoutume (héritier ici de Montesquieu qui ne paraît point, je crois, dans ses lectures) à rattacher instantanément un trait sentimental à un état social, à mettre en rapport par une vue rapide le système politique d’un pays avec ses façons de sentir. […] Un grand et parfait amour, un chef-d’œuvre sentimental, demandent des âmes orientées d’une certaine façon, et qui s’y donnent entières. […] Ce livre et celui de Stendhal se font suite, dans l’ordre du développement philosophique, de façon curieuse, et nous donnent la sensation très nette de ce que la philosophie de la vie a ajouté à la philosophie analytique du XVIIIe siècle.
Voilà des gens qui agissent sans bruit, sans éclat, d’une façon timide, en gens qui doivent réussir. […] C’était d’ailleurs la première comédie en un acte qui fût ainsi dégagée des grossières et plaisantes bouffonneries dont se composaient alors ces petites pièces sans façon. […] Ce n’était, des deux parts, ni la même langue, ni les mêmes façons d’agir, ni la même manière de saluer ; ce n’était pas le même geste, le même regard, la même façon de se haïr ou de s’aimer. […] le sacrifice est une grande façon d’aimer. […] Ce n’est pas là Lisette, se disait-on de toutes parts, la Lisette souveraine et qui porte la cornette à la façon des reines leur couronne !
On se rappelle qu’il répondit : « Nous ne pouvons pas tous servir la patrie de la même façon. […] Si chacun peut en dire autant de soi, cela ira bien pour tous. » Vous voyez comment il faudrait très légèrement transformer la phrase pour qu’un de ces grands individus, que Taine traite de fous furieux, la reprît : « Nous ne pouvons pas tous servir l’humanité de la même façon… Marc-Aurèle, Spinoza, Gœthe, c’est très bien… accepter les lois de la nature, c’est parfait… Mais contrarier la nature, l’exalter, c’est un magnifique dressage… » Les grands hommes que je viens de citer sont des forces conservatrices ; elles s’efforcent de maintenir ; elles pourraient enrayer le mouvement vers l’inconnu, qui est la vie même.
Et ce légitimiste renforcé, en fait, était assez libéral, à la façon de nos anciens magistrats du Parlement : il haïssait, ou méprisait les émigrés ; il tenait la Révolution pour un fait providentiel, comme tous les autres673, et, ce qui est plus méritoire, comme un fait historique, qui devait changer les maximes du gouvernement royal ; il lui semblait absurde qu’on pût prétendre à biffer tout bonnement vingt ans d’histoire, et quelles années ! […] Car, dans ces grogneries de bourgeois libéral, il y a des coins délicieux d’idylle, des coins de poésie rustique à la façon de certaines scènes d’Aristophane. […] Après un rude hiver et trois mois de fâcheux temps, pendant lesquels on n’a pu faire charrois ni labours, l’année s’ouvre enfin, les travaux reprennent leur cours. » Ses paysans, ses vignerons, amoureux de la terre, laborieux, rudes et simples, ont une sorte de grâce robuste qui évoque l’image des laboureurs attiques de la Paix : et lui-même s’est composé son personnage à demi idéal de vigneron tourangeau, tracassier, processif et bonhomme, d’une façon qui rappelle le talent des logo-graphes athéniens à dessiner les figures de leurs clients. […] Le système électoral, souvent modifié dans ses détails par des lois de circonstance, demeurait en général organisé, de façon qu’il ne laissait arriver à la Chambre que des bourgeois de la classe aisée, gens de belle tenue et d’intelligence cultivée, qui avaient le goût des idées claires et prenaient plaisir à suivre les exercices de la parole : la Chambre des pairs était, par définition même, une sélection des classes supérieures686. […] Et puis il était patriote, non pas à la façon de Guizot qui mettait le patriotisme à faire triompher deux ou trois principes abstraits dont la collection représentait pour lui la patrie, mais plus populairement, mieux par conséquent, d’une façon un peu grossière et chauvine, mais de façon qu’il était capable de ressentir profondément l’honneur de la France, et de tout faire, au risque de l’intérêt, pour l’honneur.
Sitôt qu’un sentiment est à la veille d’être partagé par un certain nombre de ses semblables, il s’empresse de s’en défaire, à la façon des jolies femmes qui abandonnent une toilette dès qu’on la copie. […] Car Boileau et les classiques sont, à leur façon et à son insu, les auxiliaires de M. […] Ce n’était pas un grammairien à la façon dont on l’entend aujourd’hui. […] Il avait vécu à la cour du duc d’Orléans Gaston, il en avait noté les façons de dire. C’est sur ces façons de dire qu’il fit un volume de Remarques.
I L’analyse de l’œuvre de Flaubert, dont on vient d’exprimer de la façon la plus succincte les conclusions, se résumé en une vue psychologique que l’on a précisée en ces termes : l’homme a la faculté de se concevoir autre qu’il n’est. […] L’Éducation sentimentale, a dit Flaubert, désignant sous ce titre, un groupe de phénomènes où sa vision d’artiste s’est exercée dans un champ volontairement restreint ; c’est, par un raccourci de cette formule, l’éducation qu’il faut dire, si l’on veut fixer le lieu, où d’une façon générale, l’homme est le plus en danger de prendre de lui-même, des ressources et de l’emploi de son énergie une fausse conception. II On vient de voir que le moyen de cette influence extraordinaire exercée par l’éducation sur l’être héréditaire est l’image projetée dans la conscience et s’y comportant à la façon d’un magnétiseur.
Depuis quelque temps, je juge un poète (hors de son rythme et de son élan) à la façon dont il prend bien la mort. […] Mais, d’une façon générale, il est l’historien qui enfouit la gloire sous le fatras. […] La philosophie de Kant a agi chez nous, pendant cinquante ans et davantage, à la façon d’un poison. […] , était aujourd’hui connue de façon définitive, immuable. […] On s’aperçoit ici encore, bien que d’une façon détournée, que l’intellectuel commande le sensible.
Ce sont gens qui raisonnent fort bien, — à leur façon. […] J’ai déjà dit un mot de la façon dont M. […] En aucune façon. […] Elle l’aime à sa façon. […] Il leur semble que par là ils participent en quelque façon à sa gloire.
Il fut un temps où, sous prétexte que l’esprit est au premier rang et que la matière ne vient qu’après, bien après, un homme qui lisait dans les livres et qui en faisait avait assez en dédain les artisans, si habiles qu’ils fassent : il se mettait sans façon au premier rang et dans une autre classe, naturellement supérieure. […] Tout ce qui a passé et défilé sous nos yeux depuis trente-cinq ans en fait de mœurs, de costumes, de formes galantes, de figures élégantes, de plaisirs, de folies et de repentirs, tous les masques et les dessous démasqués, les carnavals et leur lendemain, les théâtres et leurs coulisses, les amours et leurs revers, toutes les malices d’enfants petits ou grands, les diableries féminines et parisiennes, comme on les a vues et comme on les regrette, toujours renaissantes et renouvelées, et toujours semblables, il a tout dit, tout montré, et d’une façon si légère, si piquante, si parlante, que ceux même qui ne sont d’aucun métier ni d’aucun art, qui n’ont que la curiosité du passant, rien que pour s’être arrêtés à regarder aux vitres, ou sur le marbre d’une table de café, quelques-unes de ces milliers d’images qu’il laissait s’envoler chaque jour, en ont emporté en eux le trait et retenu à jamais la spirituelle et mordante légende. […] J’ai vu de sa façon un portrait aquarelle de son vieil ami Old-Nick (Forgues), portrait de tout jeune homme, long, fluet, riant, couché, la tête renversée en arrière, les jambes étendues, dans cette délicieuse position horizontale ou demi-horizontale que l’artiste aime à reproduire, et par laquelle il exprime à ravir le far niente, la flânerie, cette première condition du bonheur : il a voulu, tout à côté, faire du même Old-Nick une charge, et il n’a réussi qu’à faire un portrait moins bien, en triste et en laid. […] » Tout le roman s’est révélé, et juste à son heure, à ce moment plus que hasardé où l’on fait pour la première fois le pas décisif. — • Ainsi encore, dans les Enfants terribles : on est dans un jardin public ; une jeune femme dans le fond dont on ne voit pas le visage, mais qui a un air des plus convenables, est occupée à lire ; sa petite fille joue près d’elle ; un monsieur qui a lorgné la mère demande à la petite, en la prenant entre ses genoux et en y mettant toutes sortes de façons : « Petit amour, comment s’appelle Madame votre maman ? […] Gavarni littérateur a écrit d’autres choses que ses légendes, et j’ai sous les yeux, en épreuves, un petit recueil projeté et non publié, se composant des divers morceaux qu’il a insérés çà et là, et qui devaient paraître réunis sous ce titre : Manières de voir et façons de penser.
Jusque dans sa façon d’envisager sa vie et la vie, il ne peut se décider entre le sourire de l’humoriste et la tristesse de l’élégiaque. […] Tout cela se mélangea de la plus singulière façon en une âme diverse elle-même, inquiète et changeante, pleine de larmes et de ciel, violente et rêveuse, abandonnée, rétive et crispée, variable surtout, charmante et traîtresse comme un ciel d’équinoxe. […] Tous les poètes ont parlé de l’amour ; personne ne s’est inspiré aussi violemment et d’une façon plus persévérante, de l’indignation ou du désespoir que cause une affection déçue. […] « Pour moi, écrit-il dans son livre contre Bœrne, en 1840, les mots juif et chrétien sont synonymes et me servent à désigner non des croyances, mais des humeurs semblables ; je les oppose au mot hellène, par lequel non plus je n’entends un peuple mais une tendance, une façon de penser, innée ou acquise. […] Ne s’étant presque pas modifié pendant sa vie, — l’Intermezzo de sa première jeunesse est beau de la même façon que le Nouveau printemps et que Lazare, — Heine ne perdit rien à son déclin.
Voici de quelle façon je l’entends. […] J’avais pris la défense de la vie comprise à la façon païenne, c’est-à-dire large et féconde, contre les mystiques et les in-sensuels de tout ordre, qui dirigent tous leurs efforts vers son anéantissement ; mais je ne traitais pas, à proprement parler, la question des rapports de la vie sexuelle et de la vie cérébrale, question qui aurait exigé une démonstration scientifique, et qui demeurait englobée, à l’état embryonnaire, dans la généralité de ma thèse. […] Tout en étant persuadé, comme je le suis, qu’une sorte de conciliation des deux thèses dans une synthèse supérieure pourrait être opérée, malgré leur apparence d’opposition nette, en poursuivant la discussion d’une façon plus serrée, — malgré ce sentiment, je crois toutefois, en m’expliquant plus complètement et avec quelques réserves de détail, pouvoir maintenir les grandes lignes de la mienne. […] Voici de quelle façon ce docteur de l’infécondité appelle l’attention du public sur son œuvre : « Depuis plus de cinq mille ans, l’humanité cherche en vain la solution des grands problèmes de l’univers, le problème de l’existence d’un dieu personnel, celui de la survivance de l’âme après la mort, celui des causes de la souffrance qui est dans le monde, et de ses remèdes etc. […] Je reconnais pleinement qu’il y a de nombreuses exceptions à la commune loi sexuelle et que si nui ne peut y échapper, beaucoup peuvent y obéir à leur façon.
On a dit que du plus mauvais livre on peut tirer quelque chose de bon et que par conséquent un livre est toujours un ami et un bienfaiteur, et l’on a pu citer en l’appliquant aux livres, cette ligne de Montaigne : « Il sondera la portée d’un chacun : un bouvier, un maçon, un passant, il faut tout mettre en besogne et emprunter chacun selon sa marchandise ; car tout sert en ménage ; la sottise même et faiblesse d’autrui lui sera instruction : à contrôler les grâces et façons d’un chacun il s’engendrera envie des bonnes et mépris des mauvaises. » Ce n’est pas tout à fait vrai, ou je n’en suis pas tout à fait sûr. Il est plus facile d’être assoté par un sot livre que de le rendre intelligent ou de le faire servir à son intelligence par la façon dont on le lit.
Nous sommes décidément loin, extrêmement loin de Molière, — et de toutes façons. […] Lemale d’irréprochable façon et avec un soin d’artiste ? […] Quelle jolie façon d’hésiter devant l’audace de sa propre pensée ! […] Raoul répond de la même façon. […] Il n’emploie que de beaux mots et les embellit encore par la façon dont il les enchaîne.
Pourquoi ces façons mystérieuses et solennelles de dire des choses très courantes ? […] Alphonse, mais non pas de la même façon. […] L’amour maternel agit brusquement chez elle, à la façon de la grâce divine. […] J’ai, en quelque façon, renié les croyances du volontaire de 92. […] Vaneuse me servira, du reste, à montrer l’autre façon, la façon ignoble, de franchir le passage de l’« âge difficile ».
Cela commence — et cela se développe — à la façon d’un conte moral. […] Noble façon, et humaine, de porter la victoire. […] Il a voulu agir de façon saisissante et rare et gagner l’admiration des hommes. […] Cette façon-là, Louise l’a-t-elle trouvée chez cet imbécile de Larcena ? […] Notre Jean y a une façon bien à lui d’être jeanjean.
Quoi qu’il en soit, en nous décrivant le tour d’esprit des convives, Marivaux va nous définir en perfection le genre qu’il préfère : Ce ne fut point, dit Marianne, à force de leur trouver de l’esprit que j’appris à les distinguer : pourtant il est certain qu’ils en avaient plus que d’autres et que je leur entendais dire d’excellentes choses ; mais ils les disaient avec si peu d’effort, ils y cherchaient si peu de façon, c’était d’un ton de conversation si aisé et si uni, qu’il ne tenait qu’à moi de croire qu’ils disaient les choses les plus communes. […] Le vieil officier cherche à le détromper : il lui montre la différence qu’il y a entre un homme peu scrupuleux qui, dans la réalité, dans la conversation, se laisse animer et accepte les choses les plus fortes, et ce même homme, devenu tranquille, qui les apprécie en les lisant : « Il est vrai, dit-il, que ce lecteur est homme aussi : mais c’est alors un homme en repos qui a du goût, qui est délicat, qui s’attend qu’on fera rire son esprit, qui veut pourtant bien qu’on le débauche, mais honnêtement, avec des façons et avec de la décence. » C’est un éloge à donner à Marivaux que, venu à une époque si licencieuse, et lui qui a si bien connu le côté malin et coquin du cœur, il n’a, dans l’expression de ses tableaux, jamais dépassé les bornes. […] Je voudrais qu’un esprit aussi fin que le sien eût senti qu’il n’y a pas un si grand mérite à donner du joli et du neuf sur de pareilles matières, et que tout homme qui les traite avec quelque liberté peut s’y montrer spirituel à peu de frais ; non que, parmi les choses sur lesquelles il se donne un peu carrière, il n’y en ait d’excellentes en tous sens, et que même celles où il se joue le plus ne puissent recevoir une interprétation utile ; car enfin, dans tout cela, je ne vois qu’un homme d’esprit qui badine, mais qui ne songe pas assez qu’en se jouant il engage quelquefois un peu trop la gravité respectable de ces matières : il faut là-dessus ménager l’esprit de l’homme, qui tient faiblement à ses devoirs, et ne les croit presque plus nécessaires dès qu’on les lui présente d’une façon peu sérieuse. […] On est toujours puni par où l’on a péché : cette délicatesse de nuances qu’il portait dans toute son observation, il en payait la façon en détail dans sa propre sensibilité nerveuse et maladive.
IV Il se peut donc que la sensation et le mouvement intestin des centres nerveux ne soient au fond qu’un même et unique événement condamné, par les deux façons dont il est connu, à paraître toujours et irrémédiablement double. — Un autre ordre de raisons conduit à une conclusion semblable. […] Mais, dans cette distinction et dans cette liaison, tout l’avantage est pour l’événement mental ; lui seul existe ; l’événement physique n’est que la façon dont il affecte ou pourrait affecter nos sens. […] V La nature a donc deux faces, et les événements successifs et simultanés qui la constituent peuvent être conçus et connus de deux façons, par le dedans et en eux-mêmes, par le dehors et l’impression qu’ils produisent sur nos sens. […] De cette façon, l’unité du livre a été prouvée, et les deux idiomes se sont complétés ou éclairés l’un par l’autre.
Là, ils avaient licence de s’isoler de la clientèle ordinaire, clientèle assez mêlée et aussi peu experte en bonnes façons qu’en beau langage, à l’exception toutefois d’un cocher de fiacre, le père Moore, qui, piqué de la tarentule des vers, usait de la complicité de la poste, sans discrétion, pour bombarder de ses élucubrations les gens célèbres. […] Les saillies brusques et les boutades du caustique Ernest La Jeunesse qui les défendait mal, semblaient n’intervenir qu’à la façon de l’huile sur le feu. […] Il y verra une façon élégante de bafouer ses contemporains. […] Je n’ignore pas qu’on risque à se discréditer en faisant parler les morts d’une façon désobligeante pour leurs contemporains.
Il n’est pas téméraire, semble-t-il, de penser que plus d’un de ces morts volontaires que l’on invoque a pour cause une suggestion de la coutume, qui, déplaçant le centre de gravité de l’individu, le contraint à se concevoir très différent de ce qu’il est : il sacrifie alors, de la façon la plus tragique, à cette fausse conception de soi-même sa propre personne et son instinct de conservation le plus fort. […] Il semble, durant cette première période de la vie humaine, que l’effort héréditaire employé tout entier à composer le squelette, les tissus et les nerfs, et, d’une façon générale, l’être physiologique, soit impuissant alors à opposer une résistance importante, en ce qui touche à la mentalité, aux images-notion suscitées par le milieu. […] Il galope à la façon des quadrupèdes, ou il vole les bras étendus comme des ailes. […] D’une façon générale ce qui détermine le suffrage des snobs lorsqu’ils s’attachent soit à quelque opinion, soit à quelque nom de philosophe, d’écrivain ou d’artiste, c’est la nouveauté et la rareté du choix, c’est l’obscurité de l’objet sur lequel il se fixe.
Quand les Parnassiens arrivèrent, ils furent reçus fraîchement par leurs aînés, un peu à la façon dont ils se conduisirent eux-mêmes à l’endroit des Symbolistes. […] Hugo s’en servit d’une façon constante et lui dut d’admirables effets poétiques. […] Tout en éprouvant une instinctive répugnance pour cette sorte de rime, qui d’ailleurs n’amène guère d’effets imprévus — car la rime de voile avec étoiles n’est pas moins banale que celle de voile avec étoile, — je reconnais que ma répugnance n’a point de motif qui soit valable d’une façon générale ; il me serait impossible de rimer ainsi ; cela n’empêche point que rimer ainsi ne soit loisible à tous les autres. […] On peut raisonner de façon analogue à propos des deuxième et troisième rimes : elle et ombelles.
Le « courtisan », c’était sans doute la forme exquise de la langue que le peuple de Paris offrait à l’état brut et non raffiné : les crocheteurs de la Grève devaient fournir l’étoffe, et la cour y mettre la façon ; mais il n’est pas au pouvoir de la cour, ni même du roi, de faire français ce qui n’est pas du français de Paris. […] Mais ce qui est nouveau, c’est la façon qu’il leur donne. […] Il entrait encore dans le grand chemin du siècle, en laissant les sentiers des libertins comme des hérétiques, et, tout indifférent qu’il était au dogme, il enveloppait son stoïcisme des façons de parler chrétiennes.
, à tous ces messieurs Jourdain de lecteurs qui aiment que, dès le début, un auteur leur frappe, sans façon, sur la cuisse, et leur dise à la bonne franquette : « Mettez-vous là, mon gendre, et dînez avec moi ! […] que ce n’était là qu’une façon de bien jouer, et il a fait comme ces joueurs de trente et quarante qui inventent les plus ingénieux calculs pour dompter l’indomptable chance, prévoir le hasard et organiser l’imprévu, toutes choses semblables. […] n’avoir pas trois ans de façon, quoiqu’il nous le dise, et qui ne calmera pas par une grande et forte satisfaction d’intelligence les démangeaisons qui prennent son auteur d’écrire.
Beaucoup d’autres saints personnages travaillaient au même but ; mais la façon dont Olier s’y prit fut tout à fait originale. […] L’ultramontanisme ne parut d’abord à ces maîtres austères qu’une façon commode d’en appeler à une autorité éloignée, souvent mal informée, d’une autorité rapprochée et plus difficile à tromper. […] Criblé de rhumatismes, il semblait cumuler en sa personne toutes les façons dont un corps peut être contrefait. […] Pour bien comprendre cela, il faut avoir l’habitude de la critique des textes et de la méthode historique ; or voilà ce que les mathématiques ne donnent en aucune façon. […] Les Vies de saints écrites d’une façon trop exaltée lui déplaisaient également.
Sa mère était morte de la même façon, au moment où elle portait la main à ses beaux cheveux pour les relever. […] Quant à Banville, il avait, certes, une façon à lui d’accommoder ses souvenirs. […] Mais cette façon d’agir pouvait bien prouver de sa part un manque de goût, et une science de la musique peu profonde. […] Et puis quelle douceur dans l’esprit, quelles façons jolies et charmantes ! […] Une excellente emphase qu’il faut approuver, car Shakespeare, de cette façon, observe simplement la nature de la haute poésie.
Cette espèce de travail incessant, qu’on fait sur soi, sur ses sensations, sur les mouvements de son cœur, cette autopsie perpétuelle et journalière de son être, arrive à découvrir les fibres les plus délicates, à les faire jouer de la façon la plus tressaillante. […] Au milieu de la soie claire d’un panneau, un noir Bonvin, représentant un homme attablé dans un cabaret, apparaît à la façon d’un portrait de famille, d’un ressouvenir de basse origine, du père de la fille passant la tête au milieu de sa fortune. […] Gautier est gai à la façon d’un enfant : une des grandes grâces de l’intelligence. […] Dans la loge à côté, où est Gramont-Caderousse, avec Marguerite Bellanger, j’ai près de moi, coude à coude, Anna Deslions, toujours belle, pacifique et superbe à la façon d’une Io. […] Une clef est sur la porte ; après avoir frappé en vain, on se décide à tourner la clef, on est dans une façon de resserre, pleine de livres en désordre sur le carreau, au milieu desquels est une paire de bottines d’homme, non faite.
Il n’aboutit qu’à froisser Flaubert de façon irrémédiable et à s’attirer sur le dos une volée de bois vert. […] Tout Amour est à sa façon fils de Poros et de Penia, de Misère et d’Abondance. […] Dans ses romans, qui sont menés par la fatalité, Flaubert ne dédaigne pas certaines façons symboliques d’annoncer une destinée. […] Il écrivait d’ailleurs, en Orient, que le voyage développait en lui d’une façon extraordinaire le sens du grotesque. […] L’esprit qui a fait la révolution de Février doit donc y être représenté de façon importante.
Houssaye les sciences naturelles d’une part, — et la façon dont nos poètes conçoivent aujourd’hui la poésie. […] II. — Le réel et la façon de l’atteindre. — L’intuition et la connaissance lyrique. […] Une même façon d’interpréter le sens de l’existence rapproche les uns et les autres. […] Robert de Souza eut à se plaindre de cette façon simpliste de juger un écrivain. […] Une entente tacite s’est établie dans la façon de comprendre la vie, de l’analyser, de l’exprimer.
Quand on sait grouper les mots de façon que chacun d’eux prenne toute la valeur dont il est susceptible, on peut les rendre moins gros et les ajuster davantage à sa pensée. […] Même si l’idée est fine, subtile, le style sera fin et subtil, en restant simple : Marivaux même, en dépit de sa réputation, parle souvent avec simplicité, parce qu’il rend de la seule façon possible, par les termes les plus exacts et les plus nécessaires, des pensées infiniment délicates et complexes.
Il faut choisir : être artiste ou orateur… Il faut peindre « l’homme à la façon des artistes et en même temps le reconstruire à la façon des raisonneurs… Si cela est vrai, il faut donc changer de style.