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885. (1896) Les idées en marche pp. 1-385

» Il se dit et se répète avec angoisse : « À quoi a servi et servira mon œuvre ? […] Ce jacobinisme qui, servi froid, est de nos jours un repas si détestable, n’eut-il pas, chaud, du goût et de l’aspect ? […] Ils servaient de pâture à l’amour. […] Elles servent d’axe au génie créateur. […] Ses outrances mêmes le servent ici parce qu’elles expriment les désordres et les soubresauts d’une passion ineffaçable.

886. (1895) Hommes et livres

Méthode scientifique, sens esthétique, intuition de la vie, tout sert. […] Il m’avertit qu’il avait emprunté cet argent, comme aussi celui qui avait servi à payer le cheval. […] Qu’aurait servi le bois de tant de sang lavé ? […] À quoi servent la prudence, les desseins, les efforts individuels ? […] Elles ne servent guère que de justification, d’éclaircissement, d’illustration aux documents essentiels.

887. (1891) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Quatrième série

On en pourrait donner bien des raisons, si l’on le voulait, mais il n’y en a qu’une ici qui serve. […] Mais il y a quelque chose de plus ; et, si je me suis fait entendre, cette manière de concevoir et de prendre le sujet peut servir à dissiper un malentendu que M.  […] On le voit : pour nous servir d’une expression de Pascal lui-même, c’est un renversement du pour au contre. […] Disons-le plus nettement encore : la connaissance de la nature ne peut servir qu’à en éloigner l’homme social, et la grande erreur du siècle est d’avoir cru qu’elle l’en devait rapprocher. […] que je vois tenir en plus de prix qu’elle ne vaut, qui est seule quasi parmi nous en usage, certaine image de prudhomie scolastique, serve des préceptes, contrainte sous l’espérance et la crainte.

888. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article » p. 474

Des idées grandes, justes & bien présentées, servent assez communément de base à tous les plans de ses Sermons.

889. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — H — article » p. 506

Il a servi les Lettres de deux manieres très-utiles, en les enseignant avec zele, & en leur procurant des secours par des établissemens.

890. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » p. 388

Elle étoit niece du fameux Poëte Bertaud, Evêque de Séez, & nous a laissé des Mémoires pour servir à l’Histoire d’Anne d’Autriche, mere de Louis XIV.

891. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » p. 519

Il a suivi la même méthode dans sa Traduction du Traité des vertus & des récompenses, publié par M. le Marquis Dragonetti, pour servir de suite au fameux Traité des délits & des peines de M. le Marquis de Beccaria.

892. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre troisième. L’esprit et la doctrine. — Chapitre III. Combinaison des deux éléments. »

. — Ainsi, dans tout l’ordre social et moral, le passé justifie le présent ; l’antiquité sert de titre, et si, au-dessous de toutes ces assises consolidées par l’âge, on cherche dans les profondeurs souterraines le dernier roc primordial, on le trouve dans la volonté divine. — Pendant tout le dix-septième siècle, cette théorie subsiste encore au fond de toutes les âmes sous forme d’habitude fixe et de respect inné ; on ne la soumet pas à l’examen. […] Mais voici que les rôles s’intervertissent ; du premier rang, la tradition descend au second, et du second rang, la raison monte au premier. — D’un côté la religion et la monarchie, par leurs excès et leurs méfaits sous Louis XIV, par leur relâchement et leur insuffisance sous Louis XV, démolissent pièce à pièce le fond de vénération héréditaire et d’obéissance filiale qui leur servait de base et qui les soutenait dans une région supérieure, au-dessus de toute contestation et de tout examen ; c’est pourquoi, insensiblement, l’autorité de la tradition décroît et disparaît. […] Il lui est aussi impossible d’aimer le bien pour le bien que d’aimer le mal pour le mal404. » — « Les principes de la loi naturelle405, disent les disciples, se réduisent à un principe fondamental et unique, la conservation de soi-même. » « Se conserver, obtenir le bonheur », voilà l’instinct, le droit et le devoir. « Ô vous406, dit la nature, qui, par l’impulsion que je vous donne, tendez vers le bonheur à chaque instant de votre durée, ne résistez pas à ma loi souveraine, travaillez à votre félicité, jouissez sans crainte, soyez heureux. » Mais, pour être heureux, contribuez au bonheur des autres ; si vous voulez qu’ils vous soient utiles, soyez-leur utile ; votre intérêt bien entendu vous commande de les servir. « Depuis la naissance jusqu’à la mort, tout homme a besoin des hommes. » — « Vivez donc pour eux, afin qu’ils vivent pour vous. » — « Soyez bons, parce que la bonté enchaîne tous les cœurs ; soyez doux, parce que la douceur attire l’affection ; soyez modestes, parce que l’orgueil révolte des êtres remplis d’eux-mêmes… Soyez citoyens, parce que la patrie est nécessaire à votre sûreté et à votre bien-être. […] Les pièces inférieures y servent comme les supérieures ; toutes sont nécessaires, proportionnées, en place, non seulement le cœur, la conscience, la raison et les facultés par lesquelles nous surpassons les brutes, mais encore les inclinations qui nous sont communes avec l’animal, l’instinct de conservation et de défense, le besoin de mouvement physique, l’appétit du sexe, et le reste des impulsions primitives, telles qu’on les constate dans l’enfant, dans le sauvage, dans l’homme inculte414. […] Mais je le tiens pour un homme perdu, s’il a le malheur d’avoir l’âme honnête, une fille aimable et un puissant voisin. — Résumons en quatre mots le pacte social des deux états : Vous avez besoin de moi, car je suis riche et vous êtes pauvre : faisons donc un accord entre nous ; je permettrai que vous ayez l’honneur de me servir, à condition que vous me donnerez le peu qui vous reste pour la peine que je prends de vous commander.

893. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIe entretien. Suite de la littérature diplomatique » pp. 5-79

Aujourd’hui que la maison d’Autriche a renoncé, il y a longtemps, à la monarchie universelle de Charles-Quint ; aujourd’hui que la Russie, improvisée par la Providence pour des desseins que nous ignorons en Orient, pèse du poids de cent millions d’hommes sur la Pologne, la Prusse, la Hongrie, les bouches du Danube et les provinces presque allemandes de la Servie et de la Bulgarie, qu’est-ce que l’Autriche ? […] Comment se fait-il que tout l’archipel grec professe le christianisme, que la Valachie et la Moldavie soient chrétiennes, que la Servie et la Bulgarie soient chrétiennes, que la Macédoine, l’Albanie, la Dalmatie soient chrétiennes, que la Syrie, à l’exception d’Alep et de Damas, soit chrétienne ? […] La France, sans s’informer si elle servait en cela l’Angleterre, a volé à Sébastopol, a versé le sang chrétien pour préserver le sang ottoman, et la France a bien fait. […] Est-ce que, par les provinces de l’Adriatique, et par la Grèce, par la Servie, par la Bulgarie, par le Danube, l’Autriche ne dévorera pas avant nous ce tiers d’un empire ? […] Non, nous ne devons rien de tout cela au roi de Piémont, lors même que, pour légitimer ces énormités monarchiques, il se servirait du beau prétexte de la liberté à porter aux peuples.

894. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre III. Le Petit Séminaire Saint-Nicolas du Chardonnet (1880) »

Mon attention, quand je suis avec quelqu’un, est de deviner ses idées et, par excès de déférence, de les lui servir anticipées. […] L’oiseau volera toutes les nuits avec des cris plaintifs autour de la porte et des fenêtres barricadées, cherchant à pénétrer dans le sanctuaire, mais ignorant l’entrée secrète ; et ainsi, durant toute l’éternité, sur cette colline, ma pauvre âme gémira d’un gémissement sans fin : « C’est l’âme d’un prêtre qui veut dire sa messe, murmurera le paysan qui passe. — Il ne trouvera jamais d’enfant pour la lui servir », répliquera un autre. […] En outre, la société des nicolaïtes ne ressuscita pas après la Révolution comme celle des sulpiciens ; le bâtiment de la rue Saint-Victor demeura sans objet ; lors du Concordat, on le donna au diocèse de Paris pour servir de petit séminaire. jusqu’en 1837, cet établissement n’eut aucun éclat. […] Il prétendit, chose délicate peut-être, que la même éducation servît aux jeunes clercs et aux fils des premières familles de France. […] Les sommes très considérables dont les familles riches achetaient cette faveur servaient à l’éducation gratuite des jeunes gens sans fortune qui étaient signalés par des succès constants.

895. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 novembre 1886. »

Etant en commerce d’amitié constant avec le comité allemand dont elle s’honore de servir les intérêts, la bonne Revue wagnérienne franco-germanique (on s’abonne à Paris et aussi à Bayreuth, Opernstrasse, n°178) vous donnera toutes les Indications nécessaires concernant non seulement les représentations, mais sur le voyage, la nourriture, le logement, etc., et vous servira d’intermédiaire en conscience. — Célérité et discrétion. […] Blaze de Burybh qui fit grande dépense d’esprit et contre l’ouvrage et contre L’invitation à mes amis, sorte d’encyclique adressée au monde wagnérisant, qui avait servi de préface aux représentations de Munich. « Heureuse Bavière ! […] L’héroïque loyauté de Tristan, chargé d’amener la princesse Iseult au vieux roi Marke, et qui, sentant gronder en son cœur une ardente passion, se tient loin d’elle, à l’arrière du navire, et se refuse à l’aborder quand elle l’envoie quérir ; — la colère et le dépit d’Iseult, confuse de l’invincible amour qui la pousse vers le chevalier qui a tué son premier fiancé, Morold ; irritée de ne rencontrer que muette indifférence en cet orgueilleux vainqueur et résolue à l’empoisonner pour venger Morold ; — à côté d’eux, le dévouement complet, absolu, représenté par l’écuyer Kurwenal et l’aimable Brangœne ; — les sages conseils de ceux-ci, tantôt ironiques, tantôt affectueux ; la réserve obstinée de Tristan, la passion croissante d’Iseult et sa soif de vengeance ; l’irrésistible élan qui les jette dans les bras l’un de l’autre après qu’ils ont bu le philtre amoureux, servi par Brangœne, au lieu du breuvage de mort qu’Iseult croyait verser à Tristan ; — leur enivrante extase et leur douloureux réveil lorsque le navire aborde et que les cris des matelots saluent le roi Marke attendant sa fiancée au rivage : — voilà pour les épisodes du premier acte, que l’auteur a traduits avec une vérité et une variété dont on ne peut avoir aucune idée, à moins de l’entendre. […] Voici encore quelques maîtres allemands, en premier lieu Mendelssohn, qui non seulement a assigné dans sa Cantate-Symphonie de Lobgesang un rôle assez significatif par moments au thème large et pompeux exposé par les trombones seuls au début de l’œuvre, mais qui s’est encore servi à deux reprises, dans son chef-d’œuvre Elie (1846), que Berlioz a loué en termes enthousiastes, d’une phrasé empruntée au récitatif au prophète qui ouvre cet oratorio, comme d’une sorte de « motif de malédiction citons encore deux courts retours expressifs de thèmes antérieurs dans des récitatifs d’EIie.

896. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « III »

Le poème germanique est censé faire suite à un autre poème beaucoup plus connu même en Allemagne, et dont l’auteur est également ignoré : c’est La guerre des chanteurs à la Wartburg, qui a servi, d’accord avec les populaires légendes, pour la réalisation du Tannaeser wagnérien. […] , le récit qui termine l’œuvre (chant XVI, à partir de la strophe 823), a dû servir de cadre primitif au poème de Lohengrin. […] Adolphe Jullienq sait répondre à un sentiment bien français en plaignant les acteurs qui étaient sous le joug de Richard Wagner25. — Cet excès bienheureux du maître servira de leçon aux dramatistes futurs. — Pouvait-il, d’ailleurs, tolérer qu’un acteur jouât d’une autre façon que celle qu’il avait indiquée ?  […] Nous arrivons enfin à ce troisième acte, où le rôle de Kundry, sauf les deux mots : dienen, dienen (servir), qui sont l’explication de ses gestes, n’est que mimique. […] On sert en même temps des plats gras et des plais maigres.

897. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre III »

Il enrage, le vieux marchand, mais il se contient, car il voit encore le fauteuil de la pairie qui lui tend les bras ; et peut-être, après tout, son damné gendre pourra-t-il servir à l’y installer. […] Dès lors, pourquoi se gêner avec lui, et ne pas lui courir sus avec la mâchoire d’âne dont Henri Monnier s’est servi pour assommer M.  […] Roussel commence par causer affaires ; puis il s’avance, il s’insinue, il tâtonne ; il n’offre pas Caliste tout d’abord, mais il la montre de loin, dans la perspective, gracieusement posée sur le million qui lui sert de piédestal. […] C’est l’instinct de la Pie voleuse qui se réveille ; versez dans son nid les diamants de la Couronne, elle n’en happera pas moins la première fourchette d’argent qu’elle verra briller ; mais, encore une fois, la vérité crue ne suffit pas au théâtre ; elle a besoin d’être préparée, assaisonnée, servie, selon certaines règles de ménagement et d’insinuation qu’il est toujours imprudent d’enfreindre. […] Cette fille perdue qui médite de se perdre encore, cette mère, crapuleuse et bouffonne, qui lui sert à la fois de jouet et d’idole, pareille à ces manitous que les sauvages adorent et cassent tour à tour, cet aigrefin qui s’est fait son chevalier… d’industrie, cette conversation qui respire la gaieté malsaine des cabinets particuliers et des tables d’hôtes équivoques, tout cela est peint à cru, calqué sur le vif ; tout cela est d’un comique amer qui donne à l’âme la nausée de l’empoisonnement.

898. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1876 » pp. 252-303

fait Flaubert, parce qu’il faudrait avoir trouvé la forme et la manière de s’en servir. […] Mercredi 2 février Alexandre Dumas, ce soir, donne un détail de l’anecdote russe qui a servi aux Danicheff, dont l’invention a de quoi réjouir un romancier. […] Le gros homme est dégonflé et décoloré, comme un de ces éléphants de baudruche qui aurait servi d’enseigne à un magasin de jouets, et sur lequel il a plu. […] Mon père, un soldat, n’a jamais acheté un objet d’art, mais aux choses qui servaient au ménage, il leur voulait une qualité, une perfection, un beau non ordinaire. Et je me rappelle dans ce temps, où l’on ne se servait pas de verre mousseline, il buvait son bordeaux dans un verre qu’aurait brisé, en le touchant, une main grossière.

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