Les soixante-dix éloges qu’il prononça dans l’espace de quarante ans forment le recueil le plus riche et le plus piquant qui se puisse imaginer. […] Savant médecin et anatomiste, Vicq d’Azyr possédait, de plus, un riche et flexible talent d’écrivain et de peintre, qu’il appliquait non seulement aux sujets à proprement parler littéraires et académiques, mais même aux descriptions purement scientifiques ; c’est dire que, de sa part, il y avait quelque abus. […] Pariset, pauvre, inconnu, protégé par Riouffe, qui lui procura une place de précepteur dans une maison riche, fut si reconnaissant de ces marques d’affection, qu’il épousa la mère de Mme Riouffe, ne voulant plus avoir d’autre famille que celle de son ami.
Vous êtes les amis naturels des arts, parce que vous êtes, les uns riches, les autres savants. […] Il y a des tons gais et folâtres, folâtres et tristes, riches et gais, riches et tristes, de communs et d’originaux. […] Au dedans, les riches du jour se gorgent de friandises. […] Les commis étalagistes et les habilleurs de théâtre ont aussi le goût des tons riches ; mais cela ne fait pas le goût de l’harmonie. […] Tous ces Flamands si célèbres savaient disposer le gibier et le tourmenter longtemps comme on tourmente un modèle ; il fallait trouver des lignes heureuses et des harmonies de tons riches et claires.
Plus de crédit, plus de fortune, plus de riches habits, plus de fêtes somptueuses, et plus d’argent dans votre bourse, seigneur Don Juan. […] Chremyle est riche. […] Maîtresse habile et ménagère, elle est la fortune, elle est la force, elle est la gloire ; d’elle seule vient le charme du foyer domestique ; elle donne la puissance, le sang-froid, la bonté, l’élégance ; elle protège le riche contre le gueux, elle défend le mendiant contre le riche. […] Vous disiez tout à l’heure que Jupiter était riche : il est pauvre, et voilà pourquoi il est un Dieu ! […] Enfin, et ceci est la conclusion du Plutus : « riche ou pauvre, qu’importe ?
Diderot fut cet homme ; Diderot, riche et fertile nature, ouverte à tous les germes, et les fécondant en son sein, les transformant presque au hasard par une force spontanée et confuse ; moule vaste et bouillonnant où tout se fond, où tout se broie, où tout fermente ; capacité la plus encyclopédique qui fût alors, mais capacité active, dévorante à la fois et vivifiante, animant, embrasant tout ce qui y tombe, et le renvoyant au dehors dans des torrents de flamme et aussi de fumée ; Diderot, passant d’une machine à bas qu’il démonte et décrit, aux creusets de d’Holbach et de Rouelle, aux considérations de Bordeu ; disséquant, s’il le veut, l’homme et ses sens aussi dextrement que Condillac, dédoublant le fil de cheveu le plus ténu sans qu’il se brise, puis tout d’un coup rentrant au sein de l’être, de l’espace, de la nature, et taillant en plein dans la grande géométrie métaphysique quelques larges lambeaux, quelques pages sublimes et lumineuses que Malebranche ou Leibnitz auraient pu signer avec orgueil s’ils n’eussent été chrétiens84 ; esprit d’intelligence, de hardiesse et de conjecture, alternant du fait à la rêverie, flottant de la majesté au cynisme, bon jusque dans son désordre, un peu mystique dans son incrédulité, et auquel il n’a manqué, comme à son siècle, pour avoir l’harmonie, qu’un rayon divin, un fiat lux, une idée régulatrice, un Dieu85. […] Il essaya de se faire le précepteur particulier des fils d’un riche financier, mais cette vie d’assujettissement lui devint insupportable au bout de trois mois. […] On lui accorde de reste les fantaisies humoristes, les boutades d’une saillie incomparable, les chaudes esquisses, les riches prêts à fonds perdu dans les ouvrages et sous le nom de ses amis, le don des romans, des lettres, des causeries, des contes, les petits-papiers, comme il les appelait, c’est-à-dire les petits chefs-d’œuvre, le morceau sur les femmes, la Religieuse, madame de La Pommeraie, mademoiselle La Chaux, madame de La Carlière, les héritiers du curé de Thivet ; — ce que nous tenons ici à lui maintenir, c’est son titre social, sa pièce monumentale, l’Encyclopédie ! […] Grimm avait déjà comparé la tête de Diderot à la nature telle que celui-ci la concevait, riche, fertile, douce et sauvage, simple et majestueuse, bonne et sublime, mais sans aucun principe dominant, sans maître et sans Dieu.
En adoptant cette date de 1644136, La Bruyère aurait eu vingt ans quand parut Andromaque ; ainsi tous les fruits successifs de ces riches années mûrirent pour lui et furent le mets de sa jeunesse ; il essuyait, sans se hâter, la chaleur féconde de ces soleils. […] Ils naissent instruits, et ils sont plus tôt des hommes parfaits que le commun des hommes ne sort de l’enfance. » Au chapitre des Grands, il s’est échappé à dire ce qu’il avait dû penser si souvent : « L’avantage des Grands sur les autres hommes est immense par un endroit : je leur cède leur bonne chère, leurs riches ameublements, leurs chiens, leurs chevaux, leurs singes, leurs nains, leurs fous et leurs flatteurs ; mais je leur envie le bonheur d’avoir à leur service des gens qui les égalent par le cœur et par l’esprit, et qui les passent quelquefois. » Les réflexions inévitables que le scandale, des mœurs princières lui inspirait n’étaient pas perdues, on peut le croire, et ressortaient moyennant détour : « Il y a des misères sur la terre qui saisissent le cœur : il manque à quelques-uns jusqu’aux aliments ; ils redoutent l’hiver ; ils appréhendent de vivre. […] De simples bourgeois, seulement à cause qu’ils étaient riches, ont eu l’audace d’avaler en un seul morceau la nourriture de cent familles. […] La Bruyère, né pour la perfection dans un siècle qui la favorisait, n’a pas été obligé de semer ainsi ses pensées dans des ouvrages de toutes les sortes et de tous les instants ; mais plutôt il les a mises chacune à part, en saillie, sous la face apparente, et comme on piquerait sur une belle feuille blanche de riches papillons étendus. « L’homme du meilleur esprit, dit-il, est inégal… ; il entre en verve, mais il en sort : alors, s’il est sage, il parle peu, il n’écrit point… Chante-t-on avec un rhume ?
Enfin, si vous observez que l’ouvrier est très aisément abordable, qu’il parle volontiers, qu’il lit de plus en plus, vous conclurez que le roman de l’atelier ou de l’usine est un des plus riches en documents, un des plus saisissants, et, à bien des égards, un des plus nouveaux qui puissent tenter un écrivain. […] Pensez donc : visiter les premières maisons de modes et aussi les petites, à Paris et en province ; interroger la patronne, pénétrer dans les ateliers et surprendre les employées au milieu du travail, groupées au naturel, lasses, nerveuses, attentives, bavardant, honteuses d’être vues avec leurs manches de lustrine, douces, moqueuses ou hardies ; se faire présenter à mademoiselle Irma, qui est apprêteuse et cause très volontiers de son métier ; à l’artiste mademoiselle Mathilde, qui invente les plus jolis chapeaux de Paris, et manie les plumes et les rubans comme un poète les rimes riches ; tenir entre ses mains de petits cahiers de jeunes filles disparues, qui n’ont laissé après elles que de pauvres petites idées de luxe qui sont déjà passées de mode et ces quelques feuilles de journal souvent banales, souvent charmantes, avec des blancs, des endroits tout froissés et quelquefois des traces de larmes ; n’est-ce pas de quoi s’émouvoir, et sourire, et prendre pitié ? […] Nos couleurs sont riches, vives ; les mélanges de tons ont fait sa réputation par leur hardiesse ; on ne recule devant aucun mélange extraordinaire, on heurte, on oppose : mais tout cela en artiste. […] Vous avez eu mieux que l’occasion de la voir, le temps de l’étudier, en plusieurs exemplaires, puisqu’il est entendu qu’avant d’atteindre sa première année, un enfant de riches change deux ou trois fois de nourrice, pour le moins.
André Lemoyne Pour résumer en quelques mots l’impression sur les œuvres du poète, nous dirons que sa muse, très française et souvent gauloise, nous apparaît comme une svelte et riche meunière, dont le moulin commande un petit cours d’eau, frais, voisin de la mer ; la belle paysanne peut suivre de l’œil la grande courbe du goéland dans son vol et saluer de regards amis l’émeraude filante du martin-pêcheur sous les saules verts-cendrés.
Il étoit Aumônier & Prédicateur du Roi, Chanoine de Bayeux, de l’Académie Françoise, & pourvu d’une riche Abbaye.
On dit que la mort l’a empêché d’exécuter le plan de défense de la Religion, dont Pascal a laissé les riches matériaux.
La langue s’est façonnée à l’image du siècle : la langue diffuse, riche, colorée, populaire, du xvie siècle a disparu. […] La noblesse, de plus en plus inutile, s’avilit, et devient plus odieuse quand elle n’est plus qu’un moyen pour les riches d’échapper à l’impôt.
Cette ville, soit comme tête de route très importante, soit à cause de ses jardins de parfums et de ses riches cultures 1007, avait un poste de douane assez considérable. Le receveur en chef, Zachée, homme riche, désira voir Jésus 1008.
Dans tout ce que j’ai lu de histoire littéraire et morale du xviie siècle, je n’ai rencontré d’autres paroles attribuées à madame de Rambouillet que celles-ci : « Les esprits doux, et amateurs des belles lettres, ne trouvent jamais leur compte à la campagne26. » Aucune biographie, même la plus riche eu noms inconnus et dignes de l’être, n’a trouvé de quoi faire un article de qu’être lignes sur cette femme dont la maison fut si célèbre : preuve incontestable qu’elle n’a jamais fait parler d’elle. […] … Auguste suivait le conseil de la nature, qui veut que tout ce qui travaille se repose, qui entretient la durée par la modération, et menace la violence de fin… Ce repos, ces distractions sont des besoins de la vie humaine, quelque riche et suffisante à soi-même qu’elle puisse être d’ailleurs… Ce sont, à proprement parler, les voluptés de la raison et les délices de l’intelligence… Un grand philosophe28 n’a pas craint de dire que le repos et le divertissement n’étaient pas moins nécessaires à la vie que les repas et la nourriture… Mais il ne veut pas que les sages passent le temps comme le vulgaire.
Mariée à l’âge de 17 ans avec un homme riche, spirituel et fort répandu ; belle, spirituelle elle-même et bien élevée, sa société fut bientôt recherchée. […] Née vers 1641, nièce de la femme du chancelier Le Tellier, cousine germaine du ministre Louvois, mariée fort jeune à un homme de robe devenu célèbre par des bons mots et des chansons, riche, spirituelle et gracieuse au plus haut degré, alliée et amie de madame de Sévigné, qui était son aînée de quatorze ans, amie de madame Scarron, elle réunit chez elle l’élite du monde poli, durant l’intervalle de 1660 à 1770.
Eugène Sue, né riche, et qui ne se chercha que quand il n’eut plus rien, ne s’est jamais trouvé. […] Il changea d’attitudes et d’allures, passant immédiatement d’un extrême à l’autre, comme chez la duchesse ; défaisant ce qu’il avait fait avec une obéissance désespérée à l’opinion la plus méprisée par lui jusque-là ; littérairement tombant au-dessous de lui-même, employant la riche palette que nous lui reconnaissons, son seul don littéraire, aux gravures sur bois du Juif Errant et des Mystères du Peuple, et, comme on l’a dit de M.