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613. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Ernest Renan, le Prêtre de Némi. »

Cependant tout le monde veut la guerre contre Rome, même les démagogues, parce qu’ils espèrent qu’une révolution en sortira ; même les libéraux, parce que « leur retraite, disent-ils, serait le triomphe de l’absurde ». Antistius se prête mollement aux cérémonies qui doivent accompagner la déclaration de guerre.

614. (1882) Qu’est-ce qu’une nation ? « II »

Selon les politiques dont je parle, le groupement de provinces effectué par une dynastie, par ses guerres, par ses mariages, par ses traités, finit avec la dynastie qui l’a formé. […] Autrement, tout le monde réclamera ses convenances militaires, et ce sera la guerre sans fin.

615. (1902) L’humanisme. Figaro

Peut-être se récriera-t-il à ce mot : il s’en allait en guerre contre un parti d’athées, et le voici qui tombe dans une assemblée de poètes. […] Je me suis laissé dire qu’il y a une trentaine d’années, peu de temps après la, guerre, un groupe de quinze jeunes gens avait fondé une association — honni soit qui mal y pense — de chasteté.

616. (1864) William Shakespeare « Conclusion — Livre II. Le dix-neuvième siècle »

Ce mot, romantisme, a, comme tous les mots de combat, l’avantage de résumer vivement un groupe d’idées ; il va vite, ce qui plaît dans la mêlée ; mais il a, selon nous, par sa signification militante, l’inconvénient de paraître borner le mouvement qu’il représente à un fait de guerre ; or ce mouvement est un fait d’intelligence, un fait de civilisation, un fait d’âme ; et c’est pourquoi celui qui écrit ces lignes n’a jamais employé les mots romantisme ou romantique. […] Oui, tous tant que nous sommes, grands et petits, puissants et méconnus, illustres et obscurs, dans toutes nos œuvres, bonnes ou mauvaises, quelles qu’elles soient, poëmes, drames, romans, histoire, philosophie, à la tribune des assemblées comme devant les foules du théâtre, comme dans le recueillement des solitudes, oui, partout, oui, toujours, oui, pour combattre les violences et les impostures, oui, pour réhabiliter les lapidés et les accablés, oui, pour conclure logiquement et marcher droit, oui, pour consoler, pour secourir, pour relever, pour encourager, pour enseigner, oui, pour panser en attendant qu’on guérisse, oui, pour transformer la charité en fraternité, l’aumône en assistance, la fainéantise en travail, l’oisiveté en utilité, la centralisation en famille, l’iniquité en justice, le bourgeois en citoyen, la populace en peuple, la canaille en nation, les nations en humanité, la guerre en amour, le préjugé en examen, les frontières en soudures, les limites en ouvertures, les ornières en rails, les sacristies en temples, l’instinct du mal en volonté du bien, la vie en droit, les rois en hommes, oui, pour ôter des religions l’enfer et des sociétés le bagne, oui, pour être frères du misérable, du serf, du fellah, du prolétaire, du déshérité, de l’exploité, du trahi, du vaincu, du vendu, de l’enchaîné, du sacrifié, de la prostituée, du forçat, de l’ignorant, du sauvage, de l’esclave, du nègre, du condamné et du damné, oui, nous sommes tes fils, Révolution !

617. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre septième. »

Et voilà la guerre allumée. […] Rien de plus naturel que cette expression, après avoir parlé de la guerre de Troie.

618. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « L’idolâtrie au théâtre »

Crassus, faisant la guerre aux Parthes, emmenait avec lui une troupe de comédiens, et beaucoup d’autres Romains eurent à leur solde, soit dans la paix, soit dans la guerre, leur troupe de comédiens comme Crassus.

619. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Joubert » pp. 185-199

La Révolution, qui cassa tant de choses précieuses, épargna celle-ci, et plus tard, la guerre. Qu’aurait-elle fait, la guerre, de cette pauvre porcelaine ?

620. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Les Césars »

Lorsque Champagny jauge si avant la société romaine et ses causes de décadence, quand il ne se contente pas de nous montrer les institutions anciennes craquant de toutes parts, mais encore le système économique de cette société, qui mourait autant de son budget que de ses mœurs, il lui était aisé, à lui qui a si bien compris les guerres civiles, à lui qui nous décompose d’une main si ferme le mécanisme de l’élection, cette corruption nécessaire de la république, de prendre juste et de nous donner la valeur et la signification de l’Empire. […] Nous avons vu ce qui les distinguait l’une de l’autre ; ce qui fit l’une forte, malgré ses orages intérieurs, ses guerres civiles, sa corruption même et ses crimes ; ce qui fit l’autre faible, malgré l’éclat de quelques victoires et la beauté de quelques génies.

621. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Histoire des Pyrénées »

À l’époque où nous voici parvenus, on peut dire, en principe, qu’il n’y a plus à écrire que la guerre des intelligences et des idées. […] Que si, au contraire, l’oubli a eu raison de s’étendre sur les plateaux pyrénéens, si ces peuplades intermédiaires — Catalans, Aragonais, Navarrais, Béarnais et Basques, — ne sont placées aux frontières de France et d’Espagne que pour appointer des forces respectives et jeter dans la balance des intérêts de ces deux pays le poids de leurs atomes orageux ; si, enfin, toute cette paille d’hommes hachés par les événements et par la guerre n’est là — comme on pourrait le croire — que pour faire fumier aux grandes nations qui résument l’Europe, et par l’Europe le genre humain, à quoi bon remuer, avec un tel détail, ce monde de faits sans signification vive et profonde, et sous lesquels le lecteur périt accablé ?

622. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XI. MM. Mignet et Pichot. Charles Quint, son abdication, son séjour et sa mort au monastère de Yuste. — Charles V, chronique de sa vie intérieure dans le cloître de Yuste » pp. 267-281

C’est toujours cet empereur qui a mis Rome à sac, autrefois, par la main du connétable de Bourbon, et qui, vieux, recommence sous Paul IV la guerre contre Rome avec l’ardeur de sa jeunesse. Philippe II, lui, le vrai moine sans être au monastère, Philippe II, le véritable Roi Espagnol, s’effraie de cette guerre voulue si énergiquement par son père.

623. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Arsène Houssaye » pp. 271-286

Il changea les conditions du roman comme Napoléon avait changé les conditions de la guerre, et, chose saisissante d’analogie ! […] Or, quand on est un de ces génies assez puissants pour changer une poétique qui régnait jusque-là, que ce soit celle du roman ou de la guerre, il se passe des générations d’hommes qui appliquent cette poétique nouvelle et en vivent, spirituellement, jusqu’au jour clairsemé, et qui se fait longtemps attendre, où arrive encore un homme de génie, avec une autre poétique, qui bouleverse tout et renouvelle tout à son tour.

624. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 344-346

Il a des droits bien plus assurés à la célébrité, par son Histoire du Traité de Westphalie, & par celle des Guerres & des Négociations qui précéderent ce Traité, sous les Ministeres de Richelieu & de Mazarin.

625. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — T. — article » pp. 346-348

La Politique, la Guerre, les Loix, la Littérature, tout prend sous sa plume un caractere de dignité, d'aisance, de profondeur, qui donne la plus haute idée de ses lumieres, soit acquises, soit naturelles.

626. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — T. — article » pp. 353-355

Titon du Tillet, [Evrard] Commissaire Provincial des Guerres, de plusieurs Académies de Province & des Pays étrangers, né à Paris en 1677, mort dans la même ville en 1762.

627. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Manuel, Eugène (1823-1901) »

. — Pendant la guerre, poésies (1871). — L’Absent, drame (1873). — En voyage, poésie (1890). — Poésies de l’école et du foyer (1892).

628. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Méry, Joseph (1797-1866) »

. — Héva ; la Floride ; la Guerre de Nizam (1843-1847). — Le Chariot de terre cuite, du roi Soudraka, adaptation avec G. de Nerval (1850). — Les Uns et les Autres, souvenirs contemporains (1864).

629. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXI » pp. 220-221

Les choses étant ainsi, Molière put croire que ce serait un coup de maître de faire maltraiter les mauvais auteurs par Montausier sous le nom d’Alceste, de la même manière que Boileau et lui en usaient dans leurs ouvrages, c’est-à-dire de le montrer faisant la guerre au mauvais goût sans la faire aux personnes.

630. (1857) Cours familier de littérature. III « XIIIe entretien. Racine. — Athalie » pp. 5-80

Les guerres de religion, atroces mais saintes, dans les deux partis, avaient remué et exercé jusqu’au fond des âmes le plus fort, le plus noble, le plus divin des héroïsmes humains, l’héroïsme de la conscience, non pas celui qui fait les héros, mais celui qui fait les martyrs. Les caractères s’étaient vigoureusement retrempés dans ce sang et dans ce feu des guerres sacrées. […] La guerre et la politique n’avaient pas fait moins. […] L’Italie moderne, qui l’avait inondée, par le midi et par nos guerres de François Ier, de ses poésies, lui avait donné, par Dante et par Pétrarque, par le Tasse et par l’Arioste, la fluidité, l’harmonie et l’abondance, qui sont les caractères du génie italien du moyen âge. […] En vain ils s’uniraient pour lui faire la guerre : Pour dissiper leur ligue il n’a qu’à se montrer ; Il parle, et dans la poudre il les fait tous rentrer.

631. (1928) Les droits de l’écrivain dans la société contemporaine

La guerre a encore augmenté cet esprit de dureté. […] Un peu plus tard, pendant la guerre, le procès de Caillaux présente encore un exemple typique. […] C’est ainsi qu’une guerre catastrophique apparaît comme une suite d’actions glorieuses et désirables ; un régime tyrannique devient une époque idyllique. […] Note de l’éditeur] en faveur des écrivains et des journalistes, plus mal payés que jamais depuis la guerre. […] À l’époque, le pseudonyme Kiki désignait Alice Ernestine Prin, modèle, muse et amante d’artistes célèbres, animant le quartier de Montparnasse entre les deux guerres.

632. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LVI » pp. 215-217

Ces hautes puissances se comportent comme de gros États en guerre : ce qui est le plus à désirer pour les faibles, c’est qu’aucune décidément ne l’emporte !

633. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 285-288

Dans l’Histoire des Macchabées, tout ce que la guerre a de plus terrible, la politique de plus profond, le courage de plus sublime ; tout ce que les desseins de Dieu sur son peuple peuvent offrir de sagesse, de majesté, de puissance, de bonté, est développé avec des traits qui caractérisent le Génie créateur, dans un genre où le Créateur lui-même se manifeste si énergiquement.

634. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gui Patin. — I. » pp. 88-109

La guerre n’était pas seulement alors entre les médecins et les chirurgiens, elle était aussi entre les médecins et les apothicaires. […] Après les moines, après les Jésuites, il ne déteste rien tant que les apothicaires ; c’est une guerre à mort, une guerre civile et plus que civile, qui est comique. […] On voit à quel point le Parlement et les gens du roi entraient avant et prenaient parti dans ces guerres des corps contre les libres survenants.

635. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Duclos. — II. Duclos historien » pp. 224-245

On devina mieux pour le reste : on dit qu’il aimerait la chasse passionnément ; que les princes, ses parents et ses voisins, auraient beaucoup d’envie et de jalousie contre lui, qu’ils lui susciteraient de fâcheuses affaires, qu’ils lui feraient la guerre ; qu’il serait plus heureux dans sa vieillesse que dans sa jeunesse, etc. […] Dans sa préface, Duclos regrette de n’avoir pu jeter plus de lumière sur la partie financière de son sujet : La politique, dit-il, la guerre, la finance, exigeraient chacune une histoire particulière et un écrivain qui eût fait son objet capital de l’étude de sa matière. […] Mais il est un chapitre intéressant et neuf de son ouvrage qui sans doute (je l’espère du moins) lui appartient plus en propre et auquel il faut rendre toute justice, c’est celui qui a pour titre Histoire des causes de la guerre de 1756.

636. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « [Chapitre 5] — III » pp. 132-153

Il a dit du maréchal de Saxe, sous le titre de Génie, esprit : On n’a jamais si bien reconnu les effets de l’esprit et du génie qu’à l’occasion du maréchal de Saxe ; il n’avait point l’esprit de la guerre, mais il en avait le génie. […] C’est dans un endroit où lui-même il semble démentir la belle parole dite précédemment à son frère sur la valeur guerrière, qui était la seule vertu restée aux Français : L’on ne doit point aller à la guerre qu’on ne se sente une très grande résignation à perdre la vie en la postposant à l’ambition et à la gloire. Il est vrai que c’est une folie, de là vient que les philosophes ne sont pas propres à la guerre, au lieu que les gens à passions y sont propres ; les jeunes gens, les sanguins, s’y dévouent légèrement et franchement, mais tout philosophe qui réfléchit mûrement trouve que le plus grand bien est de vivre, et le plus grand mal du monde est l’anéantissement ; car les gens à passions trouvent, disent-ils, la vie plus mêlée, de maux que de biens, au lieu que les philosophes trouvent le contraire et ont raison, la vie leur est délicieuse.

637. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Histoire de la querelle des anciens et des modernes par M. Hippolyte Rigault — II » pp. 150-171

. — Guerre aux érudits. — Erreur et vérité. — Affaire avec Gacon. — Réfutation de Mme Dacier. […] Sous forme d’apologie, c’était un pamphlet très vif, un manifeste de guerre : Vous exigez de moi, monsieur, disait-il, un compte exact des divers jugements que les gens de lettres ont portés de la nouvelle Iliade ; je vais tâcher de vous satisfaire. […] J’ai, connu un bossu, homme d’ailleurs de beaucoup d’esprit, qui n’avait jamais pu se familiariser avec son ombre ; je lui devins à charge, et il m’évita enfin, ne pouvant soutenir la petite guerre que je lui faisais pour lui ôter ce faible : pour moi, j’ose dire que je soutiens galamment ma disgrâce ; j’en atteste mes amis, qui, pour faire honneur à mon courage, ne me font plus apercevoir dans notre commerce cette retenue excessive, cette circonspection humiliante qui n’est due qu’aux faibles.

638. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet (suite.) »

Tout peut se dire ; toutes les opinions sincères ont le droit de sortir et de s’exprimer ; il y a, certes, lieu pour des critiques doctes et fins de disserter longuement et de faire mainte distinction à propos d’Horace Vernet ; mais le ton de Gustave Planche parlant d’un homme de ce talent et de cette renommée, d’un homme de ce passé et de cet avenir, qui était à la veille de se développer de plus en plus, et qui allait nous traduire aux yeux notre guerre d’Afrique, nous montrer notre jeune armée en action, à l’œuvre, dans sa physionomie toute moderne et expressive, ce ton est d’une insolence et d’une fatuité vraiment ineffables : « À ne peser que les cendres de sa gloire, s’écrie-t-il, nous les trouvons légères, et nous les jetons au vent ! […] Lui, il est bien désormais le peintre par excellence de cette guerre d’Afrique, où tout se dissémine et s’étend, où les choses ne se décident point comme dans une grande guerre parle génie d’un seul, par le concert de quelques-uns et par du canon.

639. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Don Carlos et Philippe II par M. Gachard Don Carlos et Philippe II par M. Charles de Mouy »

« On rapporte qu’un jour où il lui faisait le récit de ses entreprises de guerre, il le trouva si attentif qu’il en éprouva un plaisir extrême ; il s’émerveilla surtout lorsque, lui ayant dit la nécessité où l’électeur Maurice le mit de s’enfuir (à Inspruck), le jeune prince lui déclara qu’il était content de ce qu’il venait d’entendre, mais que, pour lui, il n’aurait jamais pris la fuite. […] Il est colère autant qu’un jeune homme peut l’être, et obstiné dans ses opinions… Son précepteur s’attache uniquement à lui expliquer les Offices de Cicéron afin de modérer l’impétuosité de son caractère ; mais don Carlos ne veut presque toujours parler que des choses de la guerre et lire que des ouvrages qui s’y rapportent. Si quelqu’un des sujets de son père va lui faire de ces protestations dont on use ordinairement avec les princes, il les reçoit, et, le prenant à part, il le force à jurer, en un livre, qu’il le suivra dans toutes les guerres où il ira ; il le contraint ensuite à accepter à l’instant même quelque présent. » L’excellent précepteur, avec son De Officiis fut de tout temps impuissant, on le conçoit, à modérer la fougue de ce jeune poulain vicieux de nature.

640. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres françaises de Joachim Du Bellay. [II] »

On chemine, comme en temps de guerre, sur un terrain remué, et il y faut regarder sans cesse. […] À défaut du Roland devenu impossible, il y aurait eu moyen, j’imagine, d’aller choisir quelque grand fait, quelque épisode de nos chroniques nationales, de nos dernières guerres séculaires, comme les récits chevaleresques de Froissart en sont pleins ; quelque combat des Trente ; et, sans tant chercher, que n’est-on allé donner la main à la dernière chanson de geste de la seconde moitié du xive  siècle, à la chronique de Du Guesclin ! […] Virgile, quand il se mit à l’Énéide, avait derrière lui les guerres civiles ; Du Bellay et ses amis les avaient devant eux, et plus d’un éclair déjà sillonnait l’horizon.

641. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Victor Hugo — Victor Hugo en 1831 »

La plus douce occupation du guerrier philosophe, au milieu de cette inaction prolongée qui le dévorait, était de s’entretenir avec le jeune Victor, de le prendre sur ses genoux, de lui lire Polybe en français, s’appesantissant à plaisir sur les ruses et les machines de guerre, de lui faire expliquer Tacite en latin ; car l’intelligence robuste de l’enfant mordait déjà à cette forte nourriture. […] Il passa cette année, non plus aux Feuillantines, mais rue Cherche-Midi, en face l’hôtel des Conseils de guerre, à étudier librement, à lire toute sorte de livres, même les Contemporaines de Rétif, à apprendre seul la géographie, à rêver et surtout à accompagner chaque soir sa mère dans la maison de la jeune fille qu’il épousa par la suite, et dont en secret son cœur était déjà violemment épris. […] Si l’on se reporte par la pensée vers l’année 1823, à cette brillante ivresse du parti royaliste, dont les gens d’honneur ne s’étaient pas encore séparés, au triomphe récent de la guerre d’Espagne, au désarmement du carbonarisme à l’intérieur, à l’union décevante des habiles et des éloquents, de M. de Chateaubriand et de M. de Villèle ; si, faisant la part des passions, des fanatismes et des prestiges, oubliant le sang généreux, qui, sept ans trop tôt, coulait déjà des veines populaires ; — si on consent à voir dans cette année, qu’on pourrait à meilleur droit appeler néfaste, le moment éblouissant, pindarique, de la Restauration, comme les dix-huit mois de M. de Martignac en furent le moment tolérable et sensé ; on comprendra alors que des jeunes hommes, la plupart d’éducation distinguée ou d’habitudes choisies, aimant l’art, la poésie, les tableaux flatteurs, la grâce ingénieuse des loisirs, nés royalistes, chrétiens par convenance et vague sentiment, aient cru le temps propice pour se créer un petit monde heureux, abrité et recueilli.

642. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLXIe Entretien. Chateaubriand »

Une seule chose m’avait offensé, car j’étais partial, mais j’étais juste ; c’était une anecdote évidemment et sciemment calomniatrice qu’il avait insérée dans son pamphlet de guerre : De Buonaparte et des Bourbons. […] Son père, le guerrier Outalissi, de la nation des Natchez alliée aux Espagnols, l’a emmené à la guerre contre les Muscogulges, autre nation puissante des Florides. […] C’étaient ensuite mille autres questions sur l’état de mon cœur : elles me demandaient si j’avais vu une biche blanche dans mes songes, et si les arbres de la vallée secrète m’avaient conseillé d’aimer. » Cependant Atala apparaît pour la première fois à Chactas : « Une nuit que les Muscogulges avaient placé leur camp sur le bord d’une forêt, j’étais assis auprès du feu de la guerre avec le chasseur commis à ma garde.

643. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre I. Renaissance et Réforme avant 1535 — Chapitre II. Clément Marot »

On peut ne pas tenir compte de la rude guerre d’épigrammes qu’il fit aux « sorbonistes », aux moines, aux abus de l’Eglise : c’était la tradition du moyen âge, et ce pourrait être aussi liberté philosophique. […] Amadis ravit François Ier, le roi chevalier, et toute cette brave noblesse des guerres d’Italie, qui se reconnaissait bien lorsqu’elle lisait comment, les chefs discutant s’il fallait donner bataille à un ennemi supérieur en nombre, « Agraies donna des éperons à son cheval, criant à haute voix : Maudit soit qui plus tardera, voilà ceux contre qui il faut débattre, non pas entre nous ; et ce disant piqua droit aux ennemis ». […] Amadis est sanguin, ardent, colère, un vrai « gendarme » des guerres d’Italie ; Montluc l’avouerait, quand il retourne d’un coup de pied le lit où git un vieux coquin, en l’envoyant à tous les diables.

644. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre IX. La littérature et le droit » pp. 231-249

Ils ont fait observer que Voltaire77 a répondu par avance à ceux qui ont faussé, en la tirant hors de l’histoire naturelle, la pensée de Darwin. « Tous les animaux, écrivait le philosophe du xviiie  siècle, sont perpétuellement en guerre ; chaque espèce est née pour en dévorer une autre. […] Les mâles de la même espèce se font la guerre pour des femelles comme Ménélas et Paris. […] Dictionnaire philosophique, article « Guerre ».

645. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « V »

Lamoureux, un beau jour, a déclaré la guerre à la Revue Wagnérienne… Les prétextes ? […] Lamoureux, pouvant continuer, NE L’A PAS VOULU, et qu’il a préféré une retraite avec pour lui tous les honneurs de la guerre, quitte à ruiner par là le wagnérisme. […] J’ai, à mes risques, fondé la Revue Wagnérienne, je l’ai soutenue par beaucoup de sacrifices peu soupçonnés, sacrifices de temps, d’argent et autres (et cela malgré le secours à jamais admirable de quelques honnêtes gens épris d’art wagnérien), je l’ai conduite pure radicalement de toute concession et indéniablement vierge de compromis quels qu’ils soient avec l’argent ou la puissance : j’aimerais mieux qu’elle pérît plutôt que de déshonorer ces trois années de dévotion à un idéal d’art très vénéré, plutôt que d’en faire hommage à quelqu’un (même fût-il wagnérien) plutôt que de trahir la religion de mon maître Richard Wagner — celui qui ne craignit pas de faire la guerre aux grands… Et la Revue Wagnérienne, fière de son titre et d’avoir avant tout et constamment été une « revue wagnérienne » aura dit pourquoi, en 1887, après tant de luttes nobles et courageuses, le wagnérisme aura honteusement succombé à Paris.

646. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mémoires de Marmontel. » pp. 515-538

Par sa péroraison, il entraîne avec lui toute la classe de rhétorique, qui, n’ayant plus qu’un mois d’études avant les vacances, prend sur elle d’abréger, de proclamer l’année scolaire close un mois plus tôt, et de se retirer en masse et en bon ordre avec les honneurs de la guerre. […] Voltaire, en encourageant Marmontel à l’occasion de cette guerre de Bélisaire, lui écrivait : « Illustre profès, écrasez le monstre tout doucement. » On sait ce qu’il entendait par le monstre ; mais Marmontel, réellement, n’entendait par là que l’intolérance, et il s’y prit en effet doucement. […] Il ne dérogea que tard à ce système de conduite et dans un seul cas : ce fut à l’occasion de la querelle sur la musique, de la guerre ouverte entre Gluck et Piccinni.

647. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Volney. Étude sur sa vie et sur ses œuvres, par M. Eugène Berger. 1852. — I. » pp. 389-410

L’année suivante (1788), il publia un écrit de circonstance, des Considérations sur la guerre des Turcs, dans lesquelles il parlait de ces peuples d’Orient en connaissance de cause et ne se montrait point défavorable aux projets de Catherine ; il exposait les chances probables de la guerre comme étant tout à l’avantage de la Russie. […] [NdA] L’écrit de Volney, Considérations sur la guerre des Turcs, avait peu réussi ; il avait été réfuté dans le principe par Peyssonel.

648. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Histoire » pp. 179-240

L’homme d’État, l’homme de guerre, le poète, le peintre, le grand homme de science ou de métier étaient montrés seulement en leur rôle, et comme en leur jour public, dans cette œuvre et cet effort dont hérite la postérité. Le xixe  siècle demande l’homme qui était cet homme d’État, cet homme de guerre, ce poète, ce peintre, ce grand homme de science ou de métier. […] Ce ne seront plus seulement les actes officiels des peuples, les symptômes publics et extérieurs d’un état ou d’un système social, les guerres, les combats, les traités de paix, qui occuperont et rempliront cette histoire.

649. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « V. M. Amédée Thierry » pp. 111-139

Il ne s’agit que d’événements communs, de règlements de chancelleries, de diplomatie plus ou moins fine, de guerres régulières en douze temps, comme l’exercice, mais, quand il est question d’Attila, du maillet du Seigneur, comme disaient les moines, qui avaient le sentiment plus juste de leur époque que les écrivains du xixe  siècle, venus maintenant pour l’expliquer ; quand il est question du monde romain qui s’écroule sous cet effroyable maillet emmanché dans une si compacte masse d’hommes, il n’y a plus de Gibbon ni de Montesquieu qui puissent arracher le sens à cette exceptionnelle histoire ! […] Nous y avons gagné un Attila presque bourgeois, asiatique d’instinct, car il met la politique au-dessus de la guerre, ce qui est aussi le caractère européen de ces derniers temps, « créant des prétextes, entamant des négociations à tout propos, les enchevêtrant les unes dans les autres comme les mailles d’un filet où son adversaire finissait toujours par se prendre », spirituel, railleur, spéculant sur ses mariages, comme la maison d’Autriche, ses mariages dont il avait peu la dignité, aimant ses enfants à la manière des patriarches de la Bible, et leur tirant paternellement le joues, comme Napoléon tirait l’oreille à ses soldats enfin un Attila très pittoresque, très inattendu et très savoureux pour ceux qui cherchent dans l’histoire de sensations neuves. […] C’est là qu’il apprit la guerre, et que, mêlé de bonne heure aux événements du monde européen, il connut le jeune Aétius, otage des Romains près de son oncle Roua.

650. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXIV. »

Ce reflet glorieux de 1789 et de nos grandes guerres, ces spectacles d’illusion enthousiaste et d’ambition sans bornes, qu’avaient reçus de nous, au prix même de tant de défaites et de sacrifices, l’Allemagne et l’Angleterre, cet éclat qu’ont reproduit leurs poëtes, ne pouvaient être stériles pour les nôtres. […] À ces impressions du premier âge et de la guerre, aux vicissitudes de la vie privée, allaient se mêler, pour cette forte imagination, les grands spectacles de la fortune et les dernières convulsions de la gloire. […] Au milieu même de la guerre et de l’anarchie, les études se ranimèrent, comme une arme de plus pour l’esprit du peuple qu’une main de fer voulait plier à son gré.

651. (1939) Réflexions sur la critique (2e éd.) pp. 7-263

Mécontent de lui, mécontent de la vie, Flaubert pouvait, comme certains romantiques, partir en guerre contre tout. […] Richepin, qui ont lutté pendant la guerre de Cent ans. […] Barrès (ce sont les hasards de la guerre), mais qui répond à des exigences élevées de l’esprit catholique. […] La guerre et l’après-guerre ont produit dans la majeure partie de la presse un fléchissement de l’esprit, critique. […] Naudeau a connu son grand triomphe lors de la guerre russo-japonaise, où il se classa premier des correspondants de guerre.

652. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XXX » pp. 126-128

— Il en sera de cette demande de liberté illimitée d’enseignement comme du rappel d’O'Connell ; c’est une machine de guerre, une énormité impossible à obtenir, mais à l’aide de laquelle on se bat et on tiraille.

653. (1874) Premiers lundis. Tome II « De l’expédition d’Afrique en 1830. Par M. E. d’Ault-Dumesnil, ex-officier d’ordonnance de M. de Bourmont. »

La colonisation lui apparaissait au-delà de la guerre, et tout en lui élargissait cette pensée.

654. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » pp. 465-468

Le Parnasse réformé, & la Guerre des Auteurs, qui en est la suite, eurent beaucoup de succès dans leur nouveauté, & seroient encore aujourd’hui des Ouvrages piquans, si la plaisanterie & l’ironie qui y dominent étoient d’un meilleur goût.

655. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXVIIIe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 65-128

— On le saura avant la fin de la journée, dit-elle, car c’est aujourd’hui que le conseil de guerre est convoqué pour venger le pauvre brigadier des sbires ; mais que peuvent dire ces avocats devant le cadavre de ce brave soldat tué derrière un arbre, en faisant la police dans la montagne ? […] — Pauvre enfant, dit-elle, on voit bien que tu as bon cœur, car tu as pâli à l’idée du supplice d’un misérable qui ne t’est rien, pas plus qu’à moi, ajouta-t-elle, et pourtant je n’ai pas pu m’empêcher de pâlir, de trembler et de pleurer moi-même, tout à l’heure, quand j’ai entendu l’officier accusateur du conseil de guerre conclure son long discours par ce mot terrible : « la mort !  […] CCVII Je le quittai tranquille et préparé à recevoir, sans se troubler, le lendemain, la signification de l’arrêt par la bouche du président du conseil de guerre. […] Alors, il nous raconta qu’il avait frappé à toutes les portes de Lucques pour savoir si l’on avait entendu parler d’un homicide commis dans la montagne, sur un brigadier de sbires, et si l’on savait quelque chose du sort qu’on réservait au jeune montagnole ; qu’on lui avait répondu qu’il serait jugé prochainement par un conseil de guerre, et qu’en attendant il était renfermé dans un des cabanons de la prison, sous la surveillance du bargello ; que le bargello était incorruptible, mais très humain, et qu’il n’aggraverait certainement pas jusqu’à l’échafaud les peines du pauvre criminel.

656. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Histoire de la Restauration, par M. Louis de Viel-Castel » pp. 355-368

On dirait que les uns veulent s’excuser de l’avoir perdue par la direction qu’ils lui ont imprimée dans les derniers temps de son existence, et les autres de lui avoir fait une guerre acharnée et mortelle, qui ne peut trouver sa justification que dans l’impossibilité avérée de la redresser et de la mener à bien. […] Dans le préambule de cette ordonnance, le roi disait « qu’elle avait pour but de faire jouir la noblesse des avantages que lui avait accordés l’édit de son aïeul. » Ainsi, après vingt-cinq ans de guerres très démocratiques, au moins par le résultat et par l’avancement, on allait redemander avant tout de la naissance pour faire des officiers.

657. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Étude sur la vie et les écrits de l’abbé de Saint-Pierre, par M. Édouard Goumy. L’abbé de Saint-Pierre, sa vie et ses œuvres, par M. de Molinari. — II » pp. 261-274

Il dira platement du Grand Condé : « S’il eût eu la patience de M. de Turenne, et si M. de Turenne eût eu la supériorité d’esprit de M. le prince, ils n’auraient jamais pris parti contre le roi, et tous deux seraient parvenus à être de grands hommes ; au lieu qu’ayant injustement contribué à déchirer leur patrie et à lui causer de grands maux par des guerres civiles, ils ne pourront jamais être mis par les connaisseurs qu’au rang des hommes illustres. » Le bonhomme n’est pas même content de M. de Turenne, lequel n’était pas assez Aristide pour lui. […] [NdA] Ainsi, quand Voltaire dit : « Toute guerre européenne est une guerre civile », il rend le plus grand service à l’idée de l’abbé de Saint-Pierre ; il la frappe à son coin et lui donne cours auprès même des moins chimériques.

658. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XIII. Des tragédies de Shakespeare » pp. 276-294

Une nation devenue libre, dont les passions ont été fortement agitées par les horreurs des guerres civiles, est beaucoup plus susceptible de l’émotion excitée par Shakespeare, que de celle causée par Racine. […] Les guerres civiles et l’esprit philosophique ont corrigé de ce faux goût ; car le malheur, dont les impressions ne sont que trop vraies, exclut les sentiments affectés, et la raison fait disparaître les expressions qui manquent de justesse.

659. (1861) Cours familier de littérature. XI « Atlas Dufour, publié par Armand Le Chevalier. » pp. 489-512

Sans géographie l’histoire n’existe pas, la politique est aveugle, la guerre ne sait ni attaquer ni défendre, la paix ignore sur quels fleuves, sur quelles mers, sur quelles montagnes il faut construire ses forteresses ou asseoir ses limites ; la navigation ne peut se servir de ses boussoles, le commerce s’égare sur les océans, inhabile à découvrir quelles sont les productions ou les consommations qu’il doit emprunter ou porter aux climats divers dont il ne connaît ni la route, ni les richesses, ni les besoins, ni les langues, ni les mœurs, ni les philosophies, ni les religions. […] Ouvrez l’atlas, comptez ces deux cent cinquante mille Maronites, peuple innocent, religieux, cultivateur, guerrier ; groupés autour de leurs moines laboureurs, sous la protection ottomane, dans leurs milliers de couvents, de villages, de cavernes, autour de leurs cénobites, le croissant y a toujours respecté la croix, malgré les calomnies insignes et intéressées de quelques agitateurs européens, qui prêchent la guerre à ces chrétiens de la paix.

660. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre IV. Le théâtre des Gelosi » pp. 59-79

Dans Il Giusto castigo (le Juste châtiment), Flavio, mari de Flaminia, jaloux d’Oratio, feint de partir pour la guerre de Hongrie. […] Le capitan, qui dit s’en revenir de la guerre de Hongrie, raconte à Flaminia, qui se croit veuve, la mort de son mari.

661. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre cinquième. La Bible et Homère. — Chapitre IV. Suite du parallèle de la Bible et d’Homère. — Exemples. »

Les enfants sont tués, et ils ne sont point morts par l’épée ; ils ne sont point tombés par la guerre… « Le Seigneur vous couronnera d’une couronne de maux. […] Ulysse est assis au festin du roi Alcinoüs, Démodocus chante la guerre de Troie et les malheurs des Grecs : Αὐτὰρ Οδυσσεὺς, etc.

662. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 35, de l’idée que ceux qui n’entendent point les écrits des anciens dans les originaux, s’en doivent former » pp. 512-533

Ainsi les figures empruntées des armes et des machines de guerre des anciens, ne sçauroient faire sur nous la même impression qu’elles faisoient sur eux. […] Et qu’on dise en conservant la figure : mettre des fers à un prisonnier de guerre qui en est surpris et qui fait en vain le mutin contre un joug agréable, on ôte à ces vers l’harmonie et la poësie du stile.

663. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « VIII. M. de Chalambert. Histoire de la Ligue sous le règne de Henri III et de Henri IV, ou Quinze ans de l’histoire de France » pp. 195-211

Avant lui, on le sait, les passions royalistes et protestantes avaient vomi contre la Ligue toutes les horreurs que peuvent entasser dans le cœur des hommes la haine et la vengeance des guerres civiles, mais ces rages de partis vivent ce que vivent les roses des roses sanglantes ! […] Et pourtant quelle meilleure occasion qu’une histoire qui va de 1584 à 1598 pour peser cette gloire faite et surfaite par des cadets de famille en guerre contre leurs aînés (car voilà tout le secret du protestantisme de la noblesse de Henri IV !)

664. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « IX. L’abbé Mitraud »

Comme l’homme au projet de paix perpétuelle et comme beaucoup d’autres rêveurs d’une date moins ancienne et qu’il vante dans son livre, il ne comprend rien à ce grand fait de la guerre qui, à lui seul, est toute une philosophie. […] Ce qui lui manque, c’est donc le plus important, c’est l’intuition, l’observation, le principe net et subjuguant qui empêche de se méprendre sur la pensée d’un livre et d’un homme, et à la lueur duquel les amis se reconnaissent, — et les ennemis aussi, malgré la ruse de guerre de leurs perfides applaudissements !

665. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XXXIV » pp. 141-143

La scène se passe aux États-Unis et au Canada, au commencement de la guerre de l’Indépendance.

666. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LIX » pp. 227-230

Ainsi la guerre dure et se régularise, et on se tire des coups de fusil journellement, même quand il n’y a pas de grande bataille rangée.

667. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 311-314

Ou bien, irai-je enfin jusqu’au bout de la terre, Avec tous mes Sujets leur déclarer la guerre ?

668. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 23, quelques remarques sur le poëme épique, observation touchant le lieu et le tems où il faut prendre l’action » pp. 179-182

Quelles peintures ce poëte n’auroit-il pas faites des effets de la poudre à canon dans les differentes operations de guerre dont elle est le ressort.

669. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre VI. La poésie. Tennyson. »

La guerre vient, la guerre libérale et généreuse, la guerre contre la Russie, et le grand cœur viril se guérit par l’action et par le courage de la profonde blessure de l’amour. « Et j’étais debout sur le pont d’un navire géant, et je mêlais mon souffle — à celui d’un peuple loyal qui poussait un cri de bataille. —  Désormais la pensée noble sera plus libre sous le soleil, —  et le cœur d’une nation battra d’un seul désir. —  Car la longue, la longue gangrène de la paix est ôtée et lavée, —  et à présent, le long des abîmes de la Baltique et de la Crimée, —  sous la gueule grimaçante des mortelles forteresses, on voit flamboyer — la fleur de la guerre, rouge de sang avec un cœur de feu1527. » Cette explosion de sentiment a été la seule ; Tennyson n’a pas recommencé. […] Ceci conduit le poëte vers les légendes de la chevalerie ; voilà le monde fantastique, magnifique aux yeux, noble et pur par excellence, où l’amour, la guerre, les aventures, la générosité, la courtoisie, tous les spectacles et toutes les vertus qui conviennent aux instincts de nos races européennes, se sont assemblés pour leur offrir l’épopée qu’elles aiment et le modèle qui leur convient.

670. (1859) Cours familier de littérature. VII « XLIIe entretien. Vie et œuvres du comte de Maistre » pp. 393-472

Ses biens paternels, très modiques, furent séquestrés, mais il portait avec lui une meilleure fortune ; ce fut à Lausanne qu’il écrivit, comme un pamphlet de guerre contre la Révolution française, l’ouvrage qui commença sa réputation parmi les émigrés de toute date dont la Suisse, l’Allemagne et l’Angleterre se remplissaient alors. […] Tel est le livre, nul comme prophétie, violent comme philosophie, désordonné comme politique (relisez le chapitre sur la glorieuse fatalité et sur la vertu divine de la guerre ; cela est pensé par un esprit exterminateur et écrit avec du sang). […] La faible monarchie sarde fut écrasée dans les guerres de 1799 entre la France et l’Autriche. […] Après les premières révérences, je lui dis que j’étais extrêmement mortifié de ne pouvoir me rendre chez lui, mais que la chose n’était pas possible, vu l’état de guerre qui subsistait en quelque manière entre nos deux souverains. […] Quand une prétention nouvelle et envahissante de l’Autriche viendra fournir à la France ce casus belli légitime, seule excuse qui puisse justifier une guerre européenne, ce n’est pas avec la maison de Savoie qu’il faudra s’allier offensivement et défensivement, c’est avec la Péninsule tout entière.

671. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XV. La littérature et les arts » pp. 364-405

Hugo lui-même, en faisant une guerre acharnée à ceux qu’il appelait les gâcheurs de plâtre, a contribué, non seulement à sauver de la destruction beaucoup d’édifices du passé, mais à changer le goût des architectes de son temps ; il leur a enseigné à opérer des restaurations intelligentes et même à créer un style d’architecture analogue au style du romantisme littéraire. […] Est-on en présence d’un manoir du moyen âge, perché sur une montagne comme un nid d’aigle, emprisonné dans une triple enceinte, formé de murs si épais qu’un réduit de plusieurs mètres carrés est parfois taillé dans leur épaisseur ; pénètre-t-on dans les hautes salles, froides et nues, où la lumière et les meubles étaient également rares ; on reconnait dès l’abord une demeure calculée en vue de la sécurité, adaptée aux besoins d’une société où la guerre sévissait partout et toujours ; on se représente aisément en ce château-fort une vie large, puissante, batailleuse, mais aussi triste, d’horizon court, peu élégante, où les plaisirs de l’esprit et les goûts délicats trouvent une place des plus restreintes. […] Et pour ce ne fut pas merveille si Dieu voulut corriger les exces des François par son fléau, le roi d’Angleterre… » Mais au milieu de la guerre de Cent ans il y a un intervalle de repos : c’est le règne de Charles V, dit le Sage. […] Charles VI tombe en démence et avec ce fou couronné reparaissent les désastres de la guerre étrangère et les horreurs de la guerre civile. […] Quelques-uns d’entre eux, plus hardis, osèrent déjà, en dépit d’un usage vieux d’un siècle et demi, hérisser leur menton d’une large barbe, à l’imitation des figures qu’ils avaient vues sur des vases étrusques ; les deux chefs de cette secte barbue, que l’on appelait la secte des penseurs ou des primitifs, se promenèrent même dans Paris travestis en héros de la guerre de Troie.

672. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1872 » pp. 3-70

La causerie est maintenant sur l’Alsace et la Lorraine, il l’interrompt en nous jetant : « Messieurs, je me trouvais en Italie, en 1866, un Autrichien, le comte Donski me dit : “Vous êtes des maladroits, nous aussi parbleu… mais vous êtes des maladroits, parce que vous vous préparez une guerre avec l’Allemagne, une guerre qui vous enlèvera l’Alsace et la Lorraine.” […] « J’étais aux Tuileries avec Espinasse, au moment où la guerre d’Italie était déclarée. […] « — Je dis, Majesté, que si l’Empereur qui veut cette guerre ne vient pas avec nous en Italie, il se conduit comme le dernier des rois fainéants ! […] Sans la scission produite par ces inventeurs du mandat impératif dans l’opposition, Ernest Picard a la conviction que l’opposition attirait à elle la masse flottante existant dans l’assemblée, et qu’elle devenait une majorité empêchant la guerre et tous nos désastres.

673. (1882) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Deuxième série pp. 1-334

… » Et plus tard, dans son Petit Carême : « Sire, regardez toujours la guerre comme le plus grand fléau dont Dieu puisse affliger un empire, et n’oubliez jamais que, dans les guerres les plus justes, les victoires traînent toujours après elles autant de calamités pour un État que les plus grandes défaites90… » À ce dernier trait, vous reconnaissez les formes d’exagération qui lui sont ordinaires. […] Il a prêché contre la guerre ? […] Et puis, il y a les ruses de guerre. […] C’est l’Histoire de la guerre de 1741, — dans l’œuvre définitive, le Siècle de Louis XV. […] Vers 1770, et depuis déjà plusieurs années, il y avait guerre entre les encyclopédistes et les économistes.

674. (1887) Discours et conférences « Préface »

On va aux guerres d’extermination, parce qu’on abandonne le principe salutaire de l’adhésion libre, parce qu’on accorde aux nations, comme on accordait autrefois aux dynasties, le droit de s’annexer des provinces malgré elles.

675. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) «  Chapitre treizième.  »

Au lieu de dépeupler les villes pour remplir les solitudes et de faire déserter la vie active, ce Père de l’Eglise recommande tout ce qui est de l’homme, la politique, la législation, la guerre, les grands monuments, les arts, l’administration. […] J’engagerais ceux que la guerre déclarée, en ces derniers temps, aux doctrines spiritualistes, a jetés dans le trouble, à s’aller raffermir dans le traité de la Connaissance de Dieu et de soi-même. […] Pour louer un mort de la gloire des batailles, il devra prendre la voix de la renommée : il se jettera dans la mêlée à la suite du grand Condé ; il parlera de la guerre en prêtre du Dieu des armées. […] Ceux-ci profitaient réciproquement de leurs qualités, à peu près comme des armées ennemies se forment, en se combattant, aux usages de guerre et à la discipline qui donnent la victoire. […] Pendant que Rome examinait ce livre avec la lenteur propre au saint-siège, la guerre de plume commença.

676. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » pp. 424-428

On peut s’en convaincre par la lecture du Nitar, Auteur du neuvieme siecle, qui, dans son Histoire des guerres entre les fils de Louis le Débonnaire, rapporte plusieurs passages écrits en Langue Romance, qui ne different en rien du langage usité aujourd’hui chez les Languedociens.

677. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre premier. Beaux-arts. — Chapitre II. Du Chant grégorien. »

Lorsque, arrêtée sur les plaines de Lens ou de Fontenoy, au milieu des foudres et du sang fumant encore, aux fanfares des clairons et des trompettes, une armée française, sillonnée des feux de la guerre, fléchissait le genou, et entonnait l’hymne au Dieu des batailles ; ou bien, lorsqu’au milieu des lampes, des masses d’or, des flambeaux, des parfums, aux soupirs de l’orgue, au balancement des cloches, au frémissement des serpents et des basses, cette hymne faisait résonner les vitraux, les souterrains et les dômes d’une basilique, alors il n’y avait point d’homme qui ne se sentît transporté, point d’homme qui n’éprouvât quelque mouvement de ce délire que faisait éclater Pindare aux bois d’Olympie, ou David au torrent de Cédron.

678. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre troisième. Histoire. — Chapitre premier. Du Christianisme dans la manière d’écrire l’histoire. »

Quiconque voulait être raisonnable sentait en lui je ne sais quelle impuissance du bien ; quiconque étendait une main pacifique, voyait cette main subitement séchée : le drapeau rouge flotte aux remparts des cités ; la guerre est déclarée aux nations : alors s’accomplissent les paroles du prophète : Les os des rois de Juda, les os des prêtres, les os des habitants de Jérusalem, seront jetés hors de leur sépulcre 169.

679. (1888) Portraits de maîtres

Ce fut une des grandes batailles de la guerre romantique. […] Hommes de guerre aussi grands que ceux qui sont venus après eux et de tout autres patriotes ! […] La Guerre, l’Esto vir, l’Hymne à l’épée, l’Ode à la France, sont des chefs-d’œuvre de patriotisme inspirés par les désastres de la guerre ou la pensée féconde du relèvement. […] Ses yeux s’ouvrirent sur les choses en Allemagne où on l’emmena voir son père, alors commissaire des guerres à l’armée du Rhin. […] À Certines, il vivait loin des tumultes de la guerre.

680. (1894) La bataille littéraire. Cinquième série (1889-1890) pp. 1-349

Heureuse, forte, armée, Elle éteint en passant toute guerre allumée. […] Halévy nous souligne toutes les étrangetés, toute la philosophie de ces deux années qui marquent avec la fin de la guerre étrangère, notre guerre civile et le commencement de la troisième République. […] Son enfance avait été nourrie de souvenirs militaires : autour de sa famille, au Palais-Royal, il rencontrait les Atthalin, les Montesquiou, les Rohan-Chabot, les Montmorency, les Rumigny et tant d’autres qui avaient fait les guerres de l’Empereur, les guerres des géants. […] Ils savent se disposer à merveille, ne se pressent jamais pour tirer, profitent des moindres accidents de terrain et ont une intelligence parfaite de cette guerre qu’ils font depuis cinq ans. […] » Et cependant, au dire de tous les officiers qui m’entourent, nulle part, même dans les grandes guerres de l’empire, on n’a rien vu de pareil.

681. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre quatrième. Du Merveilleux, ou de la Poésie dans ses rapports avec les êtres surnaturels. — Chapitre V. Caractère du vrai Dieu. »

En vain ils s’uniroient pour lui faire la guerre : Pour dissiper leur ligue, il n’a qu’à se montrer ; Il parle, et dans la poudre il les fait tous rentrer, Au seul son de sa voix la mer fuit, le ciel tremble : Il voit comme un néant tout l’univers ensemble ; Et les faibles mortels, vains jouets du trépas, Sont tous devant ses yeux comme s’ils n’étoient pas66.

682. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLVIe Entretien. Marie Stuart (reine d’Écosse) »

Marie Stuart (reine d’Écosse) I Si un autre Homère devait renaître parmi les hommes, et si le poëte cherchait une autre Hélène pour en faire le sujet d’une épopée moderne de guerre ou de religion et d’amour, il ne pourrait la retrouver que dans Marie Stuart. La plus belle, la plus faible, la plus entraînante et la plus entraînée des femmes ; créant sans cesse, par une irrésistible attraction autour d’elle, un tourbillon d’amour, d’ambition, de jalousie, où chacun de ses amants est tour à tour le motif, l’instrument, la victime d’un crime ; passant, comme l’Hélène grecque, des bras d’un époux assassiné dans les bras d’un époux assassin ; semant la guerre intestine, la guerre religieuse, la guerre étrangère sous tous ses pas et finissant par mourir en sainte, après avoir vécu en Clytemnestre ; puis laissant une mémoire indécise, également défigurée par les deux partis : protestants et catholiques, les uns intéressés à tout flétrir, les autres à tout absoudre, comme si ces mêmes factions qui se l’arrachaient pendant sa vie devaient encore se l’arracher après sa mort !

683. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « IV »

Une guerre s’annonce, terrible, prochaine sans doute, et il se trouve des misérables pour rabaisser ainsi l’orgueil national, pour commettre des actes bêtes et lâches, au nom d’un chauvinisme de Canaques ! […] A quoi bon partir en guerre maintenant que la haute valeur du maître n’est guère plus contestée que par quelques esprits rétrogrades et routiniers ? […] Feyramont à sa guerre antiwagnérienne. […] Lamoureux, avant eu la salle de l’Eden-Théâtre entièrement louée pour la première de Lohengrin, aurait vu la location médiocre pour les suivantes et nulle pour les dernières ; ne voulant à aucun prix de salles vides, c’est-à-dire d’un échec « artistique », il aurait lui-même, coûte que coûte, pris le prétexte que l’on sait d’arrêter (sans y être contraint par le gouvernement) les représentations après la première, avec tous les honneurs de la guerre… Bruit bizarre, et, disons-le, bien invraisemblable, que nous enregistrons comme document.

684. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Victor Hugo. Les Contemplations. — La Légende des siècles. »

Fait pour chanter la guerre avant toutes choses, — car sa première impression d’enfance fut pour lui, comme pour Astyanax, le panache du casque de son père, — fait pour chanter la guerre, et après la guerre tous les spectacles qui arrivent à l’âme par les yeux, M.  […] du Moyen Age dans nos mœurs, — la guerre, les magnificences militaires, l’impérieuse beauté du commandement, — tiennent plus de place dans les poèmes nouveaux que dans tous ses autres ouvrages : mais, qu’il nous croie !

685. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Froissart. — II. (Fin.) » pp. 98-121

» et qu’il fit descendre tous ceux qui étoient à cheval, et que lui-même se mit à pied devant tous les siens, une hache de guerre en ses mains, et fit passer en avant ses bannières au nom de Dieu et de saint Denis, desquelles messire Geoffroi de Charny portoit la souveraine (l’oriflamme). Et au moment où les deux corps d’armée principaux se choquent : Là eut grand hutin fier et cruel, et donnés et reçus maints horions de haches, d’épées et d’autres bâtons de guerre. […] Remarquez en passant les consonances et rimes en é ; on dirait des restes de vers épiques, semés par habitude dans cette prose. — Froissart énumère le plus de noms qu’il peut dans les combattants : « Car croyez fermement que toute fleur de chevalerie y étoit de part et d’autre. » Il s’arrête pourtant de guerre lasse après un essai de dénombrement : « On ne peut de tous parler, faire mention ni dire : Celui-ci fit bien, et celui-ci fit mieux ; car trop y faudroit de paroles. » Une part spéciale est faite pourtant, et elle est bien due, à ce Jacques d’Audelée, qui reparaît de temps à autre comme le Bayard de la bataille.

686. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Le marquis de Lassay, ou Un figurant du Grand Siècle. — II. (Fin.) » pp. 180-203

Ce que Bernis écrivait de Venise à Pâris-Duverney, Lassay l’écrira presque dans les mêmes termes à Bolingbroke : « J’ai toujours pensé qu’une extrême ambition ou une entière liberté peuvent seules remplir le cœur d’un honnête homme : l’état qui est entre deux n’est fait que pour les gens médiocres. » En attendant, la guerre ayant recommencé en 1688, Lassay fit comme les gentilshommes de cœur, et alla servir en Allemagne et en Flandre sur le pied de volontaire. […] Il semble y rêver pour la France dans un avenir idéal le gouvernement et le régime anglais, moins les passions et la corruption ; il se prononce contre les conquêtes et n’admet la guerre que dans les cas de nécessité ; il a, sur la milice provinciale, sur la liberté individuelle, sur le droit de paix et de guerre déféré aux assemblées, sur un ordre de chevalerie accordé au mérite seulement, et à la fois militaire et civil, sur l’unité du Code et celle des poids et mesures, sur le divorce, enfin sur toutes les branches de législation ou de police, toutes sortes de vues et d’aperçus qui, venus plus tard, seraient des hardiesses, et qui n’étaient encore alors que ce qu’on appelait les rêves d’un citoyen éclairé ; il est évident que M. de Lassay, s’il avait pu assister soixante ans plus tard à l’ouverture de l’Assemblée constituante, aurait été, au moins dans les premiers jours, de la minorité de la noblesse.

687. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres mêlées de Saint-Évremond »

L’expérience de la guerre et même des intrigues civiles, le voisinage de guerriers éminents tels que M. le Prince et M. de Turenne, ouvraient des vues et donnaient des jours sur les hommes et les événements d’autrefois. […] Véritable précurseur, il invoque un historien qui sache parler guerre, administration, politique, et qui ait, comme on l’a dit, l’intelligence. […] L’esquisse rapide qu’il fait d’une tragédie d’Alexandre telle qu’il l’aurait souhaitée, d’un Porus doué d’une grandeur d’âme « qui nous fût plus étrangère » ; ce tableau qu’il conçoit d’un appareil de guerre tout extraordinaire, monstrueux et merveilleux, et qui, dans ces contrées nouvelles, au passage de ces fleuves inconnus, l’Hydaspe et l’Indus, épouvantait les Macédoniens eux-mêmes ; ces idées qu’il laisse entrevoir, si propres à élever l’imagination et à tirer le poëte des habitudes doucereuses, nous prouvent combien Saint-Évremond aurait eu peu à faire pour être un critique éclairé et avancé.

688. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Béranger — Béranger en 1832 »

Horace, en présence de guerres insensées, ne sentit pas autrement. […] Pour chant de guerre, elle eut la Marseillaise, Vrai talisman ! […] La guerre déclarée par l’école nouvelle à la classification des genres lui a paru devoir affranchir le sien de l’infériorité classique, d’où il ne l’avait tiré qu’à la faveur d’un privilège tout personnel.

689. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Du génie critique et de Bayle »

Toujours en haleine, aux écoutes, faisant de fausses pointes et revenant sur sa trace, sans système autre que son instinct et l’expérience, il a fait la guerre au jour le jour, selon le pays, la guerre à l’œil, ainsi que s’exprime Bayle lui-même, qui est le génie personnifié de cette critique. […] Écoutez-le disant à son frère cadet qui le consulte : « Ce qui est propre à l’un ne l’est pas à l’autre ; il faut donc faire la guerre à l’œil et se gouverner selon la portée de chaque génie… il faut exercer contre son esprit le personnage d’un questionneur fâcheux, se faire expliquer sans rémission tout ce qu’il plaît de demander. » Comme cela est joli et mouvant !

690. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre II. Littérature dramatique — Chapitre II. Le théâtre du quinzième siècle (1450-1550) »

Entre la fin de la guerre de Cent Ans et le commencement des guerres de religion s’étend une période de paix intérieure, où, sous la domination protectrice d’une royauté qui se fait absolue, la bourgeoisie, moins opprimée, moins inquiète, plus riche, s’attache avec passion aux représentations dramatiques. […] Il y a bien quelques exceptions : parmi les pièces assez nombreuses qui font la satire des gens de guerre, tout le monde a lu ce délicieux Franc Archer de Bagnolet, qui figure toujours dans les œuvres de Villon, et que nul aujourd’hui ne lui attribue.

691. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre IV. La fin de l’âge classique — Chapitre II. La Bruyère et Fénelon »

Son vocabulaire est extrêmement riche : il a sous la main toute sorte d’archaïsmes, de néologismes, de mots délicats ou populaires, techniques, scientifiques, termes de métier, d’art, de chasse ou de guerre ; en sorte qu’on a pu dire que son livre était un inventaire des richesses de la langue française. […] Toutes ces vues sont liées par un fort esprit de réaction contre Louis XIV, que Fénelon a vraiment haï : il ne lui pardonne pas, comme chrétien, les guerres, comme noble, l’abaissement de la noblesse, comme philosophe, la misère des peuples, comme Fénelon enfin, sa disgrâce. […] Il l’exerce aussi : il l’a montré à Cambrai pendant les plus dures années de la guerre.

692. (1868) Alexandre Pouchkine pp. 1-34

Ce poème n’a jamais été imprimé, que je sache ; je n’en ai pas lu une ligne, mais d’après ce que j’ai entendu dire, ce serait une imitation de la Guerre des Dieux de Parny. […] Comme son maître, il a étudié la nature orientale ; il a visité le Caucase, cette Algérie de la Russie, siège d’une guerre acharnée dont il n’était pas destiné à voir la fin. […] Pour eux je suis une occasion de guerre et de révolte.

693. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre troisième »

De retour d’un voyage à Ferrare auprès de Renée de France, la guerre lui fermant le chemin de Strasbourg, il passa par Genève. […] Tout l’esprit du protestantisme avait été dans son premier acte : la guerre contre les œuvres. […] Mais je m’étonne encore moins qu’après plus de soixante années d’agitations, favorisées par de mauvais gouvernements, malgré l’avantage du talent du côté des calvinistes, malgré la popularité même des persécutions et la sainteté d’une sorte de martyre, dans l’effroyable extermination de la Saint-Barthélémy, malgré de grands caractères, Coligny, Sully et un grand homme dans la guerre et dans la politique, un moment chef de leur parti, Henri IV, la France ne soit pas devenue calviniste, que les qualités de Calvin n’aient pas fait accepter ses défauts, et que le philosophe chrétien n’ait pu rendre populaire le tyran de Genève.

694. (1890) L’avenir de la science « XXII » pp. 441-461

Il semble que l’homme de guerre, le politique, l’homme de finances soient plus inattaquables que le philosophe ou le poète. […] Que sont la Guerre de la succession d’Autriche, la Guerre de sept ans, le Pacte de famille, comparés comme événements au Contrat social ou à l’Esprit des Lois ?

695. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre VIII »

Une Parisienne survient dans cette vallée close, en habit d’amazone, le costume de la guerre et de l’enlèvement. […] Le fils des croisés s’est transformé en manieur d’argent, l’amoureux n’est plus qu’un libertin sceptique, fort allumé, à l’heure qu’il est, par le chignon pourpre de Blanche de Montgiars, une petite dame appelée Baronnette de son nom de guerre, à qui il a envoyé, la veille, un peigne de saphirs enveloppé dans un madrigal. […] Cependant la guerre est déclarée.

696. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mirabeau et Sophie. — I. (Dialogues inédits.) » pp. 1-28

Il serait trop long d’essayer à faire comprendre pourquoi son père, le marquis de Mirabeau, envoyait ainsi, de château fort en château fort, son fils déjà marié, père de famille lui-même, capitaine de dragons, et qui s’était distingué dans la guerre de Corse. […] Il lui présente la plume pour qu’elle écrive les deux lignes à Montperreux : elle la prend de guerre lasse : Ah ! […] Toutes les adresses, toutes les audaces, il se les permettait : « Ce sont, disait-il, des ruses de bonne guerre ; mais trahir l’hospitalité, demander une grâce pour tromper son bienfaiteur, ce seraient d’horribles perfidies, et ce remords aurait empoisonné jusqu’à ses plaisirs. » Je donne ce sophisme de la passion pour ce qu’il vaut.

697. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Parny poète élégiaque. » pp. 285-300

On lui reproche La Guerre des dieux et on a raison ; mais les élégies restent, ces élégies sont un des plus agréables monuments de notre poésie moderne. » Fontanes, Projet de rétablissement de l’Académie française, 1800. […] Pour cela, je limite mon sujet comme les présents éditeurs eux-mêmes ont limité le choix des œuvres, comme Fontanes demandait qu’on le fît dès 1800 ; je laisse de côté le Parny du Directoire et de l’an VII, le chantre de La Guerre des dieux : non que ce dernier poème soit indigne de l’auteur par le talent et par la grâce de certains tableaux ; mais Parny se trompa quand il se dit, en traitant un sujet de cette nature : La grâce est tout ; avec elle tout passe.

698. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Mémoires de l’impératrice Catherine II. Écrits par elle-même, (suite.) »

Étonnée, elle demanda ce que cela signifiait : « Il me dit alors que ce rat avait fait une action criminelle et digne du dernier supplice, selon les lois militaires ; qu’il avait grimpé par-dessus les remparts d’une forteresse de carton qu’il avait sur la table dans ce cabinet, et avait mangé deux sentinelles, faites d’amadou, en faction sur un des bas-tions ; qu’il avait fait juger le criminel par les lois de la guerre ; que son chien couchant avait attrapé le rat, et que tout de suite il avait été pendu comme je le voyais, et qu’il resterait là exposé aux yeux du public pendant trois jours, pour l’exemple. […] Vers ce même temps (1755), arriva à Pétersbourg, en qualité d’ambassadeur d’Angleterre, sir Charles Hanbury Williams, amenant à sa suite le jeune Poniatowsky : cet Anglais, homme d’esprit et de hardiesse, d’une conversation amusante, encouragea la grande-duchesse dans son esprit d’émancipation, et elle noua même avec lui, à ce début de la guerre de Sept Ans, une intrigue politique dans le sens de l’Angleterre et aussi de la Prusse contre la France.

699. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre VIII. De l’éloquence » pp. 563-585

Si vous confondez par une égalité grossière et jalouse ce que distingue l’inégalité naturelle, votre état social ressemble à la mêlée d’un combat dans lequel l’on n’entend plus que des cris de guerre ou de fureur. […] L’esprit serait moins faussé, l’éloquence ne serait point perdue, si l’on s’était contenté de commander, dans les délibérations comme à la guerre, par le simple signe de la volonté.

700. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre III. La commedia dell’arte en France » pp. 31-58

Il faut, pour que les fêtes renaissent, attendre que Henri IV ait terminé les guerres civiles, qu’il soit affermi sur son trône, et maître de sa capitale. […] Son nom de guerre était Franceschina.

701. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre V : La religion — Chapitre I : Philosophie religieuse de M. Guizot »

Que l’Église se mette en hostilité ouverte avec ses principes, c’est foi contre foi, et l’on sait ce qui résulte d’une guerre de croyances : le fanatisme s’y met de part et d’autre, et des maux incalculables peuvent être la conséquence d’une lutte si imprudemment engagée. […] Guizot s’appuie, et c’est de bonne guerre, sur l’aveu des philosophes eux-mêmes, qui reconnaissent que la philosophie est divisée en systèmes éternellement opposés, éternellement les mêmes, qu’elle tourne toujours dans le même cercle, sans jamais avancer, variant les expressions et les formes de ses hypothèses, mais retombant toujours dans les mêmes hypothèses.

702. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XV. M. Dargaud » pp. 323-339

Nous fîmes la guerre à cette guerre des idées modernes, trop introduites dans l’Histoire, — dans l’Histoire qui est un champ de morts, et non pas un champ de batailles !

703. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Eugène Fromentin ; Maxime du Camp »

L’auteur d’Un An dans le Sahel n’a pas l’antipathie moderne pour la guerre, et il croit à la haine implacable des races, nées ennemies, que toutes les civilisations de l’avenir seront impuissantes à empêcher. […] Il n’a rien de niais dans sa forme, qui peut être fausse et même cruelle pour les esprits délicats et fins, mais qui, du moins, a de la décision et du relief ; mais, dans sa pensée, il tient à ces badauds actuels qui rêvent une humanité nouvelle, haïssent la guerre, médisent de la gloire, repoussent toute répression un peu forte, et croient que les peuples peuvent se passer de grands hommes et sont eux-mêmes assez grands pour se gouverner parfaitement tout seuls !

704. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre IV. — Molière. Chœur des Français » pp. 178-183

Pour comprendre ses écrits, tantôt il faut relire les historiens, et suivre les phases diverses d’une guerre on les mouvements d’une révolution intérieure ; tantôt il faut demander des détails à un scholiaste, et scruter jusqu’au dégoût les mystères scandaleux d’une biographie oubliée262.

705. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — Q — Quillard, Pierre (1864-1912) »

C’est pendant ce séjour en Orient, où il devait retourner, en 1897, suivre, pour le compte du journal l’Illustration, les opérations de la guerre gréco-turque, qu’il écrivit l’Errante, poème dialogué et qui fut représenté au Théâtre de l’Œuvre, en mai 1896, et la plupart de ces pièces sous le titre général : Les Vaines Images, si pures, si harmonieuses, d’une beauté tout ensemble orgueilleuse et désabusée.

706. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article » pp. 190-194

Tu vois le fol Orgueil, la farouche Licence, La basse Flatterie & l’aveugle Vengeance ; Ici l’Ambition, mere des attentats, Semble exciter la guerre à courir sur ses pas ; Plus loin, l’Impiété de la Fraude est suivie ; L’Injustice & la Haine accompagnent l’Envie ; Tous les Monstres enfin, surveillans assidus, Qui des Palais des Rois écartent les vertus.

707. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Liste des écrivains » pp. -655

[Antoine] 325 Thomassin, [Louis] Oratorien. 344 Thou, [Jacques-Auguste de] Président au Parlement. 345 Tillemont, [Louis-Sébastien le Nain de] Oratorien. 348 Tillet, [N.ABCD] Directeur de la Monnoie. 350 Tiphaigne de la Roche, [N.ABCD] Médecin. 351 Titon du Tillet, [Evrard] Commissaire Provincial des Guerres. 352 * Torné, [Pierre-Anastase] Abbé. 355 Touche.

708. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre quatrième. Du Merveilleux, ou de la Poésie dans ses rapports avec les êtres surnaturels. — Chapitre XII. Suite des machines poétiques. — Voyages des dieux homériques. Satan allant à la découverte de la création. »

Soudain, aux regards de Satan se dévoilent les secrets de l’antique abîme ; océan sombre et sans bornes, où les temps, les dimensions et les lieux viennent se perdre, où l’ancienne Nuit et le Chaos, aïeux de la nature, maintiennent une éternelle anarchie au milieu d’une éternelle guerre, et règnent par la confusion.

709. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre premier. Beaux-arts. — Chapitre III. Partie historique de la Peinture chez les Modernes. »

Théodose, par une loi spéciale de excusatione artificium, déchargea les peintres et leurs familles de tout tribut et du logement d’hommes de guerre.

710. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre troisième. Découverte du véritable Homère — Chapitre III. Du temps où vécut Homère » pp. 260-263

En réunissant toutes ces observations, recueillies pour la plupart dans l’Odyssée, ouvrage de la vieillesse d’Homère au sentiment de Longin, nous partageons l’opinion de ceux qui placent l’âge d’Homère longtemps après la guerre de Troie, à une distance de quatre siècles et demi, et nous le croyons contemporain de Numa.

711. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre cinquième. Retour des mêmes révolutions lorsque les sociétés détruites se relèvent de leurs ruines — Chapitre I. Objet de ce livre. — Retour de l’âge divin » pp. 357-361

. — Chez les anciens, le héraut qui déclarait la guerre, invitait les dieux à quitter la cité ennemie (evocabat deos).

712. (1896) Hokousaï. L’art japonais au XVIIIe siècle pp. 5-298

Et l’on voit, dans la succession des planches, le jeune ambitieux complotant presque enfant, se livrant aux exercices militaires, apprenant d’un tacticien mystérieux l’art de la guerre, — et le moyen magique d’être vu par le regard des hommes, sous son apparence sept fois répétée. […] Dans ce roman fabuleux qui se passe au temps de la guerre de Minamoto et des Taïra, le guerrier Tadanobou, parti en campagne, a laissé à la maison une femme et un tout jeune enfant. Pendant la guerre, au moment où un vieux renard allait être tué d’un coup de flèche par un de ses compagnons d’armes, Tadanobou l’a sauvé et le renard est resté reconnaissant au guerrier. […] En ce temps, le daïmio qui l’avait pris sous sa protection entre en guerre avec un autre daïmio, est battu et se fait exterminer, lui et tous les siens, ainsi que cela se pratiquait dans les guerres entre les Taïra et les Minamoto. […] À ces planches consacrées à la guerre il faudrait encore ajouter cinq feuilles de guerrier sur fond bleu, avec des verts, des rouges, des jaunes un peu criards, sur les armures.

713. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LI » pp. 198-202

Crétineau-Joly : cet auteur est déjà connu par une Histoire des guerres de la Vendée, dont la première partie est des plus intéressantes ; il appartient au parti légitimiste et religieux ; on le loue comme écrivain plus qu’à d’autres égards ; il a eu un procès scandaleux avec M. de Genoude pour injures et calomnies réciproques, et on a été tout étonné de les voir sortir de l’audience bras dessus bras dessous.

714. (1882) Qu’est-ce qu’une nation ? « III »

Voilà bien ces chétives idées françaises qui prétendent remplacer la diplomatie et la guerre par des moyens & une simplicité enfantine. » — Attendons, Messieurs ; laissons passer le règne des transcendants ; sachons subir le dédain des forts.

715. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — J. — article » pp. 519-526

de Pompignan, mais de se faire estimer de tous les honnêtes gens, & nauroit pas fait la Pucelle, le Cadenas, la Guerre de Geneve, & tant d’autres Pieces, qu’on peut regarder comme les Trophées de la Licence & l’avilissement de la Poésie.

716. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article » pp. 240-246

Son regard semble farouche ; L'écume sort de sa bouche ; Prêt au moindre mouvement, Il frappe du pied la terre, Et semble appeler la guerre Par un fier hennissement.

717. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre quatrième. Du Merveilleux, ou de la Poésie dans ses rapports avec les êtres surnaturels. — Chapitre IV. Si les divinités du paganisme ont poétiquement la supériorité sur les divinités chrétiennes. »

Le poète trouve dans notre ciel des êtres parfaits, mais sensibles, et disposés dans une brillante hiérarchie d’amour et de pouvoir ; l’abîme garde ses dieux passionnés et puissants dans le mal comme les dieux mythologiques ; les hommes occupent le milieu, touchant au ciel par leurs vertus, aux enfers par leurs vices ; aimés des anges, haïs des démons ; objet infortuné d’une guerre qui ne doit finir qu’avec le monde.

718. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre quatrième. Du Merveilleux, ou de la Poésie dans ses rapports avec les êtres surnaturels. — Chapitre IX. Application des principes établis dans les chapitres précédents. Caractère de Satan. »

J’osai, dans le ciel même, déclarer la guerre au roi du ciel.

719. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre cinquième. Retour des mêmes révolutions lorsque les sociétés détruites se relèvent de leurs ruines — Chapitre III. Coup d’œil sur le monde politique, ancien et moderne, considéré relativement au but de la science nouvelle » pp. 371-375

Mais sous la zone tempérée, où la nature a mis dans les facultés de l’homme un plus heureux équilibre, nous trouvons, en partant des extrémités de l’Orient, l’empire du Japon, dont les mœurs ont quelque analogie avec celles des Romains pendant les guerres puniques ; c’est le même esprit belliqueux, et si l’on en croit quelques savants voyageurs la langue japonaise présente à l’oreille une certaine analogie avec le latin.

720. (1895) La science et la religion. Réponse à quelques objections

Étant un gouvernement, il est aussi une « doctrine », et une « tradition », dont j’ai connu récemment toute la force en lisant le dernier écrit de Tolstoï sur la Guerre et l’Esprit chrétien. […] Berthelot : De combien, dans le monde entier, depuis quarante ou cinquante ans, les « progrès de la science » ont-ils enflé les budgets de la guerre ? […] Richet : « Quelles idées en morale, s’écrie-t-il, Bossuet avait-il sur la guerre, sur l’esclavage, sur les tortures, sur la liberté de conscience, sur l’égalité des hommes, sur le respect de la vie humaine ? […] Car alors on ne demanderait pas quelles étaient ses « idées sur la guerre » ; on connaîtrait la Politique tirée de l’Écriture Sainte; et y aurait vu, dans le chapitre intitulé : Que Dieu n’aime pas la guerre, les paroles suivantes : « Dieu refuse à David son agrément (pour bâtir le temple) en haine du sang dont il voit ses mains toutes trempées. […] Au contraire ce sont les « savants » qui ont proclamé « la sainteté de la guerre » avec leur fausse interprétation de la concurrence vitale, et si quelqu’un en a fait, de nos jours mêmes, l’école de toutes les vertus, c’était encore une autre espèce de savant, puisque c’est le maréchal de Moltke.

721. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome IV pp. -328

Ils s’intriguèrent, ils suscitèrent des procès & des guerres violentes. […] C’est de-là qu’il continua la guerre contre la Sorbonne. […] La guerre fut déclarée dans toutes les formes. […] Il s’étoit mal trouvé de la guerre qu’il leur avoit déclarée. […] Guerre aussitôt entre tous les missionnaires.

722. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Paul Féval » pp. 107-174

C’est de bonne guerre contre l’Église de calomnier les Jésuites, que l’athée Frédéric II, ce connaisseur en grenadiers, respectait comme ses grenadiers. […] Commencée en 709, — entre Clovis et Charlemagne, par la révélation de saint Aubert, évêque d’Avranches, auquel l’archange Michel ordonna de bâtir sur le roc escarpé, au péril de la mer, qui allait devenir tous les genres de périls, un monastère impossible, et qui, pour preuve de la réalité de son apparition, laissa l’empreinte de son doigt dans la tête du saint à une telle profondeur qu’on retrouve le trou dans l’ossature du crâne qui nous reste, — traversant tout le Moyen Âge, et ne finissant qu’en 1594, après les terribles guerres protestantes, cette histoire du Mont Saint-Michel, qui recommencera peut-être dans l’avenir, a laissé là, écrite entre le ciel et l’eau, comme une immense lettre cunéiforme de granit devant laquelle nos pattes de mouche humiliées paraîtraient bien petites, si un esprit venant de Dieu ne les animait et ne les grandissait, en les animant… Or, c’est cet esprit-là, allumé dans le romancier devenu chrétien, qui lui a fait écrire une histoire qui, sans cet esprit, n’aurait que l’intérêt d’un roman, quoique ce soit certainement le plus magnifique de ses romans. […] Si grandes qu’elles soient, ces merveilles, dans lesquelles la main de Dieu évidemment soutint la main des hommes pour les accomplir à travers tant de difficultés, tant d’obstacles, tant de malheurs, il en est, pour moi, de plus grandes, et ce sont les guerres séculaires qui vinrent, comme une succession de tempêtes, battre les murs de ce monastère consacré, et se heurter vainement contre l’autel élevé au porte-épée de Dieu, dressé du sein des flots comme un bloc aimanté pour attirer, des quatre points de l’horizon, les pèlerinages des rois et des peuples, — et pour attirer aussi les armées et les batailles auxquelles il a toujours résisté. […] Si le monastère n’a pas péri de ce mal intérieur qui lui dévorait les entrailles, c’est grâce à la piété de ses moines et au courage de ses commandants militaires, parmi lesquels il se rencontra un abbé, un abbé-capitaine, Geoffroy de Servon, ami de Duguesclin, qui, au plus noir de la guerre de Cent ans, fit de sa crosse une lance et fut exactement un héros. […] De ce pic de deux cents coudées, il les étend démesurément sur toute la France, pendant les houles sanglantes du Moyen Âge et les affres de cette guerre de Cent Ans qui en dura cent vingt-cinq, alors que la France tout entière se croyait perdue.

723. (1900) Molière pp. -283

Nous en savons la date exacte par la gazette de Loret, et c’est en 1665 qu’il commence sa guerre contre la maladie, j’appelle ainsi sa guerre contre les médecins. […] Dans sa guerre contre les autres travers, contre les fâcheux, les précieux, contre les importants de province, contre les tuteurs jaloux, contre les maris despotes, les femmes dominatrices et les filles arrogantes, il n’y a qu’une ardeur, une passion simple en quelque sorte, une guerre simple ; ce qu’il y mêle de soi est couvert, elle ne vient de sa personne qu’à demi ; sa guerre contre la médecine, au contraire, est personnelle, c’est une révolte, c’est une gageure orgueilleuse et parfois même sublime d’orgueil. […] Cette haine des tyrannies factices a été pour beaucoup, je crois, dans la haine de Molière et dans l’acharnement de sa guerre contre les médecins et les dévots. […] Elle ne l’est point cependant ; il faut encore qu’elle persécute tout ce qui ne l’admire point assez et qu’elle écrase ce qui consent de guerre lasse à l’admirer. […] Ta gloire, Alexandre, j’ai pleuré de douleur en songeant que je ne l’égalerais jamais ; tu as failli une fois me faire connaître l’envie ; — et quant à toi, Bonaparte, pour une seule de tes campagnes, je donnerais toute ma guerre des Gaules.

724. (1860) Cours familier de littérature. IX « Le entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier (2e partie) » pp. 81-159

XIV Ce fut pendant son séjour à Coppet, chez son amie madame de Staël, que madame Récamier connut le prince Auguste de Prusse, prisonnier de guerre en ce moment à Genève, frère du prince Louis de Prusse, tué peu de temps après par un de nos cuirassiers avant la bataille d’Iéna. Le prince Auguste, neveu du grand Frédéric, était jeune et beau comme un héros de guerre et de roman. […] Quatre ans s’écoulèrent ; les obstacles à ce divorce, les résistances du roi de Prusse à un mariage disproportionné pour son cousin, la guerre, l’éloignement ne parurent point affaiblir la passion du prince. […] Il souffre impatiemment cet exil dans un pays sans terre et sans ciel, pays fait pour l’intrigue et la guerre, et non pour la poésie.

725. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (3e partie) » pp. 5-79

De souffrance en souffrance il arriva peu à peu à cette conviction que la vie était une guerre, que dans cette guerre il était le vaincu. […] Il n’y a pas deux mots pour exprimer cela : c’est le mot du capitaine de vaisseau clouant au mât son pavillon qu’il ne veut point amener ; c’est le mot le plus sublime de toute une guerre française, l’héritage que l’armée mourante lègue à l’armée qui renaîtra de son sang. […] Ce Cambronne, ce passant de la dernière heure, ce soldat ignoré, cet infiniment petit de la guerre, sent qu’il y a là un mensonge dans une catastrophe, redoublement poignant ; et, au moment où il en éclate de rage, on lui offre cette dérision, la vie !

726. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre cinquième. De l’influence de certaines institutions sur le perfectionnement de l’esprit français et sur la langue. »

Les amis de Ronsard, tour à tour la Brigade pendant qu’ils faisaient la guerre à l’école de Marot, et la Pléiade quand ils forent les maîtres, ne se réunissaient pas pour se mettre d’accord sur des doctrines. […] J’ai d’autant plus de plaisir à reconnaître la part qu’il prit à un travail utile et durable, et à trouver quelque endroit où le nom de Chapelain ne soit pas ridicule, que j’aurai plus tard à louer Boileau de la guerre qu’il lui fit dans l’intérêt de la poésie. […] Tel autre aspire sans cesse au repos, préfère à la guerre ses paisibles études, conseille la paix, regrette la patrie dans l’exil. […] De tous les suffrages qui soutinrent Boileau dans sa guerre contre les poètes à la mode, aucun ne lui fut plus doux que celui d’Arnauld.

727. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Théâtre » pp. 83-168

Et cette chronique, qu’on a dit avoir d’avance tant soutenu notre pièce, commençait à lui faire la méchante et basse guerre des cancans calomnieux, des citations falsifiées, et des dénonciations anonymes. […] Or, avec les nouveaux censeurs, — qui, je crois bien, sont toujours les anciens, — je n’ai pas seulement à appréhender qu’ils trouvent notre pièce ou trop légitimiste ou trop révolutionnaire ; par le fait cruel des derniers événements, j’ai à craindre qu’ils ne découvrent, en notre troisième acte — écrit en 1867, dans la prévision certaine de la guerre future, — des allusions, des manœuvres tendant à une agitation dangereuse pour nos relations avec la Prusse. […] Des paroles prophétiques du général Ducrot, alors commandant à Strasbourg, prononcées dans le salon de la princesse Mathilde, — et qui faisaient sourire, — des conversations intimes avec notre parent Édouard Lefebvre de Béhaine premier secrétaire d’ambassade à Berlin nous avaient donné la certitude qu’une guerre était imminente avec la Prusse. […] Mais la guerre était si promptement déclarée, et le cataclysme si rapide… puis mon frère était mort au mois de juin.

728. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le président Jeannin. — I. » pp. 131-146

Député du Tiers aux États de Blois de 1576, il a raconté comment MM. de Guise essayaient dès lors, par toutes sortes de brigues et de pratiques, d’obtenir des membres de l’assemblée une demande de guerre et d’emploi de force ouverte contre les huguenots : le roi n’était pas de cet avis, ni la majorité des provinces dans le tiers état. […] Jeannin, dès l’origine de l’entreprise factieuse et de la prise d’armes des Guises contre le roi, voyant que le duc de Mayenne s’y engageait plutôt sous l’impulsion de son frère que par lui-même, lui fit toutes les objections contre une telle guerre, aussi fatale, selon lui, à la religion qu’à l’État, et devant être funeste à la maison de Lorraine.

729. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Mélanges religieux, historiques, politiques et littéraires. par M. Louis Veuillot. » pp. 64-81

Son plus beau moment de journaliste, et que rien ne saurait faire oublier, est celui de 1852 à 1855, pendant lequel, ses parties élevées prenant le dessus, sa fibre populaire aussi s’en mêlant, il s’associa pleinement au sentiment public, à l’âme patriotique de la France, et fit acte d’adhésion éclatante à la politique impériale dans la guerre de Crimée et pour les premières victoires. […] Ses portraits des Deux Empereurs (3 et 5 mars 1854), son article nécrologique sur le maréchal Saint-Arnaud (9 octobre), ses considérations sur la guerre, dans lesquelles il nationalise, en quelque sorte, les idées de M. de Maistre, son parallèle du Prêtre et du Soldat (11 janvier 1855), sa Rentrée de la Garde impériale (30 décembre), sont des chefs-d’œuvre.

730. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Chateaubriand, jugé par un ami intime en 1803, (suite et fin) » pp. 16-34

En poésie, au théâtre, en tout comme à la guerre, les uns n’ont qu’un jour, une heure brillante, une victoire qui reste attachée à leur nom et à quoi le reste ne répond pas : c’est comme Augereau, qui aurait mieux fait de mourir le soir de Castiglione. […] On le retrouve, ardent écrivain de guerre, dans les factions politiques en 1815 et au-delà, puis au premier rang du parti libéral quand il y eut porté sa tente, sa vengeance et ses pavillons.

731. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Entretiens de Gœthe et d’Eckermann (suite et fin.) »

— Et revenant sur ce chapitre des chants de guerre qu’on lui aurait voulu voir composer dans sa chambre et au coin de son feu en 1813, il souriait de pitié : « Écrire au bivouac, où la nuit l’on entend hennir les chevaux des avant-postes ennemis, à la bonne heure ! […] Mais pour moi, qui ne suis pas une nature guerrière, qui n’ai aucun goût pour la guerre, les chants guerriers n’auraient été qu’un masque qui se serait fort mal appliqué sur mon visage.

732. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Mémoire de Foucault. Intendant sous Louis XIV »

Il nous apprend, dans une circonstance assez singulière où il était placé entre les deux, et, comme on dit, entre le marteau et l’enclume, comment il s’y prit pour esquiver le choc, pour ne pas déplaire ni désobéir : « Au mois de décembre 1674, j’ai proposé à M. de Louvois de ne point mettre des gens de guerre en quartier d’hiver dans Négrepelisse, appartenant à M. de Turenne ; il m’a mandé que l’intention du roi était que, sans distinction, je distribuasse les troupes dans toutes les paroisses, il était brouillé avec M. de Turenne. […] Foucault, en tout ceci, traite les protestants à convertir comme une chose ; il se conduit exactement comme ferait un ingénieur devant une place de guerre à assiéger.

733. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « La civilisation et la démocratie française. Deux conférences par M. Ch. Duveyrier »

Il en est ainsi de tous les points lumineux de la civilisation, du moment qu’on veut s’en rendre compte : il y a des fondations pénibles, des préparations sans nombre, des entretiens fatigants, périlleux même ; plus d’un soldat de l’industrie y périt, sacrifié comme dans une guerre. […] Guerre au destin !

734. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le comte de Clermont et sa cour, par M. Jules Cousin. (Suite.) »

Camille Rousset les billets suivants, extraits des Archives du ministère de la guerre. […] Guerre ou plaisirs, Lœwendal, Laujon ou tout autre, il eut toujours quelqu’un qui le soufflait.

735. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Gaston Paris et la poésie française au moyen âge »

Ainsi comprises, les études communes, poursuivies avec le même esprit dans tous les pays civilisés, forment au-dessus des nationalités restreintes, diverses et trop souvent hostiles, une grande patrie qu’aucune guerre ne souille, qu’aucun conquérant ne menace, et où les âmes trouvent le refuge et l’unité que la cité de Dieu leur a donnés en d’autres temps. » Et voici une autre page où cet amour de la vérité s’exprime comme ferait la foi jalouse d’un croyant, en laisse voir les scrupules, les délicatesses, les pieuses intransigeances : … Il y a au cœur de tout homme qui aime véritablement l’étude une secrète répugnance à donner à ses travaux une application immédiate : l’utilité de la science lui paraît surtout résider dans l’élévation et dans le détachement qu’elle impose à l’esprit qui s’y livre ; il a toujours comme une terreur secrète, en indiquant, au public les résultats pratiques qu’on peut tirer de ses recherches, de leur enlever quelque chose de ce que j’appellerai leur pureté. […] Il ne faut pas oublier que ces cinq siècles ont été fort troublés, que la guerre de Cent ans a été une terrible interruption dans le progrès intellectuel de notre race ; et, malgré cela, nous étions déjà en bon chemin quand la beauté antique nous a été révélée.

736. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Seconde Partie. De l’Éloquence. — Éloquence de la chaire. » pp. 205-232

Les contradictions qu’elle a essuyées ont été le signal d’une guerre très-vive entre le fameux docteur Arnauld & Philippe Coibaud Dubois de l’académie Françoise. […] Elle lui présentoit du tokai : Fanchon porte le dieu du vin     Et l’enfant de Cythère, L’un dans ses yeux, l’autre en sa main,     Pour nous faire la guerre.

737. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre IV : La philosophie — II. L’histoire de la philosophie au xixe  siècle — Chapitre I : Rapports de cette science avec l’histoire »

L’historien des religions n’est pas tenu de nous donner une religion nouvelle, ni celui des beaux-arts de faire un chef-d’œuvre en peinture, ni celui de la guerre d’être un grand capitaine : ainsi l’historien de la philosophie n’est pas nécessairement un grand philosophe, ce n’est pas son objet. […] A la sèche histoire du moyen âge, à la chronique conteuse et naïve de Joinville et de Froissart ont succédé d’abord les grandes imitations de l’antiquité, à savoir les récits oratoires et politiques ; puis on est arrivé à penser que les événements intérieurs de la vie d’un peuple ont un intérêt non moins grand que les événements plus palpables de la politique et de la guerre.

738. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre douzième. »

Je suis bien loin de blâmer La Fontaine du parti qu’il a pris ; mais il est curieux d’observer que ce que dit le compagnon d’Ulysse, sur les guerres, sur les conquêtes, sur la gloire, etc., offre le même fond d’idées que Fénélon développa depuis dans le Télémaque : ce sont les principes dont il fit la base de l’éducation du duc de Bourgogne. […] Le prince à qui cette fable est dédiée, était le prince Louis de Conti, neveu du Grand Condé, et fils de celui qui joua un si grand rôle dans la guerre de la fronde.

739. (1899) Psychologie des titres (article de la Revue des Revues) pp. 595-606

Ainsi l’on disait fort bien : le Rosier des guerres, compilé par le roy Loys unziesme de ce nom, ouvrage devenu d’une extrême rareté. […] À ce point de vue il serait intéressant d’exhumer les pamphlets qui coururent au temps de nos guerres civiles, sous la Ligue, la Fronde ou la Révolution.

740. (1936) Réflexions sur la littérature « 6. Cristallisations » pp. 60-71

Cette guerre entre les directions humaines, c’est l’être même de l’humanité. Chacune en sa loi cherche en guerre sa lumière.

741. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Appendice. — [Jouffroy.] » pp. 532-533

nous avions pris nos noms de guerre dans le Numa Pompilius et le Gonsalve de Cordoue de Florian, sans descendre toutefois jusqu’au Némorin.

742. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XLVIII » pp. 188-192

Il vise depuis quelque temps à l’histoire, il a donné un volume sur la guerre sociale, et on en annonce un second sur Catilina ; ces deux écrits ne seraient qu’une sorte d’introduction à une histoire de Jules César.

743. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXXI » pp. 281-285

— La Revue des Deux Mondes et celle de Paris ne sont pas moins atteintes et menacées par cette vaste coalition de littérature industrielle ; mais on peut dire du moins, à l’honneur de ces deux Recueils, qu’ils ont prévu dès longtemps le mal et n’en n’ont pas attendu l’assaut pour le dénoncer et lui faire bonne guerre.

744. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Appendice. »

Les exercices les plus pacifiques de l’École devenaient des armes de guerre aux mains des deux partis.

745. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Appendice — Début d’un article sur l’histoire de César »

Dans la guerre, placés en face des difficultés, des obstacles et des quadrilatères, ils restent court et à bout de voie.

746. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MARIA » pp. 538-542

« J’étais, me dit un jour un ami voyageur, D’un souvenir lointain ressaisissant la fleur, J’étais en Portugal, et la guerre, civile, Tout d’un coup s’embrasant, nous cerna dans la ville : C’est le lot trop fréquent de ces climats si beaux ; On y rachète Éden par les humains fléaux.

747. (1875) Premiers lundis. Tome III « Lafon-Labatut : Poésies »

Celui-ci avait eu, il paraît, une vie fort errante et orageuse : après avoir un instant brillé à Paris dans la jeunesse dorée du temps, il s’était engagé, avait fait la guerre et couru le monde, puis s’était marié à Messine ; là, un jour, regrettant la patrie et songeant aux moyens d’y revenir, il lui tomba entre les mains un des volumes des Troubadours, dans la préface duquel M. 

748. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Objections d’un moraliste contre l’exposition de 1900. » pp. 162-167

La vérité, c’est qu’en exaltant l’espoir des peuples sans leur apporter plus de vertus, les fêtes de la paix sèment en eux des germes de guerre.

749. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XVI » pp. 188-192

Ce n’est plus un simple contraste, c’est une guerre vive et déclarée.

750. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre IV. Des éloges funèbres chez les Égyptiens. »

L’un venait en habits de deuil, et disait : « Il a fait périr ma femme et mes enfants ; j’apporte ici les dernières plaintes qu’ils prononcèrent en mourant : ô juges, vengez-nous. » Un autre : « Il m’a ravi ma liberté et j’étais innocent ; voilà mes chaînes, elles déposent contre lui, et je viens les secouer sur sa tombe. » Des malheureux, en lambeaux, disaient : « Nous avons été arrachés de nos maisons pour bâtir ces pyramides et ces palais : sur chacune de ces pierres que vous voyez, a coulé quelqu’une de nos larmes » ; et souvent des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants, étendant leurs bras à la fois, s’écriaient tous ensemble : « Il a causé la mort de nos pères, de nos frères, de nos époux, qui ont tous péri dans une guerre injuste ; ô juges !

751. (1929) Amiel ou la part du rêve

Mais la guerre en ce point vaut mieux que la paix. […] Il a écrit autant de vers patriotiques suisses que de vers patrotiques genevois, — y compris une manière d’épopée sur les guerres de Charles le Téméraire. […] pour la guerre sacrée. […] Quand Méphistophélès vient revoir son cher Ferney, il jette en passant un regard entendu sur le professeur Amiel, il ajoute un portrait à la Guerre civile de Genève. […] Les Français, qui sont en train de payer leurs premiers milliards à l’Allemagne, payeront encore les frais de la guerre du philosophe contre lui-même.

752. (1864) Le roman contemporain

Ferait-il la guerre seul ou avec des alliés ? […] Quelques lettrés se demandaient si la guerre de Crimée n’aurait pas, pour le régime nouvellement établi, l’effet qu’eut sur les destinées d’Athènes la guerre de Sicile entreprise par les conseils du jeune Alcibiade quatre cents ans avant l’ère chrétienne. […] Paul de Molènes, quand il vit la guerre s’allumer dans Paris, sentit une de ces attractions invincibles qui révèlent une vocation. […] Il fit la grande guerre en Orient, la guerre d’escarmouche et de surprise en Algérie ; mais, en prenant l’épée, il ne dit pas adieu à la plume ; seulement il reparut sur la scène littéraire avec des idées profondément modifiées, un talent agrandi et transformé. […] Le romancier a essayé de peindre Carthage et ses mœurs à l’époque de cette formidable guerre des mercenaires que termina Amilcar Barca, après quatre ans de lutte, en exterminant quarante mille hommes dans le défilé de la Hache, guerre où il y eut tant d’atrocités commises des deux côtés, que les contemporains l’appelèrent la guerre inexpiable 9.

753. (1894) Études littéraires : seizième siècle

C’est remettre le droit de guerre et de paix à la nation, et Commynes s’en aperçoit fort bien ; mais ce n’est qu’une raison de plus d’agir ainsi ; car on évite de la sorte les guerres précipitées et capricieuses qui sont un des fléaux du monde. S’il s’agit d’une guerre offensive, on est de loisir, et d’ailleurs presque toujours vaut-il mieux ne pas la faire ; s’il s’agit d’une guerre défensive, « on voit d’assez loin venir l’orage » (du temps de Commynes c’est exact) pour consulter le pays. — Ainsi fait-on en Angleterre, et même, comme il arrive toujours des meilleures choses, avec quelques abus ; car les rois de ce pays-là consultent le pays sur la guerre avec l’intention de ne pas la faire, font voter une contribution, ne guerroient pas, et gardent l’argent ; mais mieux vaut ce dommage que l’autre. […] Commynes a fait la guerre, non sans plaisir même, comme il le confesse, il l’a vue sans cesse, il a compté et il compte encore dans ses Mémoires ce qu’elle coûte ; et il la déteste. […] « Tombe le sort et le malheur sur ceux qui font la guerre !  […] Aussi les guerres religieuses sont très loin de lui déplaire.

/ 1937