Ce taillable paye pour sa taille réelle, personnelle et industrielle 36 livres 14 sous, pour les accessoires de la taille 17 livres 17 sous, pour sa capitation 21 livres 8 sous, pour ses vingtièmes 24 livres 4 sous : en tout 99 livres 3 sous ; à quoi il faut ajouter environ 5 livres pour le remplacement de la corvée : en tout 104 livres pour un bien qu’il louerait 240 livres, plus des cinq douzièmes de son revenu C’est bien pis si l’on fait le compte pour les généralités pauvres. […] Contre le collecteur et le receveur il n’a qu’une ressource, sa pauvreté simulée ou réelle, involontaire ou volontaire. « Tout taillable, dit encore l’assemblée provinciale du Berry, redoute de montrer ses facultés ; il s’en refuse l’usage dans ses meubles, dans ses vêtements, dans sa nourriture et dans tout ce qui est soumis à la vue d’autrui. » — M. de Choiseul-Gouffier683 voulant faire à ses frais couvrir de tuiles les maisons de ses paysans exposées à des incendies, ils le remercièrent de sa bonté et le prièrent de laisser leurs maisons comme elles étaient, disant que, si elles étaient couvertes de tuiles au lieu de chaume, les subdélégués augmenteraient leurs tailles. » — « On travaille, mais c’est pour satisfaire les premiers besoins… La crainte de payer un écu de plus fait négliger au commun des hommes un profit qui serait quadruple684 » — «… De là, de pauvres bestiaux, de misérables outils et des fumiers mal tenus, même chez ceux qui en pourraient avoir d’autres685. » — « Si je gagnais davantage, disait un paysan, ce serait pour le collecteur. » La spoliation annuelle et illimitée « leur ôte jusqu’au désir de l’aisance ».
Or, les papes ayant eu jusqu’ici une espèce de cosouveraineté spirituelle avec les souverains temporels des États catholiques, et les limites de cette cosouveraineté ayant été fixées par les concordats, ces traités mixtes qui règlent l’immixtion du pontife dans les affaires ecclésiastiquement temporelles des princes ou des républiques de l’Europe, ces princes et ces républiques ont dû chercher dans les pontifes romains une responsabilité réelle pour contenir cette cosouveraineté des papes dans leurs États. […] Or, cette responsabilité réelle, ce gage saisissable, ce corps palpable, qui répondent aux rois de la mesure et de l’inoffensivité du tribun sacré appelé pape, qu’est-ce autre chose que sa souveraineté temporelle ?
J’ai personnifié partout les événements dans les acteurs ; c’est le moyen d’être toujours intéressant, car les hommes vivent et les choses sont mortes, les hommes ont un cœur et les choses n’en ont pas, les choses sont abstraites et les hommes sont réels. […] Le pouvoir même lui semblait quelque chose de trop réel, de trop vulgaire pour y prétendre.
Mais, s’il y avait dans la foule un seul incrédule qui levât les yeux pour voir si le miracle était réel, le saint, justement blessé de ce soupçon, ne bougeait pas, et, par la faute du mécréant, personne n’était béni. […] Il n’y avait pas eu vol réel, mais, après qu’une innocente avait fait plusieurs jours de prison pour un fait qualifié de vol, il était bien difficile de laisser impunie la vraie coupable.
Par là s’explique le réalisme constant de ses effets, aussi voisins des effets réels que la musique le permet. […] Il s’agit de nouveau d’un morceau lent, commencé pianissimo, s’élevant peu à peu jusqu’au fortissime, et retombant à la nuance de son point de départ, sans autre thème qu’une sorte de gémissement chromatique, mais rempli d’accords dissonnants dont de longues appogiatures remplaçant la note réelle de l’harmonie augmentant encore la cruauté !
Plutôt que de traduire, comme Beethoven, leurs propres sentiments ou ceux de personnages indéterminés, ils ont voulu contribuer, par la musique, à faire vivre des personnages définis, dans un cadre réel. […] Mais, comme Wagner encore, ils ont vu que le drame musical, devant exprimer la vie de personnages réels, ne pouvait pas conserver les formes convenues des vieux opéras.
Mais ces chansons exprimaient des émotions réelles, des émotions simples et naïves, cependant plus fines que celles des peuples antérieurs30. […] Mais voici que s’approchait à la Musique un homme si extraordinaire que ses origines intellectuelles demeureront à jamais mystérieuses : un extravagant prodige anéantissantes lois où nous nous complaisions sur l’hérédité, l’adaptation aux milieux : un compositeur dont l’influence pour la musique ultérieure fut partielle, funeste, mais qui rendit un peu superflues toutes musiques ultérieures ; un être qui, seul dans l’Art, a connu tout le domaine de l’Art ; un musicien dans l’âme duquel ont vécu, précises et réelles, toutes les émotions humaines, toutes absolument ; un Dieu donc, puisqu’il fut de tous les hommes le plus surnaturel : le claveciniste flamand Ludwig van Beethoven.
La série mécanique des effets est intellectuellement une série de moyens ; la série des moyens est physiquement une série d’effets ; mais le passage réel d’un terme à l’autre, le changement externe et interne présuppose un être qui veut maintenir ou accroître un certain bien déjà senti comme présent et présentement voulu. […] Affirmer, nous l’avons vu, c’est commencer à agir sous une idée, par exemple celle d’un serpent qui va nous mordre, à laquelle se joint une seconde idée, celle d’existence réelle indépendamment de nous : le serpent est bien là au dehors.
Deschanel condamne des innovations telles que pourcentage, épater, terroriser, bénéficier, différencier, socialiser, méridional, cela surprend, car tous ces mots sont du français véritable et tous répondent à un besoin réel, même terroriser, qui semble avoir un sens plus actif, plus décisif, peut-être à cause de sa nouveauté, que effrayer ou épouvanter. […] Deschanel signale enfin quelques déformations réelles ; elles sont vénielles.
Ce qui prouve, du reste, la triple absence de l’aperçu, de la sensibilité et de la science réelle en Villemain, c’est qu’au meilleur moment de sa jeunesse et de sa force il n’ait cherché dans les Pères et dans l’étude de leurs écrits qu’une raison et qu’un moyen d’enseigner l’éloquence, comme si l’éloquence s’enseignait ! […] Ce vent de la parole dont Villemain a joué toute sa vie, il en joue aujourd’hui pindariquement pour Pindare ; mais une vue réelle, un mot profond, une pensée qui attire une autre pensée, voilà ce qu’en six cents mortelles pages nous défions de trouver une fois.
L’importance réelle de ce livre sur les Révolutions italiennes est toute relative. […] Or, c’est cette loi faite d’abord par le hasard, ensuite par la géographie, la configuration du globe et la climature, qui est la seule raison d’État réelle et sur laquelle tout l’effort des politiques, avec leurs Traités des princes et des gouvernements, ne peut rien.
Inventé ou réel, le héros anonyme de ce récit, où l’on ne nomme personne, et qui ressemble au linge démarqué des suicidés ou des criminels, ce héros n’est qu’un enfant, et sa maîtresse, qui lui plante incessamment ce soufflet sur la face, « vous êtes un enfant », lui dit la vérité. […] la faire plus réelle, ne lui donnant que la beauté physique, des trois beautés humaines la moins admirable, et encore, dans la beauté physique, la moins grande, la beauté charnelle et rosé des femmes de Rubens.
La Sylphide n’est pas seulement la périphrase décente de son adolescence, mais la femme idéale, projection de son désir, qu’il a cherchée à travers toutes les femmes réelles. […] Son empire, très réel alors, sur les esprits, exerçait d’ailleurs par ses romans plus que par ses livres d’idées. […] Il y a aussi des beautés relatives qui n’en sont pas moins réelles pour être appropriées à certaines circonstances locales, pour être dans un rapport particulier avec les mœurs, les institutions, les penchants et les émotions habituelles d’un peuple. […] Mais il y a par Courier, Béranger, Stendhal, une littérature vraie de la Révolution réelle. […] , et soudure réelle, en accord avec tout un romantisme populaire français du xixe siècle, lequel réunit Paul de Kock et Raspail.
Est-ce là un portrait tout à fait réel ?