Paul Desjardins, ne sont pas seulement des écrivains de talent. […] Mais la réalité du talent n’en demeure pas moins rare. […] et, — sans parler du talent, qui fait, hélas ! […] Il lui faudrait surtout des œuvres où il y eût un peu plus de talent ! […] qu’ils aient donc du talent d’abord !
Mais combien son talent gagnerait à ne pas se morceler, à nous donner une œuvre plus synthétique, plus une !
Juste Olivier, de Lausanne, est un talent mûr, fidèle à la dignité de l’art.
-J Non sans talent, Léo Trezenick, qui appartient à cette école mi-chatnoiresque et mi-décadente qui ne sut pas très bien se fixer entre le mont des Martyrs et celui de Sainte-Geneviève, a publié plusieurs livres d’une fantaisie curieuse.
Sa Tragédie de Mustapha & Zéangir offre aussi plusieurs traits qui supposent de l’esprit & un certain talent ; ce qui ne suffit pas pour figurer avec avantage parmi les Eleves de Thalie & de Melpomene.
C’est dans ces sortes de circonstances que le talent se développe ; celui du P.
Mais un Auteur sans prétention, qui travaille moins pour la gloire que par attrait, ne doit pas être jugé à la rigueur, d’autant plus que celui-ci a, par intervalles, des lueurs de talent, propres à faire oublier ses défauts.
Madame de Motteville a sur-tout le talent de rendre, d’une maniere très-intéressante, jusqu’aux plus minces détails.
Ce n'est pas qu'on n'y trouve de l'esprit, du savoir, & même un certain talent ; mais il manque de goût & de sentiment, & l'on sait que le génie même auroit de la peine à soutenir un Poëme dépourvu de ces deux qualités.
A les voir sans cesse en contradiction les uns avec les autres, on diroit que la justice & le goût ont des regles arbitraires, ou qu’ils sont maîtres de dispenser les Couronnes, selon le talent qu’on a de leur plaire ou d’intéresser leur parti.
André Couvreur dont les livres un peu brutaux et engorgés peut-être, (Les Dangers sociaux) ont affirmé avec talent des visées scientifiques et économiques, trop dégagées, — il est vrai, — de certains soucis d’art. […] V On a prononcé, en effet, le mot de renaissance classique, à propos de certaines œuvres qu’un rare souci de perfection dans la forme semble avoir marquées et qui nous révélèrent successivement le talent de M. […] Enfin, joignons à ces noms celui de Claude Ferval, l’auteur si distingué de le Plus fort, publié en 1902, la Vie de château, en 1904, de l’Autre Amour, son premier roman, qui parut dans la Revue ; ceux de Mme Adam, de Pierre de Coulevain, auteur de Noblesse américaine, d’Ève victorieuse, et de ce joli livre Sur la branche, qui est un grand et légitime succès, — et Daniel Lesueur, André Gladès, disparue à l’heure même où son jeune talent commençait à s’affirmer, — Jacques Vontade, Jean Bertheroy, Myriam Harry, qui toutes ont su conquérir l’estime du public lettré. […] Actuellement, des écrivains de grand talent n’ont pas cette éducation. […] Et ce n’est pas sans un regret mélancolique que nous voyons de grands talents donner la consécration de leur autorité à des audaces de plume qui, quoi qu’on en dise ou quoi qu’on en pense, découronneront toujours la femme de cette auréole de douceur chaste et de grâce pudique qui fut, depuis l’heure lointaine où le Christianisme la releva de l’abjection païenne, le plus séduisant, le plus irrésistible, et le moins contestable de ses attraits.
Tout le monde se sent coude à coude avec des sympathiques, et l’on mange mieux, entre talents qui s’estiment. […] Mon petit Pierre Gavarni expliquait, ce soir, assez ingénieusement, le talent de Fromentin : un manque d’études suivies, une inexpérience curieuse du métier de la grande peinture, mais le jet sur la toile d’un milieu et d’une heure, que le peintre peuple après d’Arabes et de chevaux mal dessinés et incomplètement peints, mais qui sont au fond charmants, presque vrais, et qui vivent par l’exquise et poétique trouvaille de la nature ambiante. Cette définition du talent de Fromentin l’amenait à parler de lui-même, avec sa parole lente et calme, où l’on sent dessous la ténacité tranquille et doucement entêtée du vieux Gavarni. […] Je ne partage pas cette opinion et je crois que le même morceau, écrit à quatre époques différentes, dans des dispositions d’esprit dissemblables, aura dans chacune de ses élaborations, s’il est écrit par un homme de talent, une excellence, une perfection autre, mais adéquate. […] Par une de ces ironies que font quelquefois les hasards de la conversation, le monteur de la campagne de 1870 tombe au milieu de paroles, qui, tout le temps du dîner, font l’éloge d’Annibal, célèbrent la puissance d’organisation qui permit aux Carthaginois de se maintenir vingt ans en Italie, chantent les talents militaires de cet homme unique, que Napoléon plaçait le premier parmi les hommes de guerre du passé.
Si Henri Forneron, mort, il y a quelques mois, en pleine maturité, avait dépensé le demi-quart du talent qu’il a mis dans Les Ducs de Guise et leur époque, à écrire l’histoire de Marat, par exemple, ou de Danton, ou de Robespierre et de leur époque, — cette histoire faite et refaite cent fois et qui reste inépuisablement à refaire, — les critiques se seraient abattus sur son livre comme les abeilles sur une grappe de raisin et auraient bourdonné alentour. Pour entrer alors dans la publicité ou dans la popularité, il n’aurait même pas fallu autant de talent ; il n’aurait pas fallu de talent du tout. […] Son talent, s’il en avait eu, aurait bénéficié du malheur auguste et mystérieux de la Cause de Dieu perdue par les hommes au xvie siècle ; car c’est presque une loi de l’Histoire, avec la mélancolie naturelle à l’âme humaine, que les Causes perdues nous prennent plus fortement le cœur que les Causes triomphantes, et soient plus belles à raconter ! […] Ce livre a la puissance personnelle des facultés qui font le talent, mais il a l’impuissance de son siècle, — d’un siècle à qui manque radicalement le sens des choses religieuses, et il en faut au moins la connaissance et la compréhension pour en parler dans une histoire où elles tiennent une si grande place.
Cet homme de talent, modeste autant que distingué, est connu au théâtre par de jolis actes en vers.
Il y a bien de l’esprit sous ce talent.
A peine son nom est-il aujourd’hui connu du commun des Littérateurs ; on a oublié du moins qu’il a été un des beaux esprits du siecle dernier ; cependant ses Ouvrages offrent plus de talent, une Littérature plus étendue que les Productions d’un grand nombre d’Ecrivains qui brillent dans celui-ci & sont destinés au même sort.
Avec une imagination vive, une ame sensible, un esprit nourri de la bonne Littérature, le talent de rendre avec intérêt ses idées, comme on en peut juger par l’Ouvrage que nous venons de citer, il eût été en état d’enrichir notre Littérature de plusieurs excellentes Productions.
La Mesnardiere cependant eut le talent de faire une grande fortune.
Ce qui le rend encore moins excusable d’avoir tant multiplié ses Ouvrages polémiques, est de n’avoir eu ni le talent de la faire, ni celui de la plaisanterie.
La part qu’il a eue au Sorcier & à Tom-Jones, suppose, à un certain degré, l’espece de talent nécessaire pour ces sortes de Pieces ; il y perce des traits de gaieté, qu’on ne trouve pas même chez les Merveilleux qui ont le plus brillé dans cette petite carriere.
Il faut être capable du même essor qui les éleve au dessus de la foule, pour pouvoir profiter de leurs leçons : l’éducation ne donne pas le talent, elle ne fait que le développer.
Ce n’est pas assez d’inventer, de disposer, il faut encore savoir exprimer d’une maniere intéressante ; talent sans lequel les disgraces sont toujours assurées.
Indépendamment de beaucoup d'Ouvrages utiles sur la Marine, & de plusieurs Dictionnaires, tels que ceux de Mathématique, d'Architecture, &c. on a de lui une Histoire des Philosophes modernes, qui suppose des recherches, des connoissances, un esprit méthodique, & le talent de l'analyse.
Ils sont encore moins lus pour les choses qu’ils disent, que pour le talent avec lequel ils les présentent.
» La souplesse du talent de M. […] André Gide et ne recommencerai pas cette fois l’éloge de ce talent délicat et subtil, l’un des plus séduisants de notre époque. […] Plus généralement, on peut discerner non seulement du talent, mais une réelle force de pensée, chez des auteurs que l’on n’approuve pas. […] Mais si le talent de M. […] C’est dommage, car il avait bien de l’esprit et bien du talent, ce Wilde, comme le rappellent l’amusant recueil de ses mots publié par M.
Dans cette force et dans cette faiblesse, vous voyez d’avance la misanthropie de Swift et son talent. […] Et pour pousser un autre argument de nature semblable : si le christianisme était aboli, comment les libres penseurs, les puissants raisonneurs, les hommes de profonde science, sauraient-ils trouver un autre sujet si bien disposé à tous égards pour qu’ils puissent déployer leur talent ? […] C’est pourquoi on a grand tort de tenir enfermés les gentlemen de Bedlam, et une commission chargée de les trier trouverait dans cette académie beaucoup de talents enfouis capables de remplir les plus grands postes dans l’armée, dans l’État et dans l’Église […] Tout son talent et toutes ses passions se sont amassés dans ce livre ; l’esprit positif y a imprimé sa forme et sa force. […] Pour expliquer, interpréter et appliquer les lois, on choisit ceux dont le talent et l’intérêt consistent à les pervertir, à les brouiller et à les éluder. » Un noble est un misérable pourri de corps et d’âme, ayant ramassé en lui toutes les maladies et tous les vices que lui ont transmis dix générations de débauchés et de drôles.
Nous connoissons de lui plusieurs Dissertations très-savantes & très-curieuses, qui supposent non seulement le travail & le discernement, mais encore le talent d’écrire, & principalement celui de présenter les choses avec le ton qui leur convient.
Doué du talent d’écrire avec méthode & clarté, il a consacré sa plume & ses travaux à des objets d’un intérêt essentiel pour la Société.
Ce dernier a le talent du dialogue, & celui de marcher avec activité au dénouement ; l’autre ne songe qu’à accumuler les incidens, & perd en déclamations & en soupirs un temps qui doit être employé à l’action.
Plein de zele pour la Religion & doué du talent d’écrire avec onction, il a publié plusieurs Ouvrages en faveur du Christianisme, contre les attaques multipliées de la nouvelle Philosophie, où, par des raisonnemens solides & à la portée de tous les Esprits, il prouve la vérité, l’utilité & la nécessité de la Religion.
Votre Martyre de saint Denis montre que vous avez quelque talent.
En disant cela, il tirait son propre horoscope ou plutôt il était lui-même la preuve de ces paroles… Assurément, c’était une forte génération que celle qui pouvait, sans se diminuer, laisser perdre de telles choses et oublier de tels talents.
Théophile Gautier La Mariska, de Nicolas Martin, cet esprit à la fois si allemand et si français, qui éclaire son talent d’un rayon bleu de lune germanique.
Il joignit à ce talent celui de la Poésie ; cependant sa réputation poétique n’est pas aussi glorieuse que celle qu’il s’est acquise comme Acteur.
Capperonnier, [Jean] Professeur de Langue Grecque au Collége Royal, Garde de la Bibliotheque du Roi, de l’Académie des Inscriptions & Belles-Lettres, né à Montdidier en Picardie, mort à Paris en 1774 ; un des Savans de nos jours qui joignent le mérite des connoissances profondes au talent de les faire valoir.
Il y a un autre Auteur du même nom, Conseiller en la Cour des Monnoies, né aussi à Reims en 1736, dont nous connoissons quelques Poésies fugitives, qui supposent le talent d’exprimer de petites choses d’une maniere aussi facile qu’agréable, & un Dictionnaire des origines, qui donne une idée trop succincte des objets qui en font la matiere.
Du Ryer pouvoit avoir de l'esprit & du talent ; mais, obligé de travailler à la hâte, pour faire subsister sa famille, dont sa plume faisoit tout le revenu, il ne lui étoit pas possible de soigner ses Ouvrages.
Casanove Ah, Monsieur Casanove, qu’est devenu votre talent ?
— Et c’est précisément parce qu’ils sont très-loin de moi que j’admire votre talent à me les faire comprendre. — Car j’y crois, à Port-Royal, et je souhaite encore moins y vivre qu’à Carthage. […] Vous n’avez pas seulement jugé son talent avec cette sûreté de coup d’œil et d’analyse d’un maître, vous avez aussi apprécié son caractère avec une justice et une bienveillance qu’il n’a pas toujours rencontrée dans les écrivains de son camp. […] « J’ai beaucoup connu et fréquenté, dans les premières années de leur éclosion féconde, les talents et les génies de l’école dite romantique, et je puis dire que j’ai vécu familièrement avec la plupart. […] Ces talents étaient éclos et inspirés d’eux-mêmes et sortaient bien en droite ligne du mouvement français inauguré par Chateaubriand.
Avant d’écrire sur elle un article à la Revue de Paris, il désira savoir quelques détails de son passé, de ses prédilections littéraires, de ce qu’il appelait l’éducation de sa pensée et la formation de son talent. […] Son talent est comme sa vertu, sans une tache. […] Une fois en ma vie, mais pas longtemps, un homme d’un talent immense m’a un peu aimée, jusque-là de me signaler, dans les vers que je commençais à rassembler, des incorrections et des hardiesses dont je ne me doutais pas. […] Je vous dois un double remerciement pour m’avoir fait connaître le jugement que portait de moi cette femme distinguée, dont le talent et la personne m’ont toujours inspiré l’admiration la plus sincère et la plus vive sympathie, et pour avoir sanctionné ce jugement de votre autorité… Indifférente aujourd’hui à la publicité…, je ne le suis point à l’estime affectueuse de quelques nobles âmes, à l’approbation de quelques esprits d’élite. — Je vous dois donc, monsieur, une très douce émotion… » — M.
Si l’on essaye d’énumérer la quantité d’hommes honnêtes, recommandables par le talent, l’étude et des vertus de citoyen, que 89 avait fait sortir du niveau, qui avaient traversé avec honneur et courage les temps les plus difficiles, que la Terreur même n’avait pas brisés, que le Directoire avait trouvés intègres, modérés et prêts à tous les bons emplois ; si l’on examine la plupart de ces hommes tombant bientôt un à un, et capitulant, après plus ou moins de résistance, devant le despote, acceptant de lui des titres ridicules auxquels ils finissent par croire, et des dotations de toutes sortes qui n’étaient qu’une corruption fastueusement déguisée, on comprendra le côté que j’indique, et qui n’est que trop incontestable. […] C’est un morceau grandiose, tout à effets et à mouvements, plein de tableaux ; l’orateur y est traduit sous vos yeux entouré de ses mille tonnerres et de quelques fanfares ; c’est un de ces morceaux d’éclat où l’on marche d’imprévu en imprévu, où l’image toujours éblouissante et nouvelle surgit à chaque pas, plus soudaine, plus en armes que les légions de Pompée ; c’est une de ces sorties de talent qui gagnent des victoires, au moins de surprise, sur les plus incrédules ; qui marquent que les lions au gîte (pour parler le langage du sujet) ont des ressources et des bonds qu’on n’attendait pas, et qu’il est des natures invaincues qu’on peut bien vouloir traquer, mais qu’on ne décourage guère. […] Voilà qu’en une brochure écrite en huit jours reparaît ce talent puissant dans son allure, j’ai presque dit dans sa crinière la plus superbe. […] Lerminier ce talent de personnification enflammée et d’apothéose, il nous a semblé dur, sans assez de proportion, contre certaines renommées secondaires qui gênaient le piédestal des hautes statues.
Grâce à sa prodigieuse verve de travail, à l’universalité de ses connaissances, à cette facilité multiple acquise de bonne heure dans la détresse, grâce surtout à ce talent moral de rallier autour de lui, d’inspirer et d’exciter ses travailleurs, il termina cet édifice audacieux, d’une masse à la fois menaçante et régulière : si l’on cherche le nom de l’architecte, c’est le sien qu’il faut y lire. […] En prononçant le nom de femmes, nous avons touché la source la plus abondante et la plus vive du talent de Diderot comme artiste. […] Omettant les choses plus connues, je recommande à ceux qui ne l’ont pas lue encore la Correspondance de Diderot avec mademoiselle Jodin, jeune actrice dont il connaissait la famille, et dont il essaya de diriger la conduite et le talent par des conseils aussi attentifs que désintéressés. […] Garat présageait par ce trait son talent de plume, mais aussi sa légèreté morale.
Tenir une heure durant quelqu’un sous le charme d’une histoire rare et magnifique dite en paroles rythmées, voilà ce qui ne vous est pas étranger, et à quoi vous avez droit été, cela, avec l’incroyable talent que vous mettez partout, vous fait des aujourd’hui une place à part ; et, Les Poésies de Catulle Mendès, ce titre signifie parfaitement ce qu’il dit. […] Un vigoureux talent, une observation perpétuelle, une ardeur alerte, voilà ce qu’on remarque dans la Maison de la Vieille, et qu’on ne croît pas que ce livre est décousu ; malgré son grouillement, il est systématique et construit de main d’ouvrier. […] Mendès lui-même, avec la prestigieuse souplesse d’un talent qui a su se hausser jusqu’à la plus noble puissance épique dans son poème suedenborgien d’Hespérus, digne pendant poétique de la Séraphita de Balzac. […] Paul Ginisty Votre enthousiasme est communicatif, vous faites jaillir la flamme partout… Vous avez vu avec quel entrain, quel zèle, je dirai aussi quelle joie, les artistes de l’Odéon se sont voués à l’œuvre qui était entreprise, en donnant plus que leur talent, leur âme, retrouvant cette ivresse sainte de la poésie que vous savez si noblement inspirer, car vous croyez avec raison qu’il y a un prestige magique dans la beauté du vers.
Au commencement et jusqu’au milieu du xviie siècle, au contraire, on a vu des hommes, sans autre mission que le sentiment de leurs talents et de leur courage, tenir à leur solde des corps de troupes, réunir autour de leurs étendards particuliers des guerriers qu’ils dominaient par le seul ascendant de leur génie personnel, et tantôt se vendre avec leur petite armée aux souverains qui les achetaient, tantôt essayer, le fer en main, de devenir souverains eux-mêmes. […] Le plus habile de nos traducteurs en vers, l’abbé Delille, malgré son prodigieux talent, n’a pu néanmoins vaincre tout à fait, sous ce rapport, la nature de notre langue. […] Il n’avait pas osé le laisser aussi étranger à l’action qu’il l’est dans les meilleures tragédies de l’antiquité, celles de Sophocle : car je ne parle pas ici des chœurs d’Euripide, de ce poëte admirable, sans doute, par son talent dans la sensibilité et dans l’ironie, mais prétentieux, déclamateur, ambitieux d’effets, et qui, par ses défauts et même par ses beautés, ravit le premier à la tragédie grecque la noble simplicité qui la distinguait. […] Nous pouvons, par le talent du poëte, être entraînés à sympathiser avec l’individu particulier qui l’éprouve ; mais il ne peut jamais servir de base à un système général, et nous n’aimons en France que ce qui peut être d’une application universelle.
L’hébreu, le grec, lui étaient familiers comme les œuvres récentes de l’Italie ; et rien ne lui manqua de ce qui peut fortifier et ennoblir le talent. […] Il les imite d’abord ; mais sa foi naïve lui donne sur ce monde des cieux d’autres accents d’une douceur incomparable, et le charme de l’amour divin élève encore l’inspiration même du talent par cette idée des béatitudes célestes qui lui est présente et familière : « Douce et lumineuse contrée, dit-il, prés fleuris que ne brûlent ni la gelée ni le soleil, sol fertile qui produis la consolation éternelle ! […] Jamais l’imitation de Pindare ne fut plus fatale au talent. […] La science partout éveillait l’émulation, et pouvait parfois tromperie talent sur le moment venu d’oser en poésie, et sur l’audace permise à notre langue.
Armand Silvestre La caractéristique de son talent n’échappera à aucun de ceux qui ouvriront son livre (L’Éternel féminin).
Ce qui le distingue véritablement, c’est la facilité qu’il avoit pour parler en public, & son talent rare pour toucher ses Auditeurs.
Cet Abbé avoit beaucoup d’esprit, de talent, & d’érudition.
Le talent d’écrire, il faut en convenir, quand il est assujetti à une ame perverse, est un funeste présent de la Nature, & pour l’individu qui le possede, & pour la Société qu’il corrompt.
Malgré cette bizarrerie, il eut le talent de se rendre agréable au grand Condé, qui le fit son Bibliothécaire.
Quoiqu'il se soit exercé dans presque tous les genres & dans presque toutes les Langues, ses succès ont été médiocres, par cette raison décisive, que l'esprit ne peut que perdre, & le talent s'affoiblir, quand on voltige trop légérement d'objet en objet.
Au moins est-il estimable en ce qu’il a apprécié son talent ce qu’il valoit.
Inculpé odieusement et bassement calomnié hier encore pour avoir eu l’effroyable audace de se laisser porter par une forte minorité démocratique, et de rester jusqu’à la fin en concurrence et en lutte avec un homme du plus grand talent en effet, et qui est subitement devenu l’idole des Parisiens, comme le fut autrefois M. Necker, M. d’Alton-Shée n’a répondu qu’en faisant ces jours derniers une conférence toute littéraire, où il a retracé « l’histoire de la calomnie », en la prenant depuis Thersite jusqu’à Iago et à Basile : cette conférence, pleine d’intérêt et de talent, et à laquelle n’a cessé de présider un goût sévère, était traversée pourtant d’éclairs soudains et d’allusions vibrantes.
1831 Voici deux livres nouveaux, deux œuvres de poésie éminentes et originales, deux productions bien diverses et en apparence tout à fait contraires de deux talents réfléchis et inspirés, de deux sensibilités, on ne saurait plus antipathiques au premier coup d’œil, et pourtant parentes au fond et presque sœurs. […] Un autre poëte, trop rare au gré de ceux qui apprécient le talent sévère, M.
Il faut tout l’esprit, le talent et la grâce de M. […] Du naturalisme léger, elle a passé avec armes et bagages — avec un talent mûr et une plume bien aiguisée — au symbolisme, à ses pompes et à ses chefs-d’œuvre.
Il tirait, chaque année, vingt mille talents d’or de ses États tributaires ; les peuples dépourvus de métaux payaient en nature. […] Un siècle plus tard, lorsque Alexandre prit Suse, il y trouva cinquante mille talents, plus d’un milliard d’aujourd’hui.
Le talent est pâle, dans Mme Quinet. […] En digne époux, il a voulu se mettre sous la même couverture que sa femme ; il a écrit, pour la présenter et la patronner, à la tête du livre de Mme Quinet, une de ces préfaces qu’elle aurait eu aussi bien que lui le talent de penser et d’écrire comme ça.
Fréron eut aussi son combat des Trente, mais il était seul et les Trente étaient contre lui… Dans l’ordre moral, Fréron fut un héros… Dans l’ordre intellectuel et littéraire, voyons ce qu’il fut, et si le talent de l’écrivain et du critique fut aussi grand que l’âme du héros. IV Dans tous les cas, ce talent fut grand.
Ceci est particulièrement intéressant, instructif, excellent et nécessaire à connaître pour juger d’un talent que Voltaire s’est amusé à grandir outre mesure, et d’une moralité que ses éloges ont rendue suspecte. Quand on n’a que le livre d’un homme, on n’a guères que la lettre morte de son talent et de son âme ; mais quand on étudie l’un et l’autre à la lumière d’une correspondance ou d’une autobiographie, on en tient réellement la lettre vivante, et la Critique peut hardiment se prononcer.
II Il a du talent, et du talent vivant.
À cette époque de rénovation littéraire, l’Histoire si longtemps hostile à l’Église, et devenue presque innocente à force d’imbécilité sous les dernières plumes qui l’avaient écrite, l’Histoire remonta dans l’opinion des hommes parle talent et parle sérieux des recherches, mais elle remonta aussi dans le danger dont l’abjection de beaucoup d’écrivains semblait avoir délivré l’Église. […] Les hommes sont si petits ; ils tiennent si peu à la vérité et tant à leur personne, que, pour peu que vous leur disiez qu’ils ont du talent, ils vous pardonneront d’avoir dit qu’ils en ont mal usé, et pourtant, si on comprenait, c’est la chose mortelle !
Ceci est particulièrement intéressant, instructif, excellent et nécessaire à connaître pour juger d’un talent, que Voltaire s’est amusé à grandir outre mesure, et d’une moralité que ses éloges ont rendue suspecte. Quand on n’a que le livre d’un homme, on n’a guère que la lettre morte de son talent et de son âme, mais quand on étudie l’un et l’autre à la lumière d’une correspondance ou d’une autobiographie, on en tient réellement la lettre vivante, et la Critique peut hardiment se prononcer.
On lui a consenti du talent ; mais ce n’est pas le talent qui est dans la litière et qu’il est pourtant aisé de reconnaître, dans le livre de Vacquerie, sous le déguisement de son nom.
ont donné l’exemple, et qui sont la révélation ou plutôt l’éclosion d’un talent impossible à prévoir, M. […] Théophile Gautier insulte lui-même son grand talent par coquetterie, à savoir : qu’avec de certains procédés, on peut créer des poètes, comme Vaucanson fabriquait des joueurs de flûte et des canards.
C’est la vie pour la vie de Milton qu’il va nous dire, la vie pour la vie et pour son détail, — et non pour faire de cette vie la cause du talent de Milton et pour retrouver dans son talent l’empreinte de cette vie tout entière.
Si vous joignez de plus à cela l’horripilation impudique que causent, à ces sensitives du mariage des prêtres, le dogme de l’immaculée Conception et la haine profonde pour le Marianisme, — cette affreuse religion entrevue par Michelet, — qui remplacerait prochainement le Christianisme si nous n’avions pas pour le sauver des docteurs comme des Julio de la Clavière et des abbés Trois-Étoiles, vous aurez à peu près tout ce qu’il y a de vues et de choses nouvelles dans ce Maudit, que j’appelle plutôt le mal dit ; car il est impossible de plus mal dire, il est impossible de plus manquer que ce livre du talent qui sait exprimer même des sottises, et qui parfois les fait passer ! […] Tous livres scélérats de talent et de couleur, compositions affreusement fausses et coquines, mais amusantes, spirituelles, entraînantes, dues à des débauches de génie !
Ces grandes vues d’un ministère qui s’occupe de projets d’humanité et du bonheur des nations, et qui veut tirer le plus grand parti possible et de la terre et des hommes, lui étaient entièrement inconnues : il ne paraît pas même qu’il en eût le talent. […] Il sut, comme Auguste, employer les talents qu’il n’avait pas, et faire servir les grands hommes à sa renommée ; mais il fallait qu’Octave se servît de ses égaux pour sa grandeur, et leur persuadât qu’il avait droit à leurs victoires, quoiqu’il ne tînt ce droit que de leurs victoires même ; tandis que Louis XIV, armé de la souveraineté, commandait à des hommes qui lui étaient soumis, etc.
Armand Silvestre La chanson trouva dans Nadaud un défenseur qui eut, pour cette noble tâche, tout le talent et tout l’esprit nécessaire, plus une foi robuste en un genre dont aucune des délicatesses ne lui échappa.
L’atteindre ainsi du premier coup et dans sa perfection était certes la preuve d’un talent et d’une intelligence peu ordinaires ; et c’est pourquoi nous avons tenu à recueillir, parmi les chefs-d’œuvre de cette époque, cette épave d’un poète qui ne vivait plus, depuis longtemps, que dans la mémoire des dilettantes.
Maints passages de l’École de l’idéal et la plupart des poèmes des Horizons m’avaient déjà incité à dire, ici et ailleurs, que la langue et le talent de M.
Ceux qui l’ont entendu plaider, assurent que ses Discours réunissoient le talent d’une éloquence mâle & vigoureuse, à cette douce chaleur de sentiment qui acheve le triomphe de la Justice & de la Vérité, en les faisant aimer de ceux même qui ont intérêt à les combattre.
Cet Auteur auroit beaucoup mieux fait de suivre le conseil de Despréaux, Soyez plutôt Maçon, si c’est votre talent.
Ses Sermons, peu éloquens à la vérité, sont du moins solides ; & ses sentimens trouvent un nouveau sujet d’éloge, dans le zele qu’il a eu de contribuer au succès des Prédicateurs d’un talent supérieur au sien.
La vivacité, l’esprit, l’imagination, & le goût, qui aiguisent ces petits Pamflets, donnent une idée avantageuse du talent de ce jeune Auteur, & laissent entrevoir qu’avec plus de suite dans le travail, il seroit en état d’entreprendre & de bien traiter des Ouvrages considérables.
Ce talent d’écrire avec promptitude s’est annoncé dans plusieurs Ouvrages de Théologie & de Morale, dont quelques-uns ont été mis à l’Index.
Il travaille comme un homme de qualité qui a du talent, de la facilité et qui se contente d’esquisser sa pensée en quatre coups de pinceau.
Chénier ; mais ces occasions furent trop rares pour réagir sur le talent du poète et pour modifier le genre. […] Rentrons dans les grands côtés de Malherbe, dans la considération directe de son talent. […] Il eut en effet une pension. — Voilà bien tout Malherbe : grandeur, élévation de talent, et l’œil au pécule. […] Mais il y a mieux, et il importe de maintenir le vrai caractère de Malherbe et son grand sens, dans ses rapports avec un élève de grand talent sans doute, et de noble apparence, mais de sens léger précisément et de peu de caractère. […] On y verrait l’action heureuse, salutaire, d’un seul homme qui est un vrai maître, le pouvoir et le bienfait d’une juste et ferme discipline venue à temps, et ce que des talents distingués, mais secondaires, des génies faciles, mais négligents, gagnent à être mis dans une bonne voie, à y faire les premiers pas sous un œil vigilant et avec un guide sûr.
Liaison des diverses parties de chaque talent. — Importance de la façon d’imaginer. […] Ce n’est point par les accidents de sa vie qu’il appartient à l’histoire ; c’est par son talent, et son talent est dans ses livres. […] La réponse définit d’avance tout son talent ; car dans un romancier l’imagination est la faculté maîtresse ; l’art de composer, le bon goût, le sens du vrai en dépendent ; un degré ajouté à sa véhémence bouleverse le style qui l’exprime, change les caractères qu’elle produit, brise les plans où elle s’enferme. […] Plantez ce talent dans une terre anglaise ; l’opinion littéraire du pays dirigera sa croissance et expliquera ses fruits. […] L’esprit pratique, comme l’esprit moral, est anglais ; à force de commercer, de travailler et de se gouverner, ce peuple a pris le goût et le talent des affaires ; c’est pourquoi ils nous regardent comme des enfants et des fous.
Comme chacun cherche à définir les qualités et les imperfections de son talent. […] voulez-vous que je vous parle là, du fond de mon cœur, s’exclame Zola, vous me regarderez comme un enfant, mais tant pis… Je ne serai jamais décoré, je ne serai jamais de l’Académie, je n’aurai jamais une de ces distinctions qui affirment mon talent. […] Au milieu de cela, il s’échappe à nous avouer, qu’au fond, sa grande satisfaction, sa grande jouissance est de sentir l’action, la domination qu’il exerce, de son humble trou sur Paris, et il le dit avec l’accent d’un homme de talent, qui a longtemps mariné dans la misère. […] Il est célèbre, et il a du talent, et il est très bon garçon, et il est très accueillant. […] Il m’a semblé en interrogeant mon triste cerveau, que je n’avais plus en moi la puissance, le talent de faire un livre d’imagination, et j’ai peur… d’une œuvre que je ne commence plus avec la confiance que j’avais, quand lui, il travaillait avec moi.
Théodore Hannon, un poète de talent.
Ce n’est que parce que son livre indique qu’il peut sûrement mieux et bien faire qu’il est ici exhorté à se débarrasser des défauts qu’il se connaît, à prendre pleine possession d’un talent possible.
Son dernier volume, Le Pauvre Pêcheur, est en tous points digne de son talent brodé d’humilité pieuse et de sincérité admirable.
Montégut un talent réel, de l’énergie, du souffle, une voix qui a son accent personnel alors même qu’elle exprime, elle aussi, des idées et des sentiments d’emprunt.
Sainte-Beuve Si je voulais chercher quelques traces ou indices du talent de Veyrat à cet âge de vingt-deux ans, je les trouverais plutôt dans ses Italiennes, poésies politiques dont il ne se donnait que comme l’éditeur (1832).
Sa traduction de l’Homme de Cour de Balthasar Gratian, & celle du Prince de Machiavel, avec ses Commentaires, prouvent qu’il avoit au moins quelque talent pour cette partie.
Ses jugemens sur les différens Ouvrages de cet Ecrivain supposent de l’esprit, un grand fonds de Littérature, & le talent de s’exprimer avec autant d’élégance que de correction ; mais ils sentent trop le louangeur enthousiaste.
Ils annoncent en général beaucoup d’imagination, de l’esprit, & le talent d’écrire.
Il faut attribuer sans doute à la lecture de Scudery & de quelques autres Ecrivains à la toise, ce travers dont Maimbourg auroit pu se garantir avec plus de culture ; car dans le fond il avoit beaucoup de talent.
Pour donner au Lecteur une idée du talent de ce jeune Poëte, nous croyons devoir transcrire ici une des petites Pieces de son Recueil.
Toutes les inconséquences de sa conduite n’empêchent pas qu’on ne doive reconnoître en lui beaucoup de talent.
Des personnes qui ont vécu familiérement avec lui, nous ont assuré qu’il avoit un talent singulier pour la Poésie ; mais qu’il eut la sagesse de sacrifier la gloire qu’il auroit pu acquérir sur le Parnasse, à la gloire plus solide d’instruire ses Diocésains, conformément aux devoirs de l’Episcopat.
La quantité de ses petits Ouvrages en Vers & en Prose est trop grande, pour qu’aucun soit capable de lui faire une solide réputation, quoiqu’ils annoncent en général de l’esprit, de la littérature, la connoissance du monde, & le talent d’écrire avec facilité.
Une mémoire prodigieuse, une grande application à l’étude, beaucoup de jugement & de justesse dans l’esprit, une érudition vaste, du talent, mais trop de facilité pour la Poésie, voilà ce qui caractérise ce Littérateur.
Une assez juste connoissance de la Morale & de la Politique, plus d’esprit que de talent, plus de finesse que de raison, plus de sentiment que d’imagination, de la facilité pour écrire en Vers & en Prose avec intérêt & avec élégance, sont les principaux traits qui caractérisent les Ouvrages de cet Ecrivain.
L’extravagance a contribué à sa célébrité, autant qu’auroit pu le faire un talent distingué.
L'amour patriotique ne s'y fait pas moins sentir que le talent de rendre, avec une sorte d'énergie, les traits les plus frappans de notre Histoire, & qui font le plus d'honneur à la Nation.
Quoiqu'il y ait beaucoup de négligences dans ses petits Poëmes & dans ses Epîtres, le talent y jette de temps en temps des étincelles qui prouvent qu'avec une meilleure culture, sa Muse pourroit acquérir un style plus continuement poétique & plus élégant.
Un écrivain paye toujours cette rançon de son talent : il demeure pour le public comme identifié avec sa plus importante découverte. […] Ne dites pas non plus que, dès cette époque, une seule de ces tendances, celle qui a prévalu depuis, était la vraie caractéristique de ce talent. […] Il est à remarquer que le talent du récit court et celui du récit long ne se rencontrent pas souvent chez un même auteur. […] Jusqu’à quel point le grand talent producteur doit-il avoir la conscience de ses pouvoirs ? […] Combien de talents nouveaux il a célébrés avec une chaude générosité d’artiste !
C’est un talent donné à peu de personnes, & que peu de personnes sont en état de critiquer. […] On peut nous opposer que l’on nait avec le talent de la critique. […] Il en est tout autrement en Littérature qu’en Politique, le talent qui a besoin de subir des lois n’en donnera jamais ». […] Une voix ingrate, des yeux muets & des traits inanimés, ne laissent aucun espoir au talent intérieur de se manifester au-dehors. […] Cette vertu, c’est d’aimer les hommes ; ce talent, c’est de les placer.
Leconte et la maîtrise de son talent.
… Tout cela ne m’empêche pas de reconnaître le talent très particulier de Jehan Rictus.
Voilà les trois faces qui sont les trois profondeurs du talent de Saint-Maur.
Nous voyons en quatrième lieu les nouvelles combinaisons de personnes y produire cette jouissance nouvelle si féconde en autres jouissances, si féconde surtout en talents et en vertus, cette jouissance enviée à la France par foules les nations civilisées, celle de la conversation.
Il se rendit ensuite en Hollande, & y composa plusieurs Ouvrages, qui paroissent plus inspirés par l’indigence, que par le talent nécessaire pour écrire.
Son talent principal est d’enrichir les petits sujets : dans les grands, il n’est guere qu’élégant & fleuri.
Dans l’ Apothéose du Docteur Procope, en six Chants & en Vers, la Poésie parle le langage du Docteur Diafoirus ; mais avec assez d’esprit & de talent, pour faire regretter que le Poëte ait choisi des sujets si bizarres.
Ce qu’il a écrit sur la Musique, la Peinture, l’Architecture, montre des connoissances & du talent pour saisir les principes & les finesses de ces trois Arts ; ses Essais sur l’Architecture sont sur-tout très-estimés.
Merville a, en général, le talent de bien imaginer une intrigue, & de la conduire avec dextérité.
Son talent principal consistoit à disserter sur tous les Ouvrages nouveaux nouveaux, à les critiquer sans ménagement, à tourner en ridicule les Auteurs, à amuser les Sociétés où sa malignité le faisoit rechercher : pauvre genre de distinction, qui fait le seul mérite de tant d’Aristarques ambulans, dont les lumieres se bornent à prononcer, dans les Cafés & autres Bureaux d’esprit, sur tout ce qui paroît ; Etres déterminés à ne rien approuver que ce qui est marqué au coin des Fabriques qu’ils protégent, mais dont le Public rejette les censures, comme il ignore leur existence.
Il a déposé le titre et les fonctions d’académicien pour se faire maître d’école ; il a préféré l’argent à l’honneur ; il a dédaigné la chose pour laquelle il avait du talent, et s’est entêté de celle pour laquelle il n’en avait point.
Tandis que celui-ci, gai, riant, plein de verve et sous ses airs d’Anacréon, semble avoir rempli sa destinée naturelle, La Fare fait plutôt l’effet d’avoir manqué la sienne ; on voit dans son exemple de riches facultés qui se perdent, et des talents distingués qui s’altèrent et s’abîment faute d’emploi ; on est involontairement attristé. […] C’est un malheur en tout cas pour un homme d’esprit et de talent de prendre ainsi à contresens l’époque dont il est contemporain, et le règne dont il serait un serviteur naturel et distingué ; on le juge, on le critique ce règne qui nous déplaît, mais à la longue on s’y aigrit, ou, si l’on est doux, on s’y relâche et l’on se démoralise. […] En attendant il se console de ne plus servir, de ne plus prendre sa part dans le drame public qui se continue, moyennant cette réflexion que « bien que depuis trente ans il se soit fait de grandes choses en ce royaume, il ne s’y est point fait de grands hommes ni pour la guerre, ni pour le ministère : non que les talents naturels aient manqué dans tout le monde, mais parce que la Cour ne les a ni reconnus ni employés… ».
Un groupe de jeunes écrivains catholiques distingués, de doctrinaires du parti, qui, à l’envi du Globe, s’étaient essayés dans le Correspondant sur la fin de la Restauration, se joignirent, sans s’y confondre, avec le groupe des amis de M. de Lamennais : à côté du vigoureux et sombre Breton, du doux, aimable et savant abbé Gerbet, du brillant et valeureux Lacordaire, du jeune comte leur ami91, alors dans toute la fraîcheur acérée de son talent, on eut Edmond de Cazalès, riche esprit, cœur plus riche encore ; Louis de Carné, esprit sage, écrivain consciencieux, s’instruisant toujours, désireux d’acquérir et de combiner tout ce qui est bien, se nuisant par là peut-être à la longue ; on eut un Franz de Champagny, jouteur sincère, peintre studieux, sévère pour les Césars comme un élève de Tacite qui eût été chrétien ; plusieurs Kergorlay, au nom jadis hostile, mais tous d’une autre génération plus adoucie, tous réconciliés entièrement ou en partie avec le siècle. […] Les uns, les croyants et les militants, espéraient arracher de Rome des réponses précises, des oracles encore inouïs, dans le sens de l’avenir : ils voyaient déjà devant eux une carrière originale et neuve, ouverte en plein soleil au développement catholique de leurs talents. […] » Celui-ci, dégageant tout d’un coup son talent de parole comme une épée qu’on sort du fourreau, a saisi toutes les occasions éclatantes, les a rehaussées même par une affectation de singularité, et n’a pas craint de pousser à bout son antithèse absolue et provocatrice, de poser hautement sa contradiction à la fois monacale et libérale, mettant désormais quasi sur la même ligne (nouveauté étrange !)
Pour comprendre un tableau et se bien représenter le genre de talent qui l’a conçu et exécuté, on n’est pas un peintre ; pour comprendre l’idée et l’exécution d’une action de guerre, on n’est pas un général : on reste un critique ; l’essentiel est de l’être avec le plus d’ouverture autour de soi et le plus d’étendue qu’on le peut. […] Autre chose est d’envoyer les troupes à l’ennemi, ou de les mener soi-même bien fièrement, et le premier. » Un de ses talents comme chef était donc de connaître son monde, et, dans l’occasion, de l’électriser. […] Dans toute sa carrière active antérieure, il a montré l’instinct et le sentiment de la grande guerre, de brillantes et solides parties, des talents de plus d’un genre qui le classent comme capitaine à une belle place entre ceux qui viennent après les plus grands.
Attachez-vous surtout à ceux qui ont le talent de s’exprimer en phrases vagues, lourdes ou renversées. […] Ces soins sont une partie essentielle de ceux de la royauté, et ne sont pas les moins difficiles à remplir ; mais ils ne le seront pas pour Votre Majesté, vu les talents que Dieu lui a donnés pour se faire aimer de ceux dont elle veut l’être, et pour discerner le mérite. » Un peu de flatterie, il en faut ; il faut le passeport au conseil. […] Il a de l’élévation dans l’esprit et des sentiments dans le cœur… » Et l’on peut remarquer, à ce propos, que le maréchal de Noailles avait le talent de ne pas choisir trop mal ses amis : sous la Régence, il avait adopté le chancelier d’Aguesseau et se l’était étroitement attaché et acquis ; en 1743, il poussait le comte de Saxe.
Mais à côté de ce genre d’écrire, toujours un peu uniforme et académique, il en est un autre, bien autrement libre, capricieux et mobile, sans méthode traditionnelle, et tout conforme à la diversité des talents et des génies. […] Les talents les plus libres et les plus origiraux ne deviennent parfaits que s’ils ont eu une discipline première, s’ils ont fait une bonne rhétorique ; Mme de Sévigné fit la sienne sous Ménage et sous Chapelain. […] On a un charmant portrait de Mme de Sévigné jeune par l’abbé Arnauld ; il faut qu’elle ait eu bien de l’éclat et de la couleur pour en communiquer un moment au style de ce digne abbé, qui ne paraît pas avoir eu, comme écrivain, tout le talent de la famille : « Ce fut en ce voyage, dit-il en ses Mémoires (à l’année 1657), que M. de Sévigné me fit faire connoissance avec l’illustre marquise de Sévigné, sa nièce… Il me semble que je la vois encore telle qu’elle me parut la première fois que j’eus l’honneur de la voir, arrivant dans le fond de son carrosse tout ouvert, au milieu de M. son fils et de mademoiselle sa fille : tous trois tels que les poëtes représentent Latone au milieu du jeune Apollon et de la jeune Diane, tant il éclatoit d’agrément dans la mère et dans les enfants !
Un jour pourtant, l’auteur, cédant à un mouvement de confiance qui lui faisait lever sa barrière idéale, proposa à un ami d’arranger une lecture devant un petit nombre de personnes : cette offre, jetée en avant, ne fut pas relevée ; on lui croyait sans peine un esprit agréable, mais non pas un talent d’écrivain. […] S’il fallait se prononcer et choisir entre des productions presque également charmantes, nous serions bien embarrassé vraiment ; car si Eugène de Rothelin nous représente le talent de Mme de Souza dans sa plus ingénieuse perfection, Adèle nous le fait saisir dans son jet le plus naturel, le plus voisin de sa source et, pour ainsi dire, le plus jaillissant. […] Mme de Souza est un esprit, un talent qui se rattache tout à fait au dix-huitième siècle.
Et puis, s’il faut le dire, je ne vois pas ce que gagne la dignité commune à ce dénigrement perpétuel d’une profession honorée par de si grands talents, de si purs caractères. […] Augier ; il a dépensé beaucoup de talent dans sa pièce, et il en a tiré fort peu d’intérêt ; l’action est confuse, les situations s’embrouillent, les scènes traînent en longueur, l’esprit parfois brutal du langage ne recouvre pas l’indécision du plan et la faiblesse de l’intrigue. […] A défaut de talent il a des poumons.
C’est là aussi un côté bien essentiel de Chateaubriand, la veine qui tient au plus profond de sa nature et de son talent. […] Nous serons très discret à notre tour, nous efforçant seulement de bien définir cette corde si fondamentale en ce qui touche l’âme et le talent du grand écrivain. […] Il la plaint naïvement de n’être pas venue : « Oui, vous avez perdu une partie de votre gloire en me quittant (c’est-à-dire en ne venant pas) ; il fallait m’aimer, ne fût-ce que par amour de votre talent et intérêt de votre renommée. » Voilà, du moins, qui est sincère.
Dès qu’elle était dans un intérieur, elle y était initiée comme pas une, et, par une sorte de vocation et de talent, elle y présidait bientôt insensiblement, et sans titre officiel, à tout ce qui s’y faisait d’habituel et de journalier, soit dans le ménage, soit dans le salon. […] Si l’on peut entrevoir ici en Mme de Maintenon, pour peu qu’on y réfléchisse, la femme de quarante-cinq ans la plus experte et la plus consommée en l’art de nouer une trame, une intrigue mi-partie de sensualité et de sentiment, sous couleur de religion et de vertu, on doit reconnaître aussi le talent d’esprit qu’elle dut y mettre et ce charme de conversation par lequel elle amusait, éludait et enchaînait un roi moins ardent qu’autrefois et qui s’étonnait de prendre goût à cette lenteur toute nouvelle. […] Deux côtés seulement la laissent très recommandable aux yeux de la postérité : la fondation de Saint-Cyr d’abord, et son talent d’excellent écrivain.
Voltaire le plus souvent cédait et criait de sa place, en s’apercevant du changement : « Le petit a raison ; c’est mieux comme cela. » Tel il était jeune à Ferney près de Voltaire, tel près de Chateaubriand à la fin de sa carrière, quand il disait à l’auteur du Génie du christianisme : « Enfermez-vous avec moi pendant quelques matinées, et nous ôterons tous ces défauts qui les font crier, pour n’y laisser que les beautés qui les offensent. » Je tiens à bien marquer en La Harpe cette nature essentielle de critique qui, à travers tous ses écarts, est son titre respectable ; qui fait que Voltaire a pu l’appeler à un certain moment « un jeune homme plein de vertu » (ce que les Latins auraient appelé animosus infans), et qui fait aussi que Chateaubriand l’a défini, « somme toute, un esprit droit, éclairé, impartial au milieu de ses passions, capable de sentir le talent, de l’admirer, de pleurer à de beaux vers ou à une belle action ». […] Condorcet (car il paraît que c’est bien lui), avec cette acrimonie réfléchie qui était un de ses talents, fit insérer dans le Journal de Paris une lettre, dans laquelle l’article était dénoncé à la vindicte des frères et amis et que signa le marquis de Villevieille. […] Il y a des régions pour les esprits et les talents : celle de La Harpe, c’était la région moyenne des esprits cultivés de son temps ; et c’est pour s’y être tenu et y avoir rassemblé toutes ses forces, qu’il a si utilement agi et si réellement influé autour de lui.
Partagé jusqu’à la fin entre des fonctions graves et le goût des lettres, dispersé avec originalité dans des études diverses, il n’a jamais donné à aucun de ses ouvrages ce feu continu, cette fusion égale, ce poli qui fait l’éclat ; avec des idées de tout genre, des vues vastes, des saillies pénétrantes, et une masse de connaissances précises, il n’a jamais eu la mise en œuvre et la mise en valeur, ce soin de la forme et de l’achèvement par où le talent s’accommode avec bonheur au goût de la société présente, et la ravit ou la domine en s’en rapprochant. […] Quel autre a jamais possédé le talent de narrer avec plus de grâce, de naturel et de facilité ? […] Dans cette course rapide et ce séjour de dix mois à travers l’Italie, il y a certes des côtés qu’il n’a fait qu’entrevoir en courant, et où d’autres talents trouveront matière à conquête ; la Campagne romaine, par exemple, les collines d’alentour, Tibur, la Villa Adriana, sont des lieux dont Chateaubriand un jour évoquera le génie attristé et nous peindra les mélancoliques splendeurs : de Brosses reste le premier critique pénétrant, fin, gai et de grand coup d’œil, qui a bien vu dans ses contradictions et ses merveilles ce monde d’Italie.
Mais monsieur ou madame a du talent, pourtant. […] Ce talent n’est pas d’ailleurs un phénomène. […] Mme Stern n’est en réalité qu’une volontaire, toujours en révolte contre son organisme féminin, et la volonté n’a jamais mieux démontré qu’elle n’est pas le talent et qu’elle peut être l’impuissance… Savante, dit-on, du moins de pose savante ; allemande d’éducation intellectuelle ; hégélienne peut-être et, dans tous les cas, très digne de l’être, elle a trouvé que ce n’était pas encore assez de savoir l’allemand et elle s’est mise à apprendre le hollandais pour faire le livre que voici.
Ainsi dominé, jusque dans sa fougue, le talent appartient moins à l’art qu’à la politique et demeure un symptôme du temps plutôt qu’une distinction originale. […] Dans la liberté d’écrire qui était dès longtemps le droit commun des Anglais, et parmi les hommes d’étude et de talent dont elle faisait la force, on rêvait volontiers quelque chose au-delà de cette liberté bien acquise et peu gênée. […] Il est plein de trouble et de passion : il a quelque chose de cette fougue effrénée qu’à certaines époques le talent affecte de se donner par système.
Alphonse Daudet Paul Delair, écrivain de grand talent, un peu confus parfois, mais avec des éclairs et de la grandeur, un poète.
Mais combien de talents qui ont perdu l’occasion de donner toute leur mesure !
Il n’est point de revers particuliers attachés aux Gens de Lettres, & s’ils sont poursuivis par la haine, l’envie ou la tyrannie, c’est un malheur commun à toute espéce de Talent.
Arcq, [Philippe – Auguste de Sainte-Foi, Chevalier d’] né avec beaucoup d’esprit & de talent ; il a cultivé les Lettres par goût, & les Ouvrages qu’il a publiés ont été accueillis du Public.
Après s’être exercé dans des genres de pur agrément, & avoir publié plusieurs Poëmes, qui annoncent de l’esprit & le talent d’écrire avec autant de correction que d’élégance, cet Auteur a consacré sa plume à un genre plus élevé & plus capable d’assurer sa réputation.
Charleval, [Jean-Louis Faucon de Ris, sieur de] né à Paris en 1613, mort dans la même ville en 1693 ; Bel-Esprit de son temps, qui cultiva les Lettres, & fit des vers pour son plaisir, dont il ne nous est parvenu que quelques Pieces, qui font connoître qu’il avoit du talent pour la Poésie légere.
Ses Entretiens sur les Romans, & ses autres Ouvrages littéraires, annoncent des connoissances, le talent d’écrire, sans avoir rien qui les distingue de cette foule de Productions qui se perdent dans le Public.
Peyrilhe s’est imposée, & qu’il a remplie avec autant d’exactitude & de méthode, que d’intelligence & de talent.
Il y aura toujours une très-grande différence entre les honneurs décernés par une Postérité sage aux plumes vertueuses consacrées à l’amour du bien général, sur-tout dans une partie aussi essentielle que l’éducation de la Jeunesse, & l’atroce célébrité de tant de Productions funestes, que le vain appareil du talent ne sera jamais capable de sauver de l’indignation des Siecles moins corrompus que le nôtre.
Dans son Discours de réception à l'Académie Françoise, autre genre de talent.
Le public ne fait jamais beaucoup de cas des ouvrages d’un poëte qui n’a pour tout talent que celui de réussir dans la mécanique de son art.
Les hommes distingués, qui passent par cette double phase et arrivent promptement à la seconde, n’y acquièrent, en avançant, qu’un talent critique fin et sagace, comme M. de La Rochefoucauld, par exemple, mais pas de mouvement animateur ni de force de création. […] Jamais le libre et prompt talent de Molière pour les vers n’éclata plus évidemment que dans cette comédie satirique, dans les scènes du piquet ou de la chasse. […] Éteignez, atténuez, déguisez le fait sous toutes les réserves imaginables ; malgré l’éclat du talent et de la faveur, il restait dans la condition de Molière quelque chose dont il souffrait. […] Villemain, dans son morceau sur Pascal, avait déjà rapproché celui-ci de Molière, mais seulement comme auteur des Provinciales, et pour le talent de la raillerie […] Dans le tome Ier des Hommes illustres de Perrault, l’article Molière se termine par cet éloge : « Il a ramassé en lui seul tous les talents nécessaires à un comédien.
Philarète Chasles Souvent remarqué par les critiques et apprécié de la partie saine du public, ce poète, dont les premiers pas avaient été contrariés par la Révolution, eut à subir en outre les conséquences non moins fatales pour son talent d’un changement de mode littéraire.
On voit la variété et la distinction de ce livret de vers, et quel succès il mériterait si la culture du talent était, même quelquefois, récompensée à l’égal de la culture des jardins ; mais que les âmes jouissent de la grâce qui leur est départie, et qu’elles en jouissent, égoïstes, en attendant que les autrui qui méritent d’y communier forcent les portes de la cellule pour prendre part — en voleurs — au festin mystique.
Dans son premier recueil paru au cours de sa vingtième année, il avait déjà montré un talent sympathique et consciencieux.
Son Plaidoyer pour le Brun prouve tout à la fois son talent pour l’éloquence, & l’humanité de ses sentimens.
Il est vrai qu’il ne fut point heureux dans ce genre d’escrime ; la partie étoit trop inégale : le goût & la raison assaisonnés du sel de l’Epigramme, seront toujours les fléaux du médiocre talent ; mais enfin il ne lui vint pas dans l’esprit d’employer le crédit de ses Mécenes, puissans & en grand nombre, pour opprimer ses Censeurs.