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986. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLIXe entretien. De la monarchie littéraire & artistique ou les Médicis (suite) »

Benvenuto Cellini raconte qu’étant entré un jour au palais en montrant son portrait gravé au duc, il le trouva indisposé et couché sur le même lit que son cousin, et qu’ayant demandé à Lorenzino s’il ne consentirait pas à lui donner le sujet d’un revers de sa médaille, celui-ci lui avait répondu avec enjouement « qu’il fût tranquille et qu’en ce moment même il pensait à lui en fournir un digne de la gloire d’Alexandre, et qui étonnerait le monde. » Alexandre se tourna avec un sourire de pitié dédaigneuse sur son lit et se rendormit. […] XXI La mort de Laurent le Magnifique, admirablement et pathétiquement racontée par Politien, son ami, résume sa vie.

987. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre II. Les romans bretons »

L’un fit une chanson de geste de la vie d’Alexandre, telle que le faux Callisthène l’avait racontée, et la chevauchée du roi macédonien à travers l’immense Asie et l’Inde prodigieuse, le caractère du héros, type accompli de vaillance et de largesse chevaleresques, eurent le succès le plus populaire. […] Chrétien de Troyes avait commencé de raconter l’histoire de Perceval, qui est bien la plus étrange, invraisemblable, incohérente collection d’aventures qu’on puisse voir : tout y arrive sans raison ou contre raison.

988. (1868) Alexandre Pouchkine pp. 1-34

Un matelot racontait qu’il avait vu le fantôme de son capitaine, tué quelques jours auparavant : « Il sortait de la grande écoutille avec son chapeau à trois cornes… — Conte cela aux soldats, dit un de ses camarades. […] Personne ne raconte plus spirituellement que Pouchkine, personne n’entremêle plus agréablement la satire hardie, mais honnête, aux observations justes et fines de mœurs et de caractères ; personne enfin n’effleure avec plus de discrétion des situations qui, sous une plume moins habile, alarmeraient les lecteurs les moins timorés.

989. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XIII. La littérature et la morale » pp. 314-335

Puis Philippe de Comynes raconte avec une sérénité parfaite, sans un mot de blâme, sans un cri d’indignation, les trahisons, les perfidies, dont abonde l’histoire contemporaine, les trafics de conscience dont il a été le témoin et le complice en qualité de conseiller du roi Louis XI. […] Quand d’Holbach et ses amis, au siècle dernier, devenant des fanatiques à rebours, voulurent imposer autour d’eux une sorte d’athéisme obligatoire, Duclos, le philosophe, qui n’était guère chrétien, s’écriait avec humeur : « Ils en diront tant, qu’ils me feront aller à la messe. » On raconte qu’un avare, voyant l’Harpagon de Molière souffler une chandelle inutile, laissa échapper ce cri de joie : « Voilà une leçon dont je profiterai. » Leçon d’avarice tirée d’une pièce contre l’avarice !

990. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur de Malesherbes. » pp. 512-538

On raconte que le fameux maître de danse Marcel, si connu par la solennité de ses aphorismes, demanda un jour une audience à M. de Lamoignon père pour lui déclarer qu’il ne pouvait lui dissimuler en conscience que son fils ne danserait jamais bien et ne pourrait conséquemment faire son chemin ni dans la magistrature ni dans l’armée : « À la manière dont il marche, concluait-il, vous ne pouvez raisonnablement le placer que dans l’Église. » M. de Malesherbes se plaisait gaiement à raconter ce lamentable pronostic de Marcel.

991. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Chateaubriand homme d’État et politique. » pp. 539-564

Dans les Mémoires, il se donne comme navré de l’entrée des Alliés à Paris : « Je les vis défiler sur les boulevards, stupéfait et anéanti au-dedans de moi, comme si l’on m’arrachait mon nom de Français, pour y substituer le numéro par lequel je devais désormais être connu dans les mines de la Sibérie… » Ce sont là de ces douleurs ressenties et racontées après coup. […] J’ai entendu raconter à l’une des personnes qui étaient alors dans la rédaction du Conservateur que, primitivement, la phrase de M. de Chateaubriand était ainsi conçue : « Les pieds lui ont glissé dans le sang, et il a été entraîné par le torrent de nos pleurs.

992. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Bussy-Rabutin. » pp. 360-383

Ses aventures d’amour sont racontées dans ses Mémoires avec gaieté et un naturel extrême. […] , même en le traduisant, il a pu paraître ne raconter que des vérités et des particularités contemporaines.

993. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mirabeau et Sophie. — I. (Dialogues inédits.) » pp. 1-28

On a une brochure, alors imprimée, de lui, où il raconte par le menu et où il décrit les pompes et solennités touchantes dont la ville de Pontarlier fut le théâtre en cette occasion, et le repas donné aux notables du lieu par M. de Saint-Mauris, et les courses, de bague, vieil usage légué par les Espagnols, et les soixante bourgeois qui s’étaient formés en un corps de dragons volontaires, et les devises et les illuminations, enfin tout un bulletin naïf et sentimental. […] Puisqu’on est franc, elle va répondre avec franchise à son tour, et elle raconte sa vie, comment elle fut sacrifiée à dix-sept ans à des arrangements de famille, quels furent les premiers pièges qu’on lui tendit dans une société médisante et rétrécie, quelles fausses amies essayèrent de s’insinuer près d’elle, quels adorateurs elle eut d’abord à évincer.

994. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Histoire de la querelle des anciens et des modernes par M. Hippolyte Rigault — I » pp. 143-149

[NdA] Ce sont les paroles de Scipion l’Africain à son petit-fils adoptif dans cet admirable Songe raconté par Cicéron.

995. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « M. de Sénancour — Oberman, édition nouvelle, 1833 »

Nous nous réunirons tous ensuite au Limodin, et nous nous raconterons nos voyages et nos plaisirs… Pourquoi faut-il que nous soyons si éloignés ?

996. (1874) Premiers lundis. Tome I « M. A. Thiers : Histoire de la Révolution française — II. La Convention après le 1er prairal. — Le commencement du Directoire. »

Il n’a eu à raconter jusqu’ici que les premiers temps du Directoire, et il les a vivement réhabilités.

997. (1874) Premiers lundis. Tome I « Diderot : Mémoires, correspondance et ouvrages inédits — I »

mon amie, ne faisons point de mal ; aimons-nous pour nous rendre meilleurs ; soyons-nous, comme nous l’avons toujours été, censeurs fidèles l’un à l’autre. » « Je disais autrefois à une femme que j’aimais et en qui je découvrais des défauts (madame de Puisieux) : Madame, prenez-y garde ; vous vous défigurez dans mon cœur : il y a là une image à laquelle vous ne ressemblez plus. » Dans une lettre, Diderot raconte comment il est tout occupé de la philosophie des Arabes, des Sarrasins et des Étrusques ; puis il s’écrie avec un élan de tendresse incomparable : « J’ai vu toute la sagesse des nations, et j’ai pensé qu’elle ne valait pas la douce folie que m’inspire mon amie, j’ai entendu leurs discours sublimes, et j’ai pensé qu’une parole de la bouche de mon amie porterait dans mon âme une émotion qu’ils ne me donneraient pas.

998. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Deuxième partie. Invention — Chapitre VI. Du raisonnement. — Nécessité de remonter aux questions générales. — Raisonnement par analogie. — Exemple. — Argument personnel »

. — Argument personnel Mais il ne s’agira pas toujours de décrire et de raconter.

999. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XIV. Rapports de Jésus avec les païens et les samaritains. »

Il ne faut pas trop insister sur la réalité historique d’une telle conversation, puisque Jésus ou son interlocutrice auraient, seuls pu la raconter.

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