Ce que le mouvement de l’inspiration pouvait avoir de libre encore, d’indépendant et de capricieux au besoin, il l’a contraint sous la règle. […] Je le trouve plus libre dans le second, dont l’ordonnance, ayant plus de simplicité, a plus de solidité aussi. […] il faudrait que Dieu, après avoir fait des causes libres et des causes nécessaires… eût établi des lois conformes à la nature des causes libres, mais si peu fixes que le moindre chagrin qui arriverait à un homme les bouleverserait entièrement, à la ruine de la liberté humaine ? […] Elles se piquent d’être libres penseuses. […] Que restait-il de libre si l’Église étendait son pouvoir dogmatique jusque sur les choses qui « ne blessaient ni la foi ni les mœurs » ?
Il n’a jamais admis ni compris le vers libre, qui n’est pas nécessairement un vers facile, mais qui donne l’illusion de la facilité. […] Tantôt un monde aussi libre de mouvements et de durée. […] Dans un milieu et dans un temps où régnaient le vers libre, Valéry, comme Mallarmé, a voulu un vers discipliné, une rime aussi entière et aussi probe que celle de Hugo et des Parnassiens. […] En réalité elles restent libres, sauf à la rime, et le poète s’en dispense ou en use selon la chance des mots. […] Pas plus que Mallarmé il n’a été touché par le vers libre ni il n’a touché au vers libre.
Et d’ailleurs il fallait toujours qu’il y eût entre lui et l’objet de sa pensée un espace libre de solitude et de rêve. […] Ce fut Maxime Du Camp, du même âge que lui, entré riche et libre dans la vie, avec l’amour des lettres et le loisir de s’y consacrer. […] On a l’habitude de considérer Homais et Bournisien comme deux pendants, comme un bilingue de la bêtise humaine, l’un en langage religieux, l’autre en langage de la libre pensée. […] Du libre, du pittoresque, du gratuit. […] Cette connaissance croîtra encore d’un degré quand le libre usage des manuscrits de Flaubert dans les bibliothèques publiques en 1936 permettra des éditions critiques de ses grands livres.
Des deux vaisseaux qui marcheraient de conserve, il en est un (l’éclectisme) qui, insensiblement et sans même y trop viser, déroberait à l’autre une bonne partie de son équipage : cela tiendrait simplement à la communication trop libre des deux pavillons.
C’est un écueil pour les pièces de théâtre des peuples libres, que les succès qu’on obtient, en mettant en scène des allusions aux affaires publiques.
L’épigramme, plus libre en son tour plus borné… 5.
Donc, pratiquons le vers libre, s’il nous plaît, laissons le poète tranquille et admirons.
» Ce sont, dans leur vagabondage libre et leur franche expansion, les causeries, les confidences de cette intimité que nous donnons ici.
Il eût été peut-être plus exact de comparer Daphnis et Chloé à Paul et Virginie ; mais ce roman est trop libre pour être cité.
Mais considérez que les grandes compositions de Vernet ne sont point d’une imagination libre.
Les bergers et les pasteurs d’alors étoient libres de ces soins qui devorent les nôtres.
S’il pensait ce qu’il affirme, il faudrait conclure qu’il tient mon livre pour absurde et ridicule, et je n’y verrais pas d’inconvénient chacun étant libre de ses opinions ; mais si mon volume est absurde et ridicule, comment peut-il écrire, dans le même article, à propos du même ouvrage : « Hélas !
La littérature d’imitation, même libre, est une erreur. […] L’enfant solitaire se retrouve là : ce qu’il lui faut, c’est toujours un exercice, ou tranquille ou violent, mais toujours libre et sans entrave, de ses facultés d’imagination. […] Lui-même est l’instrument de sa propre grandeur ; Libre quand il descend, et libre quand il monte, Sa noble liberté fait sa gloire ou sa honte. […] Une croix monte du sol et étend ses deux bras sur le monde Les sombres déesses s’envolent, et le ciel est libre. […] … Le doute le fait libre, et la liberté grand92.
Il tire subtilement, pour ainsi dire, et mollement, le catholicisme au jansénisme, le jansénisme au protestantisme, le protestantisme au socinianisme et le socinianisme à la libre pensée. […] C’est précisément cela qui forme une difficulté nouvelle dont la philosophie libre penseuse va s’emparer. […] à la faveur de cette singerie que leur dévotion laissait innocemment le champ libre à l’intempérance. » Voilà trop souvent sa manière. […] On sent qu’il n’y a pas eu de vie intellectuelle plus forte, plus intense, et, avec cela, plus libre ni plus sereine. […] C’est un grand bourgeois ; il est riche, il aime le monde, le luxe, les arts, les conversations libres entre « honnêtes gens », le théâtre, et la paix sous ses fenêtres.
Ils revenaient aux croyances de l’âge patriarcal, au rêve édénique des premiers hommes, libres de tout souci et purs de tout péché. […] Le citoyen, l’homme libre, faisait son apparition dans les choses humaines. […] De même pour l’esprit, ils n’ont plus les idées promptes et libres. […] Nul ne s’attendait à cette brusque intervention du Libre Arbitre, se dressant, à la fin de cette orgie de fatalisme, comme le spectre de Banquo. […] Il y a, en effet, deux ou trois sermons dans ce recueil de libres pensées.
III Sous le Directoire la proscription avait cessé, les différents clergés professaient librement chacun leur foi, et, se faisant une libre concurrence par la persuasion dans l’esprit des populations chrétiennes, étaient également inviolables dans l’exercice purement spirituel de leur ministère. […] S’il s’agissait pour le premier Consul de flétrir l’impiété, ce parricide moral de l’humanité ; de relever le sentiment religieux, cette piété filiale de l’esprit humain dans l’âme du peuple ; de faire respecter, honorer, vénérer sous toutes ses formes sincères les cultes libres qui sont les actes volontaires et spontanés de cette piété du cœur humain, et qui, en rappelant sans cesse l’homme à sa source et à sa fin, sont sa filiation divine, sa noblesse entre les créatures, sa conscience, sa morale, sa vertu, sa consolation, son espérance, rien ne serait plus plausible que l’argumentation de M. […] Pitt était, pour l’Angleterre libre, l’homme de salut ; M. […] C’est contre ce petit nombre d’âmes libres et stoïques, quoique modérées, que le premier Consul éclate en impatience et qu’il invente le mot d’idéologues, comme l’injure la plus expressive qu’on puisse adresser à des hommes qui font abstraction de l’expérience en matière de gouvernement.
Écartez vos soldats, et demandez à la république aristocratique et orientale de Venise si elle reconnaît la légitimité des vallées de Maurienne sur les flots libres de l’Adriatique. Écartez vos soldats, et demandez à Milan s’il reconnaîtra l’aristocratie de Turin : voilà la liberté qui tue trois États libres ! […] Le corps, composé de matières, n’est pas libre ; l’âme est coupable parce qu’elle est libre. » Quel traité de Fénelon ou de Nicole traite de morale en termes plus chrétiens ?
XXVIII La guerre ouverte entre le dictateur et la femme de génie ne tarda pas à éclater ; Bonaparte avait laissé subsister, dans le tribunat, une ombre de tribune libre, mais en corrompant les orateurs. […] La destinée ne m’accorde plus une autre correspondance avec lui. » XLI Cette page des mémoires de la femme persécutée dans ses amis respire la vengeance d’une âme libre ; elle atteste aussi plus de constance dans la dignité de l’âme que le despotisme n’était accoutumé à en rencontrer autour de lui. […] L’empereur Alexandre la reçut à Pétersbourg comme il aurait reçu une alliée qui lui apportait pour concours l’opinion du monde libre, cette puissance qui équivaut aux armées et qui leur survit. […] « Il serait plus aisé de décrire les symptômes du talent que de lui donner des préceptes ; le génie se sent comme l’amour par la profondeur même de l’émotion dont il pénètre celui qui en est doué ; mais si l’on osait donner des conseils à ce génie, dont la nature veut être le seul guide, ce ne serait pas des conseils purement littéraires qu’on devrait lui adresser ; il faudrait parler aux poëtes comme à des citoyens, comme à des héros, il faudrait leur dire : — Soyez vertueux, soyez croyants, soyez libres, respectez ce que vous aimez, cherchez l’immortalité dans l’amour, et la divinité dans la nature ; enfin, sanctifiez votre âme comme un temple, et l’ange des nobles pensées ne dédaignera pas d’y apparaître. » Ne croit-on pas entendre la poésie elle-même devenue ce que Dieu l’a faite, la sibylle de la nature et la prêtresse du cœur humain ?
Dans les romans (je citerai seulement ceux de Cyrano) se donne libre carrière une imagination débridée, capricieuse, celle qu’on allait nommer bientôt la folle du logis. […] Napoléon, à Sainte-Hélène, écrivant pour la postérité et plaidant sa cause sans en avoir l’air, se vante d’avoir récompensé tous les mérites, encouragé le libre développement de toutes les facultés. […] Mais ne va plus, au moins, te perdre dans les nues, A travers tes forêts, tes cimes inconnues Où dans l’air libre et pour les aigles font leur nid, Où l’on fuit les tyrans jusque dans l’infini, Ou la liberté gronde avec les avalanches… En pareille circonstance, il y a toujours une littérature française hors de France, une littérature de proscrits. […] La vie politique est donc intense dans les pays ou dans les moments de libre discussion.
C’est alors que la littérature, animée de l’esprit plus vif et plus libre du dehors, réveille ceux qui se laissaient aller à une paisible somnolence et brise les moules gênants où les intelligences risquaient d’être emprisonnées. […] Désormais la pensée païenne s’offrait aux jeunes intelligences à côté de la pensée chrétienne ; l’autorité se trouvait partagée entre les auteurs profanes et les auteurs sacrés ; c’était une porte ouverte au libre examen, un commencement d’émancipation. […] A côté de ces divers enseignements visant à faire des chrétiens, supposez-en un autre, tout laïque, se donnant pour tâche de faire avant tout de bons citoyens et des esprits libres, accoutumés à éprouver toute opinion par le contrôle de l’expérience et de la raison. […] La philosophie, si elle accepte une consigne, si elle approuve ou réfute sur commande, ne mérite pas et n’obtient pas l’ascendant qu’elle a le droit d’espérer, quand elle est un libre essai de réponse aux questions que nous posent la vie et la mort.
Ne raconte-t-on pas que, s’étant, jeune homme, rencontré à Mozart, il quitta le piano, dans une mauvaise humeur, après, avoir joué, sur l’invitation du maître, une sonate ; et que, alors, pour se faire mieux connaître, il demanda la permission de s’abandonner à une libre fantaisie ; ce qu’il fit, nous dit-on, avec une telle expression, que Mozart émerveillé, déclara, se tournant à ses amis : « Le monde entendra parler, quelque jour, de cet homme ! […] Il se sentait un Vainqueur ; il savait qu’il devait appartenir au monde, seulement, comme un homme libre. […] L’Homme, immaculé et libre, Siegfried, le Waelsung, — possesseur de l’Or et non souillé par l’Or, — commence l’œuvre par qui le monde sera libéré, — l’Exaltation de l’Homme, la Fin des Dieux : — Siegfried va éveiller Brünnhilde, la morte déesse, faite femme. […] — Impaisible, — laisse moi libre !
Ainsi, d’une façon marquée dans les œuvres où le style est plus libre des choses, moins nettement dans les romans, chaque livre de Flaubert se résout en chapitres dissociés, que constituent des paragraphes autonomes, formés de phrases que relie seul le rhythme et qu’assimile la syntaxe. Ces éléments libres, de moins en moins ordonnés, ne sont assemblés que par leur indentité formelle et par la suite du sujet, comme sont continus une mosaïque, un tissu, les cellules d’un organe, ou les atomes d’une molécule. […] Passant sur Salammbô dont le sens est simplement d’être belle, dans la Tentation une fantaisie plus libre permet une histoire plus significative. […] Que M. de Goncourt se plut à laisser libre carrière à son style en une œuvre spéciale et suprême, LaFaustin !
VI Rien n’est donc de plus légitime quand on est jeune, spirituel, oisif, amoureux, libre de soucis et de deuils, délicatement voluptueux, légèrement grisé de la sève du cœur ou de la sève du raisin ; rien n’est si naturel du moins que de chanter nonchalamment couché à l’ombre du pin qui chante sur votre tête, au bord du ruisseau qui court et qui chante à vos pieds, au coucher du soleil, au lever de la lune, heure où chante le rossignol, sur l’herbe où chante la cigale, tenant à la main la coupe où chante d’avance dans la mousse qui pétille la demi-ivresse du buveur insoucieux ; cette poésie du passe-temps et du plaisir, quelque futile qu’elle soit, a eu des échos tellement conformes à notre nature et tellement sympathiques aux légèretés de notre pauvre cœur humain, que ces échos se sont prolongés depuis Anacréon jusqu’à Béranger, et depuis Hafiz jusqu’à Alfred de Musset, cet Hafiz de nos jours. […] Villemain, pindarique sur les ailes neuves et dans les régions inexplorées avec Victor Hugo, élégiaque avec moi, oratoire avec Royer-Collard, de Serre, Foy, Lainé, Berryer naissant, et leurs émules de tribune, néo-grecque avec Vigny, romanesque avec Balzac, humoristique avec Charles Nodier, satirique avec Méry, Barthélemy, Barbier, intime avec Sainte-Beuve, guerroyante et universelle avec cette légion de journalistes survivants au jour, avant-postes des idées ou des passions libres de leurs partis qui, de Genoude à Carrel, de Lourdoueix à Marrast, de Girardin à Thiers, combattaient aux applaudissements de la foule entre les dix camps de l’opinion lettrée. […] N’était-ce pas hier, qu’à la fleur de ton âge, Tu traversais l’Europe, une lyre à la main, Dans la mer, en riant, te jetant à la nage, Chantant la tarentelle au ciel napolitain, Cœur d’ange et de lion, libre oiseau de passage, Naïve enfant ce soir, sainte artiste demain ? […] Ils étaient jeunes, ils étaient libres, ils étaient beaux, ils étaient poètes au moins autant l’un que l’autre, ils pouvaient s’attacher saintement dans la vie l’un à l’autre aussi indissolublement que la musique s’attache aux paroles dans une mélodie de Cimarosa !
Les passions, multipliées avec la société, s’étaient amincies comme le métal brillant et ductile étendu sur des surfaces ; il y avait moins de liberté et plus de conventions dans la société : l’esprit et le goût en étaient une, et la gaieté moins libre commençait à lui céder l’empire. […] Après avoir plus ou moins établi qu’il se rencontre chez les anciens peuples connus de l’Asie des ressemblances d’idées, d’institutions, et particulièrement de notions ou mesures astronomiques qui sont d’une singularité frappante, Bailly se demande d’où peut provenir une telle similitude, et il ne voit pour l’expliquer qu’un de ces trois moyens : ou une communication libre et facile de ces anciens peuples entre eux ; ou une invention spontanée et directe, dérivant essentiellement de la nature humaine en chacun, ou enfin une origine, une parenté supérieure et commune à tous : et il discute ces trois suppositions.
Guérin, sans aucun système et par libre choix, par affinité de talent, est de son école. […] Car il n’y a pas de milieu ; la croix barre plus ou moins la vue libre de la nature ; le grand Pan n’a rien à faire avec le divin crucifié.
Lui, venu plus tard, il a rapproché de beaucoup l’objet de son rêve : c’est l’époque de la Restauration et celle de Louis-Philippe qu’il embrasse avec prédilection dans ses regrets, et qu’il confond presque dans une admiration commune ; il les aime pour le régime de publicité, de tribune, de libre discussion qui y régnait, et où chaque opinion comme chaque talent trouvait son compte. […] Thiers, comme j’inclinerais à le penser, il n’aurait jamais eu son jour, — j’entends son jour plein, son tour entier de soleil, la carrière ouverte au libre essai de sa politique ; et après quelques mois d’espérance à deux reprises, après avoir passé par le pouvoir, comme on dit, il se serait senti déçu, déjoué, évincé, et se serait rejeté dans l’étude, dans quelque œuvre individuelle : heureux qui peut se réfugier dans un monument !
Poète des champs, pourquoi se montrer agressif contre ceux que vous appelez de libres penseurs, et dont quelques-uns sont de grands talents ? […] Vous savez aussi bien que moi ces beaux vers : Felix qui potuit rerum cognoscere causas… Fortunatus et ille deos qui novit agrestes…, ce qu’un de mes amis et qui l’est aussi des Littré, des Renan, et même de Proudhon, je crois, s’est amusé à paraphraser ainsi, à votre intention et presque à votre usage ; et c’est à peu près de la sorte, j’imagine, du moins pour le sens, qu’un Virgile, ou un parfait Virgilien par l’esprit, s’il était venu de nos jours, aurait parlé : « Heureux le sage et le savant qui, vivant au sein de la nature, la comprend et l’embrasse dans son ensemble, dans son universalité ; qui se pose sans s’effrayer toutes ces questions, terribles seulement pour le vulgaire, de fin et de commencement, de destruction et de naissance, de mort et de vie ; qui sait les considérer en face, ces questions à jamais pendantes, sans les résoudre au sens étroit et en se contentant d’observer ; auquel il suffit, dans sa sérénité, de s’être dit une fois que “le mouvement plus que perpétuel de la nature, aidé de la perpétuité du temps, produit, amène à la longue tous les événements, toutes les combinaisons possibles ; que tout finalement s’opère, parce que, dans un temps suffisant et ici ou là, tout à la fin se rencontre, et que, dans la libre étendue des espaces et dans l’infinie succession des mouvements, toute matière est remuée, toute forme donnée, toute figure imprimée40” ; heureux le sage qui, curieux et calme, sans espérance ni crainte, en présence de cette scène immense et toujours nouvelle, observe, étudie et jouit !
On lit dans son Journal à cette date : « Le poëte sans fortune est le plus malheureux des hommes : la courtisane ne livre que son corps, libre de garder au fond du cœur les sentiments qui lui restent ; l’autre, au contraire, doit, pour vivre, livrer ses soupirs, ses émotions, les pensées qui lui sont chères, et jusqu’aux plus secrètes profondeurs de son âme, et cela à un public libre de noircir le tout de la plus injurieuse critique ou du mépris le plus insultant. » — C’est le Journal d’où sont tirées ces paroles si senties, qu’il serait curieux de connaître : on nous le doit.
L’important, c’est que l’Académie soit libre dans ses choix, qu’elle les fasse aussi balancés, aussi imprévus, aussi étendus que possible, et sans s’interdire même les gens de lettres proprement dits, spéciaux, isolés, célibataires obstinés jusque-là, et qui, à ce titre, ont marqué un peu vivement. […] De retour à Paris, il put suivre les cours de l’école, alors libre, qui menait aux ponts et chaussées, aux mines, aux armes savantes, et il y rencontrait, comme camarade, celui qui fut le général Bernard, et dont l’éloge l’a ramené à ce touchant souvenir.
La félicité de l’homme s’accrut de toute l’indépendance qu’obtint l’objet de sa tendresse ; il put se croire aimé ; un être libre le choisit ; un être libre obéit à ses désirs.
Mais il y a pourtant grande différence entre les résolutions qui procèdent de quelque fausse opinion et celles qui ne sont appuyées que sur la connaissance de la vérité : d’autant que, si on suit ces dernières, on est assuré de n’en avoir jamais de regret ni de repentir, au lieu qu’on en a toujours d’avoir suivi les premières lorsqu’on en découvre l’erreur295. » En un mot, « la volonté est tellement libre qu’elle ne peut jamais être contrainte… ; et ceux même qui ont les plus faibles âmes pourraient acquérir un empire très absolu sur leurs passions, si l’on employait assez d’industrie à les dresser et à les conduire ». […] En second lieu, ces actes intellectuels sont toute la vie du philosophe ; le reste ne compte pas dans son autobiographie, et toutes les déterminations de sa vie extérieure, choix d’une profession, voyages, retraite, expatriation, ont toujours pour fin d’assurer un jeu plus facile et plus libre à l’activité de son esprit : par là Descartes est l’homme idéal du xviie siècle, l’homme-pensée.
Le cours d’histoire du bon Rollin, avec sa candide inintelligence du passé et son absence de critique, est un cours de morale républicaine ; il insinue dans les âmes des sentiments, un besoin d’action libre et généreuse, qui à la longue leur rendront l’ordre social insupportable. […] Mais il n’y a en somme qu’une œuvre de Marmontel qui appartienne aujourd’hui à ce que j’appellerais la littérature vivante : ce sont ces Mémoires si naïfs, où il nous décrit sa carrière de beau gars limousin lancé à travers la plus libre société qui fût jamais, où il promène avec un si parfait contentement de soi-même sa robuste médiocrité parmi les cercles les plus distingués de ce siècle intelligent : corps, esprit, moralité, tout est solide, massif, insuffisamment raffiné chez ce paysan parvenu de la littérature.
Encore une fois, je reconnais que ce droit de promenade buissonnière, qui est celui de toute littérature un peu vive et libre, et pas trop prosaïque, est suspendu dans les jours d’orage, de tempête civile, dans ces affreux moments où la lutte est engagée comme nous l’avons trop vu ; mais, le lendemain, le soleil se lève, le nuage s’entrouvre ; les cœurs restent encore émus et attristés, pourtant le droit que j’appelle le droit littéraire recommence. […] Ceux qui croient que la vérité est une non seulement en morale, mais en religion, en politique, en tout, qui croient posséder cette vérité en eux et la démontrer à tous par des signes clairs et manifestes, voudraient à chaque instant que la littérature ne s’éloignât jamais des lignes exactes qu’ils lui ont tracées ; mais comme il est à chaque époque plus d’une sorte d’esprits vigoureux et considérables (je ne parle ici ni des charlatans ni des imposteurs) qui croient posséder cette vérité unique et absolue, et qui voudraient également l’imposer, comme ces esprits sont en guerre et en opposition les uns avec les autres, il s’ensuit que la littérature, la libre pensée poétique ou studieuse, tirée ainsi en divers sens, serait bien embarrassée dans le choix de sa soumission.
Thomas, malade de la poitrine, était allé prolonger sa vie aux rayons du soleil de Provence ; Ducis, pendant ce temps, et au lendemain du succès du Roi Léar, était cruellement frappé dans son bonheur domestique : il perdait ses deux filles, il avait perdu sa première femme ; il ne lui restait plus que sa mère, et il remarquait à ce sujet, en faisant un retour sur lui-même et en se comparant à son ami Thomas, soigné par sa sœur : Il y a une espèce d’hymen tout fait entre les sœurs qui ne se marient pas et les frères libres et poètes, un recommencement de maternité et d’enfance entre les mères veuves et leurs fils poètes, sans engagements. […] Ducis était de cette race de philosophes, d’amis de la retraite et de la Muse, qui n’entendent rien à la politique ni à la pratique des affaires, et qui ont droit de résumer toute leur charte en ces mots : « Quand un homme libre pourrait démêler dans les querelles des rois (rois ou chefs politiques de tout genre) le parti le plus juste, croyez-vous que ce serait à le suivre que consiste la plus grande gloire ?
Il y a deux ordres de choses qui existent en même temps ; les unes sont faites par Dieu, car il ne faut pas oublier que Dieu s’est réservé le haut domaine sur la société ; les autres sont faites par l’homme, car il ne faut pas oublier non plus que l’homme est un être libre, et que, si la société lui a été imposée, il est des modifications qui peuvent lui appartenir. […] Mais façonnez, si vous pouvez, le tigre à l’esclavage : non, Dieu a voulu qu’il restât libre dans les forêts, ainsi que le chamois sur les rochers escarpés.
C’est un libre penseur, ou de nonchalance, ou d’irritation nerveuse, ou de paradoxe au dessert, en pelant sa pêche et en sirotant son verre de lacryma Christi, — la seule larme du Christ en qui il croie peut-être. […] Et nous autres catholiques, qui ne sommes pas tous des cuistres, comme les libres penseurs voudraient bien que nous le fussions, nous avons été touchés tous de cela, et, pour mon compte, hautement, je le dis !
Ils toléreront que l’historien de la marquise de Pompadour ou de mademoiselle de La Vallière raconte des anecdotes à la fois libres et historiques ; qu’un diplomate signant Trois-Étoiles rapporte un propos léger, — qu’on appellera gaulois pour le faire passer, — d’un personnage russe ou anglais ; qu’un naturaliste s’exprime en termes clairs sur les phénomènes naturels : et d’ailleurs, quinze jours après l’apparition de la livraison, vous êtes sûrs de retrouver intacts, dans plus d’une maison, sans une coupure aux tranches, les articles de cette sorte. […] Observez comme ils s’y emploient : ils l’écartent des compagnies dangereuses ; ils ferment à clef la petite bibliothèque vitrée ; ils s’abstiennent devant lui, non seulement de mots libres, mais de conversations qui pourraient, tout honnêtes qu’elles soient, lui donner trop tôt la science du milieu de la vie ; ils veillent à ne l’initier que peu à peu aux préoccupations, aux passions, au langage même des âges qui ne sont pas venus pour lui.
Amiel représente à l’état pur le génie dont la voie n’est libre que dans ce sens du Journal intime. […] L’autobiographie y est assez libre, celle d’un Fromentin possible autant que d’un Fromentin réel. […] L’amour se nourrit à cette heure d’un aliment qui lui suffit, la libre exaltation intérieure. […] Et, comme les oiseaux nourris en cage et les oiseaux libres, l’un et l’autre côté se jettent mutuellement des regards d’envie. […] « Je ne suis pas libre, écrit Amiel.
Or, il semble dans la nature des choses que, tout immortelle, toute légitime qu’elle soit, une telle renommée doive, un jour ou l’autre, perdre tant soit peu, non pas en estime, non pas en reconnaissance, mais en vogue, en enthousiasme auprès de la postérité ; bien plus, il semble désirable que l’instant arrive, et qu’il arrive au plus tôt, où, la victoire étant décidée et le libre usage de la raison à jamais reconquis, on se mette, sans plus craindre d’être harcelé et distrait, à marcher dans les voies nouvelles plus loin que ses devanciers, et si loin que, tout en les voyant encore et les saluant toujours du regard, on ne les voie plus qu’à distance et dans le passé, environnés d’une consécration à la fois plus auguste et plus calme.
Quand j’aurai présenté les diverses idées qui tiennent à ce sujet, je considérerai de quelle perfectibilité la littérature et la philosophie sont susceptibles, si nous nous corrigeons des erreurs révolutionnaires, sans abjurer avec elles les vérités qui intéressent l’Europe pensante à la fondation d’une république libre et juste.
Cette “asseze” magique dégagera, en le développant, le don de notre nature, comme l’alchimiste sépare l’or de la matière libre.
Au milieu du siècle, quand la marquise eut marié sa fille Julie au duc de Montausier, qui était gouverneur de l’Angoumois, sa société se dispersa ; les habituées principales se firent leur cercle particulier ; elles eurent leur réduit, leur cabinet, leur alcôve ; et là, libres et dégagées de l’autorité des bons exemples, elles donnèrent l’essor à leurs prétentions et entrèrent dans tout leur ridicule.
Panurge a beau s’être frotté aux nobles et aux écoliers, il est resté bohême de petite race, de probité variable, avec la lâcheté égayée d’impudence des Scapin, et rancunier par surcroît, comme le démontre l’épisode de Dindenaut et de ses moutons, « lesquels tous furent pareillement en mer portez et noyez misérablement. » Mais sous cet air d’aigrefin, Panurge cache l’âme la plus libre et la plus railleuse.
Si nous ne pouvons éviter le péché sans la grâce de Dieu, c’est donc que nous ne sommes pas libres. […] Spinoza espère augmenter par l’éducation rationnelle le nombre des hommes libres, et n’exclut personne. […] Celui-ci voulait libérer l’Italie et la Grèce : elles sont libres. […] « Enfin, enfin, enfin, s’écrie-t-il, après trente ans d’esclavage, me voilà libre ! […] Je suis libre !
Vous trouverez là la poésie la plus gracieuse, la plus libre, la plus hardie, — et pas l’ombre de romanesque. […] Pour le décor, les habits et la conduite de l’action, la fantaisie du poète s’est donné libre carrière. […] Jean Baudry sera donc libre, sans famille, célibataire, quoique vieux déjà ; et l’auteur ne commettra point la faute de le marier au dénouement. […] Mais il est certain que Gotte ne vous secoue pas d’un rire innocent, libre, aisé et purement hygiénique. […] Et même c’est le tranquille et libre accomplissement de cette œuvre qui constituera pour lui l’émancipation totale de l’esprit.
Le rêve, c’est la pensée libre et par conséquent c’est le moi pur. […] Une société n’est pas libre de rester jeune. […] L’écrivain le plus souple, c’est le plus libre. Par exemple Sterne : « Comment, dans un livre pour les esprits libres, ne nommerais-je pas Sterne, lui que Goethe a vénéré comme l’esprit le plus libre de son siècle ? Qu’il s’arrange ici de l’honneur d’être appelé l’écrivain le plus libre de tous les temps.
Que M. de Vigny encourage les Gilbert et les Chatterton contemporains à compter plus sur eux-mêmes, à s’assurer l’indépendance par un libre effort. […] C’est un penseur aussi libre et plus hardi que M. […] Qu’il lutte contre cet instinct au lieu de lui donner une si libre carrière. […] L’être est libre. […] La vraie liberté veut qu’on soit libre de n’être ni ministre, ni député, j’ajoute même de n’être pas académicien.
Ce grand secret, c’est une immense faculté de rire jointe à une faculté immense d’inventer ; c’est la gaieté la plus franche unie à l’imagination la plus libre, et c’est là ce qui distingue essentiellement l’ancienne comédie de la nouvelle20. […] L’imagination et la gaieté d’Aristophane sont libres de toute contrainte de la raison. […] C’est une étude de psychologie et d’histoire ; ce n’est pas l’œuvre sans modèle d’une imagination libre et toute-puissante40. […] Au genre purement poétique appartient le comique arbitraire45, j’entends par là les inventions gaies qui procèdent de l’imagination libre du poète, les situations impossibles, les figures fantastiques et surtout les fous de cour46, avec leur sottise et leur esprit, leurs excentricités et leur sagesse, l’insignifiance de leur action dramatique et l’audace sensée de leurs paroles. […] Les nouveaux auteurs comiques, privés du libre exercice de la plaisanterie, cherchèrent une compensation à cette perte, en empruntant de la tragédie un élément sérieux ; ils l’introduisirent dans la forme de la composition, dans le nœud de l’intrigue.
Sera-t-il libre, même en s’y efforçant ? […] Roger Chambrun est l’amant d’Antonia de Maldère, une dame libre, riche, de condition sociale un peu indécise. Roger a pour marotte la loyauté en amour. « Tu es libre, dit-il à Antonia ; et, le jour où tu ne m’aimeras plus, dis-le-moi franchement ; je ne te ferai aucun reproche. […] Dans Rosine, il faisait absoudre l’amour libre par un père de famille ; il le fait absoudre, dans Mariage bourgeois, par une jeune fille bourgeoise. […] Le cœur libre désormais, Lia accepte sans répugnance l’idée de ce mariage de raison : « Évidemment, dit-elle, il doit y avoir des émotions et des joies dont il faut bien que je fasse mon deuil… Mais elles sont très mêlées, ces joies-là, je le sais… J’aimerai M.
Nous l’avons vue enfin, dans l’art décoratif, pleinement émancipée, se jouant dans la libre fantaisie. […] Libre à nous de percevoir les lignes au sens positif. […] La main est libre ; elle se laisse aller à son caprice, égratignant le vernis comme au hasard. […] Mieux vaut la poésie, qui met l’imagination en mouvement puis l’abandonne à ses libres rêveries. […] Il donne à notre contemplation les libres allures de la rêverie.
C’est là que je termine la confession que j’avais à faire au monde : j’ai soulagé mon cœur et je me sens libre, à présent, d’agir à ma guise. […] « Rien ne me charme davantage que de vagabonder dans l’espace libre des concepts. […] Plus les idées sont vagues et plus nous nous sentons libres au milieu de l’atmosphère immense que nous respirons avec une volupté quasi-divine. […] Celui qui fait prédominer dans notre personnalité un élément au désavantage des autres amoindrit l’art parce qu’il restreint le libre mouvement de l’individu. […] Ses leçons lui avaient indiqué une immense carrière libre, ou sa curiosité pouvait s’assouvir.
Ce je ne sais quoi, c’est la libre expansion d’eux-mêmes. […] Et le moyen de ne pas regretter les romans qu’il eût composés en leur lieu et place, s’il eût été libre ! […] Voyant qu’elle en est aimée, elle ne recule pas devant un crime pour rendre libre l’homme faible dont elle veut s’emparer. […] Elle a grandi, parmi les souvenirs toujours présents de la vie d’autrefois, quand Metz était libre. […] Des tableaux, çà et là, brossés par les habitués du lieu, dénonçaient la libre fougue de la vingt-cinquième année.
Il en est qui sont libres comme les globules du sang ; mais la plupart sont unis et soudés. […] Les infusoires libres et disséminés à la surface de la terre trouvent ces conditions dans les eaux où ils vivent. […] Un des plus grands obstacles qui se rencontrent dans cette marche générale et libre des connaissances humaines est donc la tendance qui porte les diverses connaissances à s’individualiser dans des systèmes. […] Le maître doit ensuite laisser l’élève libre de se mouvoir à sa manière, suivant sa nature, pour arriver au but qu’il lui a montré, sauf à venir à son secours, s’il voit qu’il s’égare. […] La volonté de l’animal persiste, mais il n’est plus libre de diriger ses mouvements.
La politique a opposé les deux nations, mais leur instinct, dès qu’il se sent libre, les rapproche. […] Comment y avait-il des conseillers impériaux dans une ville libre ? […] Francfort était politiquement une ville libre, historiquement une ville impériale. […] L’amitié d’un jeune souverain, le plus libre esprit du monde et le plus charmant, offre à Wolfgang de royales occasions de s’étourdir, il les saisit. […] Il se sent libre, heureux.
Tout à fait libre alors, et prenant son grand vol, chantre adopté de la jeunesse et de la patrie, amoureux de ses gloires, attristé de ses deuils, la consolant par ses souvenirs et ses espérances, il ne voulut point d’autre rôle ; et, dans sa vieillesse, quand il vit s’accomplir plus d’événements qu’il n’en avait sans doute attendu, quand il se reconnut meilleur prophète encore qu’il ne l’avait pensé, il eut la sagesse, et de vouloir rester le même, le simple et grand chansonnier comme devant, et à la fois de ne point répudier les prodigieux résultats publics auxquels, pour sa part, il avait concouru.
Il est beau, il est consolant sans doute de voir, dans les mouvements des peuples, les inspirations de l’esprit de Dieu, et, dans le sentiment qui les pousse au bien-être, la marque infaillible et divine qu’ils l’atteindront ; il serait doux de penser que les obstacles apparents contre l’affranchissement des Hellènes n’en sont que des moyens dans l’ordre de la providence ; qu’Ali-Pacha, par exemple, a servi la Grèce en détruisant les Armatolikes et en renversant les peuplades libres ; que surtout les puissances d’Europe la servent par leur politique indifférente ou ennemie ; que la Russie la sert, que l’Autriche la sert, que la France et Soliman-bey aident à son triomphe : tout cela, encore une fois, serait doux à croire.
Si, dans ses Lettres Persanes, la vivacité de la jeunesse, une licence qu’on ne sauroit trop condamner, l’ont engagé quelquefois à des peintures ou à des discussions trop libres, ce n’a été, dans lui, que des momens d’ivresse qui passent rapidement, & après lesquels la saine raison reprend son empire.
Tous ces Grands Hommes, qui avoient bien acquis le droit d’être difficiles, ne pouvoient tolérer que l’on mît au rang des chef-d’œuvres, des Poëmes ordinairement dépourvus de vraisemblance, libres des trois unités, & dans lesquels presque toutes les regles de l’Art sont nécessairement violées.
Libres de ce troupeau de dieux ridicules qui les bornaient de toutes parts, les bois se sont remplis d’une Divinité immense.
Magnin ; je lui exposais de mon mieux les grands desseins des chefs et aussi les détails de la poétique nouvelle où je me complaisais : il m’écoutait avec sérieux, patiemment, m’offrant l’esprit le plus libre, le plus ouvert. […] Cependant il partageait les vivacités de ce temps, les opinions nettes et tranchées de l’Opposition libérale incomplètement satisfaite, et, sa plume se trouvant libre et disponible depuis la dissolution du Globe, il ne se tint pas dans la neutralité : il entra au National sous Carrel. […] Sa vie à lui-même était tout ordonnée et ménagée par rapport à ses fonctions de bibliothécaire et d’écrivain ; désirant couper sa journée de la manière la plus favorable à ce double emploi, il s’était arrangé pour dîner vers trois heures et demie, à l’heure où il se trouvait libre et débarrassé du public ; son dîner fait, le plus souvent chez lui, dîner frugal et fin, qu’il faisait suivre d’un petit tour de promenade solitaire au Palais-Royal, il rentrait, se remettait à l’étude : il recommençait sa journée, et là c’était un travail incessant, minutieux, méthodique, sans fureur et sans verve, mais non sans un charme infini : une citation dix fois reprise et vérifiée, une diligente comparaison de textes, un rapprochement piquant, une date ressaisie, une œuvre d’hier rattachée à une pièce ancienne oubliée, à une chronique vieillie, une page de son texte à lui, recopiée, remise au net pour la troisième ou quatrième fois, et celle-ci la bonne et la définitive.
Une convenance naturelle ; ce bon ton inné, qui n’est que le rapport juste de l’homme avec tout homme ou avec toute chose ; un langage sonore, cadencé et grave, quoique gracieux dans ses inflexions un peu lentes ; un recueillement respectueux, mais nullement bas ou servile, devant ceux qu’il écoutait ; la dignité d’un cœur libre dans la déférence d’un disciple ou d’un fils : voilà ce rare jeune homme. […] Cet escalier tournant qui descendait plus sombre, Les chants de ce bouvreuil dans ce bois effeuillé, Les eaux vives courant sur le caillou mouillé, Cette gorge sonore où la brise apaisée Accompagnait si bien le rêve ou la pensée, Cette marche en avant comme un pas aux combats, Ce haut isolement des tumultes d’en bas, Ce grand cloître des bois propice à la lecture Et la libre amitié dans la libre nature...
Vespasien, et Mucien son collègue, résolurent d’attendre que les deux partis de Vitellius et d’Othon, affaiblis par leur lutte, laissassent l’ambition plus libre et le succès plus certain à des armées et à des noms encore entiers. […] Ce sont les inquisiteurs de l’indépendance politique ; ils veulent mettre l’uniforme des carbonari à la libre pensée. […] Nul n’a le droit d’être libre s’il n’a pas été tolérant.
La société libre moins que la société tyrannique ne peut se fonder sur des mensonges. […] XVII En ce qui concerne à cette date la constitution civile du clergé, sorte de concordat populaire, aussi illogique et aussi oppressif qu’un concordat royal, je n’ai rien à rétracter de mon jugement ; ce fut une des grandes fautes de la Révolution ; en matière de conscience, son salut et son devoir étaient dans un peuple libre et dans une Église libre, se mouvant librement et respectueusement dans deux sphères indépendantes, la sphère civique et la sphère religieuse.
Quand verrons-nous déjà libres, hommes encor Notre chair ténébreuse en rayons se dissoudre Et nos pieds faits de nuit, éclore en ailes d’or ? […] Ici son imagination, laissée libre par la réalité, profitant des interstices que la science et l’expérience laissent dans le réseau de leurs notions, usant des terreurs héréditaires que les grands spectacles nuisibles ont déposées dans les âmes, pousse ses plus étranges et ses plus luxuriantes végétations. […] C’est là le procédé d’un homme peu habitué à penser pour son propre compte, prompt à s’emparer de thèmes tout faits pour donner libre cours à sa faculté de parolier.
III, chap. 8] L’auteur du Génie de l’homme, M. de Chênedollé, a reproduit en très beaux vers quelques traits de ce chapitre, dans un des plus brillants morceaux de ses Études poétiques, intitulé Bossuet : Ainsi quand, défenseur d’Athène, Au plus redoutable des rois, Jadis l’impétueux et libre Démosthène Lançoit, brûlant d’éclairs, les foudres de sa voix ; Ou quand, par l’art de la vengeance, Armé d’une double puissance, Il réclamoit le prix de la couronne d’or, Et pressant son rival du poids de son génie, Sous son éloquence infinie, L’accabloit, plus terrible encor. […] Il nous a vendu cher ce brillant héritage, Quand, libre en son exil, rassuré par son âge, De son esprit fougueux l’essor indépendant Prit sur l’esprit du siècle un si haut ascendant. […] « L’église, dit-il, qu’on trouve la première, afin que l’entrée en soit libre aux séculiers, semble tenir lieu de cette première salle que les Romains appelaient atrium : de là on passait dans une cour environnée de galeries couvertes, à qui l’on donnait le nom de péristyle ; c’est justement le cloître où l’on entre de l’église, et d’où l’on va ensuite dans les autres pièces, comme le chapitre, qui est l’exèdre des anciens ; le réfectoire, qui est le triclinium, et le jardin, qui est derrière tout le reste, comme il était aux maisons antiques. » Note M, page 115.
Nous ne sommes plus libres l’un avec l’autre, voyez-vous ! […] Plus un jour de libre. […] Libre à lui, mais libre à d’autres de trouver que le peuple français ne lui doit aucune reconnaissance pour son aptitude à se faire boucler. » Ce que disait là Louis Veuillot, tout le monde le pensait, et à part quelques sectaires tenaces, on ne voyait plus guère en Blanqui qu’un maniaque épris de persécution. […] Elle est aussi libre que la plus libre démocratie, mais, avec un roi ou une reine, ce pays, bien petit aujourd’hui et bien faible à côté d’un formidable voisin, est protégé par la solidarité monarchique, par le respect qu’un empereur de droit divin doit professer, malgré qu’il en ait. […] Le parasitisme me paraît la plus noble situation d’un homme libre.
Toute sorte de codes, religion, politique, morale, décence, arrêtent la libre expansion de la nature. […] C’est là encore qu’il aime à travailler ; sa pensée se trouve tout à la fois plus libre et plus consciente de soi dans ce cadre de nature. […] La première objection qui se présente à quiconque vient d’ouvrir un de ces livres à couverture bizarre porte sur la question du vers libre. […] Libre à d’autres de prôner l’impuissance comme la plus sûre marque de talent. […] Georges Hérelle, si fidèles et en même temps d’une allure si libre, écrites dans une langue simple, vigoureuse, imagée.
Je veux bien qu’un mouvement d’idées qui a compté dans la trie spirituelle du genre humain ou d’une portion du genre humain soit appelé un événement, et qu’on dise, par exemple, que le christianisme, le protestantisme, la scolastique, l’humanisme, la libre pensée, le socialisme ont été d’immenses événements. […] Elles ne subsistent plus que du libre crédit que leur accorde chacun. […] Il met dans cette apologie tant de libre génie et d’originalité que par lui la raison même revêt les attraits de hardiesse et d’impertinence que notre frivolité serait encline à n’accorder qu’à une déraison spirituelle. […] Si quelque jour, dans son salon, un poète lit des vers libres, il lui suffira de se référer au « principe de contradiction » que son bon maître lui a recommandé entre tous, pour concevoir que des vers qui sont libres ne sont pas des vers. […] Cette disparition de Dieu a rendu désespérant à réaliser le tacite concordat moral, le contact d’humanité qui devrait s’établir entre le curé et l’instituteur laïque, libres l’un de l’autre.
Littré avait laissée de lui et de sa force d’initiative : « À la mémoire de Michel-François Littré, d’Avranches, chef de bureau à la direction générale des Contributions indirectes, mort à Paris le 20 décembre 1827 ; canonnier de marine durant les guerres de notre Révolution ; l’un des collaborateurs du Journal des Hommes libres en 1799 ; patriote sincère et constant, qui a cru et travaillé pendant sa vie entière aux progrès de la liberté ; érudit qui ne devait qu’à lui seul et à la persévérance de ses travaux des connaissances étendues et variées ; philologue distingué, l’un des plus anciens membres de la Société asiatique de Paris ; homme d’une inaltérable droiture, etc. […] Il croissait ainsi à côté de ses parents et de sa mère, très libre et dominant avec simplicité parmi ses condisciples. […] Voyez dans le traité des Airs, des Eaux et des Lieux, avec quelle fierté le Grec triomphe du barbare, l’homme libre du sujet soumis à un maître, l’Européen vainqueur de l’Asiatique partout vaincu sur terre et sur mer. […] n’y avait-il pas eu aussi du profit et du gain, du moins en perspective, pour l’action plus libre de la pensée et le procédé de plus en plus analytique de l’esprit ?
Delille est élégant, facile, spirituel aux endroits difficiles, correct en général, et d’une grâce flatteuse à l’oreille ; mais la belle peinture de Virgile, les grands traits fréquents, cette majesté de la nature romaine : … Magna parens frugum, Saturnia tellus, Magna virum ; les vieux Sabins, les Umbriens laboureurs menant les bœufs du Clitumne ; cette antiquité sacrée du sujet (res antiquae laudis et artis) ; cette nouveauté et cette invention perpétuelle de l’expression, ce mouvement libre, varié, d’une pensée toujours vive et toujours présente, ont disparu, et ne sont pas même soupçonnés chez le traducteur. […] Bientôt la Décade cessant, le parti philosophique perdit son organe habituel en littérature et son droit public de contradiction : le champ libre resta aux éloges. […] Ovide, par exemple, en était venu à ne faire du distique qu’une paire de vers tombant deux à deux, tandis qu’auparavant, et surtout chez les plus anciens, comme Catulle, la phrase poétique se déroulait libre à travers les distiques. […] … Aurait-il ensuite replacé dans sa traduction cette imitation libre, sans songer à en retirer ce qu’il y avait mis d’étranger ?
. — « Les princes français, dit encore une dame contemporaine, meurent de peur de manquer de grâces225. » Jusques autour du trône, « le ton est libre, enjoué », et, sous le sourire de la jeune reine, la cour sérieuse et disciplinée de Louis XVI se trouve à la fin du siècle le plus engageant et le plus gai des salons. […] On compterait aisément les pères qui, comme le maréchal de Belle-Isle, surveillent de leurs yeux et conduisent eux-mêmes avec méthode, sévérité et tendresse toute l’éducation de leurs fils Quant aux filles, on les met au couvent ; délivrés de ce soin, les parents en sont plus libres. […] Trudaine, quatre évêques assistent à une pièce de Collé, intitulée les Accidents ou les Abbés, et dont le fond, dit Collé lui-même, est si libre qu’il n’a pas osé la faire imprimer avec les autres. […] Véritablement, pour ce beau monde, la vie est un carnaval aussi libre et presque aussi débraillé qu’à Venise.
Nous avons retrouvé l’accent libre de l’émotion pleine, et nous avons reconnu une voix d’homme dans ces vers sur Locksley Hall : Sa joue était pâle et plus mince qu’il ne fallait pour son âge ; — et ses yeux, avec une attention muette, étaient suspendus à tous mes mouvements. […] « Et j’étais debout sur le pont d’un navire géant, et je mêlais mon souffle — à celui d’un peuple loyal qui poussait un cri de bataille. — Désormais la pensée noble sera plus libre sous le soleil, — et le cœur d’une nation battra d’un seul désir. — Car la longue, la longue gangrène de la paix est ôtée et lavée, — et à présent, le long des abîmes de la Baltique et de la Crimée, — sous la gueule grimaçante des mortelles forteresses, on voit flamboyer — la fleur de la guerre, rouge de sang avec un cœur de feu1527. » Cette explosion de sentiment a été la seule ; Tennyson n’a pas recommencé. […] Elle semble faite exprès pour ces bourgeois opulents, cultivés, libres, héritiers de l’ancienne noblesse, chefs modernes d’une Angleterre nouvelle. […] Mais qu’ils sont fins, et que leur esprit est libre !
VI « Le 28 août 1749 », dit-il lui-même dans son mémorial domestique, « je vins au monde à Francfort-sur-le-Main, pendant que l’horloge sonnait midi. » Il était né dans une ville libre ; heureusement né, ni trop haut, où l’on est facilement corrompu par l’orgueil de la naissance, ni trop bas, où l’on est facilement avili par la servilité d’une condition inférieure ; il était né à ce degré précis de l’échelle sociale où l’on voit juste autant d’hommes au-dessus de soi qu’au-dessous, et où l’on participe, par égale portion, de la dignité des classes aristocratiques et de l’activité des classes plébéiennes ; heureux milieu qui est le vrai point d’optique de la vie humaine. […] si je pouvais au moins, sur les cimes des montagnes, errer dans ta douce lumière, flotter au bord des grottes profondes avec les esprits incorporels, m’étendre sur les prés avec ton crépuscule, et, libre de toutes les angoisses de la science, me baigner, plein de vie et de santé, dans tes rosées ! […] Il lui fait astucieusement entendre à demi-mot que son cœur est tendre et libre, et qu’il pourrait bien, s’il l’osait, se présenter à elle pour finir son dur veuvage. […] Je suis si bien dans tes bras, si libre, si à l’aise !
Et, puisqu’il s’agit de la mort de Clodius, imaginez, citoyens (car nos pensées sont libres, et notre âme peut se rendre de simples fictions aussi sensibles que les objets qui frappent nos yeux), imaginez, dis-je, qu’il soit en mon pouvoir de faire absoudre Milon sous la condition que Clodius revivra… Eh quoi ! […] Pompée, resté à Rome avec les derniers hommes libres et vertueux de la patrie, s’associait à Cicéron. […] Il perdit les jours et les heures à débattre, avec lui-même et avec ses amis, lequel était préférable, à son âge, de tendre stoïquement le cou aux égorgeurs et de mourir en laissant crier son sang contre la tyrannie sur la terre libre de sa patrie, ou d’aller mendier en Asie le pain et la vie de l’exil parmi les ennemis des Romains. […] Les triumvirs étaient encore à plusieurs journées d’étape de Rome ; la Campanie était libre de troupes, et tout annonçait que les sicaires d’Antoine n’y marcheraient pas aussi vite que sa vengeance.
Jean de Meung est un clerc, libre penseur et libre diseur, qui laisse bien loin derrière lui la poésie provençale, et entre pleinement dans les voies de l’esprit français. […] Jean de Meung tenait pour l’Université ; c’était la cause des libres penseurs. […] Du reste, pour n’avoir rien à démêler avec les hommes sincères ni surtout avec les indifférents, qui, pour vivre bien avec les dévots, feraient brûler les libres penseurs, il fallut que Jean de Meung protestât Qu’oncques ne fut s’(son) intention ̃ De parler contre homme vivant, Sainte religion suivant.
On n’ôte rien à La Bruyère au profit de Montesquieu, en disant que, dans l’art des portraits, la touche de celui-ci semble plus aisée et plus libre. […] Elles nous mènent à Dieu par un chemin semé de toutes les merveilles qui témoignent d’une création libre, volontaire, toute intelligente et toute bienfaisante. […] Quand on se met dans la domesticité des puissants, on n’est pas libre de choisir les services qu’on leur rend, et la fidélité même dégrade. […] « Effectivement, dit Gil Blas, ces messieurs me menèrent si bon train, que je m’en allais dans l’autre monde à vue d’œil. » Et plus loin, pour dernière malice : « Mes docteurs m’ayant abandonné et laissé le champ libre à la nature, me sauvèrent par ce moyen. » Voilà l’esprit dont le roman de Lesage est plein.
La fable est libre, l’histoire ne l’est pas. […] Quand nous en serons venus au point que l’histoire de Jésus soit aussi libre que l’histoire de Bouddha et de Mahomet, on ne songera point à adresser de durs reproches à ceux que des circonstances fatales ont privés du jour de la critique. […] Pour nous autres, qui ne plaidons qu’une seule cause, la cause de l’esprit humain, notre admiration est bien plus libre. […] Dans le premier âge, la religion n’a pas besoin de symboles ; elle est un esprit nouveau, un feu qui va sans cesse dévorant devant lui ; elle est libre et sans limites.
Jean Moréas, tout en la brisant, ne concevait point pour le Rythme d’autre mesure que « l’ancienne métrique, avivée, disait-il : un désordre savamment ordonné, la rime illuescente et martelée auprès de la rime aux fluidités abscondes, l’alexandrin à arrêts multiples et mobiles, l’emploi de certains nombres impairs. » Ainsi, à travers Mallarmé et Verlaine, et Ronsard, Moréas me semble avoir préparé les voies au « Vers libre » dont M. […] S’il use du « Vers libre », à la manière de Kahn et de Viélé-Griffin, il semble plutôt se résigner à une licence » car son art, malgré tout, est près du Parnasse. […] Il n’importe : le vers dit : « vers libre », est l’œuvre de M. […] Gustave Kahn se trompe donc, disons-le en passant, sans relever inutilement d’autres manques de mémoire, en disant dans son volume (recueils d’articles, Symbolistes et Décadents) que « ce qui se détache en résultat tangible de l’année 1886, c’est l’instauration du Vers libre. » Il n’en avait pas été question, et lui-même cherchait encore son expression d’art.
— Me voilà libre et solitaire ! […] Mais il faut remarquer que, plus la civilisation avance, plus l’individualité se développe ; et ce développement peut devenir une cause de décadence si, en même temps que l’individualité se montre plus libre et plus riche, elle ne se subordonne pas elle-même volontairement à l’ensemble social. […] Celui dont les pensers, comme des alouettes, Vers les cieux le matin prennent un libre essor, Qui plane sur la vie et comprend sans effort Le langage des fleurs et des choses muettes ! […] Ma femme est morte, je suis libre !
Brièvement, on peut dire cependant, en somme, que tout spectacle, toute scène passionnelle et spirituelle qui peut être et qui est exactement décrite, analysée par le menu, cessera d’être poétique ; qu’au contraire, tout spectacle qui reste obscur et diffus, étrange et lointain, dont la représentation toute générale et suggestive, mais cohérente cependant, laisse le champ libre aux émotions qui lui sont associées et à celles même qui résultent de son idéalisation, sera poétique. […] Tourguénef fut, jusqu’à la fin de sa vie, le conteur charmant et l’esprit libre qu’il avait été à ses débuts. […] Ici intervient la théorie moderne du plaisir et de la peine, pour expliquer comment cet être aux libres délicatement vivantes, au lieu d’être affecté, vivement mais également, par les sensations agréables et les douloureuses, tend plutôt çà s’assimiler ces dernières et transforme même les jouissances en sources de peine ; comment, en somme, tout artiste descriptif est exposé à ressentir dans sa vie plus de peines que de joies. […] Cet auteur presque parfait mais moyen, a rencontré de vives amitiés parmi les écrivains de l’époque impériale ; il n’a guère influé sur aucun d’eux, sauf, peut-être Prosper Mérimée, auquel il put apprendre dans une certaine mesure à modifier la forme de sa nouvelle, à passer du récit compassé de ses premières œuvres à une ordonnance plus libre.
Ces Amériques espagnoles ressemblent à ces colonies grecques de l’Asie, devenues libres par la distance, mais restées grecques par la vigueur des caractères et par l’élégance du génie natal. […] J’étais un républicain improvisé, un républicain politique, un républicain conservateur de tout ce qui doit être conservé sous peine de mort dans une société, ordre, vies, religion libre, fortunes, industrie, liberté légale, respect de toutes les classes de citoyens les unes envers les autres, paix des nations entre elles dans leur indépendance réciproque et dans l’esprit de leurs traités, droit public de l’Europe. […] Je voulais qu’elle montrât une fois à l’Europe qu’il y avait compatibilité complète entre la France libre et les puissances géographiques voisines, respectées dans leurs frontières comme dans leur indépendance. […] La société, peu nombreuse, n’avait rien de ce libre désordre qui dissémine en plusieurs groupes une conversation française ; c’était plutôt une académie qu’un cercle.
Lisez Tacite ; c’est le nerf irrité d’un peuple volontaire, libre, humilié, mais indompté ; c’est le muscle qui perce la chair. […] Les institutions libres de cette nation et sa situation forcément navale ont donné à son génie incontestable le caractère multiple de ses aptitudes. […] Sans ce métier, fatal au repos de ma vie, Mes jours pleins de loisirs couleraient sans envie ; Mon cœur, exempt de soins, libre de passion, Sait donner une borne à mon ambition. […] Il n’était pas né libre et fécond, il était né servile et copiste.
De là les deux points de vue opposés sur la question de la liberté : pour le déterminisme, l’acte est la résultante d’une composition mécanique des éléments entre eux ; pour ses adversaires, s’ils étaient rigoureusement d’accord avec leur principe, la décision libre devrait être un fiat arbitraire, une véritable création ex nihilo. […] Mais chez l’homme, être pensant, l’acte libre peut s’appeler une synthèse de sentiments et d’idées, et l’évolution qui y conduit une évolution raisonnable. […] Si nous sommes libres d’attribuer le repos ou le mouvement à tout point matériel pris isolément, il n’en est pas moins vrai que l’aspect de l’univers matériel change, que la configuration intérieure de tout système réel varie, et que nous n’avons plus le choix ici entre la mobilité et le repos : le mouvement, quelle qu’en soit la nature intime, devient une incontestable réalité. […] S’il y a des actions libres ou tout au moins partiellement indéterminées, elles ne peuvent appartenir qu’à des êtres capables de fixer, de loin en loin, le devenir sur lequel leur propre devenir s’applique, de le solidifier en moments distincts, d’en condenser ainsi la matière et, en se l’assimilant, de la digérer en mouvements de réaction qui passeront à travers les mailles de la nécessité naturelle.
Et nous aussi, nous voyons le libre concert et l’union de l’Église et de l’État ; et, à ce point de vue plus particulier du Génie du christianisme qui nous occupe, n’est-ce donc rien comme signe charmant de douce influence regagnée et socialement établie, que cette image de la Vierge envoyée hier par l’Empereur à nos flottes, et qui y est reçue avec reconnaissance en protectrice et en patronne ? […] À côté de ces mots du texte imprimé (p. 609) : « Dieu, répondez-vous, vous a fait libre.
Je vous demande donc, mon très cher père, si l’on conserve dans Saint-Victor la même mortification intérieure et extérieure, telle qu’elle était dans son origine… Je vous demande encore si les frères de Saint-Victor, c’est ainsi qu’on les appelait, allaient à la campagne chez leurs amis, chez leurs parents, passer des trois semaines entières et des mois entiers ; s’ils allaient par la ville rendre des visites ; s’il en recevaient de toutes personnes et de tout sexe ; s’ils changeaient d’habits, s’ils en prenaient de plus propres et de plus mondains quand ils sortaient pour se montrer en public ; s’ils affectaient de ces airs libres et dégagés, pour ne pas dire licencieux, qui sont si contraires à la tristesse sainte de la modestie religieuse ; s’ils parlaient indifféremment et sans scrupule dans les lieux réguliers ; s’ils s’entretenaient de contes, d’affaires, d’histoires du monde, de plaisanteries, de nouvelles, qui sont choses qui doivent être entièrement bannies des cloîtres. […] » Un petit livret très spirituel, publié en 1696, qui donne l’histoire de ces troubles, nous le représente ainsi au plus fort de la crise : Il était dans des transes mortelles, écrivant à tous les jésuites de ses amis pour leur demander quartier ; il croyait voir partout le Santolius vindicatus imprimé ; et le moindre jésuite qu’il rencontrait, il l’abordait brusquement, et, le reconduisant d’un bout de Paris jusqu’au collège, il lui faisait ses doléances avec le ton, l’air et les gestes que ceux qui ont l’avantage de le connaître peuvent s’imaginer ; et criant à pleine tête, il récitait par cœur l’apologie qu’il venait de donner au public, appuyant surtout sur ces endroits qu’il répétait plusieurs fois : « Veri sanctissima custos, docta cohors, etc., etc. » (et autres passage en l’honneur de la Compagnie)… Enfin il fallait l’écouter bon gré, mal gré ; et fut-ce le frère cuisinier des jésuites, rien ne lui servait de n’entendre pas le latin : de sorte que le chemin n’était pas libre dans Paris à tout homme qui portait l’habit de jésuite.
» Celle des Gueux est de ce temps-là, et bien d’autres d’une veine très-naturelle, et plus ou moins libres, plus ou moins honnêtes, quelques-unes déjà de sensibles. […] J’aurais bien pu trouver place à la table de quelque indifférent ; mais, dans de pareils moments, si je ne m’amuse point avec mes amis, je préfère rester seul et libre ; la liberté me console de la solitude… » Nous voilà entrés dans la veine méditative ; l’homme est déjà ce qu’il sera.
. — En votre corps (votre personne) je mets le bien et le mal ; — qui a tel don n’est pas lié à un pal (à un pieu, — c’est-à-dire est libre), etc., etc… » On le voit, Dieu parle d’une manière bien enfantine : nous voilà tombés dans la rue et dans le populaire ; adieu la belle liturgie ! […] — Ève : Il est très-franc (libre). — Satan : Dis plutôt serf, esclave.
Ce pays-ci en effet, dans sa vie publique, va tellement par sauts et par bonds, les vainqueurs du jour y sont tellement vainqueurs, et les vaincus y sont tellement vaincus et battus, qu’au lendemain de la seconde rentrée il n’y avait eu d’action, d’influence et de zèle que de la part de l’opinion triomphante ; elle avait eu partout le champ libre, et personne ne lui avait disputé le haut ni le bas du pavé ; les opposants étaient comme rentrés sous terre et avaient disparu. […] Pour moi, je crois être bien plus dans le vrai en comparant ces hommes honnêtes et convaincus, je ne le nie pas, mais ces hommes prévenus, longtemps refoulés et comprimés dans leurs préjugés et leurs passions, sitôt que la fenêtre et l’air libre leur furent ouverts, à ces armes qui sont restées trop longtemps chargées et sans usage : dès qu’on veut s’en servir, elles courent risque de vous crever entre les mains et d’éclater.
Aux âmes simples, aux fidèles qui vivent rangés et soumis autour de la houlette pastorale, je ne conseillerai pas de le lire ; mais on sait que le nombre de ces fidèles et de ces humbles n’est pas infini ; et pour tous les autres, sceptiques, indifférents, hommes d’étude et d’examen, gens du monde, gens d’affaires, pour peu que vous ayez un coin sérieux de vacant et de libre en vous, je dirai avec confiance : Lisez et méditez, lisez et relisez ces beaux chapitres, Éducation de Jésus, Ordre d’idées au sein duquel se développa Jésus, Prédications du lac et apprenez le respect, l’amour et l’intelligence de ces choses religieuses auxquelles il n’est plus temps d’appliquer la raillerie et le sourire. […] Renan est aussi une adoration, mais à l’usage des esprits libres et philosophiques.
L’Académie française, il faut lui rendre cette justice, n’a pas été des dernières à appeler les esprits dans cette voie plus libre et à la proclamer ouverte désormais. […] Il soutient là-bas, non pas en soldat détaché, mais en esprit libre et comme un auxiliaire de bonne volonté, le drapeau de notre littérature.
Il n’est ni pour la grande Église catholique hiérarchique, ni pour l’émancipation absolue et l’Église libre universelle, de même qu’en politique il n’était ni pour la forme monarchique ou aristocratique pure, ni pour la liberté démocratique et le suffrage universel. […] J’admets comme un droit naturel et universel la liberté de la pensée ; mais, parce qu’elle est essentiellement libre, elle n’est pas indifféremment vraie, et ceux-là seuls qui pensent comme moi sont, pour moi, dans la vérité et appartiennent à la même société intellectuelle, c’est-à-dire à la même Église que moi.
Notre fondateur Romulus, bien plus sage, a vu la plupart des peuples voisins, en un seul jour ennemis de Rome et ses « concitoyens. » Le programme de Romulus (si Romulus il y a) fut celui de toute la République et de tout l’Empire ; il fut appliqué et pratiqué, bon gré, mal gré, à chaque période, et dans des proportions de plus en plus larges, jusqu’au jour où parut enfin ce décret impérial dont on fait honneur à Caracalla, et en vertu duquel tous les hommes libres, sans distinction, répandus sur toute la surface de l’Empire, se trouvèrent avoir acquis officiellement le droit de cité romaine. […] Zeller hésite un peu sur ce point ; mais il n’hésite pas quand il attribue à César l’idée de fonder, sous un nom ou sous un autre, une monarchie populaire, universelle et, en quelque sorte, humaine : « Étendre le droit de cité à tous les hommes libres de l’Empire, régner sur le monde pour le monde entier, non pour l’oligarchie ou la démocratie quiritaires ; abaisser les barrières entre les classes comme entre les nations, entre la liberté même et la servitude, en favorisant les affranchissements et en mettant le travail en honneur ; avoir à Rome une représentation non du patriciat romain, mais du patriciat du monde civilisé ; fondre les lois de la cité exclusive dans celles du droit des gens ; créer, répandre un peuple de citoyens qui vivent de leur industrie et qu’on ne soit pas obligé de nourrir et d’amuser : voilà ce qu’on peut encore entrevoir des vastes projets de celui qu’on n’a pas appelé trop ambitieusement l’homme du monde, de l’humanité ; voilà ce dont témoignent déjà les Gaulois, les Espagnols introduits dans Rome, Corinthe et Carthage relevées, et ce qu’indiquent les témoignages de Dion Cassius, de Plutarque, de Suétone, bien qu’ils aient pu prêter peut-être à César quelques-unes des idées de leur temps. » César (s’il est permis d’en parler de la sorte à la veille d’une publication par avance illustre), César, au milieu de tous ses vices impudents ou aimables, de son épicurisme fondamental, de ce mélange de mépris, d’indulgence et d’audace, de son besoin dévorant d’action, et de cet autre besoin inhérent à sa nature d’être partout le premier, César, à travers ses coups de dés réitérés d’ambitieux sans scrupule et de joueur téméraire, avait donc une grande vue, une vue civilisatrice : il n’échoue pas, puisque son idée lui survit et triomphera, mais il périt à la peine, parce qu’il avait devancé l’esprit du temps, tout en le devinant et le servant, parce qu’il vivait au milieu de passions flagrantes et non encore domptées et refoulées.
Il avait fini évidemment par y voir surtout un cadre commode à pensées, à sentiments, à causerie ; le petit drame qui en fait le fond n’y est plus toujours l’essentiel comme auparavant ; la moralité de quatrain y vient au bout par un reste d’habitude ; mais la fable, plus libre en son cours, tourne et dérive, tantôt à l’élégie et à l’idylle, tantôt à l’épître et au conte : c’est une anecdote, une conversation, une lecture, élevées à la poésie, un mélange d’aveux charmants, de douce philosophie et de plainte rêveuse. […] Madame de La Sablière elle-même, qui reprenait La Fontaine, n’avait pas été toujours exempte de passions humaines et de faiblesses selon le monde ; mais lorsque l’infidélité du marquis de La Fare lui eut laissé le cœur libre et vide, elle sentit que nul autre que Dieu ne pouvait désormais le remplir, et elle consacra ses dernières années aux pratiques les plus actives de la charité chrétienne.
Une nation n’a de caractère que lorsqu’elle est libre. […] Quoiqu’on puisse, avec raison, lui reprocher tout ce qui, dans la nomination des sénateurs, tenait purement à l’hérédité, néanmoins le gouvernement de Rome, dans l’enceinte de ses murs, était un gouvernement libre et paternel.
Richepin sans parti pris, vous sentirez certainement, à l’origine de toutes ses inspirations, un très sincère et violent instinct de libre vie animale et de révolte contre tout, qui a sa grandeur ; mais le malheur est que la rhétorique s’en mêle ensuite, et, très visiblement, le goût de la virtuosité pour elle-même, et aussi le désir puéril d’épouvanter les philistins. […] Ajoutez que, considérée par l’extérieur et avec l’œil d’un peintre, la vie des gueux a beaucoup de relief et de couleur, soit parce qu’elle est l’exception et qu’elle fait contraste avec la vie de la société régulière, soit parce que, tout y étant libre et dégagé de conventions, tout y est par là même plus expressif.
Mais les pamphlétaires catholiques ne sont pas moins injustes que leurs ennemis quand ils retournent le reproche non seulement contre les libres-penseurs mais encore contre les penseurs libres, quand ils attaquent chez tout non-catholique le penseur. […] Celui qui promettait un penseur original s’est rangé à la banalité catholique et, au lieu de rugir dans la solitude, il bêle avec force parmi le troupeau de la Libre Parole.
On parvint à le sauver, et on lui demanda pourquoi il avait voulu se noyer ; il répondit que c’était de désespoir d’avoir entrevu de si belles choses, et de sentir qu’il en était exclu par son ignorance. » On leur dirait : « Tout Grec libre savait écrire. Après la prise de Corinthe, le général romain, pour distinguer les enfants de condition libre d’avec les autres, ordonna à chacun d’eux de tracer quelques mots.
Cette école qu’il fit en Pologne l’y aida beaucoup et acheva sa maturité : « Au moins, si je n’ai rien profité à mon voyage, écrivait-il, me trouverez-vous revenu avec une bonne opinion de moi, et une fierté qui vous paraîtra extraordinaire pour un homme dont les affaires ne sont pas en meilleur état que les miennes. » Cette fierté est décidément un des traits du caractère de Chaulieu ; lui-même il est convenu de l’avoir poussée un peu loin : Avec quelques vertus, j’eus maint et maint défaut : Glorieux, inquiet, impatient, colère, Entreprenant, hardi, très souvent téméraire, Libre dans mes discours, peut-être un peu trop haut. […] Chaulieu vivra moins comme poète que parce qu’il est une des figures les plus caractérisées en qui se rejoignent deux époques ; il marque la liaison d’une régence à l’autre ; il avait reçu le souffle de la première, l’esprit libre et hardi des épicuriens d’avant Louis XIV, et il vécut assez pour donner l’accolade à Voltaire.
Il en est résulté que sa grande et ambitieuse tentative, qui mécontentait et inquiétait les hommes religieux et le clergé, ne satisfaisait point d’ailleurs les savants et le petit nombre des libres philosophes ; elle avait contre elle les croyants, et n’avait pas pour elle les physiologistes. […] Il ne suffit pas, en effet, à la libre littérature, qu’on lui accorde une grande place et même du silence : elle a plus besoin encore d’attention et d’intérêt que de silence ; elle s’accommode plus d’un amphithéâtre que d’une plaine trop vaste.
Une nature franche aurait de bonne heure coupé court à tout par un libre et fier aveu : la discrétion intéressée, la réticence fine de M. […] Étienne tenait plus directement sous sa dépendance se fermaient à ce bruit extérieur : la presse un peu plus libre de la Galerie-de-bois s’en dédommageait en feuilles légères.
Il fut bon pour La Fontaine que la faveur de Fouquet l’initiât à la vie du monde, et lui donnât toute sa politesse ; mais il lui fut bon aussi que ce cercle trop libre ne le retînt pas trop longtemps, et qu’après la chute de Fouquet il fût averti que l’époque devenait plus sérieuse et qu’il avait à s’observer davantage. […] Ses Deux Amis sont le chef-d’œuvre en ce genre ; mais, toutes les autres fois qu’il a eu à parler de l’amitié, son cœur s’entrouvre, son observation railleuse expire ; il a des mots sentis, des accents ou tendres ou généreux, comme lorsqu’il célèbre dans une de ses dernières fables, en Mme Harvey, Une noblesse d’âme, un talent pour conduire Et les affaires et les gens, Une humeur franche et libre, et le don d’être amie Malgré Jupiter même et les temps orageux.
Au dedans de ces limites, l’écrivain est libre ; mais malheur à lui s’il ose en sortir ! […] Il faut donc louer Tocqueville précisément à cause de la généralité de ses vues, qui ne nous enchaînent pas à telle application plutôt qu’à telle autre, et qui, mettant à notre disposition des principes excellents, nous laissent libres de juger de la mesure et des moyens de l’exécution.
L’opinion, qui souvent allie tous les contraires, veut, d’une part, le libre exercice des cultes, et, d’une autre part, une dépendance excessive des ministres des divers cultes. […] Dans les gouvernements anciens, tous les hommes libres comptaient pour l’exercice des droits et des devoirs de la cité ; chez les Égyptiens tous étaient nobles : la roture, c’était l’esclavage.
Son livre pourrait faire le pendant et la Suite de ces fameux livres oubliés maintenant, qu’on intitulait autrefois : la Mer libre, la Mer fermée, Mare liberum, Mare clausum. […] En ce genre, ils firent des chefs-d’œuvre ; boule épineuse de l’oursin, conque tout à la fois ouverte et fermée de l’haliotide, enfin l’armure du crustacé à pièces articulées, perfection de la défense et terriblement offensive… Ce n’était pas tout, pourtant, — continue Michelet. — Qu’il vienne un être de libre audace qui méprise tous ces gens comme infirmes ou tardigrades, qui considère l’enveloppe comme chose subordonnée et concentre la force en soi » ; et ce malin-là, ce sera le poisson !!
La nécessité qu’elle implique sera sauvegardée, même si les êtres sont considérés comme doués de spontanéité, même si les êtres sont considérés comme libres. […] Peut-on de même, en abordant l’étude de l’âme, annoncer qu’on ne s’occupera de rien de ce qui manifesterait une volonté libre ? […] Or, dit-il, l’homme est né libre et doit être libre. […] Aussi, même chez les Stoïciens, panthéistes rationalistes, le sage garde, au fond de son âme, le libre pouvoir d’acquiescer ou de résister à la destinée. […] Prédiction possible n’implique pas nécessité, puisque les actes libres peuvent la comporter.
La diplomatie de la plus forte nation n’est pas libre. […] Bref, ils sont libres et ils ne le sont pas. […] Jamais, dans ses recherches de rythmes nouveaux, il n’aboutit au vers libre. […] Aman-Jean, lui, est libre ; et l’on ne sent pas qu’il ait fait un effort pour se libérer. […] … Chacune d’elles a, devant elle, de l’air, de l’espace, un vaste champ libre pour sa course.
Taine n’a jamais cessé d’être dans toute la force du terme un esprit libre. […] Je voudrais seulement rester libre. […] Albalat veuille présenter la pensée si libre sous un faux jour. […] On va d’un pas libre et soutenu, comme un bon facteur rural. […] Il se trouvera libre, tout à coup, sans avoir sauté le mur.
s’il venait un vrai poëte dramatique, combien il trouverait la place libre et le public disposé !
La ressource même de la paraphrase et de l’imitation libre devient un écueil.
Elle laisse au spectateur les yeux et l’esprit assez libres pour goûter un plaisir d’art.
Le « concert européen » — formé seulement des grosses puissances intéressées, et qui ne comprend ni la Suisse, ni la Belgique, ni la Hollande, ni le Danemark, ni la Suède et la Norvège — s’est mis à poursuivre un accord presque impossible et toujours fuyant : faux tribunal d’Amphictyons, où manquent à la fois les petits peuples libres — et le Pape.
. — La Revue libre (Paul Demeny).
Cette œuvre, non de talent, mais de conscience et de liberté, a été généreusement protégée contre bien des inimitiés par le public, parce que le public est toujours, aussi lui, consciencieux et libre.
» Ils n’admettent pas que le corps social soit un composé d’organes distincts et spéciaux, tous également naturels et nécessaires, chacun d’eux adapté par sa structure particulière à un emploi défini et restreint, chacun d’eux spontanément produit, formé, entretenu, renouvelé et stimulé par l’initiative, par les affinités réciproques, par le libre jeu de ses cellules.
Sans doute, dans ce libre vœu rétrospectif, M. […] Qu’il puisse y avoir beaucoup de vrai dans ces prescriptions d’analyse, Joseph de Maistre n’a pas assez d’éclats de voix ni de sifflets pour le nier ; nous dirons simplement que l’erreur est d’y mettre tout, de croire que la méthode crée l’esprit et que le mot garantit l’idée, de passer le niveau sur les facultés humaines et d’en supprimer le jet naturel, de méconnaître, non pas seulement ce que le génie, mais ce que le bon sens apporte volontiers de libre et de vif avec lui. […] Deux ans après, le 18 septembre 1798 (fin de l’an vi), Daunou, président du Conseil des Cinq-cents, répondait au nom de l’assemblée à une députation de l’Institut qui venait à la barre rendre compte de ses travaux pendant l’année ; il exhortait l’illustre corps à la propagation des idées et des sentiments qui conviennent le plus aux hommes libres, et laissait échapper cette parole tant contestée : « Il n’y a point de philosophie sans patriotisme, il n’y a de génie que dans une âme républicaine ! […] Magnin, qui pense que, même en sa plus libre et sa plus énergique allure, le Daunou d’alors était très-près de ressembler à celui que nous savons. […] Daunou eut, en ses dernières années, de douces satisfactions puisées à l’estime publique et dues aux honneurs littéraires qu’un choix libre lui déférait.
Tout cela est bien ; mais écoutons Washington, appréciant, sans s’étonner, la nature humaine sous les diverses formes de gouvernement, et n’étant pas idolâtre ni dupe de cette forme plus libre, pour laquelle il combat et qu’il préfère : « Laissez-moi vous conjurer, mon cher marquis, de ne pas attacher trop d’importance à d’absurdes propos tenus peut-être sans réflexion et dans le premier transport d’une espérance trompée. […] Sans être Fouché, on peut remarquer, au point de vue politique et du succès, que, dans de telles circonstances, la démonstration de La Fayette, ainsi limitée, devait demeurer inefficace ; que proclamer le droit et attendre, l’arme au bras, une manifestation honnête, puis, s’il ne vient rien, se retirer, c’est compter sans doute plus qu’il ne faut sur la force morale des choses ; comme si, à part certains moments uniques et qui, une fois vus, ne se retrouvent pas, rien se faisait tout seul dans les nations ; comme s’il ne fallait pas, dans les crises, qu’un homme y mît la main, et fît et fît faire à tous même les choses justes et bonnes, et libres. […] Il lui répond d’Utrecht, à propos des imbroglios d’intrigues croisées qui remplirent l’intervalle du 30 prairial au 18 brumaire : « Je suis persuadé que les anciens et les nouveaux jacobins combattent, comme dans les tournois, avec des armes ensorcelées ; et tout me confirme que les insurrections ne sont plus pour un régime libre, mais, au contraire, pour le plus bête et le plus absolu despotisme. […] Je doute peu qu’elle ne parvienne à se délivrer du joug étranger ; mais le résultat de mes observations ne m’autorise pas à espérer que ces provinces soient capables d’établir et de conserver un gouvernement libre… » Et il continue l’exposé vrai du tableau. […] Quoiqu’elle me fût attachée, je puis le dire, par le sentiment le plus passionné, jamais je n’ai aperçu eu elle la plus légère nuance d’exigence, de mécontentement, jamais rien qui ne laissât la plus libre carrière à toutes mes entreprises ; et si je me reporte au temps de notre jeunesse, je retrouverai en elle des traits d’une délicatesse, d’une générosité sans exemple.
Jadis, le goût était classique et ne comprenait ni les brusques fiertés, ni la vérité nue de la nature libre ; aujourd’hui, le goût est romantique et ne comprend ni la proportion, ni la simplicité, ni la décence : ô petitesses de cette faculté si vantée ! […] Nous sommes libres, mais comme est libre un prisonnier qui n’a pas les fers aux bras qui n’a pas les fers aux pieds, qui peut sortir de sa cellule, descendre l’escalier, se promener dans un espace de huit cents mètres carrés, courir après les papillons, cultiver des fleurs, planter ici un arbre, en déraciner là, inventer et exécuter enfin toutes sortes de petits changements pleins d’esprit dans la cour de sa prison, pour embellir son existence et la rendre variée. La prison où nous sommes libres, c’est l’esprit de notre temps, le génie de notre nation, le talent personnel que chacun de nous tient de sa nature et de son éducation. […] Ouvrez le Tartuffe, Le Misanthrope, L’École des femmes, ou même quelqu’une de ces farces grotesques où la composition semble devoir être plus libre, Le Médecin malgré lui, Monsieur de Pourceaugnac, etc., et lisez-en une page. […] Il ose se permettre des propos sensés, mais il a soin de les faire excuser par la grâce parfaite de ses manières, de son ton ; il produit la raison, mais il la voile avec autant de scrupule que la pudeur en a pour exprimer une idée libre.
Toutefois, en s’alliant avec le texte, la musique ne doit pas descendre à une subordination telle que, pour reproduire, avec leur caractère précis, les mots du texte, elle perde le libre cours de ses mouvements. […] Or, toute notable contrainte, tout empêchement apporté, sous ce rapport, à la libre production, détruit l’impression. […] Tout le ravissait, dans ce pays où la nature est libre, dans cette vie qui n’est pas encore ployée et domestiquée par les usages de la civilisation. […] Est-ce qu’une nation qui se veut libre n’est pas toujours plus forte qu’un tyran ? […] Tronconi, — s’était peut-être trompé en choisissant le roman pour défendre des idées auxquelles aurait mieux convenu la tribune retentissante du théâtre ou le moule plus libre du pamphlet.
Les premieres sont comme l’air qui occupe un espace immense lorsqu’il est libre de s’étendre, & qui n’acquiert de la consistance qu’à mesure qu’il est pressé. […] Il falloit donc que l’acteur fût enfermé dans une espece de statue colossale, qu’il faisoit mouvoir comme par ressorts ; & dans cette supposition comment concevoir une action libre & naturelle ? […] Le style de la lettre est libre, simple, familier. […] Il y a deux sortes d’harmonie dans le style, l’harmonie contrainte, & l’harmonie libre : l’harmonie contrainte, qui est celle des vers, résulte d’une division symmétrique & d’une mesure réguliere dans les sons. […] On doit se défier de son témoignage ; il n’est pas libre : mais qui oblige l’homme de Lettres à se trahir lui-même & ses semblables, la nature & la verité ?
La plénitude du principe monarchique, entendue selon la libre et nationale interprétation, elle est là où il y a passé glorieux et gloire nouvelle, là où apparaissent deux restaurateurs de la société à cinquante ans de distance, deux conducteurs de peuple remettant la France sur un grand pied et, sans trop se ressembler, la couronnant également d’honneur.
Napoléon est un homme à la façon de César en effet, et qu’on doit louer comme tel ; mais il n’est pas comme Charlemagne, il ne cherche pas à éveiller le genre humain, à le rendre libre, juste, moral dans la belle acception du mot.
Si l’avare, si l’égoïste sont incapables de ces retours sensibles, il est un malheur particulier à de tels caractères auquel ils ne peuvent jamais échapper ; ils craignent la mort, comme s’ils avaient su jouir de la vie : après avoir sacrifié leurs jours présents à leurs jours avenir, ils éprouvent une sorte de rage, en voyant s’approcher le terme de l’existence ; les affections du cœur augmentent le prix de la vie en diminuant l’amertume de la mort : tout ce qui est aride fait mal vivre et mal mourir : enfin, les passions personnelles sont de l’esclavage autant que celles qui mettent dans la dépendance des autres ; elles rendent également impossible l’empire sur soi-même, et c’est dans le libre et constant exercice de cette puissance qu’est le repos et ce qu’il y a de bonheur.
Je fis souffler un vent révolutionnaire, … Et déclarai les mots égaux, libres, majeurs J’ôtai du cou du chien stupéfait son collier D’épithètes ; dans l’herbe, à l’ombre du hallier, Je fis fraterniser la vache et la génisse… Jean l’ânier épousa la bergère Myrtil.
Delavigne, malgré sa réputation, n’est qu’un poète de second ou de troisième ordre… Sa respiration rythmique n’est pas libre ; il a l’haleine courte et ne peut souffler un vers d’un seul jet.
Je crois très réellement voir ressusciter en Paul Fort l’âme ancienne de la France, toute pure, sans mélange aucun : généreuse, ardente, étourdie, éperdue de beaux désirs, ignorante de la conception de beauté qui nous vint plus tard d’Italie, religieuse et maligne, hardie et libre jusqu’à la témérité, avec des frousses, des peurs nerveuses du diable ou de son ombre, enfin spirituelle, facétieuse et familière.
Quand l’esprit dominant est de rejeter sans examen et sans discernement tout ce qui appartenait au parti vaincu dans les sciences, dans les lettres, dans les arts même, l’ignorance présomptueuse, les doctrines surannées et réduites à l’absurde, les témérités mille fois réprimées des imaginations sans frein et sans guide, les extravagances les plus révoltantes, ont le champ libre, peuvent se donner carrière, faire ligue, se produire mutuellement, et se soutenir par leurs efforts combinés.
Toutes ces naïvetés-là ont changé de nuance jusqu’à Voltaire, qui fut libre, leste et gai, mais avec une retenue dont la société de madame Duchatelet lui avait fait sentir la convenance.
Qu’il oublie tant qu’il lui plaira qu’il parle à des hommes sensés, il n’y a pas grand mal à cela, mais qu’il ne se souvienne jamais qu’il parle à des hommes libres, c’est une inadvertance qui blesse partout et qui est très-dangereuse dans ce pays-ci.
Nos soldats se disent qu’en se dévouant à la France ils sauvent, celui-ci l’Église catholique, celui-là les Églises protestantes, cet autre la République sociale, cet autre enfin la libre pensée.
Renvoyé dans sa patrie, le spectacle d’un peuple fier et libre acheva son éducation.
Il est comme eux le point de départ, le prétexte d’une somme lyrique aux libres fusées. […] Le spirituel eut là ses lieux de « production » que des héritiers comblés délaissent pour la joyeuse et libre « consommation » des hauteurs et de l’esprit qui souffle. […] Je l’appellerais le roman de l’aventure intellectuelle, le motif de l’aventure lié de façon ironique et symbolique à un certain romanesque de l’intelligence libre. […] Barrès dans cet Homme libre qui fut un des bréviaires de la génération antérieure à celle de M. […] Tom et Maggie sont de petites créatures libres qui font elles-mêmes leur destinée, et chacune des filles de la famille Dodson, même Madame Glegg, a dû résoudre en son temps un problème pareil.
Il n’y a pas de besogne plus large ni plus libre pour l’esprit humain. […] Quoi qu’il en soit, le libre examen parlait en lui. […] Désormais, il est libre, il dira tout haut ce qu’il pense. […] Enfin, le voilà donc libre ! […] On a tort de la mépriser ; elle n’est en somme que le vice d’en bas, la femelle lâchée avec ses appétits, dans un milieu libre.
Il suit de là que les titres de propriété de la génération présente peuvent être grevés de différentes charges qu’elle n’est pas libre de négliger. […] Cet être est libre de tout devenir. […] Il est libre de tout penser. […] Il est libre de tout éprouver. […] Mais seront-elles vraiment les justicières dont on n’appelle pas, ces feuilles où ces deux passions se sont donné libre carrière ?
Instrument exquis, il ne peut vibrer que sous un souffle libre et divin. […] vous êtes libre de vous révolter, s’écria Julie. […] Elle s’en prend aujourd’hui à Dieu et lui reproche d’avoir fait l’homme libre ! […] Libre, j’aurai passé ma vie inaperçu, comme la poudre ou le vin médiocre. […] Comme il n’apercevait pas le caporal qui me tenait par mon habit, il me supposa libre !
Mais avec tout cela, Montfaucon est de son temps ; il a quelque chose de plus libre, de plus émancipé, de moins monacal que Mabillon. […] En voyant le mur, sans autre changement, s’avancer pour séparer Pyrame et Thisbé et se retirer pour laisser le champ libre aux autres acteurs, il s’égayait. […] Et ainsi les tragi-comédies implexes et libres hâtèrent le triomphe des unités : la vogue du genre en abrégea la durée. […] Après cela, libre à nous de reconnaître la grande philosophie religieuse de Bossuet dans certaines réflexions où Alberoni retombe toujours. […] Les sociétés les plus diverses, les écoles les plus opposées, concourent alors à pousser la comédie hors de la libre gaîté dans la décence spirituelle.
Ils n’admettaient pas que l’homme fût libre d’une liberté qui rendît la grâce inutile, et qui le fît lui-même le seul et souverain arbitre de ses destinées. […] Indépendant d’humeur, et même un peu farouche, libre de sa personne, maître de ses loisirs, il avait beaucoup vu et beaucoup médité : il avait aussi beaucoup retenu. […] Jamais disciples ne furent plus libres, puisque, partant des mêmes prémisses, aucuns disciples n’en vinrent à contredire plus formellement le maître. […] Il a en quelque sorte interrompu la prescription de la libre pensée. […] Les désirs changent d’objets : ce qu’on aimait, on ne l’aime plus ; on était libre avec les lois, on veut être libre contre elles ; chaque citoyen est comme un esclave échappé de la maison de son maître : ce qui était maxime, on l’appelle rigueur ; ce qui était règle, on l’appelle gêne ; ce qui était attention, on l’appelle crainte.
Un mâle est l’hymne à l’existence libre, violente, sauvage, par les futaies et les taillis. […] En vérité, Camille Lemonnier dégrade son admirable personnalité, s’il s’égare loin de la vie naturelle et libre. […] Aussi bien, il commence à se libérer des lois prosodiques qui entravaient la traduction libre de ses sensations désordonnées. […] Bruxelles, Édition de la Libre esthétique, 1900. — Propos d’hier et d’aujourd’hui. […] Bruxelles, Éd. de l’Idée libre, 1902. — Voyages vers mon pays.
Sous la période directoriale, ses écrits, sa conversation, sans exclure les qualités précédentes, admettent un ton plus sévère ; elle soutient la cause de la philosophie, de la perfectibilité, de la république modérée et libre, tout comme l’aurait pu faire la veuve de Condorcet. […] » Marie-Joseph Chénier aurait dû se souvenir de tant de passages inspirés par le libre génie de ces années d’espérance, plutôt que de se prendre, comme il l’a fait (Tableau de la Littérature), à un mot douteux échappé sur Condorcet. […] Les esprits libres en littérature liront avec une agréable surprise ce morceau, comme on aime à retrouver quelque idée de 89 dans Fénelon. […] » Trop à l’étroit dans Coppet et surtout dans son imagination terrible, elle voulait à toute force ressaisir l’air libre, l’espace immense. […] Tant de trésors voisins, dont un peuple se sèvre, Tentent ton libre esprit et font fête à ton cœur.
Sous sa seconde phase essentielle, constituant le vrai polythéisme, trop souvent confondu par les modernes avec l’état précédent, l’esprit théologique représente nettement la libre prépondérance spéculative de l’imagination, tandis que jusqu’alors l’instinct et le sentiment avaient surtout prévalu dans les théories humaines. […] Outre cette impuissance croissante pour protéger les règles morales, l’esprit théologique leur a souvent nui aussi d’une manière active, par les divagations qu’il a suscitées, depuis qu’il n’est plus suffisamment disciplinable, sous l’inévitable essor du libre examen individuel. […] Ne pouvant empêcher le libre essor de la raison moderne chez les esprits cultivés, on s’est ainsi proposé d’obtenir d’eux, en vue de l’intérêt public, le respect apparent des antiques croyances, afin d’en maintenir, chez le vulgaire, l’autorité jugée indispensable. […] Pourvu que ce libre accès lui reste toujours ouvert, le zèle volontaire et gratuit de ses rares promoteurs, secondé par le bon sens universel, et sous l’impulsion croissante de la situation fondamentale, ne redoutera jamais de soutenir, même dès ce moment, une active concurrence philosophique envers les nombreux et puissants organes, même réunis, des deux écoles anciennes. […] Leur surveillance continue de ce libre enseignement populaire se bornera bientôt à y prescrire seulement la condition permanente d’une vraie positivité, en y écartant, avec une inflexible sévérité, l’introduction, trop imminente encore, des spéculations vagues ou sophistiques.
J’ai souvent demandé aux Orientaux le sens vrai de ce mot : « Tchilibi, me répondaient-ils, ne signifie officiellement aucune dignité positive, aucun emploi précis dans l’empire ; mais il signifie plus : cette expression représente une dignité intellectuelle et morale, une distinction qui n’est point accordée par le sultan, mais par le concours libre, spontané, incontestable et inaliénable de l’opinion publique. […] Il a l’esprit libre, frais et dispos, toujours présent et prêt à la riposte. […] ne suis-je donc pas libre ? plus libre que jamais ? […] dit-il. — Libre de tous !
Déisme, athéisme, matérialisme, scepticisme, idéologie, théorie du retour à la nature, proclamation des droits de l’homme, toutes les témérités de Bolingbroke, Collins, Toland, Tindal et Mandeville, toutes les hardiesses de Hume, Hartley, James Mill et Bentham, toutes les doctrines révolutionnaires y ont été des plantes de serre, écloses çà et là dans les cabinets isolés de quelques penseurs : à l’air libre, elles ont avorté, après une courte floraison, sous la concurrence trop forte de l’antique végétation à qui déjà le sol appartenait451 Au contraire, en France, la graine importée d’Angleterre végète et pullule avec une vigueur extraordinaire. […] Dans une société tout artificielle, où les gens sont des pantins de salon et où la vie consiste à parader avec grâce d’après un modèle convenu, il prêche le retour à la nature, l’indépendance, le sérieux, la passion, les effusions, la vie mâle, active, ardente, heureuse et libre en plein soleil et au grand air. […] Mon père causait avec Mme de Puisieux sur la facilité de composer les ouvrages libres ; il prétendait qu’il ne s’agissait que de trouver une idée plaisante, cheville de tout le reste, où le libertinage de l’esprit remplacerait le goût.