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1435. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXIVe entretien. Chateaubriand, (suite.) »

L’Espagne dévorait nos armées ; les neiges de la Russie ensevelissaient nos légions vivantes. […] Il ne restait qu’un homme, démenti vivant à toutes les théories, debout, l’épée à la main, sur toutes les ruines.

1436. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série «  Leconte de Lisle  »

…………………… Une mer apparut, aux hurlements sauvages Et cette mer semblait la gardienne des mondes Défendus aux vivants, d’où nul n’est revenu ; Mais, l’âme par-delà l’horizon morne et nu, De mille et mille troncs couvrant les noires ondes, La foule des Kimris vogua vers l’inconnu13. […] Etre convaincu que toute émotion est vaine ou malfaisante, sinon celle qui procède de l’idée de la beauté extérieure ; regarder et traduire de préférence les formes de la Nature inconsciente ou l’aspect matériel des mœurs et des civilisations ; faire parler les passions des hommes d’autrefois en leur prêtant le langage qu’elles ont dû avoir et sans jamais y mettre, comme fait le poète tragique, une part de son cœur, si bien que leurs discours gardent quelque chose de lointain et que le fond nous en reste étranger ; considérer le monde comme un déroulement de tableaux vivants ; se désintéresser de ce qui peut être dessous et en même temps, ironie singulière, s’attacher (toujours par le dehors) aux drames provoqués par les diverses explications de ce « dessous » mystérieux ; n’extraire de la « nuance » des phénomènes que la beauté qui résulte du jeu des forces et de la combinaison des lignes et des couleurs ; planer au-dessus de tout cela comme un dieu à qui cela est égal et qui connaît le néant du monde : savez-vous bien que cela n’est point dépourvu d’intérêt, que l’effort en est sublime, que cet orgueil est bien d’un homme, qu’on le comprend et qu’on s’y associe ?

1437. (1839) Considérations sur Werther et en général sur la poésie de notre époque pp. 430-451

Nous soutenions donc « que la poésie, comprise en général comme l’a comprise Byron, est la seule qui sorte des entrailles mêmes de la société actuelle, qu’elle découle naturellement de la philosophie du Dix-Huitième Siècle et de la Révolution Française ; qu’elle est le produit le plus vivant d’une ère de crise et de renouvellement, où tout a dû être mis en doute, parce que, sur les ruines du passé, l’Humanité cherche un monde nouveau ». […] Il faut pour cela avoir le cœur libre, la tête pas trop ardente ; il faut n’avoir pas la tradition et l’héritage de la partie la plus vivante de l’Humanité.

1438. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 février 1885. »

Ambroise Thomas ; mais pour nous l’œuvre de Richard Wagner domine excellemment ; elle apparaît vivante, grande, forte, née pour régner : c’est bien l’œuvre d’art complète, qui n’est ni poésie, ni musique, ni plastique, mais qui, étant tout cela ensemble, est le drame. […] Montrons, autant qu’il sera en nous, par des documents d’ordre privé, des souvenirs, des notes familières, ce qui fut l’homme en ce créateur prodigieux qui a tiré de soi-même un art complet, à jamais vivant ; racontons s’il se peut, la genèse de ses ouvrages, de la conception première au plein épanouissement de l’exécution et, tout au moins, efforçons-nous d’en traduire le frisson particulier ; descendons à l’examen des procédés techniques — surtout des moyens expressifs ; répandons, enfin, notre admiration profonde et raisonnée pour ce génie hors de pair qui a ramené le Théâtre musical à l’humanité, à la vérité, à la musique.

1439. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 février 1886. »

C’est un marin norvégien, un brave et solide vivant. […] Il y a encore beaucoup à faire, à créer, à Bayreuth ; et pour chaque Wagneriste, il y a à contribuer à la formation de ce public idéal, de ce « peuple d’idéalistes » que Wagner nous a décrit, non pas de gens « qui se font des idéals » dans le sens banal du mot, mais d’hommes vivant dans l’idée, voyant l’Art et y croyant.

1440. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre X »

Que de portraits vivants, frappants, incisifs, abondent dans ce cadre où la vie circule, comme l’air du ciel dans un beau tableau ! […] Ces réserves faites, il n’y a plus qu’à louer et qu’à applaudir la tactique rapide de l’action, l’esprit serré du dialogue, la vérité vivante de quelques portraits.

1441. (1899) Esthétique de la langue française « Esthétique de la langue française — La déformation  »

La déformation Il faudrait être insensé pour vouloir dicter des lois dans une langue vivante. […] Il répète trop volontiers la plainte timorée de Lamennais : « On ne sait presque plus le français, on ne l’écrit plus, on ne le parle plus », — plainte qui ne veut rien dire, sinon : le français étant une langue vivante se modifie périodiquement et aujourd’hui, en 1862, on ne lit plus et on n’entend plus le même langage qu’en 1802, alors que j’avais vingt ans.

1442. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Ernest Feydeau » pp. 106-143

On dirait qu’il a interverti l’ordre des procédés ordinaires, et qu’il n’a pas placé ses personnages dans ses descriptions, mais plaqué ses descriptions par-dessus ses personnages, mettant l’accessoire devant le principal, et la plastique inerte devant la nature vivante ! […] Feydeau était plus médiocre, j’espérerais pour lui davantage, quoique le phénomène de Balzac, ce grand génie qui fut dix ans une effroyable chrysalide de médiocrité, plus étonnante que son génie même, ne doive probablement plus être un phénomène qui se renouvelle, nous vivants.

1443. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Alfred de Musset » pp. 364-375

[NdA] Un élégant écrivain qui passe pour un de nos premiers critiques, mais qui n’a jamais été un bon critique dès qu’il s’agissait de se prononcer sur les contemporains et les vivants, M. 

1444. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Chateaubriand, jugé par un ami intime en 1803 » pp. 2-15

Je sais que nul n’a droit de dire : « Je connais les hommes », ni même : « Je connais un homme » ; aussi, tant que cet homme est là vivant, on ne saurait trop multiplier et renouveler les occasions de l’observer, car on est seulement en voie de le connaître.

1445. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Dübner »

« Dübner a été exploité sans doute, mais il eût appartenu à des hommes généreux de le tirer de son vivant de ces conditions d’exploitation.

1446. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Appendice — II. Sur la traduction de Lucrèce, par M. de Pongerville »

Viennet ; il l’avait tant de fois, de son vivant, appelé un sot !

1447. (1874) Premiers lundis. Tome II « Chronique littéraire »

Notre législature ne représente pas plus l’opinion vivante et active, que l’Académie française ne représente la littérature féconde.

1448. (1874) Premiers lundis. Tome II « Chronique littéraire »

Barehou ; nous tâcherons peut-être de revenir quelque jour sur l’auteur lui-même, en l’abordant cette fois comme le père d’Hébal, par le côté personnel et plus vivant, et en insistant sur les mérites de l’écrivain.

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