Comme ils sont entrés dans cette époque par l’art et par les tableaux, les livres ne sont venus pour eux qu’en second, et quand ils ont abordé les livres, ils ont commencé par les plus minces, les plus légers, les plus piquants, les plus analogues aux peintures de genre. […] Pourquoi repousser, de propos délibéré, des natures, même incomplètes, qui ne demandent qu’à être attirées et à venir à vous par de certaines qualités qui sont en vous et qui ne sont pas absentes en elles ? […] On hésite, quand on lit ceux qui sont maîtres en ce genre excessif, à venir protester contre de si savants et parfois de si séduisants abus. […] On ne se figure pas l’effet heureux que produit dans une description toute physique, au milieu des couleurs qui viennent du dehors, quelques-uns de ces reflets sentis qui partent du dedans. […] Et cette idée me rend triste. » Si j’avais à tracer une histoire de l’élégie et de l’amour, je ne voudrais pas d’exemple plus piquant pour montrer où en vient l’imagination qui caresse en tout son rêve d’art ; que le cadre domine, et que la manière enchante.
Théophile Gautier qui vient à eux cette fois, non plus seulement comme un curieux et comme un érudit, mais comme un franc auxiliaire ; il entre dans la question flamberge au vent et enseignes déployées, ou, pour parler son pittoresque langage, il y entre « comme un jeune romantique à tous crins de l’an de grâce mil huit cent trente. » Un tel point de vue, hardiment choisi, est bien fait pour éveiller l’intérêt, quand on sait à quelle plume vive, à quelle plume effilée, intrépide et sans gêne on a affaire. […] Et puis, quand on en venait au siècle suivant, pourquoi ne pas aborder aussitôt par cet aspect de la charge satirique Mathurin Regnier, dont les grotesques de l’époque Louis XIII procèdent naturellement, et ne sont, après tout, que d’assez mauvais bâtards ? […] Qu’il eût reçu de la nature un génie prompt, facile et brillant, c’est ce que les contemporains ont reconnu généralement, et ce qu’il serait cruel, après ses malheurs, de venir lui refuser. […] Gautier l’en admire plus qu’il ne l’en blâme) que l’orgie fut d’abord un des emplois les plus assidus de son talent ; ces Cabinet satyrique, ces Parnasse satyrique, où on l’accusait d’avoir trempé avec d’autres beaux-esprits, et dont tout le monde voulut se justifier dès que vint le danger, ces recueils, tout farcis de grossières horreurs, avaient pourtant été approvisionnés par quelqu’un, et Théophile, sans nul doute, y avait fourni son contingent48. […] Comme il a précédemment loué et félicité Théophile d’avoir proscrit les divinités mythologiques et qu’il s’est écrié à ce sujet : « Ne croyez pas non plus qu’il fît un grand cas de ce pauvre petit cul-nud d’Amour ; il lui plume les ailes impitoyablement, » etc., etc. ; comme il vient à quelques pages de là de s’exprimer de ce ton absolu, que va-t-il faire lorsqu’il rencontre dans ces mêmes stances, qu’il proclame les plus admirablement amoureuses de la poésie française, le petit dieu Cupidon en personne : Ne crains rien, Cupidon nous garde… ?
Vient-on me voir ? […] A force d’or et de diamants, prodigués par la famille et les amis du dehors à l’un des geôliers, il était parvenu à s’évader et vivait dans une cachette sûre ; mais quelqu’un raconta devant lui que son avocat venait d’être arrêté comme soupçonné de lui donner asile : M. de Flahaut, pour justifier l’innocent, quitta sa retraite dès six heures du matin, et se rendit à la Commune où il se dénonça lui-même ; il fut peu de jours après guillotiné. Robespierre mort, Mme de Flahaut partit d’Angleterre avec son fils, et vint en Suisse, espérant déjà rentrer en France ; mais les obstacles n’étaient pas levés18. […] Mais, dès qu’ainsi ton doux soin m’est rendu, D’où vient, Enfant, que ta bouche innocente Soulève eu moi le soupir, et qu’absente J’aille peut-être au rêver défendu ? […] Quant à Mme de Souza, récompensée par le glorieux sourire, elle aime à citer cet exemple pour preuve que l’habitude du monde et de laisser naître ses pensées les fait toujours venir à propos : « car, dit-elle, cette réponse s’était échappée si à part de ma volonté et presque de mon esprit, que je fus tentée de me retourner aussitôt pour voir si personne ne me l’avait soufflée. »
Son enfant vint au monde au milieu d’une procession à la gloire des divinités dont il devait répandre le culte, au chant des hymnes, sous un platane, sur l’herbe, au bord du ruisseau. […] Puis vint Solon, ce fondateur de la démocratie d’Athènes, qui, plus homme d’État que Platon, sentit ce qu’il y avait de civilisation dans le génie, et qui fit recueillir ces chants épars, comme les Romains recueillirent plus tard les pages divines de la Sibylle. Puis vint Alexandre le Grand, qui, passionné pour l’immortalité de sa renommée, et sachant que la clef de l’avenir est dans la main des poètes, fit faire une cassette d’une richesse merveilleuse pour y enfermer les chants d’Homère, et qui les plaçait toujours sous son chevet pour avoir des songes divins. Puis vinrent les Romains, qui, de toutes leurs conquêtes en Grèce, n’estimèrent rien à l’égal de la conquête des poèmes d’Homère, et dont tous les poètes ne furent que les échos prolongés de cette voix de Chio. Puis vinrent les ténèbres des âges barbares, qui enveloppèrent pendant près de mille ans l’Occident d’ignorance, et qui ne commencèrent à se dissiper qu’à l’époque où les manuscrits retrouvés d’Homère, dans les cendres du paganisme, redevinrent l’étude, la source et l’enthousiasme de l’esprit humain.
En attendant toutefois que vînt l’heure d’être orateur et ministre, il enseigna à la Sorbonne ; il fut le plus grand professeur d’histoire que nous ayons eu. […] Aucun esprit ferme, au nom de l’école de Hume et de Voltaire, au nom de celle de l’expérience et du bon sens, au nom de l’humilité humaine, n’est venu lui dérouler les objections qui n’auraient rien diminué de ses mérites vigoureux de penseur et d’ordonnateur, qui auraient laissé subsister bien des portions positives de son œuvre, mais qui auraient fait naître quelques doutes sur le fond de sa prétention exorbitante. […] Cette syllabe animée un moment, voilà l’homme ; et vous venez lui dire qu’il n’a qu’à le vouloir pour saisir l’ensemble des choses écoulées sur cette terre, dont la plupart se sont évanouies sans laisser de monuments ni de traces d’elles-mêmes, et dont les autres n’ont laissé que des monuments si incomplets et si tronqués ! […] Dans cet âge de sophistes où nous sommes, c’est au nom de la philosophie de l’histoire que chaque école (car chaque école a la sienne) vient réclamer impérieusement l’innovation qui, à ses yeux, n’est plus qu’une conclusion rigoureuse et légitime. […] Si vous venez dire à un général d’armée : « N’adoptez que la méthode défensive, jamais l’offensive », en sera-t-il beaucoup plus avancé pour gagner une bataille ?
Le sultan Mahmoud, de race turque, qui régnait dans le Kaboul, et dont les conquêtes s’étendirent jusqu’à l’Inde, fut un dessus ardents à se signaler en cette voie de renaissance littéraire qui venait en aide à ses projets politiques, ou qui du moins pouvait illustrer son règne. […] Son renom était tel, que le roi de la ville, bien que sujet des Turcs, sachant qu’il approchait, vint au-devant de lui, lui promit de faire chercher Raksch, et lui offrit une splendide hospitalité. […] Le jeune Sohrab, de son côté, quand vient le matin, en présence de cette armée dont le camp se déploie devant lui, est avide de savoir si son noble père n’en est pas. […] Le prisonnier fait semblant de croire que Roustem n’est pas venu, car il craint que ce jeune orgueilleux, dans sa force indomptable, ne veuille se signaler en s’attaquant de préférence à ce chef illustre, et qu’il ne cause un grand malheur. […] Je suis venu comme la foudre, je m’en vais comme le vent ; peut-être que je te retrouverai heureux dans le ciel !
Et c’est ainsi que, dans ces charmants volumes de La Mare au diable, je trouve en tête la page que j’ai citée, et, tout à la fin, je ne sais quelle brochure socialiste qui vient s’ajouter là, on ne sait pourquoi. […] En général, le petit Pierre reparaît dans toutes les situations décisives et vient clore les choses ; c’est l’ange, je l’ai dit, c’est le médiateur et comme le lien entre la première femme et celle qui sera la seconde. […] Ces deux bessons, dont l’un, venu une heure avant l’autre, s’appela Sylvain ou Sylvinet, et l’autre Landry, étaient pareils de tout point, et, tant qu’ils furent enfants, on eut peine à les distinguer l’un de l’autre. […] Le moment, pour la critique, d’embrasser ce puissant talent dans son cours, et de le pénétrer dans sa nature, n’est pas venu, selon moi ; il faut le laisser courir encore. […] [NdA] Ce bon et grand La Fontaine venait là non sans dessein, et parce que dans le même temps il avait paru une petite diatribe de M. de Lamartine contre La Fontaine (voir Le Conseiller du peuple, premier numéro de janvier 1850).
Une véritable étude sur le romancier célèbre qui vient d’être enlevé, et dont la perte soudaine a excité l’intérêt universel, serait tout un ouvrage à écrire, et le moment, je le crois, n’en est pas venu. […] Quand il en fut de sa lecture au passage où il dit : « Mais je craindrais, en lisant Rousseau, d’arrêter trop longtemps mes regards sur de coupables faiblesses, qu’il faut toujours tenir loin de soi… » Sieyès l’interrompit en disant : « Mais non, il vaut mieux les laisser approcher de soi, pour pouvoir les étudier de plus près. » Le physiologiste, avant tout curieux, venait ici à la traverse du littérateur qui veut le goût avant tout. […] Il venait, il causait avec vous ; lui, si enivré de son œuvre, et, en apparence, si plein de lui-même, il savait interroger à son profit, il savait écouter ; mais, même quand il n’avait pas écouté, quand il semblait n’avoir vu que lui et son idée, il sortait ayant emporté de là, ayant absorbé tout ce qu’il voulait savoir, et il vous étonnait plus tard à le décrire. […] La nuit vient, nous allons demander l’hospitalité à un château. […] Après les caractères vient l’action : elle faiblit souvent chez M. de Balzac, elle dévie, elle s’exagère.
L’Empereur vint lui-même du camp de Boulogne, où il était alors, faire une apparition dans la ville de Charlemagne. […] Celle de Mœris, qui est d’elle, air et paroles, a eu bien de la vogue : Mais d’où me vient tant de langueur ? […] En quittant son couvent, où elle laisse une amie indispensable, elle verse « autant de larmes qu’elle en eût répandu si l’on était venu lui dire qu’il y fallait passer un an de plus ». […] Il n’ose comprendre, il regarde encore, quand un second signe, toujours dans la langue des sourds-muets, vient lui dire : Je vous aime. […] [NdA] Ce roman de Laure d’Estell n’avait été écrit et publié par Mme Gay que pour venir au secours d’un oncle et d’une tante, M. et Mme B… de L…, qui se trouvaient sans ressources en rentrant de l’émigration, et dans un temps où elle-même n’avait pas encore la fortune qu’elle eut depuis.
Poirier prouvent avec éclat que le poète a compris la portée de la révolution dramatique que vient d’accomplir M. […] Les habitants de Croissy, de Chatou et de Bougival sont venus en foule apporter à la famille le témoignage de leur sympathie. […] Et, maintes fois, il avait recommandé aux siens de lui épargner, quand l’heure suprême serait venue, tout spectacle, tout indice qui pourrait lui donner le soupçon que c’était fini pour lui de vivre et d’aimer. […] Nous eûmes ensemble de longues et fréquentes conversations, soit lorsqu’il me faisait visite au presbytère, soit lorsque j’allais le voir à sa villa… Souvent nous sommes venus à causer des choses de la religion. […] Lorsque la maladie est venue le clouer sur son lit de douleur, l’illustre écrivain mettait la dernière main à une pièce en cinq actes, qui eût ajouté, nul n’en doutera, un fleuron glorieux à sa couronne déjà si glorieuse.
… Croyez-vous qu’ils feraient — si l’idée leur en venait — La Chanson des Gueux comme M. […] Il faut convenir que cette idée ne pouvait venir qu’à une tête poétique, et je dirai plus : — à une âme profonde. […] Il a, comme eux, ce je ne sais quoi, impossible à déterminer et même à nommer, mais qu’on sent dans les profondeurs de l’âme maîtrisée… Les poètes qui diffèrent le plus de ce dernier venu par le sujet de leurs chants, lui ressemblent par cela seul qui les fait poètes. […] L’auteur des Blasphèmes que voici est bien venu à son heure, et son heure doit en être fière ! […] Mais la poésie de madame Ackermann n’était, malgré la fermeté de son marbre, que la balbutie de la poésie qui allait venir.
Nous venons d’essayer, dans cette étude, ce que souvent se plaît à faire l’impartiale curiosité de l’esprit français. […] Voici venir cette grande épreuve. […] « Viens errer avec moi à travers la forêt. […] Le Dieu pour lequel ils ont donné leur vie est venu s’offrir pour eux. […] puisse nous être accordée la grâce de venir à leur suite !
René Barjeau vient d’avoir, dans Le Gaulois, une miraculeuse idée. […] Depuis jeudi, je vais et je viens dans la maison, je vais et je viens dans le jardin, essayant de retrouver toutes les choses qu’il nous dit à la place même où il nous les dit. […] D’infâmes cosmopolites sont venus qui ont détruit à jamais cette beauté nationale ! […] Ils ne viennent jamais nulle part. […] Il tâche d’être, grâce à son génie, la source intarie de progrès où les peuples viennent s’abreuver.
Tout ce qu’il y a de jeune dans le catholicisme en France, tout ce qui est arrivé là par l’imagination, par les idées absolues, par les systèmes, par la tête plutôt que par le cœur, par la mode, les disciples des cathédrales et de l’art chrétien, les convertis du Saint-Simonisme enclins à la théocratie, les hommes venus là au sortir du jacobinisme révolutionnaire ou même sans en sortir (et il y a un noyau dont le type est Buchez), tout cela forme une milice ardente, violente, ou même légère, qui parade dans les églises aux Semaines Saintes, qui guerroie dans les journaux, et qui essaye le tapage aux cours. […] Exemple : un jésuite prédicateur est envoyé de Paris dans un diocèse ; il prêche, il a du succès, on vient à lui pour la confession. […] Guizot patiente, gêné peut-être à cet endroit par sa position même de protestant et par les ménagements dus à la conscience de la reine. — Mais viennent Thiers, Rémusat, les autres… Si le clergé remuait alors, il ne trouverait plus cette espèce de sympathie politique que les hommes essentiellement conservateurs sont accoutumés à lui accorder.