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274. (1833) De la littérature dramatique. Lettre à M. Victor Hugo pp. 5-47

Ces règles, Monsieur, ne sont point créées par moi ; elles sont le fruit de l’expérience des siècles : et en supposant qu’en les violant on pût obtenir par hasard un succès, cela ne prouverait rien contre leur utilité indispensable. […] Peut-être verrez-vous dans ma franchise un excès d’amour-propre en vous parlant de mes succès selon les règles. […] Voilà les règles que mes contemporains et moi avons toujours suivies, et voilà ce dont vous ne voulez pas. […] J’ai cru de mon devoir de faire connaître au public mes idées sur un art que j’ai cultivé si longtemps, d’offrir au gouvernement le moyen de sauver le Théâtre-Français de sa perte prochaine, et de garantir la société des effets corrupteurs d’un système qui a déjà détruit toutes les règles du savoir et rompu tous les freins de la morale.

275. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — T — Tiercelin, Louis (1849-1915) »

Tiercelin reste fidèle aux règles du Parnasse.

276. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Préface de la seconde édition »

Rien n’est survenu depuis qui fût de nature à l’ébranler, et j’y persévère, comme en ce qui fait à la fois la règle et la joie de mon esprit.

277. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Histoire de la maison royale de Saint-Cyr, par M. Théophile Lavallée. » pp. 473-494

En définitive, les personnes de cette génération, qui avaient goûté Fénelon, Racine, et qui s’en ressouvenaient tout en s’en étant guéries, réalisèrent seules la perfection de l’éducation, de la grâce et de la langue de Saint-Cyr : après elles, on garda encore les vertus essentielles et les règles, mais le charme s’était envolé, et peut-être aussi la vie. […] Avertie par les premiers relâchements et par les fantaisies légères qu’elle avait vues poindre, elle s’occupa à faire à ses filles un rempart de leurs constitutions et de leur règle ; elle comprit, comme toutes les grandes fondatrices, qu’on n’arrive à tirer de la nature humaine un parti singulier et extraordinaire sur un point qu’en la supprimant ou la resserrant par tous les autres côtés. […] La première recommandation qui leur est faite en des termes aussi absolus qu’on peut imaginer, est que rien ne soit jamais changé ni modifié dans leur règle sous quelque prétexte que ce soit : solidité, stabilité, immobilité, c’est le vœu et l’ordre de Mme de Maintenon, et l’institut y est resté fidèle jusqu’au dernier jour.

278. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « UN DERNIER MOT sur BENJAMIN CONSTANT. » pp. 275-299

Vous ne sauriez croire ce que je souffre quand il me semble que vous n’êtes pas en règle avec les gens que je vois. Ils ont beau ne rien dire, je les entends. » Avec un scrupule un peu plus marqué à l’endroit de la dignité, le jeune homme ne se serait pas fait dire deux fois ces choses dont souffrait pour lui une femme délicate ; il se serait mis au plus vite en règle avec le mari. Mais, en général, un certain genre de position fausse n’était pas assez insupportable à Benjamin Constant ; on en retrouverait trace, avec plus ou moins de variantes, en d’autres circonstances de sa vie, et le contre-coup de cette mauvaise habitude se fit bien péniblement sentir à l’extrémité de sa carrière, lorsque, dans ses derniers jours, il subit l’inconvénient, lui, homme d’opposition, de ne pas se trouver en règle avec un personnage auguste encore plus obligeant que M.de Charrière, et qui ne lui demandait pas de billet. — Puisque M.de Loménie a contesté si fort notre premier comme ntaire sur le Qu’est-ce que la dignité ?

279. (1887) Discours et conférences « Réponse au discours de M. Louis Pasteur »

En politique, il suivit la règle que doit s’imposer le patriote consciencieux : il ne sollicita aucun mandat ; il n’en refusa aucun. […] Les questions qu’elle résout à sa manière, les règles qu’elle prescrit en vertu de son principe, les croyances qu’elle déconseille au nom de notre ignorance de tout absolu, je viens, aux pages qui précèdent, d’en faire un examen que je termine par la parole suprême du début : Pour la dernière fois. » J’ai toujours eu peine, je l’avoue, devant les cercueils illustres, à partager cette héroïque résignation. […] La patrie, qu’il a tant aimée, la science, qu’il a préférée à lui-même, la vertu, dont il fit la règle de sa conduite, sont des choses éternelles.

280. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Notice historique sur M. Raynouard, par M. Walckenaer. » pp. 1-22

Raynouard ; mais, tout en suivant et caressant cet enfant gâté, l’érudit laborieux et sagace déchiffrait des manuscrits, recueillait d’anciens textes, retrouvait des poésies charmantes ; il trouvait même, sans trop le dire, ou du moins en ne le disant qu’incidemment, des grammaires en vieux langage où étaient indiquées avec précision les règles de l’ancienne langue des troubadours : il s’en prévalait adroitement pour dénoncer ces règles, pour les découvrir, pour remettre l’ordre et la régularité là où, au premier coup d’œil, on aurait été tenté de ne voir que hasard et confusionb. Enfin, après avoir rassemblé en six volumes dissertations, grammaire, textes choisis, tout le trésor des troubadours, et en préparant six autres volumes de Lexique, qui ont achevé de paraître qu’après sa mort, il faisait plus, il franchissait la Loire, non pas en conquérant cette fois, mais en auxiliaire, et condescendait jusqu’à nous autres Picards et Normands ; il faisait sur notre vieille langue française l’application et la vérification des mêmes règles grammaticales essentielles qu’il avait reconnues dans l’ancienne langue du Midi, et montrait que nos bons vieux auteurs du xiie  siècle n’écrivaient pas au hasard5 ; de sorte que tous ceux qui s’occupent maintenant de la publication des vieux textes rencontrent à l’origine M. 

281. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Madame de Motteville. » pp. 168-188

Fidèle et dévouée sans se piquer d’être héroïque, elle sut accommoder les timidités de son sexe avec les obligations et les devoirs de son état, et traverser à la Cour tant d’écueils visibles ou cachés, sans se détourner de sa voie, et en restant dans les règles et les délicatesses d’une exacte probité : femme en bien des points, mais la plus raisonnable des femmes, personne essentielle et aimable tout ensemble. […] Dans quelques endroits même on trouverait quelque luxe d’images, de fleurs de roses et d’épines, quelque trace du mauvais goût de Louis XIII ; mais ce ne sont que des instants, et le bon sens chez elle règle d’ordinaire le langage comme le jugement et la pensée. […] Mme de Motteville n’est point une royaliste aveugle : elle croit au droit des rois, mais aussi à la justice qui en est la règle, et que Dieu, selon elle, leur inspire souvent, et qu’il leur a presque toujours suggérée dans ce royaume de France.

282. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Histoire de la littérature française, par M. D. Nisard. Tome iv. » pp. 207-218

Ce cours de littérature sans plan et sans dessein, cette poétique sans dissertation, cette rhétorique sans règles d’école, seraient un livre unique. […] Les erreurs de cet esprit si juste sont des jugements intéressés, où il a pris sa commodité pour règle… Et comparant cette correspondance de Voltaire avec les lettres de Cicéron, cet autre esprit universel et le grand épistolaire de l’Antiquité, il dira : L’amour de la gloire est l’âme de ces deux recueils, et ce que Voltaire fait dire au Cicéron de sa Rome sauvée : Romains, j’aime la gloire et ne veux pas m’en taire, est aussi vrai du poète que de son héros.

283. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Chateaubriand, jugé par un ami intime en 1803 » pp. 2-15

J’ai une grande confiance en vos jugements ; elle est, naturellement indulgente, et vous naturellement, un peu austère (comme il est beau, comme il est bon, comme il est nécessaire et même indispensable de l’être à votre âge, ne fût-ce que pour s’accoutumera ne pas se faire bon marché à soi-même de sa propre approbation) ; mais vous êtes tous deux justes, et vous n’allez jamais chercher dans votre humeur les règles qu’il faut prendre dans sa raison. […] Mais, quand il n’est plus, il faut bien s’arrêter, sous peine d’erreur, dans cette observation dont l’objet se dérobe, et alors on fait comme pour un procès : on rassemble toutes les preuves, toutes les dépositions, et on règle, au moins dans ses articles principaux, un jugement, un Arrêt.

284. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Baudelaire, Œuvres posthumes et Correspondances inédites, précédées d’une étude biographique, par Eugène Crépet. »

de la simplicité, de la piété, de l’humilité : « Je me jure à moi-même de prendre désormais les règles suivantes pour règles éternelles de ma vie ; « Faire tous les matins ma prière à Dieu, réservoir de toute force et de toute justice, à mon père, à Mariette et à Poë comme intercesseurs : les prier de me communiquer la force nécessaire pour accomplir tous mes devoirs, et d’octroyer à ma mère une vie assez longue pour jouir de ma transformation ; travailler toute la journée, ou du moins tant que mes forces me le permettront ; me fier à Dieu, c’est-à-dire à la justice même, pour la réussite de mes projets ; faire, tous les soirs, une nouvelle prière, pour demander à Dieu la vie et la force pour ma mère et pour moi ; faire, de tout ce que je gagnerai, quatre parts : une pour la vie courante, une pour mes créanciers, une pour mes amis, et une pour ma mère ; obéir aux principes de la plus stricte sobriété, dont le premier est la suppression de tous les excitants, quels qu’ils soient. » Plus je me rapproche de l’homme et plus je reviens de mes préventions contre l’artiste.

285. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre deuxième »

Le vrai est à la fois un idéal et une règle. Il faut de l’effort pour s’élever vers l’idéal, il faut se vaincre pour s’assujettir à la règle.

286. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XXVIII. Caractère essentiel de l’œuvre de Jésus. »

Son parfait idéalisme est la plus haute règle de la vie détachée et vertueuse. […] Un état où l’on dit des choses dont on n’a pas conscience, où la pensée se produit sans que la volonté l’appelle et la règle, expose maintenant un homme à être séquestré comme halluciné.

287. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — La déclamation. » pp. 421-441

Duclos, ne doit pas être donné pour une règle générale. […] « Il semble le voir, disent ses admirateurs, dans nos chaires avec cet air simple, ce maintien modeste, ces yeux humblement baissés, ce geste négligé, ce ton affectueux, cette contenance d’un homme pénétré, portant dans les esprits les plus brillantes lumières, & dans les cœurs les mouvemens les plus tendres. » Baron l’ayant rencontré dans une maison ouverte aux gens de lettres, le lendemain d’un jour qu’il avoit été l’entendre, lui fit ce compliment : « Continuez, mon pere, à débiter comme vous faites : vous avez une manière qui vous est propre, & laissez aux autres les règles. » Cet avis se ressent du caractère de Baron, le plus fier des hommes.

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