/ 2928
286. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre cinquième. Genèse et action des principes d’identité et de raison suffisante. — Origines de notre structure intellectuelle »

Par une pente naturelle, la volonté réagit de la même manière devant les mêmes objets douloureux ou agréables : elle se déploie selon une loi ; elle suit la ligne de la moindre résistance, qui n’est autre que celle de la moindre peine. […] D’autre part, chaque changement de la conscience est suivi d’un autre changement et a un « après ». […] L’expérience, d’ailleurs, apprend à l’animal que des changements qui paraissaient d’abord indifférents, comme la simple vue d’un autre animal, ont été suivis d’autres changements douloureux, tel qu’un coup de dent reçu. […] Le canal une fois creusé, le flot intérieur ne peut pas ne pas le suivre. […] Il ne dépend pas de nous de suspendre le cours de notre conscience, d’empêcher un état présent de suivre l’état antécédent et d’entraîner l’état subséquent.

287. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Œuvres complètes de Buffon, revues et annotées par M. Flourens. » pp. 55-73

À mesure qu’il devient naturaliste, il l’abandonne ; il ne le suit déjà plus pour les oiseaux, il ne le suit plus du tout pour les singes. […] Buffon est un grand esprit éducable, et ce sont les degrés successifs de cette éducation positive qu’il est curieux de pouvoir suivre. […] Venu au monde la même année que Buffon (1707), d’une famille de paysans et de ministres ou vicaires de campagne, il prit goût aux plantes tout en se jouant dans le jardin du presbytère paternel ; son père occupait ses loisirs à cette culture, et l’on raconte que la mère de Linné, pendant sa grossesse, ne cessait de suivre avec intérêt les travaux de son mari. […] Ainsi, en même temps que Buffon insiste sur la distinction des espèces, il a des vues sur l’unité du plan général organique ; il les développe au commencement de son article de l’âne, il appuie sur les ressemblances cachées, sur les analogies qui se dérobent sous des différences apparentes ; il demande si cette conformité constante et ce dessein suivi de l’homme aux quadrupèdes, des quadrupèdes aux cétacés, des cétacés aux oiseaux, des oiseaux aux reptiles, des reptiles aux poissons, etc., dans lesquels les parties essentielles, comme le cœur, les intestins, l’épine du dos, les sens, etc., se trouvent toujours, ne semblent pas indiquer qu’en créant les animaux l’Être suprême n’a voulu employer qu’une idée, et la varier en même temps de toutes les manières possibles, afin que l’homme pût admirer également et la magnificence de l’exécution et la simplicité du dessein.

288. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Bossuet. Lettres sur Bossuet à un homme d’État, par M. Poujoulat, 1854. — Portrait de Bossuet, par M. de Lamartine, dans Le Civilisateur, 1854. — II. (Fin.) » pp. 198-216

Voulant donner idée de la félicité et de la gloire des saints en l’autre vie, voulant développer les desseins de Dieu dans l’accomplissement de ses élus et comment il les prend, les manie, les prépare et n’arrive que tout à la fin à leur donner le coup de maître, l’orateur, qui cherche à se rendre compte à lui-même, établit une dissertation élevée autant et plus qu’il ne prêche un sermon ; il dut peu agir cette fois sur les esprits de son auditoire et en être médiocrement suivi. […] Les orateurs qui argumentent sont plus facilement compris par la foule que les orateurs qui s’enthousiasment ; il faut des ailes pour suivre l’orateur lyrique… Cette théorie faite toute exprès à la plus grande gloire des orateurs lyriques et des hommes démesurés est ici en défaut. […] Bossuet a dit quelque part dans un de ses sermons : « S’il n’était mieux séant à la dignité de cette chaire de supposer comme indubitables les maximes de l’Évangile que de les prouver par raisonnement, avec quelle facilité pourrais-je vous faire voir, etc. » Là où Bossuet eût souffert de s’abaisser et de s’astreindre à une trop longue preuve et à une argumentation suivie, Bourdaloue, qui n’avait pas les mêmes impatiences de génie, était sans doute un ouvrier apostolique plus efficace à la longue et plus approprié dans sa constance. […] Je ne fais que m’arrêter au seuil avec Bossuet : d’autres publications, je l’espère, me fourniront des occasions nouvelles et m’exciteront aussi à le suivre en quelques-unes de ses autres œuvres. […] Il n’a pris les rênes du gouvernement qu’en 1661, et d’abord il a suivi son temps, il ne l’a pas dominé ; il n’a paru réellement lui-même que lorsqu’il n’a plus été conduit par Lionne et Colbert, les derniers disciples de Richelieu et de Mazarin.

289. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Les Caractères de La Bruyère. Par M. Adrien Destailleur. »

Cette savante édition, devenue la base des autres qui ont suivi et qu’elle rendait faciles, n’était pas exempte toutefois de quelques fautes d’inadvertance et même d’étourderie, s’il est permis d’appliquer un mot si léger au respectable érudit à qui on la devait ; M.  […] Au milieu d’un tel monde, il y avait pour un homme d’esprit et capable plus d’un rôle à tenter et plus d’une visée à suivre. […] Peu à la fois et souvent : suivez la prescription, et vous vous en trouverez bien pour le régime de l’esprit. […] Mais les quatre chapitres qui suivent vont nous peindre successivement les mœurs des principales classes de la société, des gens de finance et de fortune, des gens de la Ville, des gens de la Cour, des Grands proprement dits et princes du sang, héros ou demi-dieux : le tout se couronnera par un chapitre, du Souverain ou de la République, avec le buste ou la statue de Louis XIV tout au bout en perspective. […] Cette fin est beaucoup plus suivie et d’un plus rigoureux enchaînement que le reste.

290. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Mémoire de Foucault. Intendant sous Louis XIV »

Si Foucault n’avait fait que des expéditions de ce genre, suivies de légers mensonges pour chatouiller l’orgueil du maître, péché bien véniel, — s’il n’avait eu pour l’ordinaire qu’à s’occuper du règlement de la justice, de sa distribution équitable et intègre (ainsi qu’il le fit) et d’autres mesures de ce genre conformes aux vrais principes et à l’Ordonnance de 1667, nous le louerions comme un digne et fidèle élève de Colbert et de Pussort. […] Il était des amis de mon père et des miens, homme d’un esprit doux, aimable dans la société, orné de plusieurs connaissances et ayant du goût pour les lettres comme pour ceux qui les cultivent ; mais, soit par un dévouement trop ordinaire aux intendants pour les ordres de la Cour, soit parce qu’il croyait, comme bien d’autres, qu’il ne restait plus dans le parti protestant qu’une opiniâtreté qu’il fallait vaincre ou plutôt écraser par le poids de l’autorité, il eut le malheur de donner au reste du royaume un exemple qui n’y fut que trop suivi et dont le succès surpassa d’abord les espérances même de ceux qui le faisaient agir. […] M. de Louvois m’ayant envoyé plusieurs ordres en blanc, il s’est converti six cents personnes dans cinq villes ou bourgs, sur le simple avis que les compagnies étaient en marche. » Tous les articles qui suivent dans le Journal seraient à citer comme aveu naïf des inventions, ruses, douces contraintes, moyens de toutes sortes employés ; l’effroi, l’intérêt, les pensions, — même les livres de Bossuet et de l’abbé Fleury. […] Dans les deux mois qui suivent, Foucault se surpasse : de vingt-deux mille religionnaires qu’il y avait en Béarn, il s’en était converti, dit-il, vingt et un mille fin de juillet. […] Foucault à Caen en honnête homme Ce serait par trop sortir de mon cadre étroit que de suivre Foucault dans la nouvelle intendance où il arrive tout prêt à déployer le même zèle, mais où il est contrecarré par Louvois de qui dépendait directement cette province du Poitou.

291. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Histoire des cabinets de l’Europe pendant le Consulat et l’Empire, par M. Armand Lefebvre (suite et fin.) »

Chacun, dès que le grand homme paraît et se déclare, après l’avoir admis volontiers au premier degré, s’empresse aussitôt de le continuer à sa guise, de l’achever à sa manière et selon ses goûts, de lui dicter son rôle de demain ; et si le personnage ne répond pas à cette idée qu’on s’en fait et ne suit pas le programme, on est bien près de le renier, de s’écrier qu’il fait fausse route et qu’il se perd, ce qui arrive quelquefois, mais par d’autres raisons le plus souvent que celles dont on se payait d’abord assez à la légère. […] Armand Lefebvre, et qui n’a pas été assez remarqué dans l’histoire de cette fameuse lutte, c’est que la paix qui a suivi les victoires de Marengo et de Hohenlinden a été pour la France et pour ses ennemis un moment décisif. […] Et pour ne parler que de la paix de Lunéville et de ce qui a suivi, n’est-ce donc rien que d’avoir si efficacement préludé à la délivrance de l’Italie, d’avoir préparé, à l’abri d’une royauté hasardée, mais provisoirement tutélaire, cette unité, cette résurrection politique d’une nation ? […] Armand Lefebvre ne reconnaisse les exagérations et les fautes, là où elles viennent du caractère plutôt que de la situation ; mais il croit que la position prise à Lunéville suffisait à décider bien des choses qui ont suivi et qu’elle recelait la plupart des conséquences qu’on a vues éclater. […] La défection du général York en décembre 1812 et la part lente et louche, mais certaine (on en a maintenant les preuves authentiques)4, qu’y prit le roi Frédéric-Guillaume ; cette ardente explosion de la Prusse, bientôt suivie de la défection méthodique et oblique, mais non moins arrêtée, de l’Autriche, qui veut seulement paraître avoir la main forcée ; cet armistice jeté au milieu de la campagne de 1813, et ce Congrès de Prague où personne n’est sincère et où M. de Metternich ne veut qu’amuser le tapis et gagner du temps, tous ces points sont traités par M. 

292. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « La Fontaine »

C’est aussi la marche qu’ont suivie les opinions sur le moyen âge, la chevalerie et le gothique. […] La Fontaine en fut touché comme d’un exemple à suivre ; sa fragilité et d’autres liaisons qu’il contracta vers cette époque le détournèrent, et ce ne fut que dix ans après, quand la mort de madame de La Sablière lui eut donné un second et solennel avertissement, que cette bonne pensée germa en lui pour n’en plus sortir. Mais, dès 1684, nous avons de lui un admirable Discours en vers, qu’il lut le jour de sa réception à l’Académie française, et dans lequel, s’adressant à sa bienfaitrice, il lui expose avec candeur l’état de son âme : Des solides plaisirs je n’ai suivi que l’ombre, J’ai toujours abusé du plus cher de nos biens : Les pensers amusants, les vagues entretiens, Vains enfants du loisir, délices chimériques, Les romans et le jeu, peste des républiques, Par qui sont dévoyés les esprits les plus droits, Ridicule fureur qui se moque des lois, Cent autres passions des sages condamnées, Ont pris comme à l’envi la fleur de mes années. […] C’est peu que leurs conseils, si je ne sais les suivre, Et qu’au moins vers ma fin je ne commence à vivre ; Car je n’ai pas vécu, j’ai servi deux tyrans : Un vain bruit et l’amour ont partagé mes ans. […] Que La Fontaine était de l’école de Boileau et de Racine en poésie ; qu’il suivait les mêmes procédés de composition studieuse, et qu’il faisait difficilement ses vers faciles ?

293. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre V. De la littérature latine, pendant que la république romaine durait encore » pp. 135-163

L’empire romain ayant succédé à la domination d’Athènes, la littérature latine suivit la route que la littérature grecque avait tracée, d’abord parce que c’était la meilleure à beaucoup d’égards, et que vouloir s’en écarter en tout, eût été renoncer au bon goût et à la vérité ; peut-être aussi, parce que la nécessité seule produit l’invention, et qu’on adopte au lieu de créer quand on trouve un modèle d’accord avec ses idées habituelles. […] C’était un peuple dont la puissance consistait dans une volonté suivie, plutôt que dans l’impétuosité de ses passions. […] Scipion et Salluste furent soupçonnés, l’un d’être l’auteur secret des comédies de Térence, l’autre d’avoir été l’acteur caché de la conspiration dont il était l’historien ; mais on ne voit point d’exemples dans Athènes, que le même homme ait suivi la double carrière des lettres et des affaires publiques. […] La littérature d’imagination a suivi une marche inégale ; mais la connaissance du cœur humain et de la morale qui lui est propre, s’est toujours perfectionnée progressivement. […] Peut-on comparer cette marche de l’esprit humain dans Rome à celle qu’il a suivie dans la Grèce ?

294. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Armand Carrel. — III. (Suite et fin.) » pp. 128-145

(on voit trop à qui il s’adresse dans son injustice et son amertume)… ; ce sont, continue-t-il, ceux qui, par un ascendant irrésistible, s’imposent à tout ce qui les entoure, et sont obéis et suivis en vertu de la seule action qu’exerce leur personne. […] Vous avez pris des engagements, et les suivez en homme d’honneur ; moi, je n’ai pas pris d’engagements et ne m’en fais aucun mérite. […] Roux-Laborie au sujet de l’arrestation de la duchesse de Berry en Vendée et des malheureux propos de presse qui s’en étaient suivis ; les deux adversaires, après une conduite des plus honorables, furent blessés. […] Vous êtes dans la route que suivront, je l’espère, tous les bons esprits. […] Je sens plus que personne que, depuis le licenciement de la force brutale, notre politique n’a plus l’importance qu’elle avait lorsqu’elle n’exprimait que l’emportement, les passions et l’audace du parti ; nous dépendons encore du procès d’avril ; quand il sera terminé, nous aurons un système de guerre tout nouveau à suivre… Mais l’attentat de Fieschi éclatait quelques mois après ; les lois de Septembre s’ensuivaient, et la nouvelle ligne de politique projetée par Carrel s’ajournait indéfiniment.

295. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « L’abbé Gerbet. » pp. 378-396

Né en 1798 dans le Jura, à Poligny, il avait fait ses premières études dans sa ville natale, et, de là, était allé suivre son cours de philosophie à l’Académie de Besançon. […] Arrivé à Paris à la fin de 1818, l’abbé Gerbet entra au séminaire de Saint-Sulpice ; mais sa santé, déjà délicate, ne lui permettant pas d’y faire un long séjour, il s’établit comme pensionnaire dans la maison des Missions étrangères, où il suivait la règle des séminaristes. […] Il aimait à citer entre autres un beau passage de Vincent de Lérins qui disait : « Que, grâce à vos lumières, la postérité se félicite de concevoir ce qu’auparavant l’Antiquité croyait avec respect sans en avoir l’intelligence ; mais cependant enseignez les mêmes choses qui vous ont été transmises, de telle manière qu’en les présentant sous un nouveau jour, vous n’inventiez pas des dogmes nouveaux. » Ainsi, en maintenant l’immutabilité sur le fond, il se plaisait à remarquer que l’ordre d’explication scientifique, malgré les déviations passagères, avait suivi une loi de progrès dans l’Église et s’était développé successivement ; et il le démontrait par l’histoire même du christianisme. […] Dans un certain nombre de niches sépulcrales qui ont été ouvertes à diverses époques, on peut suivre, en quelque sorte pas à pas, les formes successives, de plus en plus éloignées de la vie, par lesquelles ce qui est là arrive à toucher d’aussi près qu’il est possible au pur néant. […] Suit le récit légèrement voilé, et comme transfiguré, mais dont chaque circonstance est sensible.

296. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Franklin. — III. Franklin à Passy. (Fin.) » pp. 167-185

En politique, je n’ai pas à suivre les progrès de ses négociations dans les circonstances compliquées où il les conduisit ; M.  […] Lorsque, sur la fin de sa vie, il apprit les premiers événements de juillet 89, il en conçut autant de méfiance et de doute que d’espérance ; les premiers meurtres, certaines circonstances dont la Révolution était accompagnée dès l’origine, lui semblaient fâcheuses, affligeantes : « Je crains que la voix de la philosophie n’ait de la peine à se faire entendre au milieu de ce tumulte. » — « Purifier sans détruire », était une de ses maximes, et il voyait bien tout d’abord qu’on ne la suivait pas. […] J’aime à croire que Franklin, s’il n’avait suivi que son penchant, et s’il avait dû choisir parmi nous son personnage de prédilection et son idéal, serait plutôt allé embrasser M. de Malesherbes, « ce grand homme », comme il l’appelle, qui venait le voir à Passy, et qui, renonçant à la vie publique et s’amusant à de grandes plantations, désirait obtenir par lui les arbres du Nord de l’Amérique non encore introduits en France. […] Les intervalles étaient suivis de réveils charmants. […] Je lui dis que cela avait été généralement entendu de l’action d’un orateur avec les gestes en parlant, mais que je croyais qu’il existait une autre sorte d’action bien plus importante pour un orateur qui voudrait persuader au peuple de suivre son avis, à savoir une suite et une tenue dans la conduite de la vie, qui imprimerait aux autres l’idée de son intégrité aussi bien que de ses talents ; que, cette opinion une fois établie, toutes les difficultés, les délais, les oppositions, qui d’ordinaire ont leur cause dans les doutes et les soupçons, seraient prévenus, et qu’un tel homme, quoique très médiocre orateur, obtiendrait presque toujours l’avantage sur l’orateur le plus brillant, qui n’aurait pas la réputation de sincérité… Tout cela était d’autant plus approprié au jeune homme, que lord Shelburne, son père, doué de tant de talents, avait la réputation d’être l’opposé du sincère.

297. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre IX : M. Jouffroy écrivain »

« Né de parents pieux, dit-il quelque part, et dans un pays où la foi catholique était encore pleine de vie au commencement du siècle, j’avais été accoutumé de bonne heure à considérer l’avenir de l’homme et le soin de son âme comme la grande affaire de ma vie52. » Cette préoccupation dura jusqu’au bout : hors du christianisme, il suivait la pente du christianisme ; devenu philosophe, c’est de l’avenir qu’il s’inquiétait encore ; en ramenant toute la philosophie au problème de la destinée humaine, il cherchait le salut sous un autre nom ; ses recherches étaient intéressées : ce n’est point une curiosité qu’il contentait, mais une inquiétude qu’il calmait. Comme un marin qui n’observe le ciel et les astres que pour prévoir les dangers, diriger sa course et atteindre le port, il n’étudiait la nature et l’homme que pour régler sa vie et conjecturer ce qui suit la mort. […] Les heures de la nuit s’écoulaient, et je ne m’en apercevais pas ; je suivais avec anxiété ma pensée, qui de couche en couche descendait vers le fond de ma conscience, et, dissipant l’une après l’autre toutes les illusions qui m’en avaient jusque-là dérobé la vue, m’en rendait de moment en moment les détours plus visibles ! […] Les jours qui suivirent cette découverte furent les plus tristes de ma vie. […] Il ne quittait leur main qu’après les avoir orientés dans ce labyrinthe, munis de classifications, de définitions, d’explications, éclairés sur la route à suivre, mis en état de guider leur guide, remplis de défiance pour eux-mêmes, d’espoir en la vérité et de confiance en la méthode.

298. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 avril 1885. »

Suit l’analyse des premiers opéras de Wagner, et comment ils reposent déjà sur des motifs psychologiques […] Le petit nocturne à deux voix, traité dans la manière de Gounod : Ô nuit sereine, ô nuit profonde, a certainement de la grâce, de même que la cavatine du ténor qui suit : Si dans tes bras, exauçant mon désir. […] Compte-rendu de la représentation, suivi de considérations sur la place des Maîtres Chanteurs parmi les œuvres de Richard Wagner. […] Les admirateurs qui suivent assidument les représentations des Maîtres Chanteurs, sont redevables à M.  […] Il rencontre Wagner à Vienne alors qu’il est corniste, et le suit à Lucerne comme copiste.

299. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Eugène Gandar »

En 1841 il vint à Paris et fut mis à Sainte-Barbe, d’où il suivait le collège Louis-le-Grand : il y recommença sa rhétorique sous M.  […] Vingt enfants demi-nus m’avaient suivi, chuchotaient et riaient entre eux de ma rêverie. […] Dès que j’aurai revu à mon aise le Parthénon et le golfe, tiré des livres et des hommes ce que je puis en espérer, j’irai vite à Corfou et à Ithaque. » Il suivit exactement son programme. […] Il avait suivi à Francfort et il espérait suivre un jour à Weimar et à Wetzlar les souvenirs de Goethe, selon le principe posé par Goethe lui-même : « Quiconque veut comprendre le poète doit aller dans le pays du poète. » C’était son dilettantisme à lui et mieux que cela, sa méthode vivante d’interprétation et de critique littéraire. […] L’École normale, qui était restée un peu froide pour lui en 1861, demanda en dernier lieu à suivre son cours.

/ 2928