Il avait l’intérêt de beaucoup de manies : il avait l’intérêt des petites boîtes, des bagues, des tableaux, des estampes, du bibelot enfin, comme on dit maintenant, et qui est devenu la manie aussi de ce pauvre vieux xixe siècle, lequel niaise avec tous ces osselets comme Ferragus idiot avec le cochonnet, dans Balzac. […] Dupe souvent de son faux goût en art, s’il se trompe souvent sur un tableau ou sur un vase, il se trompe rarement sur les hommes.
Grand talent descriptif, qui sait encore mieux distribuer et encadrer ses tableaux que les peindre, il a précisément, comme peintre, le défaut de sa qualité souveraine : il pèche par l’ardeur ; il est froid comme l’exactitude et comme la majesté. […] Buffon est bien plus une imagination qui reçoit des impressions et qui en fait jaillir des tableaux vivants qu’un observateur dans la force exacte de ce mot.
Dans son Asie centrale, dans son Voyage aux régions équinoxiales, dans son Atlas géographique et physique, et son Examen critique de l’histoire de la géographie du Nouveau continent aux quinzième et seizième siècles, dans ses Vues des Cordillières et ses Plantes équinoxales, dans son Essai politique sur Cuba et son Tableau de la nature, etc., même dans ses ouvrages d’observation particulièrement botanique, il ne fut jamais qu’un voyageur, parlant passionnément de ses voyages, et à ce point qu’on peut se demander ce qu’il aurait eu à nous dire, s’il n’avait pas voyagé, et pensé, s’il n’avait pas vu ? […] « Le but véritable de mon livre, ajoute encore Humboldt, est de voir de haut l’ensemble de la science contemporaine », c’est-à-dire que ce n’est pas une idée ou un système d’idées, mais simplement un tableau.
Le tableau de ce duel au sabre, de ce duel à mort, dans une écurie close, derrière la croupe des lourds chevaux et sous la lumière fantastique d’une lanterne, n’est point d’une imagination médiocre.
On ressent, à le feuilleter, une impression complexe, et il y a certaines de ses pièces formant si bien tableau, qu’on s’arrête pour laisser passer l’image ; il faut lire les Glaneuses, les Deux Croix et le poème du Pardon : un long défilé de costumes bretons, de mendiants bariolés, de bannières flottant comme des petites voiles sur cet horizon de mer qui sert de fond à toutes les fêtes bretonnes, apparaît écumant ou calme, uni ou blanchissant, entre les menhirs gigantesques, les vieilles églises romanes, comme la poésie éternelle et l’éternelle menace de la nature.
[Tableau historique de l’état et des progrès de la littérature française depuis 1789 (éd. de 1834).]
Philippe Gille excelle dans ces courts poèmes, et le Héros, Homère et son guide, Attente, sont de petits tableaux achevés sur une idée ingénieuse.
Lapaire, Hugues (1869-1967) [Bibliographie] Vieux tableaux (1892). — L’Annette (1896)
Vielé-Griffin nous pouvons, ne fût-ce que pour nous distraire, résumer cette brochure par un petit tableau qui en montrera le dessin.
Un célebre Critique a eu raison de dire de cet Ouvrage, « qu’il étoit la Production d’un excellent Citoyen, qui n’écrit que pour se rendre utile, qui voit tous nos travers & tous nos vices, non pour en plaisanter avec légéreté, mais pour nous en corriger ; qui gémit sur cet abîme-de corruption où nous sommes plongés, & qui voudroit nous en faire sortir ; qui nous offre la perspective la plus effrayante des maux que nous preparent des révolutions qu’amenera cette mollesse hébetée, qui tient nos sens engourdis : car le voile est aisé à lever ; ce tableau de la Grece est un miroir où la France doit se voir elle-même.
Outre le tableau touchant des conquêtes du Christianisme, on y voit la plus grande partie des connoissances humaines, la Physique, l’Histoire Naturelle, la Géographie, l’Astronomie, &c. enrichies par des détails, des observations & des découvertes auxquelles l’Europe savante a applaudi, & dont elle a beaucoup profité.
L’Auteur y développe, y discute, avec autant de sagacité que de justesse, tous les événemens, toutes les intrigues, toutes les manœuvres, tous les motifs, toutes les ressources, toutes les passions qui ont produit tant de vicissitudes dans cette Isle célebre, & dont le Gouvernement a fourni tant de tableaux différens.
L’Ecrivain promene sans fatigue son Lecteur, au milieu d’une infinité de tableaux qui peignent d’après nature tout ce que la Scene du monde, depuis la Cour jusqu’aux plus basses conditions, peut offrir d’instructif & de varié.
Le plus connu de ses autres Ouvrages est celui qui a pour titre, Annales politiques de Louis XIV, où l’Auteur offre un tableau frappant des progrès de l’esprit chez notre Nation, pendant le regne de ce Monarque, & où M. de Voltaire. a puisé l’idée si mal remplie de son Siecle de Louis XIV, & le plan de son prétendu Essai sur l’Histoire générale.