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1070. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Les poètes décadents » pp. 63-99

Baju, né dans la Charente, était venu depuis peu à Paris, poussé par l’ambition de s’y faire un nom. […] « C’est alors que Baju vint, et, en vue de congréger “les forces éparses en un faisceau unique”, pour me servir de ses propres expressions rapportées au commencement de ce travail, fonda le Décadent, au milieu de quelles difficultés, avec combien de bravoure et de furie, ce n’est rien que de le dire. […]  » Et ceci encore à propos d’une demoiselle qui venait d’être reçue docteur en médecine : — « Quelques-uns s’alarment de voir les femmes entrer en concurrence avec le sexe mâle. […] Des bribes d’interviews, des correspondances de famille dévoilées, des poèmes retrouvés, venaient restreindre le champ de la fantaisie. […] Et, un beau jour, les pages du Décadent se magnifièrent de cet « Avis » insolite où la venue du Poète-phénomène était, à grand renfort d’orchestre, notifiée : « Que le Cistre redonde et que jubilent nos cithares !

1071. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « V »

On jugera suffisamment évident que la publication des quelques pages que je viens d’écrire, doit être mortelle aux intérêts de la Revue Wagnérienne comme aux miens. […] Nous pouvons garantir l’exactitude de cette nouvelle qui nous vient — indirectement — de Bayreuth. […] Alors vint un chanteur de notre Opéra, m’apportant une lettre du compositeur Wagner, dans la pensée que les dires de l’homme dont le Tannhæuser m’avait tant enthousiasmé peu auparavant, m’intéresserait. […] Mon conseiller de cabinet porta l’invitation à Lucerne ; et mon désir ardent s’accomplit bientôt — le poète compositeur vint à Munich. […] Je viens donc me mettre à votre disposition pour vous donner les preuves irréfutables que c’est avec mes seuls deniers que j’ai conduit l’entreprise qui vient d’avoir une issue si néfaste pour moi, et que personne, soit d’Allemagne, soit de France ou d’ailleurs, même parmi mes coreligionnaires artistiques ou mes amis les plus proches, n’a eu un intérêt pécuniaire quelconque ni apporté d’argent dans mon entreprise.

1072. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « La duchesse du Maine. » pp. 206-228

Les nouveaux venus n’ont pas tous été si conciliants que les parvenus du temps de La Bruyère. […] Elle n’y pouvait paraître sans que le Sylvain de Châtenay, la Nymphe d’Aulnay, lui vinssent rendre hommage en personne ; et il n’était pas jusqu’au Plessis-Piquet qui n’eût sa manière de divinité champêtre. L’abbé Genest y avait choisi son ermitage, d’où il venait faire ses dévotions à la Dame de Sceaux. […] Dans l’automne de 1746, ayant compromis sa sûreté par une de ces imprudences qui lui étaient si familières, il vint un soir demander asile à la duchesse du Maine, qui le cacha dans un appartement écarté dont les volets restaient fermés tout le jour. […] On n’y voit qu’un cercle d’enchantement tracé dès le premier jour, et dans lequel des esprits déjà faits venaient se dépenser en hommages aux pieds de la divinité du lieu, et s’évertuer à l’envi pour la divertir.

1073. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Madame de La Vallière. » pp. 451-473

La reine mère, Anne d’Autriche, jalouse de l’amitié de son fils que lui ôtait Madame, trouvait fort à redire, au nom des mœurs, à une telle intimité : pour la mieux entretenir et pour la couvrir, il fut convenu entre Madame et Louis XIV que le roi ferait l’amoureux de quelqu’une des filles d’honneur de la princesse, ce qui lui serait un prétexte naturel à se mettre de toutes les parties et à venir à toutes les heures. […] En entrant, elle se jeta aux genoux de la supérieure, en lui disant : « Ma mère, j’ai toujours fait un si mauvais usage de ma volonté, que je viens la remettre entre vos mains. » Sans attendre la fin de son noviciat, et le jour même de son entrée dans le cloître, elle fit couper ses cheveux, « autrefois l’admiration de tous ceux qui ont parlé de sa personne ». […] Quand elle épousa le prince de Conti (1680), on s’empressa de toutes parts de venir faire compliment à la mère, et celle-ci soutint ce dernier hommage du monde, qui lui était bien plutôt une humiliation, avec une modestie, une bonne grâce et une décence accomplie, qui ont été fort célébrées. […] Il avait dès longtemps cessé de l’aimer ; mais quand elle lui avait prouvé qu’elle pouvait s’arracher à lui et lui en préférer un autre, cet autre ne fût-il que Dieu seul, elle l’avait entièrement détaché et aliéné d’elle ; il ne le lui avait point pardonné : « Elle m’a souvent dit, raconte Madame, mère du Régent, que si le roi venait dans son couvent, elle refuserait de le voir et se cacherait de manière qu’il ne la trouverait point. Elle a été dispensée de cette peine, car le roi n’est jamais venu.

1074. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le comte-pacha de Bonneval. » pp. 499-522

C’est alors qu’une affaire de comptabilité vint à la traverse des espérances et de l’essor militaire de Bonneval et coupa encore une fois sa carrière. […] Évidemment Bonneval se trompait de date : il se croyait encore au temps de ses aïeux, sous la Ligue et sous la Fronde ; il oubliait que Louvois était venu, que la qualité et la bravoure ne dispensaient plus d’être exact et d’obéir, et que le régime de l’égalité s’appliquait désormais même à la guerre. […] Mais rien ne vint fournir prétexte à son très léger repentir, et la misère, jointe au dépit, lui fit conclure son traité avec le prince Eugène. […] Déjà, en étudiant Bussy-Rabutin, Saint-Évremond, ces spirituels disgraciés, et qui étaient à la veille d’être des guerriers illustres, on a pu noter l’effet d’un de ces défauts de caractère, de cet esprit de raillerie ou de libertinage, qui, comme une paille secrète, est venu altérer la trempe de l’ensemble et rompre le milieu d’une belle vie. […] Il s’agissait, pour Bonneval, de s’évader de Turquie, et, en s’embarquant sur une frégate napolitaine qui croiserait dans l’Archipel, de venir à Rome chercher un asile, un lieu de réparation honorable et de repos.

1075. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Volney. Étude sur sa vie et sur ses œuvres, par M. Eugène Berger. 1852. — I. » pp. 389-410

Berger, vient m’en rappeler l’idée et m’en procurer l’occasion. […] Il vint à Paris vers 1776, y poussa fortement ses études de linguistique et d’histoire, débuta par un mémoire sur la chronologie d’Hérodote, et brisa une lance contre Larcher44 ; il s’annonçait comme devant marcher sur les traces du docte Fréret. […] Parmi ces témoignages, il en est un qui vient des Livres saints et qui semble faire loi avant toute discussion. […] Jamais, avec lui, un grand mot de Job ne vient traverser l’âme humaine et faire parler ses douleurs ; jamais l’aigle du prophète ne s’élève à l’horizon et ne plane sur les ruines. […] La première flatterie adressée aux tribunes vint donc de Volney, lequel d’ailleurs y semblait peu intéressé puisqu’il n’était pas orateur.

1076. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre II. Shakespeare — Son œuvre. Les points culminants »

L’homme d’Homère, Achille, est un Adam ; de lui vient l’espèce des tueurs ; l’homme d’Eschyle, Prométhée, est un Adam ; de lui vient la race des lutteurs ; l’homme de Shakespeare, Hamlet, est un Adam ; à lui se rattache la famille des rêveurs. […] Mercure, ami de tout le monde, vient lui donner des conseils de lendemain de coups d’état. […] Il croit peu au sceptre, bafoue le trône, a pour camarade un étudiant, dialogue avec les passants, argumente avec le premier venu, comprend le peuple, méprise la foule, hait la force, soupçonne le succès, interroge l’obscurité, tutoie le mystère. […] Les nuées viennent sur sa tête, les forêts l’accablent d’ombre, l’ouragan s’abat sur sa nuque, l’orage plombe son manteau, la pluie pèse sur ses épaules, il marche plié et hagard, comme s’il avait les deux genoux de la nuit sur son dos. […] se sentir oublié dans le départ, avoir perdu sa raison d’être ici-bas, être désormais un homme qui va et vient devant un sépulcre, pas reçu, pas admis ; c’est une sombre destinée.

1077. (1894) Études littéraires : seizième siècle

Commynes vint, et resta. […] Il vient d’un homme. […] 11 vient d’un peuple. […] Aussi Malherbe semble-t-il venir, non après Ronsard, mais après Marot. […] Ronsard passait l’eau et venait partager les leçons d’Antoine de Baïf.

1078. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article »

La cause de cet oubli vient naturellement de ce que les sujets qu’ils traitent ont été remaniés depuis par des Ecrivains plus habiles. En fait d’Ouvrages d’Erudition & de Recherches, il est assez ordinaire que les derniers venus fassent oublier leurs prédécesseurs, quand ceux-ci ne sont pas du premier mérite.

1079. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIVe entretien. Littérature, philosophie, et politique de la Chine » pp. 221-315

Sa philosophie fraternelle commence à peine à être sensible dans la législation et dans la politique ; son ère gouvernementale n’est pas encore venue même dans la littérature d’état. […] Est-elle venue des steppes de cette Tartarie qui lui a envoyé depuis tant de suppléments de population et de conquérants ? […] Le zèle qu’on a eu dans tous les temps pour les Kings vient moins cependant de leur ancienneté que de la beauté, de la pureté, de la sainteté et de l’utilité de la doctrine qu’ils contiennent. […] « Si les belles instructions de Yao et de Chun, répondit Tchang-Houng, viennent à se perdre ; si les sages règlements des premiers fondateurs de notre monarchie viennent à être oubliés ; si les cérémonies et la musique1 sont négligées ou corrompues ; si enfin les hommes viennent à se dépraver entièrement, la lecture des écrits que laissera Confucius les rappellera à la pratique de leurs devoirs, et fera revivre dans leur mémoire ce que les anciens ont su, enseigné et pratiqué de plus utile et de plus digne d’être conservé. » On rapporta à Confucius le magnifique éloge que Tchang-Houng avait fait de lui. […] « Il estime les gens de lettres, mais il ne mendie pas leurs suffrages ; il ne s’abaisse ni ne s’élève devant eux ; il se contente de ne pas les offenser, et de les traiter avec honneur quand ils viennent à lui.

1080. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXVe entretien » pp. 317-396

Cette heure n’est pas venue. […] Mon cœur flétri se glace et saigne de douleur à chaque fin d’automne, lorsque vient le moment de décider du sort des criminels. […] « Le pouvoir et les règles pour décerner les récompenses et les châtiments publics viennent d’en haut. […] Les arts viennent ensuite : l’histoire, l’art de la porcelaine y tient une grande place ; l’histoire naturelle y a ses Pline et ses Buffon. […] Les annales et les ouvrages des lettrés de toutes les dynasties, depuis les Han, viennent au second rang.

1081. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVIe entretien. Balzac et ses œuvres (1re partie) » pp. 273-352

Il venait d’être mis à la retraite et de subir des pertes d’argent dans deux entreprises. […] « “Quand viendrez-vous me voir ? […] « “L’Iris messagère ne vient pas ! […] ils brisent le corps, et, la fatigue venue, le découragement suit ! […] À son retour, il vint me voir.

1082. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre onzième »

S’il n’est pas appelé dans le travail, sitôt l’enfant venu au monde, on ne fait rien sans ses prescriptions. […] Outre les visiteurs venus pour les consultations, il y avait les curieux, et le nombre en était immense. […] Venu au monde bon et libre, c’est la société qui le rend esclave et méchant. […] Mais qu’Émile reçoive un billet qui l’invite pour le lendemain à venir manger de la crème, voilà l’occasion venue de commencer son instruction. […] Telle était chez Rousseau l’ardeur de n’être de l’avis de personne, qu’en voyant venir les autres à son avis, il s’en était dégoûté.

1083. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre VII, seconde guerre médique. »

Toute l’armée vint s’agglomérer dans son enceinte, myriade par myriade. […] Une chouette, qui vint s’abattre sur le haut d’un mat, parut à tous la figure ailée de Pallas donnant le signal. […] Les deux navires restèrent accrochés, d’autres, des deux côtés, vinrent à leur secours, et la mêlée s’engagea. […] Un Samien vint presser l’amiral de Lacédémone : — « Quel est ton nom ?  […] Un siècle encore, et l’épée d’Alexandre viendra l’achever.

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