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2376. (1902) Les poètes et leur poète. L’Ermitage pp. 81-146

Irez-vous lui demander ce qu’il pense du temps et de l’espace, ou de l’avenir des sociétés ?

2377. (1925) Feux tournants. Nouveaux portraits contemporains

Menant la vie comme un cheval rétif, n’ayant subi aucun joug, ayant comme dépossédé la société, elle ne se tolère aucun petit moyen, aucune concession. « Si je rougis parfois de ce que je fais, c’est de plaisir. » Ne la prenez pas au mot. […] Julien Benda, Belphégor : essai sur l’esthétique de la présente société française, Émile-Paul frères, 1918.

2378. (1890) Journal des Goncourt. Tome IV (1870-1871) « Année 1870 » pp. 3-176

Et ce qui avait survécu de ces sentiments idéaux, notre premier sauveur, Louis-Philippe l’a achevé avec la phrase de son premier ministre : « Enrichissez-vous » ; et notre second sauveur, Napoléon III, avec son exemple et celui de sa cour, qui disait : « Jouissez. » Puis, quand toutes les religions désintéressées des âmes étaient mortes, on faisait, par le suffrage universel, du vote destructif et désorganisateur du bas de notre société, la véritable souveraineté française. […] Charles Edmond raconte que sa femme, se trouvant chez leur boucher, avait vu une femme proprement vêtue, vêtue comme une femme de la société, entrer et demander un sou de raclures de cheval.

2379. (1874) Histoire du romantisme pp. -399

Derrière la salle commune était pratiquée une salle réservée aux repas de corps, un cabinet de société qu’occupait l’aristocratie des clients, et qui ouvrait sur un jardinet d’une pente assez forte, distribué en berceaux et en tonnelles où l’on servait du vin, de la bière et même de l’eau de Seltz ou de la limonade gazeuse pour les raffinés. […] Le noble auteur que sa position personnelle mettait à l’abri de semblables infortunes se préoccupa toujours du sort que la société fait aux poètes. […] comme il réclame pour elles la vie et la rêverie, c’est-à-dire le pain et le temps ; en l’écoutant on lui donne raison, tellement sa voix est éloquente, et cependant qui jugera si le poète est vraiment un poète et si la société doit le nourrir oisif jusqu’à ce que l’inspiration lui descende du ciel ? […] L’Institut semblait craindre que ce feuille révolutionnaire ne renversât la société de fond en comble.

2380. (1899) Préfaces. — Les poètes contemporains. — Discours sur Victor Hugo pp. 215-309

Les hymnes et les odes inspirées par la vapeur et la télégraphie électrique m’émeuvent médiocrement, et toutes ces périphrases didactiques, n’ayant rien de commun avec l’art, me démontreraient plutôt que les poètes deviennent d’heure en heure plus inutiles aux sociétés modernes.

2381. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre IV : Sélection naturelle »

Chez les animaux qui vivent en société, elle approprie la structure de chaque individu au bénéfice de la communauté, à condition que chacun d’eux profite de ce changement survenu par sélection.

2382. (1730) Des Tropes ou des Diférens sens dans lesquels on peut prendre un même mot dans une même langue. Traité des tropes pp. 1-286

Au contraire, le sens déterminé tombe sur un objet particulier ; il désigne une ou plusieurs persones, une ou plusieurs choses, come, les cartésiens croient que les animaux sont des machines : Cicéron dit dans ses offices, que la bone foi est le lien de la société. […] On dit de certaines persones, c’est un fou, c’est une fole : ces paroles ne marquent pas toujours que la persone dont on parle ait perdu l’esprit au point qu’il ne reste plus qu’à l’enfermer ; on veut dire seulement que c’est une persone qui suit ses caprices, qui ne se prête pas aux réfléxions des autres, qu’elle n’est pas toujours maitresse de son imagination, que dans le tems qu’on lui parle elle est ocupée ailleurs, et qu’ainsi on ne sauroit avoir avec elle ce comerce réciproque de pensées et de sentimens, qui fait l’agrément de la conversation et le lien de la société.

2383. (1913) Poètes et critiques

À ce vieux vagabond comme à ces petits va-nu-pieds la nature est plus douce que la société. […] Elle jouit des douceurs de l’amitié et, on peut le penser, des enchantements de l’amour, dans cette société d’élite où d’admirables jeunes femmes, célébrées par un grand poète sous des noms modernes ou antiques, « Fanny, Camille, Chloé, Glycère, Euphrosine ou Lydé, Pannychis », se laissaient adorer délicieusement par des gentilshommes accomplis, Calixte de Montmorin, François du Pange, Adrien de Lezay, André Chénier, d’autres encore.

2384. (1927) André Gide pp. 8-126

André Gide, qui énonce cette remarque : « Il n’y avait là que ce besoin inné du Français de prendre parti, d’être d’un parti, qui se retrouve à tous les âges et du haut en bas de la société française. » Il généralise trop, et il fait un calembour.

2385. (1927) Approximations. Deuxième série

La mort d’Allegra, la fille de Lord Byron et de Claire Clairmont (Shelley n’avait pas encore osé annoncer la nouvelle à cette dernière) ; le désir de couper court le plus tôt possible à toute intimité suivie avec Byron lui-même ; la précocité du merveilleux printemps de 1822 ; la nostalgie plus puissante que jamais de la mer et de la vie sur l’eau, autant de motifs qui poussaient Shelley à quitter Pise, et qui tous plongent leurs racines dans le même besoin : un infini besoin de solitude. « Je déteste toute société, presque toute du moins, et Lord Byron constitue le centre de tout ce qui m’est odieux et fastidieux dans la vie de société » Mais, plus profondément, et comme au second degré, c’est à l’intérieur de son génie même que Shelley veut rétablir la solitude ; et si ce génie semble alors replier ses ailes, c’est qu’il n’y abrite plus que ses facultés les plus natives, celles qui de tout temps l’isolèrent. […] Non seulement son œuvre conçue et exécutée — et quelle ne fut pas à cet égard sa sagesse — dans les cadres les plus libres et les plus souples qui soient, pouvait supporter presque jusqu’à l’infini la richesse des additions ; mais surtout lui eût-il plu d’y mettre pour de bon le point final, de se détacher de ces personnages et de cette société avec laquelle il avait si longtemps vécu, la tournure de son génie faisait précisément de lui le seul qui aurait été capable de peindre la nôtre.

2386. (1895) Les confessions littéraires : le vers libre et les poètes. Figaro pp. 101-162

D’ailleurs j’ai la singulière manie de croire que toutes les valeurs humaines, à quelque ordre de la société qu’elles appartiennent, sont — ou plutôt devraient être — équivalentes.

2387. (1835) Critique littéraire pp. 3-118

Il dort la nuit, ce qui n’est pas, comme on sait, une habitude anglaise, surtout dans l’Inde ; il se lève au petit jour, quand les Anglais se couchent ; il fait une guerre à mort aux plates conversations de leurs interminables dîners, les questionne, les contredit sur tout, sur leur commerce, sur leur administration, sur leurs revenus, sur leur marine ; et, malgré son audace, malgré sa pauvreté, Jacquemont n’en est pas moins l’enfant chéri de toute cette société de sensualistes anglais.

2388. (1908) Esquisses et souvenirs pp. 7-341

C’était un balourd, assez instruit, qui vivait au milieu d’une société sans grandeur. […] « … Il lui est impossible, dit-il, de comprendre la situation limitée d’un homme qui s’est imposé un devoir ; aussi veut-elle que dans la vie on agisse toujours et immédiatement, de même que, selon elle, il faut toujours parler et discuter dans la société… » Au fond, il y a désaccord entre l’auteur de Corinne et ces deux hommes, grands esprits, mais Allemands.

2389. (1903) Légendes du Moyen Âge pp. -291

L’âme du poème était l’exaltation des sentiments les plus puissants et les plus élevés de la société féodale qui, constituée d’abord en France, s’organisait alors dans toute l’Europe : le courage, l’honneur, l’amour du pays, la fidélité de l’homme envers son seigneur et envers ses « pairs », le dévouement à la cause chrétienne. […] On sait quelle importance la haute société des xiie et xiiie  siècles attachait à cet ensemble de qualités mondaines, qu’on appelait la « courtoisie » et qui comprenait quelques-unes des plus hautes qualités morales en même temps que la stricte observation des conventions et des règles de la vie élégante.

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