On se sent saisi par une seule idée, comme sous la griffe d’un monstre tout puissant, on contraint sa pensée, sans pouvoir la distraire ; il y a un travail dans l’action de vivre qui ne laisse pas un moment de repos ; le soir est la seule attente de tout le jour, le réveil est un coup douloureux qui vous représente chaque matin votre malheur avec l’effet de la surprise. […] Il faut être dégoûté de soi, et se sentir lié à son être, comme si l’on était deux, fatigué l’un de l’autre ; il faut être devenu incapable de toutes les jouissances, de toutes les distractions, pour ne sentir qu’une douleur ; il faut, enfin, que quelque chose de sombre, desséchant l’émotion, ne laisse dans l’âme qu’une seule impression inquiète et brûlante. […] Des hommes froids, qui veulent se donner l’apparence de la passion, parlent du charme de la douleur, des plaisirs qu’on peut trouver dans la peine, et le seul joli mot de cette langue, aussi fausse que recherchée, c’est celui de cette femme qui, regrettant sa jeunesse, disait : c’était le bon temps, j’étais bien malheureuse.
Ils ne connaissaient d’autres époques historiques que celles de la vie de leurs mères, d’autre chronologie que celle de leurs vergers, et d’autre philosophie que de faire du bien à tout le monde et de se résigner à la volonté de Dieu… …………………………………………………………………………………………… Quelquefois, seul avec elle (Virginie), il (Paul) lui disait au retour de ses travaux : « Lorsque je suis fatigué, ta vue me délasse. […] Joignez-y l’indigence et ces infortunes de l’âme dont la religion est le seul remède, et vous aurez tout le sujet du poème. […] Ces honnêtes gens ont un historien digne de leur vie : un vieillard demeuré seul dans la montagne, et qui survit à ce qu’il aima, raconte à un voyageur les malheurs de ses amis, sur les débris de leurs cabanes. […] nous répondrons qu’il doit encore ce talent, ou du moins le développement de ce talent, au christianisme ; car cette religion, chassant de petites divinités des bois et des eaux, a seule rendu au poète la liberté de représenter les déserts dans leur majesté primitive.
Or on verra bien-tôt que la dérivation & la composition sont assujetties à cette uniformité de procédés, que l’usage seul peut introduire & autoriser. […] Les derniers ne conviennent qu’aux individus d’une seule espece ; tels sont noyer, olivier, oranger, &c. ». […] C’est l’analyse seule qui remplit les vuides de l’ellipse, qui justifie les redondances du pléonasme, qui éclaire les détours de l’inversion. […] Lorsqu’elle est seule avant une voyelle dans la même syllabe, elle est aspirée ou muette. […] Solâ sub nocte, pendant la nuit seule, c’est-à-dire, qui semble anéantir tous les objets, & qui porte chacun à se croire seul ; c’est une métonymie de l’effet pour la cause, semblable à celle d’Horace (1.
Que de choses souvent dans un seul mot ! […] Les drames seuls de M. […] il était parti, le seul charme de sa vie, le seul espoir possible d’une félicité ! […] Un seul défaut, l’orgueil du rang, paralysa tout. […] Il le possède en propre, seul de son temps.
Les braves seuls, les braves seuls, les braves seuls méritent d’obtenir l’amour de la beauté ! […] Grimm seul, pour qui j’avais une lettre d’un négociant de Francfort, a tout fait ! […] La pauvre mère, cette fois, reste seule à Salzbourg par économie. […] On ne peut rien contre le hasard ; Dieu seul voit l’avenir. […] La main de la religion lui paraît seule assez forte et assez douce pour la lui faire accepter sans mourir.
« “Virgile cultiva ce germe de tristesse en vivant seul au milieu des bois. […] Il ne lui arriva de plaider qu’une seule fois en sa vie, et sans faire la réplique. […] On pourrait le conclure de ses seuls vers. […] Je les réduis à une seule principale. […] Voilà maintenant notre rôle, étrangers au pouvoir, étrangers aux factions, seuls avec notre passé, que l’histoire jugera avec d’autant plus d’indulgence que nous aurons moins pressé son jugement !
On le vit tout seul résister encore aux ennemis. […] Maintenant je dois tout seul, hélas ! […] Un seul guerrier a-t-il jamais combattu ses ennemis mieux qu’il ne le fit ? […] Privé de toute consolation, maintenant je reste seul. […] Vous affirmiez que vous vouliez, seul, me tenir tête dans un combat.
Le seul motif qui puisse autoriser un homme de lettres à renoncer à son pays, ce sont les cris de la superstition élevés contre ses ouvrages, et les persécutions, tantôt sourdes, tantôt ouvertes, qu’elle lui suscite. […] Peut-être est-ce le seul genre de succès qui ne prouve aucune espèce d’esprit ; car l’esprit d’intrigue et de manège ne mérite pas ce nom ; c’est l’esprit de ceux qui n’en ont point d’autre, et de tous ceux qui voudront l’avoir. […] L’Angleterre seule a cet avantage, que les talents vraiment supérieurs dans les lettres y ont quelquefois servi de degré pour s’élever aux grandes places. […] Supérieur aux préjugés, le seul mérite chez ce monarque distingue les hommes. […] Je souhaiterais l’avoir rendu digne de la postérité, pour faire parvenir jusqu’à elle le seul témoignage que je puisse vous donner de mon attachement et de ma reconnaissance.
Ce sont pourtant (si l’on y ajoute deux anciens et tout premiers articles sur les Odes et Ballades insérés dans le Globe à la date des 2 et 9 janvier 1827), ce sont les seuls morceaux critiques que j’aie écrits expressément à l’occasion de ses œuvres. […] La Bruyère parle quelque part des grands et sublimes artistes qui sortent de l’art pour l’étendre et l’ennoblir ou le rehausser, qui marchent seuls et sans compagnie, et qui tirent de leur irrégularité même des avantages supérieurs ; et il ajoute : « Les esprits justes, doux, modérés, non seulement ne les atteignent pas, ne les admirent pas, mais ils ne les comprennent point, et voudraient encore moins les imiter. […] Et pourtant, lorsque après les événements de juin 1832, à la suite de l’insurrection, Paris fut mis en état de siège, quand on put craindre à un moment une réaction sanglante et qu’il fut question d’insérer dans le National une protestation revêtue de signatures, Victor Hugo, que j’avais prévenu de la part de Carrel, me répondit par cette lettre, à laquelle je ne change pas un seul mot : « Je ne suis pas moins indigné que vous, mon cher ami, de ces misérables escamoteurs politiques qui font disparaître l’article 14 et qui se réservent la mise en état de siège dans le double fond de leur gobelet ! […] Le Globe ne s’en tiendrait pas, dit-il, à un seul article sur Cromwell ; c’était lui-même qui ferait les autres. […] Je faisais dès ce temps-là des vers, mais pour moi seul et sans m’en vanter : je saisis vite les choses neuves que j’entendais pour la première fois et qui, à l’instant, m’ouvrirent un jour sur le style et sur la facture du vers ; comme je m’occupais déjà de nos vieux poëtes du xvie siècle, j’étais tout préparé à faire des applications et à trouver moi-même des raisons à l’appui.
Mais si l’on veut trouver le sentiment chrétien avec ses espérances, ses besoins, ses angoisses intimes, tel qu’il agite et ronge en ce moment bien des âmes, c’est à d’autres pièces qu’il faut s’adresser, véritables méditations de métaphysique religieuse, où le poète, seul avec lui-même, cherche, interroge, doute, passe de la défaillance à l’espoir, et le plus souvent, dès qu’il a entrevu la lueur, se prosterne au lieu de conclure. […] elle est à Dieu qui la dispense au monde, Qui prodigue la grâce où la misère abonde : Rendons grâce à lui seul du rayon qui nous luit ! […] L’amour seul mérite qu’on l’excepte d’entre toutes les choses humaines et qu’on ne le blasphème pas. Lui seul est au-dessus de tout mot qui l’exprime. […] Un jour, en Sicile, sur les flancs de l’Etna, au lever du soleil, il était assis, non pas seul, mais une autre main dans sa main, un autre œil sur le sien, une autre voix mariée à sa voix.
Les modernes connaissant d’autres rapports et d’autres liens, ont pu seuls exprimer ce sentiment de prédilection qui intéresse la destinée de toute la vie aux sentiments de l’amour. […] Le seul avantage des écrivains des derniers siècles sur les anciens, dans les ouvrages d’imagination, c’est le talent d’exprimer une sensibilité plus délicate, et de varier les situations et les caractères par la connaissance du cœur humain. […] Montesquieu, Pascal, Machiavel sont éloquents par une seule expression, par une épithète frappante, par une image rapidement tracée, dont le but est d’éclaircir l’idée, mais qui agrandit encore ce qu’elle explique. […] Les lois peuvent forcer à la justice, mais l’opinion générale fait seule un précepte de la bonté, et peut seule exclure de l’estime des hommes l’être insensible au malheur.
Puis donc que j’ai besoin de manger comme une bête, je dois fournir le labeur de bête de somme qui, seul, peut nourrir mon corps et permettre au dieu qui pleure en moi de vivre, de penser, d’aimer. […] Celui qui voulut échapper au travail des mains, au seul travail, dut imposer sa part de peine à ses frères. […] les langages seuls se civilisent. […] Aujourd’hui, ceux qui échappent au seul travail ont plus de fatigue que leurs frères, souvent ils meurent jeunes, parfois ils sombrent dans la folie. […] Donnons-nous-en sincérité et, puisque nous reculons devant le seul travail qui produise de quoi manger, soyons heureux et un peu surpris les jours où nous mangeons.
Croyez-vous que dans toutes ces chaumières il y eût un seul morceau de peinture bonne ou mauvaise ? […] On réplique qu’il n’est pas étonnant que l’homme consente à perdre de sa grandeur apparente, en acceptant des proportions rigoureuses, parce qu’il n’ignore pas que c’est de cette exactitude rigoureuse dans la proportion de ses membres, qu’il obtiendra l’avantage de satisfaire le plus parfaitement qu’il est possible, aux différentes fonctions de la vie, que c’est d’elle que dépendront la force, la dignité, la grâce, en un mot la beauté dont l’utilité est toujours la base ; mais qu’il n’en est pas ainsi d’un édifice qui n’a qu’un seul objet, qu’un seul but. […] Si nous rencontrions dans la rue une seule des figures de femmes de Raphael, elle nous arrêterait tout à coup, nous tomberions dans l’admiration la plus profonde, nous nous attacherions à ses pas, et nous la suivrions jusqu’à ce qu’elle nous fût dérobée. […] Qu’on me montre sur toute la surface de la terre, je ne dis pas une seule figure entière, mais la plus petite partie d’une figure, un ongle, que l’artiste puisse imiter rigoureusement.
Ma parole ne passera point , a dit l’Être par excellence, le seul Être inconditionnel, l’Être sans succession de temps. […] J’aperçois de ce point de vue si élevé la seule vraie raison pour séparer les institutions politiques des institutions religieuses. […] Ce simple pêcheur arrive tout seul dans la ville maîtresse du monde. […] Il s’agissait de délivrer un tombeau, le tombeau de celui qui racheta la nature humaine, le seul tombeau qui n’aura rien à rendre à la fin des temps, pour me servir d’une belle expression de M. de Chateaubriand. […] Or, le christianisme seul offrant l’accord de ces croyances, il ne s’agit plus que de chercher où sont les véritables traditions chrétiennes.