Vinet, la régularité du raisonnement, la propriété un peu étudiée de l’expression, laissent place à tout un atticisme véritable, qui, à la fois, étonne hors de France, et qui pourtant ne paraît pas dépaysé. […] Villemain pour l’école plus récente, il est, à mon jugement, de tous les écrivains français celui qui a le plus analysé les modèles, décomposé et dénombré la langue, recherché ses limites et son centre, noté ses variables et véritables acceptions. […] Mais tous ces mérites se retrouvent condensés, assemblés et agrandis dans la Revue des principaux Prosateurs et Poëtes français, morceau très-plein et très-achevé, véritable chef-d’œuvre littéraire de M. […] Dorat peut être dit l’héritier direct de Benserade, mais il ne l’est pas de Voiture, qui était d’une qualité et d’une saillie d’esprit bien supérieure, et qui eut grande influence : Dorat ne compta jamais. — En un mot, dans le tableau de ce dernier tiers du xviiie siècle, les proportions véritables ne sont pas assez gardées ; la nomenclature l’emporte un peu sur le vrai classement ; trop de noms se pressent sous la plume de l’auteur, et paraissent admis à une place que quelques-uns seuls tenaient réellement.
Ils étaient très-convaincus à l’avance de l’impossibilité radicale qu’il y aurait pour les Bourbons à accepter les conditions du gouvernement représentatif, du moment que ces conditions s’offriraient à eux dans toute leur rigueur, c’est-à-dire le jour où une majorité parlementaire véritable voudrait former un cabinet et porter une pensée dirigeante aux affaires. […] On avait des histoires écrites par de véritables contemporains, acteurs ou témoins, juges et parties, des mémoires. […] Le lendemain du triomphe, au lieu d’entrer, par un mouvement qui eût semblé naturel, dans la pratique et le maniement politique, il distingua sa propre originalité et se maintint dans une ligne plus d’accord avec ses goûts véritables. […] Cette morale politique peut paraître fort rapprochée, je le sais, de celle de Hobbes, de Hume, de Machiavel ; mais, s’il y a un machiavélisme qui est petit, le véritable ne l’est pas.
Les passions, cette force impulsive qui entraîne l’homme indépendamment de sa volonté, voilà le véritable obstacle au bonheur individuel et politique. […] Les autres vivent un à un, sans analogie comme sans variété, leur existence est monotone, quoique chacun d’eux ait un but différent, et il y a autant de nuances que d’individus, sans qu’on puisse découvrir une véritable couleur. […] Mais laissez un siècle passer sur nos destinées, vous saurez alors si nous avons acquis la véritable science du bonheur des hommes ; si le vieillard avait raison, ou si le jeune homme a mieux disposé de son domaine, l’avenir. […] Il me semble que les véritables partisans de la liberté républicaine sont ceux qui détestent le plus profondément les forfaits qui se sont commis en son nom.
« Dans toute véritable démocratie, la magistrature n’est pas un avantage, mais une charge onéreuse, qu’on ne peut justement imposer à un particulier plutôt qu’à un autre. » Nous mettons la main sur nos magistrats ; nous les prenons au collet pour les asseoir sur leurs sièges. […] Antérieurement au contrat social, il n’y a pas de droit véritable ; car le droit véritable ne naît que par le contrat social, seul valable, puisqu’il est le seul qui soit dressé entre des êtres parfaitement égaux et parfaitement libres, être abstraits, sortes d’unités mathématiques, toutes de même valeur, toutes ayant le même rôle, et dont nulle inégalité ou contrainte ne vient troubler les conventions. […] Cela posé, suivons les conséquences. — En premier lieu, je ne suis propriétaire de mon bien que par tolérance et de seconde main ; car, par le contrat social, je l’ai aliéné442, « il fait maintenant partie du bien public » ; si en ce moment j’en conserve l’usage, c’est par une concession de l’État qui m’en fait le « dépositaire ». — Et ne dites pas que cette grâce soit une restitution. « Loin qu’en acceptant les biens des particuliers, la société les en dépouille, elle ne fait que changer l’usurpation en véritable droit, la jouissance en propriété. » Avant le contrat social, j’étais possesseur, non de droit, mais de fait, et même injustement si ma part était large ; car « tout homme a naturellement droit à tout ce qui lui est nécessaire » ; et je volais les autres hommes de tout ce que je possédais au-delà de ma subsistance.
Ce premier moment qui nous laisse voir André Chénier dans la modération toujours, mais pas encore dans la résistance, se distingue par quelques écrits, dont le plus remarqué fut celui qui a pour titre : Avis aux Français sur leurs véritables ennemis, et qui parut d’abord dans le numéro XIII du Journal de la Société de 89. […] Dans tous les cas, si l’on a des ennemis au-dehors, si l’on en a aussi au-dedans, il faut de l’union pour les combattre et en triompher, et ce qui s’oppose le plus à cette union, c’est ce malheureux penchant aux soupçons, au tumulte, aux insurrections, qui est fomenté en France, et qui l’est surtout par une foule d’orateurs et d’écrivains : « Tout ce qui s’est fait de bien et de mal dans cette révolution est dû à des écrits », dit André Chénier ; et il s’en prend hardiment à ceux qui sont les auteurs du mal, à « ces hommes qui fatiguent sans cesse l’esprit public, qui le font flotter d’opinions vagues en opinions vagues, d’excès en excès, sans lui donner le temps de s’affermir ; qui usent et épuisent l’enthousiasme national contre des fantômes, au point qu’il n’aura peut-être plus de force s’il se présente un véritable combat ». […] Par un sentiment délicat, il voudrait faire arriver une parole de consolation à son cœur : Puisse-t-il lire avec quelque plaisir, écrit-il, ces expressions d’une respectueuse estime de la part d’un homme sans intérêts comme sans désirs, qui n’a jamais écrit que sous la dictée de sa conscience ; à qui le langage des courtisans sera toujours inconnu ; aussi passionné que personne pour la véritable égalité, mais qui rougirait de lui-même s’il refusait un éclatant hommage à des actions vertueuses par lesquelles un roi s’efforce d’expier les maux que tant d’autres rois ont faits aux hommes ! […] L’indolence parisienne est de tout temps connue ; et si des peuples anciens élevèrent des temples et des autels à la Peur, on peut dire (c’est Chénier qui parle à la date de 92) que jamais cette divinité « n’eut de plus véritables autels qu’elle n’en a dans Paris ; que jamais elle ne fut honorée d’un culte plus universel ».
Le cheval s’y refuse en véritable gentilhomme dur, en véritable « grand seigneur méchant homme », comme a dit Molière, en seigneur cruel. […] En somme, c’est la morale de l’intérêt bien entendu, du véritable intérêt bien entendu, qu’a soutenue La Fontaine, et non pas une autre et presque jamais une autre. […] Jean-Jacques Rousseau j’ai encore le temps de vous indiquer une très jolie contradiction de Jean-Jacques Rousseau Jean-Jacques Rousseau, dans l’Emile, reprochait très vivement à La Fontaine d’avoir recommandé de véritables vices moraux par le tour qu’il donne à ses fables : « Voyons, dit-il en substance, le Renard et le Corbeau.
— La véritable grandeur, à l’égard des philosophes, lui répliqua le vieillard, est de régner sur soi-même ; et le véritable plaisir, de jouir de soi. […] Je vous dirai simplement mon sentiment : Acante, c’est bien Racine, un peu, même beaucoup « stylisé », comme nous disons de nos jours, arrangé, composé et recomposé par La Fontaine ; ce n’est pas le Racine véritable, mais il y a le fond de Racine. […] En vérité, on dirait que la postérité a voulu lui faire amende honorable le jour où Musset s’est avisé de faire, lui aussi, des contes dans la manière de La Fontaine, pour montrer à quel point il admirait cette manière, et le charme de cette manière, et aussi un peu pour la corriger, pour la redresser, car, dans ses deux contes, Musset a été très loin des excès, des véritables culpabilités de La Fontaine.
C’est dans de tels phénomènes que la célèbre et orageuse formule de Pierre Leroux trouve sa véritable application. […] Sans analyser ici le but qu’ils poursuivirent, sans en vérifier la légitimité, sans examiner s’ils ne l’ont pas outrepassé, constatons simplement qu’ils avaient un but, un grand but de réaction contre de trop vives et de trop aimables frivolités que je ne veux pas non plus apprécier ni caractériser ; — que ce but ils le visèrent avec persévérance, et qu’ils marchèrent à la lumière de leur soleil artificiel avec une franchise, une décision et un ensemble dignes de véritables hommes de parti. […] La Chasse aux Lions est une véritable explosion de couleur (que ce mot soit pris dans le bon sens). […] Sans avoir recours à l’opium, qui n’a connu ces admirables heures, véritables fêtes du cerveau, où les sens plus attentifs perçoivent des sensations plus retentissantes, où le ciel d’un azur plus transparent s’enfonce comme un abîme plus infini, où les sons tintent musicalement, où les couleurs parlent, où les parfums racontent des mondes d’idées ?
L’admiration muette et prosternée devant une œuvre d’art, à côté du mépris devant le plus simple fait de la vie réelle, nous paraît l’odieux héritage de siècles sans esthétique véritable et profonde. […] Il est donc clair que les formes extérieures de gouvernement qui appartiennent à la période de civilisation ne sont que l’expression, en symboles extérieurs et distincts, des faits de la véritable vie interne de la société »43. […] Ne sentons pas combien peu librement nous agissons envers les choses extérieures, combien nous agissons peu en « hommes » véritables, en êtres faisant partie du monde, en hommes conscients de notre positive nature ? […] Nationalisme… Voilà l’un de ces mots que leur emploi conventionnel et irréfléchi a revêtu d’une telle couche d’erreurs et de mensonges qu’il nous faut un effort gigantesque pour en découvrir le véritable sens, logique et simple.
Quand on arrive comme moi dans un pays dont on veut rendre le caractéristique, avant de pouvoir le rendre, il faut faire un véritable travail long et pénible. […] Il disait de la gravure des Moissonneurs, par Mercuri : D’après tout ce que j’avais entendu dire de la planche de Mercuri, je la supposais bien, mais j’y ai trouvé surtout ce qu’on ne trouve pas toujours dans les productions des arts : je veux parler du sentiment d’amour et de plaisir que l’on devrait toujours avoir pour l’exécution : c’est le véritable charme des arts. […] Que peut-elle si elle n’est accompagnée de ce sentiment intime de force, qui agit sans l’aide des raisonnements du devoir (lesquels bien souvent soulagent bien peu), mais qui vient comme un souffle divin et qui est notre espérance de repos et notre véritable consolation ?
J’étais très souvent invité, dit-il, chez Voltaire, chez lord Stanhope, chez la duchesse d’Anville (cette grande dame française qui, pour changer, allait de temps à autre se faire un salon sérieux à Genève)… Je visitai le sage Abauzit dont l’heureuse pauvreté et l’âme sereine me remplissaient d’enthousiasme ; il avait trente louis de revenu ; avec cela il vivait plus heureux qu’un roi… Je n’ai point oublié le sentiment de gloire que j’éprouvai quand lui, qui ne faisait de visite à personne, vint me voir dans ma pension… Le syndic Jalabert eut la bonté de me donner des leçons de physique ; j’étais lié avec Moultou, l’ami intime de Rousseau ; mes véritables maîtres étaient ces hommes distingués. […] Bonnet essaya peu à peu de le ramener à la réalité, et il y réussit en partie ; il essaya de le convaincre que la liberté n’est pas une pure sensation, une exaltation vague ; qu’elle est une véritable science, et que le citoyen qui veut s’en rendre digne a tout autant de devoirs que de droits. […] Le véritable maître du jeune homme, c’est l’opinion de ce qu’on appelle le monde, et dans le monde celle de ses contemporains.
Viollet-Le-Duc de la ville éternelle peut sembler un peu légère à ceux qui ont en ces matières assez de religion pour ne pas oser s’avouer à eux-mêmes tout leur sentiment, la seconde impression est la bonne, la véritable, et il l’a reproduite dignement, en mainte page de son œuvre, par le crayon ou par la parole. […] Viollet-Le-Duc, quand il s’y mit résolument en 1840, venait donc à point pour recueillir les fruits de toute cette étude et de cette battue antérieure, pour tout comprendre dans l’examen de cette époque de l’art et en développer l’ensemble, l’organisme véritable et l’esprit. […] Viollet-Le-Duc se sépare des architectes classiques proprement dits, à le suivre dans les fines et savantes explications qu’il a données de l’architecture française des XIIe et XIIIe siècles, sa grande et principale étude, son vrai domaine royal, si je puis ainsi parler, et à y reconnaître avec lui, sous des formes si différentes à l’œil, et si grandioses à leur tour ou si charmantes, quelque chose de ces mêmes principes et de ce libre génie dont l’art s’est inspiré et s’inspira toujours aux époques d’invention heureuse et de florissante originalité ; tellement qu’à ne voir que l’esprit, il y a plus de rapport véritable entre les grands artistes de la Grèce et nos vieux maîtres laïques bâtisseurs de cathédrales, qu’entre ces mêmes Phidias ou Ictinus d’immortelle mémoire et les disciples savants, réguliers, formalistes, qui croient les continuer aujourd’hui.
C’est la seconde partie qui est la principale et qui fait le corps de l’ouvrage ; c’est celle-là seule qui, avec la troisième, offre de véritables et grandes beautés. […] Il cherche une explication ; il la donne insuffisante, incomplète ; mais c’est un curieux que ce Velléius, et en ceci un curieux déjà à la Bacon. — Le passage où il déplore la mort de Cicéron est des plus remarquables aussi et d’une véritable éloquence. […] Nous continuerons notre analyse, et nous reviendrons ensuite à la véritable histoire, à celle que Bossuet admettait sans doute, et qu’il traitait, quand il le voulait, de main de maître, mais qu’il rejetait au second plan.
Il serait trop pénible d’être amené à devoir les énumérer et en informer le public, et de se voir forcé, pour sa défense morale, de prendre à témoin l’opinion, seul juge cependant et bon juge en dernier ressort de ce qui constitue la ligne de conduite d’un véritable homme de lettres, fût-il sénateur. « M. le ministre d’État, malgré sa supériorité de talent et d’intelligence, n’est pas obligé, s’étant occupé toute sa vie d’autre chose, de savoir quel est le caractère et, pour tout dire, le tempérament d’un véritable homme de lettres. […] Vous nous avez vu dans ces deux ou trois années de véritable ivresse, vous m’avez vu dans ces six mois célestes de ma vie qui m’ont fait faire les Consolations ; vous avez contribué à m’y inspirer par ce mélange de sentiments tendres, fragiles et chrétiens que vous agitez en vous et qui sont un charme.