En prose, du moins, quel que soit un livre, s’il n’est au-dessous de tout examen, il y a des faits, quand il n’y a pas d’idées, et la médiocrité de l’auteur peut se racheter par la loyauté du travail et l’énergie de la volonté.
Taine, le pasteur Roger Holard prononçant l’éloge du défunt, a déclaré que ce n’était pas seulement pour se conformer au désir de Mme Taine et de ses enfants qu’un service funèbre était célébré, mais pour obéir à la volonté de M.
Anima serait l’agent du mouvement ; animus l’agent et le principe des actes de la volonté.
Chacun de nos actes vise une certaine insertion de notre volonté dans la réalité. […] On ne voit pas que la trajectoire se crée tout d’un coup, encore qu’il lui faille pour cela un certain temps, et que si l’on peut diviser à volonté la trajectoire une fois créée, on ne saurait diviser sa création, qui est un acte en progrès et non pas une chose. […] On peut rétrécir autant qu’on voudra le temps considéré, c’est-à-dire décomposer à volonté l’intervalle entre deux divisions consécutives Tn et Tn+1, c’est toujours à des points, et à des points seulement, qu’on aura affaire. […] Par la composition du réflexe avec le réflexe, Spencer croit engendrer tour à tour l’instinct et la volonté raisonnable. Il ne voit pas que le réflexe spécialisé, étant un point terminus de l’évolution au même titre que la volonté consolidée, ne saurait être supposé au départ.
Abdiquer sa volonté, se soumettre à des magistrats lointains qu’on n’a point vus, se considérer comme une partie dans un vaste ensemble, s’oublier pour un grand intérêt national, voilà ce que les Grecs n’ont jamais pu faire avec suite. […] Il semble qu’ayant arrêté le contour perceptible et précis de l’homme et de la vie, ils aient omis le reste et se soient dit : « Voici l’homme réel, un corps actif et sensible avec une pensée et une volonté ; et voici la vie réelle, soixante ou soixante-dix années, entre les vagissements de l’enfance et le silence du tombeau. […] L’habillement n’est chez eux qu’un accessoire lâche qui laisse au corps sa liberté, et qu’à volonté, en un instant, on peut jeter bas. — même simplicité pour la seconde enveloppe de l’homme, je veux dire la maison. […] Par la pénitence, le renoncement, la méditation, développons en nous l’homme spirituel, et que notre vie soit une attente passionnée de la délivrance, un abandon continu de notre volonté, un soupir incessant vers Dieu, une pensée d’amour sublime, parfois récompensée par l’extase et la vision de l’au-delà. […] Certainement la race était belle, mais elle s’était embellie par système ; la volonté avait perfectionné la nature, et la statuaire allait achever ce que la nature, même cultivée, ne faisait qu’à demi.
moi, je réplique : Volonté ! […] Je sentais la nature elle-même harmonieuse à la volonté de mon ami. […] … D’ailleurs, maladie du doute : nous n’y pouvons rien, puisque c’est de l’histoire qui, plus forte que nos volontés, par-dessus nos vertus ou nos crimes, fermente et bouillonne en nos profondeurs ! […] Les lois religieuses, dans une volonté de discipline et d’universelle domination, ont fait de l’amour, c’est-à-dire de l’éclosion éternelle de la vie, un épouvantail et un péché. […] Adressés à une femme dont la sensibilité était si éduquée déjà, la volonté si arrêtée, le tempérament si affirmé, il les sentait encore plus inutiles que dangereux.
Guizot : « un grand esprit rétréci par une grande volonté ; un penseur réprimé par un homme d’État. » Mme de Staël a « un esprit européen dans une âme française ». […] La Prusse est un produit de la volonté, une création non de la nature, mais des hommes. […] Elle a fini par professer que toute conquête est injuste si elle prétend disposer d’êtres humains contre leur volonté. […] Ils assouplissent les caractères et brisent les volontés. Mais ce dont nous avons besoin et qui, à l’heure actuelle, est devenu plus que jamais nécessaire, c’est de volontés énergiques.
J’avoue qu’à l’âge où je suis arrivé, je ne connaissais Montesquieu que de nom, et que je serais mort sur la prévention de son mérite transcendant, si je n’avais eu enfin, dans ces derniers temps, le loisir de l’étudier à fond et la volonté de m’en faire une idée juste. […] « Ne pourrait-il pas se faire que les missionnaires auraient été trompés par une apparence d’ordre ; qu’ils auraient été frappés de cet exercice continuel de la volonté d’un seul par lequel ils sont gouvernés eux-mêmes, et qu’ils aiment tant à trouver dans les cours des rois des Indes, parce que, n’y allant que pour y faire de grands changements, il leur est plus aisé de convaincre les princes qu’ils peuvent tout faire, que de persuader aux peuples qu’ils peuvent tout souffrir ? […] « Dans le feu des disputes entre les patriciens et les plébéiens, ceux-ci demandèrent que l’on donnât des lois fixes, enfin que les jugements ne fussent plus l’effet d’une volonté capricieuse ou d’un pouvoir arbitraire.
Le quiétisme est une erreur de certains mystiques qui prétendent s’élever à un état de perfection indéfectible, dans lequel leur âme, unie à Dieu, ne fait plus d’actes distincts de foi ou d’amour, ne connaît plus les dogmes définis, n’emploie plus les prières formelles, ne désire plus le salut éternel, s’abandonne passivement à la volonté divine, à toutes les inspirations et suggestions de cette volonté : le pur amour des quiétistes aboutit, en théologie à l’indifférence aux dogmes, en discipline au mépris des autorités ecclésiastiques, en morale à l’abandon de tout l’esprit et de toute la chair aux suggestions de l’instinct intérieur. […] Mais, à l’ordinaire, il contenait sa sensibilité ; il montrait un jugement net, une volonté ferme ; il avait la notion du possible et du pratique, le besoin de l’action efficace et précise.
« Et toz ceux dit Villehardouin, qui avoient esté lejor devant contre lui, estoierit en ce jor toz à sa volonté. ». […] Sa morale, c’est la volonté de Dieu qui châtie les péchés par les revers et qui fait réussir tous ceux qu’il veut aider. […] Personne, parmi les hauts personnages qui figuraient dans cette mêlée, n’en avait le sens et quoiqu’une sérieuse ambition d’acquérir et de s’accroître fût au fond de toutes les guerres, des habitudes plus fortes que les pensées et les volontés y font ressembler les princes à des champions qui se disputent le prix de la valeur, plutôt qu’à des hommes politiques qui songent à constituer des nations.
Car au nombre des sciences qu’on appelle morales, c’est-à-dire qui ont pour objet des manifestations de la pensée et de la volonté humaines, ne place-t-on pas la science du langage, le droit, l’économie politique, qui s’interdisent le plus possible, et chaque jour davantage, toutes les discussions métaphysiques ? […] Dans cette espèce de phraséologie, l’esprit apparaît souvent comme une sorte de champ dans lequel la perception, la mémoire, l’imagination, la raison, la volonté, la conscience, les passions produisent leurs opérations, comme autant de puissances alliées entre elles ou en hostilité. […] Il ne serait pas plus raisonnable d’abandonner les termes raison, mémoire, volonté, etc., que les mots peu, beaucoup, quelques.
Job remonte bientôt, comme nous remontons toujours, tous tant que nous sommes, de cet abîme, si nous sommes sensés ; oui, comme nous remontons jusqu’à la foi, qui est la réverbération du Dieu vivant sur notre âme, jusqu’à la résignation qui est le sacrifice, le sacrifice méritoire de la volonté propre à la suprême volonté, enfin jusqu’à la joie dans les larmes, qui est l’anticipation de l’immortalité par la foi en Dieu sur la terre. […] En quittant le rivage, il recouvre son âme : Roi de sa volonté, libre comme la lame !
Dans ce débat d’une si patiente volonté, le destin seul interviendra avec quelque efficacité, jamais l’idée. […] Il ne s’agit point seulement ici de l’incapacité d’oubli qui est, elle, un don, susceptible certes de culture, et qui se mue parfois en une inappréciable vertu esthétique, mais qui n’en a pas moins ses origines en deçà de la volonté : à l’incapacité d’oubli se superpose chez Schlumberger une volonté de ne pas oublier qu’il ne cesse de nourrir et qui frappe par son caractère tout positif. L’aspect le plus particulier que cette volonté assume en ses écrits, c’est qu’il semble qu’elle ne se limite pas aux sentiments et aux idées, qu’elle s’étende à tous les visages qui furent une fois regardés bien en face. […] Tous les segments de cette étendue, il les tient simultanément sous son regard : installé devant les choses tel un organiste devant son instrument, il tire à volonté les registres par l’action desquels nous sommes tour à tour transférés à des hauteurs différentes. […] La volonté continuait-elle chez Rivière de remplir l’office que naguère il lui assignait ?
Peut-être, d’ailleurs, est-ce chez lui besoin autant que volonté et calcul. […] Et il ne faut pas s’en étonner, puisqu’avant de devenir des impressionnistes de volonté et de méthode, ils étaient des impressionnistes sans le savoir. […] Mais suffit-il pour maîtriser les passions de proposer à la volonté des convenances engageantes ? […] Si habile soit-on, et si armé de logique, l’assaut des volontés ne se mène pas comme une opération géométrique ou une partie d’échecs. […] Mal armé d’une volonté qui « se désolait de ne pouvoir vouloir », il se sentait d’avance brisé.