Supposons que, dans ce moment même, Thémistocle, vainqueur de Salamine, parût au milieu des jeux : on sait que lorsqu’il s’y montra après sa victoire, tout retentit d’acclamations et de battements de mains ; les jeux furent interrompus, et l’on oublia pendant une journée entière les combattants, pour voir et regarder un grand homme. […] Il suppose que lui-même était alors présent, et qu’il a reçu le testament de mort de ces guerriers, et leurs dernières paroles pour ceux qui leur sont chers.
. — Incapables de se créer par l’intelligence des formes abstraites, ils en imaginèrent de corporelles, et les supposèrent animées d’après leur propre nature. […] Les hommes étant alors naturellement poètes, la première jurisprudence fut toute poétique ; par une suite de fictions, elle supposait que ce qui n’était pas fait l’était déjà, que ce qui était né, était à naître, que le mort était vivant, et vice versa.
Cet Ouvrage, d’une utilité reconnue, suppose autant de travail & de mémoire, que de goût & de jugement.
Les recherches pénibles & curieuses qu’ils supposent, la maniere nette & précise dont elles sont présentées, éleveront cet Ouvrage bien au dessus des Productions qui ne sont que savantes.
La plus grande partie de ses Ouvrages sont des Compilations, qui supposent une infinité de recherches, & beaucoup de discernement ; tels que les Monumens de la Monarchie Françoise, en cinq volumes in-folio ; l’Antiquité expliquée, en dix volumes aussi in-folio, avec le Supplément qui forme encore cinq in-folio.
Cet Ouvrage, qui suppose des recherches laborieuses, & rappelle des révolutions intéressantes, est écrit avec sagesse, naturel, & simplicité.
Cet Ouvrage est le Dictionnaire des Rimes, compilation très-facile, qui ne suppose que de la patience, & ne peut être utile qu'aux pénibles Rimeurs, dont la Muse stérile a besoin de répertoire pour enfiler quelques Vers de suite.
Mais cette action indirecte et médiate, si puissante, si variée soit-elle, suppose toujours, qu’on ne l’oublie pas, la réaction de l’activité intellectuelle et morale de l’homme. […] La sélection suppose la concurrence vitale, c’est-à-dire la guerre ; or la guerre n’est jamais par elle-même un instrument de progrès. […] Supposez que l’association de deux idées s’exprime par une vibration de deux fibres nerveuses qui ait pour effet d’allonger ou de fortifier un peu ces deux fibres ; l’opération sera-t-elle physiologiquement moins efficace, si l’association est arbitraire et fausse ? […] Qui dit loi suppose un rapport constant, nécessaire, entre deux phénomènes, dont l’un est considéré comme antécédent ou condition essentielle de l’autre. […] La multiplicité des organes et des fonctions suppose un but commun, une fin qui est précisément la plénitude d’existence dont le vivant est susceptible.
Ajoutant ainsi continuellement à son acquis, à son fonds de comparaisons et d’idées, assouplissant et gouvernant avec une dignité de plus en plus aisée sa noble manière, semblant justifier en lui cette définition, que le génie (une haute intelligence étant supposée comme condition première), c’est la patience, il est arrivé, sur les plus grands sujets qu’il soit donné à l’œil humain d’embrasser, à la plénitude de son talent de peintre et d’écrivain. […] Un autre écueil, qui est celui d’esprits sérieux et élevés, ce serait de faire un Buffon plus penseur et plus prophète de l’avenir qu’il ne l’a été, de lui supposer dans l’idée nos systèmes, et de lui mettre sur le front un nuage. […] » Je ne sais ce que penserait aujourd’hui Buffon des diverses théories en lutte dans l’histoire naturelle ; je crois qu’il est téméraire de le vouloir supposer, et de l’honorer non par rapport à lui-même, mais par rapport à soi.
Oui, c’est bien ainsi, à supposer qu’au lieu d’écrire pour George III elle se fût adressée à l’un de ses amis de France, c’est ainsi que les mots auraient sauté de son cœur sur le papier. […] On aurait bien voulu s’y persuader que, du coup, la Révolution était finie. « Je suis sûre, nous dit Mme Elliott, que si le duc d’Orléans avait supposé que la Révolution pût durer plus de six mois, il ne l’aurait jamais désirée. » Mme Elliott, vers ce temps et peu après, pendant les journées de septembre, était dans d’affreuses transes. […] Elle ne put s’empêcher tout d’abord de lui jeter à la face la pensée dont son cœur était plein, et de lui dire qu’elle le supposait en deuil apparemment de la mort du roi : il sourit d’un air contraint et dit qu’il était en deuil de son beau-père le duc de Penthièvre.
On suppose que ce fut vers 1680 ; il avait trente-quatre ou trente-cinq ans. […] La Bruyère, le philosophe, qu’on croyait marié et qu’on supposait honteux de l’être, c’est assez piquant. […] Le vote pour les élections était alors à haute voix et motivé, et supposait une sorte de discussion des titres.
On a beau faire, on n’est plus dans l’ancienne Académie, qui elle-même, déjà, n’était peut-être pas si délicate qu’on le suppose. […] Je suppose que le suffrage de tous les gens de lettres assemblés (j’ai la faiblesse de croire assez au suffrage de tous en pareil cas) eût à prononcer pour lui désigner un successeur, — je mets hors de cause, bien entendu, les auteurs dramatiques, membres déjà de l’Académie, qui choisirait-on ? […] Je la suppose, notre Académie, divisée en sections, — huit sections, de cinq membres chacune. — Oh !
» Ce que je suppose s’est même déjà réalisé. […] Son analyse d’Homère, son explication du procédé tout instinctif qu’il suppose avoir été observé et suivi dans les tableaux de l’Iliade et de l’Odyssée ; ce qu’il accorde en sincérité, en fidélité naïve et spontanée, à l’auteur ou aux auteurs de ces poèmes, ce qu’il leur refuse de personnalité, d’individualité bien définie ; tout cela est ingénieux et me paraît en grande partie fondé. […] Sous le règne de Justinien, comment supposer que ces hommes n’étaient pas des avocats ?
Il s’est donc attaché à notre grand tragique, et il s’est complu à démontrer en lui une âme et une intelligence essentiellement historique, pleine de prévisions et de divinations : non qu’il ait jamais supposé que le vieux poète, en s’attaquant successivement aux divers points de l’histoire romaine pendant une si longue série de siècles, depuis Horace et la fondation de la République jusqu’à l’Empire d’Orient et aux invasions d’Attila, ait eu l’idée préconçue d’écrire un cours régulier d’histoire ; mais le critique était dans son droit et dans le vrai en faisant remarquer toutefois le singulier enchaînement qu’offre en ce sens l’œuvre dramatique de Corneille, et en relevant dans chacune de ses pièces historiques, même dans celles qu’on relit le moins et qu’on est dans l’habitude de dédaigner le plus, des passages étonnants, des pensées et des tirades dignes d’un esprit politique, véritablement romain. […] Desjardins que Corneille, en matière historique ancienne, tout instinctif qu’il était et à la merci de sa verve, méditait certainement et réfléchissait plus qu’on ne le suppose. […] Schiller, bien réellement, quoique cela puisse surprendre, d’après une vague ressemblance de génie qu’on leur suppose, Schiller, ne pouvait s’accommoder en rien des pièces de Corneille : « J’ai lu, écrivait-il à Goethe (31 mai 1799), j’ai lu Rodogune, Pompée et Polyeucte de Corneille, et j’ai été stupéfait des imperfections réellement énormes de ces ouvrages que j’entends louer depuis vingt ans.