Il est le poète de l’action comme il est le poète du rêve et du souvenir.
« Elle vit (c’est un rêve de Germaine) une autre « femme, dont il lui fut impossible de reconnaître la figure.
Pour que, de toutes les dissonances il résulte une plus étonnante harmonie, il y a dans ce livre des teintes plus tendres que des nuances, des rêveries d’esprit qui ressemblent à des rêves, des amours d’enfants de douze ans veloutés des premières fleurs que la vie emporte sur ses ailes, et tout cela (ces impondérables) est exprimé, qui le croirait ?
Près du rouet de sa fille bien-aimée, le vieux sergent berce deux jumeaux ; il rêve à l’avenir que Dieu leur garde, il interroge leur destinée. […] Errer librement, à toute heure et partout, comme l’oiseau qui ne demande conseil qu’à la force de ses ailes, quitter tout sans regret, saluer avec joie tous les lieux nouveaux, se passer d’avoir en voyant, posséder toute chose par la vue, rassasier ses yeux de toutes les merveilles qu’on ne peut saisir, quel bonheur, quelle ivresse, quel rêve enchanteur, quel rêve digne d’envie ! […] Le Voyage imaginaire nous présente, sous une forme charmante, un des rêves chéris du poète. […] L’étude austère, l’étude exclusive du monde visible ne voit dans la pudeur, comme dans la conscience qu’un rêve d’enfant. […] Je tourne le feuillet, et j’aperçois des vers qui pourraient porter le nom de Desmoustiers, des vers adressés à une jeune fille qui, dans un rêve, déposait un baiser sur le front de l’auteur.
La France-caserne, le grand rêve napoléonien, a été constamment la vision de Richelieu. […] Ce rêve de l’abbé d’Aubignac, ne voyez-vous pas que, loin d’être gothique, il est éminemment moderne ! […] Il avait réalisé le rêve de Taine dans la mesure de ses petits moyens. […] On lit, on rêve, on fait des vers ou on en écoute. […] Huguenet dans Tartuffe, c’est un de mes rêves !
L’aristocratie dont il rêve doit devenir, c’est son mot : « une puissance territoriale agissante », puissance issue du peuple, mais par voie de formation naturelle et non d’élection. […] A cet autre il rêve de prendre les oreilles et de « faire un nœud avec ». […] Quelles eussent été à la fois libres et liguées, indépendantes et associées — ce n’est pas là un rêve impossible, puisque les Etats-Unis d’Amérique l’ont réalisé dans des conditions bien autrement complexes — quels prodiges n’eût pas accomplis cette nation qui a su trouver le secret de faire pousser chez elle une humanité plus vivace, ce qu’Alfieri appelle dans son mot souvent rapporté « une plante humaine plus verte qu’ailleurs ! […] C’est ainsi que de 1833 à 1848, il perdit environ quinze années à caresser le songe d’une entrée dans la diplomatie que les directeurs de journaux d’alors lui promettaient pour l’asservir à l’ingrate tâche du bulletin quotidien : « Je rirai de ces vers plus tard », écrivait-il à Trébutien en lui envoyant un poème, « quand je serai dans quelque ambassade… » Plus tard, et quand la révolution de 48 fut venue foudroyer ce premier rêve, il ne rit pas de ces vers, — ils étaient trop beaux, — mais il ne fit que changer d’illusion. […] Il se réfugiait alors de parti pris dans un monde imaginaire. « Mon talent », écrivait-il encore, « a été une longue bataille contre ma chienne de destinée et la vengeance de mes rêves… » Cette disposition particulière inclinait son œuvre comme sa parole vers l’étrange sinon vers le merveilleux.
Diotime a eu des visions, j’ai fait des rêves. […] C’était comme un enivrement de lumière, comme un rêve extatique de la nature endormie. […] À la page de ses souvenirs où il inscrit la date funèbre, 8 juin 1777 (il avait alors vingt-huit ans), on lit ces mots : « Jour sombre et déchiré ; douleur et rêves. » MARCEL. […] Auprès d’elle, il se sent devenir meilleur ; il est plus aisément, plus doucement transporté dans le monde des rêves. […] Il y rêve sans fin dans ses promenades solitaires.
Ce sont les gens, préoccupés uniquement des petits calculs de la vie pratique et de l’échiquier social, qui ne laissent jamais la plus petite place au rêve ou à la pensée pure. […] Ils me font penser à ces aimables jeunes filles qui cherchent à connaître tel acteur favori et qui sont soudain naïvement déçues en sa présence, parce qu’elles l’avaient transformé dans leurs rêves en quelque personnage fantastique et absurde. […] Elle n’est pénible qu’à ceux qui n’ont pas la force de vivre dans la poésie, de faire entrer le rêve dans la vie, ce qui exigerait le courage de considérer la vie en soi, sans la revêtir de mille chimères stupides, conformes à d’impuissants désirs et appelées à se dissiper au premier choc avec le monde extérieur. […] Je me demande parfois comment certaines idées, la découverte d’une terre qui tourne, d’un ciel infini, l’étude psychologique des passions secrètes dans l’inconscient et le rêve, en peinture les secrets de la perspective et des couleurs, comment toutes ces notions ont résisté à la pression formidable des familles, avec leurs parents, cousins et arrière cousins, des tyrans superstitieux, des chefs de gouvernements intéressés à leur destruction.
* * * — L’homme est lâche dans le rêve, dans le réveil, dans les pensées du matin, dans les cogitations du lit. […] Au fond, je perçois que son rêve aurait été d’être colonel de hussards, pour faire des femmes. […] C’est un état délicieux de pensée figée, de regard perdu, de rêve sans horizon, de jours à la dérive, d’idées qui suivent des vols de papillons blancs dans les choux. […] Alors, dans la lumière de la lampe, qu’il portait contre lui, nous est apparu, une seconde, ce prodigieux historien de rêve, ce grand somnambule du passé, cet original causeur ; et nous avons vu, croisant sa redingote sur son ventre, dans un geste étroit, et souriant avec de grandes dents de mort et deux yeux clairs, un vieillard criquet, ayant l’air d’un petit rentier rageur, la joue balayée de longs cheveux blancs.
Et, d’un autre côté, je suis persuadé qu’il prenait souvent le rêve, la vague poursuite d’une idée parmi la fumée du tabac, pour un travail réel. […] On se croirait dans une ville de rêve, où il y aurait de la boue pourtant. […] Et nous sommes au lendemain d’un rêve. Rêve bienfaisant ? […] Puis, les lendemains de rêve sont dangereux.
Notre vie est faite d’hypothèses, d’incertitudes, de rêves, de tromperies, en un mot de semblants. […] Je ne puis contempler certaines de ces figures que, dans son rêve maladif et mystique, le peintre anglais Burne-Jones se plut à répéter, sans y reconnaître comme l’image frappante de nous-mêmes. […] Un tel programme serait le moyen le plus efficace de combattre et de refouler les ataviques tendances irréalistes de la race, sa propension au rêve stérile, au sophisme, à l’illogisme, à la dialectique stérile et surannée, au culte des mots, des formes et des apparences. […] Des rêves d’enfant… Rien de réel ni de pratique ne fut vraiment tenté sur ce terrain. […] Si cette tentative de rendre au monde latin la force et la vie n’était vraiment qu’un rêve, c’est que notre évolution serait sur le point d’être achevée et que nous n’aurions plus rien à faire d’important dans le monde.
Au surplus, il n’était pas dans l’esprit de Vinet de faire ce qu’on appelle des conversions, à la manière de celle dont rêve Mlle de Kerkabon dans l’Ingénu de Voltaire, et dont rêvaient, — je suis bien fâché de le dire, — les âmes pieuses du canton de Vaud en 1837 : « Nous le baptiserons, mon frère, nous le baptiserons ; ce sera une cérémonie bien brillante ; il en sera parlé dans toute la Basse-Bretagne, et cela nous fera un honneur infini. » Tout ce que Vinet désirait et espérait, c’était que le rayonnement de sa propre foi amenât peu à peu Sainte-Beuve à la désirer et à la partager. […] Premier article112 Après avoir lu ce livre prodigieux, après avoir rêvé ce rêve monstrueux, on abaisse ses paupières, on se prend la tête à deux mains, car elle fait mal ; et il se passe du temps avant qu’on ait cuvé ces flots d’images, de métaphores, de scènes, de visions, de fantaisies ; il faut se remettre peu à peu de l’espèce d’épouvante intellectuelle où cette lecture vous a jetés ; il faut se reconnaître, savoir où l’on est, palper à droite et à gauche les réalités, se raccrocher au monde sensible, laisser rentrer dans sa tête les notions vulgaires de temps, d’espace, de personnalité, se retrouver soi-même, car on s’est perdu dans ce chaos. […] Les peuplades errantes épousent le sol et deviennent des nations ; mais que sont des nations, qu’est l’humanité sans des rêves célestes ? […] Mille ans s’écoulent, mille ans encore, dans un silence funèbre, dans un sommeil sans rêves. […] Le monde n’est, selon lui, qu’une improvisation hâtée et téméraire, une phrase mal rédigée, un non-sens, dont une rature va faire justice, un caprice que va remplacer un autre caprice peut-être ; ce qui revient à dire que ce monde n’est point l’ouvrage de Dieu ; à moins encore que tout ceci ne soit un rêve de l’esprit universel qui s’individualise en chacun de nous, que sais-je ?
Il l’a revu, et pour lui son histoire est devenue un rêve merveilleux, quelque chose comme une utopie pressentie dans le passé, montrant Dieu sur la terre, le triomphe de toutes les choses bonnes et douces, le règne de l’adoration en esprit et en vérité, comme Jésus le dit à la Samaritaine. […] On construira des utopies en amplifiant des fragments de ses rêves. […] Et ce sera la lutte éternelle entre le rêve et la réalité, entre l’humanité qui veut conquérir l’infini et celle qui veut organiser la terre, entre la beauté des idées et la tyrannie des faits. […] Dumas a toujours vu juste, si sa perfectibilité et sa mobilisation particulières ne sont pas contestables, s’il n’a pas fait un peu large la part du paradoxe, si la société qu’il rêve vaudrait beaucoup mieux que celle qu’il condamne, si plusieurs de ses idées n’eurent pas leur source dans quelques dispositions un peu morbides de son être. […] Les derniers romantiques prêchaient l’art pour l’art ; comme ceux-ci aux jeux de mots, les sceptiques se plaisaient aux jeux inoffensifs des idées ; les naturalistes recommandaient l’impassibilité, tandis que les pessimistes, ayant constaté l’universelle désespérance, s’enfuyaient dans un rêve de néant.
La perspective d’épouser en justes noces une descendante authentique de Charles-Quint souriant, comme un invraisemblable rêve, à son imagination de poète. […] L’Alsace est une terre de patience et de rêve. […] Il entrevoit, comme en rêve, quelque chose de meilleur et de plus humain, une culture exquise, une civilisation supérieure. […] Le rêve du Chinois de la classe moyenne, c’est d’être (selon la piquante remarque de M. […] Nullement idéales, ces idoles-fillettes attirent par un charme d’irréalité, comme si c’étaient des fétiches artificiels, des joujoux factices, entrevus dans un rêve d’opium.