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1518. (1920) Action, n° 2, mars 1920

La même nuit, sa propre fille en amour n’a pas une pensée pour le misérable : tandis qu’on est en train de le pendre et que ce père se balance déjà au bout de la corde, tirant la langue, cette fille si sensible, qui aime tant la musique, tient des propos délicieux aux étoiles et chante les plus doux vers du monde. […] Voir le Trésor de la langue française et la base Frantext (interrogation du corpus postérieur à 1865). […] Renée Dunan emprunte le mot zaïmph à Salammbô où ce mot punique désigne le voile de Tanit (Trésor de la langue française). […] Né dans une famille juive d’un père alsacien et d’une mère lorraine, il fait ses études à Metz, en langue allemande, puis à Strasbourg. […] René Schickele (1883-1940), écrivain français de langues allemande et française.

1519. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Chapitre II. Vérification de la loi par l’examen de la littérature française » pp. 34-154

Quelle que fût sa langue, latine, ou franque, ou romane, le peuple n’a pas cessé de chanter ; il est impossible, de par les lois psychologiques et de par l’expérience, d’admettre un seul instant un silence séculaire ; au contraire, la nouvelle religion, le nouvel état politique et social devaient provoquer une nouvelle poésie. […] Que dans le domaine religieux le peuple ait subi jusqu’à un certain point la langue latine, de l’Église, cela est vraisemblable ; mais il ne faudrait rien exagérer ; les textes nommés ci-dessus prouvent la coexistence d’une poésie romane ; les soins des clercs nous ont conservé ces quelques textes, parce qu’ils sont de nature religieuse ; mais la poésie profane ? […] Les plus anciens monuments en langue vulgaire que nous possédions nous indiquent simplement à quelle date le français, suffisamment différencié du latin, était déjà (mais depuis quand ?) […] Ce caractère lyrique de la première période est le fait essentiel ; quand on en sera bien pénétré, on interprétera et on groupera mieux les divers témoignages de la littérature en langue latine ; on retrouvera, derrière le système des clercs, l’âme d’un peuple nouveau, et le jugement total que nous portons sur cette époque de nos origines s’en trouvera heureusement modifié, dans un sens de plus grande justice historique. […] Que, dans une histoire de la langue, on nomme Pascal comme on nomme Calvin, ou, en Allemagne, Luther, soit ; qu’on le prenne, après Descartes, et par opposition à lui en le rapprochant de Montaigne, comme un représentant insigne de la pensée française au xviie  siècle, et qu’on dise à propos de lui toute l’importance du Jansénisme dans la littérature de l’époque, cela est nécessaire ; mais, pour l’essentiel, qu’on le remette dans son domaine, parmi les moralistes ; non dans l’art qui resplendit en œuvres définitives, mais dans la pensée qui cherche la voie, comme un pilote dans la nuit.

1520. (1864) Le roman contemporain

Le premier roman qui ait été écrit dans notre langue, le Roman de la Rose, cette œuvre de deux plumes, celle de Guillaume de Lorris et celle de Jean de Meung, ne saurait être lu aujourd’hui que par les critiques qui y cherchent des lumières sur le mouvement des esprits au treizième et au quatorzième siècle, et sur les premiers bégaiements de la langue française. […] Sauf quelques livres hors ligne, Gil Blas, par exemple, qui durera autant que notre langue, combien peu ont survécu au temps qui les avait vus naître ! […] Je crains qu’il n’en arrive autant à Victor Hugo, qui, pour avoir voulu créer une langue qui lui appartient en propre, ne sera plus compris par personne dans vingt-cinq ans, tandis que madame Sand vivra, au moins dans quelques-unes de ses meilleures œuvres, par son style, qui continue la grande tradition de la langue française. […] Mais la confession entraîne d’immenses abus, elle détruit l’intimité morale du mariage, « elle fait faire deux lits aux âmes », pour parler votre langue étrange. […] L’intrigue est vulgaire, la langue boîte à chaque pas, l’intérêt n’existe pas.

1521. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome I

Aussi ses feuilletons réunis forment-ils un véritable Cours de littérature dramatique, et peut-être le meilleur que nous ayons dans notre langue ; c’est même la persuasion où nous sommes à ce sujet, qui nous a engagé à choisir le titre sous lequel nous avons publié ce recueil. […] Geoffroy ne ressemblait pas à ces critiques qui démentent dans un article du lendemain les doctrines qu’ils ont défendues la veille, qui dans la même semaine se montrent classiques et romantiques, qui jurent par Racine et composent comme Schiller, qui défendent Aristote et obéissent à Shakespeare, et qui parlent enfin deux langues différentes, l’une à la chaire de l’Académie et l’autre sur le théâtre du faubourg Saint-Germain. […] Les opéras ne sont et ne peuvent être que des canevas qui fournissent à la musique des situations qu’elle puisse exprimer dans sa langue, et cette langue est essentiellement différente de la déclamation ; tout ce qui n’est point chant ou morceau d’ensemble, n’est donc qu’un remplissage que les Italiens ont le bon esprit de ne pas écouter. […] Ce ne fut pas pour maintenir la pureté de la langue qu’il érigea ce tribunal, mais pour contenir les auteurs qui tenteraient de secouer le joug. […] Il a dû déplaire à Voltaire, qui, dans son commerce avec les grands et les riches, mettait tant de grâce et d’urbanité ; mais il aurait dû pardonner au sublime Corneille de ne pas savoir manier agréablement des bagatelles : pourquoi insulter, sans aucun égard, à la mauvaise prose d’un homme qui a fait les plus beaux vers dont la langue française puisse s’honorer ?

1522. (1859) Critique. Portraits et caractères contemporains

Quelle est, dans ce conte de Perrault, la jeune fille condamnée par les méchantes fées à faire un plat avec des yeux de fourmis et des langues de colibris ? […] Villemain. — Son style. — État présent de la langue française. — Invasion des barbares. — Conclusion. […] Villemain resteront une des pages de notre langue, malheureuse langue insultée à plaisir par les sacristains et par les cuistres, et qui va se dégradant, chaque jour, dans les poèmes de l’algèbre et dans les cantiques de l’industrie. […] aimez-les d’un zèle infatigable et d’une passion généreuse, et, par votre zèle et par vos respects, honorez la langue que parlaient vos pères, défendez la langue que parleront vos enfants. […] Monteil, il a fait son profit de cette bouillie écrite en lettres saxonnes dans une langue dont il ne savait pas le premier mot !

1523. (1882) Autour de la table (nouv. éd.) pp. 1-376

Mais qu’importe la langue dans laquelle le génie rend ses oracles ! la langue de Mickiewicz est le catholicisme. […] Malheur à qui épuise pour la foule sa voix ou sa langue ! […] Son cœur était meilleur que sa langue. […] Joignez à cela que je savais très imparfaitement ma langue.

1524. (1896) Les idées en marche pp. 1-385

Où mène-t-on la claire langue française, ce cristal des esprits lucides ? […] L’axiome célèbre : On est autant de fois homme qu’on sait de langues, n’est pas exact. […] La langue française est admirable, pour esquiver tout précipice légal, aux mains de qui sait la manier. […] La langue de Loti ! […] Le mot, dans une langue aussi vieille et chargée que la langue française, est, à lui seul, un petit système.

1525. (1933) De mon temps…

Marcel Prévost, quelques autres de nos confrères et moi-même fûmes du cortège qui ramena, au Palais Mazarin, Anatole France, le frondeur, dont le scepticisme, en ce monde, ne respecta à peu près rien, sinon l’honneur de la Langue française. […] Je l’ai entendu déclarer que L’Abbé Jules était « un livre étonnant » et il tenait en haute estime l’auteur du Calvaire et de Sébastien Roch, qui fut, en effet, un écrivain vigoureux, usant d’une langue de bon aloi et ne faisant subir à la syntaxe aucun des supplices dont il avait complaisamment énuméré, dans son fameux « Jardin » les variétés les plus asiatiques et les plus compliquées. […] Les littératures étrangères l’attiraient et sa connaissance de plusieurs langues lui en rendait l’accès facile. […] Pour l’écrire, Verhaeren s’est créé une langue originale par la variété de son vocabulaire qui ne proscrit ni le néologisme ni le terme technique, par les hardiesses de sa syntaxe qui ose des virtuosités singulièrement expressives. […] Ses livres sont d’un écrivain délicieux qui sait sa langue en puriste et l’emploie en artiste.

1526. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Roederer. — III. (Fin.) » pp. 371-393

Il y a plus : les femmes jouèrent toujours un grand rôle dans la pensée de Roederer ; il les aimait, entre autres choses, pour leur esprit, pour leur conversation, pour le charme qu’elles mettaient dans la société, et pour la part de culture qu’elles apportèrent dans la formation de la langue. […] Génin, dans la Vie de Molière qu’il a mise en tête de son Lexique comparé de la langue de Molière et des écrivains du xviie  siècle, p. 

1527. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « [Chapitre 5] — II » pp. 112-130

Parlant des siens et de sa race : On ne peut, dans ma famille, nous définir autrement que ce qui suit : Le cœur excellent, l’esprit moins bon que le cœur, et la langue plus mauvaise que tout cela. Il entend cette langue mauvaise dans le sens de l’éloquence et de l’élocution, qui ne répond pas au reste ; et comme c’est en partie affaire d’habitude, il convient que lui et son frère s’en tirent mieux que le reste de la famille.

1528. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) «  Essais, lettres et pensées de Mme  de Tracy  » pp. 189-209

Elle rompait là-dessus des lances avec ses parents et amis d’autrefois : et cependant, quand l’Empereur rencontrait Mme de Coigny aux Tuileries, la sachant femme avant tout, prompte aux bons mots et aux reparties, il lui arrivait le plus souvent de lui demander : « Comment va la langue ?  […] Comprendre chaque Père de l’Église, le rendre avec la physionomie qui lui est propre, lui faire parler sa langue, le faire agir sur la scène où il a vécu, c’était son ambition première, et elle excédait ses forces : de plus savants qu’elle sont restés en chemin.

1529. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Œuvres de Louise Labé, la Belle Cordière. »

De méchantes langues se sont raillées de lui, et un aimable poète du temps, ami de Joachim du Bellay, Olivier de Magny, qui vit beaucoup la belle Louise à son passage à Lyon, à son aller en Italie ou à son retour, a fait ces vers à Sire Aymon : Si je voulais par quelque effort Pourchasser la perte ou la mort Du Sire Aymon, et j’eusse envie Que sa femme lui fût ravie. […] On n’en peut lire quelques pages sans être vivement frappé, ce me semble, de la fermeté, de la netteté, de la maturité précoce et continue de cette jeune langue du xvie  siècle dans la prose, et de l’antériorité de formation de celle-ci sur les vers.

1530. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat (suite.) »

« L’Empereur, parlant de Catinat, disait l’avoir trouvé fort au-dessous de sa réputation, à l’inspection des lieux où il avait opéré en Italie et à la lecture de sa Correspondance avec Louvois. » Napoléon ne le trouvait nullement comparable à Vendôme ; il eût dit de Catinat, servant sous ses ordres, ce qu’il disait de Saint-Cyr : « Saint-Cyr, général très-prudent. » Toute la manière de voir et d’agir de Catinat a été exposée au long par lui-même dans ses lettres confidentielles à son frère Croisilles ; il le fait dans une langue naïve et forte, un peu enveloppée, médiocrement polie, grosse de raisons, et qui sent son fonds d’esprit solide ; il faut en passer par là, si on veut le comprendre, et bien posséder son Catinat, nature originale et compliquée, un peu difficile à déchiffrer, et qui ne se laisse pas lire couramment : « Si je t’entretenais au coin du feu de notre campagne, disait-il à ce frère qui était un autre lui-même (31 octobre 1691), j’aurais bien du plaisir à te faire toucher au doigt et à l’œil ma conduite et les prévoyances que j’ai eues sur ce qui pouvait arriver, et comme il a fallu charrier droit pour faire aller la campagne aussi loin qu’elle a été, sans exposer tout le gros des affaires. […] On aura déjà remarqué que, dans sa langue inélégante mais saine, Catinat prend volontiers les mots dans une acception un peu plus ancienne que sous Louis XIV ; quand il écrit, il est comme Vauban, un peu suranné de langage.

1531. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (6e partie) » pp. 129-176

VII Le meurtre de Madame Élisabeth, jeune sœur du roi, n’a dans aucune langue, excepté dans la langue des anthropophages, de mot pour le caractériser.

1532. (1892) Boileau « Chapitre II. La poésie de Boileau » pp. 44-72

Quant à la peindre en réaliste, pour étaler à nos yeux la richesse des couleurs et la singularité des formes sans en faire les manifestations d’une âme, il lui eût fallu des moyens d’expression que la versification et la langue d’alors ne mettaient pas à sa disposition. […] Et rappelez-vous avec quelle franchise hardie d’expressions Boileau nous présente tous ces plats qui défilent : le potage où paraît un coq, les deux assiettes,               … Dont l’une était ornée D’une langue en ragoût de persil couronnée, L’autre d’un godiveau tout brûlé par dehors Dont un beurre gluant inondait tous les bords ; le rôt où trois lapins de chou s’élevaient Sur un lièvre flanqué de six poulets étiques ; et le cordon d’alouettes, et les six pigeons étalés sur les bords du plat, Présentant pour renfort leurs squelettes brûlés ; et les salades : L’une de pourpier jaune et l’autre d’herbes fades, Dont l’huile de fort loin saisissait l’odorat, Et nageait dans des flots de vinaigre rosat ; et le jambon de Mayence, avec les deux assiettes qui l’accompagnent, L’une de champignons avec des ris de veau, Et l’autre de pois verts qui se noyaient dans l’eau.

1533. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre II. Littérature bourgeoise — Chapitre I. Roman de Renart et Fabliaux »

Il y en eut même certainement qui naquirent en France, et n’ont pu naître que là, utilisant tantôt des aventures réelles, tantôt et surtout des particularités locales de mœurs et de langue. […] Les points extrêmes où nous conduisent toutes ces aventures de bourgeois et de vilains sont à peu près Decize, Avranches, Anvers et Cologne : mais la scène le plus souvent est située quelque part entre Orléans, Rouen, Arras et Troyes, en pleine terre française, champenoise et picarde, dans toutes ces bonnes villes et villages où l’homme ne peut ni se passer de la société de son voisin, ni s’abstenir d’en médire, où, tout aux soucis et aux joies de la vie matérielle, pourvu qu’il ait de bons écus dans sa bourse et de bon vin dans sa cave, l’esprit libre et la langue alerte, il se moque allègrement du reste, qu’il ignore.

1534. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre II. La première génération des grands classiques — Chapitre II. Corneille »

Corneille est un grand, même un excellent écrivain : il parle la langue de son temps, qui a parfois vieilli, une langue un peu dure, un peu fendue, admirable de vigueur et de précision.

1535. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Anatole France »

Bonnard s’exprime dans la langue la plus pure, la mieux rythmée, la plus harmonieuse, dans une langue toute nourrie de grâce et de beauté grecques.

1536. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XIII. Retour de Molière à Paris » pp. 225-264

Un des ennemis du poète comique, Saumaise, allait bientôt lui reprocher cette imitation comme « une singerie dont il était seul capable41 », et bientôt aussi, en 1661, Boursault s’empara du même sujet en disant simplement : « Le sujet est italien : il a été traduit dans notre langue, représenté de tous côtés. » La Jalousie du Barbouillé a une autre origine. […] La pièce italienne est passionnée : les sentiments des personnages y ont toute leur énergie et tout leur abandon ; les emportements de Rodrigue sont de véritables fureurs ; ses retours sont sans réserve : aux injures brutales succèdent d’amoureuses litanies où se déroule tout ce que la langue italienne possède d’expressions de tendresse : — O mio bene !

1537. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre douzième. »

C’est cette ressemblance nécessaire des styles, dans la différence des sujets ou du génie particulier des grands écrivains, qui fait la beauté de notre littérature : c’est l’unité de la langue dans la diversité des écrits. […] L’art de l’écrivain supérieur est de les aller chercher au fond de nous-mêmes, où elles sont comme étouffées et assoupies par nos besoins et nos passions, et de les exprimer dans le caractère et la sévère beauté de la langue de son pays.

1538. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XII. La littérature et la religion » pp. 294-312

Le drame sacré a commencé par être écrit en latin, la langue de l’Eglise. Puis on a composé des pièces farcies, moitié françaises, moitié latines ; enfin la langue vulgaire l’a tout à fait emporté.

1539. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre IV, Eschyle. »

Ses dieux se rassérènent, ses marbres se détendent, ses lois se polissent, sa langue s’éclaircit et s’affine. […] La langue, chez lui, n’a rien du développement oratoire qu’elle prend dans Sophocle et dans Euripide ; elle ne déroule pas la pensée, elle la darde en vers soudains et rapides, isolés comme les flèches que le sagittaire lance de son carquois, une à une.

1540. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur de Broglie. » pp. 376-398

Doué d’une grande facilité de travail, d’une vaste mémoire, en possession des langues anciennes et de la plupart des langues modernes, il lit les auteurs et les livres d’un bout à l’autre ; il s’instruit en les contrôlant ; il est impartial pour ceux mêmes envers qui il se montre sévère.

1541. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Mme de Caylus et de ce qu’on appelle Urbanité. » pp. 56-77

Il m’est souvent arrivé de parler de cet âge heureux de la langue et du goût qui, chez nous, correspond à la fin du xviie  siècle et au commencement du xviiie , quand, après l’apparition des plus grandes œuvres et dans le voisinage des meilleurs esprits comme des plus aimables, la délicatesse était extrême, et que la corruption (j’appelle ainsi la prétention) n’était pas encore venue. […] Ajoutez à cette page de Mme de Caylus une Conversation au siège devant Lille, que nous a rapportée Pellisson, et vous comprendrez le côté, si j’ose dire littéraire de Louis XIV, et comment la langue, par le sens et le tour, était excellente et encore royale quand il la parlait.

1542. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Biographie de Camille Desmoulins, par M. Éd. Fleury. (1850.) » pp. 98-122

J’avais eu l’idée, après avoir montré le parfait langage du siècle de Louis XIV dans sa fleur et son élégance dernière chez la plus charmante élève de Mme de Maintenon, après avoir considéré le style du xviiie  siècle dans sa plénitude de vigueur et d’éclat chez Jean-Jacques Rousseau, d’aborder aussitôt la langue révolutionnaire chez l’homme qui passe pour l’avoir maniée avec le plus de verve et de talent, chez Camille Desmoulins. […] Mon point de vue d’ailleurs est restreint, et, sans fuir ce qui me semble à dire en politique, je me bornerai le plus possible à ce qui est de la langue et du goût.

1543. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mademoiselle de Scudéry. » pp. 121-143

On s’affranchissait de l’Antiquité et des langues savantes ; on voulait savoir sa langue maternelle, et on s’adressait aux grammairiens de profession.

1544. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Armand Carrel. — II. (Suite.) Janvier 1830-mars 1831. » pp. 105-127

Le poète, à la lecture du premier article de Carrel sur les représentations d’Hernani, lui avait écrit une lettre explicative, et dans laquelle il lui rappelait les singulières prétentions des soi-disant classiques du jour ; Carrel y répondit par une lettre non moins développée qui commençait en ces termes : « Je suis pour les classiques, il est vrai, monsieur, mais les classiques que je me fais honneur de reconnaître pour tels sont morts depuis longtemps. » Dans la critique de l’Othello de M. de Vigny, il se faisait fort de prouver « que toute la langue qu’il faut pour traduire Shakespeare est dans Corneille, Racine et Molière ». Mais la seule combinaison de la langue de ces trois hommes ne serait-elle donc pas la plus grande et la plus neuve des originalités ?

1545. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1881 » pp. 132-169

Quand on entre, on le voit dans l’entrebâillement de la porte du vestibule, qui vous dit, avec un clappement de langue gourmand, et l’avance d’une main, qu’il n’ose pas vous donner : « Je fais un plat !  […] Alors pourquoi Rachel, la cherchait-elle avec ses lèvres et sa langue, pendant une heure, une heure et demie ?

1546. (1920) Action, n° 4, juillet 1920, Extraits

Seul ce qu’un homme construit a une langue ; pour former l’homme : et seule cette œuvre a une valeur. […] Elle lance son cosmorama… en un paroxysme extatique, en une tristesse martyrisante, en une douce et musicale élégie, avec la simultanéité de sentiments qui s’entrechoquent, dans la destruction chaotique de la langue, dans la caricature térébrante de l’enfer terrestre, dans sa nostalgie démente de Dieu, de la bonté, de l’amour et de la fraternisation.

1547. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Nisard » pp. 81-110

Nisard n’a jamais fait fléchir devant aucune nécessité de douceur et de politesse — et on voit maintenant si ces nécessités sont dans ses goûts naturels — une seule des religions de sa vie : soit l’autorité de l’enseignement, soit la pureté du goût, soit l’amour de la langue française, soit la morale chrétienne qui comprend tout, même en littérature. […] Faites-moi le plaisir d’écouter ce doux et intéressant train de langues : « Mais, mon Dieu !

1548. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « X. M. Nettement » pp. 239-265

Quant au style, dont il reste à parler, il ne sauvera pas la faiblesse d’une œuvre qui, plus qu’aucune autre, avait besoin, pour arrêter et contenir ce qu’elle a de trop facile et de trop lâché, du ferme tissu d’une langue bien faite. […] Nettement n’a point cette langue-là.

1549. (1894) La bataille littéraire. Sixième série (1891-1892) pp. 1-368

Il y résiste, et c’est en s’acheminant vers ce dénouement que l’on ressent le charme de ce livre écrit simplement dans une bonne langue, poétique souvent, et vigoureuse quand il le faut. […] C’est le divorce, si facile en Amérique, qui a fourni les éléments du plaidoyer ; plaidoyer présenté dans une langue précise et piqueté de mots de l’esprit le plus parisien. […] Nul mieux que lui ne sait prendre les idées, la langue d’un temps, vivre dans l’au-delà des siècles et nous en rapporter la couleur et le parfum. […] On, l’attaque beaucoup, et assez justement, je le reconnais, au point de vue de la langue qu’on parle dans son théâtre tout d’improvisation. […] En homme convaincu, il ne mâchonne pas ses opinions, et son amour pour notre belle langue française lui inspire des indignations de grande liberté d’allure.

1550. (1895) Les mercredis d’un critique, 1894 pp. 3-382

Écrit dans une bonne langue, débordant de passion, d’amour du beau plus que du réel, ce livre renferme les doctrines les plus hardies émises par une âme pleine de foi et de mysticisme. […] BRESSOL. — Alors, je donne ma langue. […] Francis Poictevin semble oublier que tout lecteur, et particulièrement le lecteur français, a la haine de l’effort pour comprendre, qu’il a l’horreur, lui qui généralement n’a pas voulu apprendre une langue étrangère, de traduire une langue faite de mots de la sienne. […] On n’y comprenait rien, mais on applaudissait à la musique de la langue. […] Pouvions-nous oublier le règne de Louis XIV et l’Europe subjuguée bien moins par nos armes que par notre langue, nos mœurs et notre génie ?

1551. (1922) Le stupide XIXe siècle, exposé des insanités meurtrières qui se sont abattues sur la France depuis 130 ans, 1789-1919

11° Il faut remplacer l’étude du latin et du grec, qui est devenue inutile, par celle des langues vivantes, qui est utile. […] Mais, alors que Gambetta se servait de sa langue pour duper et berner, Zola, lui, se servait de sa plume. […] Tandis que le XIXe siècle littéraire qui avait joué l’ange déchu, dans sa première moitié, avec le romantisme, faisait la bête à quatre pattes dans sa seconde, une admirable pléiade d’écrivains et de poètes de langue d’oc, ou d’inspiration et de sensibilité d’oc en langue d’oïl, mûrissait au soleil de Provence. […] Mais ses véritables préférences vont aux proses molles et défibrées, insipides, qui n’ont de nom dans aucune langue (ni notamment, dans la langue française), à un Octave Feuillet, à un Cherbuliez, à un Marcel Prévost par exemple, à la poésie artificielle et mécanique d’un Hérédia, d’un Henri de Régnier, au sinistre néant d’un Aicard. […] Chateaubriand parle quelque part, des cacatoës hypercentenaires de l’Amérique du Sud, qui ont encore, dans le bec, des mots de la langue perdue des Incas.

1552. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre VII. De la littérature latine, depuis la mort d’Auguste jusqu’au règne des Antonins » pp. 176-187

Les premiers qui écrivent et parlent une belle langue, se laissent charmer par l’harmonie des phrases ; et Cicéron ni ses auditeurs ne sentaient pas encore le besoin d’un style plus fort d’idées.

1553. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre premier. »

Si l’on considère qu’il n’y a pas un mot de trop, pas un terme impropre, pas une négligence ; que dans l’espace de trente vers, La Fontaine, en ne faisant que se livrer au courant de sa narration, a pris tous les tons, celui de la poésie la plus gracieuse, la plus élevée : on ne craindra pas d’affirmer qu’à l’époque où cette fable parut, il n’y avait rien de ce qu’on a dans notre langue.

1554. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 16, objection tirée du caractere des romains et des hollandois, réponse à l’objection » pp. 277-289

Il signifie une terre vuide en langue du païs.

1555. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 14, de la danse ou de la saltation théatrale. Comment l’acteur qui faisoit les gestes pouvoit s’accorder avec l’acteur qui récitoit, de la danse des choeurs » pp. 234-247

Seneque dit qu’on voit avec étonnement sur la scéne que le geste des comédiens habiles atteint la parole, et qu’il la joint, pour ainsi dire, malgré la vitesse de la langue.

1556. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre XI. Première partie. Conséquences de l’émancipation de la pensée dans la sphère des idées religieuses » pp. 315-325

En un mot, notre religion, notre langue, nos mœurs, nous constituent chambre des pairs de la grande société européenne ; comme, par les opinions, nous remplissons dans cette même société les fonctions de chambre des communes.

1557. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Topffer »

La langue qu’il parle est de toute beauté, à part le sentiment qui y palpite ou l’émotion qui s’y répand ou qui s’y concentre.

1558. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Le Docteur Véron »

Or, c’est toujours une faute, quand ce n’est pas un crime, de parler la langue des ennemis !

1559. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXV. De Paul Jove, et de ses éloges. »

À la suite de tous ces noms de guerriers ou de princes rassemblés des trois parties du monde, c’est un spectacle curieux de retrouver les noms du Dante, de Pétrarque, de Boccace, de l’Arioste, du cardinal Bibiéna, auteur de la comédie de la Calandre, jouée au Vatican sous Léon X, et du célèbre Machiavel ; sans compter cette foule innombrable de savants, presque tous Grecs ou Italiens, qui dénués, il est vrai, de ce mérite rare du génie, contribuèrent, cependant, par leurs travaux, au rétablissement des lettres, en faisant revivre les langues qui ne s’étaient conservées que chez les chrétiens de Constantinople, et la philosophie ancienne qui, depuis la chute de l’empire, n’avait été cultivée que par les musulmans arabes.

1560. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre VII. De la physique poétique » pp. 221-230

Dans ces premiers temps où l’esprit humain n’avait point tiré de l’art d’écrire, de celui de raisonner et de compter, la subtilité qu’il a aujourd’hui, où la multitude de mots abstraits que nous voyons dans les langues modernes, ne lui avait pas encore donné ses habitudes d’abstraction continuelle, il occupait toutes ses forces dans l’exercice de ces trois belles facultés qu’il doit à son union avec le corps, et qui toutes trois sont relatives à la première opération de l’esprit, l’invention ; il fallait trouver avant de juger, la topique devait précéder la critique, ainsi que nous l’avons dit page 163.

1561. (1932) Le clavecin de Diderot

Linguistique A la psychanalyse de l’univers, de quel secours pourrait être la linguistique, si cette science, s’agît-il de langues mortes, savait, pour rester ou plutôt devenir vivante, remettre au point du temps qui fut le leur, ces familles de mots, dont, en vérité, elle se contente d’ouvrir les sépulcres, à seule fin de donner à s’extasier sur des cadavres rien que cadavres. […] Des langues anciennes, à la maladie, à la mort, en passant par la littérature, l’art, l’inquiétude, les bars, les fumeries et les divers comptoirs d’échantillonnages sexuels, jusqu’ici, pour qui voulait faire son chemin, il s’agissait de se spécialiser c’est-à-dire, sur toute carte de visite réelle ou idéale, d’annoncer, à la suite de son nom, une virtuosité particulière. […] Langue d’oc et langue d’oïl, l’une en l’autre fondue, et, l’Europe a eu sa langue diplomatique. […] Mais cette marmoréenne personne avait des pieds, des pieds de flic, des pieds dont la pesée écrasait le serpent, un pauvre serpent qui, dans une ultime convulsion, relevait la tête et dardait, sous forme de langue, une flamme désespérée qui ne saurait être comparée qu’à ce jet de sperme, dont s’accompagne, dit-on, la mort du pendu. […] Lui, bien entendu, aimait à se frotter contre ma jambe, ne demandait qu’à me prouver la virtuosité de sa longue langue rose.

1562. (1911) Visages d’hier et d’aujourd’hui

Quant à la langue, Moréas voulait qu’on l’enrichît ; et voici ce qu’il demandait : « La bonne et luxuriante et fringante langue française d’avant les Vaugelas et les Boileau-Despréaux, la langue de François Rabelais et de Philippe de Commines, de Villon, de Rutebeuf et de tant d’autres écrivains libres et dardant le terme acut du langage, tels des toxotes de Thrace leurs flèches sinueuses. » Évidemment ! […] Et, la langue des symbolistes, — hélas ! […] Les romantiques l’enrichirent, mais d’une façon bien hasardeuse ; ils manquèrent d’une connaissance approfondie des traditions de la langue. Il faut faire ce qu’ils n’ont pas fait ; il faut mettre la langue française en pleine possession de ses propres richesses, qu’elle néglige. […] Son allégresse de promoteur enthousiaste et de rénovateur rappelle celle qu’il y a dans la Défense et illustration de la langue française.

1563. (1913) Les livres du Temps. Première série pp. -406

C’est par des moyens analogues que Dante fixa pour des siècles la langue italienne. […] Il n’emploie guère que les mois de la langue courante et n’abuse point de l’ellipse. […] On ignorait avec délices les sciences et les langues étrangères. […] Il garde, en religion, sa langue naturaliste. […] Charles Péguy possède merveilleusement sa langue.

1564. (1929) Les livres du Temps. Deuxième série pp. 2-509

Louis Roche abonde en allusions, en réticences : il semble avoir sans cesse un doigt sur la bouche et un bœuf sur la langue. […] Il retrouvait partout en Europe la langue et la culture françaises, dont l’hégémonie était alors incontestée, même à la cour du roi de Prusse. […] Bien qu’il insiste avec un peu de malignité sur les fautes de langue et de style de Sainte-Beuve, qui rima toujours assez laborieusement, M.  […] Il y a de lui quelques poèmes qui sont parmi les plus beaux de la langue française ; mais la moitié environ du recueil (assez mince) de ses poésies complètes est de faible intérêt. […] Jacques Maritain, mais au moins avec des théologiens de cet ordre on a la satisfaction de parler la même langue.

1565. (1873) Molière, sa vie et ses œuvres pp. 1-196

C’est un de ces caprices allègres et charmants où s’ébat, le bonnet sur l’oreille, le cœur sur la main, le mot vif sur la langue, le libre génie français. […] Quel plaisir parfait on éprouve à écouter cette langue impérissable et jeune ! […] Ces Italiens qu’il étudiait, les Scaramouche et les Trivelin, avaient le geste délié autant que la langue. […] Il avait fait de longs efforts pour se débarrasser d’une certaine volubilité de la langue qui affectait son débit lorsqu’il avait abordé le théâtre. […] Encore un coup, ce n’était pas le goût des discours et le prurit de la langue qui poussaient Molière à parler en public, mais l’âpre besoin d’expliquer ses idées et son but.

1566. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « PARNY. » pp. 423-470

Convenons qu’un poëte élégiaque n’est pas nécessairement tenu à de tels frais d’originalité ; il chante dans la langue de son temps, heureux et applaudi quand il y chante le mieux, et il n’a pas charge de refaire avant tout son instrument. […] Au moment de l’apparition du volume, Ginguené, ancien camarade de collége de Parny, mais poussé surtout par son zèle pour la bonne cause, donna dans la Décade jusqu’à trois articles favorables181, analyses détaillées et complaisantes, dans lesquelles il étalait le sujet et préconisait l’œuvre : « L’auteur, disait-il, l’a conçue de manière que les uns (les Dieux) sont aussi ridicules dans leur victoire que les autres dans leur défaite, et qu’il n’y a pas plus à gagner pour les vainqueurs que pour les vaincus. » Après toutes les raisons données de son admiration, le critique finissait par convenir qu’il se trouvait bien par-ci par-là, dans les tableaux, quelques traits « qu’une décence, non pas bégueule, mais philosophique, et que le goût lui-même pouvaient blâmer » ; il n’y voyait qu’un motif de plus pour placer le nouveau poëme à côté de celui de Voltaire, de cet ouvrage, disait Ginguené, « qu’il y a maintenant une véritable tartufferie à ne pas citer au nombre des chefs-d’œuvre de notre langue. » Le succès de la Guerre des Dieux fut tel, que trois éditions authentiques parurent la même année, sans parler de deux ou trois contrefaçons. […] Selon Lemercier, qui s’en rendait mieux compte, il s’agissait, par certains essais, de repoétiser notre langue, devenue trop timide184.

1567. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLVIIIe Entretien. Montesquieu »

« J’ai observé le tissu extérieur d’une langue de mouton, dans l’endroit où elle paraît, à la simple vue, couverte de mamelons. […] « J’ai fait geler la moitié de cette langue, et j’ai trouvé, à la simple vue, les mamelons considérablement diminués ; quelques rangs même des mamelons s’étaient enfoncés dans leur gaîne ; j’en ai examiné le tissu avec un microscope, je n’ai plus vu de pyramides. À mesure que la langue s’est dégelée, les mamelons, à la simple vue, ont paru se relever, et au microscope, les petites houppes ont commencé à reparaître.

1568. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre deuxième. L’émotion, dans son rapport à l’appétit et au mouvement — Chapitre quatrième. Les émotions proprement dites. L’appétit comme origine des émotions et de leurs signes expressifs. »

Wundt a montré avec raison ce qu’il y a d’exact dans les images de la langue vulgaire : une dure nécessité, une douce tendresse, des peines amères, de noirs soucis, une sombre destinée60. […] Quelles que soient les causes, quels que soient les objets, nous ne pouvons faire que désirer ce qui augmente notre activité et repousser ce qui la diminue : la langue des émotions, qu’elles soient physiques ou morales, n’a donc au fond que deux mots traduits de mille manières et avec mille nuances : oui et non. […] C’est pour cela que tous les organes, cœur, artères, nerfs et muscles, sympathisent avec le cerveau et racontent, chacun dans sa langue propre, la souffrance ou la jouissance qu’ils partagent.

1569. (1855) Préface des Chants modernes pp. 1-39

On la remplacerait par des lexicographes, des poëtes, des étymologistes, des romanciers, des historiens, des philosophes et des savants qui recevraient la mission de faire un vrai dictionnaire, d’écrire les origines de la langue française, d’encourager toute tentative nouvelle et sérieuse, de veiller à la liberté du théâtre, de rédiger le Code encore attendu de la propriété littéraire, de préserver partout les intérêts de l’esprit humain, de signaler toute découverte, de faire l’Encyclopédie moderne, d’envoyer des missionnaires à la recherche de toutes les belles choses encore inconnues dans le monde, de traduire incessamment les chefs-d’œuvre des langues étrangères, de formuler la foi la plus haute, de combattre les erreurs et les préjugés qui subsistent encore, de rééditer nos grands poëtes et nos grands prosateurs, enfin de chercher le beau, le vrai et le bien par tous les moyens possibles. […] Elle parle encore une langue étrange, barbare ; elle est hérissée de termes singuliers comme une forteresse est hérissée de canons : il faut lui enseigner notre langage sonore, imagé, facile et à la portée de tous ; il faut la désarmer et lui mettre les diaphanes vêtements de la paix.

1570. (1870) La science et la conscience « Chapitre III : L’histoire »

Sans parler des récits fabuleux sur les origines de Rome, auxquels il n’a manqué, pour en faire un véritable poëme à la façon de l’Iliade, que le génie, la langue et les chants de la Grèce primitive, il faut voir Tite-Live raconter les guerres de Rome contre les cités latines et les peuples italiens ou étrangers, les luttes entre les classes et les partis sur le forum où au sénat. […] Ce qui en fait l’immortelle beauté, ce n’est pas seulement la langue, le style, l’art de la composition ; c’est la pensée, l’esprit dans lequel elle est écrite. […] Retrouver l’immuable dans le variable, l’unité dans la diversité, en un mot, la loi dans le fait, saisir les mêmes traits, les mêmes caractères dans cette variété d’actions, de pensées, d’institutions, de mœurs, de langues, que nous présentent les annales du monde, telle est l’idée fixe de Vico.

1571. (1856) Leçons de physiologie expérimentale appliquée à la médecine. Tome II

COSCHWIZ décrivit et figura un conduit salivaire qui, né de la glande maxillaire, de la glande sublinguale et d’autres glandules, décrirait une arcade sur le dos de la langue auprès de l’épiglotte, d’où partiraient de nombreux rameaux qui iraient s’ouvrir à la surface de la langue. […] AUGUSTIN WALTHER fit des recherches nouvelles sur les conduits salivaires et sur les glandules dorsales de la langue. Il indiqua quelques autres ouvertures de glandes dans la langue ; il crut que la glande sublinguale se continuait avec la glande sous-maxillaire. […] TREW décrit de nouveau des glandules salivaires, leurs conduits, le réseau veineux du dos de la langue, les glandes muqueuses de la base de la langue, les amygdales et les petits conduits latéraux. […] Le morceau de membrane muqueuse appartenant à la base de la langue a seul communiqué à l’eau de macération la viscosité limpide du fluide sécrété.

1572. (1896) Les époques du théâtre français (1636-1850) (2e éd.)

ou plutôt, — comme on dit dans la langue un peu bizarre et un peu tourmentée d’aujourd’hui, mais expressive pourtant, — quelle « envolée » vers les hauteurs ! […] Car, on dit quelquefois que la « langue » de Corneille a vieilli, et, en vérité, je crains que l’on ne se trompe d’un mot. Est-ce que la langue des Provinciales, qui sont de 1656, a vieilli ? Et, mieux encore que cela, est-ce que, dans l’œuvre de Corneille, la langue du Cid et du Menteur n’est pas plus jeune que celle de Rodogune ou d’Héraclius ? […] Regardez-y donc d’un peu près, ou plutôt de très près : c’est à peine si la langue de Racine, en tant que langue, a moins vieilli que celle de Corneille : Ah !

1573. (1888) Études sur le XIXe siècle

Sa biographie a été plusieurs fois racontée dans toutes les langues : en français, par Marc-Monnier ; dans son livre l’Italie est-elle la terre des morts ? […] Cette hypothèse est d’autant plus plausible, que la forme littéraire est un moule changeant, que la langue se modifie de période en période et très vite, et que l’art disparaît plus vite encore que les idées dans le gouffre d’oubli que nous appelons l’immortalité. […] Et qu’on ne leur reproche pas leur éloquence parfois un peu déclamatoire : elle est propre à la langue et au génie italiens, on la retrouve dans tous les livres vraiment italiens, depuis les Scènes de la vie militaire, de M.  […] Dossi est, avant tout, un lettré dans le sens le plus raffiné du mot : on dit qu’il connaît une dizaine de langues. […] Et en une langue tourmentée, incorrecte, mais singulièrement pittoresque et chatoyante sous ses incrustations de néologismes et de barbarismes, sans souci d’aboutir à un tout qu’on puisse appeler roman ou nouvelle, M. 

1574. (1890) Derniers essais de littérature et d’esthétique

Son identité est confirmée par une singulière croix d’émeraudes qu’il porte au cou et par une indication, en langue grecque, dans son livre de prières, et qui révèle le secret de sa naissance et comment il a été sauvé. […] Il est probable que l’archaïsme de la langue suffira toujours pour empêcher un poète comme Dunbar de devenir populaire, dans le sens ordinaire du mot. […] Pope s’efforça de mettre Homère dans la langue ordinaire de son temps, mais à quel résultat arriva-t-il ? […] Swinburne placerait Miss Christina Rossetti, dont l’Hymne du Nouvel An est décrit par lui comme la plus noble des poésies sacrées de notre langue, au point qu’aucune autre ne s’en rapproche assez pour mériter le second rang. […] Il y a quelque chose de charmant à trouver un jeune Hindou qui emploie notre langue avec autant de souci de la mélodie et des termes que le fait M. 

1575. (1879) À propos de « l’Assommoir »

Zola en emprunta le langage, sut faire parler à son héros la langue brûlante qu’avaient connue Jean Gersen et les fanatiques du moyen âge : c’est un mérite bien plus qu’un plagiat  On sait toute l’importance qu’il attache aux détails précis, à la description exacte de tout ce qui fait ses héros. […] Je me demandais pourquoi tripler les difficultés en prenant des personnages, un milieu, une langue, qui m’obligeraient à des audaces trop brutales, si je voulais rester dans la note strictement réelle. […] Quelques méchantes langues soutinrent que M.  […] Je suis descendu, j’ai parcouru, à travers un ennui noir et une répugnance écœurante, cet égout collecteur des mœurs et de la langue, enjambant, à chaque pas, des ruisseaux fangeux, des tas de linge sale humés avec ivresse par leurs ignobles brasseuses, Et ce que Bec-Salé vomit sur son chemin.

1576. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1893 » pp. 97-181

Villard m’entretenait d’un voyage qu’il avait fait en Norvège, où il était tombé dans une verrerie, qui était une colonie française, réfugiée là, à la suite de la révocation de l’édit de Nantes, ayant conservé très reconnaissable le type français, mais n’ayant gardé de leur ancienne langue, que le mot « Sacré nom de Dieu ». […] Voici ma réponse : « Monsieur, « Vous ignorez sans doute que j’ai publié, en 1882, sous le titre de La Faustin, une étude d’actrice tirée chez Charpentier à 16 000 exemplaires, republiée par Lemerre, et traduite en plusieurs langues, notamment en anglais, un roman enfin, jouissant en Europe, depuis douze ans, d’une certaine notoriété. […] Ce qu’il y a d’original dans sa verve blagueuse, c’est que sa blague moderne, est émaillée d’épithètes de poètes symboliques et décadents, d’expressions archaïques, de vieux verbes comme « déambuler », remis en vigueur : un méli-mélo, un pot-pourri de parisianismes de l’heure présente, et de l’antique langue facétieuse de Panurge. […] Le soir, Léon nous lit, dans La Revue nouvelle, son article sur Hugo, un article tout à fait remarquable, où foisonnent les idées, les images, les coups de lumière, dans une langue superbe.

1577. (1889) Essai sur les données immédiates de la conscience « Chapitre III. De l’organisation des états de conscience. La liberté »

Spinoza disait que les modes de la pensée et les modes de l’étendue se correspondent, mais sans jamais s’influencer : ils développeraient, dans deux langues différentes, la même éternelle vérité. […] C’est ainsi qu’en juxtaposant certaines lettres d’un alphabet commun à bien des langues on imitera tant bien que mal tel son caractéristique, propre à une langue déterminée ; mais aucune de ces lettres n’avait servi à composer le son lui-même. […] Toutes les difficultés du problème, et le problème lui-même, naissent de ce qu’on veut trouver à la durée les mêmes attributs qu’à l’étendue, interpréter une succession par une simultanéité, et rendre l’idée de liberté dans une langue où elle est évidemment intraduisible.

1578. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « La religion dynamique »

C’est ce qu’il a exprimé dans une langue admirable, mais qui n’est pas celle du mysticisme plein : « l’action, dit-il, est un affaiblissement de la contemplation 16. » Par là il reste fidèle à l’intellectualisme grec, il le résume même dans une formule saisissante ; du moins l’a-t-il fortement imprégné de mysticité. […] Elle s’est exprimée dans une langue dont beaucoup de nuances échappent à ceux-là mêmes qui la connaissent le mieux. Les mots de cette langue sont d’ailleurs loin d’avoir conservé un sens invariable, à supposer que ce sens ait toujours été précis ou qu’il l’ait été jamais. […] Ou, pour employer des mots qui disent, comme nous le verrons, la même chose dans une autre langue : sa direction est celle même de l’élan de vie ; il est cet élan même, communiqué intégralement à des hommes privilégiés qui voudraient l’imprimer alors à l’humanité entière et, par une contradiction réalisée, convertir en effort créateur cette chose créée qu’est une espèce, faire un mouvement de ce qui est par définition un arrêt.

1579. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section III. Des ressources qu’on trouve en soi. — Chapitre III. De l’étude. »

Nul être vivant ne le secourt, nul être vivant ne s’intéresse à son existence ; il ne lui reste que la contemplation de la nature, et elle lui suffit ; c’est ainsi qu’existe l’homme sensible sur cette terre, il est aussi d’une caste proscrite, sa langue n’est point entendue, ses sentiments l’isolent, ses désirs ne sont jamais accomplis, et ce qui l’environne, ou s’éloigne de lui, ou ne s’en rapproche que pour le blesser.

1580. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre V. Indices et germes d’un art nouveau — Chapitre I. Bernardin de Saint-Pierre »

La langue des couleurs est très riche chez lui : il ne nous donne pas simplement du rouge, comme la plupart des écrivains avaient fait avant lui ; mais il a toute une gamme de rouges : incarnat, ponceau, carmin, pourpre, vermillon, corail.

1581. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Jules Laforgue » pp. 36-47

Laforgue rêve d’écrire « l’histoire, le journal d’un Parisien de 1880 qui souffre, doute et arrive au néant et cela, dans le décor parisien, les couchants, la Seine, les averses, les pavés gras, les Jablochkoff, et cela, dans une langue fouillée et moderne, sans souci des codes du goût, sans crainte du cru, du forcené, des dévergondages cosmologiques du grotesque, etc. ».

1582. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Samuel Bailey »

Esprit plus pénétrant qu’étendu, avide de clarté, il poursuit en ennemi acharné les métaphores, la phraséologie vague, les arguments de rhétorique qui usurpent la place de la science, les explications qui font semblant de résoudre les difficultés : il demande pour la psychologie une langue aussi précise que possible.

1583. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre IV » pp. 38-47

Voltaire a dit avec justice de Balzac, que la langue française lui avait de grandes obligations : « Homme éloquent, dit-il, qui donna le premier du nombre et de l’harmonie à la prose. » Chapelain était un mauvais poète, mais il était homme d’honneur et de probité ; il possédait une érudition profonde et judicieuse ; il eut, le premier, l’idée du Dictionnaire de l’Académie française.

1584. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXIX » pp. 319-329

Il me semble évident que quand madame Scarron se retira de la société qu’elle fréquentait, sans dire pourquoi, et se retira dans une grande maison isolée, avec des gens et un carrosse, il se trouva quelque mauvaise langue qui répandit, à petit bruit, ou que madame Scarron était grosse, qu’elle l’était du fait du roi, qu’elle avait fait cet affront à madame de Montespan, ou qu’après avoir cédé au roi, dans l’espérance de supplanter madame de Montespan, elle avait été déçue ; que le roi ayant passé sa fantaisie, était retourné à madame de Montespan avec plus d’ardeur qu’avant, et que le roi avait donné à la belle abusée une maison pour y cacher son dépit, sa honte, le repentir de son ingratitude envers sa bienfaitrice, et qu’elle cachait sa honte et son ingratitude dans une maison que le roi lui donnait en attendant qu’elle allât expier sa faute et cacher son infamie dans quelque refuge comme la Trappe.

1585. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 239-252

Nous ne pousserons pas plus loin cet Article, quoique nous nous fussions proposé d’y prouver encore, contre l’Auteur des Observations critiques, non seulement que le Poëme de l’Abbé Marsy est très-didactique, mais encore qu’il n’est pas impossible d’en faire un sur le même sujet, dans notre Langue, dont la lecture soit intéressante.

1586. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 8-23

D’un autre côté son attention à ne choisir pour modeles que nos meilleurs Ecrivains, forma dans lui cette diction pure, élégante, correcte, harmonieuse, qui le rend le plus exact & le plus agréable de tous ceux qui ont écrit dans notre Langue.

1587. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Racine, et Pradon. » pp. 334-348

Madame de Sévigné, à qui la langue est redevable d’avoir un caractère de plus, cette femme unique pour le stile épistolaire & pour conter agréablement, dit toujours que Racine n’ ira pas loin  : c’est qu’elle le desiroit, ainsi que tous ceux de son parti, lequel, à la honte des talens & de la raison humaine, fut très-nombreux.

1588. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre sixième. »

L’auteur brave la langue française et a l’air de l’enrichir.

1589. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre premier. Vue générale des épopées chrétiennes. — Chapitre III. Paradis perdu. »

Ces hardiesses, lorsqu’elles sont bien sauvées, comme les dissonances en musique, font un effet très brillant ; elles ont un faux air de génie : mais il faut prendre garde d’en abuser : quand on les recherche, elles ne deviennent plus qu’un jeu de mots puéril, pernicieux à la langue et au goût.

1590. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Seconde faculté d’une Université. Faculté de médecine. » pp. 497-505

Quelque profonde connaissance qu’on ait de la théorie et de la pratique de l’art, suffit-il de lâter le pouls, d’examiner la langue, de s’assurer de l’état du ventre et de la peau, d’observer les urines, de questionner lestement le malade ou sa garde et d’écrire une formule ?

1591. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XI. Mme Marie-Alexandre Dumas. Les Dauphines littéraires »

. — Dans ce livre d’Au lit de mort, que Mme Sand n’eût certainement pas écrit, je le reconnais, dans ce livre qui affecte l’accent chrétien, mais dans lequel la langue chrétienne est mal parlée ; où l’on sent l’âme troublée, l’idée fausse, l’esprit sans forte direction et sans guide, et cette religiosité corrompue par les sensibilités romanesques et morbides de ce temps, Mme Marie-Alexandre Dumas n’invente-t-elle pas un confesseur sans sacrement, sans fonction, sans autorité ; un confesseur qui n’est pas prêtre, un confesseur-femme, — elle-même ! 

1592. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XVI. Mme de Saman »

Au milieu de ces hommes aimés à tous les titres, et dont chacun a sa spécialité d’amour, évidemment le plus aimé de la collection, le plus aimé avec le plus de furie, avec le plus de passion vraie, — traversée pourtant (à ses jours) de libertinage, — c’est l’Anglais, cet Anglais que Mme George Sand appelle un délicieux Oswald, avec le petit claquement de langue du connaisseur ; mais le plus enivrant pour l’amour-propre du bas-bleu dépareillé, qui cherche sa moitié de génie, et le plus utile pour sa vieillesse future, c’est à coup sûr Chateaubriand !

1593. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Napoléon »

Pour nous, l’auteur n’est pas seulement un Blackstone français, — qui a la science, le coup d’œil, la raison dernière de telle disposition de loi politique et civile, et qui, contrairement au Blackstone anglais, bref et complet, atteste ainsi le génie de la langue qu’il parle et le génie de la législation qu’il commente, — il est de plus historien sans qu’il y pense et sans qu’il veuille l’être, et voilà pourquoi nous en parlons.

1594. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Louis Wihl »

Ces vers, il faut sans doute, pour en comprendre toutes les beautés, les lire dans la langue du poète ; mais on peut, dans une traduction, en comprendre au moins la puissance.

1595. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Pierre Dupont. Poésies et Chansons, — Études littéraires. »

Dupont n’est pas, ainsi que le grand paysan de l’Écosse, un génie vraiment autochtone et primesautier comme les productions d’un sol qui, pour les donner, n’a pas besoin de, culture, mais un esprit qui s’est longtemps cherché avant de s’atteindre, qui a scié longtemps le marbre de la langue et du rythme avant d’y découvrir sa veine, brillant enfin dans les chansons !

1596. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « J.-K. Huysmans »

Pour nous qui parlons une autre langue que tout ce patois scientifique, le névropathe de M. 

1597. (1868) Curiosités esthétiques « III. Le musée classique du bazar Bonne-Nouvelle » pp. 199-209

. — La place nous manque, et peut-être la langue, pour louer dignement la Stratonice, qui eût étonné Poussin, la grande Odalisque dont Raphaël eût été tourmenté, la petite Odalisque cette délicieuse et bizarre fantaisie qui n’a point de précédents dans l’art ancien, et les portraits de M. 

1598. (1896) Matière et mémoire. Essai sur la relation du corps à l’esprit « Avant-propos de la septième édition »

Que l’on considère, en effet, la pensée comme une simple fonction du cerveau et l’état de conscience comme un épiphénomène de l’état cérébral, ou que l’on tienne les états de la pensée et les états du cerveau pour deux traductions, en deux langues différentes, d’un même original, dans un cas comme dans l’autre on pose en principe que, si nous pouvions pénétrer à l’intérieur d’un cerveau qui travaille et assister au chassé-croisé des atomes dont l’écorce cérébrale est faite, et si, d’autre part, nous possédions la clef de la psychophysiologie, nous saurions tout le détail de ce qui se passe dans la conscience correspondante.

1599. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XVIII. Siècle de Constantin. Panégyrique de ce prince. »

On en compte quatre autres écrits dans la même langue, et presque partout c’est le même ton, la même vérité dans les éloges, et surtout la même philosophie dans les idées.

1600. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XVII. »

sont du meilleur goût de langue et de poésie, et semblent appartenir à l’âge de Catulle et d’Horace.

1601. (1894) Dégénérescence. Fin de siècle, le mysticisme. L’égotisme, le réalisme, le vingtième siècle

Le mot a volé à travers les deux mondes et a trouvé accès dans toutes les langues cultivées. […] Je traduirai plus tard le balbutiement de ce faible d’esprit dans la langue compréhensible des hommes sains. […] Ce livre est un des plus étonnants qui existent en aucune langue. […] Nul mot humain de n’importe quelle langue n’est musical en soi. Certaines langues ont plus de consonnes, dans d’autres dominent les voyelles.

1602. (1866) Nouveaux essais de critique et d’histoire (2e éd.)

Puis, il ajoutait : « Il n’y a que trois hommes à Paris qui sachent leur langue : Hugo, Gautier et moi ». […] Il y a en effet plusieurs exemples de commotions cérébrales qui, supprimant la connaissance des langues apprises, ne laissaient dans le souvenir que la langue nationale ; les idées superposées s’écroulent ; il ne reste que les vieux fondements. […] Il a été sept ans, dit-il, à comprendre ce qu’est la langue française. […] Le 22 janvier 1833, le don des langues se manifesta pour la première fois parmi les saints. Ils passèrent une partie de la nuit à s’entretenir dans des idiomes qu’ils n’avaient jamais sus ; il faut savoir que ce don est divisé en deux parties ; les uns parlent des langues sans les entendre, et les autres entendent les langues sans les parler.

1603. (1853) Propos de ville et propos de théâtre

Ainsi fut dit, — ainsi sera fait, — prétendent les méchantes langues, devant même que les dragées du premier baptême aient été croquées. […] Ce moyen n’est autre que son perroquet, personnage qui mériterait à lui seul une biographie. — Quelques ignorants prennent ce perroquet pour un oiseau, mais un savant métempsycosiste a découvert que c’était un ancien bénédictin espagnol. — Le fait est que ce merveilleux perroquet est un puits de science : il parle avec une sûreté extraordinaire toutes les langues mortes et vivantes ; il parle même et comprend les langues nouvelles. […] Or, l’embouchure d’une langue, c’est sa prononciation. — Et comme je n’ai pas l’embouchure de l’anglais, — la pantomime est encore ma meilleure ressource pour me faire comprendre. […] On parle surtout d’un jeune homme qui peut voler une montre en dix-sept langues. […] Avant peu, ces deux interjections finiront par former à elles seules le fond de la langue.

1604. (1925) Promenades philosophiques. Troisième série

Les unes ont des parties en cœur, en langue, en mains, en oreilles ; les autres en cheveux, en yeux, en nez ; d’autres encore sont de petits hommes tout façonnés en la forme adamique. […] Si un mouton a la langue malade, il lui faut appliquer des feuilles aiguës, de véritables langues naturelles, telles la bourrache ou la renouée. […] La persée6, l’arbre, très agréable à Isis et cher à l’Egypte, produit des fruits en forme de cœur, ses feuilles ressemblant à des langues. […] La langue française, qui a beaucoup d’esprit, a prévu ces deux manières d’aimer les oiseaux. […] Opposition facile, mais bien légère, car, sans les conquérants, l’humanité, ce serait un tas de petites peuplades sporadiques, sans langues, communes, sans liens d’échanges, etc., quelque chose comme l’humanité du Congo.

1605. (1884) Propos d’un entrepreneur de démolitions pp. -294

Les hommes illustres, vivants ou morts, appartiennent aux langues de la critique ; c’est leur vraie famille, surtout quand on les enterre, et l’autre famille n’a rien à y prétendre. […] Avec La Bruyère, Racine et Boileau, la langue est fixée à jamais ; la morale et la doctrine avec Bossuet et Bourdaloue. […] Il faudrait assassiner la langue française comme le fait M.  […] Barbey d’Aurevilly avait un violent sujet de mécontentement contre Nicolardot et voulait en finir une bonne fois avec cette langue venimeuse. […] C’est pourquoi tant d’héroïsmes ont cessé d’être silencieux et tant de langues insolentes d’être captives.

1606. (1900) Molière pp. -283

Cette fois, en effet, au lieu de l’écrivain que l’on connaît, de l’irréprochable, de l’impeccable écrivain, dont on sait la langue constamment exemplaire et définitive, la verve serrée, l’essor hardi, mais toujours sûrement réglé, nous offrons un autre J. […] Le grand poète, il l’a été, dans les plus belles lettres de La Nouvelle Héloïse, et dans les deux lettres à M. de Malesherbes ; c’est presque le sommet de la langue poétique ; le grand tribun, il l’a été dans la lettre à M. de Beaumont. […] Il a dégagé, si je puis ainsi dire, et mis hors d’entraves la vie de société ; d’abord en rappelant au naturel la langue des salons, en délivrant la conversation du clinquant des précieuses ; il a surtout rendu un grand service à la vie de société par sa guerre contre tous les genres de pédantisme. […] les méchantes langues que ces sophistes ! […] Ceux-ci parlent modérément et ne maîtrisent pas toujours leur langue ; celles-là, qui parlent sans cesse, et de tout, ne disent rien que ce qu’il leur faut dire.

1607. (1891) Impressions de théâtre. Cinquième série

Il est probable que le déchet n’est pas moindre pour quelques-uns des auteurs étrangers qu’on translate dans notre langue. […] Mais précisément cela n’est pas transposable dans une autre langue, cela ne nous est pas relevé par la traduction. […] Cela s’explique assez par la parenté des langues et par d’évidentes affinités de génie. […] La tournure en est concise et la langue irréprochable. […] Le comique des mots est d’ailleurs ce qu’il y a de plus intransportable d’une langue dans une autre.

1608. (1874) Portraits contemporains : littérateurs, peintres, sculpteurs, artistes dramatiques

Peu à peu la conversation dériva vers la littérature, et il se plaignit de l’énorme difficulté de la langue française. […] Tous les écrivains, jeunes alors, qui se rattachaient au mouvement littéraire représenté par Hugo, se servaient, comme le maître, de la lyre ou de la plume : Alfred de Vigny, Sainte-Beuve, Alfred de Musset, parlaient indifféremment la langue des dieux et la langue des hommes. […] Ne porter aucunes lunettes ni bleues ni vertes, penser avec son propre cerveau, se servir de la langue actuelle, ne pas recoudre en centons les phrases de ses prédécesseurs ! […] Quand un sujet se présentait à l’imagination de Pliloxène Boyer, sa vaste érudition dans toutes les langues mettait à son service une immense quantité de matériaux. […] On lui préfère les plaisanteries en langue verte, les phrases prises au dictionnaire du slang et les épileptiques insanités du répertoire des Bouffes.

1609. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Saint-Arnaud. Ses lettres publiées par sa famille, et autres lettres inédites » pp. 412-452

C’est payé bien plus cher que cela ne vaut. » En 1833, il est envoyé à Blaye où était enfermée la duchesse de Berry ; il s’y fait bien venir du général Bugeaud en traduisant au courant de la plume, en trois langues différentes, un petit ouvrage de lui, Aperçu sur l’art militaire. […] Cette légion était le plus singulier ramassis qui se pût imaginer, des aventuriers de tout pays, parlant toutes les langues, ayant fait tous les métiers, ayant chacun son épisode orageux et ses naufrages de jeunesse : « Du reste, disait-il au premier coup d’œil, ces hommes feront, je l’espère, d’excellents soldats. […] Sa langue est svelte, son bon sens fin, spirituel, sa gaieté excellente, son naturel saisissant ; son expression prompte est presque toujours celle que la réflexion eût choisie.

1610. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « M. Ampère »

Celui qui, à dix-huit ans, avait lu la Mécanique analytique de Lagrange, récitait donc à vingt ans les poëtes, se berçait du rhythme latin, y mêlait l’idiome toscan, et s’essayait même à composer des vers dans cette dernière langue. […] Il y a une description célèbre du cheval chez Homère, Virgile et le Tasse119 : il aimait à la réciter successivement dans les trois langues. […] Vers ce temps, il construisait aussi une espèce de langue philosophique dans laquelle il fit des vers ; mais on a là-dessus trop peu de données pour en parler.

1611. (1861) La Fontaine et ses fables « Troisième partie — Chapitre I. De l’action »

Une grenouille approche et lui dit en sa langue : Venez me voir chez moi, je vous ferai festin. […] « Et comme j’ai à parler devant vous, je demande auparavant cette grâce aux dieux immortels de régler ma langue de sorte que je ne puisse rien dire qui ne soit utile à mon pays, et ne vous serve à bien gouverner la république. […] Veuillent les immortels conducteurs de ma langue Que je ne dise rien qui doive être repris !

1612. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIIIe entretien. Madame de Staël. Suite. »

Rousseau dans ses Odes religieuses, Racine dans Athalie, se sont montrés poëtes lyriques ; ils étaient nourris des psaumes et pénétrés d’une foi vive ; néanmoins les difficultés de la langue et de la versification française s’opposent presque toujours à l’abandon de l’enthousiasme. […] « Boileau, tout en perfectionnant le goût et la langue, a donné à l’esprit français, l’on ne saurait le nier, une disposition très-défavorable à la poésie. […] « Il faut cependant une grande connaissance de la langue poétique pour décrire ainsi noblement les objets qui prêtent le moins à l’imagination, et l’on a raison d’admirer quelques morceaux détachés de ces galeries de tableaux ; mais les transitions qui les lient entre eux sont nécessairement prosaïques, comme ce qui se passe dans la tête de l’écrivain.

1613. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Charles Dickens »

Elles sont acquises au trésor littéraire de notre langue. […] Les romans modernes sont descriptifs, pittoresques, analytiques ; conçus généralement en une langue graphique et peinant à l’être, s’appliquant à dépeindre exactement et magnifiquement, en couleur et en relief, les lieux où se passe l’action, ils tendent surtout à présenter une image précise et impartiale de l’âme humaine conçue comme complexe, variable, aussi intéressante dans ses parties inférieures ou honteuses, dans ses laideurs, ses vices, ses passions, qu’en ses vertus et son énergie ; ils tendent encore à donner la connaissance minutieuse et renseignante du milieu social ou professionnel dans lequel se meut le protagoniste, du monde qui l’entoure, des intérêts qu’il prend du département de la vie commune auquel il participe ; et tous ces renseignements et ces analyses sont mis bout à bout au moyen d’une intrigue la plus simple, la plus ordinaire possible, réduite à n’être plus qu’une sorte de prétexte à lier entre eux les tableaux, les scènes, les traits de caractère, de façon que l’œuvre soit plutôt une étude de personnage et de mœurs, qu’un récit romanesque ou une effusion personnelle de l’auteur. […] Mais cette manifestation excessive même fait valoir merveilleusement le ridicule, la fantaisie, l’étrange et risible bizarrerie des personnages comiques qui traversent les livres de Dickens avec de si amusants visages et de si drôles de bonnes âmes, vieux messieurs pléthoriques et coléreux, grandes dames prétentieusement pincées, aigres vieilles filles, maris intimidés, prestigieux bohèmes, et ces inénarrables ivrognes, flambant d’alcool, la langue pendante, les yeux blancs sur leurs bajoues violettes, et lui conservent imperturbablement leur décorum de gentlemen après les pires ribotes.

1614. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre I : Variations des espèces à l’état domestique »

Je me suis en outre procuré un grand nombre de traités publiés en différentes langues sur les Pigeons, et quelques-uns d’entre eux ont une haute valeur par leur antiquité. […] La largeur proportionnelle de l’ouverture du bec ; la longueur relative des paupières, les dimensions de l’orifice des narines et celles de la langue, qui n’est pas toujours en exacte corrélation avec, la longueur du bec ; le développement du jabot ou de la partie supérieure de l’œsophage ; le développement ou l’avortement de la glande oléifère ; le nombre des plumes primaires et caudales ; la longueur relative des ailes et de la queue, soit entre elles, soit par rapport au corps ; la longueur relative des jambes et des pieds ; le nombre des écailles des doigts ; le développement de la membrane entre ces derniers, sont autant de parties variables dans leur structure générale. […] En fait, une race, comme le dialecte d’une langue, ne peut guère avoir une origine bien définie.

1615. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Introduction »

Ce discours avait plus de rapport avec la langue de Voltaire, que les vers ampoulés de Brébeuf ou de Chapelain. […] ce n’est pas assez d’avoir juré, que dans les limites de son existence, de quelque injustice, de quelque tort qu’on fut l’objet, on ne causerait jamais volontairement une peine, on ne renoncerait jamais volontairement à la possibilité d’en soulager une ; il faut essayer encore si quelque ombre de talent, si quelque faculté de méditation ne pourrait pas faire trouver la langue, dont la mélancolie ébranle doucement le cœur, ne pourrait pas aider à découvrir, à quelle hauteur philosophique les armes qui blessent n’atteindraient plus.

1616. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre troisième. L’esprit et la doctrine. — Chapitre IV. Construction de la société future »

Une forme d’esprit si universelle ne peut manquer de leur sembler naturelle ; ils sont comme des gens qui, ne parlant qu’une langue et ayant toujours parlé aisément, ne conçoivent pas qu’on puisse parler une autre langue, ni qu’il y ait auprès d’eux des muets ou des sourds  D’autant plus que la théorie autorise leur préjugé.

1617. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre premier. Mécanisme général de la connaissance — Chapitre premier. De l’illusion » pp. 3-31

. — À l’état normal, nous pensons tout bas par des mots mentalement entendus ou lus ou prononcés, et ce qui est en nous, c’est l’image de tels sons, de telles lettres ou de telles sensations musculaires et tactiles du gosier, de la langue et des lèvres. — Or il suffit que ces images, surtout les premières, viennent à s’exagérer, pour que le malade ait des hallucinations de l’ouïe et croie entendre des voix. — « Au milieu de ma fièvre, dit Mme C…8, j’aperçus une araignée, qui, au moyen de son fil, s’élançait du plafond sur mon lit. […] Elles se servent tour à tour de toutes les langues de l’Europe qui sont familières au malade ; une seule de ces voix est entendue moins distinctement, parce qu’elle emprunte l’idiome russe, que M. 

1618. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLIXe entretien. De la monarchie littéraire & artistique ou les Médicis (suite) »

Cependant, les Médicis ramenaient quelque chose de réel en Italie, une langue, des marbres, des manuscrits, des savants, des traductions, des modèles, mais nous ne rapportions rien que des songes. […] Que de travail et d’industrie ne mit-il pas dans la recherche et l’achat, dans tous les coins du monde, des livres écrits dans les diverses langues !

1619. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre I. Les mondains : La Rochefoucauld, Retz, Madame de Sévigné »

Elle écrit cette langue riche, pittoresque et savoureuse, que parleront tous ceux qui auront formé leur esprit dans la première moitié du siècle, et sans quitter jamais le simple ton de la causerie, elle y mêlera les mots puissants, qui évoquent les grandes idées ou les visions saisissantes. […] Mais n’eussent-ils pas écrit de lettres, il n’en faudrait pas moins indiquer ici qu’ils vécurent et travaillèrent : car leur œuvre, étrangère à la littérature, et même souvent à la langue française, a préparé le merveilleux développement de la critique, de l’histoire, de l’archéologie, de toutes ces sciences où la littérature de notre siècle a trouvé quelques-uns de ses plus certains chefs-d’œuvre.

1620. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Francisque Sarcey »

Il est comme ces critiques d’art qui, connaissant à fond les moyens d’expression, la « langue » propre à chacun des arts plastiques, sont particulièrement sensibles aux qualités de métier et les exigent avant toute chose. Le théâtre est un art qui, comme les autres, a sa langue spéciale.

1621. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Appendice »

J’ai d’abord fait quelques démarches du côté des langues orientales ; on m’a promis des conférences avec M.  […] Il m’est sans doute bien pénible de songer que la moitié peut-être du genre humain éclairé me dirait que je suis dans l’inimitié de Dieu, et pour parler la vieille langue chrétienne, qui est la vraie, que, si la mort venait à me surprendre, je serais damné à l’instant même.

1622. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1861 » pp. 361-395

Enfin pour moi, dans les modernes, il n’y a eu jusqu’ici qu’un homme qui ait fait la trouvaille d’une langue pour parler des temps antiques : c’est Maurice de Guérin dans Le Centaure. […] Pourquoi nous, la France, si rayonnante, si intellectuellement diffuse, si envahissante par nos idées, nous une nation d’une si grande déteinte sur tout le monde, pourquoi subissons-nous sur toutes nos frontières la langue et les mœurs de nos voisins.

1623. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Essai sur la littérature merveilleuse des noirs. — Chapitre II. Le fond et la forme dans la littérature indigène. »

Samba Poul) ; ou emporte un morceau de la bête (la peau du caïman, la langue du lion) Samba Guénâdio — Die 2 Bruder (Grimm). […] Ce symbolisme reste forcément assez obscur car les interprètes qui traduisent les termes abstraits de la langue indigène ne possèdent que rarement le français d’une façon suffisante pour rendre exactement l’idée.

1624. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre premier. »

Dans tous les cas, et sans empiéter sur les droits et usurper la langue du poëte français, banni maintenant comme l’exilé de Crète, il nous semble qu’en prose du moins, l’essai le plus naturel serait de traduire à peu près ainsi, pour donner quelque faible idée de l’élévation et des contrastes du lyrique thébain : À Ergotèle, vainqueur a la double course. […] À vrai dire, et pour faire notre aveu complet, même dans le grand siècle qui venait de finir, un seul homme nous semblerait avoir réuni en soi de tels dons et en offrir l’idée à l’homme de goût qui, n’ayant pas le temps de chercher Pindare dans sa langue, et ne le retrouvant pas dans nos versions modernes, voudrait à tout prix le concevoir et se le figurer par quelque frappante analogie, à peu près comme Saunderson, aveugle-né, voyait l’éclat de la pourpre dans le bruit retentissant du clairon.

1625. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « PENSÉES » pp. 456-468

J’aime qu’il en soit de la langue, du style de tout grand écrivain, comme du cheval de tout grand capitaine : que nul ne le monte après lui.

1626. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Relation inédite de la dernière maladie de Louis XV. »

Tel était Louis XV dans toute sa force et dans toute sa virilité, à la veille de ce qu’on a appelé son héroïsme : ce qu’il devint après trente années encore d’une mollesse croissante et d’un abaissement continu, on le va voir lorsque, dans sa peur de la mort, il tirera la langue quatorze fois de suite pour la montrer à ses quatorze médecins, chirurgiens et apothicaires281.

1627. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Troisième partie. Disposition — Chapitre II. Utilité de l’ordre. — Rapport de l’ordre et de l’originalité »

Il est très vrai qu’il y a des esprits d’une malheureuse fécondité, qui savent parler avant d’avoir pensé, échauffés de je ne sais quelle chaleur, qui emporte leur langue ou leur plume d’une folle et infatigable allure : n’ayant pas toujours le temps de se rendre compte de ce qu’ils disent, confiants en leur démon et dans la bonne foi du public, qui saura bien y trouver un beau sens.

1628. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre I. La littérature pendant la Révolution et l’Empire — Chapitre I. Influence de la Révolution sur la littérature »

Rivarol (1753-1801) se fit connaître par son Discours sur l’Universalité de la langue française (1784).Il combattit la Révolution dans le Journal politique national et dans les Actes des apôtres. — J.

1629. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre VI. Le charmeur Anatole France » pp. 60-71

Jamais idées plus satisfaisantes ne furent formulées en une langue si savoureuse.

1630. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Corneille, et le cardinal de Richelieu. » pp. 237-252

Corneille avoit, dans son cabinet, la pièce traduite en toutes les langues de l’Europe, hors l’Esclavone & la Turque.

1631. (1767) Salon de 1767 « Les deux académies » pp. 340-345

Ceux-là n’étaient pas enthousiastes de leur pays ; ils remarquaient que notre langue s’était perfectionnée, tandis que la leur était restée presque barbare.

1632. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « II »

Albalat combattait, en sa Formation du style, l’Esthétique de la langue française de son présent contradicteur ; et un duel dont le hasard me fait ici juge de camp en une périlleuse situation.

1633. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « La Bruyère » pp. 111-122

Reste, pour l’honneur de cette édition soignée, nous le reconnaissons, par le côté de l’orthographe, de la ponctuation et de la langue, le texte même, qui a été filtré, goutte par goutte, avec un grand soin.

1634. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Swift »

Même dans son pays et dans sa langue, l’astre de Swift a déjà pâli et ira chaque jour en décroissant, et par la souveraine raison que nous avons déjà donnée, mais que la Critique, cette vigie qui parle, doit incessamment répéter : c’est qu’en littérature tout ce qui ne s’appuie pas sur la grande nature humaine, doit, de nécessité périr !

1635. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Louis Bouilhet. Festons et Astragales. »

Hugo, le grand architecte en poésie, la Renaissance et ses ornementations idolâtres, et ce genre qui est devenu le défaut et presque le vice de la poésie moderne, de traiter la langue comme une pierre et d’en exagérer la plasticité.

1636. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Deltuf » pp. 203-214

Deltuf a trouvé le moyen de raconter dans la langue exquise et contenue d’une femme, qui reste d’une noblesse parfaite et qui se guérit si tristement de sa folie en se moquant d’elle-même avec une si courageuse gaieté !

1637. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre VIII. De Platon considéré comme panégyriste de Socrate. »

En se servant de la plus belle langue de l’univers, Platon ajouta encore à sa beauté : il semble qu’il eût contemplé et vu de près cette beauté éternelle dont il parle sans cesse, et que, par une méditation profonde, il l’eût transportée dans ses écrits.

1638. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre quatrième. Du cours que suit l’histoire des nations — Chapitre IV. Trois espèces de jugements. — Corollaire relatif au duel et aux représailles. — Trois périodes dans l’histoire des mœurs et de la jurisprudence » pp. 309-320

Les Carthaginois se trouvèrent dans le premier cas : le traité qu’ils avaient fait avec les Romains leur avait assuré la conservation de leur vie, de leurs biens et de leur cité ; par ce dernier mot ils entendaient la ville matérielle, les édifices, urbs dans la langue latine ; mais comme les Romains s’étaient servis dans le traité du mot civitas, qui veut dire la réunion des citoyens, la société, ils s’indignèrent que les Carthaginois refusassent d’abandonner le rivage de la mer pour habiter désormais dans les terres, ils les déclarèrent rebelles, prirent leur ville, et la mirent en cendres ; en suivant ainsi le droit héroïque, ils ne crurent point avoir fait une guerre injuste.

1639. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XIX. »

Mais bientôt l’élévation morale reparaît dans le vœu du chrétien, pour que le nouveau jour qui lui est accordé passe irréprochable, que la langue n’y fasse pas de mensonge, que la main, que les yeux n’y pèchent pas.

1640. (1927) Les écrivains. Deuxième série (1895-1910)

… Je ne garantis pas l’exactitude de ces paroles, qui m’étaient traduites au fur et à mesure que mon ami les prononçait, par M. de Wyzewa, qui sait tous les genres de nègres, et qui, peut-être, profite de son incontrôlable savoir pour nous restituer des langues, telles qu’on ne les parle pas ! […] … Quelle est cette langue ? […] De même qu’elle assure aux chefs-d’œuvre de notre langue une diffusion, à laquelle on n’avait point encore songé… Je vois très bien un Racine, un Molière, un Diderot, et, plus tard, un Renan ou un Anatole France, traduits en argot de Belleville, ou en patois bas-normand : en argot par M.  […] André Hélie en modernisant les Contes drolatiques dont la seule raison d’être est d’être ce qu’ils sont, c’est-à-dire la reconstitution d’une langue que nous n’écrivons plus et qui sauve, par son parfum de grâce ancienne et par le pittoresque de son archaïsme, ce que les contes peuvent avoir de trop libre et de trop osé dans la langue que nous écrivons aujourd’hui ? […] … Mais on peut rêver mieux encore… On peut rêver d’enchocolater tous les théâtres de Paris du chocolat de cette petite chocolatière… Et je m’emploie à… à… comment dites-vous ça, dans votre langue de poète ?

1641. (1894) Écrivains d’aujourd’hui

Loti n’a pas éprouvé, comme tant d’autres, le besoin de torturer la langue ; il n’emploie que les mots de tout le monde. […] Loti doit beaucoup aux écrivains pittoresques qui, peu à peu, ont assoupli, enrichi notre langue et l’ont rendue capable de tant de notations nouvelles. […] Il lui arrive d’emprunter les façons de parler des théologiens et de mêler à son style les termes spéciaux de leur langue. […] Mais surtout ce qui fait l’incomparable mérite de ce style, c’est qu’il est dans la plus pure tradition de notre langue. […] Cela, d’autant mieux que chez nous tous les termes de la langue littéraire sont des plus généraux qu’il se puisse et partant des plus vagues.

1642. (1906) La rêverie esthétique. Essai sur la psychologie du poète

On peut préméditer des effets, tenir en réserve les mots de valeur jusqu’au moment où ils produiront l’impression la plus forte, briser les expressions toutes faites, contrarier les habitudes de la langue pour réveiller ses énergies. […] Jamais ils n’ont parlé tout à fait la même langue que le vulgaire. Sans doute la différence entre la langue usuelle et la langue poétique tend à s’atténuer. […] Mais c’est peut-être pour cette raison même que le poète ose confier au vers des pensées si intimes, des sentiments si personnels, qu’il hésiterait à exprimer dans la langue commune. […] V. à ce sujet des remarques originales, exposées en une terminologie un peu étrange, dans la Phonologie esthétique de la langue française, par J.

1643. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Lamartine »

Les Harmonies de Lamartine me paraissent être, avec les Contemplations de Victor Hugo, le plus magnifique débordement de poésie lyrique qui soit dans notre langue. […] S’il lui arrive de dire tour à tour, comme les poètes hindous : « Dieu est dans l’univers » et « l’Univers est en Dieu », il recule toutefois devant cette affirmation que « l’Univers est Dieu », et s’en tient à celle-ci, que l’univers est la langue, le verbe de Dieu. […] Le poète nous dit :     Il est une langue inconnue Que parlent les vents dans les airs,    etc., etc. Il énumère ici tous les phénomènes de l’univers physique, et conclut : « — Cette langue parle de toi,     De toi, Seigneur, être de l’être, Vérité, vie, espoir, amour ! […] Il se connaissait bien. « J’ai usé, dit-il dans le Tailleur de Saint-Point, mes yeux et ma langue à lire, à écrire et à parler de Dieu dans toutes les fois et dans toutes les langues. » Et c’est pourquoi  attendu qu’en outre il fut, avec une évidence fulgurante, un homme de génie  je ne dis pas qu’il soit, (car on n’est jamais sûr de ces choses-là), mais que je le sens (à l’heure qu’il est) le plus grand des poètes.

1644. (1857) Réalisme, numéros 3-6 pp. 33-88

Pour faire rire le pleureur et pleurer le rieur, il avait une langue et une éloquence variées, attrapant toutes les passions au piège de sa fantaisie. […] Elle marche bien la réforme de la langue française ! […] Jamais une parole d’enthousiasme n’avait trouvé place sur sa langue ; au contraire un dénigrement perpétuel le tenait en hostilité vis-à-vis de tous ceux qu’il fréquentait. […] “C’est un homme qui a la langue bien pendue, disaient les paysans, mais le coquin l’accroche à un clou quand il veut.” […] Je suis venu pour les guérir, pour dessiller leurs yeux, pour leur donner peut-être une langue poétique ; elle tiendra au développement de la nôtre, d’après son mécanisme et ses anomalies.

1645. (1892) Les idées morales du temps présent (3e éd.)

Ceux d’entre eux qui auront les plus vifs besoins d’adoration brûleront quelque encens en l’honneur de Renan, comme jadis le bon Ficin en l’honneur de Platon ; les moins zélés se contenteront de le traduire en des langues futures. […] Mais non : Scherer le conserve sous la république, en présence de toutes les manifestations nouvelles qu’il observe sans aucune sympathie, quoique avec une curiosité toujours en éveil : la langue française se corrompt, grâce à la presse quotidienne, grâce aussi à des causes plus profondes : « une culture superficielle, qui a perdu le sentiment de la propriété des termes et un besoin de raffinement qui veut innover à tout prix » et il est fâcheux que l’Académie française n’ait pas « un droit de haute et basse justice sur les malfaiteurs qui attentent à cette chose, sainte entre toutes, la langue maternelle7 ». […] Mais cette pourriture elle-même pourrit ; cette décomposition engendre une décomposition encore plus fétide, jusqu’à ce qu’enfin il reste un je ne sais quoi qui n’a de nom en aucune langue. […] Mais si, comme nous venons de le voir, la race n’est pas une abstraction, elle est du moins un composé : elle est formée par l’ensemble des individus qu’unissent ensemble les liens de l’origine, du sol, de la langue, etc. […] La déformation de la langue, 1876.

1646. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIIe entretien. Littérature cosmopolite. Les voyageurs »

Leur langue a beaucoup de ces périphrases, comme, par exemple encore, pour dire: un homme réduit à la mendicité, ils disent: gouch negui micoret (khouchenéguy mykhoréd), il mange sa faim. […] Cela tient du galimatias en notre langue ; mais dans les langues orientales, cela a sa beauté et ses grâces. […] Je ne saurais dire la signification du mot de candil ; mais je crois que c’est de ce terme qu’est venu celui de candil laphti (kandil-aphti)10, duquel les chrétiens grecs appellent ceux qui entretiennent le luminaire dans les églises, et qu’est aussi venu le mot chandelle, lequel se trouve en presque toutes les langues de l’Europe, dans une même signification.

1647. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers, Tome xix. (L’île d’Elbe, — L’acte additionnel. — Le champ de mai.) » pp. 275-284

un peu trop prodigués, deux ou trois images de convention (lauriers, cyprès, par exemple) qui sont comme égarées dans ce style simple, ne sauraient faire oublier, je ne dis pas à l’homme impartial et sensé, mais à l’homme de goût, tant de pages vives, courantes, du français le plus net, le plus heureux, d’une langue fine, légère, déliée, éminemment spirituelle, voisine de la pensée et capable d’en égaler toutes les vitesses.

1648. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Les poëtes français. Recueil des chefs-d’œuvre de la poésie française »

Soulary possède à merveille la langue poétique de la Renaissance, et, grâce à l’emploi d’un vocabulaire très-large, mais toujours choisi, il a trouvé moyen de dire, en cette gêne du sonnet, tout ce qu’il sent, ce qu’il aime ou ce qu’il n’aime pas, tout ce qui lui passe par le cœur, l’esprit ou l’humeur, son impression de chaque jour, de chaque instant.

1649. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « George Sand — George Sand, Indiana (1832) »

Mais le sir Ralph de la quatrième partie ne ressemble plus à celui-ci, que nous croyons apprécier et comprendre ; le sir Ralph qui démasque, après des années de silence, son amour pour Indiana épuisée, qui prête à cet amour le langage fortuné des amants adolescents et des plus harmonieux poètes, le sir Ralph dont la langue se délie, dont l’enveloppe se subtilise et s’illumine ; le sir Ralph de la traversée, celui de la cataracte, celui de la chaumière de Bernica, peut bien être le sir Ralph de notre connaissance, transporté et comme transfiguré dans une existence supérieure à l’homme, de même que l’Indiana, de plus en plus fraîche et rajeunie, à mesure qu’on avance, peut bien être notre Indiana retournée parmi les anges ; mais à coup sûr ce ne sont pas les mêmes et identiques personnages humains, tels qu’on peut les rencontrer sur cette terre, après ce qu’ils ont souffert et dévoré. 

1650. (1874) Premiers lundis. Tome I « J. Fiévée : Causes et conséquences des événements du mois de Juillet 1830 »

«  La grande journée de juillet a prouvé le besoin de changer notre langue politique, et de renoncer enfin à d’antiques expressions qui depuis longtemps n’ont plus de rapports avec notre ordre social.

1651. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre IV. De la philosophie et de l’éloquence des Grecs » pp. 120-134

Ils environnaient la recherche de la vérité de tout ce qui pouvait frapper l’imagination ; ces promenades où de jeunes disciples se réunissaient autour de leur maître, pour écouter de nobles pensées en présence d’un beau ciel ; cette langue harmonieuse qui exaltait l’âme par les sens, avant même que les idées eussent agi sur elle ; le mystère qu’on apportait à Éleusis dans la découverte, dans la communication de certains principes de morale ; toutes ces choses ajoutaient à l’effet des leçons des philosophes.

1652. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XI. De la littérature du Nord » pp. 256-269

Et tel est cependant l’ascendant qu’exercent sur les écrivains les mœurs qui les environnent, qu’ils y soumettent jusqu’à la langue de leurs affections les plus intimes.

1653. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Réponse à M. Dubout. » pp. 305-316

. — Il y en a un qui dit que votre langue « est solide », et je vous avertis que ce n’est pas vrai.

1654. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Musset, Alfred de (1810-1857) »

Il a parlé ensuite une langue d’une pureté et d’une douceur incomparables.

1655. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre II. La commedia dell’arte » pp. 10-30

Il tire la langue au public sous son masque.

1656. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre X. Prédictions du lac. »

Et s’écriant, il dit : « Père Abraham, aie pitié de moi, et envoie Lazare, afin qu’il trempe dans l’eau le bout de son doigt et qu’il me rafraîchisse la langue, car je souffre cruellement dans cette flamme. » Mais Abraham lui dit : « Mon fils, songe que tu as eu ta part de bien pendant la vie, et Lazare sa part de mal.

1657. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre III. L’analyse externe d’une œuvre littéraire » pp. 48-55

On s’occupe de ( la langue.

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