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948. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « MME DESBORDES-VALMORE. » pp. 124-157

Sa poésie, ce semble, n’a plus qu’à éclore ; elle est toute formée en elle par le malheur ; elle a reçu tour à tour le soleil et les larmes. […] Il semblait que l’inspiration et la couleur françaises ne dussent se rajeunir qu’à ce prix. […] Il semble qu’il y ait plus de facilité pour le coup d’œil, plus de sûreté pour le jugement, dans ces premières éditions originales, dans ces sortes de gravures avant la lettre. […] Comme Mme Riccoboni, notre tendre auteur d’élégies semble avoir été de bonne heure poursuivi par l’idée fatale de l’infidélité dont un cœur aimant est victime. […] Des obstacles de bien des sortes donnent un démenti à ce mot toujours… Mais tu vois aussi que la persévérance dans le bien touche toujours la bonté de Dieu qui semble dire à la fin : « Laissez-la faire. » Donc, si j’avais toujours voulu le bien, avec un si bon père, j’y serais peut-être parvenue !

949. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXVIe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 385-448

Cependant il faut être juste, les bûcherons semblaient attendris en voyant cette belle jeune fille, inondée de larmes jusqu’au bout des mèches de ses cheveux épars sur son sein d’enfant. […] Les bûcherons semblaient hésiter à obéir : l’un dit qu’il ajuste le manche de sa hache, l’autre que les dents de sa scie ne mordent pas. […] Nous perdîmes la raison à ce bruit ; il nous sembla que chaque coup du tranchant des haches nous emportait un morceau de nos cœurs. […] Il semblait que je voulusse me faire belle pour mon ange gardien, car, quand les pèlerins passaient par hasard près du châtaignier, et qu’ils regardaient, en se parlant entre eux, mon visage, cela me faisait honte au lieu de me faire plaisir ; ce n’était pas pour eux que je désirais voir mes cheveux reluire comme de l’or au soleil. […] Si j’étais la Madone, pensais-je tout en jouant, il me semble que je serais flattée et attendrie par un air.

950. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre cinquième »

Ceux de Crébillon semblent partis de la main de Corneille et de Racine. […] Crébillon, d’ordinaire si incorrect, et qui semble recevoir ses mots de la rime, les a tirés cette fois de son cœur et de sa raison. […] La surface de ce cœur semble seule troublée. […] Je retiens en vain un mot qui veut sortir ; les tragédies de Voltaire semblent toutes des ouvrages de jeunesse. […] Tous les vers de Voltaire semblent être des expédients.

951. (1830) Cours de philosophie positive : première et deuxième leçons « Première leçon »

(2) En premier lieu, il suffit, ce me semble, d’énoncer une telle loi, pour que la justesse en soit immédiatement vérifiée par tous ceux qui ont quelque connaissance approfondie de l’histoire générale des sciences. […] Nous pouvons néanmoins, ce me semble, par des moyens convenables, éviter les plus pernicieux effets de la spécialité exagérée, sans nuire à l’influence vivifiante de la séparation des recherches. […] Car ce n’est pas là, ce me semble, une simple question de chimie. […] (1) Avant de terminer, je désire appeler un instant l’attention sur une dernière réflexion qui me semble convenable pour éviter, autant que possible, qu’on se forme d’avance une opinion erronée de la nature de ce cours. […] Dans tous les cas, il me semble évident que, vu l’état présent de nos connaissances, nous en sommes encore beaucoup trop loin pour que de telles tentatives puissent être raisonnables avant un laps de temps considérable.

952. (1863) Histoire de la vie et des ouvrages de Molière pp. -252

Il semble même, et notre travail nouveau, qui doit à l’obligeance de M.  […] On pourrait douter du fondement de ces accusations, si cet acteur n’eut semblé depuis prendre à tâche de les justifier lui-même par sa fin tragique. […] L’hôtel du Marais, lui, sembla tenir à demeurer neutre. […] Le minime sembla se ranger à l’avis de Chapelle par un second hom ! […] obligeant, qui semblait décider la question en sa faveur.

953. (1861) La Fontaine et ses fables « Première partie — Chapitre I. L’esprit gaulois »

Il semble que de tous côtés les sensations et les idées affluent pour vous expliquer ce que c’est que le Français. […] Tout y semblait maniable et civilisé ; tout y était sur un petit modèle, en proportions commodes, avec un air de finesse et d’agrément. […] Il ne faut pas trop se hasarder en conjectures, mais enfin c’est parce qu’il y a une France, ce me semble, qu’il y a eu un La Fontaine et des Français. […] Il me semble que voilà La Fontaine presque tout entier décrit, et d’avance.

954. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre I. Publicistes et orateurs »

Il semble que l’influence de Rousseau et de Chateaubriand soit épuisée : la forme religieuse, enthousiaste, qu’ils avaient rendue aux âmes, s’efface. […] Dans ces dix dernières années semble s’être achevée une évolution de l’éloquence politique, dont le commencement remonte presque aux débuts du régime parlementaire. […] L’éloquence a semblé devenir une chose d’un autre âge. […] Mais surtout le beau temps du journalisme littéraire semble passé : l’information prime l’invention.

955. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Leconte de Lisle, Charles-Marie (1818-1894) »

Sainte-Beuve Un autre poète de l’Île Bourbon (car cette race de créoles semble née pour le rêve et pour le chant), M.  […] Leconte de Lisle, destructeur impitoyable de ses propres idoles, semble avoir voulu écrire l’apocalypse du paganisme, aboutissant au vide, aux ténèbres, au chaos, à un je ne sais quoi qui n’a plus de nom dans aucune langue, comme dit Bossuet, un pauvre radoteur indigne de desservir les autels de Zeus, de Kronos, d’Artémis et de Bhagavat ! […] Jadis, on le lisait à travers La Harpe ; il semble que M.  […] Gaston Deschamps Dans un fragment très court, qui nous est parvenu du fond de l’antiquité grecque, et que l’on attribue à un musicien nommé Héraclite de Pont, on lit ceci : « L’harmonie dorienne a un caractère viril et magnifique ; elle n’est point relâchée ni joyeuse, mais austère et puissante, sans formes variées et recherchées. » Il semble que le poète altier des Érinyes, le pieux traducteur d’

956. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « M. de Montalembert orateur. » pp. 79-91

Il me semble, en chaque question, le voir marcher tout droit devant lui contre l’adversaire, glaive en main et cuirasse au soleil. […] Son amertume (car il en eut parfois) semblait presque, de sa part, de l’aménité. […] M. de Montalembert, depuis le 24 février, semble l’avoir compris, et c’est avec bonheur qu’on l’a entendu, dans ses discours sur la liberté d’enseignement, des 18 et 20 septembre 1848, consentir à prendre la religion chrétienne indépendamment du degré de foi individuelle, la considérer plus généralement au point de vue social, au point de vue politique, et accepter pour coopérateurs tous ceux qui, à l’exemple de Montesquieu, l’envisagent au même titre. […] Sa faculté ironique et poliment hautaine qui, à certains jours pourtant, excédait un peu le ton de la noble Chambre et pouvait sembler disproportionnée, trouve ici des objets très convenables, et il n’en laisse, à la rencontre, échapper aucun ; il joint aux autres qualités de l’orateur celle de la riposte et de l’à-propos.

957. (1924) Critiques et romanciers

Comme, d’autre part, il semble très avisé, l’on se méfie d’une ingénuité si savante et d’une candeur si avertie. […] Il me semble que M.  […] L’aimable Fuseline, quand elle fait la guerre dans le poulailler, semble une diablesse effrayante. […] Il semble que M.  […] Il semblera frivole quelquefois et le sera plutôt en apparence que tout de bon.

958. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « PARNY. » pp. 423-470

Plusieurs questions intéressantes et sur le goût et sur la morale sociale se rattachent, d’ailleurs, de très-près aux variations de sa renommée, et peuvent relever, agrandir même un sujet qui semblerait périlleux par trop de grâce. […] Mais la nature voluptueuse du créole s’imprégna en lui de bonne heure de la philosophie régnante, et tout d’abord cette philosophie semblait, en effet, n’être venue que pour donner raison à cette nature ; l’accord entre elles était parfait. […] Parny avait vingt ans ; rappelé par sa famille à l’île Bourbon, il quitte à regret ses compagnons de plaisir et ne semble pas se douter que ce qu’il va trouver là-bas, c’est une inspiration plus naïve et plus franche d’où jaillira sa vraie poésie. […] Bertin, dont le nom ne saurait être omis dans un article sur Parny, l’intéressant et chaleureux Bertin, semble avoir mieux entrevu un coin de la tâche qu’il eût fallu entreprendre ; mais son louable, son généreux effort d’émulation à la Properce est resté inachevé. […] Quoique le goût et la morale ne soient pas exactement la même chose, il pouvait sembler piquant de trouver si rigoriste sur le chapitre des doctrines littéraires celui qui l’avait été si peu tout à côté.

959. (1860) Cours familier de littérature. IX « Le entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier (2e partie) » pp. 81-159

Ce fut dans cette retraite qu’il apprit la mort sur l’échafaud de cette aristocratie presque tout entière dont il s’accusait d’avoir involontairement préparé le supplice ; tous les siens étaient fauchés en masse par la guillotine ; chaque goutte de leur sang semblait retomber sur son cœur. […] Je le prierai sans cesse ; lui seul peut dessiller vos yeux et vous faire sentir qu’un cœur qui l’aime véritablement n’est pas si vide que vous semblez le penser. […] Récamier vint trouver sa jeune femme ; sa figure était bouleversée, et il semblait méconnaissable. […] « Le prêt d’un million, qui semblait une chose si naturelle, fut durement refusé, et, le lundi matin, les bureaux de la maison de banque ne s’ouvrirent point aux payements. […] Après quatre années d’absence j’espérais enfin vous revoir, et votre exil semblait vous fournir un prétexte pour venir en Suisse : vous avez cruellement trompé mon attente.

960. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVIIe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (5e partie) » pp. 145-224

Il semble que sa respiration soit faite d’espérance. […] Le fait est qu’ils étaient errants et qu’ils semblaient libres. Être errant et sembler libre, c’est être perdu. […] L’enfant, avec sa brioche mordue qu’il n’achevait pas, semblait gravé. […] Toute barricade semble attentat.

961. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre deuxième »

Ainsi, aux inversions imitées du latin se mêlent déjà beaucoup de phrases directes ; et les inversions elles-mêmes semblent être choisies parmi celles qui se rapprochent le plus du langage uni. […] Je ne regrette pas non plus de trouver Joinville touché, au départ, d’un autre sentiment que la joie simple et profonde du maréchal de Champagne, à la vue de cette belle flotte, qui semblait destinée à conquérir le monde. […] Ce travail lent et insensible de l’unité nationale, dont nous pouvions marquer les progrès jusque dans la confusion du quatorzième siècle, semble comme suspendu. […] L’expérience et les années semblaient lui avoir donné, avec la satiété des spectacles qui avaient amusé sa jeunesse et son âge mur, un certain goût de pénétrer dans les causes et de tirer la morale des événements. […] Ce sont de ces beautés qu’on serait tenté de défendre contre l’oubli, s’il n’était pas bon qu’on vît par ces ruines mêmes, qui ne semblent pas méritées, que des détails heureux et hardis ne sauvent pas de la mort les ouvrages médiocres, et qu’il n’est donné de durer qu’aux livres écrits d’une main égale et soutenue.

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