Pour Chateaubriand et pour la plupart des romantiques, l’inquiétude est d’ordre sentimental : chez Senancour, c’est l’intelligence surtout qui est tourmentée ; il s’agit moins de jouir que de savoir. […] Théories à part, elle est curieuse surtout des âmes et de la vie. […] L’art est analogue à l’observation : un art flou, souple, insinuant, enveloppant surtout, où l’expression à chaque instant diffuse ou entortillée finit par donner le sentiment des plus fines nuances. La psychologie de Sainte-Beuve s’exerçait, dans son roman, surtout sur lui-même. […] Il s’est donné une spécialité, l’histoire, et surtout l’archéologie ; volontiers il présente ses nouvelles comme des propos d’archéologue qui évoque quelque souvenir de ses voyages.
La conclusion serait qu’il ne faut rien se retrancher, surtout quand ou est déjà boiteux. […] De grandes et réelles qualités sont compatibles avec ce défaut qui n’est pas si nuisible au succès, quand il est surtout appuyé du fond. […] Pourquoi, dans les littératures surtout, n’y aurait-il pas des livres, des hommes, un moment glorieux et surfaits, ensuite dépréciés outre mesure et rejetés, qu’une plus juste et tardive appréciation remettrait en une place inférieure à la première, mais honorable encore ? […] Quand il aura triomphé, les critiques expliqueront comme quoi en effet, dans son imprévu même, il avait des points communs avec ses grands prédécesseurs ; mais les critiques réguliers et restrictifs auront surtout vu, à son début, les différences. […] On lui doit une collection des Classiques latins ; mais surtout il a publié son Histoire de la Littérature française (1844), à laquelle son Précis d’autrefois n’a servi que comme d’un premier canevas.
Ce fut surtout en matière d’art et de littérature qu’il lui dut l’éveil et l’initiation. […] Ils observaient surtout la maxime : Rien de trop. […] Ces livres de maximes et d’observations morales condensées, comme l’était déjà celui de La Bruyère et comme l’est surtout celui de M. […] Joubert demande surtout aux modernes, c’est de ne pas insister sur leurs défauts, de ne pas verser du côté où ils penchent, de ne pas s’y jeter de toutes leurs forces. […] Royer-Collard, appartient à la seconde classe de ces esprits, à ceux qui regardent en haut et produisent surtout en dedans ?
Surtout, c’est en lisant qu’on peut relire, et ce n’est qu’en relisant qu’on peut bien juger, non seulement du style, mais de la composition, de la disposition des parties et du fond même, j’entends de l’impression totale que l’auteur a voulu produire sur nous et de la question s’il l’a produite en effet ou non, ou seulement à demi. […] On arrive par cette méthode, et c’est un petit excès, à voir, à travers le couplet d’un acteur, surtout la figure de celui qui ne parle pas et à qui le couplet est adressé, et c’est surtout Suréna qu’on suit des yeux pendant que Pompée a la parole, et la figure d’Orgon que l’on compose et que l’on contemple en la composant quand Dorine le raille ou quand Cléonte le chapitre. […] Il faut donc, en lisant Sophocle et Euripide, celui-là surtout, restituer et tenir sous notre vue le groupement des personnages aménagés pour produire une émotion esthétique. Relisez surtout à ce point de vue Antigone, Œdipe roi et Œdipe à Colone. […] Et, enfin, on distingue la pensée personnelle de l’auteur dramatique surtout à l’accent avec lequel un personnage parle.
Comme toute la politique du Correspondant et comme celle de la Revue européenne, le livre de M. de Carné s’adresse particulièrement aux hommes qui formaient le parti de droite ; c’est d’eux surtout et des lumières propres à les ramener qu’il se préoccupe ; c’est à leurs préjugés historiques ou théoriques qu’il oppose, en chacune de ses pages, une plus juste raison des faits ou une argumentation qui tend à concilier avec les grands principes de la tradition catholique et romaine les résultats acquis de la civilisation moderne et de la révolution de 89. La tâche, on le voit, est ardue, et nous devons dire que M. de Carné la remplit jusqu’au bout avec un bon sens, une bonne foi et un talent que doivent apprécier surtout ceux qui, résolvant plus hardiment le problème politique dans un sens analogue, le conçoivent d’après des données moins complexes et moins inconciliables en apparence. […] Il est un personnage surtout, depuis cinquante ans, vénérable aux amis de la liberté, et que M. de Carné n’aborda jamais qu’avec une sorte d’ironie méprisante qui sied mal à une intelligence si grave, si morale, et si faite pour honorer tant de constance dans une grande cause. […] Dans la république de l’avenir où nous tendons, les raisons secrètes ou avouées, les motifs égoïstes, intéressés, philosophiques ou mystiques, pour lesquels les institutions vraiment libres seront acceptées et pratiquées d’un chacun, offriront sans doute, surtout au début, beaucoup de variété et de bigarrure ; mais il suffira qu’on se rallie en fait à trois ou quatre grands points jugés indispensables. […] Je citerai surtout l’endroit où, discutant la loi du sacrilége de 1825, il se met lui-même en scène par un brusque mouvement, et se peint tel qu’il était alors sur ces matières avec les agitations de son esprit et les perplexités de sa conscience.
Rigal, si l’on prend la peine de le lire et surtout si l’on daigne considérer en quel temps il a vécu. […] Je crains surtout qu’il ne confonde les temps. […] Ce n’est qu’une question d’art, et surtout de mesure à garder. […] Car c’est là ce qu’il y a de surtout intéressant pour nous. […] est-ce pas alors surtout que la vie paraît bonne ?
La partie biographique en est surtout intéressante et neuve. […] En attendant, je me suis attaché surtout, comme l’avait fait M. […] Elie tend d’elle-même à la rapidité, mais surtout à l’unité du drame. […] Il est bruyant ; il a pris pour complices les pires instincts de ses lecteurs ; il est surtout intolérant. […] Il l’a « initiée à l’amour », mais il l’a surtout initiée à la vie.
Car il s’en faut que, dans la latinité de l’époque impériale, les écrivains gaulois fassent un groupe aussi tranché, aussi caractérisé que les Espagnols et surtout les Africains ; et l’on ne trouverait rien chez eux qui ne se rencontre fréquemment chez des Italiens ou chez des Grecs : tout ce qu’il est permis d’inférer de la littérature gallo-romaine, c’est l’aptitude et le goût de la race pour l’exercice littéraire. […] Ils agirent comme un puissant réactif, ajoutant sans doute aux éléments celtique et latin, mais surtout les forçant à se combiner, à s’organiser en une forme nouvelle : en leur présence, et à leur contact, se forma, se fixa ce composé qui sera la nation française, composé merveilleux, où l’on ne distingue plus rien de gaulois, de romain ni de tudesque, et dont on affirmerait l’absolue simplicité, si l’histoire ne nous faisait assister à l’opération qui l’a produit. Notre nation, ce me semble, est moins sensible que sensuelle et moins sensuelle qu’intellectuelle : plus capable d’enthousiasme que de passion, peu rêveuse, peu poétique, médiocrement artiste, et, selon le degré d’abstraction et de précision que comportent les arts, plus douée pour l’architecture que pour la musique, curieuse surtout de notions intelligibles, logicienne, constructive et généralisatrice, peu métaphysicienne ni mystique, mais positive et réaliste jusque dans les plus vifs élans de la foi et dans les plus aventureuses courses de la pensée. […] Parce que le moi est la réalité la plus immédiatement saisissable, la plus nettement déterminée (en apparence du moins), non par vanité seulement, elle s’y attache, elle s’y replie, et dans ce qui frappe ses sens, comme dans ce qu’atteint sa pensée, elle tend naturellement à chercher surtout les relations et les manifestations du moi : n’excédant guère la portée des sens ou du raisonnement, cherchant une évidence pour avoir une certitude absolue, dogmatique et pratique à la fois, objectivant ses conceptions, et les érigeant en lois pour les traduire en faits : sans imagination que celle qui convient à ce caractère, celle qui forme des enchaînements possibles ou nécessaires, l’imagination du dessin abstrait de la vie, et des vérités universelles de la science.
Thomas, on peut encore être curieux des essais des peintres actuels même (et surtout plutôt) quand quelques-uns restent stériles. […] Rousseau, surtout la Guerre (Elle passe effrayante…). […] L’écriteau apporté selon les changements de lieu évite le rappel périodique au non-esprit par le changement des décors matériels, que l’on perçoit surtout à l’instant de leur différence. […] Les Rosny ont déjà appelé le cycle un nouvel organe ; c’est surtout un prolongement minéral de notre système osseux, et presque indéfiniment perfectible, étant né de la géométrie. […] Et surtout on n’a pas compris — ce qui était pourtant assez clair et rappelé perpétuellement par les répliques de la mère Ubu : « Quel sot homme !
De par le mélange des races, de par les conditions durables de la terre et du ciel, surtout de par sa très ancienne civilisation, le caractère de ce peuple a un charme unique qui prend le cœur par les sens. […] Naturalisme mystique, individualisme, intuition, passion, sens esthétique et sens pratique, qualités surtout païennes, que la servitude politique a développées jusqu’à les gâter souvent. […] Dante appartient encore au lyrisme par l’œuvre de sa première jeunesse, la Vita nuova ; mais son génie est surtout épique ; avant l’exil déjà, il a conçu l’idée de la Divine Comédie. […] Avec la constitution du royaume d’Italie (février 1861) et surtout avec la prise de Rome, commence une période nouvelle, de travail positif quoique fort difficile et souvent encore désordonné. […] Sans doute, des artistes tels que D’Annunzio, Pascoli, Panzacchi, Graf relèvent surtout du lyrisme, mais ce sont là des épigones ; la floraison littéraire est celle du roman avec De Amicis, Fogazzaro, Farina, Verga, Mathilde Serao, Grazia Deledda.
Je voudrais pouvoir vous dire les noms et surtout les nuances de ces admirables produits où l’art du jardinier s’était surpassé, car c’étaient des fleurs composées et non pas toutes simples, et il avait fallu bien des combinaisons savantes et bien des caprices heureux pour croiser à ce point les variétés les plus choisies. […] Elles se disaient que leur destin était beau, que leur rôle était unique entre toutes les créatures, qu’il n’y avait rien de pareil à être fleur, surtout fleur à parfum. Ce parfum surtout les touchait beaucoup, et bientôt, comme s’il leur eût monté légèrement à la tête, elles ne firent plus que s’en entretenir et s’en raconter les finesses les plus subtiles et les délicatesses. — Pour moi, dit l’une, je suis persuadée que ce parfum nous est venu exprès d’en haut pour embellir et pour animer la fleur. […] Jouissons-en, donnons-le surtout avec délices, et, quand nous l’aurons exhalé, sachons bien qu’il renaîtra pour d’autres encore ; car la nature est grande, et son parfum, né dans chaque repli, est universel. » 251.
En effet, les psychologues se sont surtout préoccupés de l’attention sensorielle, c’est-à-dire de l’attention prêtée à une perception simple. […] Ribot, d’attribuer une importance décisive aux phénomènes moteurs concomitants, et surtout aux actions d’arrêt, est bien près de devenir classique en psychologie. […] C’étaient surtout les lettres d et r qui étaient ramenées à ma mémoire par cette impression. […] Elles se présentaient surtout comme indiquant une certaine direction d’effort à suivre pour arriver à l’articulation du nom cherché. […] Une représentation de ce genre, où sont surtout figurés des rapports, ressemble beaucoup à ce que nous appelions un schéma.
Au Temple, chez les Vendôme, l’épicurisme était surtout pratique. […] L’exercice intellectuel les occupait plus, ne fût-ce que parce que ces épicuriens, lorsqu’ils nous parlent, sont hors d’âge, condamnés à pécher surtout d’intention et de langue. […] Il s’attacha surtout à faire ressortir les règles fondamentales de la méthode scientifique, à y accoutumer les esprits : ne rien croire que par raison, savoir douter, savoir ignorer. « Je ne vois qu’un grand je ne sais quoi, où je ne vois rien », écrit-il à propos des habitants des planètes. […] Moins heureux étaient Dupin dans ses recherches sur les Conciles, et surtout Richard Simon dans ses études philologiques sur les deux Testaments et sur les Pères. […] Tout ce qui, dans l’œuvre des théologiens depuis cent cinquante ans, pouvait servir à la démolition de la religion, se ramassa dans les écrits de Pierre Bayle et surtout dans son Dictionnaire historique et critique 467.
Les femmes surtout, qui sont volontiers idéalistes et optimistes, se récrièrent contre ces définitions si peu flatteuses de l’homme et de la femme. […] Surtout il a vu son temps, le temps de la Fronde, le temps des romans héroïques et des tragédies cornéliennes. […] Il y a encore du bel esprit, du pailletage, des concetti dans les maximes : il y en avait surtout dans la 1re édition. […] Ce public est à distance des chefs-d’œuvre ; il a un goût capable de les comprendre, de les aimer, distinct pourtant du goût qui les crée, et surtout inférieur. […] Saint-Evremond nous intéresse surtout par ses opinions philosophiques.