Les uns y vont esquisser des portraits, les autres des sujets de comédie, ceux-ci viennent s’y délasser de leur travail, ceux-là s’escrimer sur les matieres du temps. […] Ce n’est pas un petit travail que celui de bien arranger des mots, & de leur donner cette cadence qui forme l’harmonie. […] Encore si l’on nommoit pour ce travail des littérateurs connus, qui eussent, par de bons ouvrages, mérité cette faveur : mais on sait comment les privileges se distribuent. […] qu’en voulez-vous conclure, s’il a des personnes qui l’aident, & qui suppléent à son travail. […] Elles sont le fruit de trente années de travail.
Elles avaient, il est vrai, l’agrément de la vie et du travail en commun dans leurs casemates oppressantes, éclairées, lors des veillées, par la lueur des chandelles. […] Les plus soignés d’entre ceux-ci provenaient de certains monastères de Chartreux ou de Bénédictins qui s’étaient spécialisés dans ces sortes de travaux. […] La règle, la réclusion, l’exactitude, l’assiduité au travail imposées à la vie cénobitique avaient tôt fait d’amener son œuvre à la perfection. […] L’humilité de ces moines devant la tâche à parfaire allait jusqu’à l’oubli de signer leur travail parachevé. […] Sauf à leur origine, les travaux manuscrits ne sont pas l’œuvre d’un seul homme.
. — Analogie du travail mental et du travail vital. […] Comme tout composé mental ou organique, elle a sa forme normale ; mais, pour qu’elle l’atteigne, il lui faut certains matériaux et une certaine élaboration ; pour peu que les éléments soient altérés et que le travail soit dérangé, la forme dévie et l’œuvre finale est monstrueuse. […] Or, celles-ci subsistent toujours ; un accident peut leur donner la prépondérance ; il s’en faut de peu qu’elles ne la prennent ; une légère altération dans la proportion des affinités élémentaires et dans la direction du travail formateur amènerait une dégénérescence.
Mon corps est sain ; dompté par le travail, il est moins rebelle à l’âme. […] Je sais déjà qu’il a de l’esprit ; mais à quoi sert l’esprit sans le travail ? […] La nuit du 18 juillet 1374, il se leva comme c’était son habitude avant le jour et s’agenouilla sans doute pour prier, devant sa table de travail. […] ces paroles me résonnent toujours dans le cœur, et il me semble connaître quelqu’un qui peut-être un jour mourra de même en les répétant. » (Ugo Foscolo parlait là de lui-même, et son triste sort a vérifié son pressentiment : il est mort encore jeune à Londres, dans l’exil, dans le travail mercenaire et dans le dénuement.
Il y a des espèces animales qui ont une vie et une organisation sociales très perfectionnées, avec une division du travail très avancée, par exemple les abeilles et les fourmis. […] Il croit, au nom d’une réfutation vague de l’idée de race, avoir le droit d’oublier les travaux des physiologistes modernes sur les différences intellectuelles produites par l’hérédité. […] — Ici encore on ne voit pas comment des recherches, si instructives qu’elles soient, sur les sociétés australiennes, africaines, ou même européennes, ou encore quelques lois sociologiques très générales, telles que la loi de la division du travail social ou la loi de l’intégration sociale progressive, ou la loi de l’entrecroisement des groupes sociaux, pourraient servir à unifier et à discipliner la pensée collective. — Les jugements de valeur portés par les sociologues restent d’ordre subjectif et reflètent seulement des préférences individuelles. — Démocratie ou aristocratie ? […] Si faible, si rare que soit l’originalité véritable, si difficile qu’elle devienne par suite de la complexité croissante des tâches et des œuvres, de la division croissante du travail et du développement illimité des spécialismes et des compétences, cette originalité reste malgré tout possible : elle reste le facteur du progrès, la fleur de la culture, la raison d’être de l’effort intelligent.
Ce sont ces modifications qui prouvent justement que la philosophie est le vrai ; par là, elle est en harmonie avec la nature humaine toujours en travail et heureusement condamnée à faire toutes ses conquêtes à la sueur de son front. […] Qu’importe par qui s’opère le travail de la civilisation et le bien de l’humanité ? […] Tout cela est de même ordre que le petit genre tout innocent et paterne des poètes de la Société, du Cerceau, Commire, Rapin, etc Les travaux des bénédictins sont d’un tout autre ordre, mais ne prouvent pas contre ma thèse. Le besoin de remplir une vie calme et retirée par d’utiles travaux, des goûts studieux, l’instinct de la compilation et des collections peuvent rendre à l’érudition d’immenses services, mais ne constituent pas l’amour pur de la science.
Jeudi 27 mars Ce matin, il a paru un article nécrologique sur Noriac, qui en fait l’égal de Flaubert, présenté comme un amateur, oui, un amateur, entendez-vous… et « qui, aurait pu avoir pour ex-aequo, le premier garçon de bureau venu, soumis à son régime de travail. » Cet article me rend triste. […] Et là-dessus, il se mettait à nous parler de son procédé de travail, de ce facile labeur de poète méridional, qui consiste dans la confection de quelques vers, fabriqués aux heures crépusculaires, à l’heure de l’endormement de la nature : le matin, dans les champs, selon Mistral, étant trop plein du bruyant éveil de l’animalité. […] » Lundi 11 août Aujourd’hui par une percée, dans la verdure de l’Allée de ceinture, on voyait la campagne dans un ensoleillement de la blancheur des choses chauffées à blanc, et sur les champs moissonnés, l’entrecroisement des javelles dorées, apparaissait comme un délicat travail, de paille tressée. […] Jeudi 16 octobre J’ai été longtemps, et je suis encore tourmenté par le désir de faire une collection d’objets à l’usage de la femme du xviiie siècle, une collection des outils de son travail, — et une petite collection qui tiendrait dans le dessous d’une vitrine de la grandeur d’une servante.
Le gouvernement avait désiré la continuation de cet utile travail. […] Dom Rivet employait à un travail, qui eût semblé ingrat et aride à d’autres que lui, de longues heures, régulièrement commencées, interrompues et terminées par la prière.
En publiant en 1776 son Exposé des moyens curatifs et préservatifs à employer dans les épizooties, Vicq d’Azyr avertissait les observateurs dont on sollicitait le zèle, de vouloir bien communiquer leurs travaux à la Société et correspondance royale de médecine, qui venait d’être établie par le roi : « Cette société, était-il dit, présidée par M. de Lassone, s’assemble tous les mardis de chaque semaine, et on lui fait parvenir des mémoires en les adressant à M. […] Il le montre jeune à Leyde, suivant les leçons de Boerhaave et d’Albinus : Mais ce qui lui inspira surtout, dit-il, le goût de l’anatomie et la passion du travail, ce fut la vue du superbe cabinet de Ruysch, où, au milieu de tant d’organes préparés d’une manière surprenante, au milieu de sujets qui y avaient, en quelque sorte, recouvré une nouvelle vie, il aperçut un vieillard nonagénaire, desséché par les ans, mais toujours laborieux et actif, qui, paraissant comme un Enchanteur au milieu de ces merveilles, semblait avoir joint au secret de les conserver celui de s’immortaliser lui-même.
À leur sommet on respire si librement, la circulation est si facile, tous les organes transmettent si vivement à l’âme les impressions des sens, que tout est plaisir, que le travail le plus opiniâtre devient facile, et qu’on supporte les incommodités du corps avec courage et même avec gaieté. […] c’est là, c’est au pied de ces rochers formidables, que la piété a ménagé des consolations à la misère et des encouragements au travail !
Je dirai la même chose du travail, très riche en matériaux, qui traite de la légende d’Alexandre le Grand, de la transformation de cette grande figure historique en fable chez la plupart des peuples. […] Ses amis, devenus ministres après 1830, le nommèrent professeur ; on put d’abord regretter que ces fonctions nouvelles le détournassent des grands travaux historiques qu’il poursuivait depuis des années : en y songeant mieux pourtant, je ne sais s’ils ne lui rendirent pas service, à lui et à nous, dans tous les sens.
Cicéron convient qu’un tel travail est ce qu’on lui demande et ce que tout le monde attend de lui ; mais il faudrait pour cela un complet loisir et une liberté d’esprit qui lui est refusée. […] Michelet, sa vie de travail, son effort constant, ses fouilles érudites et ses ingénieuses mises en scène, cette faculté de couleur voulue et acquise où il a l’air de se jouer désormais en maître, mais quand je considère de quelle manière il a jugé et dépeint des événements et des personnages historiques à notre portée, et dont nous possédons tous autant que lui les éléments ; quand je le vois toujours ambitieux de pousser à l’effet, à l’étonnement, j’avoue que je serais bien étonné moi-même qu’il eût deviné et jugé les choses et les hommes de l’histoire romaine plus sûrement que Tite-Live.
Est-ce à dire qu’il attend de ce travail une vraie régénération ? […] [NdA] À cet endroit je me suis rendu coupable, à ce que j’ai appris depuis, d’une bien grave omission ; car, quoiqu’en général il soit vrai de dire que le travail de M.
Il n’a pas écrit (même page) : « Mes travaux passés me semblent tellement étrangers à moi que, quand j’en retire la prise, il me semble que je jouis du travail d’un autre. » C’est le prix qu’il faut lire.