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913. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XIII. Des tragédies de Shakespeare » pp. 276-294

On sent que l’horreur qu’il cause doit réagir sur son âme, et la rendre plus atroce encore. […] Philoctète est le seul exemple d’un effet théâtral produit par elle ; et ce sont les causes héroïques de sa blessure qui permettent de fixer l’intérêt des spectateurs sur ses maux.

914. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre VII. Du style des écrivains et de celui des magistrats » pp. 543-562

On trouve, dans ce dialogue, ce que les grandes pensées ont d’autorité et d’élévation avec l’expression figurée nécessaire au développement complet de l’aperçu philosophique ; et l’on éprouve, en lisant les belles pages de Montesquieu, non l’attendrissement ou l’ivresse que l’éloquence passionnée doit faire naître, mais l’émotion que cause ce qui est admirable en tout genre, l’émotion que les étrangers ressentent lorsqu’ils entrent pour la première fois dans Saint-Pierre de Rome, et qu’ils découvrent à chaque instant une nouvelle beauté qu’absorbaient, pour ainsi dire, la perfection et l’effet imposant de l’ensemble. […] La beauté noble et simple de certaines expressions en impose même à celui qui les prononce, et parmi les douleurs attachées à l’avilissement de soi-même, il faudrait compter aussi la perte de ce langage, qui cause à l’homme digne de s’en servir l’exaltation la plus pure et la plus douce émotion.

915. (1861) La Fontaine et ses fables « Première partie — Chapitre I. L’esprit gaulois »

I Me voici donc à l’aise, libre de rechercher toutes les causes qui ont pu former mon personnage et sa poésie ; libre de voyager et de conter mon voyage. […] L’air et les aliments font le corps à la longue ; le climat, son degré et ses contrastes produisent les sensations habituelles, et à la fin la sensibilité définitive : c’est là tout l’homme, esprit et corps, en sorte que tout l’homme prend et garde l’empreinte du sol et du ciel ; on s’en aperçoit en regardant les autres animaux, qui changent en même temps que lui, et par les mêmes causes ; un cheval de Hollande est aussi peu semblable à un cheval de Provence qu’un homme d’Amsterdam à un homme de Marseille.

916. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre IV. Le théâtre des Gelosi » pp. 59-79

Dans la lettre, Flavio raconte comment la jalousie qu’il a conçue contre Oratio et les preuves qu’il a cru avoir de l’infidélité de Flaminia ont été cause de son départ et de sa mort. […] C’est, par exemple, la désolation burlesque d’Arlecchino, de Pedrolino et de Burattino mangeant un plat de macaroni en pleurant tous trois à chaudes larmes à cause d’un accident qui est survenu à la femme de Pedrolino. — Ou bien, c’est Burattino dupé par deux larrons : « Burattino, ayant été chercher des provisions pour l’hôtellerie, revient avec un panier plein de victuailles.

917. (1911) La valeur de la science « Deuxième partie : Les sciences physiques — Chapitre VIII. La crise actuelle de la Physique mathématique. »

En m’entendant parler ainsi, vous pensez sans doute au radium, ce grand révolutionnaire des temps présents, et en effet je vais y revenir tout à l’heure ; mais il y a autre chose ; ce n’est pas seulement la conservation de l’énergie qui est en cause ; tous les autres principes sont également en danger, comme nous allons le voir en les passant successivement en revue. […] Car les corps opposeraient une inertie croissante aux causes qui tendraient à accélérer leur mouvement ; et cette inertie deviendrait infinie quand on approcherait de la vitesse de la lumière.

918. (1890) L’avenir de la science « Préface »

Je voyais bien que tout se fait dans l’humanité et dans la nature, que la création n’a pas de place dans la série des effets et des causes. […] Ces variations ont pour cause l’incertitude de nos idées sur le but à atteindre et sur la fin ultérieure de l’humanité.

919. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Cours de littérature dramatique, par M. Saint-Marc Girardin. (2 vol.) Essais de littérature et de morale, par le même. (2 vol.) » pp. 7-19

Il y a bien dix-huit ans qu’il est monté pour la première fois en chaire, si l’on peut appeler de ce nom solennel le lieu d’où il cause si familièrement et si à son aise. […] Aujourd’hui qu’elle est hors de cause et aux trois quarts établie, il se contente de ne pas la combattre ; il la tolère.

920. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre I : La politique — Chapitre I : La science politique au xixe  siècle »

Il faut voir, dans sa discussion avec le journal la Tribune, avec quelle fermeté, quelle décision, quel coup d’œil, il défend la cause de la démocratie libérale contre la démocratie brutale et oppressive. […] Cette idée si simple, si logique, qui associait la cause du socialisme à celle de la révolution, toujours si populaire parmi nous, qui allait droit à un but précis et s’attaquait hardiment à la propriété et au capital, appartient surtout à Louis Blanc et à Proudhon.

921. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 34, que la réputation d’un systême de philosophie peut être détruite, que celle d’un poëme ne sçauroit l’être » pp. 489-511

Les hommes dont la curiosité s’étend bien plus loin que les lumieres, veulent toujours sçavoir à quoi s’en tenir sur la cause de plusieurs effets naturels, et cependant ils ne sont point capables la plûpart d’examiner ni de connoître par eux-mêmes la verité dans ces matieres, en supposant même que cette verité se rencontrât à portée de leur vûë. […] C’est ainsi qu’une infinité de fausses opinions sur les influences des astres, sur le flux et reflux de la mer, sur le présage des cométes, sur les causes des maladies, sur l’organisation du corps humain, et sur plusieurs autres questions de physique se sont établies.

922. (1912) L’art de lire « Chapitre V. Les poètes »

Ce qui suit n’est qu’une phrase nombreuse ; du reste, elle l’est à souhait, et sans affectation ni raffinement, par où elle est un vrai modèle : « Vous verrez dans une seule vie toutes les extrémités des choses humaines, | la félicité sans bornes aussi bien que les misères, | une longue et paisible jouissance d’une des plus nobles couronnes de l’Univers, | tout ce que peuvent donner de plus glorieux la naissance et la grandeur accumulée sur une seule tête, | qui ensuite est exposée à tous les outrages de la fortune ; | la bonne cause d’abord suivie de bon succès | et, depuis, des retours soudains, des changements inouïs, | la rébellion longtemps retenue, à la fin tout à fait maîtresse, | nul frein à la licence ; les lois abolies ; la majesté violée par des attentats jusqu’alors inconnus, | l’usurpation et la tyrannie sous le nom de liberté, | une reine fugitive qui ne trouve aucune retraite dans trois royaumes | et à qui sa propre patrie n’est plus qu’un triste lieu d’exil, | neuf voyages sur mer entrepris par une princesse malgré les tempêtes, | l’océan étonné de se voir traversé tant de fois en des appareils si divers et pour des causes si différentes, | un trône indignement renversé et miraculeusement rétabli. » Cette période est composée de membres de phrase d’une longueur inégale, mais non pas très inégale, de membres de phrase qui vont d’une longueur de vingt syllabes environ à une longueur de trente syllabes environ et c’est-à-dire qui sont réglées par le rythme de l’haleine sans s’astreindre à en remplir toujours toute la tenue, et qui ainsi se soutiennent bien les uns les autres et satisfont le besoin qu’a l’oreille de continuité à la fois et de variété, de rythme et de rythme qui ne soit pas monotone.

923. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Introduction. Du bas-bleuisme contemporain »

Mme de Staël qui commence le siècle, Mme de Staël qui avait pour Napoléon une haine de femme dédaignée, et qui, naïvement, se croyait, en femme, ce que l’Empereur était, en homme, Mme de Staël avait devancé et deviné Saint-Simon avec son pape et sa papesse égalitaires… Quoique mort sans papesse, en effet, le saint-simonisme en marqua la place dans sa hiérarchie ; et par cela seul qu’il la marqua, il fut tout de suite et il est resté une des causes les plus actives du remue-ménage qui s’est produit dans l’esprit et la vanité des femmes de ce temps, enragé de tous les genres d’émancipation. […] Quand on les a montrés et racontés, il ne reste plus à demander si ces faits engendrés par les causes que nous avons dites, sont bons ou mauvais en eux-mêmes ; légitimes ou illégitimes, le développement naturel des choses humaines ou une de ces distorsions que l’homme, avec son libre arbitre, peut leur imprimer… En d’autres termes, le bas-bleuisme, — si on entend par là et on ne peut entendre par là que l’égalité entre l’homme et la femme qui a le droit de s’attester au même titre que l’homme et dans des œuvres semblables à celles de l’homme, — le bas-bleuisme est-il une vérité ou un mensonge, un cri du talent opprimé ou une prétention de la vanité ; une illusion et un désordre ?

924. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XXII. La comtesse Guiccioli »

la cause de ce déchet d’un livre médiocre, sur un homme de génie, par l’être qui devait trouver, pour en parler, des accents de génie dans le fond de son propre cœur, — oui, la cause de ce triste phénomène d’un livre, écrit et pensé comme l’eût écrit et l’eût pensé le premier bas-bleu venu, c’est uniquement le bas-bleuisme.

925. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « M. de Lacretelle » pp. 341-357

La France monarchique et catholique à la vie dure vivait toujours, malgré tout ce qu’on avait fait pour la tuer… Les causes du succès du Génie du Christianisme, qui fut un triomphe et qu’on pouvait appeler : le 18 brumaire de la pensée, car ce jour-là Chateaubriand avait jeté les idées de la Révolution par la fenêtre, comme Bonaparte y avait jeté les représentants, — les causes de ce beau succès n’étaient pas toutes dans le talent, nouveau comme le Nouveau Monde, d’où il venait, et qui se révélait tout à coup avec tant d’éclat… Mais le succès de Lamartine, beaucoup plus personnel, venait, lui, uniquement de son genre de génie.

926. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre II. De la métaphysique poétique » pp. 108-124

Cette poésie fut d’abord divine : ils rapportaient à des dieux la cause de ce qu’ils admiraient. […] Alors sans doute un petit nombre de géants dispersés dans les bois, vers le sommet des montagnes, furent épouvantés par ce phénomène dont ils ignoraient la cause, levèrent les yeux, et remarquèrent le ciel pour la première fois.

927. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « IX » pp. 33-36

causes du succès de lucrèce.

928. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LIX » pp. 227-230

L'impression qu’une pareille absence de dignité et d’élévation produit en France, même sur les amis du trône, est au-delà de tout ; il y a là une méconnaissance complète de l’esprit national, un oubli singulier du dégoût que l’on cause.

929. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXIII » pp. 244-246

Érudit inventif et original, il est apprécié ainsi par la Revue des Deux Mondes : « L'écrivain à qui Cabanis adressait sa fameuse Lettre des Causes premières, l’ami dont Manzoni écoutait l’inspiration et à qui il se faisait honneur de dédier sa meilleure pièce, l’homme que madame de Staël consultait sur la littérature allemande, qui donnait à M.

930. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Appendice. — Sur les Jeune France. (Se rapporte à l’article Théophile Gautier, page 280.) »

Cette circonstance m’a contrarié encore plus qu’à l’ordinaire, à cause du besoin que j’éprouvais de lui parler de vous et de nos douces causeries.

931. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « a propos de casanova de seingalt  » pp. 510-511

La vertu en ce bas monde, à cause du rebours trop habituel, consiste presque entièrement à s’abstenir, à sacrifier ; à assister, sans y participer, aux choses, et à leur dire non en face bien souvent.

932. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — A — Ackermann, Louise (1813-1890) »

Théophile Gautier C’est une note qu’on n’est plus habitué à entendre et qui nous cause une surprise pleine de charme.

933. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — H — Hugues, Clovis (1851-1907) »

Elle a défendu âprement et avec des rires la cause du petit et du faible ; elle a prononcé les paroles d’espoir et de consolation ; elle s’est attendrie au souvenir du village natal dont elle a retrouvé, tant de fois la parole familière et sonore ; elle s’est élevée jusqu’à l’ode et à la tragédie ; et lyrique, et magnifique, et bien française, elle vient de chanter l’épopée héroïque de notre Jeanne d’Arc… [La Cigale (mars-juin 1900).]

934. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 343-347

Telles sont les vraies causes de la grande fortune des Essais.

935. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre second. Poésie dans ses rapports avec les hommes. Caractères. — Chapitre V. Suite du Père. — Lusignan. »

La cause d’un père et celle d’un Dieu se confondent ; les vieux ans de Lusignan, les tourments des martyrs, deviennent une partie même de l’autorité de la religion : la Montagne et le Tombeau crient ; ici tout est tragique : les lieux, l’homme et la Divinité.

936. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre XIII. Des Livres de Médecine, de Botanique, de Chymie, d’Anatomie, de Chirurgie, &c. » pp. 325-328

La théorie que l’auteur donne sur les causes des maladies est excellente, & les remèdes qu’il conseille sont d’autant plus sûrs, qu’il en a vérifié l’efficacité par lui-même.

937. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 23, quelques remarques sur le poëme épique, observation touchant le lieu et le tems où il faut prendre l’action » pp. 179-182

Section 23, quelques remarques sur le poëme épique, observation touchant le lieu et le tems où il faut prendre l’action Un poëme épique étant l’ouvrage le plus difficile que la poësie françoise puisse entreprendre, à cause des raisons que nous exposerons en parlant du genie de notre langue et de la mesure de nos vers, il importeroit beaucoup au poëte qui oseroit en composer un, de choisir un sujet où l’interêt general se trouvât réuni avec l’interêt general se trouvât réuni avec l’interêt particulier.

938. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Alfred de Vigny. »

Étant demeuré quatre années sans avancement, il se fit réformer pour cause de délicatesse de santé, le 22 avril 1827, à l’âge de trente ans. […] Il payait, par son poème d’Hèlèna, son tribut d’enthousiasme à la cause des Grecs ; en même temps, par les pièces de la Dryade, de Symètha, il jouait de la flûte sur le mode d’André Chénier, ressuscité depuis quelques années et mis en lumière. […] Dans le poème du Trappiste, publié en 1823 au bénéfice des Trappistes d’Espagne, il fit acte de poète royaliste au moment où il se croyait près de faire acte de soldat en faveur de la même cause de la légitimité espagnole. […] Cependant le refus de plusieurs partis avantageux m’a bientôt éclairée ; j’en ai demandé la cause et je l’ai, pour ainsi dire, révélée par cette question. […] Molé, les supériorités poétiques de M. de Vigny sont hors de cause et demeurent hors d’atteinte ; mais dans les sphères humaines et même littéraires, c’est quelque chose aussi qu’un esprit fin, un esprit juste et un bon esprit.

939. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre deuxième. Les mœurs et les caractères. — Chapitre II. La vie de salon. »

Il cause donc, à l’aise et dispos, et il éprouve du plaisir à causer. […] Des époux qui ne vivent pas ensemble ne vivent guère avec leurs enfants, et les causes qui ont défait le mariage défont aussi la famille  Il y a d’abord la tradition aristocratique qui, entre les parents et les enfants, met une barrière pour mettre une distance. […] Mais elles aiment mieux l’appartement que le grand air ; en ce temps-là le vrai soleil, c’est la clarté des bougies, et le plus beau ciel est un plafond peint ; y en a-t-il un moins sujet aux intempéries, plus commode pour causer, badiner   On cause donc et l’on badine, en paroles avec les amis présents, par lettres avec les amis absents. […] La gaieté au dix-huitième siècle. — Ses causes et ses effets. — Tolérance et licence. — Bals, fêtes, chasses, festins, plaisirs. — Libertés des magistrats et des prélats. […] Ajoutez l’absence des causes qui font la tristesse moderne et mettent au-dessus de nos têtes un pesant ciel de plomb.

940. (1858) Cours familier de littérature. V « XXXe entretien. La musique de Mozart (2e partie) » pp. 361-440

Je ne puis jamais penser sans jubilation et sans orgueil que ma seule persévérance et mon énergie furent en grande partie la cause à laquelle l’Europe et le monde durent la révélation complète des merveilleuses compositions musicales de cet incomparable génie. […] Voulant s’assurer de la cause de cette frayeur, don Juan prend une bougie et va lui-même au-devant de son convive, qui frappe à la porte à coups redoublés. […] ” Il souffla la lampe, et nous restâmes quelques moments en silence, attendant le sommeil ; mais entendant soupirer plus fortement qu’à l’ordinaire ce tendre père, je le priai de me dire la cause de son insomnie. […] Mais un nouveau soupir échappé de mon père me rappela ses respirations pénibles de la nuit, et je lui en demandai encore une fois la cause : il ne me répondit pas, mais moi, m’apercevant que ses yeux se remplissaient de larmes, j’en devinai trop la source, et je me hâtai de changer de discours. […] Il la reconnaît, il cause avec elle.

941. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXIXe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (1re partie) » pp. 241-314

Et puis il y avait entre eux deux trop de causes d’antipathie. […] Entre son fils, sa belle-fille, ses deux petits-enfants, qui jouent avec lui, il cause sur les sujets les plus élevés. […] Je crois bien plutôt que cette passion pour une jeune dame, qui, l’été dernier, l’a saisi à Marienbad, passion qu’il veut combattre, doit être regardée comme la cause principale de sa maladie. » Nous avons connu, au même âge, une même aventure de Béranger qui disparut complètement du monde pendant quelques mois pour combattre l’amour par la solitude. […] Je ne connais pas de pièce allemande où la cause de la liberté ait été plaidée comme dans celle-là. […] L’Empereur est assis à une grande table ronde et déjeune ; à sa droite, un peu éloigné de la table, se tient debout Talleyrand ; à sa gauche, assez près de lui, est Daru, avec lequel il cause de la question des contributions de guerre.

942. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre V. Jean-Jacques Rousseau »

La société selon la nature, c’est celle que peut rêver un homme de peuple, ennemi du luxe et des aises dont il se passe, heureux dans sa vie simple, mais humilié par l’opinion qui en fait une vie inférieure : un homme du peuple qui a pâti, a vu pâtir autour de lui, jalousement égalitaire pour ces deux causes, et réduisant tout à l’antithèse de la richesse et de la pauvreté. […] La cause et la fin de ce travail par lequel l’être s’embellit au dedans, c’est Dieu, le Dieu qui juge et récompense. […] Nous tenons donc les causes déterminantes de la doctrine de Rousseau, du caractère surtout et des propriétés de cette doctrine : elles se résument dans le tempérament sentimental et dans l’indélébile protestantisme de l’homme. […] Ce n’est pas un axiome non plus que la propriété soit la pierre angulaire de la société, et la cause de tout le mal : ni la vérité théorique, ni l’efficacité pratique du socialisme ou du communisme, ne sont incontestables. […] Ces réflexions saisissantes « sur la manière dont le laps de temps compense le peu de vraisemblance des événements, sur la puissance surprenante de causes très légères, lorsqu’elles agissent sans relâche564 », il faut en rendre l’honneur à Buffon, lu intelligemment.

943. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « VIII »

Mais le Ring fut en même temps une des causes indirectes de Tristan. […] Mais rien dans son œuvre ne me cause une stupéfaction admirative semblable à celle que je ressens devant cette récréation de Tristan. […] Le philtre n’est donc nullement cause de l’amour ; il n’est, pour ainsi dire, que la justification des amants. […] Wagner a été lui-même la cause, bien innocente, d’un autre malentendu à propos de Tristan ; d’un malentendu assez grave, puisqu’il peut fausser toutes nos idées sur l’ensemble des œuvres du maître, et aussi sur le fond même de ses convictions artistiques. […] C’est cette obstination à ne pas vouloir reconnaître dans son œuvre l’unité vivante de plusieurs moyens d’expression tendant à un seul but, qui est la cause de tous les malentendus.

944. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1872 » pp. 3-70

On cause de la situation financière, du discrédit du papier français, de la circulaire secrète du ministre des finances, accordant une remise de 10 p. 100 aux percepteurs qui font des avances, et l’on entrevoit l’impossibilité de payer les milliards réclamés par les Allemands, et l’on pronostique la banqueroute. […] Il doit revenir samedi. » Et nous causons, Théo, l’oreille près de moi, dans une de ces poses tortillées et agenouillées sur un fauteuil, pose qu’il prend quand il cause de choses qui le passionnent, il me demande si je trouve de l’intérêt à son Histoire du romantisme. […] Vendredi 15 mars Burty cause avec moi de la bêtise de Courbet, une bêtise qui arrive à être drolatique, à force d’être bête : « Mon cher, me disait-il un jour, pendant le siège, avec l’accent que vous lui connaissez, mon cher figurez-vous que dans ce moment-ci, je fais des crottes comme un lièvre !  […] Et une partie de la journée, je cause avec cet aimable malade, dont la conversation se promène, d’une manière presque enfantine, de l’espérance à la désespérance. « Le journalisme, dit-il, au fond, lui a rendu un service. […] Jeudi 1er août Théophile Gautier, dont on vient de panser les jambes, cause avec moi, avant dîner.

945. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1887 » pp. 165-228

» Mardi 1er février Au dîner de Brébant de ce soir, commentaires autour de l’article du Post, sur le général Boulanger, qui est cause de la baisse de la Bourse… On dit que Courcel a quitté l’ambassade de Berlin, parce que sa position n’était plus tenable, que le roi Guillaume et Bismarck, qui avaient continué, après la guerre de 1870, à regarder la France, toute vaincue qu’elle était, comme une grande puissance, la tiennent maintenant en parfait dédain, depuis cette succession de ministères sans autorité. […] Geffroy m’amène Raffaëlli, qui a demandé à voir mes dessins, et l’on cause critique d’art, quand soudain Raffaëlli s’écrie : « Par exemple, en fait de jugement d’une peinture, ce que vous avez dit à Geffroy à propos de mon exposition de la rue de Sèze, de l’année dernière, ça m’a renversé, bouleversé, fait croire que vous étiez un vrai voyant en tableaux. » Voici l’histoire : L’année dernière à un dîner chez les Daudet, qui fut un peu une chamaillade avec Zola, depuis le commencement jusqu’à la fin, la bataille avait commencé à propos d’une discussion sur Raffaëlli, que je louais, et j’ajoutais devant Geffroy qui se trouvait là : « Il y a chez Raffaëlli, dans ces dernières années, une blondeur, un attendrissement tout particulier, il a dû se passer quelque chose dans sa vie. […] Daudet me cause de la misère qu’il a faite avec Racinet, le dessinateur. […] Samedi 15 octobre Chez Daudet, où je suis venu passer deux jours, pour conseiller des coupes et des percées dans le parc, on cause de ces yeux immenses, tournants et roulants des Orientaux, et qui seraient obtenus par un allongement, par un coup d’ongle donné dans l’angle extérieur, par de vieilles femmes qui ont la spécialité de ce coup d’ongle. […] Après dîner, je cause avec Rodin qui me raconte sa vie de labeur, son lever de sept heures, son entrée à l’atelier à huit, et son travail, seulement coupé par le déjeuner, allant jusqu’à la nuit : travail debout ou perché sur une échelle qui l’écrase le soir, et lui donne le besoin de son lit, au bout d’une heure de lecture.

946. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — III. Le Poëme épique, ou l’Épopée. » pp. 275-353

ce qui semble donner gain de cause à ceux qui prétendent qu’on peut se borner à l’un ou à l’autre. […] Perrault, le célèbre Perrault, gardoit encore le silence ; mais les sollicitations réitérées de Saint-Sorlin, qui le pressoit de se joindre à lui, & d’embrasser leur cause, le déterminèrent à se faire chef de parti. […] Son parallèle des anciens & des modernes, en ce qui regarde les arts & les sciences, fut cause qu’il s’attira de si puissans ennemis. […] Saint-Evremont, retiré alors à Londres, y plaidoit de son mieux la cause des nôtres & des leurs. […] Sur les raisons de M. le chevalier de Mouhi, on voit que ce n’est pas absolument la plus mauvaise cause qu’il ait soutenue.

947. (1939) Réflexions sur la critique (2e éd.) pp. 7-263

C’est ce dont la critique littéraire se soucie le moins ; il serait trop long d’en développer ici les causes. […] La cause ici est pourtant bien entendue. […] Ils ne signifient pourtant rien autre chose que ceci : connaître, en critique comme ailleurs, c’est connaître par les causes. — Mais précisément l’idée qu’on pourra connaître les causes d’un acte d’inspiration, d’une explosion imprévisible de génie, comme le Lac ou la Prière sur l’Acropole, me paraît, à moi journaliste, d’un comique puissant. Et les causes que vous m’offrez pour expliquer cette réalité vivante, ce sont des réalités mortes, des réminiscences, des lectures, des textes, des livres ; des livres ! […] Au contraire, pendant la dernière guerre, nos correspondants étaient mobilisés pour une cause, pour la bonne cause.

948. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Malherbe »

Demogeot est cause que je vais aussi parler avec lui, après lui, et des choses mêmes qu’il a le mieux dites. […] Ces anciens Malherbe, pour se distinguer des autres du même nom qui se trouvent en Normandie, s’appelaient Malherbe aux Roses, à cause qu’ils portaient dans leurs armoiries d’hermines à six roses de gueules. […] de nos propres luttes civiles et de nos acharnements pour ce qui nous semblait si absolument la bonne cause. […] Sur Richelieu, il y a eu tant d’éloges, de son temps et depuis, que le célébrer semble tout d’abord un lieu commun et une banalité ; mais Malherbe, qui ne le vit que dans les premières années de son ministère, le comprit, le pénétra si vivement et en parla avec tant d’intelligence, que son admiration, après deux siècles, a gardé toute son originalité et comme sa fraîcheur ; Laisse-les espérer, laisse-les entreprendre ; Il suffit que ta cause est la cause de Dieu, Et qu’avecque ton bras elle a pour la défendre     Les soins de Richelieu : Richelieu, ce prélat de qui toute l’envie Est de voir ta grandeur aux Indes se borner134, Et qui visiblement ne fait cas de sa vie     Que pour te la donner. […] Il y a dans cette lettre bien des choses qui méritent qu’on s’en souvienne toujours : « Quant à moi, lui dit-il, qui ne veux rien au-delà de ce qui m’appartient, je tourne les yeux de tous côtés pour trouver sur quoi est fondé l’honnête remercîment que vous me faites… Je vois bien que l’on vous a dit que je défendis votre cause.

949. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre III. Variétés vives de la parole intérieure »

Souvent la parole intérieure vive et l’état de l’âme qui la cause n’ont été révélés que par les éclats imprévus de la parole extérieure ; celle-ci n’étant évidemment que la suite d’un discours, il faut bien supposer que le début préexistait à l’état de parole imaginaire dans la conscience du parleur maladroit qui livre sa pensée secrète à des oreilles indifférentes ou railleuses. […] Je quitte cet ami ; si aucune cause de distraction ne survient, je me remémore quelque temps encore les parties les moins banales, les plus inattendues, de notre dialogue ; si la conversation a été brusquement interrompue avant que j’eusse épuisé tout ce que j’avais à lui dire, je la continue en moi-même ; je lui dis encore ceci, cela ; parfois, je mêle sa voix à la mienne ; et, si je suis à quelque degré un homme d’imagination, un véritable dialogue s’engage de nouveau entre nous ; mais le plus souvent, et bien naturellement, la conversation tourne au monologue, quand un des deux interlocuteurs est absent et ne peut réclamer son tour de parole. […] Delbœuf231, je cause avec un lecteur fictif ; je lui attribue les objections, lorsque je ne me crois pas clair, et les doutes, lorsque je doute moi-même. » Diderot, homme de passion exubérante et d’ardente imagination, a donné le tour du dialogue à des essais, à des contes, etc. ; c’était, suppose avec raison M.  […] Plus d’un avocat, sans doute, ne peut bien préparer une cause dans son cabinet sans imaginer le tribunal auquel sa plaidoirie doit s’adresser. […] Si nous sommes en train de parler à haute voix, les mêmes phénomènes se produisent sous l’influence des mêmes causes : la parole devient plus forte et plus accentuée, elle s’accompagne de gestes.

950. (1896) Essai sur le naturisme pp. 13-150

Et les lettrés chérissaient ces exégètes qui sous un mot, une tournure de phrase démodée, semblaient percevoir des successions d’événements, de causes cosmiques. […] Ces héros extraordinaires, à cause des contrées fabuleuses où ils vivent, de leur phraséologie pompeuse, de leur aspect emphatique, nous troublent plus qu’ils ne nous séduisent. […] Il ne pense pas que pour le poète, la littérature doive, seule, exister ; mais il croit qu’aux révolutions esthétiques nous devons chercher les causes plus profondes. Et ces causes, M.  […] Vielé-Griffin emploie, hors de la tradition nationale, est sans doute la cause principale de ces indécisions.

951. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1888 » pp. 231-328

Un moment, il cause de 250 à 300 dessins, exécutés par lui, pour un Mariage de Loti, que Guillaume a donnés à graver, par un graveur, qui a fait des Parisiennes, de ses Tahitiennes, et il travaille à les faire regraver. […] La répétition finie, on cause pantomime, et je conseille à Margueritte de jouer sans blanc : le plâtrage, tuant sous sa couverte, tous les jeux délicats et subtils d’une physionomie. […] Au moment de débuter, on lui reproche sa mauvaise foi, et dans la première représentation qu’il donne, et où il avait à représenter un hara kiri, il s’ouvre tout de bon le ventre. » À déjeuner, Hayashi cause nourriture japonaise, et me cite, comme un mets délicieux : une salade de poireaux et d’huîtres. […] — Non. — Eh bien, la note dit que Réjane est engagée pour la pièce de Sardou au Vaudeville, et que vous ne serez probablement pas joué à l’Odéon. » Hervieu et Rosny surviennent, et l’on cause. […] La pauvre Réjane, cause de ce retard, n’arrive qu’à deux heures.

952. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1892 » pp. 3-94

Toutefois, pour moi la cause de l’insuccès n’est pas due à cela, elle est en ceci : c’est que le dramatique de l’acte, au milieu de détails d’une vérité absolue, ne s’appuie pas sur la vérité d’un être. […] Dimanche 3 avril Je cause avec M.  […] Au Grenier, on cause aujourd’hui dynamite, on cause moyens de destruction et moyens de défense des êtres et des objets matériels, et j’apprends une chose assez ignorée, c’est que le Musée d’Anvers, ville, dont la destination est d’être bombardée, a des murs pouvant rentrer sous terre, avec les tableaux qui y sont accrochés. […] Et Forain me cause de son labeur, de sa peine à trouver la chose : oui, à la fois un dessin et une légende qui le satisfassent. […] Bing cause de la folie des impressions japonaises chez quelques amateurs américains.

953. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Chapitre II. Vérification de la loi par l’examen de la littérature française » pp. 34-154

Dans l’arrêt de 1548 il faut donc voir un effet beaucoup plus qu’une cause. — Si l’on comparait, à ce point de vue, l’histoire du théâtre français avec celle du théâtre italien, on aboutirait à des résultats très intéressants ; j’en dirai un mot au chapitre III. […] une solution se trouvera ; de même que le christianisme a mis deux mille ans pour aboutir à la religion individuelle, ainsi la Révolution mettra des siècles à se réaliser en harmonie. « L’homme aujourd’hui sème la cause, Demain Dieu fait mûrir l’effet. » L’esprit peut deviner, par intuition, une loi logique, dans l’absolu ; les formes innombrables de la relativité lui échappent. […] Dans le roman : Sapho, souffletée, roule avec son amant sur le lit où il se réveillera irrémédiablement perdu ; — Gaussin, à Marseille, attend sa maîtresse, la cause de sa ruine et la seule et amère consolation ; il reçoit la lettre d’adieu. […] Ce fait historique, qui s’explique comme un résultat des causes matérielles que j’ai dites, vient contribuer lui-même comme une cause au développement de l’esprit français ; il signifie en effet une avance considérable dans la prise de conscience, pour la nation et pour les individus. […] La littérature, il importe d’y insister, est à la fois effet et cause ; elle exprime un état des esprits, et contribue à transformer cet état ; c’est ainsi que, par la précision des mots et des formes, par le nombre des auteurs et par le goût du public, elle établit, mieux que les « documents » historiques, les phases successives des conditions politiques et sociales dont elle est l’expression.

954. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre II. Dryden. »

. —  Cause des décadences et des renaissances littéraires. […] Je ne me repentirai jamais de ma constance, puisque je suis profondément persuadé de la justice de la cause pour laquelle je souffre760. » Un de ses fils ayant été renvoyé de l’école, il écrivit au directeur, M.  […] Il cause avec lui des affaires publiques. […] My love’s a noble madness, Which shows the cause deserved it. […] But I can never repent my constancy, since I am thoroughly persuaded of the justice of the cause for which I suffer.

955. (1856) À travers la critique. Figaro pp. 4-2

Resté noblement serviteur d’une cause tombée, en présence d’événements qui ont pu le surprendre, il a su s’effacer sans s’aplatir… comme tant d’autres. […] Vous avez pensé un instant que la Cruvelli ne viendrait pas, et qu’en désespoir de cause, on aurait fini par vous engager à sa place. […] On a donc voulu trouver une cause à la mauvaise humeur évidemment exagérée de Berlioz. […] Cette cause réside uniquement dans notre manière d’accueillir ces sortes de publications et d’en être impressionnés. […] Viennet avec les misères du présent, cause une étrange hallucination à M. 

956. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « La doctrine symboliste » pp. 115-119

« L’émotion esthétique a pour cause (étant admise la réalité du monde extérieur, mais comme une réalité de fiction) des différenciations de mouvement de la matière, perçues au moyen des sens.

957. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — A — article » pp. 157-161

Arnaud, à cause du titre, qui tient du style du P.

958. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 94-98

Nourri de la lecture des Anciens, dont il paroît s'être pénétré ; appuyé sur les principes invariables de la nature, qui sont ceux du vrai & du beau ; toujours armé du flambeau de la raison, l'Auteur parcourt d'un pas noble & ferme les différens âges du Génie Littéraire de la France, découvre les causes qui l'ont retenu long-temps captif dans les chaînes de l'ignorance & du mauvais goût, & nous montre par quels secours il en a triomphé.

959. (1888) La critique scientifique « Avant-propos »

Rien de moins semblable que l’examen d’un poème en vue de le trouver bon ou mauvais, besogne presque judiciaire et communication confidentielle qui consiste, en beaucoup de périphrases, à porter des arrêts et à avouer des préférences, ou l’analyse de ce poème en quête de renseignements esthétiques, psychologiques, sociologiques, travail de science pure, où l’on s’applique à démêler des causes sous des faits, des lois sous des phénomènes étudiés sans partialité et sans choix.

960. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre XX. Des Livres de facéties, des recueils d’anecdotes & de bons mots. » pp. 381-385

Gayot de Pitaval, le même qui a fait les Causes célébres, nous a donné la Bibliothèque de gens de Cour, l’Art d’orner l’esprit : collections insipides & mal faites.

961. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 7, que la tragedie nous affecte plus que la comedie à cause de la nature des sujets que la tragedie traite » pp. 57-61

Le poëte tragique nous expose les inconveniens dont l’ignorance de soi-même est cause parmi les souverains et les autres personnes indépendantes qui peuvent se vanger avec éclat, dont le ressentiment est naturellement violent, et dont les passions propres à être traitées sur la scene peuvent donner lieu à de grands évenemens.

962. (1912) Réflexions sur quelques poètes pp. 6-302

Du Bellay fut un peu cela ; mais la bonne humeur de Montaigne est souvent bien suspecte, et elle n’est supportable qu’à cause du style. […] C’est la cause de tout le mal. […] Agrippa s’imaginait avoir été cause de cette mort. […] Et cela, à cause d’un hémistiche qui est devenu proverbial, ayant fait sourire les doctes et les ignorants. […] C’est cette Claudine qui est cause que nous nous occupons ici de Guillaume Colletet.

963. (1853) Portraits littéraires. Tome II (3e éd.) pp. 59-300

À quelle cause faut-il donc attribuer mon désappointement ? […] À quelle cause faut-il attribuer ce défaut ? […] La cause compromise par M. de Chateaubriand n’est pas une cause perdue. […] Casimir Delavigne s’explique par d’autres causes. […] La musique et l’architecture sont évidemment hors de cause.

964. (1899) Musiciens et philosophes pp. 3-371

Les mêmes causes qui détériorent le type physique humain agissent pour détériorer le type moral et le type esthétique. […] « Là où le médecin expérimenté est à bout de ressources, nous retournons, en désespoir de cause, à la nature. […] Sur les causes de sa rupture avec Wagner, qu’il fut seul à provoquer, je n’ai pas à m’étendre ici. […] Il tient, sans doute, à des causes physiologiques, ethniques et sociologiques tout ensemble. […] Il est donc bien évident que des traditions conventionnelles concourent avec les causes physiologiques et ethniques pour fixer le sens de tout langage musical.

965. (1857) Réalisme, numéros 3-6 pp. 33-88

Il y a quelques nobles qui ont ainsi déserté leur cause et se sont bien scandaleusement conduits, témoin M. de Mirabeau, en politique. […] Esclave d’une imagination fantasque et brouillonne qui voit et ne voit plus, marche et danse, cause et crie tout à la fois ! […] Plus j’avance, plus la poésie me cause la fatigue de l’Opéra, et plus j’ai soif de vrai. […] Dans chaque cas particulier, il se décide par des causes et des buts extérieurs, dès que ces causes ne sont pas fortuites, et que ces buts ne sont pas momentanés, mais découlent subjectivement de l’ensemble, de la nature et se rapportent objectivement à elle. […] Les gens au-dessous de trente ans, avec la gaieté de l’imprévoyance, nous ont niés, de tout l’esprit que vingt Français quelconques peuvent mettre au service ou à l’attaque d’une cause.

966. (1929) La société des grands esprits

Point de vérité, point de causes, point de signes autorisant une démonstration. […] Qu’il est donc difficile de garder la juste mesure et que d’excellentes causes sont gâtées par d’imprudents avocats ! […] La cause est gagnée. […] « C’est pourtant lui qui est cause de la Révolution !  […] Berthelot a toujours soutenu vigoureusement la cause de la raison contre les dogmatismes religieux.

967. (1910) Propos littéraires. Cinquième série

La cause ? Une des causes, si l’on veut, mais la plus profonde ? […] Et en effet, il a tous les caractères de sa cause. […] Non, non, on ne hait jamais autant le vivant à cause du mort que le mort à cause du vivant. […] Il a été de l’un à l’autre, dominant le premier, et pour cause ; écrasé de la grandeur du second, pour cause encore.

968. (1888) Poètes et romanciers

Mettez donc leurs noms près du sien, et pesez les services rendus à la cause de 89. […] On reproche amèrement à Béranger d’avoir subordonné la cause de la liberté à celle de l’égalité. […] Mais ce qui aura toujours raison d’être en France, c’est la cause de 89, c’est la cause de la patrie, c’est la cause de la liberté et celle de la France, mise à la portée du peuple. […] Nous ne savons donc pas si ce que nous disons des substances et des causes a un sens en dehors de nous. […] Il faut une doctrine, une cause à défendre.

969. (1894) Études littéraires : seizième siècle

Marot fut arrêté et emprisonné pour cause ou sous prétexte d’hérésie. […] Il veut qu’on cause avec lui et qu’on le plie doucement à avoir un jugement sain. […] Les moines sont des ennemis de Rabelais pour d’autres causes. […] Quelles causes prochaines à cette explosion, ou ne sait. […] L’exaltation protestante a été une révolution morale, apparemment non préparée, sans cause précisément connue.

970. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Première partie. Préparation générale — Chapitre IV. Le développement général de l’esprit est nécessaire pour bien écrire, avant toute préparation particulière »

Si on a été attentif à regarder en soi comme au dehors, si on a essayé de noter ses émotions, d’en saisir les causes, les effets, les nuances, les degrés, la communication ira se resserrant chaque jour entre la sensibilité et l’intelligence ; les émotions multiplieront les idées, l’esprit affinera le cœur, et la subtilité du jugement s’augmentera avec la délicatesse du sentiment.

971. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Première partie. Préparation générale — Chapitre VI. Utilité possible de la conversation »

On parle beaucoup ; on ne cause guère.

972. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Van Lerberghe, Charles (1861-1907) »

Doué d’un esprit souple, neuf, avisé, curieux, extraordinairement compréhensif, amoureux de nouveauté, aidé d’une très solide érudition, il est affligé d’une excessive modestie, d’une timidité violente, oppressive, qui est cause que ce subtil artiste est un des producteurs les moins actifs de cette heure.

973. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — C — article » pp. 34-39

« Il faut, dit-il, marquer, autant qu’on le peut, les temps & les lieux, la maniere dont on vivoit dans chacun des pays qu’on parcourt dans le récit ; ne raconter que les grands événemens, & n’écrire en détail que les causes des grands changemens.

974. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « César Cantu »

parmi les causes désolantes du succès des mauvais livres, l’esprit de parti a le droit d’être bien bête sans aucun danger, mais il est bête en répétant la même bêtise, en poussant son lecteur ou en le frappant à la même place, en se faisant une espèce de logique avec les passions ou les lieux communs de son parti.

975. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Les nièces de Mazarin et son dernier petit-neveu le duc de Nivernais. Les Nièces de Mazarin, études de mœurs et de caractères au xviie  siècle, par Amédée Renée, 2e éd. revue et augmentée de documents inédits. Paris, Firmin Didot, 1856. » pp. 376-411

Guizot, dans un intervalle de ses mâles et fermes histoires, s’est dit qu’il y avait lieu d’intéresser sans tant d’aventures et de beaux crimes : il a retracé et buriné à la manière hollandaise la figure de lady Russell, ce modèle des grandes veuves, de celles qui restent fidèles à un noble sang généreusement versé et à une vieille cause. […] Dans un voyage qu’il fît de Lyon à Paris en 1711, il fut conduit, le 4 juin, chez Mlle Des Houlières par un officier du duc d’Orléans, M. de Chatigny ; il interrogea ingénument la respectable demoiselle sur les relations qu’avait eues sa mère avec Boileau, sur les causes de leur inimitié, devenue publique et notoire, si bien que le satirique avait logé la Des Houlières, comme il l’appelait tout crûment, dans sa Satire des femmes. […] J’ai demandé à Mlle Des Houlières, nous dit Brossette, quelle était la cause de cette petite animosité qui était entre Mme sa mère et M.  […] Racine en était la cause, m’a-t-elle dit ; car pour M. 

976. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIe entretien. Suite de la littérature diplomatique » pp. 5-79

La même tolérance respectueuse fut garantie par les vainqueurs dans toutes les villes grecques chrétiennes de l’empire ; nul ne fut ni persécuté ni contraint pour cause de religion ; les chrétiens furent seulement obligés de respecter eux-mêmes dans leurs actes et dans leurs paroles le culte mahométan. […] Un petit peuple à peine italien, plus cisalpin que romain, le Piémont, race de soldats héroïques, rudement maniés, tantôt contre la liberté par des princes clients de la sainte alliance (comme de 1814 à 1848), tantôt pour la révolution (comme de 1848 à 1860), se dit, par la bouche de ses deux derniers souverains : « C’est moi qui suis l’Italie ; je vais prendre en main sa cause, je vais en faire la mienne. […] Ni l’Angleterre, à cause de la Belgique ; ni la Prusse, à cause des limites du Rhin ; ni la Russie, à cause du Danube, ne porteront défi à ces douze cent mille hommes, soldats de la paix.

977. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXVIe entretien. Biographie de Voltaire »

Il n’est que trop vrai qu’un petit nombre de boutades d’esprit, éparses çà et là dans ses lettres au roi de Prusse, à d’Alembert, à Diderot, à madame du Deffand surtout, semblent jeter quelques doutes ou quelques dédains sur la nature et sur l’immortalité de l’âme, sur la personnalité et sur la providence de cet être suprême et infini appelé Dieu, auteur de tous les êtres, sans lequel tous les êtres seraient des effets sans cause ou des existences plus irrationnelles que le néant ; mais ces crimes de la raison contre elle-même dans Voltaire sont de lâches complaisances de plume, de honteuses concessions de bon sens faites par adulation à la femme impie, au prince immoral, aux écrivains sceptiques à qui ses lettres étaient adressées. […] …………… …………… Ses dix-huit volumes de correspondance sont pleins des témoignages de sa foi dans l’Être créateur, providentiel et rémunérateur, et de mépris contre les athées qui nient la cause suprême faute de pouvoir l’expliquer. […] Il voulut être apôtre sans être jamais martyr ; il pensait qu’en combattant masqué, il était plus utile à la cause de la philosophie qu’une victime. […] Il ne semblait du reste nullement penser à convertir à sa cause la majorité du genre humain.

978. (1914) Note sur M. Bergson et la philosophie bergsonienne pp. 13-101

« Même je remarquais, touchant les expériences qu’elles sont d’autant plus nécessaires qu’on est plus avancé en connaissance ; car, pour le commencement, il vaut mieux ne se servir que de celles qui se présentent d’elles-mêmes à nos sens, et que nous ne saurions ignorer pourvu que nous y fassions tant soit peu de réflexion, que d’en chercher de plus rares et étudiées : dont la raison est que ces plus rares trompent souvent, lorsqu’on ne sait pas encore les causes les plus communes, et que les circonstances dont elles dépendent sont quasi toujours si particulières et si petites, qu’il est très malaisé de le remarquer. […] Premièrement j’ai tâché de trouver en général les principes ou premières causes de tout ce qui est ou qui peut être dans le monde, … … De tout ce qui est ou qui peut être, là est exactement la fissure. […] Après cela, j’ai examiné quels étaient les premiers et les plus ordinaires effets qu’on pouvait déduire de ces causes ; et il me semble que par là j’ai trouvé des deux, des astres, une terre, et même sur la terre de l’eau, de l’air, du feu, des minéraux, et quelques autres telles choses, qui sont les plus communes de toutes et les plus simples, et par conséquent les plus aisées à connaître. Puis, lorsque j’ai voulu descendre à celles qui étaient plus particulières, il s’en est tant présenté à moi de diverses, que je n’ai pas cru qu’il fût possible à l’esprit humain de distinguer les formes ou espèces de corps qui sont sur la terre, d’une infinité d’autres qui pourraient y être si c’eut été le vouloir de Dieu de les y mettre, ni par conséquent de les rapporter à notre usage, si ce n’est qu’on vienne au devant des causes par les effets, et qu’on se serve de plusieurs expériences particulières.

979. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « III »

« Nous reconnûmes bientôt, reprend Wagner, de quelle importance serait une sage ordonnance de la marche et de l’attitude pour le relèvement ce notre représentation dramatique. » Il se demande ensuite quelles sont les causes de la fausseté des poses de nos acteurs. […] Nous nous adressons ici, est-il besoin de le dire, à ces personnes qui ont été à Bayreuth, ou qui connaissent au moins le sujet des drames wagnériens. — Il nous est en effet impossible, à cause du peu de place dont nous disposons, d’expliquer ici le sujet de Parsifal, qui a d’ailleurs été en général suffisamment analysé par Mme Judith Gautier et M.  […] Nous avons, jusque maintenant, négligé de parler des acteurs ; mais il nous faut ici parler de Mlle Malten, quand cela ne serait que pour la donner comme exemple à tous nos acteurs : elle arrive, dans ce dernier acte, où elle n’a rien à chanter, où elle ne fait que jouer, à un degré de perfection, qui nous cause presque de l’éblouissement à nous autres, spectateurs français, tant ses poses sont justes, et admirable son expression de figure. […] En 1855, Le Guide musical parut et fut un important défenseur de la cause wagnérienne jusqu’à la première guerre mondiale.

980. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « IV »

Certes, tout wagnérien a le devoir de protester hautement, mais peut-être ai-je ici un droit spécial de parler, ayant été, à la Ligue des Patriotes, un ouvrier de la première heure, et m’honorant encore de l’amitié d’un homme que ses ennemis même admirent, car il a dépensé sa fortune, brisé sa carrière, usé sa vie, au service de la sainte cause française. […] Plaidoyer hardi et éloquent en faveur de la cause wagnérienne. […] A ce fait nous avons cru discerner plusieurs causes. […] A cause de maladies de peau (en particulier un érésipèle) Wagner portait des vêtements de soie et l’on aimait à dire qu’il s’habillait en femme.

981. (1878) La poésie scientifique au XIXe siècle. Revue des deux mondes pp. 511-537

Quand nous parlons de cause, de substance et de fin, nous employons des notions et des principes qui ne sont applicables « qu’aux objets dont l’essence est assimilable à l’essence humaine ». […] Nous ne savons donc pas si ce que nous disons des substances et des causes a un sens en dehors de nous. […] Elle a fait l’homme en achevant lentement et pièce par pièce l’ouvrage ébauché par les infinis, que ces infinis s’appellent l’Éternité, l’Étendue, ou la Cause première qui n’a pas dit encore son vrai nom. […] Il faut une doctrine, une cause à défendre.

982. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Du génie critique et de Bayle »

A propos de ses migraines fréquentes, ce n’est pas l’étude qui en est cause, suivant lui, parce qu’il ne s’applique pas beaucoup à ce qu’il lit : « Je ne sais jamais, quand je commence une composition, ce que je dirai dans la seconde période. […] Cette absence de Paris est sans doute cause que Bayle paraît à la fois en avance et en retard sur son siècle, en retard d’au moins cinquante ans par son langage, sa façon de parler, sinon provinciale, du moins gauloise, par plus d’une phrase longue, interminable, à la latine, à la manière du xvie  siècle, à peu près impossible à bien ponctuer127 ; en avance par son dégagement d’esprit et son peu de préoccupation pour les formes régulières et les doctrines que le xviie  siècle remit en honneur après la grande anarchie du xvie . […] Dans ses écarts les plus condamnables on ne lui trouve point une grande envie de persuader, encore moins le ton de l’irritation ou de l’esprit de parti ; il nie moins qu’il ne doute ; il dit le pour et le contre ; souvent même il est plus disert pour la bonne cause que pour la mauvaise (comme dans l’article Leucippe de son Dictionnaire). » Principe générateur des Constitutions politiques, LXII. — Rappelons encore ce mot sur Bayle, qui a son application en divers sens : « Tout est dans Bayle, mais il faut l’en tirer. » (Ce mot n’est pas de M. de Maistre, comme M. 

983. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVIIIe entretien. Poésie sacrée. David, berger et roi » pp. 225-279

Abner, le général le plus accrédité de Saül, soutient pendant sept ans la cause de la famille royale. […] Cette répétition de la même idée dans la première partie du verset, et se reproduisant presque en mêmes termes dans la seconde partie, avait chez les anciens et chez les Hébreux évidemment une autre cause. Cette cause, c’était la facilité que cette répétition donnait au peuple ou au chœur de s’associer au chant du poète, en répétant après lui ce qu’il avait déjà dit ou chanté.

984. (1895) La musique et les lettres pp. 1-84

          Voici d’avant cette excursion et de toujours, que me poursuit un avis à notre usage, éveillé au contact étranger ; certes, banal, peut-être, pour cette cause, fréquemment l’ai-je dit de vive voix, sans m’y arrêter : aussi sa teneur trop applicable. […] À cause que de vraies œuvres ont jailli, indépendamment d’un débat de forme et, ne les reconnût-on, la qualité du silence, qui les remplacerait, à l’entour d’un instrument surmené, est précieuse. […] Tant mieux : il y a d’autre part aise, et maturité, à demander un soleil, même couchant, sur les causes d’une vocation.

985. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre troisième »

Les illusions de la logique ont été la cause la plus innocente, et, par cela même, la plus ordinaire des excès de son livre et des excès de son gouvernement. […] « Il a beau faire, s’écrie-t-il, jamais il ne le persuadera à personne ; et tout le monde sait combien je sais presser un argument, et combien est précise la brièveté avec laquelle j’écris74. » A la fin d’un chapitre de l’Institution, il dit : « Or, je pense bien avoir fait ce que je voulois, quant à ce point. » Combien n’est-il pas redoutable, celui qui, ayant dans les mains le pouvoir de vie et de mort, mesure la justice de sa cause à la rigueur de ses raisonnements ! […]   Là est la cause de cette tristesse que Bossuet a remarquée dans son style.

986. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre neuvième »

Où trouver, sur les causes de la grandeur française au dix-septième siècle, plus de ces lumières qui sont en même temps des impulsions puissantes ? […] Ce que nous demandons à l’historien, pour en garder une impression durable, ce sont les causes de la guerre exposées et jugées, la situation des deux peuples qui vont en venir aux mains, leurs chefs, les préparatifs de la lutte, les batailles, et, dans les récits de ces batailles, les traits qui caractérisent le commandement chez les généraux et la manière de se battre chez les soldats ; enfin, la justice rendue à tous, avec un peu d’inclination pour tout ce qui peut honorer notre nation à ses propres yeux, et entretenir parmi nous la tradition de la discipline et du courage. […] En attendant, je me contente d’un récit qui m’en apprend assez sur les causes de la guerre pour que je ne confonde pas cette conquête manquée avec une guerre juste, et l’ambition du roi avec la querelle de la France ; qui des luttes intérieures de la Hollande fait ressortir cette triste vérité, que l’invasion même ne réconcilie pas les partis ; qui m’intéresse aux deux nations, à la Hollande par la justice et par le respect du faible, à la France par le patriotisme et l’amour de la gloire ; qui, parmi plusieurs portraits d’un dessin aussi juste que brillant, me laisse imprimées dans l’esprit les deux grandes figures royales du siècle, Louis XIV et Guillaume III, esquissées comme certains croquis de grands maîtres, dont le crayon ne laisse plus rien à faire au pinceau.

987. (1911) La valeur de la science « Première partie : Les sciences mathématiques — Chapitre IV. L’espace et ses trois dimensions. »

Nous interprétons ce fait expérimental en disant que l’objet inconnu a qui cause l’impression A au doigt D est identique à l’objet inconnu a′ qui cause l’impression A′ au doigt D′. […] Quand on dit que nos sensations sont « étendues » on ne peut vouloir dire qu’une chose, c’est qu’elles se trouvent toujours associées à l’idée de certaines sensations musculaires, correspondant aux mouvements qui permettraient d’atteindre l’objet qui les cause, qui permettraient, en d’autres termes, de se défendre contre elles.

988. (1890) L’avenir de la science « XVIII »

Rien ne cause plus de malentendus dans les sciences morales que l’usage absolu des noms par lesquels on désigne les systèmes. […] La liberté individuelle, en effet, est la première cause du mal. […] L’homme de parti a besoin de croire qu’il a absolument raison, qu’il combat pour la sainte cause, que ceux qu’il a en face de lui sont des scélérats et des pervers.

989. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre VIII »

Il n’y a, en réalité, pas de femme, comme on va le voir, dans le cas du vicomte Jean de Thommeray ; par conséquent, point de circonstance attenuante : sa cause est perdue. […] Caverlet ne peut lui donner gain de cause. […] Mais la cause plaidée par la pièce est invinciblement réfutée par le mot de Fanny, s’écriant, lorsque sa mère en vient à la chute de la femme séduite : « Tu dis qu’elle avait besoin d’affection ; elle n’avait donc pas d’enfants ? 

990. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Madame de Pompadour. Mémoires de Mme Du Hausset, sa femme de chambre. (Collection Didot.) » pp. 486-511

Mais elle, sans bien se rendre compte de cette froideur, elle disait à Mme Du Hausset, en y resongeant : « Si c’était Louis XIV, il ferait du jeune enfant un duc du Maine ; mais je n’en demande pas tant : une charge et un brevet de duc pour son fils, c’est bien peu ; et c’est à cause que c’est son fils que je le préfère, ma bonne, à tous les petits ducs de la Cour. […] C’est ce côté qui choquait tant les courtisans à la Maurepas, et qui la faisait appeler grisette, à cause d’une de ses qualités même, dépaysée en haut lieu. […] Jusque-là, je m’en tiens volontiers aux aperçus historiques de Duclos sur les causes et les malheurs de cette guerre de 1756.

991. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Études sur Saint-Just, par M. Édouard Fleury. (2 vol. — Didier, 1851.) » pp. 334-358

Une lettre écrite dans l’intervalle nous le montre en proie à une colère furieuse dont la cause première était dans sa défaite électorale, mais qui s’aigrissait encore de circonstances particulières, à nous inconnues. […] Dites-lui qu’il n’abandonne pas la bonne cause et recommandez-le-lui, car il n’a point encore l’audace d’une vertu magnanime. […] Biot accepte, et l’on cause… « Comment êtes-vous aux armées ?

992. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1861 » pp. 361-395

Théophile Gautier commente la découverte qu’il vient de faire sur ce goût d’huile qui depuis si longtemps l’intriguait, dans les beefsteaks, et qui provient de ce que maintenant les bestiaux sont engraissés avec des résidus de tourteaux de colza ; Saint-Victor cause bibliographie érotique, catalographie de livres obscènes, et demande à emprunter aux bibliophiles qui sont là, Le Diable au corps d’Andréa de Nerciat. […] Ici on cause, on se repose, on est comme dans un café de la Foi. […] Il cause avec bavardage et à petites touches menues, sans jamais un large coup de pinceau : sa conversation ressemble à la palette d’une peintresse à l’aquarelle, toute chargée de jolis, de délicats et de timides tons.

993. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre I. La conscience et la vie »

L’avenir est là ; il nous appelle, ou plutôt il nous tire à lui : cette traction ininterrompue, qui nous fait avancer sur la route du temps, est cause aussi que nous agissons continuellement. […] Chacun de ces mécanismes peut être déclenché directement par une cause extérieure : le corps exécute alors tout de suite, comme réponse à l’excitation reçue, un ensemble de mouvements coordonnés entre eux. […] Or, comment procéderait autrement une cause libre, incapable de briser la nécessité à laquelle la matière est soumise, capable pourtant de la fléchir, et qui voudrait, avec la très petite influence dont elle dispose sur la matière, obtenir d’elle, dam une direction de mieux en mieux choisie, des mouvements de plus en plus puissants ?

994. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Variétés littéraires, morales et historiques, par M. S. de Sacy, de l’Académie française. » pp. 179-194

C’est plaisir, là-dessus, de l’écouter lorsque soi-même on a un goût vif pour l’orateur romain, pour le philosophe de Tusculum : on aime à être surpassé en enthousiasme ; on s’associe, on se prête à cette sorte d’ivresse qu’il cause à un esprit ordinairement rassis ; on est édifié de retrouver à l’improviste comme un Rollin plus jeune, aussi sincère, mais plus transporté et tout de feu en présence des modèles. […] Tous les lieux communs de Cicéron sont si beaux, si spécieux, si honorables pour la société civile et pour la nature humaine, si accompagnés d’un noble pli et d’un large mouvement de la toge, que l’on conçoit vraiment combien ils doivent être chers à tous ceux qui sont encore moins des observateurs politiques inexorables et des scrutateurs du fonds naturel humain que d’éloquents avocats d’une cause.

995. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Parny poète élégiaque. » pp. 285-300

Les Poésies érotiques (vilain titre, à cause du sens trop marqué qui s’attache au mot érotique ; je préférerais Élégies), les Élégies de Parny, donc, parurent pour la première fois en 1778, et devinrent à l’instant une fête de l’esprit et du cœur pour toute la jeunesse du règne de Louis XVI. […] Le vent tourna, l’opinion revint, Parny fut maintenu avec honneur à son rang sur la liste de nos autorités poétiques, et c’est M. de Montahmbert qui en est cause.

996. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « De la poésie en 1865. (suite.) »

J’ai voulu tout aimer et je suis malheureux, Car j’ai de mes tourments multiplié les causes ; D’innombrables liens frêles et douloureux Dans l’univers entier vont de mon âme aux choses. […] Ma vie est suspendue à ces fragiles nœuds, Et je suis le captif des mille êtres que j’aime : Au moindre ébranlement qu’un souffle cause en eux, Je sens un peu de moi s’arracher de moi-même.

997. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre premier. Les signes — Chapitre III. Des idées générales et de la substitution à plusieurs degrés » pp. 55-71

. — Effets singuliers, et cause générale de cette illusion. — Il est naturel que les signes cessent d’être remarqués et finissent par être considérés comme nuls. — Théories fausses sur l’esprit pur. — Le représentant mental que nous appelons idée pure n’est jamais qu’un nom prononcé, entendu ou imaginé. — Les noms sont une classe d’images. — Les lois des idées se ramènent aux lois des images. […] Cette qualité abstraite est la cause de toute la série ; elle la force à être infinie ; c’est elle seule que nous apercevons ; quand nous disons que nous concevons la série comme infinie, cela signifie seulement que nous démêlons cette propriété de régénération inépuisable : nous ne saisissons que la loi génératrice ; nous n’embrassons pas tous les termes engendrés. — Mais pour nous l’effet est le même ; car, appliquant la loi, nous pouvons définir n’importe quel terme de la série, mesurer exactement le surcroît d’approximation qu’il apporte au quotient, chiffrer rigoureusement le degré d’inexactitude que la division renferme encore, si ou l’arrête là.

998. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre II. Diderot »

Non : car d’abord, chez Diderot, le choc n’est pas une émotion quelconque, un fait de son expérience, c’est le choc d’une pensée qui a essayé de se traduire par la parole ou l’art ; puis le détachement de la cause extérieure et de sa pensée interne ne se fait pas ; son œuvre, si vaste qu’elle soit, reste, si je puis dire, épinglée en marge du livre d’autrui ; Diderot est un étourdissant commentateur, plus intéressant souvent que son texte. […] Littérateur, il hante les ateliers, il cause, il dispute ; il frotte ses idées contre leurs théories, son esthétique poétique contre leur esthétique pittoresque ou plastique.

999. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre II. La critique »

La littérature est déterminée par trois causes générales, la race, le milieu (physique ou historique), le moment (poids du développement antérieur, pression de ce qui est sur ce qui veut être). […] Sans faire intervenir la liberté, il y a là un effet dont les trois causes de Taine ne rendent pas compte.

1000. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série «  Les femmes de France : poètes et prosateurs  »

Dès que l’Ève éternelle ou l’éternelle Phryné est citée devant nous, nous sommes en cause, sciemment ou non ; et qui répondra de notre entière liberté de jugement ? […] Ce n’est ici qu’un fort léger surcroît aux causes d’erreur habituelles.

1001. (1766) Le bonheur des gens de lettres : discours [graphies originales] « Le Bonheur des gens de lettres. — Seconde partie. » pp. 35-56

Songe que c’est lui qui est juge ; rappelle à ce Tribunal sacré, & tache d’honorer toujours dignement en toi la cause de l’homme. […] Si votre cause exige quelque chaleur, que ce soit avec noblesse avec honnêteté ; vos raisons ne perdront rien de leur force lorsqu’elle seront présentées avec modération ; on y reconnoîtra mieux le ton de la vérité.

1002. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre V. L’antinomie esthétique » pp. 109-129

Le chant en commun, le choral, voilà la cause du rythme. […] Peu d’artistes partageraient aujourd’hui l’espoir un peu naïf de Mme de Staël qui croyait que la littérature pourrait trouver dans les nouvelles conditions sociales des causes de renouvellement, que le théâtre, la philosophie et l’éloquence seraient appelée à un éclat imprévu46.

1003. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre II. Le cerveau chez les animaux »

C’est dans ce chant que le grand poète expose les rapports de l’âme et du corps, la dépendance où l’une est de l’autre, l’influence de l’âge, des maladies, de toutes les causes extérieures sur les progrès, les changements, les défaillances de la pensée. […] Que le cerveau soit l’organe de la pensée et de l’intelligence, c’est ce qui paraît suffisamment attesté par le fait que nous sentons notre pensée dans la tête, que la contention du travail intellectuel nous y cause de la douleur, que toute affection cérébrale empêche ou altère les fonctions intellectuelles.

1004. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre V : La religion — Chapitre I : Philosophie religieuse de M. Guizot »

Guizot, qui n’a pas craint de défendre en beaucoup de circonstances la cause de l’Église catholique, se croit aussi le droit de signaler dans la conduite de cette Église ce qu’il appelle « un certain manque de clairvoyance religieuse autant que de prudence politique », et il reconnaît que, « tant que le gouvernement de l’Église n’aura pas accepté et accompli cette œuvre de conciliation, les amis de la liberté auront sujet et raison de se tenir envers ce gouvernement dans une réserve vigilante, au nom des principes moraux et libéraux qu’il désavoue. » Cette défiance toutefois n’est autorisée qu’envers une seule Église. Depuis longtemps, le protestantisme s’est mis d’accord avec les principes de la société moderne, et d’ailleurs l’Église catholique elle-même, si elle est bien inspirée et si elle suit les conseils de ses vrais amis, de ses plus généreux adhérents, se hâtera de faire disparaître les causes de cette fâcheuse défiance en s’alliant hardiment et librement avec l’esprit nouveau.

1005. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « De la tragédie chez les Anciens. » pp. 2-20

Si ces mouvements résident plusieurs années dans un cœur, ce n’est que comme un feu assoupi sous la cendre ; leur flamme cause un incendie trop grand pour être durable : désir, effroi, pitié, amour, haine même, tout cela, porté aux derniers excès, s’épuise bientôt ; la violence d’une tempête est un présage de sa fin. […] Mais si toutes les passions bien représentées produisent ce plaisir délicat, il n’en est aucune qui le cause avec plus de vivacité que la terreur et la compassion.

1006. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XXVI. La sœur Emmerich »

Et parce que la cause de ce résultat est surnaturelle, faut-il renoncer à caractériser, comme nous le ferions dans un poëte inconnu s’il venait à naître, le genre de beauté qu’elle a laissé derrière elle à la Critique et à la Littérature, ces deux jouisseuses, dont l’adorable âme en Dieu qu’elle était, cette sœur Emmerich ne se doutait pas ! […] Quoique l’intuition suraiguë de la Visionnaire ne défaille nulle part, non plus que l’expression, sous la plume qui écrit pour elle, cependant, à cause probablement du pathétique de la passion du Sauveur, qui écrase tous les pathétiques de toutes les tragédies humaines, le Récit de la Passion paraît supérieur à la Vie de Notre-Seigneur Jésus-Christ et à celle de sa Mère.

1007. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « II — Se connaître »

Une aussi énergique assurance ne peut provenir que de deux causes ; soit de la connaissance approfondie de sa valeur et de sa force, soit de l’ignorance complète de son état réel. […] Le temps des grandes naïvetés est passé, et il est grand temps d’étudier les causes de la grandeur et de la faiblesse des autres peuples ; il faut apprendre aussi à connaître les dessous des choses ».‌

1008. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXVII. Des éloges en Italie, en Espagne, en Angleterre, en Allemagne, en Russie. »

Ce Waller, après avoir combattu et signalé son zèle pour Charles Ier, après avoir souffert, pour la cause des rois, la prison, l’exil, la perte d’une partie de ses biens, et sauvé à peine sa tête de l’échafaud, eut la bassesse de faire solliciter sa grâce auprès de son tyran, et la bassesse plus grande encore de louer publiquement son oppresseur et le bourreau de son maître : Milton, du moins, montra plus de courage ; lui qui avait servi Cromwell de son épée et de sa plume, après le rétablissement de Charles II, garda le silence, et resta pauvre et malheureux, sans flatter ni prier. Je désirerais que Waller, dans une cause plus juste, eût fait de même.

1009. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre VIII. »

De même que, sous le beau climat de l’Ionie et de la Grèce orientale, le spectacle éblouissant de la terre et des cieux suscitait des hymnes de louanges, et, en quelque sorte, une apothéose de la nature, ainsi l’étude réfléchie de ses merveilles, la recherche de leurs causes, l’interprétation de leurs symboles, firent naître un autre enthousiasme, qui prit bientôt le même langage. […] Ce sont des vers élégiaques, où il ne s’agit ni de ce panthéisme reproché à Xénophane, ni de cette unité spirituelle84 qu’il reconnaissait, dit-on, dans la première cause.

1010. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Barbey d’Aurevilly, Jules (1808-1889) »

Mais c’est que toutes les facultés de ce rare talent se font équilibre et se tiennent d’une étroite manière ; et, même à l’occasion de ces feuilles légères des Memoranda, c’est ce talent tout entier qu’il convient d’évoquer… Quoi qu’il en soit des causes dont ces habitudes ont été l’effet visible, il est certain que, pareil à ce lord Byron qu’il aime tant, M. d’Aurevilly aura vécu dans notre dix-neuvième siècle à l’état de révolte permanente et de protestation continue… M. d’Aurevilly est, au plus beau et au plus exact sens de ce mot, un poète, — un créateur ; même sa poésie est aussi voisine de celle des Anglais que sa Normandie est voisine de l’Angleterre.

1011. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Roumanille, Joseph (1818-1891) »

Pendant les années d’agitation et d’angoisses qui suivirent la Révolution de février, et où la fièvre démocratique, chauffée au feu des imaginations méridionales, propageait, dans nos campagnes, sous leurs formes les plus brutales, toutes les théories communistes, Roumanille, fils d’un jardinier et modeste employé dans une imprimerie d’Avignon, renonçant aux douces familiarités de sa muse bien-aimée, se mit à écrire, en provençal, de petits livres populaires qui firent plus, dans nos départements, pour la cause de l’ordre et du bon sens, que toutes les publications.

1012. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre VII. Le Bovarysme essentiel de l’existence phénoménale »

C’est avec ses sensations qu’il construit ses perceptions, c’est-à-dire qu’il situe dans l’espace et hors de lui, à l’occasion de ses propres modifications, des causes imaginées, matérielles et sensibles, de ces changements où il se possède.

1013. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 6, de la nature des sujets que les peintres et les poëtes traitent. Qu’ils ne sçauroient les choisir trop interressans par eux-mêmes » pp. 51-56

Quand une satire ne met pas dans un beau jour quelque verité dont j’avois déja un sentiment confus, quand elle ne contient pas de ces maximes dignes de passer incessamment en proverbes à cause du grand sens qu’elles renferment en abregé, je puis tout au plus la loüer d’être bien écrite ; mais je n’en retiens rien, et j’ai aussi peu d’envie de la vanter que de la relire.

1014. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Contes — X. Service de nuit. »

La cause de cette convocation c’est que l’aide de camp en question : M. le lieutenant Fametal rendait impossible le bal qui avait lieu à N’Diago ce soir là.

1015. (1892) Essais sur la littérature contemporaine

Les contemporains n’ont pas vu dans l’École des femmes ou dans Tartufe ce que nous y voyons ; et pour cause, car Molière n’y avait point songé. […] ni les uns ni les autres n’ont trouvé la parole magique, le vrai nom de la cause d’où pend à l’infini l’enchaînement des effets. […] Et de là cette conséquence : que, fût-elle un « produit » de la race, du moment ou du milieu, l’individualité, rien qu’en s’y mêlant, modifie l’action des grandes causes. […] Ou plutôt, l’individualité dans l’histoire est une de ces grandes causes dont on parle ; — et je crains, comme je le disais, que depuis un demi-siècle, historiens ou critiques, nous ne l’ayons vraiment trop oublié. […] C’est à quoi je songeais en lisant, tout récemment encore, l’invective d’un honnête homme de philosophe contre la rhétorique, et je me demandais si le temps ne serait pas venu de plaider un peu la cause de cette illustre victime.

1016. (1782) Essai sur les règnes de Claude et de Néron et sur la vie et les écrits de Sénèque pour servir d’introduction à la lecture de ce philosophe (1778-1782) « Essai, sur les règnes, de Claude et de Néron. Livre premier. » pp. 15-203

XIV) et pour la même cause. […] Comme il plaida la cause des Iroquois à Paris, et comme il eût plaidé la nôtre dans les forêts du Canada. […] Il est effrayé par des pronostics : les armées ont embrassé la cause de Vindex ( Id. ibid. […] La cause d’un citoyen vertueux et honoré s’instruit-elle comme celle d’un citoyen obscur et suspect ? […] Dans cette grande cause quel est le rapporteur ?

1017. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Camille Jordan, et Madame de Staël »

Il s’exprima souvent comme eût fait l’un d’entre eux : il n’en était pourtant que par le cœur et la sympathie ; il défendait la cause la plus faible, celle des persécutés, en citoyen équitable et juste. […] La cause doit vous plaire, Un voyageur de ma connaissance vous portera toutes les nouvelles de Suisse que vous désirez. […] Je crois encore pour l’honneur du cœur humain que, s’il en avait eu l’idée tout entière, il aurait reculé devant elle. — J’ai la conviction que c’est moi qui suis cause que votre oncle est rappelé : il aura voulu vous donner une compensation. […] Le préfet a été parfait pour moi ; mais je n’en cause pas moins une peur terrible dans la ville. […] Je ne le trouve guère meilleur que vous ; mais il a un grand succès en Allemagne, et le succès inspire toujours le désir d’en connaître la cause, — Mais de quoi me mets-je à vous parler ?

1018. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. DAUNOU (Cours d’Études historiques.) » pp. 273-362

Une lettre du chevalier de Cubières au marquis de Ximenès mit en cause M. […] Daunou, fidèle à ses sentiments humains, à ses principes d’équité miséricordieuse, ne conçoit pas l’ombre d’une réaction et d’une vengeance à exercer contre les ennemis de sa cause, et ce qu’il a de plus épouvantable à leur offrir en perspective, c’est l’horreur de se voir pardonnés. […] Ne pourrait-on pas y voir une des causes qui attristent un peu son style, si destiné, jusque dans la gravité, à l’ingénieux et au délicat ? […] Combien donc sont à déplorer les dissensions cruelles auxquelles l’inévitable diversité de ces signes a servi de cause ou de prétexte, et qu’il semble aisé de comprendre qu’en de telles matières le plus sûr moyen d’être équitable et raisonnable, c’est d’être fort tolérant !  […] Mais cette cause, qui est la mienne propre et dans laquelle je puis me tromper encore plus qu’en toute autre, n’est point du tout, Monsieur le comte, celle que je vous prie de défendre.

1019. (1914) Note conjointe sur M. Descartes et la philosophie cartésienne pp. 59-331

Pourquoi tout le monde cause-t-il, et qu’est-ce qu’on dit. […] Un hasard en est cause : l’héroïsme est entré en elle. […] Les tenants de la bonne cause ne reçoivent nulle arme frauduleuse, nul armement frauduleux. […] C’est-à-dire, il est si rare que les tenants de la bonne cause n’aient pas peur. […] La promesse n’est pas seulement une cause et la tenue n’est pas un effet.

1020. (1924) Critiques et romanciers

Mais il défend sa cause et il défend la religion. […] Et nous donnons gain de cause à Brunetière. […] Mais afin d’éviter « les causes de trouble ». […] Il s’agit de discerner des effets et des causes, de prévoir et, une fois la volonté marquée, de produire la cause afin d’obtenir l’effet. […] Sommes-nous sans témoins ; il cause avec moi comme un égal.

1021. (1896) Les Jeunes, études et portraits

Il fuit les réunions bruyantes et ne recherche pas les salons où l’on cause. […] Et nous avons le devoir précis de n’être pour eux cause d’aucune souffrance. […] Il porte à la cause qu’il défendait un grave préjudice. […] Napoléon n’a songé qu’à sa propre grandeur, il a subordonné à sa propre cause la cause de l’humanité : c’est pourquoi il n’a laissé après lui que trouble et que ruines. […] Cette rapide et brillante fortune s’explique par bien des causes.

1022. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XXXVII » pp. 153-157

Sa brochure fait le plus grand tort à la cause qu’il soutient, et semble le ranger définitivement parmi les esprits qui ne mûriront pas.

1023. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — P — Pottecher, Maurice (1867-1960) »

Un meurtre commis par ce dernier, pour la bonne cause, aggrave la situation, qui se résout au mieux dans la patriotique exaltation d’un appel de tous aux armes, pour la France en danger.

1024. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article » pp. 527-532

le Normand lui dit, après sa premiere cause, qu’il n’avoit jamais rien entendu de si éloquent.

1025. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 109-114

Il a vu que la plupart des hommes étoient méchans : sans réfléchir sur les causes de cette dépravation, il a conclu qu'elle leur étoit naturelle, & a appliqué à l'espece les vices de l'individu.

1026. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 43, que le plaisir que nous avons au théatre n’est point produit par l’illusion » pp. 429-434

Section 43, que le plaisir que nous avons au théatre n’est point produit par l’illusion Des personnes d’esprit ont crû que l’illusion fut la premiere cause du plaisir que nous donnent les spectacles et les tableaux.

1027. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 49, qu’il est inutile de disputer si la partie du dessein et de l’expression, est préferable à celle du coloris » pp. 486-491

L’âge et plusieurs autres causes, produisent en nous ces sortes de changemens.

1028. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre quatrième. Du cours que suit l’histoire des nations — Chapitre I. Introduction. Trois sortes de natures, de mœurs, de droits naturels, de gouvernements » pp. 291-295

Dans cet ordre immuable, qui nous offre un étroit enchaînement de causes et d’effets, nous distinguerons trois sortes de natures desquelles dérivent trois sortes de mœurs ; de ces mœurs elles-mêmes découlent trois espèces de droits naturels qui donnent lieu à autant de gouvernements.

1029. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre cinquième. Retour des mêmes révolutions lorsque les sociétés détruites se relèvent de leurs ruines — Chapitre III. Coup d’œil sur le monde politique, ancien et moderne, considéré relativement au but de la science nouvelle » pp. 371-375

Les trois formes de gouvernement se succédèrent chez eux conformément à l’ordre naturel ; l’aristocratie dura jusqu’aux lois Publilia et Petilia, la liberté populaire jusqu’à Auguste, la monarchie tant qu’il fut humainement possible de résister aux causes intérieures et extérieures qui détruisent un tel état politique.

1030. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre III. La nouvelle langue. » pp. 165-234

. —  Causes de cette impuissance. —  Sa prose et ses idées scolastiques. —  Comment dans son siècle il est isolé. […] Et Troïlus alors lui en dit la cause, Et comment de son épée il se serait tué. […] La servitude est si pesante, que, même dans son Testament de l’Amour, parmi les plus touchantes plaintes et les plus cuisantes peines, la belle dame idéale qu’il a toujours servie, la médiatrice céleste qui lui apparaît dans une vision, l’Amour pose des thèses, établit « que la cause d’une cause est cause de la chose causée », et raisonne aussi pédantesquement qu’à Oxford. […] And asked him why he had it out drawn, And Troïlus anon the cause her told, And how himself therwith he wold have slain, For which Creseide upon him gan behold, An gan him in her armes faste fold And said : « O mercy God, lo which a dede !

1031. (1898) Émile Zola devant les jeunes (articles de La Plume) pp. 106-203

Voilà, je crois, un phénomène de psychologie sociale extrêmement curieux, dont on s’est efforcé, bien des fois, de découvrir la cause. […] Les plus subtiles variations de la pensée humaine, sont — toujours — déterminées par des causes profondes que l’on peut, sans peine, retrouver dans les entrailles ténébreuses des races. […] Car, c’est l’un des principes essentiels de la philosophie moniste et matérialiste que tout se tient dans la nature, que les effets sont inséparables des causes, que tout est pétri de la même substance. […] La vie sexuelle était bannie des aventures idylliques, Émile Zola a su l’anoblir, en nous montrant qu’elle était vraiment la cause finale de l’amour. […] Tous ont été admirés par des causes étrangères au meilleur de leur œuvre spirituelle, qui prolongea son rayonnement, mais en haut, dans la partie intellectuelle du Public.

1032. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Vernet » pp. 130-167

C’est sans contredit une grande chose que cet univers, mais, quand je le compare avec l’énergie de la cause productrice, si j’avais à m’émerveiller, c’est que son œuvre ne soit pas plus belle et plus parfaite encore. […] Après un second instant de silence et de réflexion, j’ajoutai : les philosophes disent que deux causes diverses ne peuvent produire un effet identique, et s’il y a un axiôme dans la science qui soit vrai, c’est celui-là ; et deux causes diverses en nature ce sont deux hommes… et l’abbé, dont la rêverie allait apparemment le même chemin que la mienne, continua en disant : cependant deux hommes ont la même pensée et la rendent par les mêmes expressions, et deux poëtes ont quelquefois fait deux mêmes vers sur un même sujet. […] Mon cher abbé, c’est cette variété d’accens, que vous avez très-bien remarquée, qui supplée à la disette des mots et qui détruit les identités si fréquentes d’effets produits par les mêmes causes. […] Il observait, à cette occasion, que la plupart des jeunes élèves qui allaient à Rome copier d’après les anciens maîtres, y apprenaient l’art de faire de vieux tableaux : ils ne songeaient pas que, pour que leurs compositions gardassent au bout de cent ans la vigueur de celles qu’ils prenaient pour modèles, il fallait savoir apprécier l’effet d’un ou de deux siècles, et se précautionner contre l’action des causes qui détruisent. […] Bientôt, la cause de ces effets connue, la tête reprendra son sceptre et son autorité, et tous les fantômes disparaîtront.

1033. (1888) Études sur le XIXe siècle

Mon Anita était mon trésor, non moins passionnée que moi pour la sainte cause des peuples et pour une vie aventureuse. […] C’était, de nouveau, « la joie du danger, des aventures et de la conscience de servir la cause sainte de la patrie », qui recommençait. […] Fatigues, peines, privations, qu’est-ce que cela, quand on combat pour la sainte cause de son propre pays et de l’humanité ?  […] Est-ce que le dernier mot ne reste pas toujours à la grande cause des peuples ? […] « La cause que vous défendez, lui écrit-il par exemple à propos de l’abolition de la peine de mort, est celle de l’humanité, de la civilisation.

1034. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Gabriel Naudé »

Et sur ce que ce sont deux imprimeurs qui ont dit ces belles choses, Mascurat, qui a voyagé, cite l’exemple des savetiers italiens dont la politique est encore plus raffinée que celle des imprimeurs de ce pays-ci : « Finalement, ajoute-t-il, pourquoi trouver étrange que nous ayons dit tant de choses en un jour, puisque nous voyons tant de tragédies nous représenter en pareil espace de temps des histoires que l’on ne jugeroit jamais, à cause d’une infinité de rencontres et d’incidents, avoir été faites dans l’espace de vingt-quatre heures… Et puis, si le Timée, le Gorgias, le Phédon et les dialogues de Republica et de Legibus de Platon, quoiqu’ils soient bien plus longs que les nôtres, ont bien été faits en un jour…, pourquoi ne voudra-t-on pas que nous ayons dit, depuis cinq heures du matin jusques à sept heures du soir, ce que, s’il étoit imprimé, il ne faudroit guère davantage de temps pour lire ? […] Dans un Advis imprimé (1651) à l’adresse de nos Seigneurs du Parlement, il exhale les sentiments dont il est plein : « … Et pour moi qui la chérissois comme l’œuvre de mes mains et le miracle de ma vie, je vous avoue ingénuement que, depuis ce coup de foudre lancé du ciel de votre justice sur une pièce si rare, si belle et si excellente, et que j’avois par mes veilles et mes labeurs réduite à une telle perfection que l’on ne pouvoit pas moralement en désirer une plus grande, j’ai été tellement interdit et étonné, que si la même cause qui fit parler autrefois le fils de Crésus, quoique muet de sa nature, ne me délioit maintenant la langue pour jeter ces derniers accents au trépas de cette mienne fille, comme celui-là faisoit au dangereux état où se trouvoit son père, je serois demeuré muet éternellement. […] Cette porte particulière n’eut pas temps de s’ouvrir, à cause des troubles. […] Et au nombre des causes de ces mystérieuses vicissitudes, Naudé ne craint pas de mettre « la grande bonté et providence de Dieu, lequel, soigneux de toutes les parties de l’univers, départit ainsi le don des arts et des sciences, aussi bien que l’excellence des armes et établissement des empires, ou en Asie, ou en Europe, permettant la vertu et le vice, vaillance et lâcheté, sobriété et délices, savoir et ignorance, aller de pays en pays, et honorant ou diffamant les peuples en diverses saisons ; afin que chacun ait, part à son tour au bonheur et malheur, et qu’aucun ne s’enorgueillisse par une trop longue suite de grandeurs et prospérités. » C’est là une belle page et digne de Montaigne. […] Mascurat répond à Saint-Ange, qui vient d’exprimer la conviction naïve qu’aucune doctrine pernicieuse ne saurait se fonder sur la Sainte-Écriture : « Si tu ajoutes bien entendue, dit Mascurat, je suis de ton côté ; mais, à faute de suivre l’interprétation que la seule Église catholique donne à ces Livres sacrés, ils sont bien souvent causés de beaucoup de désordres, tant es mœurs à cause du livre des Rois et autres pièces du Vieil Testament, qu’en la doctrine, laquelle est bien embrouillée dans le Nouveau et par les Épîtres de saint Paul principalement : Mare enim est Scriptura divina, habens in se sensus profundos et altitudinem tudinem propheticorum enigmatum, comme disoit saint Ambroise… » Quand j’entends un sceptique, citer si respectueusement un grand saint, je me dis qu’il y a anguille sous roche.

1035. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Le Chevalier de Méré ou De l’honnête homme au dix-septième siècle. »

« Il est pourtant bon, lorsqu’on écrit, de s’imaginer en quelque sorte qu’on parle, pour ne rien mettre qui ne soit naturel et qu’on ne pût dire dans le monde ; et de même quand on parle, de se persuader qu’on écrit, pour ne rien dire qui ne soit noble et qui n’ait un peu de justesse. » Ainsi, premièrement, il n’écrit point ses lettres comme il cause, et de plus même quand il cause, il parle un peu comme un livre ; on voit d’ici le renchérissement qu’en doit prendre son style. […] Cela l’obligea de me laisser jusqu’à l’âge de vingt-deux ans au collège, et lorsque j’en fus sorti, je connus par expérience qu’excepté le latin que j’étois bien aise de savoir, tout ce qu’on m’avoit appris m’étoit non-seulement inutile, mais encore nuisible, à cause que je m’étois accoutumé à parler dans les disputes sans entendre ni ce qu’on me disoit, ni ce que je répondois, comme c’est l’ordinaire. […] Je vois, de plus, que ce qui sert d’un côté nuit d’un autre ; que le plaisir fait souvent naître la douleur, comme la douleur cause le plaisir, et que notre félicité dépend assez de la fortune et plus encore de notre conduite. — Je l’écoutois doucement quand on nous vint interrompre, et j’étois presque d’accord de tout ce qu’il disoit. […] En même temps il reconnaissait son charme, qui faisait qu’on lui restait attaché malgré tout : « Si cela vous paroît peu vraisemblable à cause que vous m’avez extrêmement négligé, lui disait-il, je vous apprends qu’entre vos merveilleuses qualités qui font tant de bruit, vous en avez une que je regarde comme un enchantement : c’est que les gens de bon goût qui vous ont bien connue ne vous sauroient quitter, de quelque adresse que vous usiez pour vous en défaire, et j’en suis un fidèle témoin. » Tout cela est finement observé et n’est pas du tout ridicule.

1036. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — chapitre VII. Les poëtes. » pp. 172-231

Je viens de lire sa correspondance, il n’y a pas peut-être dix lettres vraies ; il est écrivain jusque dans ses épanchements ; ses confidences sont de la rhétorique compassée, et quand il cause avec un ami, il songe toujours à l’imprimeur qui mettra ses effusions sous les yeux du public. […] Swift lui reproche de n’avoir jamais de loisir pour la conversation ; la cause en est « qu’il a toujours en tête quelque projet poétique. » Ainsi rien ne lui manque pour atteindre l’expression parfaite : la pratique d’une vie entière, l’étude de tous les modèles, l’indépendance de la fortune, la compagnie des gens du monde, l’exemption des passions turbulentes, l’absence des idées maîtresses, la facilité d’un enfant prodige, l’assiduité d’un vieux lettré. […] Je la relis et je m’ennuie ; cela est inconvenant ; mais, en dépit de moi-même je bâille, et j’ouvre les lettres originales d’Héloïse pour chercher la cause de mon ennui. […] La Philosophie, qui jadis ne s’appuyait que sur le ciel, se rabat sur les causes secondes et disparaît ; la Religion rougissante voile son feu sacré, et la Moralité, sans s’en douter, s’éteint ; la vertu publique, la vertu privée n’osent plus jeter de flammes ; il n’y a plus d’étincelle humaine, il n’y a plus d’éclair divin. […] Philosophy that lean’d on Heav’n before Shrinks to her second cause and his no more.

1037. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 octobre 1885. »

Que Wagner ait été l’ennemi de la France, que ses œuvres marquent une haine contre les Français, qu’en 1871 il ait écrit l’Ode à l’armée allemande et la Kaisermarsch, ce n’est point pour ces causes que Wagner doit être proscrit de Paris : Wagner, Allemand, avait le droit de haïr et d’attaquer la France ; son patriotisme était légitime comme celui de Gœthe, celui de Beethoven ; mais Wagner a été l’insulteur de la France malheureuse ; contre Paris tombé il écrivit cette œuvre de moquerie et d’outrage, Une Capitulation. […]   … « Je vois que constamment mes amis français se considèrent comme obligés de donner toute sorte d’éclaircissements et d’excuses à mon sujet, à cause des prétendues invectives que j’aurais lancées contre la nation française. […] Au lieu de voir dans cette basse origine une preuve de ce fait, que la naissance du Rédempteur des pauvres ne trouverait aucune place chez les nations civilisées qui régnaient alors, mais que cette Galilée, que seul le mépris des Juifs distinguait, avait pu être choisie, à cause même de son abaissement apparent, pour le berceau de la nouvelle foi, — et les premiers croyants, les bergers et les paysans, aveuglément soumis aux lois juives, crurent pouvoir prouver que le Sauveur se rattachait, par son origine à la race royale de David, comme pour excuser sa téméraire sortie contre la loi hébraïque. […] Relisons les écrits, encore : les causes de cette différence nous deviendront manifestes. […] Cet argument ne saurait convaincre les antiwagnériens, tout juste ceux qui étaient déjà acquis à sa cause.

1038. (1914) Une année de critique

On rejeta les autres pour diverses causes, entre lesquelles une excessive brièveté fut la plus commune. […] Mais, à cause des griffes, la souris est morte. […] Ils ne demeurent pas au bord de la route, à cause du bruit. […] Mais on découvre bientôt une autre, cause à l’admiration de M.  […] Abel Hermant, et non sans cause.

1039. (1891) Essais sur l’histoire de la littérature française pp. -384

Amalgame jusqu’à ce jour inouï du poétique et du grossier, qui a ses causes bien tristes ! […] Pour cette cause, il convient qu’elle soit rare. […] À défaut d’autres causes, il suffisait, pour la jeter dans le libertinage, de l’odorat. […] Flaubert que de ne point la rapporter à sa vraie cause, et ce n’est point, tant s’en faut ! […] Bien des causes concouraient à ce que Fléchier n’évitât point de défaut.

1040. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXVIe entretien. Le Lépreux de la cité d’Aoste, par M. Xavier de Maistre » pp. 5-79

J’avais quelques écolières aussi dans la bourgeoisie, et une entre autres qui fut la cause indirecte d’un changement de relation, dont j’ai à parler, puisque enfin je dois tout dire. […] Elle avait été cause, à ce qu’on disait, de bien des brouilleries, et d’une entre autres qui avait eu des suites fatales à la maison d’Antremont. […] Lorsqu’elle commence à se montrer, je souffre ordinairement davantage ; la maladie diminue ensuite, et semble changer de nature : ma peau se dessèche et blanchit, et je ne sens presque plus mon mal ; mais il serait toujours supportable sans les insomnies affreuses qu’il me cause. […] Il est possible que vous ayez la fièvre pendant ces cruelles insomnies, et c’est elle sans doute qui vous cause cette espèce de délire.

1041. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre VI. Bossuet et Bourdaloue »

Au milieu du siècle, en 1646, une cause célèbre, celle de Tancrède qui revendiquait le nom de Rohan, soutenu par sa prétendue mère, la duchesse douairière, contre la duchesse de Chabot-Rohan et contre toute la parenté, fit parler les plus célèbres avocats du temps : Martin, pour Mme de Rohan-Chabot, contestant que Tancrède fût le vrai et légitime frère de sa cliente, allègue Médée, et Virginie, et l’Evangile, et la femme qui ayant mis trois fois au monde des enfants morts, dit avoir rêvé qu’il lui fallait accoucher dans un bois sacré. […] Entre la préface et la conclusion de cette partie, où s’étale éloquemment le dogme de la Providence dans son application aux grands faits de l’histoire, Bossuet étudie les causes humaines et physiques de la prospérité et de la ruine des peuples anciens. […] Mais, malgré tout, les chapitres de la Grèce et de Borne sont remarquables : Bossuet a mis en lumière la force de quelques causes morales, amour de la patrie, respect de la loi ; il a saisi le rapport des faits à certaines institutions ou traditions ; il a expliqué la lente et sûre formation de la grandeur romaine par les qualités d’endurance et de discipline de la race, par l’organisation militaire, par l’esprit conservateur du sénat qui, dans la politique étrangère, met la continuité ; la moitié des Considérations de Montesquieu vient de Bossuet. […] La morale de Bourdaloue est très précise, très particulière, non pas seulement dans les préceptes, mais dans les observations aussi et les analyses : il présente au pêcheur toutes les nuances, toutes les formes, il lui donne toutes les sources et causes, tous les effets et dépendances de son péché : il ne lui laisse rien ignorer de ce qu’il est, afin de faire éclater devant sa conscience combien il est éloigné d’être ce qu’il doit être.

1042. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 mars 1886. »

Les wagnériens sont du reste un peu cause de ce déchaînement de sentiments illogiques ; c’est sur un malentendu qu’on discute, et cela dès le premier jour où le nom de Wagner a été prononcé. […] Les soixante-dix mille braves gens dont j’ai parlé plus haut seront là ; mettons-en seulement cinquante mille, car il y aura dans la foule un minimum de vingt mille désœuvrés et de braillards toujours prêts à faire ce qu’ils appellent du boucan, à tout propos et sans que la cause repose autrement sur leur conviction. […] Reste à savoir si nous devons compromettre pour cette cause la vie de Paris déjà si troublée par la crise que nous traversons. […] Mon cher ami, Je suis mise aujourd’hui en cause par les wagnériens, qui me cessent de tenir des conciliabules mystérieux et concluent qu’il faut me démasquer.

1043. (1856) Cours familier de littérature. I « Ve entretien. [Le poème et drame de Sacountala] » pp. 321-398

… Voilà pourquoi, ô mon fils, je voudrais tant connaître la cause de la douleur qui afflige le brahmane, et soulager la peine de cette maison.” « “Oui, ma mère”, dit Bhima, “sachons la cause de cette douleur ; rien ne me coûtera pour la soulager.” […] À ce spectacle le petit enfant, ému des larmes dont il ne comprenait qu’à demi la cause, et anticipant par son émotion sur l’âge où il pourrait défendre son père, sa mère et sa sœur, bégaya, dit le poète, ces mots à peine articulés en courant de l’un à l’autre : « Ne pleure pas, ô mon père ! […] Il réfléchit, et déclare qu’il est un pèlerin pieux, lecteur des Védas, qui vient visiter le saint ermite ; il s’informe habilement par les jeunes amies de Sacountala de la naissance étrange de cette jeune beauté, et des causes de sa résidence dans cette solitude.

1044. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Duclos. — III. (Fin.) » pp. 246-261

On a conservé le souvenir de quelques scènes violentes qu’il eut avec son confrère l’abbé d’Olivet, qu’il appelait un bon grammairien et un méchant homme, et à qui il n’épargnait pas l’injure en face : « C’est, disait-il, un si grand coquin que, malgré les duretés dont je l’accable, il ne me hait pas plus qu’un autre. » L’abbé d’Olivet n’était pas si impassible que Duclos voulait bien le croire : on a beaucoup dit que sa mort et l’attaque d’apoplexie à laquelle il succomba (octobre 1768) eurent pour cause une dernière altercation violente qu’il avait eue à l’Académie avec Duclos et d’Alembert. […] C’est ainsi que, dans son Essai sur la voirie et les ponts et chaussées, il n’est pas absolument contre la corvée, contre le travail de réparation des chemins par les communautés : il croit seulement qu’il serait bon de régulariser ce service imposé au peuple des campagnes, établissant en principe que l’État a le droit de l’exiger comme tous les genres de services pour la grande cause de l’utilité publique.

1045. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Montluc — I » pp. 56-70

Je le dis pour ce capitaine qui a le bras en écharpe, qui est appuyé contre ce tertre, car il faut confesser qu’il est seul cause de notre salut. […] Ayant à parler en passant d’André Doria, le grand amiral génois, dont le mécontentement et par suite la défection furent cause de beaucoup de pertes qui advinrent au roi de France, de celle de Naples et autres malheurs : « Il semblait, dit Montluc, que la mer redoutât cet homme ; voilà pourquoi il ne fallait pas, sans grande et grande occasion, l’irriter ou mécontenter. » M. de Lautrec mort, on dut lever le siège de devant Naples et s’en revenir.

1046. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Montluc — III » pp. 90-104

Il les harangue en son meilleur italien, et, dans cette occasion comme dans toute autre, il montre assez quelle importance il attache à savoir bien parler la langue des divers pays où il sert, et à joindre une certaine éloquence aux autres moyens solides : « Je crois que c’est une très belle partie à un capitaine que de bien dire. » Il remonte donc par ses paroles le moral ébranlé des Siennois, leur rend toute confiance, et l’on se promet, citoyens d’une part, colonels et capitaines de l’autre, de ne point séparer sa cause et de combattre jusqu’à la mort pour sauver la souveraineté, l’honneur et la liberté. […] Les mestres de camp ne descendirent point, mais tous les capilaines descendirent et me vinrent embrasser la jambe, puis remontèrent à cheval et m’accompagnèrent jusqu’à ce que nous trouvâmes le marquis et le sieur Chiapin, qui pouvaient être à trois cents pas de la porte de la ville ; et là nous nous embrassâmes, et me mirent au milieu d’eux, et allâmes toujours parlant du siège et des particularités qui étaient survenues, nous attribuant beaucoup d’honneur ; même me dit qu’il m’avait beaucoup d’obligation, car outre qu’il avait appris beaucoup de ruses de guerre, j’étais cause qu’il était guéri des gouttes.

1047. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Les Chants modernes, par M. Maxime du Camp. Paris, Michel Lévy, in-8°, avec cette épigraphe. « Ni regret du passé, ni peur de l’avenir. » » pp. 3-19

Cela tient à plus d’une cause, et surtout à ce revirement perpétuel des écoles poétiques qui se succèdent en s’efforçant de se détruire les unes les autres. […] Depuis que ces cinq hommes forts, réduits au silence pour une cause ou pour une autre, nous font défaut, « la nuit est revenue, dit M. du Camp ; chacun se traîne à travers l’obscurité pour chercher la lumière, et nul ne la trouve.

1048. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Le général Joubert. Extraits de sa correspondance inédite. — Étude sur sa vie, par M. Edmond Chevrier. — III » pp. 174-189

C’était, sans contredit, le plus intrépide, le plus habile et le plus estimable des lieutenants de Bonaparte ; il avait favorisé, depuis la paix de Campio-Formio, la cause populaire en Hollande ; il venait en Italie, résolu, malgré la fausse politique du Directoire, de suivre son inclination et de satisfaire au vœu des peuples qui voulaient la liberté. Je l’engageai fortement à ne pas se compromettre pour ma cause et à louvoyer.

1049. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Mélanges religieux, historiques, politiques et littéraires. par M. Louis Veuillot. » pp. 64-81

voilà l’orateur en personne, au verbe enflammé, à la voix pénétrante comme un glaive, au timbre inflexible et sonore ; et des armes si belles sont au service d’une sainte cause. […] Il n’entend pas certaines allusions que lui font les beaux esprits convertisseurs avec qui il cause, et qui tendraient à le ramener aux effrois et aux pratiques d’un bourgeois de Paris du temps de Robert le Pieux.

1050. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Campagnes de la Révolution Française. Dans les Pyrénées-Orientales (1793-1795) »

» Sa protestation éloquente et spirituelle fit son effet ; le bon sens, cette fois, eut gain de cause. […] Guerre, art, poésie, philosophie, imagination ou réalité, heureux qui trouve à quoi se prendre une dernière fois dans sa vie, entre les belles causes qui demandent et appellent l’étincelle sacrée !

1051. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Mémoire de Foucault. Intendant sous Louis XIV »

Il plaida dès son début quelques causes avec succès, à la satisfaction des anciens de l’Ordre. […] Sa timidité naturelle, dans une entreprise qu’il jugeait périlleuse, est peut-être cause que l’ouvrage des conversions, qui aurait pu réussir par les conférences, soutenues d’autres moyens doux, a causé la ruine d’un si grand nombre de religionnaires et la perte du commerce et des arts. » Contradiction singulière et bizarrerie de la conscience humaine !

1052. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Souvenirs d’un diplomate. La Pologne (1811-1813), par le baron Bignon. »

Il professait alors une grande sympathie pour la cause polonaise ; même après les déceptions survenues et jusqu’en 1814, il faisait acte toujours de foi et d’espérance en elle. Mais une note de date postérieure, qu’il a pris soin d’ajouter, nous apprend que cette noble cause s’était entièrement dénaturée, à ses yeux, depuis 1831, par l’introduction de l’élément révolutionnaire.

1053. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Souvenirs d’un diplomate. La Pologne (1811-1813), par le baron Bignon. (Suite et fin.) »

Il ne fit d’ailleurs que traverser l’Allemagne du centre, et, en arrivant à Varsovie, il se trouva transporté sur une terre qui tressaillait de joie au nom de France, et au sein d’une nation qui n’attendait que le signal pour se dévouer tout entière à la cause de Napoléon, inséparable alors de la sienne. […] L’opinion prit alors ce caractère énergique qui la rend maîtresse des événements ; et c’est ainsi que le grand mouvement qui a abattu la puissance gigantesque créée par la Révolution, loin de démentir l’esprit primitif de celle-ci et le génie du siècle, n’a fait que déployer le principe fondamental de l’une et de l’autre, sous de plus nobles auspices et dans une direction plus heureuse. » Quand il écrivait ainsi, M. de Senfft était encore libéral, et il avait foi encore en l’avenir des peuples. — Mêlant des idées mystiques et des pensées de l’ordre providentiel à ses observations d’homme politique, il voyait, l’année suivante (1812) et lors de la gigantesque expédition entreprise pour refouler la Russie, il voyait, disait-il, dans « cette réunion monstrueuse » de toutes les puissances de l’Europe entraînées malgré elles dans une sphère d’attraction irrésistible et marchant en contradiction avec leurs propres intérêts à une guerre où elles n’avaient rien tant à redouter que le triomphe, « un caractère d’immoralité et de superbe, qui semblait appeler cette puissance vengeresse nommée par les Grecs du nom de Némésis » et dont le spectre apparaît, par intervalles, dans l’histoire comme le ministre des « jugements divins. » Il lisait après l’événement, dans l’excès même des instruments et des forces déployées, une cause finale providentielle en vue d’un résultat désiré et prévu : car telle grandeur d’élévation, telle profondeur de ruine.

1054. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XVII. De la littérature allemande » pp. 339-365

Les causes qui ont retardé les progrès de la littérature allemande, s’opposent encore, sous quelques rapports, à sa perfection ; et c’est d’ailleurs un désavantage véritable pour une littérature, que de se former plus tard que celle de plusieurs autres peuples environnants : car l’imagination des littératures déjà existantes, tient souvent alors la place du génie national. Considérons d’abord les causes principales qui modifient l’esprit de la littérature en Allemagne, le caractère des ouvrages vraiment beaux qu’elle a produits, et les inconvénients dont elle doit se garantir.

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