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789. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Bain — Chapitre III : Les Émotions »

« La puissance humaine est le sublime vrai et littéral, et il est le point de départ pour la sublimité de puissance dans toute autre chose. […] En admettant que cette réponse ne souffre aucune objection, il faut admettre pourtant qu’elle entame à peine le problème, puisque la vraie difficulté est celle-ci : Pourquoi quand nous éprouvons un vif plaisir, quand nous sommes frappés d’un contraste inattendu entre des idées, se produit-il une contraction particulière des muscles de la face et de certains muscles de la poitrine et de l’abdomen ? […] Si les lois mécaniques et mathématiques sont vraies, ce n’est pas en vertu d’une certaine vérité abstraite dont elles dériveraient, mais parce que les perceptions des hommes, dans cette région des phénomènes, sont uniformes lorsqu’on les compare. […] Supposer un vrai ou un bien indépendant des jugements individuels, c’est ressembler à l’homme qui, entendant chanter en chœur, supposerait une voix abstraite universelle, distincte et indépendante des voix particulières. […] Le vrai et le bien ne sont que des abstractions réalisées : ils résultent de nos jugements, au lieu d’en être la cause ; ils sont si peu antérieurs à eux, qu’ils ne se produisent qu’après eux et par eux.

790. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Portalis. Discours et rapports sur le Code civil, — sur le Concordat de 1801, — publiés par son petit-fils — I. » pp. 441-459

Ce ne fut qu’après l’établissement du Consulat, quand une main de héros eut relevé les colonnes de l’empire, que la voix du sage put y être écoutée sous le portique, que ses maximes de science et de prudence consommée y trouvèrent leur application et leur vrai sens, et que l’homme de bien y acquit toute son autorité et sa valeur. […] Cela était vrai surtout de la Provence, de la Nation provençale comme on disait, chez laquelle le roi n’était admis à faire les lois qu’à titre d’héritier des comtes souverains du pays. […] Tant il est vrai qu’à chacun appartient sa tâche et son rôle ; celui de Portalis était de ne point innover en détruisant : « Le mal de détruire, disait-il, est infiniment plus grand que celui de souffrir. » — « Il est plus dangereux de changer, disait-il encore, qu’il n’est incommode de souffrir. » Mais la destruction faite, et quand la violence aveugle ne régnait plus, il arrivait, il se levait avec calme, il trouvait des paroles de douceur, d’équité, de renaissance et presque de convalescence sociale, et il excellait à infuser quelque chose de la moralité ancienne dans le fait nouveau. […] Après avoir traité la question dans sa généralité, il arrivait au fond même, et il ne craignait pas de dire le secret des cœurs : « Les prêtres non assermentés sont, dit-on, violemment soupçonnés de n’avoir jamais aimé la Révolution. » Et en ne les justifiant qu’autant qu’il le fallait pour rester dans le vrai, il maintenait que le cours des pensées est libre et doit être ménagé tant qu’il ne se traduit point en actes coupables : « Quand il s’opère une grande révolution dans un État, il n’est pas possible que tous les membres de cet État changent d’habitudes, de mœurs et de manières dans un instant. […] S’élevant aux vrais principes de la liberté religieuse, il fait voir qu’au point de vue politique, il est impossible de ne pas appliquer « à une religion connue, ancienne, longtemps dominante et même exclusivement autorisée, professée par les trois quarts des Français, les principes de tolérance et de liberté que la Constitution proclame pour tous les cultes : Voudrions-nous aujourd’hui, s’écrie-t-il, que l’intolérance philosophique remplaçât ce que nous appelons l’intolérance sacerdotale ? 

791. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Portalis. Discours et rapports sur le Code civil, — sur le Concordat de 1801, — publiés par son petit-fils — II. » pp. 460-478

Il commence par établir l’état vrai de l’opinion à cette date : On n’a jamais vu ni connu de république en France, dit-il. […] La découverte des choses vraies ou utiles est ordinairement la récompense des caractères modérés et des bons esprits. Ces simples paroles qu’il a replacées depuis dans un discours public, mais dont on a ici la clef, nous rendent au vrai la définition des deux natures, et Portalis, sans y viser, s’y peignait fidèlement dans les derniers mots aussi bien que dans les suivants : La sagesse est l’heureux résultat de nos lumières naturelles et des leçons que nous recevons de l’expérience. […] C’était là le vrai mot de la situation, et Portalis l’a trouvé72. […] [NdA] Cela n’est tout à fait vrai que des vieilles religions dont M. 

792. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Beaumarchais. — I. » pp. 201-219

M. de Loménie prépare de Beaumarchais une biographie complète qu’il fait espérer depuis longtemps ; j’aurais aimé à être devancé par lui, mon but en ces esquisses rapides n’étant que de résumer le vrai et le connu, sans chercher à devancer personne. […] madame, il est trop vrai que le dernier de tous réunissait à plusieurs branches de commerce une assez grande célébrité dans l’art de l’horlogerie. […] Il y avait donc, nonobstant toutes les irrévérences et les impiétés filiales du futur Figaro, un fonds de nature, de sensibilité vraie dans cette famille de Beaumarchais. […] En cette qualité de lieutenant général des chasses, il connaissait de certains délits et était investi d’un office de judicature qu’il remplissait sans trop sourire En 1764 (il avait trente-deux ans), se place un des épisodes les plus dramatiques de sa vie et qu’il a raconté lui-même dans un de ses Factums : c’est l’histoire de Clavico dont on a fait des drames, mais le seul vrai drame est chez Beaumarchais. […] Tel était chez Beaumarchais l’homme vrai, non seulement plus vrai que celui des libelles, mais qui s’est quelquefois forcé et, je dirai, calomnié lui-même dans Figaro.

793. (1853) Portraits littéraires. Tome I (3e éd.) pp. 1-363

L’ode à Fanny malade se distingue aussi par une mélancolie vraie, par une grâce toute particulière. […] L’inconstance peut-elle se concilier avec une affection vraie ? […] Engagé dans une voie vraie, il n’a pas su s’arrêter à temps. […] Le personnage de M. de Belnave n’est pas moins vrai que le personnage de Marianna. […] Marianna se détachant de Henri n’est pas moins vraie que George se détachant de Marianna.

794. (1890) Les princes de la jeune critique pp. -299

Mettez : acteurs ; la chose est plus vraie encore. […] est-ce désir de paraître un vrai Parisien ?) […] Il est vrai que c’était en Sorbonne. […] Serait-ce, par hasard, qu’il désirait la trouver vraie ? […] Ganderax excelle aussi à en maintenir le vrai caractère.

795. (1865) Introduction à l’étude de la médecine expérimentale

La vraie science apprend à douter et à s’abstenir dans l’ignorance. […] Cette définition est absolument vraie pour les analyses et les synthèses de la matière. […] C’est là, en un mot, qu’il fera la vraie science médicale. […] Toute la science humaine consiste à chercher la vraie formule ou la vraie théorie de la vérité dans un ordre quelconque. […] Cette remarque est vraie pour toutes les sciences.

796. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LVIII » pp. 220-226

Les images les plus riantes, les plus folâtres, viennent à tout moment et se lèvent à tous les coins, derrière chaque pilier du cloître, ce qui faisait dire l’autre jour à un plaisant que c’était une vraie tentation de saint Antoine, tant il y a de diables et de jolis diables ! […] Jamais, dans les vrais siècles de grandes et vertueuses œuvres, on n’a songé ainsi à étaler cette plainte secrète ; on travaillait, on mûrissait, et se sentir mûrir console des fleurs qu’on n’a plus : on croyait à ce perfectionnement intérieur qui va à l’inverse des grâces riantes et qui, en définitive, sait s’en passer. […] s’il venait un vrai poëte dramatique, combien il trouverait la place libre et le public disposé !

797. (1874) Premiers lundis. Tome I « Fenimore Cooper : Le Corsaire Rouge »

Personne mieux que lui n’a compris l’Océan, ses murmures et ses teintes, son calme et ses tempêtes ; personne n’a eu le sentiment aussi vif et aussi vrai d’un navire et de ses rapports sympathiques avec l’équipage. […] Nous voudrions encore, dussions-nous sembler bien exigeant, que le tailleur Homespun parlât un peu moins de ses cinq longues et sanglantes guerres, et que l’excellent Richard Fid farcît un peu moins sa conversation d’expressions nautiques ; l’auteur, en voulant être vrai, a renchéri sur la nature : les marins, les tailleurs et les gens de métier parlent aussi comme les autres hommes. […] Sa conduite, dans la tempête, au milieu des murmures de l’équipage, sa résolution de monter au mât sur le refus du lieutenant, sa volonté ferme de demeurer à bord du vaisseau abandonné tant qu’il en restera une planche à flot, tous ces sentiments énergiques et vrais répandent au milieu de tant de scènes déchirantes une forte teinte de sublimité morale qui rehausse et achève leur effet ; et lorsque, après la tempête, la nuit, sous les rayons de la lune, on voit Wilder, au gouvernail de la chaloupe, se pencher en avant, comme pour entendre la douce respiration de Gertrude endormie, l’âme du lecteur, qui a passé par tous les degrés de l’angoisse, jouit délicieusement de cet instant de pure ivresse, et succombant aux sensations qui l’inondent, elle dirait volontiers avec le poète : C’est assez pour qui doit mourir.

798. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 181-190

Malebranche avoit sur l’Histoire une opinion vraie à quelques égards, mais qui a besoin d’être modifiée. Il prétendoit que l’Homme raisonnable ne doit s’occuper que du vrai, considéré en lui-même ; que ce vrai peur seul perfectionner notre intelligence ; que l’étude de l’Homme est préférable à toute autre étude ; qu’il n’appartient enfin qu’à la Philosophie de nous le montrer, tel qu’il est, dans les idées primitives, dont l’Histoire ne nous présente, selon lui, que des copies imparfaites, ou des portraits défigurés.

799. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — H — article » p. 505

Il est vrai que sa plume s’est beaucoup exercée sur des discussions théologiques, logiques, & que ces Productions ont subi le sort commun à tous les enfans de la dispute & de l’humeur, qui ne devroient pas naître & meurent toujours avec la honte d’avoir existé ; mais il n’est pas moins vrai que M.

800. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre III. Le Petit Séminaire Saint-Nicolas du Chardonnet (1880) »

Je fus fait de telle sorte pour le bien, pour le vrai, qu’il m’eût été impossible de suivre une carrière non vouée aux choses de l’âme. […] Je ne peux m’ôter de l’idée que c’est peut-être après tout le libertin qui a raison et qui pratique la vraie philosophie de la vie. […] Quoique sa naissance fût, par un côté, la plus grande difficulté de sa vie, il honorait sa mère d’un vrai culte. […] Par là, il y eut entre nous une vraie étincelle de communication. […] La théologie et l’étude de la Bible allaient bientôt m’absorber, me donner les vraies raisons de croire au christianisme et aussi les vraies raisons de ne pas y adhérer.

801. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre VII. La littérature et les conditions économiques » pp. 157-190

Cela est vrai au début des civilisations ; cela reste vrai de nos jours. […] A coup sûr, nous sommes loin avec lui de la vraie vie des champs ; et pourtant certaines descriptions de la vallée du Lignon nous sortent du monde convenu où il nous promène. […] Les tombeaux des ancêtres sont au milieu de bocages de myrtes, de cyprès et de sapins. » L’heureux pays, n’est-il pas vrai ! […] Il aboutit à remplacer l’aristocratie fausse, factice, convenue, celle qui se fonde sur des parchemins ou des sacs d’écus, par l’aristocratie vraie, naturelle, qui repose tout entière sur le mérite personnel. […] Mais c’est une reine-esclave, soumise à la grande, à la vraie puissance de notre temps, l’Argent.

802. (1908) Dix années de roman français. Revue des deux mondes pp. 159-190

Les vrais protagonistes de cette sorte de roman sont M.  […] Paul Adam « voit » les choses sous un angle inédit, et il sait donner à ses décors un relief saisissant, presque toujours vrai. […] Le vrai bien-être pour la famille, tel est donc le premier article du credo social de M.  […] Le style en est vif, coloré, incisif, les images saisissantes, le mouvement emporté : à chaque page surgissent des traits mordants et de vraies trouvailles d’expression. […] Henry Bordeaux ne s’intéresse qu’aux figures vraies et vivantes : il aime la vie, il comprend la passion de vivre.

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