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1194. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. DE BARANTE. » pp. 31-61

Ainsi nulle trace de rouille municipale dans cette vie d’Auvergne, mais l’étendue et l’aisance des relations, en même temps qu’une atmosphère morale et préservée. […] Il touchait à sa vingtième année ; un voyage qu’il fit à cette époque en Auvergne, et durant lequel il perdit sa mère, apporta une impression décisive dans sa vie morale, et détermina l’homme en lui. […] De bonne heure il avait pu voir la vie sous ses différents aspects ; il savait déjà le monde, et dans les lettres, dès qu’il y appliquerait son regard, il devait chercher de l’étendue et un libre horizon. […] Il y a ainsi un moment dans chaque vie distinguée où tout s’accumule et conspire, et ne demande qu’à éclore. […] Son Louis XI, pour la réalité et la vie, a soutenu la concurrence avec Quentin Durward.

1195. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Le comte de Ségur »

Quelquefois ce point de vue manque ; le jugement qu’on porte sur eux s’étend alors un peu au hasard et demeure dispersé comme leur vie et les productions mêmes de leur plume. […] Sa longue vie, traversée de tant de vicissitudes, serait intéressante à coup sûr, peu aisée pourtant à dérouler dans son étendue et à rassembler : lui-même, en la racontant, il s’est arrêté après la période brillante de sa jeunesse. […] A son retour, il entre dans la vie déjà sérieuse et dans la seconde jeunesse. […] J’eus occasion de lire votre Galerie morale et politique  : bientôt un peu de calme entra dans mon sein ; je suivais avec intérêt le voyageur que vous guidez dans l’orageux passage de la vie ; j’aurais voulu l’être, ce voyageur, je le devins. […] Traité avec le plus grand mépris dans cette Cour, et privé de l’espoir de jouer un rôle à Paris, la mort lui parut être sa seule ressource ; mais il porta sur lui une main mal assurée ; le courage manqua à ce nouveau Caton, pour achever… L’amour de la vie prévalut, un chirurgien fut appelé, et le comte prouva qu’il ne savait ni vivre ni mourir. » Quand on a eu affaire dans sa vie à des haines aussi cruelles et aussi envenimées que cette page en fait supposer, on a quelque mérite à n’avoir jamais pratiqué qu’indulgence et bienveillance, comme l’a fait M. de Ségur.

1196. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXVIIIe entretien. Fénelon, (suite) »

On y sent une prière, une adoration perpétuelle sous chaque parole, comme la chaleur sous la vie. […] La Providence allait renverser, dans la tombe prématurée du prince, les idées, les plans, les rêves, l’ambition, l’espoir et la vie du philosophe. […] … » Sa vie, en effet, était désormais sans mobile, il en avait perdu le but. […] … Je donnerais ma vie, non-seulement pour l’État, mais encore pour les enfants de notre cher prince, qui vit plus en moi encore que pendant sa vie. » XXXIX La mort de ses deux amis, le duc de Chevreuse et le duc de Beauvilliers, fit mourir la sainte ambition de Fénelon. […] Sa poésie enchante notre enfance, sa religion respire la douceur ; sa politique même n’a que les erreurs et les illusions de l’amour trompé ; sa vie tout entière est le poëme de l’homme de bien aux prises avec les impossibilités des temps.

1197. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre II. La première génération des grands classiques — Chapitre II. Corneille »

Les passions ne troublèrent pas sa vie : il était homme de famille, et vécut dans une étroite intimité avec son frère Thomas, de vingt ans plus jeune que lui. […] Cette retraite est le grand événement de sa vie. […] Bouquet, Points obscurs et nouveaux de la vie de Corneille, in-8, Paris, 1888. […] Chardon, la Vie de Rotrou mieux connue, in-8, Paris, 1885. […] Il écrit 21 pièces en 8 ans (1628-36), et 14 seulement dans les quatorze dernières années de sa vie (1637-1650).

1198. (1890) L’avenir de la science « II »

La science seule fournit le fond de réalité nécessaire à la vie. […] Un petit procédé pour se former le bon sens, une façon de se bien poser dans la vie et d’acquérir d’utiles et curieuses connaissances. […] Vivre sans un système sur les choses, c’est ne pas vivre une vie d’homme. […] Il est impossible de calculer à quelle profondeur ces deux simples vies se pénétraient. Évidemment le peuple, en face de l’animal, le prend comme son frère, comme vivant d’une vie analogue à la sienne.

1199. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XVIII. Formule générale et tableau d’une époque » pp. 463-482

Phèdre a des remords de chrétienne, Andromaque des délicatesses et des coquetteries de princesse habituée à la vie de cour ; Junie se fait vestale, comme une fille noble, ayant perdu son fiancé, entre en religion ; Mithridate expire aussi majestueusement que mourra Louis XIV. […] Les moralistes connaissent et peignent à merveille les gens des hautes classes ; tous les genres tenant à la vie du monde se développent ; la poésie s’unit à la musique et à la danse dans l’Opéra et les ballets de cour ; mais cette floraison est compensée par de graves lacunes. […] La vie intérieure est également laissée dans l’ombre, et j’entends par là aussi bien la vie du cœur que la vie domestique, l’expression des sentiments en chaque individu aussi bien que dans l’intimité du. foyer. […] Son système théâtral est une abstraction hardie qui supprime résolument une moitié de l’homme et de la vie. […] Elle ne saurait dispenser d’un tableau artistique où l’époque étudiée retrouve le mouvement et la vie.

1200. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mirabeau et Sophie. — II. (Lettres écrites du donjon de Vincennes.) » pp. 29-50

… On n’a point d’idée du genre de vie que l’on mène ici, d’où il ne peut sortir que des fous, si l’on y laisse longtemps les malheureux que l’on y renferme, et où l’on meurt enragé. […] Tantôt des hémorragies abondantes m’épuisent et indiquent la révolution que fait sur moi la vie renfermée. […] Je ne puis soutenir un tel genre de vie ; mon père, je ne le puis. […] Encore une fois, je suis enterré : cependant, si j’en crois ma tête et mon cœur, et ce je ne sais quel pressentiment qui est souvent la voix de l’âme, ma vie pourrait n’être pas inutile. […] Il y eut dans Mirabeau bien des vices et des grossièretés qui tenaient au tempérament ; il y en eut qui tenaient aux circonstances et à la vie besogneuse qu’une nécessité incessante lui imposa.

1201. (1864) William Shakespeare « Conclusion — Livre I. Après la mort — Shakespeare — L’Angleterre »

. — Le plus beau jour de la vie est celui d’une bataille. Vicomte de Tinténiac. — La vie n’est qu’un long mensonge. […] Cette vie en tumulte tombe dans un trou ; le genre humain poursuit sa route, laissant derrière lui ce néant. […] Il est vrai que c’est dans un apocryphe, la Vie de Moïse. […] Les peuples ont l’oreille dure et la vie longue ; ce qui fait que leur surdité n’a rien d’irréparable.

1202. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « X. M. Nettement » pp. 239-265

Nettement n’a pas l’éclat et la vie brûlante du talent de Mme de Staël. […] Parmi ces hommes, les uns sont morts, laissant leur gloire diminuée des passions de leur temps, éteintes, et de cet éclat tout personnel qui s’en va souvent avant la vie ! […] L’appréciation des influences de Béranger, sous la Restauration, l’étude faite de ses opinions, de son talent et de sa vie, honoreraient toute plume vivante et même celles qui sont regardées par l’opinion comme bien supérieures à la plume de M.  […] Ces longues luttes, l’occupation de toute sa vie, n’ont pas cependant durci cette main trop grasse et trop molle, qui souvent (nous ne le nions pas) frappa juste, mais ne frappa jamais bien fort. […] Nettement et sa puissance d’admiration naturelle, il y a autre chose que ces dons heureux dans les caresses qu’il prodigue aujourd’hui aux adversaires de toute sa vie.

1203. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 22, quelques remarques sur la poësie pastorale et sur les bergers des églogues » pp. 171-178

Ils ne ressemblent en rien aux habitans de nos campagnes et à nos bergers d’aujourd’hui : malheureux païsans, occupez uniquement à se procurer par les travaux penibles d’une vie laborieuse, de quoi subvenir aux besoins les plus pressans d’une famille toujours indigente ? […] Ainsi les bergers langoureux de nos églogues ne sont point d’après nature ; leur genre de vie dans lequel ils font entrer les plaisirs les plus delicats entremêlez des soins de la vie champêtre, et sur tout de l’attention à bien faire paître leur cher troupeau, n’est pas le genre de vie d’aucun de nos concitoïens.

1204. (1899) Les industriels du roman populaire, suivi de : L’état actuel du roman populaire (enquête) [articles de la Revue des Revues] pp. 1-403

Le peuple se plaît à voir ces figures contractées et furieuses, dont le spectacle le sort de sa vie régulière et monotone. […] Et l’on y restait englué pour la vie. […] On craint pour sa raison autant que pour sa vie. […] Si vous voulez serrer la vie de trop près, vous devenez, selon votre tempérament, ou brutal, ou mélancolique, ou ironique, ou amer. […] Nos gens de Lettres, leur vie intérieure, leur rivalités, leur condition. — In-18.

1205. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « III — Bossuet et la France moderne »

Il n’y a pas d’harmonie entre le ciel et la terre, mais opposition ; on ne peut aimer à la fois Dieu et le monde, la vie présente et la vie future, etc. […] Il lui fit entrevoir l’expiation des scandales de sa vie intime dans la lutte contre la Réforme. […] La vie même pour la vérité ! […] Leur vie, serrée et régulière, en semblait la satire, et celle même des catholiques en général. […] La voie dans laquelle la France s’est engagée ne paraît pas être celle du progrès et de la vie.

1206. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article » p. 281

Il faut remarquer qu'elle étoit tourmentée par un cancer quil ui rendoit la vie insupportable : Bientôt la lumiere des Cieux Ne paroîtra plus à mes yeux. […] Je ne me verrai plus, par un triste réveil, Exposée à sentir les tourmens de la vie. […] Viens, favorable Mort, viens briser des liens, Qui, malgré moi, m'attachent à la vie ; Frappe, seconde mon envie ; Ne point souffrir est le plus grand des biens.

1207. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre II. Distinction des principaux courants (1535-1550) — Chapitre III. Les traducteurs »

Amyot Amyot188, catholique sans fougue, helléniste délicat, qui vécut pour les lettres, fit une des grandes œuvres du siècle en traduisant Plutarque, les Vies et les Œuvres morales. […] Il ne l’explique point dogmatiquement : même dans ses dissertations, à plus forte raison dans ses Biographies, il peint ; il montre les individus, les actes, les petits faits qui sont la vie, les traits singuliers qui font les caractères. En même temps que les Vies de Plutarque enivrent les âmes imprégnées de l’amour de la gloire, et à qui ces éloges des plus hautes manifestations de l’énergie personnelle qui se soient produites dans la vie de l’humanité, montrent la voie où elles voudraient marcher, toute l’œuvre de Plutarque séduit comme déterminant assez exactement le domaine de ce que devra être la littérature : morale et dramatique. […] Vies de Plutarque, 2 vol. in-fol., Paris, Vascosan, 1559 (1560) ; 3e édit., 8 vol. in-8,1567 ; (édit, définitive), Paris, Morel, 1619.

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