Fouquet s’était créé, dans sa terre magnifique de Vaux, comme un Versailles anticipé ; il y avait fait exécuter des travaux immenses dont il s’efforça d’abord de dérober l’étendue et les dépenses à la connaissance du roi, bien que, par une contradiction singulière et bien naturelle aux fastueux, il affectât ensuite de lui en étaler les résultats et les merveilles. […] On a mainte fois raconté cette fameuse fête donnée à Vaux par Fouquet à Louis XIV le 17 août 1661, et durant laquelle le roi avait résolu d’abord de le faire arrêter, comme si le scandale d’une telle opulence devait étouffer tout respect de l’hospitalité. […] Si prévenu qu’il fût des profusions et des splendeurs de Vaux, Louis XIV en arrivant fut étonné et ne put s’empêcher de le paraître. […] Il y faisait valoir les belles qualités de Fouquet, les importants services qu’il avait rendus sous Mazarin, sa fidélité au sein du Parlement sur la fin de la Fronde, ses ressources de financier dans les temps de guerre, cette vigueur, cette adresse, ce courage, ce génie naturel qu’il compare à un cheval trop emporté, mais généreux : Domptez-le, Sire, mais ne le tuez pas. […] Jamais La Fontaine ne fut plus à l’aise ni plus à son avantage que dans ce cadre des merveilles de Vaux, dans ce premier Versailles sans contrainte et légèrement licencieux.
Cette retraite, si elle avait été possible, aurait sans doute mieux valu pour son repos, et peut-être aussi pour sa gloire ; mais il n’avait pas un de ces tempéraments poétiques qui s’imposent à volonté une continence de quinze ans, comme fit plus tard Racine. […] On se souvient des magnifiques vers de l’Épître à Ariste, dans lesquels Corneille se glorifie lui-même après le triomphe du Cid : Je sais ce que je vaux, et crois ce qu’on m’en dit. […] Hors de là il valait peu : brusque, lourd, taciturne et mélancolique, son grand front ridé ne s’illuminait, son œil terne et voilé n’étincelait, sa voix sèche et sans grâce ne prenait de l’accent, que lorsqu’il parlait du théâtre, et surtout du sien. […] Lebrun, l’auteur de Marie Stuart, sait réciter et faire valoir à merveille. […] Le prix que nous valons, qui le sait mieux que nous ?
Mon mot sur l’architecture Il ne s’agit point ici, mon ami, d’examiner le caractère des différents ordres d’architecture ; encore moins de balancer les avantages de l’architecture grecque et romaine avec les prérogatives de l’architecture gothique, de vous montrer celle-ci étendant l’espace au-dedans par la hauteur de ses voûtes et la légèreté de ses colonnes, détruisant au-dehors l’imposant de la masse par la multitude et le mauvais goût des ornements ; de faire valoir l’analogie de l’obscurité des vitraux colorés, avec la nature incompréhensible de l’être adoré et les idées sombres de l’adorateur ; mais de vous convaincre que sans architecture, il n’y a ni peinture ni sculpture, et que c’est à l’art qui n’a point de modèle subsistant sous le ciel que les deux arts imitateurs de la nature doivent leur origine et leur progrès. […] Il semble qu’il eût mieux valu s’en écarter, et qu’il y aurait eu plus d’habileté à produire l’effet contraire, et à donner de la grandeur à une chose ordinaire et commune. […] Valait-il mieux réduire cet édifice à un effet ordinaire et commun par l’observation rigoureuse des proportions que de lui donner un aspect étonnant par une ordonnance moins sévère et moins régulière ? […] Qu’est-ce qu’un défaut qui fait valoir le tout ?
L’une est la possession en commun d’un riche legs de souvenirs ; l’autre est le consentement actuel, le désir de vivre ensemble, la volonté de continuer à faire valoir l’héritage qu’on a reçu indivis. […] Dans le passé, un héritage de gloire et de regrets à partager, dans l’avenir un même programme à réaliser ; avoir souffert joui, espéré ensemble, voilà ce qui vaut mieux que des douanes communes et des frontières conformes aux idées stratégiques ; voilà ce que l’on comprend malgré les diversités de race et de langue. […] En fait de souvenirs nationaux, les deuils valent mieux que les triomphes, car ils imposent des devoirs, ils commandent l’effort en commun.
Mieux vaudrait convenir une bonne fois de ce qui est beau, et n’en plus sortir. […] Mais non point de paresse, cela vaut mieux ; recommençons, rafraîchissons-nous toujours ; obligés de contrôler, de défendre ou de modifier tant soit peu les beautés connues, n’y voyons qu’une occasion d’en retrouver la sensation plus vive et toujours nouvelle ; ne nous figeons pas dans le classique, baignons-nous-y toujours. […] Mais il vaut mieux que je vous donne la vie, et que nous vivions en paix. […] Car, bien que nous ne soyons pas demeurés muets chacun de notre côté, il me semble que nous nous faisons valoir l’un l’autre, et que nous nous entredisons des choses que nous ne disons pas ailleurs. » Je ne sais si elle le fait valoir autant qu’il s’en flatte ; mais certes, il la fait valoir par sa roideur de ton et ses airs guindés, elle la rieuse à belles dents, la malicieuse enjouée, la ravissante et la légère !
Sais-je ce qu’elle vaudra ? […] Certes, La Terre promise ne vaut ni moins ni plus que les antérieurs romans du même auteur. […] Ses romans, soit dit sans intention de paradoxe, valent mieux. […] — Mais, observe Mme Marie-Anne de Bovet, les jeunes filles (celles qui valent qu’on s’intéresse) ne se livrent pas, se ferment aux confidences et M.
Mieux vaut laisser séparé ce qui n’est pas logiquement et naturellement lié. Faute d’avoir pris ce parti, dans le second chant de son Art poétique, Boileau a sué pour trouver des transitions, et elles sont telles, qu’il vaudrait mieux qu’il n’y en eût pas. […] Mieux vaut laisser les choses dans leur naturelle incohérence et, quand on a fini de l’une, passer bonnement à l’autre sans plus de cérémonie.
— aux potaches, pour qui il vaudra un portrait d’actrice. […] Ce qu’on se rappelle — avec la meilleure volonté — de cette partie de son œuvre, c’est qu’elle lui valut un excellent duel de publicité avec je ne sais quel prince des élégances mort depuis et dont le monocle se suspendait à un ruban très large. […] Il nous conte avec indifférence de bien indifférentes aventures, La Canne de Jaspe, le Bon Plaisir, la Double Maîtresse, tout ça se vaut et ne vaut rien.
C’est qu’elle vaut mieux que celle de La Harpe. […] Elle pourrait valoir mieux que celle que vous citez et ne valoir pas grand’chose. […] N’allez pas inférer de cette histoire que, si la vénalité des charges est mauvaise, le concours ne vaut guère mieux, et que tout est bien comme il est.
La moindre impression personnelle, qui nous fait sentir l’Âme d’un homme du passé comme nous sentons celle d’un vivant de notre connaissance, fût-ce de la même imparfaite et faible façon, vaut mieux que la servile répétition des plus complets jugements qu’on a portés sur lui. […] Le tout n’est pas, surtout pour vous, de pénétrer l’homme à fond, de mesurer sa grandeur ou de démêler sa complexité : c’est d’avoir et de donner la sensation du vivant : c’est d’avoir vraiment pris son contact ; et l’eût-on vu de profil, n’en eût-on vu que l’ombre, cela vaudrait mieux encore que d’avoir calqué une photographie antérieure. […] À l’envers de ce qu’on croit d’elle communément, je suis sûr qu’elle valait mieux à soixante ans qu’à trente. […] Dès qu’elle a eu fait sa petite fortune royale, elle a vu que cela même n’en valait pas la peine ; et elle est entrée fort sincèrement dans la voie du détachement.
Je pense d’ailleurs, en toute simplicité, que ni l’Aînée ni la Bonne Hélène n’en valent moins pour cela, de même que, pour avoir été reçue avec acclamation, Frédégonde n’en vaut pas mieux. […] Ce n’est donc pas pour me venger du Comité que j’ai traité Frédégonde précisément comme le public l’a fait à partir de la seconde représentation, mais parce que je trouvais, comme lui, et bien sincèrement, que Frédégonde ne valait pas le diable. […] La littérature, il faut l’aimer ; mais le mieux est de l’aimer sans en faire ; et, quand on en fait, les bénéfices que notre vain orgueil en attend ne valent pas que l’on devienne méchant à cause d’elle ni que, pour elle, on perde son âme.
ce qui vaut le mieux en ces cinq volumes, c’est encore le Voyage d’Orient, c’est-à-dire un livre de faits et d’observation, tout simplement, et une étude assez étendue sur Rétif de la Bretonne, où le critique double le biographe. […] Dans le Rétif de la Bretonne, même clarté d’expression et d’exposition, même santé de style, même intérêt de notions acquises ; et si le critique ne vaut pas là le voyageur, c’est que le critique doit avoir des principes au nom desquels il juge et les œuvres et les hommes, et que Gérard de Nerval, romantique en ceci, n’en a pas… Telle est, en ses œuvres, la supériorité relative de Gérard de Nerval. […] Ourliac, dont on n’a pas tant parlé, le valait bien, et Hégésippe Moreau valait bien mieux !
Ce qui nous paraît le mieux valoir aujourd’hui, après quelques-uns de ses vers, ce sont ses lettres. […] C’est pendant qu’il était à Rome que Maucroix reçut de La Fontaine ce récit moitié vers et moitié prose qui contient la description des Fêtes de Vaux, et qui était une sorte de dépêche poétique tout en l’honneur du surintendant (août 1661). […] Cette fâcheuse fin de son voyage à Rome lui en gâta tout le plaisir s’il en eut, et on ne le voit jamais revenir ensuite sur ses impressions d’Italie ; il semble n’avoir nullement rempli la recommandation de La Fontaine, qui lui écrivait à la fin de sa lettre sur les Fêtes de Vaux : « Adieu, charge ta mémoire de toutes les belles choses que tu verras au lieu où tu es. » Malgré son vœu d’être en repos, Maucroix eut quelques devoirs à remplir pendant certaines années : le chapitre le choisit pour l’un de ses deux sénéchaux, et le chargea de défendre ses intérêts, ses prérogatives. […] Les affaires graves ne sont guère mon fait : quatre petits tours de préau valent bien mieux que tout cela… » Ce sont des cérémonies, des harangues et députations sans fin, des compliments en corps qu’on va faire au roi sur ses victoires : Mon ami, tout le monde va ici en masque ; tout le monde, c’est-à-dire moi, et peut-être que les autres n’en font pas moins : c’est bien longtemps avant le carnaval ! […] Le nom de Maucroix est devenu inséparable de celui de cet ami ; il l’est surtout maintenant qu’on a la plupart de ses vers et les lettres charmantes qui valent mieux.
Si votre lecteur ignore le sens du mot dont vous vous servez, si ce mot n’évoque pas en autrui l’idée qui pour vous lui tient par un rapport nécessaire et universel, la propriété de votre expression ne lui donne pas la clarté, et dans ce cas, trop de justesse nuit : on se fait mieux entendre en parlant improprement, Ovide exilé parmi les Scythes disait : « C’est moi qui suis le barbare ici, puisque je ne me fais pas comprendre. » La plus belle harangue en beau langage latin ne valait pas alors pour lui trois mots de jargon scythe tant bien que mal assemblés, plus ou moins écorchés. […] La propriété du langage n’est plus absolue alors : elle est relative ; le mot propre est celui qui éveille le mieux dans l’esprit du lecteur l’idée de l’objet que l’écrivain veut désigner, et un à peu près que tout le monde entend, vaut mieux alors qu’un terme exact, que nul ne saisit. […] Mais le procédé ne vaut que par la rareté de son emploi : s’il tourne en habitude, il perd son efficacité, il nuit au lieu de servir.