À moi, Comte, deux mots. Solvuntur objecta Victor-Marie, comte Hugo Solvuntur objecta. — J’ai mis dans mon cahier que l’affaire Dreyfus avait un virus propre, qu’il y avait dans cette affaire, dans le tissu même de cette affaire un certain virus propre. Je viens de l’éprouver beaucoup plus que je ne m’y attendais. Beaucoup plus aussi et surtout que je ne l’eusse voulu.
Voilà une idée qui ressort avec un relief singulier des premiers ouvrages de M. de Vogüé, des récits de voyage qu’il a rapportés de Syrie, de Palestine, d’Égypte, et surtout de ce curieux conte symbolique, intitulé Vanghéli, dans lequel il a tenté, si je peux m’exprimer ainsi, d’incarner une âme collective dans un personnage fictif. […] Ce petit récit, le troisième des Histoires d’hiver, est particulièrement caractéristique : l’impression indéfinissable qu’il dégage, un mélange d’admiration et de deuil, d’enthousiasme et de découragement, incertain, trouble comme l’âme de l’héroïne, montre clairement l’idée que M. de Vogüé se fait de l’héroïsme, les conditions auxquelles il entend le soumettre pour qu’il soit complet et bienfaisant.
Madame de Sévigné appuie par-dessus tout sur la tendresse de cœur de La Rochefoucauld pour sa famille et ses amis : « M. de La Rochefoucauld a perdu sa mère ; je l’en ai vu pleurer avec une tendresse qui me le faisait adorer ; c’était une femme d’un extrême mérite ; et enfin, dit-il, c’était la seule qui n’ait jamais cessé de m’aimer… Le cœur de M. de La Rochefoucauld pour sa famille est une chose incomparable ; il prétend que c’est une des chaînes qui nous attachent l’un à l’autre176. » Ailleurs elle le voit pleurer au récit d’une action généreuse ; plus loin elle se console d’avoir été dupe d’une plaisanterie en ajoutant : « Si je voulais, je vous citerais M. de La Rochefoucauld, qui était aussi aisé à tromper que moi ; mais il avait tant d’autres sortes de mérites, que je n’en puis pas faire une consolation, ni une comparaison177. » En parlant de son goût pour les romans de la Calprenède et les grands coups d’épée, Madame de Sévigné ajoute : « Si je n’avais M. de La Rochefoucauld pour ne consoler, je me pendrais de trouver encore en moi cette faiblesse178. » À ces témoignages, on en pourrait joindre une foule d’autres répandus dans les lettres de l’aimable amie de La Rochefoucauld. […] Vous vivrez dix jours avec lui, que vous ne verrez pas autre chose ; mais peut-être le onzième observerez-vous que le récit d’une infortune véritable le laisse passablement froid, que du moins, s’il s’agit de la secourir, il laisse aux autres le soin d’en chercher les moyens, et que, dans ce genre, son imagination ne lui fournit rien ; il donne volontiers ; mais s’il faut s’entremettre, agir, recommander, représenter le malheureux, il évite avec modestie les difficultés de ce rôle. Vous avez été charmé de sa confiance et de son abandon ; il vous a généreusement confié ses affaires ; il vous cherche souvent pour vous en parler : il ne s’informe jamais des vôtres, excepté par une sorte de réflexion subite, pour l’acquit des formes, et surtout lorsqu’il sent qu’il vous a un peu fatigué du récit des siennes.
. — Anniversaire de la naissance de Molière Ces divertissements, ces ballets, ces fêtes, ces cadeaux, ces longues sérénades apportées d’Italie, la Seine traversée par des barques chargées de fleurs et de mélodies, et toute semblable à l’Arno qui coule à Florence, ce récit galant que nous fait le magnifique Menteur de Corneille, splendidè mendax , ces couplets satiriques et ces chansons à boire, ces menuets, ces sarabandes et ces chaconnes, qui donc anime soudain ces fêtes de la poésie et de la jeunesse, au plus beau moment de Louis XIV et de son règne ?
C’est pourquoi, sans être lui-même un très grand guerrier, il aime les récits et les spectacles militaires ; il aime à voir passer les soldats dans les rues, à voir défiler des bataillons, musique en tête, et caracoler des généraux qui ont un beau cheval et un panache.
N’en voyait-on pas de pareils figurés dans les Bestiaires, sur le récit de voyageurs imaginatifs, revenus des pays fabuleux ? […] Suivant la légende, saint Romain de Rouen aurait enchaîné la gargouille qui désolait la Normandie ; saint Marcel de Paris avait mis en fuite un horrible serpent qui habitait dans un cimetière… Toutes ces victoires sur des monstres expriment des victoires sur l’idolâtrie… Ainsi une simple métaphore est devenue un récit vivant en passant par le cerveau créateur du peuple. » Le décorateur reviendra volontiers à ces symboles traditionnels et les rajeunira en leur donnant un sens nouveau.
Alceste m’a touché, et ses récits encore M’offrent un vrai malheur, Monsieur, que je déplore. […] Est-il bien sûr que le simple récit de ces forfaits nous en donnerait moins d’horreur que toutes les couleurs dont il nous les peint ?
Ayant, par exemple, écrit quelque cent ans avant que l’on sût déchiffrer les hiéroglyphes et les caractères cunéiformes, il est assez naturel que Bossuet ne s’en soit pas servi pour contrôler les récits d’Hérodote et de Diodore de Sicile. […] Aussi n’est-il pas étonnant que les hébraïsants la reconnaissent dans « le puissant esprit évolutionniste » qui fait le fond, comme ils disent, du récit biblique de la Création ; et M.
Je vous prie de relire, dans la Préface des Méditations écrite en 1849, le récit d’une de ses excursions d’enfant, avec son père, à travers la montagne, et la visite au vieux gentilhomme qui vivait dans une si jolie maisonnette de curé et qui copiait ses vers sur de si beaux cahiers et de savourer la couleur et l’accent du morceau.
Un songe funèbre, des reconnoissances, des récits ; voila, à-peu-près, tout ce qu’il est permis d’employer.
Le récit biblique de l’homme perdant l’immortalité le jour où il goûte au fruit de l’arbre de la science, est, pour M.
La fureur antisémite, anti-protestante, antilibérale, déchaînée à l’occasion d’un déni de justice dont l’évidence est un scandale pour le monde étonné, menace, en ramenant des temps, des spectacles, des mœurs, qu’on ne croyait plus rencontrer que dans les anciens récits de l’histoire, de précipiter la ruine de la France, réduite au misérable néant de l’Espagne et des autres pays de la décadence latine. […] Son biographe Kortholt64 raconte qu’il était avide de gloire au point de « souhaiter d’être déchiré comme le furent ses amis de Witt, pourvu qu’il s’acquît par là, au prix d’une courte existence, une renommée impérissable. » Il est bien inutile, après un tel récit, d’ajouter qu’il n’avait aucune soif de l’or, auro plane non inhiabat ; la constatation est sans intérêt, parce que, de la part d’un philosophe tel que Spinoza, ce désintéressement de la matière est trop attendu et trop naturel pour être une vertu.
Sentimentalité peut-être, émotion au récit du martyre, hystérie de la croix, qui est une maladie très bien étudiée depuis et très connue ; surtout ceci, plus simple et si naturel, que la femme antique est une esclave et que l’idée d’égalité la traverse immédiatement comme une flèche ; ceci encore que la femme est médiocre, essentiellement, dans le sens précis du mot, plus intelligente que l’homme dans les basses classes, moins intelligente que l’homme dans les classes élevées, allant souvent jusqu’à un développement intellectuel très remarquable, n’allant jamais jusqu’au génie, médiocre donc, moyenne et par conséquent très favorable, dès qu’elle peut le comprendre, dès qu’elle l’entrevoit, au règne des classes moyennes, au règne des médiocrités et à la domination des médiocrités sur les exceptions et à la proscription des exceptions. […] Ses digressions sont à la fois des continuations du récit et des développements du sujet ; ses sentences contiennent en même temps une ironie de tout ce qui est sentencieux ; son aversion pour ce qui est sérieux est liée au désir de pouvoir tout considérer platement et de l’extérieur.
— Tu voudrais bien que je te fasse un récit qui te permettrait de te glorifier au regard de tes prédécesseurs… Ne t’attends à rien de pareil.