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1710. (1896) Le livre des masques

Cette doctrine, que Kant laissa en chemin pour se jeter au secours de la morale naufragée, est si belle et si souple qu’on la transpose sans en froisser la libre logique de la théorie à la pratique, même la plus exigeante, principe universel d’émancipation de tout homme capable de comprendre.

1711. (1835) Critique littéraire pp. 3-118

« J’ai fait révolution chez eux, dit-il, y introduisant l’usage des visites à toute aventure, le soir, après dîner, à l’effet de causer, etc. » C’est donc la causerie française importée aux Indes, la causerie selon le cœur et selon l’esprit, sceptique, enthousiaste, enjouée, sévère, mobile, universelle ; cette inimitable causerie des salons parisiens, avec tout son charme, tout son abandon, toute sa liberté.

1712. (1902) Symbolistes et décadents pp. 7-402

Bourget pensa avec raison que la pitié universelle de Laforgue pourrait être assez forte pour s’exercer au moins quelques années au profit des pauvres puissants de ce monde, et connaissant l’urbanité exquise de Jules Laforgue, il le fit choisir ; c’était d’Allemagne que m’arrivait sur papier bleu criblé de pattes d’abeilles traînées dans l’encre rouge, la copie de Laforgue ; sauf vacances. […] Or, il n’a pas le choix de par sa misère ; Sonia l’attire parce qu’il voit en elle comme un problème, ou plutôt l’énigme qui vient aussi de ce que ses actes, inspirés de ses principes, sont la complète raillerie des dits principes, et puis parce qu’il cherche un être faible et vaillant et qu’il trouve cela dans Sonia ; Sonia, comme beaucoup de femmes, est courageuse, mais élémentaire d’idées ; elle conseille de s’en remettre au consentement universel, avouer, et de relever du mysticisme, expier.

1713. (1898) Ceux qu’on lit : 1896 pp. 3-361

» Et il explique ses projets, l’universelle démocratie, purifiée par le feu, par tous les moyens possibles ! […] Sans médire du succès, il faut reconnaître qu’il ne vient qu’aux œuvres qui s’adressent à la majorité du public, et nous ne savons que trop ce que donnent les majorités depuis que nous avons fait connaissance avec le suffrage universel.

1714. (1896) Hokousaï. L’art japonais au XVIIIe siècle pp. 5-298

Voici le peintre qui a victorieusement enlevé la peinture de son pays aux influences persanes et chinoises et qui, par une étude pour ainsi dire religieuse de la nature, l’a rajeunie, l’a renouvelée, l’a faite vraiment toute japonaise ; voici le peintre universel qui, avec le dessin le plus vivant, a reproduit l’homme, la femme, l’oiseau, le poisson, l’arbre, la fleur, le brin d’herbe ; voici le peintre qui aurait exécuté 30 000 dessins ou peintures7 ; voici le peintre qui est le vrai créateur de l’Oukiyô yé 8, le fondateur de « l’école vulgaire », c’est-à-dire l’homme qui ne se contentant pas, à l’imitation des peintres académiques de l’école de Tosa, de représenter, dans une convention précieuse, les fastes de la cour, la vie officielle des hauts dignitaires, l’artificiel pompeux des existences aristocratiques, a fait entrer, en son œuvre, l’humanité entière de son pays, dans une réalité échappant aux exigences nobles de la peinture de là-bas ; voici enfin le passionné, l’affolé de son art, qui signe ses productions : « fou de dessin »… Eh ! […] De là, presque à chaque page, des batteries, des assassinats, des scènes de torture, des suicides, des hara-kiri (ouvertures de ventre), des expositions de têtes coupées : épisodes mêlés, dans le roman historique, aux tueries universelles de la lutte des Taïra et de Minamoto, prêtant à un dessinateur de la vie en action la bonne fortune de faire, dans une illustration, de beaux dessins mouvementés de la Guerre et du Crime.

1715. (1774) Correspondance générale

Tandis que toute la ville était en rumeur, retiré paisiblement dans mon cabinet, je parcourais votre Histoire universelle. […] Je dirai que vous avez fait le plus grand abus de l’esprit qu’il était possible de faire ; cette religion étant à mon sens la plus absurde et la plus atroce dans ses dogmes ; la plus inintelligible, la plus métaphysique, la plus entortillée et par conséquent la plus sujette à divisions, sectes, schismes, hérésies, la plus funeste à la tranquillité publique, la plus dangereuse pour les souverains par son ordre hiérarchique, ses persécutions et sa discipline, la plus plate, la plus maussade, la plus gothique et la plus triste dans ses cérémonies, la plus puérile et la plus insociable dans sa morale considérée non dans ce qui lui est commun avec la morale universelle, mais dans ce qui lui est propre et ce qui la constitue morale évangélique, apostolique et chrétienne, la plus intolérante de toutes ; je dirai que vous avez oublié que le luthéranisme débarrassé de quelques absurdités est préférable au catholicisme, le protestantisme au luthéranisme, le socinianisme au protestantisme, le déisme, avec des temples, des cérémonies, au socinianisme : je dirai que puisqu’il faut que l’homme superstitieux de la nature ait un fétiche, le fétiche le plus simple et le plus innocent sera le meilleur de tous.

1716. (1863) Histoire de la vie et des ouvrages de Molière pp. -252

« La France, dit la Gazette du 9, n’a pu s’empêcher de témoigner sa crainte par un effort de l’amour qu’elle doit au monarque… et d’en demander au ciel, par des vœux universels, l’issue heureuse qu’elle en a obtenue et qui l’a portée à des réjouissances singulières dont cette capitale a donné l’exemple durant deux jours. » On trouve à la dépense extraordinaire du 12 juin sur le livre de comptes de La Thorillière : « Retiré par M.  […] Le 11 mai, le soir, « Sa Majesté, dit le récit imprimé des fêtes, fit représenter sur l’un de ses théâtres doubles de son salon, que son esprit universel a lui-même inventés, la comédie des Fâcheux ». […] Accusé d’avoir tué, à l’aide de sa panacée universelle, l’antimoine, sa femme, sa fille, son neveu, deux de ses gendres et un très grand nombre d’autres malades, tous les crimes de son ignorance lui furent pardonnés quand il grossit encore le nombre de ses victimes du meurtre du cardinal Mazarin.

1717. (1909) Nos femmes de lettres pp. -238

Ainsi s’affirme l’universel principe de solidarité des forces qui établit un rapport de mutuelle dépendance entre chaque mouvement individuel, si bien qu’il n’est pas un de ces mouvements qui n’ait son retentissement sur le voisin, par un jeu de tous points identique à celui des flots de la mer, où nous voyons chaque courbure de la vague qui s’avance vers le visage réagissant sur la courbure la plus proche et collaborant par là à l’immensité du flux.

1718. (1922) Gustave Flaubert

Ils se sont mêlés ensemble, et cela fait une teinte universelle où tout se trouve broyé et confondu… Malade, irrité, en proie mille fois par jour à des moments d’une angoisse atroce, sans femme, sans vie, sans aucun des grelots d’ici-bas, je continue mon œuvre lente comme le bon ouvrier qui, les bras retroussés et les cheveux en sueur, tape sur son enclume sans s’inquiéter s’il pleut ou s’il vente, s’il grêle ou s’il tonne. […] Flaubert aurait voulu faire de Louise « un hermaphrodite sublime », comme il le lui écrit vers la fin de leur liaison, en avril 1854 : « J’avais cru, lui disait-il déjà au début, que je trouverais en toi moins de personnalité féminine, une conception plus universelle de la vie, mais non ! […] Quand vient la République, « Frédéric, homme de toutes les faiblesses, fut gagné par la démence universelle.

1719. (1908) Jean Racine pp. 1-325

  Car Racine (et cela ne nous étonne plus, mais cela fut neuf et extraordinaire à son heure), Racine, ami de Molière qui faisait rentrer la vérité dans la comédie, ami de La Fontaine qui la mettait dans ses Fables, ami de Furetière, qui essayait de la mettre dans le roman, ami de Boileau qui, dès ses premières satires, s’insurgeait contre le romanesque et le faux, — Racine, pour la première fois dans Andromaque, choisit et veut une action simple et des personnages vrais ; fait sortir les faits des caractères et des sentiments ; nous montre des passionnés qui ne sont nullement vertueux, mais qui aussi ne prétendent point à la vertu ni ne la déforment ; ramène au théâtre — par opposition à la morale fantaisiste et romanesque — la morale commune, universelle, et cela, sans aucunement moraliser ni prêcher, et par le seul effet de la vérité de ses peintures.

1720. (1855) Louis David, son école et son temps. Souvenirs pp. -447

Mais David crut devoir résister à ces sollicitations, et revint à Paris pour y montrer son tableau, qui excita un transport universel au Salon du Louvre, à l’exposition de 178512. […] Bientôt, dans le numéro du Moniteur universel du dimanche 9 février 1792, on lut l’article suivant : « Deux jeunes jumeaux natifs du département de la Drôme, déjà distingués par leur talent naturel pour la peinture, ont été confiés, par un décret du 15 janvier (1792), aux soins de M.  […] Cette observation flatteuse, faite par un homme dont le talent excitait alors une admiration universelle, et adressée à une jeune femme qui ne manquait pas de vanité, fut très-bien prise par Mme de Bellegarde, qui en effet laissa retoucher d’après la sienne la tête de la femme à genoux39.

1721. (1885) Les étapes d’un naturaliste : impressions et critiques pp. -302

Tout chantait : rossignols dans les vergers, grives dans les buissons, merles dans les merisiers ; au travers de la forêt feuillue, les deux notes mystérieuses du coucou passaient sonores, au milieu de l’universelle symphonie des oiseaux bâtisseurs de nids.

1722. (1782) Essai sur les règnes de Claude et de Néron et sur la vie et les écrits de Sénèque pour servir d’introduction à la lecture de ce philosophe (1778-1782) « Essai, sur les règnes, de Claude et de Néron. Livre premier. » pp. 15-203

Quoi qu’il en arrive dans l’avenir, que béni soit à jamais celui d’entre eux à qui nous devons la Morale universelle 236.

1723. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. FAURIEL. —  première partie  » pp. 126-268

Celle-ci, toute de propos délibéré et de choix, devenue presque une langue morte, ne pouvait saisir, ni exercer sur les populations diverses une action directe, immédiate, universelle ; de sorte que, par une contradiction singulière, la première condition, là-bas, d’une langue poétique pure, ferme et simple, était de reposer sur quelque chose d’artificiel.

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